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- thrasybuleDevin
J'aime bien lire les rapports de l'agreg de philo, vous voyez mon degré de masochisme.D'après ce que j'ai compris, il n'y a aucun attendu si ce n'est la "probité" (le terme m'avait marqué) d'une démarche intellectuelle, rigoureusement menée et articulée. J'ai remarqué une mise en garde contre les arguments d'autorité et les références attendues présentées comme une stratégie d'évitement. Il faut faire comme si rien n'était évident.
Sinon je me souviens d'un sujet de leçon qui avait posée il y a quelques année et qui me fascine à tel point que j'y pense souvent: "La musique raconte-t-elle des histoires?"
Sinon je me souviens d'un sujet de leçon qui avait posée il y a quelques année et qui me fascine à tel point que j'y pense souvent: "La musique raconte-t-elle des histoires?"
- User17706Bon génie
Sur ça, il faut signaler la traduction récente du Beau musical, un ouvrage déjà ancien d'Eduard Hanslick. À lire, je dirais.
«Probité»: terme nietzschéen. On pourrait dire que c'est ce qui reste de l'exigence intellectuelle y compris sur les terrains où parler de vérité au sens strict pose problème.
«Probité»: terme nietzschéen. On pourrait dire que c'est ce qui reste de l'exigence intellectuelle y compris sur les terrains où parler de vérité au sens strict pose problème.
- User19866Expert
Donc nul besoin de connaître les systèmes de pensée, raisonnements, idées, etc. des "grands philosophes" pour produire une bonne copie de philosophie, et a fortiori l'enseigner ?
- thrasybuleDevin
Tu connais Bernard Sève? il a été mon prof à Lyon. Il est prof d'esthétique maintenant, et il a écrit des bouquins sur la musique ( grande inconnue de la philo, tu me l'accorderas, à l'exception de quelques grands noms, d'ailleurs Sève parle de l'antagonisme du concept avec la musique), le dernier consacré au corps du musicien.
- User17706Bon génie
«Nul besoin», non. Mais le fait que c'est très utile (et en pratique indispensable) est une vérité d'expérience, non pas une règle écrite dans je ne sais quel Ciel des IdéesDalathée2 a écrit:Donc nul besoin de connaître les systèmes de pensée, raisonnements, idées, etc. des "grands philosophes" pour produire une bonne copie de philosophie, et a fortiori l'enseigner ?
Un être omniscient pourrait très certainement se passer de toute référence. Mais je ne sais pas s'il passerait les concours
Je l'ai récemment accueilli, il venait parler de musique justement; il a été mon prof aussi, mais un peu plus tard, à Paristhrasybule a écrit:Tu connais Bernard Sève? il a été mon prof à Lyon. Il est prof d'esthétique maintenant, et il a écrit des bouquins sur la musique ( grande inconnue de la philo, tu me l'accorderas, à l'exception de quelques grands noms, d'ailleurs Sève parle de l'antagonisme du concept avec la musique), le dernier consacré au corps du musicien.
- LeclochardEmpereur
PauvreYorick a écrit:«Nul besoin», non. Mais le fait que c'est très utile (et en pratique indispensable) est une vérité d'expérience, non pas une règle écrite dans je ne sais quel Ciel des IdéesDalathée2 a écrit:Donc nul besoin de connaître les systèmes de pensée, raisonnements, idées, etc. des "grands philosophes" pour produire une bonne copie de philosophie, et a fortiori l'enseigner ?
Un être omniscient pourrait très certainement se passer de toute référence. Mais je ne sais pas s'il passerait les concours
)
Ça se pourrait un philosophe qui ne connaisse pas d'autres philosophes ?
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Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps. (W.B)
- User17706Bon génie
Si, étant omniscient il les connaîtrait; mais il n'aurait pas besoin de s'appuyer sur eux
- User19866Expert
Ca me rappelle ma première dissertation de français. Le prof avait écrit dans la marge : "Sur quel auteur appuyez-vous votre raisonnement ?" Je ne m'appuyais sur personne, mais il se trouve que la conception de la poésie que j'évoquais rejoignait celle de Rimbaud.
J'avais trouvé ça nul de supposer que, quel que soit le raisonnement que l'on tient ou l'argument que l'on utilise, il y aura toujours quelqu'un à citer, une personne plus intelligente que nous qui l'aura dit autrement et mieux. C'était comme si toutes les connaissances appartenaient au passé, qu'il était inenvisageable que nous développions un raisonnement propre, et que nous devions nous contenter de citer correctement. J'avais été très vexée...
Ca me rappelle aussi mon prof de philo de terminale qui avait commencé son cours par "Philosopher, c'est apprendre à penser"... puis s'était largement contredit en se contentant de nous exposer les théories, doctrines, courants d'idées, etc. les plus connues : trois mois sur Auguste Comte, trois mois sur Descartes, un mois sur la caverne de Platon.
J'avais trouvé ça nul de supposer que, quel que soit le raisonnement que l'on tient ou l'argument que l'on utilise, il y aura toujours quelqu'un à citer, une personne plus intelligente que nous qui l'aura dit autrement et mieux. C'était comme si toutes les connaissances appartenaient au passé, qu'il était inenvisageable que nous développions un raisonnement propre, et que nous devions nous contenter de citer correctement. J'avais été très vexée...
Ca me rappelle aussi mon prof de philo de terminale qui avait commencé son cours par "Philosopher, c'est apprendre à penser"... puis s'était largement contredit en se contentant de nous exposer les théories, doctrines, courants d'idées, etc. les plus connues : trois mois sur Auguste Comte, trois mois sur Descartes, un mois sur la caverne de Platon.
- User17706Bon génie
Une bonne question serait de se demander si c'est réellement une contradiction.
Par ailleurs l'enseignement secondaire n'est pas fait pour les génies mais pour les gens normaux: comme je dis parfois aux lycéens (et aux étudiants, dans les mêmes termes), si l'on est Rousseau, on peut boucler une dissertation plus que potable en deux ou trois pages. Et si l'on est juste quelqu'un de normal, il en faut une douzaine (ou deux). Moi, j'appartiens à la catégorie des gens normaux
Par ailleurs l'enseignement secondaire n'est pas fait pour les génies mais pour les gens normaux: comme je dis parfois aux lycéens (et aux étudiants, dans les mêmes termes), si l'on est Rousseau, on peut boucler une dissertation plus que potable en deux ou trois pages. Et si l'on est juste quelqu'un de normal, il en faut une douzaine (ou deux). Moi, j'appartiens à la catégorie des gens normaux
- ParménideNeoprof expérimenté
PauvreYorick a écrit:
Par ailleurs l'enseignement secondaire n'est pas fait pour les génies mais pour les gens normaux: comme je dis parfois aux lycéens (et aux étudiants, dans les mêmes termes), si l'on est Rousseau, on peut boucler une dissertation plus que potable en deux ou trois pages. Et si l'on est juste quelqu'un de normal, il en faut une douzaine (ou deux). Moi, j'appartiens à la catégorie des gens normaux
En quoi les grands génies pourraient faire de bonnes dissertations en 2-3 pages? Car ils ont une capacité hors norme à la densité?
Une dissertation de deux douzaines de pages parfois ? :shock: Il faut être sûr de son coup et être absolument certain de ne pas ennuyer le correcteur !
Bref, j'ai vu les sujets et je me félicite d'avoir renoncé à me présenter à cette session : j'aurais pris de ces vestes (notamment en commentaire !)
- CasparProphète
Thrasy, dans mes bras, moi aussi je lis des rapports de jury d'agreg pour le plaisir.
- User17706Bon génie
Oh, je n'avais pas l'impression d'énoncer un paradoxe. Si l'on ouvre, pour rester dans le très connu, le premier livre du Contrat social, n'importe quel chapitre contient plus de choses, et mieux démontrées, qu'une copie cinq à dix fois plus longue n'en contient habituellement. Certes on demande toujours à une copie d'être plus explicite que ces textes ne le sont. Mais il n'y a rien de paradoxal: nous commentons les textes de Rousseau, les Rousseau de demain, s'il y en a, ne commenteront pas nos copies de philo.Parménide a écrit:PauvreYorick a écrit:
Par ailleurs l'enseignement secondaire n'est pas fait pour les génies mais pour les gens normaux: comme je dis parfois aux lycéens (et aux étudiants, dans les mêmes termes), si l'on est Rousseau, on peut boucler une dissertation plus que potable en deux ou trois pages. Et si l'on est juste quelqu'un de normal, il en faut une douzaine (ou deux). Moi, j'appartiens à la catégorie des gens normaux
En quoi les grands génies pourraient faire de bonnes dissertations en 2-3 pages? Car ils ont une capacité hors norme à la densité?
Il n'y a pas si longtemps, me semble-t-il, avoir des copies de 3 ou 4 copies doubles en Terminale était parfaitement normal. Si une copie de Terminale ou de baccalauréat peut faire 16 pages, je ne vois rien d'intrinsèquement impossible à ce qu'une copie d'agreg puisse être plus longue, même si la longueur n'est pas à elle seule un gage de qualité. La copie la plus longue que j'aie corrigée cette année était aussi la meilleure (commentaire de texte en prépa agreg, de 22 pages et qui laissait pourtant encore dans l'ombre quelques points d'un texte d'une quarantaine de [courtes] lignes).Parménide a écrit: Une dissertation de deux douzaines de pages parfois ? :shock: Il faut être sûr de son coup et être absolument certain de ne pas ennuyer le correcteur !
Certes il est appréciable de pouvoir écrire bref, nerveux, efficace. C'est un talent qui est inégalement réparti, même si ça se travaille. À défaut de l'avoir il faut bien prendre le temps de dire ce qu'il y a à dire.
***
Sinon, ceux qui lisent des rapports de jury pour le plaisir... vous êtes frappadingues
- ParménideNeoprof expérimenté
PauvreYorick a écrit:
Sinon, ceux qui lisent des rapports de jury pour le plaisir... vous êtes frappadingues
Franchement, lire les rapports de philo de capes et d'agrégation c'est encore dix fois plus efficaces que de lire de la littérature d'épouvante, enfin surtout pour ceux qui lisent ça par nécessité dans le cadre d'une préparation, ce qui n'est pas exactement une lecture plaisir!
A chaque ligne on se dit (enfin c'est mon cas) "ah j'aurais pas fait ça !", "ah j'aurais jamais pensé à ça!", "que veulent-ils dire exactement ici ?". L'impression à chaque ligne que le jury attend de chaque candidat une sorte d'idéal qu'on ne peut jamais atteindre ! Une lecture évidemment nécessaire mais qui fait peur vraiment... L'impression constante d'être en communication avec un autre monde
- CasparProphète
Pour le côté littérature d'épouvante, je suis tout à fait d'accord, surtout quand on est soi-même en train de préparer le concours en question.
- atriumNeoprof expérimenté
Je serais curieux de savoir ce que tu entends, Pauvre yorick, par gens "normaux".
Sinon la philo, c'est vraiment fascinant pour le non-initié que je suis. J'ai presque tout oublié des épreuves du bac C obtenu il y a 28 ans, sauf le sujet de philo: "Le physicien a-t-il affaire à la réalité?"
Comment j'ai réussi à écrire 2 copies doubles et à décrocher un 14 reste un mystère à ce jour...
Sinon la philo, c'est vraiment fascinant pour le non-initié que je suis. J'ai presque tout oublié des épreuves du bac C obtenu il y a 28 ans, sauf le sujet de philo: "Le physicien a-t-il affaire à la réalité?"
Comment j'ai réussi à écrire 2 copies doubles et à décrocher un 14 reste un mystère à ce jour...
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It's okay to be a responsible member of society if only you know what you're going to be held responsible for.
John Brunner, The Jagged Orbit
- ParménideNeoprof expérimenté
C'est assez bizarre le sujet de dissertation du capes : "Les limites de la connaissance". "Le désir de connaissance" est tombé il y a 3 ans... Cela commence à dater mais je trouve que c'est quand même assez rapproché dans le temps.
Je pense que les jury de philo usent de l'art de brouiller les pistes pour devenir insaisissable (pareil pour l'agrégation avec l'association la méthode/Descartes) tel qu'il est présenté dans L'art de la guerre de Sun-Tsu !
Je pense que les jury de philo usent de l'art de brouiller les pistes pour devenir insaisissable (pareil pour l'agrégation avec l'association la méthode/Descartes) tel qu'il est présenté dans L'art de la guerre de Sun-Tsu !
- User17706Bon génie
À ce propos, je vois que le bouquin The Fifth Hammer de Daniel Heller-Roazen vient tout juste d'être traduit au Seuil: Le cinquième Marteau. Pythagore et la désharmonie du monde, 2014. (Érudit et stimulant.)thrasybule a écrit: la musique (grande inconnue de la philo, tu me l'accorderas, à l'exception de quelques grands noms)
- thrasybuleDevin
Merci pour les références
Je me suis tapé le Schoelzer sur Bach pendant l'été, bon c'est passionnant mais à doses homéopathiques... Javais beaucoup aimé les livres de Jankélévitch, aussi...
Je me suis tapé le Schoelzer sur Bach pendant l'été, bon c'est passionnant mais à doses homéopathiques... Javais beaucoup aimé les livres de Jankélévitch, aussi...
- User17706Bon génie
Je lis avec beaucoup de plaisir Charles Rosen.
- yphrogEsprit éclairé
Pour la musique et la grammaire, il y a eu les travaux de Jackendoff, etal.
http://en.wikipedia.org/wiki/Generative_theory_of_tonal_music
http://ase.tufts.edu/philosophy/documents/Jackendoff/CapacityforMusic.pdf
http://en.wikipedia.org/wiki/Generative_theory_of_tonal_music
http://ase.tufts.edu/philosophy/documents/Jackendoff/CapacityforMusic.pdf
- InvitéMAFidèle du forum
Je comprends assez bien l'anglais mais là...
Une âme charitable pour résumer l'idée?
Une âme charitable pour résumer l'idée?
- yphrogEsprit éclairé
Personnellement, non. Je crois que l'idée doit être qu'il y a des structures arborescentes latentes, comme dans tout langage selon la grammaire générative.
Je ne connais Jackendoff que pour son travail en linguistique (c'est lui le linguiste qui a écrit le premier article sur la théorie x-barre).
Je ne connais Jackendoff que pour son travail en linguistique (c'est lui le linguiste qui a écrit le premier article sur la théorie x-barre).
- trompettemarineMonarque
Etymologiquement,
hodos : route, chemin, voyage, marche --> voie, moyen
methodos : poursuite, puis recherche, investigation, science, doctrine
Voilà voilà, mon niveau philosophique s'arrête là...
La question pour moi est de trouver la bonne route et comme je pars du principe que tous les chemins mènent à Rome...
la honte :
hodos : route, chemin, voyage, marche --> voie, moyen
methodos : poursuite, puis recherche, investigation, science, doctrine
Voilà voilà, mon niveau philosophique s'arrête là...
La question pour moi est de trouver la bonne route et comme je pars du principe que tous les chemins mènent à Rome...
la honte :
- thrasybuleDevin
Mais toutes ces musiques cherchent une indication pour se perdre, comme dirait la mendiante durassienne.
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