- User17706Bon génie
Série L :
Série ES :
Série S :
Série TMD :
Séries technologiques sauf TMD :
On a le sentiment qu'un effort a été fait sur les sujets des séries technologiques. On a nettement moins envie de faire ce commentaire sur les sujets de la série L (le premier notamment est franchement étrange : comment est-on supposé « problématiser » une thèse déguisée en question, laquelle, pour n'être pas, sans doute, évidente, n'est en revanche pas sérieusement contestable ? ─ pour le deuxième sujet, la thèse soumise à l'examen est elle-même difficile à prendre au sérieux, sans que ça soit aussi grave, disons).
À titre personnel mes préférés sont le sujet 1 en ES et le sujet 2 en TMD.
Les textes proposés aux élèves des séries générales (Popper en L, Arendt en ES, Descartes en S) ont pour caractéristique commune d'être assez difficiles ; fait remarquable, pour aucun de ces textes les clefs de l'explication ne se trouvent toutes à l'intérieur du texte lui-même. En S (texte de Descartes) la consigne la connaissance de l'auteur n'est pas requise est de nature à gêner le correcteur, qui doit donc faire abstraction de ce qu'il sait de Descartes dans la lecture d'un texte qui se prête particulièrement peu à une telle opération.
- Les œuvres éduquent-elles notre perception ?
- Doit-on tout faire pour être heureux ?
Série ES :
- Suffit-il d'avoir le choix pour être libre ?
- Pourquoi chercher à se connaître soi-même ?
Série S :
- L'artiste est-il maître de son œuvre ?
- Vivons-nous pour être heureux ?
Série TMD :
- La diversité des cultures fait-elle obstacle à l'unité du genre humain ?
- Peut-on être indifférent à la vérité ?
Séries technologiques sauf TMD :
- Les échanges sont-ils toujours intéressés ?
- Une vérité peut-elle être définitive ?
On a le sentiment qu'un effort a été fait sur les sujets des séries technologiques. On a nettement moins envie de faire ce commentaire sur les sujets de la série L (le premier notamment est franchement étrange : comment est-on supposé « problématiser » une thèse déguisée en question, laquelle, pour n'être pas, sans doute, évidente, n'est en revanche pas sérieusement contestable ? ─ pour le deuxième sujet, la thèse soumise à l'examen est elle-même difficile à prendre au sérieux, sans que ça soit aussi grave, disons).
À titre personnel mes préférés sont le sujet 1 en ES et le sujet 2 en TMD.
Les textes proposés aux élèves des séries générales (Popper en L, Arendt en ES, Descartes en S) ont pour caractéristique commune d'être assez difficiles ; fait remarquable, pour aucun de ces textes les clefs de l'explication ne se trouvent toutes à l'intérieur du texte lui-même. En S (texte de Descartes) la consigne la connaissance de l'auteur n'est pas requise est de nature à gêner le correcteur, qui doit donc faire abstraction de ce qu'il sait de Descartes dans la lecture d'un texte qui se prête particulièrement peu à une telle opération.
- AspasieNiveau 10
Je me permets de compléter avec les textes (avec la mention, en série générale, du fait que "la connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise, etc."):
Série L :
"J'ai traité le déterminisme physique de cauchemar. C'est un cauchemar parce qu'il affirme que le monde entier, avec tout ce qu'il contient, est un gigantesque automate, et que nous ne sommes rien d'autre que des petits rouages, ou des sous-automates dans le meilleur des cas.
Il détruit ainsi, en particulier, l'idée de créativité. Il réduit à l'état de complète illusion l'idée que, dans la préparation de cette conférence, je me suis servi de mon cerveau pour créer quelque chose de nouveau. Ce qui s'est passé là, selon le déterminisme physique, c'est que certaines parties de mon corps ont tracé des marques noires sur un papier blanc, et rien de plus : tout physicien disposant d'une information suffisamment détaillée pourrait avoir écrit ma conférence grâce à cette méthode très simple : prédire les endroits précis où le système physique composé de mon corps (y compris mon cerveau, bien sûr, et mes doigts) et de mon stylo tracerait des marques noires.
Ou, pour utiliser un exemple plus frappant : si le déterminisme physique est correct, alors un physicien complètement sourd, qui n'aurait jamais entendu de musique de sa vie, pourrait écrire toutes les symphonies et tous les concertos de Mozart ou de Beethoven, au moyen d'une méthode simple, qui constituerait à étudier les états physiques précis de leur corps et à prédire où ils traceraient des marques noires sur leur portée. Et notre physicien sourd pourrait même faire bien mieux : en étudiant les corps de Mozart et de Beethoven avec assez de soin, il pourrait écrire des partitions qui n'ont jamais été réellement écrites par Mozart ou Beethoven, mais qu'ils auraient écrites si certaines circonstances de leur vie avaient été différentes – s'ils avaient mangé, disons, de l'agneau au lieu de poulet et bu du thé au lieu de café."
Série ES :
"La différence décisive entre les outils et les machines trouve peut-être sa meilleure illustration dans la discussion apparemment sans fin sur le point de savoir si l'homme doit « s'adapter » à la machine ou la machine s'adapter à la « nature » de l'homme. (...) Pareille discussion ne peut être que stérile : si la condition humaine consiste en ce que l'homme est un être conditionné pour qui toute chose, donnée ou fabriquée, devient immédiatement condition de son existence ultérieure, l'homme s'est « adapté » à un milieu de machines dès le moment où il les a inventées. Elles sont certainement devenues une condition de notre existence aussi inaliénable que les outils aux époques précédentes. L'intérêt de la discussion à notre point de vue tient donc plutôt au fait que cette question d'adaptation puisse même se poser. On ne s'était jamais demandé si l'homme était adapté ou avait besoin de s'adapter aux outils dont il se servait : autant vouloir l'adapter à ses mains. Le cas des machines est tout différent. Tandis que les outils d'artisanat à toutes les phases du processus de l'œuvre restent les serviteurs de la main, les machines exigent que le travailleur les serve et qu'il adapte le rythme naturel de son corps à leur mouvement mécanique. Cela ne veut pas dire que les hommes en tant que tels s'adaptent ou s'asservissent à leurs machines ; mais cela signifie bien que pendant toute la durée du travail à la machine, le processus mécanique remplace le rythme du corps humain. L'outil le plus raffiné reste au service de la main qu'il ne peut ni guider ni remplacer. La machine la plus primitive guide le travail corporel et éventuellement le remplace tout à fait.”
Série S :
"On voit clairement pourquoi l'arithmétique et la géométrie sont beaucoup plus certaines que les autres sciences : c'est que seules elles traitent d'un objet assez pur et simple pour n'admettre absolument rien que l'expérience ait rendu incertain, et qu'elles consistent tout entières en une suite de conséquences déduites par raisonnement. Elles sont donc les plus faciles et les plus claires de toutes, et leur objet est tel que nous le désirons, puisque, sauf par inattention, il semble impossible à l'homme d'y commettre des erreurs. Et cependant il ne faut pas s'étonner si spontanément beaucoup d'esprits s'appliquent plutôt à d'autres études ou à la philosophie : cela vient, en effet, de ce que chacun se donne plus hardiment la liberté d'affirmer des choses par divination dans une question obscure que dans une question évidente, et qu'il est bien plus facile de faire des conjectures sur une question quelconque que de parvenir à la vérité même sur une question, si facile qu'elle soit.
De tout cela on doit conclure, non pas, en vérité, qu'il ne faut apprendre que l'arithmétique et la géométrie, mais seulement que ceux qui cherchent le droit chemin de la vérité ne doivent s'occuper d'aucun objet, dont ils ne puissent avoir une certitude égale à celle des démonstrations de l'arithmétique et de la géométrie."
Série TMD :
"Le sentiment d’un tribunal intérieur inscrit en l’homme (« devant lequel ses pensées s’accusent ou se disculpent l’une l’autre ») correspond à la conscience morale. Tout homme a une telle conscience et se trouve observé, menacé et, en général, tenu en respect (un respect lié à la crainte) par un juge intérieur, et cette puissance qui, en lui, veille sur les lois n’est pas quelque chose qu’il se forge lui-même (arbitrairement), mais elle est incorporée dans son être. Elle le suit comme son ombre s’il songe à lui échapper. Il peut certes par des plaisirs et des distractions se rendre insensible ou s’endormir, mais il ne peut éviter par la suite de revenir à soimême ou de se réveiller dès qu’il perçoit la voix terrible de cette conscience. Au demeurant peut-il en arriver à l’extrême infamie où il ne se préoccupe plus du tout de cette voix, mais il ne peut du moins éviter de l’entendre."
KANT, Doctrine de la vertu, 1795.
Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble.
1. Dégagez la thèse de ce texte et montrez comment elle est établie.
2. En vous appuyant sur des exemples :
a. Analysez l’image du « tribunal intérieur » ;
b. expliquez : « elle est incorporée dans son être » ;
c. expliquez : « il ne peut éviter par la suite de revenir à soi-même ou de se réveiller » ;
d. expliquez en quoi même quand « il ne se préoccupe plus du tout de cette voix », « il ne peut […] éviter de l’entendre ».
3. La voix de la conscience morale se fait-elle toujours entendre ?
Séries technologiques sauf TMD :
"SOCRATE : Celui qui garde son injustice au lieu d'en être délivré est le plus malheureux de tous.
POLOS : Cela semble certain.
SOCRATE : N'est-ce pas précisément le cas de l'homme qui, tout en commettant les crimes les plus abominables, et en vivant dans la plus parfaite injustice, réussit à éviter les avertissements, les châtiments, le paiement de sa peine, comme tu dis qu'y est parvenu cet Archélaos*, ainsi que tous les tyrans, les orateurs et les hommes d'Etat les plus puissants ?
POLOS : C'est vraisemblable.
SOCRATE : Quand je considère le résultat auquel aboutissent les gens de cette sorte, je les comparerais volontiers à un malade qui, souffrant de mille maux très graves, parviendrait à ne point rendre de comptes aux médecins sur ses maladies et à éviter tout traitement, craignant comme un enfant l'application du fer et du feu** parce que cela fait mal. N'est-ce point ton avis ?
POLOS : Tout à fait.
SOCRATE : C'est sans doute qu'il ne saurait pas le prix de la santé et d'une bonne constitution. A en juger par les principes que nous avons reconnus vrais, ceux qui cherchent à ne pas rendre de comptes à la justice, Polos, pourraient bien être également des gens qui voient ce qu'elle comporte de douloureux mais qui sont aveugles à ce qu'elle a d'utile, et qui ne savent pas combien il est plus lamentable de vivre avec une âme malsaine, c'est-à-dire corrompue, injuste et impure, qu'avec un corps malsain. De là tous leurs efforts pour échapper à la punition, pour éviter qu'on les débarrasse du plus grand des maux."
* Archélaos : tyran dont Polos a affirmé qu'il est heureux puisque son pouvoir lui permet de faire tout ce qui lui plaît sans avoir de comptes à rendre à personne. ** l'application du fer et du feu : techniques médicales de soin.
Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d'abord étudié dans son ensemble.
1. Dégagez la thèse de ce texte et montrez comment elle est établie.
2.
a) En vous appuyant sur l'exemple d'Archélaos, expliquez pourquoi celui "qui garde son injustice au lieu d'en être délivré est le plus malheureux de tous."
b) Expliquez en quoi l'homme injuste est semblable à un malade.
3. Celui qui vit dans l'injustice et qui cherche à échapper à la punition est-il le plus malheureux des hommes ?
Et j'aurais pour ma part un commentaire sur les textes des séries technologiques car autant le texte des TMD et un grand classique, autant celui des non TMD est difficile à comprendre réellement sans la compréhension de ce qu'est l'injustice comme maladie de l'âme chez Platon (sans compter que les questions sont redondantes je trouve).
Pour ce qui est du sujet 1 des L, ma foi, je pense qu'il y a moyen d'en faire un traitement problématisé à partir de l'opposition entre l'imaginaire d'où naîtrait les oeuvres et le réel auquel la perception a affaire. Cela oblige du coup à questionner tant la nature que la fonction de l'oeuvre d'art. Le sujet est au croisement de deux notions classiquement abordées en L... je n'ai pas l'impression qu'il fasse difficulté...
Série L :
"J'ai traité le déterminisme physique de cauchemar. C'est un cauchemar parce qu'il affirme que le monde entier, avec tout ce qu'il contient, est un gigantesque automate, et que nous ne sommes rien d'autre que des petits rouages, ou des sous-automates dans le meilleur des cas.
Il détruit ainsi, en particulier, l'idée de créativité. Il réduit à l'état de complète illusion l'idée que, dans la préparation de cette conférence, je me suis servi de mon cerveau pour créer quelque chose de nouveau. Ce qui s'est passé là, selon le déterminisme physique, c'est que certaines parties de mon corps ont tracé des marques noires sur un papier blanc, et rien de plus : tout physicien disposant d'une information suffisamment détaillée pourrait avoir écrit ma conférence grâce à cette méthode très simple : prédire les endroits précis où le système physique composé de mon corps (y compris mon cerveau, bien sûr, et mes doigts) et de mon stylo tracerait des marques noires.
Ou, pour utiliser un exemple plus frappant : si le déterminisme physique est correct, alors un physicien complètement sourd, qui n'aurait jamais entendu de musique de sa vie, pourrait écrire toutes les symphonies et tous les concertos de Mozart ou de Beethoven, au moyen d'une méthode simple, qui constituerait à étudier les états physiques précis de leur corps et à prédire où ils traceraient des marques noires sur leur portée. Et notre physicien sourd pourrait même faire bien mieux : en étudiant les corps de Mozart et de Beethoven avec assez de soin, il pourrait écrire des partitions qui n'ont jamais été réellement écrites par Mozart ou Beethoven, mais qu'ils auraient écrites si certaines circonstances de leur vie avaient été différentes – s'ils avaient mangé, disons, de l'agneau au lieu de poulet et bu du thé au lieu de café."
POPPER, La Connaissance objective, 1972
Série ES :
"La différence décisive entre les outils et les machines trouve peut-être sa meilleure illustration dans la discussion apparemment sans fin sur le point de savoir si l'homme doit « s'adapter » à la machine ou la machine s'adapter à la « nature » de l'homme. (...) Pareille discussion ne peut être que stérile : si la condition humaine consiste en ce que l'homme est un être conditionné pour qui toute chose, donnée ou fabriquée, devient immédiatement condition de son existence ultérieure, l'homme s'est « adapté » à un milieu de machines dès le moment où il les a inventées. Elles sont certainement devenues une condition de notre existence aussi inaliénable que les outils aux époques précédentes. L'intérêt de la discussion à notre point de vue tient donc plutôt au fait que cette question d'adaptation puisse même se poser. On ne s'était jamais demandé si l'homme était adapté ou avait besoin de s'adapter aux outils dont il se servait : autant vouloir l'adapter à ses mains. Le cas des machines est tout différent. Tandis que les outils d'artisanat à toutes les phases du processus de l'œuvre restent les serviteurs de la main, les machines exigent que le travailleur les serve et qu'il adapte le rythme naturel de son corps à leur mouvement mécanique. Cela ne veut pas dire que les hommes en tant que tels s'adaptent ou s'asservissent à leurs machines ; mais cela signifie bien que pendant toute la durée du travail à la machine, le processus mécanique remplace le rythme du corps humain. L'outil le plus raffiné reste au service de la main qu'il ne peut ni guider ni remplacer. La machine la plus primitive guide le travail corporel et éventuellement le remplace tout à fait.”
Hannah ARENDT, Condition de l'homme moderne (1958)
Série S :
"On voit clairement pourquoi l'arithmétique et la géométrie sont beaucoup plus certaines que les autres sciences : c'est que seules elles traitent d'un objet assez pur et simple pour n'admettre absolument rien que l'expérience ait rendu incertain, et qu'elles consistent tout entières en une suite de conséquences déduites par raisonnement. Elles sont donc les plus faciles et les plus claires de toutes, et leur objet est tel que nous le désirons, puisque, sauf par inattention, il semble impossible à l'homme d'y commettre des erreurs. Et cependant il ne faut pas s'étonner si spontanément beaucoup d'esprits s'appliquent plutôt à d'autres études ou à la philosophie : cela vient, en effet, de ce que chacun se donne plus hardiment la liberté d'affirmer des choses par divination dans une question obscure que dans une question évidente, et qu'il est bien plus facile de faire des conjectures sur une question quelconque que de parvenir à la vérité même sur une question, si facile qu'elle soit.
De tout cela on doit conclure, non pas, en vérité, qu'il ne faut apprendre que l'arithmétique et la géométrie, mais seulement que ceux qui cherchent le droit chemin de la vérité ne doivent s'occuper d'aucun objet, dont ils ne puissent avoir une certitude égale à celle des démonstrations de l'arithmétique et de la géométrie."
DESCARTES, Règles pour la direction de l'esprit, 1628
Série TMD :
"Le sentiment d’un tribunal intérieur inscrit en l’homme (« devant lequel ses pensées s’accusent ou se disculpent l’une l’autre ») correspond à la conscience morale. Tout homme a une telle conscience et se trouve observé, menacé et, en général, tenu en respect (un respect lié à la crainte) par un juge intérieur, et cette puissance qui, en lui, veille sur les lois n’est pas quelque chose qu’il se forge lui-même (arbitrairement), mais elle est incorporée dans son être. Elle le suit comme son ombre s’il songe à lui échapper. Il peut certes par des plaisirs et des distractions se rendre insensible ou s’endormir, mais il ne peut éviter par la suite de revenir à soimême ou de se réveiller dès qu’il perçoit la voix terrible de cette conscience. Au demeurant peut-il en arriver à l’extrême infamie où il ne se préoccupe plus du tout de cette voix, mais il ne peut du moins éviter de l’entendre."
KANT, Doctrine de la vertu, 1795.
Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble.
1. Dégagez la thèse de ce texte et montrez comment elle est établie.
2. En vous appuyant sur des exemples :
a. Analysez l’image du « tribunal intérieur » ;
b. expliquez : « elle est incorporée dans son être » ;
c. expliquez : « il ne peut éviter par la suite de revenir à soi-même ou de se réveiller » ;
d. expliquez en quoi même quand « il ne se préoccupe plus du tout de cette voix », « il ne peut […] éviter de l’entendre ».
3. La voix de la conscience morale se fait-elle toujours entendre ?
Séries technologiques sauf TMD :
"SOCRATE : Celui qui garde son injustice au lieu d'en être délivré est le plus malheureux de tous.
POLOS : Cela semble certain.
SOCRATE : N'est-ce pas précisément le cas de l'homme qui, tout en commettant les crimes les plus abominables, et en vivant dans la plus parfaite injustice, réussit à éviter les avertissements, les châtiments, le paiement de sa peine, comme tu dis qu'y est parvenu cet Archélaos*, ainsi que tous les tyrans, les orateurs et les hommes d'Etat les plus puissants ?
POLOS : C'est vraisemblable.
SOCRATE : Quand je considère le résultat auquel aboutissent les gens de cette sorte, je les comparerais volontiers à un malade qui, souffrant de mille maux très graves, parviendrait à ne point rendre de comptes aux médecins sur ses maladies et à éviter tout traitement, craignant comme un enfant l'application du fer et du feu** parce que cela fait mal. N'est-ce point ton avis ?
POLOS : Tout à fait.
SOCRATE : C'est sans doute qu'il ne saurait pas le prix de la santé et d'une bonne constitution. A en juger par les principes que nous avons reconnus vrais, ceux qui cherchent à ne pas rendre de comptes à la justice, Polos, pourraient bien être également des gens qui voient ce qu'elle comporte de douloureux mais qui sont aveugles à ce qu'elle a d'utile, et qui ne savent pas combien il est plus lamentable de vivre avec une âme malsaine, c'est-à-dire corrompue, injuste et impure, qu'avec un corps malsain. De là tous leurs efforts pour échapper à la punition, pour éviter qu'on les débarrasse du plus grand des maux."
PLATON, Gorgias (autour de 387 av. J.-C.)
* Archélaos : tyran dont Polos a affirmé qu'il est heureux puisque son pouvoir lui permet de faire tout ce qui lui plaît sans avoir de comptes à rendre à personne. ** l'application du fer et du feu : techniques médicales de soin.
Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d'abord étudié dans son ensemble.
1. Dégagez la thèse de ce texte et montrez comment elle est établie.
2.
a) En vous appuyant sur l'exemple d'Archélaos, expliquez pourquoi celui "qui garde son injustice au lieu d'en être délivré est le plus malheureux de tous."
b) Expliquez en quoi l'homme injuste est semblable à un malade.
3. Celui qui vit dans l'injustice et qui cherche à échapper à la punition est-il le plus malheureux des hommes ?
Et j'aurais pour ma part un commentaire sur les textes des séries technologiques car autant le texte des TMD et un grand classique, autant celui des non TMD est difficile à comprendre réellement sans la compréhension de ce qu'est l'injustice comme maladie de l'âme chez Platon (sans compter que les questions sont redondantes je trouve).
Pour ce qui est du sujet 1 des L, ma foi, je pense qu'il y a moyen d'en faire un traitement problématisé à partir de l'opposition entre l'imaginaire d'où naîtrait les oeuvres et le réel auquel la perception a affaire. Cela oblige du coup à questionner tant la nature que la fonction de l'oeuvre d'art. Le sujet est au croisement de deux notions classiquement abordées en L... je n'ai pas l'impression qu'il fasse difficulté...
- User17706Bon génie
Ma foi, après premier examen, il semble effectivement que le 1er sujet des L est très loin d'être le moins réussi.
Là où ça coince de façon potentiellement grave pour la correction (en L), c'est le sujet texte.
Là où ça coince de façon potentiellement grave pour la correction (en L), c'est le sujet texte.
- RobinFidèle du forum
J'ai trouvé le texte d'Hannah Arendt (série ES) assez difficile ; il m'a personnellement donné pas mal de fil à retordre et je ne vois pas comment on pouvait le traiter "sans connaître l’œuvre" ("la connaissance de l’œuvre n'est pas requise."), au moins la fin qui est incompréhensible si on en reste à la vision des "Temps modernes" de Chaplin.
Éternel problème que celui de la connaissance des œuvres ! Le texte est de 1958 et la notion marxiste "d'aliénation" (objectivée chez Marx dans la notion de "plus-value") prend un tout autre sens chez Arendt que chez Marx. Elle se rapproche de celle de Marcuse, i.e. : non pas la question de l'asservissement à la machine, mais la question de savoir que faire du temps libéré par la machine.
Éternel problème que celui de la connaissance des œuvres ! Le texte est de 1958 et la notion marxiste "d'aliénation" (objectivée chez Marx dans la notion de "plus-value") prend un tout autre sens chez Arendt que chez Marx. Elle se rapproche de celle de Marcuse, i.e. : non pas la question de l'asservissement à la machine, mais la question de savoir que faire du temps libéré par la machine.
- AspasieNiveau 10
Oui, mais ce terme d'aliénation n'apparait pas dans le texte. Les élèves peuvent éventuellement l'importer pour expliquer le procès habituel du machinisme mais sur le fond, l'essentiel n'est pas là je crois.
En revanche, combien de candidats parviendront à donner toute son importance à la phrase "L'intérêt de la discussion à notre point de vue tient donc plutôt au fait que cette question d'adaptation puisse même se poser.", ça, c'est autre chose. Mais ce sera un élément discriminant entre les copies, or il en faut aussi.
En revanche, combien de candidats parviendront à donner toute son importance à la phrase "L'intérêt de la discussion à notre point de vue tient donc plutôt au fait que cette question d'adaptation puisse même se poser.", ça, c'est autre chose. Mais ce sera un élément discriminant entre les copies, or il en faut aussi.
- User17706Bon génie
Oui, comme dit Aspasie, la notion d'aliénation, si elle est bienvenue en commentaire (mais n'a nul besoin en tant que telle d'être rattachée à un auteur), n'apparaît pas dans le texte. Je ne pense pas qu'on puisse dire que la connaissance de l'auteur était requise à un quelconque degré ici. (On pourrait faire la même remarque pour le texte de Descartes en S, quoique l'ignorance ou la connaissance des Regulæ modifie du tout au tout la compréhension du texte : c'est au correcteur d'en faire abstraction.)
Sinon, pour l'anecdote, j'extrais de http://etudiant.lefigaro.fr/les-news/actu/detail/article/bac-le-corrige-de-l-epreuve-de-philo-par-luc-ferry-5866/ une perle (certes classique) :
Comme on pouvait s'en douter, non seulement Kant définit expressis verbis le bonheur, mais les définitions qu'il en donne dans ses différents ouvrages s'équivalent toutes.
Sinon, pour l'anecdote, j'extrais de http://etudiant.lefigaro.fr/les-news/actu/detail/article/bac-le-corrige-de-l-epreuve-de-philo-par-luc-ferry-5866/ une perle (certes classique) :
Comme le montre Kant, personne ne peut définir le bonheur.
Comme on pouvait s'en douter, non seulement Kant définit expressis verbis le bonheur, mais les définitions qu'il en donne dans ses différents ouvrages s'équivalent toutes.
- User17706Bon génie
Truc que je rencontre pour la première fois cette année: l'élève qui au lieu de t'exposer un raisonnement ou un point de doctrine te renvoie simplement au cours de son prof. En pratique, ça donne des parties qui commencent par «On a vu en étudiant Schopenhauer que», sans qu'il ait été question de Schopenhauer précédemment dans la copie, et qui enchaînent quasi instantanément sur autre chose.
- Spoiler:
- «Shaupenhaueur», d'ailleurs.
- AspasieNiveau 10
:shock: Ah ben jamais vu non plus ça... ils sont plein de ressources ces petits :lol:
Moi j'ai eu un candidat qui avait le sens de l'exemple : pour expliquer la nature complexe du bonheur, il me donne l'exemple de son voisin de derrière qui est à la fois heureux et soulagé d'avoir trouvé la définition qu'il cherchait sur son smartphone, et inquiet et angoissé à l'idée de se faire prendre par l'un des trois surveillants...
Moi j'ai eu un candidat qui avait le sens de l'exemple : pour expliquer la nature complexe du bonheur, il me donne l'exemple de son voisin de derrière qui est à la fois heureux et soulagé d'avoir trouvé la définition qu'il cherchait sur son smartphone, et inquiet et angoissé à l'idée de se faire prendre par l'un des trois surveillants...
- kim254Niveau 6
Aspasie a écrit: Moi j'ai eu un candidat qui avait le sens de l'exemple : pour expliquer la nature complexe du bonheur, il me donne l'exemple de son voisin de derrière qui est à la fois heureux et soulagé d'avoir trouvé la définition qu'il cherchait sur son smartphone, et inquiet et angoissé à l'idée de se faire prendre par l'un des trois surveillants...
- User5899Demi-dieu
Je ne l'ai jamais abordé en 1re et en T sous l'angle philosophique, mais dieu sait que c'est un point sur lequel je m'attarde souvent ! C'est un bon sujet pour des L, je trouve.PauvreYorick a écrit:Ma foi, après premier examen, il semble effectivement que le 1er sujet des L est très loin d'être le moins réussi.
- User5899Demi-dieu
C'est bien d'être spécialiste de Kant, dites-moi... :shock:PauvreYorick a écrit:Oui, comme dit Aspasie, la notion d'aliénation, si elle est bienvenue en commentaire (mais n'a nul besoin en tant que telle d'être rattachée à un auteur), n'apparaît pas dans le texte. Je ne pense pas qu'on puisse dire que la connaissance de l'auteur était requise à un quelconque degré ici. (On pourrait faire la même remarque pour le texte de Descartes en S, quoique l'ignorance ou la connaissance des Regulæ modifie du tout au tout la compréhension du texte : c'est au correcteur d'en faire abstraction.)
Sinon, pour l'anecdote, j'extrais de http://etudiant.lefigaro.fr/les-news/actu/detail/article/bac-le-corrige-de-l-epreuve-de-philo-par-luc-ferry-5866/ une perle (certes classique) :
Comme le montre Kant, personne ne peut définir le bonheur.
Comme on pouvait s'en douter, non seulement Kant définit expressis verbis le bonheur, mais les définitions qu'il en donne dans ses différents ouvrages s'équivalent toutes.
Et c'est moi, ou sa 3e partie est un bottage en touche que même moi sur un terrain de foot je ferais mieux ?
- User17706Bon génie
Ma foi, la 3e partie proposée par Ferry est du Kant un peu maquillé aussi, en fait. Oui, pour quelqu'un qui est supposé être spécialiste de Kant c'est un peu désespérant de relayer un contresens aussi écarlate (cela dit, je répète qu'il est classique: on le trouve dans foule de manuels), mais le contresens provient surtout d'un emploi très relâché du concept de définition (ce qui est embêtant aussi pour lire Kant, mais pas de la même façon). ((Ce qui pose pb selon Kant n'est pas de définir ce qu'est le bonheur, ça se fait en 2 coups de cuiller à pot chez lui; mais de déterminer ce qui peut rendre heureux, une question bien différente donc.))
Ce qui m'embête avec le 1er sujet de L, c'est que c'est une invitation à la variation et à l'illustration et à l'amplification plutôt qu'à la discussion. Cela dit, il y a quelques copies qui savent faire, contrairement à ce que je craignais. (On construit alors le plan sur les sens de «perception».)
Par contre, qu'est-ce que le 2e sujet de L est bête, je n'en reviens pas. Ça n'aide pas les candidats... (sauf un [pour l'instant] qui m'a expliqué dès l'intro qu'on ne pouvait pas prendre littéralement cette question au sérieux, il aurait eu au moins 17 si le reste avait suivi).
Ce qui m'embête avec le 1er sujet de L, c'est que c'est une invitation à la variation et à l'illustration et à l'amplification plutôt qu'à la discussion. Cela dit, il y a quelques copies qui savent faire, contrairement à ce que je craignais. (On construit alors le plan sur les sens de «perception».)
Par contre, qu'est-ce que le 2e sujet de L est bête, je n'en reviens pas. Ça n'aide pas les candidats... (sauf un [pour l'instant] qui m'a expliqué dès l'intro qu'on ne pouvait pas prendre littéralement cette question au sérieux, il aurait eu au moins 17 si le reste avait suivi).
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