- JennyMédiateur
C'est plus proche de ce que je fais quand j'ai le temps ou des UP2A.Elyas a écrit:Je pense que la définition la plus pragmatique de la différenciation, c'est de la qualifier par un ensemble de pratiques comme le travail de groupe, la proposition d'un travail avec plusieurs possibilités de consignes/questionnaires possibles, la proposition de travaux différents sur un même thème.
Merci pour ta réponse.
Isis : Je trouve aussi qu'on est assez livrés à nous mêmes sur le sujet. On nous demande de différencier mais sans nous former et sans nous donner le temps. Je travaille déjà beaucoup, je ne peux pas faire plus (sinon, je ne dors plus ou je sacrifie mon unique jour de repos).
- Fesseur ProGuide spirituel
Et tu es loin d'être la seule...Bouboule a écrit:J'ai répondu à la question sans voir que c'était un fil HG.
_________________
Pourvu que ça dure...
- ElyasEsprit sacré
Si on regarde l'histoire sémantique de l'objet, on était dans la pédagogie différenciée jusqu'en 2005 environ puis dans la différenciation pédagogique. Quand on change aussi facilement les termes, c'est qu'il y a un problème de définition et de fondations théoriques et pratiques. C'est juste que les pontes des sciences de l'éduc en France n'ont pas voulu suivre les vieux instits Freinet/PI et compagnie, discuter avec les maîtres des écoles primaires supérieures ou suivre les idées des Direct Instructions. Cependant, deux bémols à ce sujet : le CNESCO (défunt maintenant) et la pédagogie de l'explicitation sortie de l'IFE semblent témoigner qu'on sort du marais, tout comme le fait que Marylise Bianco cite Barack Rosenshine en conférence académique et que Meirieu court après le courant coopératif en ce moment.
- Fesseur ProGuide spirituel
On fait tous de la différenciation forcée en adaptant les cours et les évaluations, en expliquant et réexpliquant les consignes simplifiées, en baissant nos exigences.
C'est la différenciation par le bas qui aide ( un peu ) des élèves qui ne devraient pas être dans des classes "normales" et qui pénalise des élèves qui seraient capables de suivre à plus haut niveau.
C'est la différenciation par le bas qui aide ( un peu ) des élèves qui ne devraient pas être dans des classes "normales" et qui pénalise des élèves qui seraient capables de suivre à plus haut niveau.
_________________
Pourvu que ça dure...
- ElyasEsprit sacré
Fesseur Pro a écrit:On fait tous de la différenciation forcée en adaptant les cours et les évaluations, en expliquant et réexpliquant les consignes simplifiées, en baissant nos exigences.
C'est la différenciation par le bas qui aide ( un peu ) des élèves qui ne devraient pas être dans des classes "normales" et qui pénalise des élèves qui seraient capables de suivre à plus haut niveau.
On peut aussi le faire en élevant nos exigences.
Pour les élèves qui ne devraient pas être dans nos classes, c'est l'adaptation qui est requise. Pas la différenciation.
Après, je ne suis pas un partisan convaincu de la différenciation. Chacun son chemin.
Retrouver la maîtrise du vocabulaire me semble important dans ce débat pour y voir clair.
- Fesseur ProGuide spirituel
Certes.
Mais c'est bien plus complexe et demande de la formation et extrêmement de temps et d'énergie.
Place aux jeunes !
Mais c'est bien plus complexe et demande de la formation et extrêmement de temps et d'énergie.
Place aux jeunes !
_________________
Pourvu que ça dure...
- ElyasEsprit sacré
(Désolé, j'éditais mon message quand tu as répondu).
Oui, chacun fait comme il peut. Si l'institution voulait vraiment que ça fonctionne, elle agirait autrement. Soyons en certains.
Oui, chacun fait comme il peut. Si l'institution voulait vraiment que ça fonctionne, elle agirait autrement. Soyons en certains.
- ZagaraGuide spirituel
Si l'institution voulait que ça fonctionne elle lâcherait du PO GNON
Pognon pognon pognon
Pognon pognon pognon
- Fesseur ProGuide spirituel
@Elyas On est bien d'accord.
Et Zagara + 1 itou
Et Zagara + 1 itou
_________________
Pourvu que ça dure...
- VinZTDoyen
À chaque fois que des ipéhères nous parlent de différenciation, c'est plus proche de l'incantation que de l'injonction.
_________________
« Il ne faut pas croire tout ce qu'on voit sur Internet » Victor Hugo.
« Le con ne perd jamais son temps. Il perd celui des autres. » Frédéric Dard
« Ne jamais faire le jour même ce que tu peux faire faire le lendemain par quelqu'un d'autre » Pierre Dac
« Je n'ai jamais lâché prise !» Claude François
« Un économiste est un expert qui saura demain pourquoi ce qu'il avait prédit hier ne s'est pas produit aujourd'hui. » Laurence J. Peter
- henrietteMédiateur
Et de la pensée magique si tu veux mon avis.
_________________
"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- DicloniaExpert
Fesseur Pro a écrit:Certes.
Mais c'est bien plus complexe et demande de la formation et extrêmement de temps et d'énergie.
Place aux jeunes !
Mais cessez / cessons de dire que nous ne sommes pas formés !
Ils vont finir par nous refiler de la formation pendant nos vacances !
- ElyasEsprit sacré
Attention tout de même à ne pas laisser la critique de l'injonction quasi-incantatoire sur la différenciation pédagogique laisser le champ à ceux qui ne pensent pas comment faire réussir les élèves qui ont le plus besoin de l'école et qui n'ont pas de handicaps et à ceux qui voudraient bien que tous les enfants handicapés, même ceux capables de suivre mais qui demandent à l'enseignant un effort de compréhension de son altérité, retournent hors des murs de l'école.
Je dis ça parce que les personnes les plus véhémentes que je connais sur le sujet de la différenciation sont aussi ceux qui se plaignent des autistes asperger, des élèves en fauteuil roulant ou des enfants mis en foyer qui sont dans leurs classes.
Je dis ça parce que les personnes les plus véhémentes que je connais sur le sujet de la différenciation sont aussi ceux qui se plaignent des autistes asperger, des élèves en fauteuil roulant ou des enfants mis en foyer qui sont dans leurs classes.
- ZagaraGuide spirituel
J'ai une idée révolutionnaire pour faire réussir les élèves qui ont le plus besoin de l'école et qui n'ont pas de handicaps : arrêter de casser le premier degré. C'est parce que des gamins arrivent en 6e avec un niveau entre petite section et CE1 qu'il y a eu besoin d'inventer la différenciation. Je crois que si le 1er degré fonctionnait, ça roulerait dans le 2eme.
- ElyasEsprit sacré
Historiquement, non, Zagara. L'idée de la différenciation naît dans les années 80 quand les enfants des classes populaires arrivent dans le collège unique. En gros, on a du mal à enseigner aux pauvres en France.
C'est dans cette période qu'apparaît l'expression "difficulté scolaire" dans le discours scolaire et les propos enseignants.
C'est dans cette période qu'apparaît l'expression "difficulté scolaire" dans le discours scolaire et les propos enseignants.
- JennyMédiateur
Zagara a écrit:Si l'institution voulait que ça fonctionne elle lâcherait du PO GNON
Pognon pognon pognon
Si seulement...
Et elle arrêterait de dépenser du pognon pour des c...eries.
- ZagaraGuide spirituel
Elyas a écrit:Historiquement, non, Zagara. L'idée de la différenciation naît dans les années 80 quand les enfants des classes populaires arrivent dans le collège unique. En gros, on a du mal à enseigner aux pauvres en France.
C'est dans cette période qu'apparaît l'expression "difficulté scolaire" dans le discours scolaire et les propos enseignants.
D'accord. Mais si ça fait 40 ans qu'on sait que des groupes d'enfants ont besoin de pédagogies radicalement différentes, alors ça fait 40 ans qu'on aurait dû revenir sur le collège unique et faire comme aux Pays Bas ou en Allemagne. Par définition, le collège unique est unique ; comme l'enseignant ne peut pas se dédoubler sans risquer le burn out, il n'y aura toujours qu'une pédagogie proposée, amendée à la marge, et pas plusieurs pédagogies radicalement différentes déployées en parallèle.
- henrietteMédiateur
Mais les problèmes de dyslexie, blanco, j'en ai plein mes classes (entre deux et 8 ces dernières années). Cela nécessite une adaptation, mais pas un cours différent, on y arrive car ils ont les mêmes capacités cognitives que les autres. Idem pour les dyspraxiques, dysorthographiques, etc. Lorsqu'il s'agit de vrai dys, et pas d'une dys induite par un déficit cognitif, on y arrive.
Là où c'est mission impossible pour moi, par contre, c'est :
1. lorsque les capacités cognitives sont insuffisantes pour que l'élève puisse appréhender les notions du programme sans une approche totalement différente, avec des outils différents, dans une temporalité totalement différente des élèves de la classe, en repartant de très loin car rien n'est acquis. Je ne peux me substituer à une SEGPA ou un IME.
2. Lorsque l'élève a de tels problèmes de comportement qu'il met le groupe en péril et qu'il est impossible de fonctionner avec lui en classe, qu'il refuse tout, est violent contre les autres et/ou lui, que son AVS est incapable lui aussi de le maîtriser. Je ne peux me substituer à un ITEP.
Tout ça, j'ai déjà testé, et je ne sais pas faire.
Là où c'est mission impossible pour moi, par contre, c'est :
1. lorsque les capacités cognitives sont insuffisantes pour que l'élève puisse appréhender les notions du programme sans une approche totalement différente, avec des outils différents, dans une temporalité totalement différente des élèves de la classe, en repartant de très loin car rien n'est acquis. Je ne peux me substituer à une SEGPA ou un IME.
2. Lorsque l'élève a de tels problèmes de comportement qu'il met le groupe en péril et qu'il est impossible de fonctionner avec lui en classe, qu'il refuse tout, est violent contre les autres et/ou lui, que son AVS est incapable lui aussi de le maîtriser. Je ne peux me substituer à un ITEP.
Tout ça, j'ai déjà testé, et je ne sais pas faire.
_________________
"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- ElyasEsprit sacré
Zagara a écrit:Elyas a écrit:Historiquement, non, Zagara. L'idée de la différenciation naît dans les années 80 quand les enfants des classes populaires arrivent dans le collège unique. En gros, on a du mal à enseigner aux pauvres en France.
C'est dans cette période qu'apparaît l'expression "difficulté scolaire" dans le discours scolaire et les propos enseignants.
D'accord. Mais si ça fait 40 ans qu'on sait que des groupes d'enfants ont besoin de pédagogies radicalement différentes, alors ça fait 40 ans qu'on aurait dû revenir sur le collège unique et faire comme aux Pays Bas ou en Allemagne. Par définition, le collège unique est unique ; comme l'enseignant ne peut pas se dédoubler sans risquer le burn out, il n'y aura toujours qu'une pédagogie proposée, amendée à la marge, et pas plusieurs pédagogies radicalement différentes déployées en parallèle.
Je ne partage pas ton avis. Tout le monde a saboté le collège unique. Des enfants de tous les milieux et en capacité intellectuelle de suivre les programmes devraient pouvoir réussir dans le cadre du collège unique (qui ne signifie pas collège uniforme, on peut avoir des parcours diversifiés avec des options ou des modules d'explicitation). La plupart des gens qui ont critiqué le collège unique au début appartiennent aux élites économiques qui ne supportaient pas que la masse puisse rejoindre les rangs des happy few. Une partie des professeurs a aussi mal vécu l'arrivée des pauvres mal dégrossis (je sais de quoi je parle, quand un digne PU m'a dit qu'il ne comprenait pas qu'un gars avec mon patois réussisse, ça m'a gelé les tripes... vengeance personnelle : je suis son seul ex-étudiant qui a eu le concours du premier coup et qui publie ).
Je m'amuse à un jeu qui me déprime chaque année : je regarde qui sont les élèves avec les plus basses moyennes générales dans mes classes. Sans surprise (hélas) depuis 12 ans que je fais ce petit jeu alors que j'enseigne dans de bons bahuts mixtes sans aucune difficulté, ce sont systématiquement tous mes élèves pauvres. Cela interroge, je trouve. Après, j'adore aussi écouter les collègues parler de ces élèves: ils ne savent rien faire, ne font rien à la maison, n'écoutent pas, sont insolents etc. Curieusement, les quelques collègues qui font attention à ça n'ont pas les mêmes avis ou résultats. Mais quand des collègues mettent 0 de moyenne, c'est radical. Là, c'est mon élève qui va d'appartement insalubre en appartement insalubre et qui a connu un père violent qui a la plus basse moyenne... et une partie des collègues considère qu'il doit être viré et qu'il ne fera rien de sa vie.
- Isis39Enchanteur
henriette a écrit:Mais les problèmes de dyslexie, blanco, j'en ai plein mes classes (entre deux et 8 ces dernières années). Cela nécessite une adaptation, mais pas un cours différent, on y arrive car ils ont les mêmes capacités cognitives que les autres. Idem pour les dyspraxiques, dysorthographiques, etc. Lorsqu'il s'agit de vrai dys, et pas d'une dys induite par un déficit cognitif, on y arrive.
Là où c'est mission impossible pour moi, par contre, c'est :
1. lorsque les capacités cognitives sont insuffisantes pour que l'élève puisse appréhender les notions du programme sans une approche totalement différente, avec des outils différents, dans une temporalité totalement différente des élèves de la classe, en repartant de très loin car rien n'est acquis. Je ne peux me substituer à une SEGPA ou un IME.
2. Lorsque l'élève a de tels problèmes de comportement qu'il met le groupe en péril et qu'il est impossible de fonctionner avec lui en classe, qu'il refuse tout, est violent contre les autres et/ou lui, que son AVS est incapable lui aussi de le maîtriser. Je ne peux me substituer à un ITEP.
Tout ça, j'ai déjà testé, et je ne sais pas faire.
Je suis dans la même situation que toi Henriette.
- ZagaraGuide spirituel
@Elyas : Je crois que le collège unique est une bonne idée sur le papier (offrir à tous les mêmes conditions, c'est très français dans l'esprit), mais un désastre en pratique. D'ailleurs tu le dis toi-même : dans ce cadre, les pauvres se font broyer. Et ça fait 40 ans qu'ils se font broyer. Je ne crois pas que le collège unique soit amendable par la différenciation, parce que ça demanderait, pour être efficace, à chaque prof de se couper en 3 ou 4. Il serait plus logique et certainement, au final, plus efficace pour les enfants fragiles (je crois vraiment qu'ils apprendraient mieux et davantage) s'il y avait 3 ou 4 filières avec des personnels, des temporalités et des méthodes différents (il ne s'agit pas de découper mais de faire peu ou prou le même travail dans chacune, comme dans les filières de lycées), et de nombreuses passerelles de l'une à l'autre pour que ce ne soit pas un enfermement social.
- ElyasEsprit sacré
Zagara a écrit:@Elyas : Je crois que le collège unique est une bonne idée sur le papier (offrir à tous les mêmes conditions, c'est très français dans l'esprit), mais un désastre en pratique. D'ailleurs tu le dis toi-même : dans ce cadre, les pauvres se font broyer. Et ça fait 40 ans qu'ils se font broyer. Je ne crois pas que le collège unique soit amendable par la différenciation, parce que ça demanderait, pour être efficace, à chaque prof de se couper en 3 ou 4. Il serait plus logique et certainement, au final, plus efficace pour les enfants fragiles (je crois vraiment qu'ils apprendraient mieux et davantage) s'il y avait 3 ou 4 filières avec des personnels et des méthodes différents (il ne s'agit pas de découper mais de faire la même chose dans chacune), et de nombreuses passerelles de l'une à l'autre pour que ce ne soit pas un enfermement social.
Tu noteras que je ne suis pas un partisan de la différenciation. Ensuite, je pense que créer des collèges différents laissera les pauvres avec les pauvres hormis une ou deux exceptions pour bien faire comprendre que si les autres ne réussissent pas, c'est bien de leur faute.
Je te donne un exemple de comparaison entre deux enfants : un enfant d'une amie qui vit dans le 16e et la gamine qu'on voit dans le documentaire Gosses de France passé sur France 2. La gamine est en SEGPA. Le gamin de mon amie du XVIe n'a jamais été en SEGPA. Pourtant, la gamine s'exprime bien mieux que le gamin du XVIe. La différence : le niveau social. La mère de la gamine a accepté la SEGPA. La mère du XVIe a tout fait pour l'éviter.
Ce genre de situation est très fréquente. Les milieux sociaux aisés et supérieurs refuseront des orientations pourtant bénéfiques pour leurs enfants. Personne ne leur fera aucun reproche. En revanche, pour les pauvres...
Après pour connaître deux ou trois expérimentations qui ont changé les choses, la violente réaction de certains collègues et de certains perdirs me conduit à penser qu'on n'est pas sorti des ronces.
Quand les enfants de riches ayant les mêmes difficultés scolaires que les enfants de pauvres iront dans les mêmes orientations, je commencerai à penser qu'on peut faire des filières qui ne seront pas des parcours sociologiques de masse. En l'état, je n'y crois absolument pas.
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum