C'est parti pour la campagne de recrutement MCF 2014 !

Oui, c'est désolant de ne pas pouvoir offrir davantage de postes :| . Cette année, j'ai participé à trois comités de sélection (ce qui correspond à la limite autorisée). Les trois élections ont été parfaitement ouvertes. Pour l'une d'elle, il y a avait une candidature locale mais elle n'a pas été retenue. À chaque fois, les discussions ont été longues et les votes assez partagés car il y avait beaucoup de très bons candidats : aucun recrutement n'a été réglé dès le premier tour de scrutin. Et à chaque fois, les auditions ont été vraiment déterminantes – ce qui pose d'ailleurs problème quand on considère la brièveté des entretiens : je préfère largement le système des Suisses (cours devant les collègues et les étudiants, discussions approfondies…). Mais ce n'est sans doute pas possible à l'échelle d'un plus grand pays.

e-Wanderer a écrit: je préfère largement le système des Suisses (cours devant les collègues et les étudiants, discussions approfondies…). Mais ce n'est sans doute pas possible à l'échelle d'un plus grand pays.

Cela se fait (version longue) en Allemagne et au Canada...où ça peut durer 3 jours pour UN candidat!

Ce post de blog m'a beaucoup touché! C'est vraiment ce que l'on vit notamment en histoire (22ème)...

Un de mes amis, MCF dans une université sans deuxième ni troisième cycle, et voulant devenir PU, s'est encore fait recaler de partout au motif qu'il n'a pas d'expérience de direction des thèses...
Bien vu l'aveugle !
Je vois ça de l'extérieur sans vraiment tout maîtriser, bien sûr, mais quand même, il y a de sacrés groupes de pression, pour ne pas employer un terme qui sonne trop palermitain...

On peut difficilement lui reprocher de ne pas avoir encadré de thèses (sauf peut-être en sciences dures, car il arrive souvent que les MCF commencent déjà à en (co-)diriger). En revanche, s'il vient d'une fac qui s'arrête au cycle Licence, ça peut effectivement poser problème de ne pas avoir d'expérience d'encadrement de Master.

philann a écrit:

e-Wanderer a écrit: je préfère largement le système des Suisses (cours devant les collègues et les étudiants, discussions approfondies…). Mais ce n'est sans doute pas possible à l'échelle d'un plus grand pays.

Cela se fait (version longue) en Allemagne et au Canada...où ça peut durer 3 jours pour UN candidat!

Oui, je trouve ça très bien. Il est quand même aberrant d'auditionner 10 candidats en une journée, sachant qu'il s'agit de recruter quelqu'un qui peut très bien rester dans l'établissement pendant une trentaine d'années ! En contrepartie, notre système est moins clientéliste et donne une chance à davantage de gens : les Suisses auditionnent 2-3 personnes, guère plus, et les élections sont souvent faites d'avance (candidats sollicités, mandarinat etc.).

On s'oriente un peu vers un système de ce type : on parle de plus en plus de n'accepter en thèse que des étudiants qui auraient une source de financement (contrat doctoral, fondation Thiers etc.) de façon à éviter les désillusions et les dégâts humains, mais en contrepartie ça équivaut à une forme de pré-recrutement, et beaucoup de belles thèses ne seront jamais soutenues si on procède ainsi. J'avoue que je n'ai pas d'avis tranché.

A mi-course, un classement et 3 échecs après 4 auditions.
Il m'en reste encore quatre pour espérer un miracle: charmer les anglicistes...

Pour les historiens que ça intéresse, je signale à nouveau la tenue très à jour du wiki [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
qui permet (en "googlant" les noms des profs et des candidats) de comprendre assez vite comme le système fonctionne. Il y a des élections "honnêtes" et d'autres malheureusement beaucoup moins...

e-Wanderer a écrit:On peut difficilement lui reprocher de ne pas avoir encadré de thèses (sauf peut-être en sciences dures, car il arrive souvent que les MCF commencent déjà à en (co-)diriger). En revanche, s'il vient d'une fac qui s'arrête au cycle Licence, ça peut effectivement poser problème de ne pas avoir d'expérience d'encadrement de Master.

Il est MCF HDR.

Cripure a écrit:

e-Wanderer a écrit:On peut difficilement lui reprocher de ne pas avoir encadré de thèses (sauf peut-être en sciences dures, car il arrive souvent que les MCF commencent déjà à en (co-)diriger). En revanche, s'il vient d'une fac qui s'arrête au cycle Licence, ça peut effectivement poser problème de ne pas avoir d'expérience d'encadrement de Master.

Il est MCF HDR.

Oui, forcément : c'est la condition requise pour pouvoir postuler sur les postes de PU. Mais s'il vient d'une fac sans cycle master/doctorat et qu'il vise un poste dans une grosse fac avec une école doctorale importante, on peut trouver gênant qu'il n'ait pas déjà encadré de mémoires.

Je mets un mot de conclusion (pour 2014) à ce fil. Malgré de nombreuses auditions en 11ème section, c'est encore l'échec pour moi. Je me console avec 2 classements (3ème, 4ème) qui ont failli, au jeu des chaises musicales des désistements, donner quelque chose mais non. Je reste un peu en dessous de ce qu'il faut pour être l'heureux élu.

C'est une grosse déception évidemment mais j'ai aussi reçu pas mal de messages d'encouragements qui me poussent à tenter à nouveau ma chance l'an prochain, armé de ces expériences et d'un meilleur dossier.

Je signale que les "wiki auditions" (pages avec recensement de tous les postes, comités de sélection, auditionnés, classements...) cette année ont concerné la socio, les sciences politiques, l'histoire et la géographie. La transparence progresse même si on continue à se heurter à la tradition de confidentialité propre à tous les petits arrangements...

3e et 4e, c'est déjà très bien, CdB. Il y a de quoi être fier.   
Pour l'année prochaine :   

Collier de Barbe a écrit:

 Je signale que les "wiki auditions" (pages avec recensement de tous les postes, comités de sélection, auditionnés, classements...) cette année ont concerné la socio, les sciences politiques, l'histoire et la géographie. La transparence progresse même si on continue à se heurter à la tradition de confidentialité propre à tous les petits arrangements...

La philo aussi (http://academia.hypotheses.org/suivi-des-recrutements-campagne-2014/philosophie-section-17-campagne-2014) (et les maths, mais eux ont l'habitude) !

Bon courage pour les prochaines campagnes ...

Des protestations pour l'emploi scientifique au CNRS :
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Je mets le lien pour la courbe... Une chute vraiment significative des recrutements :
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Jeu pour les concernés : regarder le nombre de poste pourvus l'année de sa soutenance, les suivantes, en tirer les conclusions et... oublier, vite, si possible.

Ce déclin a commencé précisément en 2001 (sous Jospin), de façon extrêmement brutale (dommage que le graphique ne parte pas d'un peu plus loin). D'où, déjà, la mesure occasionnelle des "postes Fillon" en 2006 (le petit rebond sur la courbe). Ensuite, on voit clairement l'effet de la loi LRU, qui contraint les universités à geler/supprimer des postes pour éviter la faillite. Dans l'indifférence générale.

Pécresse, comme Clothon, a filé ce mauvais coton. Fioraso, telle Lachésis (dont les vêtements étaient de couleur rose, selon les mythographes !), déroule consciencieusement le fil. On n'attend plus que la troisième sœur pour le trancher définitivement.

barèges a écrit:Je mets le lien pour la courbe... Une chute vraiment significative des recrutements :
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Jeu pour les concernés : regarder le nombre de poste pourvus l'année de sa soutenance, les suivantes, en tirer les conclusions et... oublier, vite, si possible.

Quid du nombre d'enseignants chercheurs en poste? C'est sûr que c'est frustrant de voir les opportunités diminuer, mais ça s'explique peut-être tout simplement par la démographie de la profession. Est-ce que la diminution du nombre d'embauche correspond à une stabilisation des effectifs, somme toute normale, ou est-ce le signe d'une crise plus grave?

Les postes des professeurs partant à la retraite sont à peu près tous supprimés. Les postes de MCF, quand ceux qui les occupaient obtiennent un poste de professeur, sont supprimés ou gelés.
Explication du ministère pour la chute de 500 postes cette année, donnée dans l'article :

L’explication donnée par le ministère mérite d’être citée : « Cette baisse des publications par les établissements (- 14,6 %) s’explique par la diminution des postes d’enseignants chercheurs à pourvoir prévus dans l’arrêté du 26 février 2013 ». L’arrêté en question est le texte qui fixe... le nombre de postes ouverts au recrutement dans les universités !

Les gels et suppressions de postes n’ont rien à voir avec la baisse des recrutements. S’il y a moins de postes ouverts au recrutement, c’est simplement... qu’il y a moins de postes ouverts au recrutement ! Tout est normal, dormez en paix braves gens !

Les universités autonomes affichent des déficits ingérables suite à la sous-estimation de la masse salariale (qui augmente mécaniquement avec le vieillissement des personnels) lors de la dotation initiale. Elles coupent le chauffage, ne renouvellent pas les contrats des "précaires" (vacataires, ATER, même doctorants contractuels) et "gèlent" (i.e suppriment au bout de quelques années) les postes de titulaires. C'est un plan social tout bête. Mais vu que les universités sont autonomes, tout se fait dans la discrétion, une fac après l'autre.