Les livres qui vous ont marqués, ont changé votre vie

Ceux qui ont manifesté les plus grandes prises de liberté avec la langue: Gargantua, La Recherche, Voyage au bout de la nuit (l'abject comme matière première).

Survivre à l'effondrement économique (Piero San Giorgio) :  Prise de conscience de l'intenable situation. Il m'a conduit à lire beaucoup d'ouvrages sur le sujet, à m'informer, réfléchir et agir.

Il doit y avoir bien d'autres que j'ai oubliés.

Je ne crois pas que le fait qu’un extrait d’une œuvre figure au bac en fasse un classique. C’est qu’un passage a mérité l’attention ou que l’oeuvre elle-même présente un intérêt par rapport à une question/un sujet. Je ne crois pas que de Kerangal soit un classique, c’est une œuvre considérée comme forte aujourd’hui, le temps nous dira si elle perdure. Je n’ai encore lu que Corniche Kennedy d’elle, qui ne m’a pas fait une impression énorme. Il faut que je lise Réparer les vivants mais je crois qu’il faut détacher le succès actuel de la catégorie « classique ».
Si on prend l’exemple de la peinture, un tableau comme le déjeuner sur l’herbe a d’abord été rejeté, reconnu par une petite partie de la société seulement car il était trop moderne pour l'époque, trop audacieux, c’est le temps qui en a fait un incontournable. N’en est-il pas de même en littérature?

Isidoria a écrit:Je ne crois pas que le fait qu’un extrait d’une œuvre figure au bac en fasse un classique. C’est qu’un passage a mérité l’attention ou que l’oeuvre elle-même présente un intérêt par rapport à une question/un sujet. Je ne crois pas que de Kerangal soit un classique, c’est une œuvre considérée comme forte aujourd’hui, le temps nous dira si elle perdure. Je n’ai encore lu que Corniche Kennedy d’elle, qui ne m’a pas fait une impression énorme. Il faut que je lise Réparer les vivants mais je crois qu’il faut détacher le succès actuel de la catégorie « classique ».
Si on prend l’exemple de la peinture, un tableau comme le déjeuner sur l’herbe a d’abord été rejeté, reconnu par une petite partie de la société seulement  car il était trop moderne pour l'époque, trop audacieux, c’est le temps qui en a fait un incontournable. N’en est-il pas de même en littérature?

Ca dépend: Proust a mis du temps à s'imposer. Inversement, Céline a été reconnu immédiatement comme un écrivain majeur.
L'oeuvre géniale négligée par les contemporains, ce n'est pas si courant. On a une perception déformée. Ce qui est vrai, c'est que le temps fait le tri et qu'il y a des modes. Beaucoup d'auteurs tombent dans l'oubli.

Moi je n'en peux plus de Gaudé et compagnie au brevet.

Voilà, c'était pour pacifier le débat.

Oui, Leclochard, en effet j’aurais dû écrire et inversement,...
De Gaudé, FOP, je ne garde que Le soleil des Scorta qui est à mon sens une fresque familiale très romanesque, pour le reste... je n’ai pas trop accroché à La Mort du roi Tsongor.

Ah et j’y pense, je viens de découvrir Sorj Chalandon, les premières pages du Quatrième mur m’ont happée, j’ai dévoré ce roman, même si la fin m’a un peu déçue.

Bonjour,

Je m'incruste à votre discussion :-)

Un livre parmi d'autres qui m'a marqué est "Le petit Prince" d'Antoine de Saint Exupéry. Il est le prémier livre que j'ai lu en français. Etant étrangère dans ce beau pays, la France, j'étais enchanté et ému par ce petit livre de grand sagesse.

"Toutes les grandes personnes ont d'abord été des enfants."

Bonne journée à tous!

Je rejoins le fil, sur la pointe des pieds.

Pour ma part, tout a commencé avec Notre-Dame de Paris. Plus précisément, cet extrait :

«Comme Claude Frollo avait parcouru dès sa jeunesse le cercle presque entier des connaissances humaines positives, extérieures et licites, force lui fut, à moins de s’arrêter ubi defuit orbis, force lui fut d’aller plus loin et de chercher d’autres aliments à l’activité insatiable de son intelligence. L’antique symbole du serpent qui se mord la queue convient surtout à la science. Il paraît que Claude Frollo l’avait éprouvé. Plusieurs personnes graves affirmaient qu’après, avoir épuisé le fas du savoir humain, il avait osé pénétrer dans le nefas. Il avait, disait-on, goûté successivement toutes les pommes de l’arbre de l’intelligence, et, faim ou dégoût, il avait fini par mordre au fruit défendu. Il avait pris place tour à tour, comme nos lecteurs l’ont vu, aux conférences des théologiens en Sorbonne, aux assemblées des artiens à l’image Saint-Hilaire, aux disputes des décrétistes à l’image Saint-Martin, aux congrégations des médecins au bénitier de Notre-Dame, ad cupam Nostrae Dominæ ; tous les mets permis et approuvés que ces quatre grandes cuisines appelées les quatre facultés, pouvaient élaborer et servir à une intelligence, il les avait dévorés, et la satiété lui en était venue avant que sa faim fût apaisée ; alors il avait creusé plus avant, plus bas, dessous, toute cette science finie, matérielle, limitée ; il avait risqué peut-être son âme, et s’était assis dans la caverne à cette table mystérieuse des alchimistes, des astrologues, des hermétiques, dont Averroès, Guillaume de Paris et Nicolas Flamel tiennent le bout dans le moyen âge, et qui se prolonge dans l’Orient, aux clartés du chandelier à sept branches, jusqu’à Salomon, Pythagore et Zoroastre.»

Non pas vraiment par révélation esthétique – je ne suis pas touchée par le style hugolien que je trouve... Assez plat –, mais par l'ensemble des connaissances que j'ai dû explorer. Je devais avoir à peu près dix ans, je n'avais pas internet, et je m'étais rendue spécialement pour la première fois dans une médiathèque pour éclaircir ce passage. Ce passage a troublé mon existence, et amorcé ma curiosité vorace. J'ai plongé directement dans l'Eve future de Villiers de l'Isle Adam, puis A Rebours de Huysmans. Par la suite, je me suis posée en vouant un culte pour Léon Bloy : Le Désespéré, La femme pauvre, puis un tournant décisif : L'exégèse des Lieux Communs. Ce dernier ouvrage a quelque peu changé ma vie : je me suis intéressée aux lieux communs, puis aux collocations, puis aux écritures spontanées globales. Jusqu'au dégoût.
Aujourd'hui, je ne lis quasiment plus que de la Poésie. Je n'ai pas été happée par Les Fleurs du Mal, même si j'avoue verser ma larme en écoutant «Madrigal triste» par Jean-Louis Murat. J'ai vite éloigné les recueils en prose, pour des œuvres que je trouvais merveilleuses par la métrique. Je pense à Paul Valéry, mais aussi à Pontus de Tyard.

" Le hasard et la nécessité de Monod" , un choc quand je l'ai lu à 17 ans.

Aucun livre n'a changé ma vie. En revanche, certains m'ont très grandement aidé à passer des moments de ma vie que j'ai détestés. Je vais essayer de le faire chronologiquement.

Oui-Oui va à l'école. J'ai eu l'impression, tout enfant, que je pouvais enfin m'admettre quand je l'ai découvert, sous ma serviette dans l'assiette, dans la salle à manger où la table avait été mise avec le plus de pompe possible, un dimanche midi. C'était un cadeau de mes parents. Je savais que c'était leur façon de me signifier clairement : bravo : tu sais lire i. Pour ce geste et sa mise en scène, j'ai pour eux une reconnaissance éternelle. Quant au livre, son intérêt n'était pas pour l'histoire mais pour l'objet qu'à mes yeux il était (et demeure).
EN CM2, au moins une fois par semaine, le maître nous lisait "Le tour de France de deux enfants" et des livres de la série des "Frères Hardy". J'adorais ça.

Je détestais l'ennui. Aussi, pendant les moments oisifs des vacances, j'ai lu beaucoup de livres des bibliothèques rose, verte, rouge et or...
A partir du collège et au fur et à mesure que je grandissais j'ai dévoré toute la série des Mousquetaires et Le comte de Monte Cristo, Le Capitaine Fracasse, beaucoup de Bob Morane, Le Monde perdu.

A la jonction collège-lycée, j'ai enfilé la totalité des nouvelles de Maupassant dans les deux tomes de La Pléiade. C'était un cadeau de Noël que j'avais demandé en précisant bien : "dans La Pléiade". J'étais le seul lecteur de la famille et je voulais pousser mon "avantage"  
Fort comme la mort et Mont-Auriol m'avaient aussi beaucoup impressionné.
Joseph Kessel ou sur la piste du Lion de Yves Courrières, les deux tomes de O Jérusalem de Dominique Lapierre et Larry Collins pendant les vacances.

Au lycée, Illusions perdues et Splendeurs et misères des courtisanes. Je me souviens qu'au lycée, avant LA rencontre, je bâclais mes journées pour les lire après dîner, dans mon lit, jusqu'à pas d'heure. Bien sûr, après LA rencontre, quand j'y repensais, je reniais ces deux romans : "Non non, Honoré se trompe !". Et j'ai beaucoup moins lu à part Les sept piliers de la sagesse parce que je m'étais fait un copain kabyle qui m'intriguait : il m'entraînait errer au rayon parfumerie du Printemps pour mieux comprendre Baudelaire.
J'ai commencé ma période poésie à cause de LA rencontre. Je ne me souviens plus bien quels poèmes ni quels auteurs. Tout ce dont je me souviens, c'est que je m'étais fait le pari (tenu), quinze jours durant, de ne parler par devers moi qu'en vers jusque dans mes réflexions les plus prosaïques sur le quotidien de la vie. J'essayais (sans connaître la signification du mot) de ne pas être trop hétérométrique (Aphrodissia, si tu passes par là  ). Je faisais attention à ce que cela ne m'échappe pas à voix haute parce que les gens faisaient une drôle de tête. Phèdre dont je déteste l'histoire mais dont la langue et le rythme m'avait hypnotisé, était passée par là.

Après le lycée est arrivée une étrange nuit longue d'un an, faite d'ennui, de cynisme et de dégoût. C'était l'armée. Dans cette nuit d'un an, il y a eu LA nuit. Celle qu'illuminaient, toutes les deux heures, les va-et-vient d'une comète. Ces passages dans mon ciel étaient les réverbérations de l'épée de Cyrano de Bergerac qui défouraillait pour me soutenir et me désennuyer. J'ai dû faire partie d'une des dernières années du système de la conscription. J'ai tellement fait l'imbécile que je me suis retrouvé au service général au bout de trois mois. J'avais 20 ans, j'avais refusé les EOR par idéalisme.
C'était une nuit d'hiver entre un vendredi et un samedi où il gelait à pierre fendre et où j'étais de garde de 20h à 8h devant la caserne, à Laon, dans un régiment de transmission que j'ai certainement contribué à faire dissoudre puisqu'il n'existe plus   Deux heures idiotes et renouvelées de pied de grue dans mon stupide uniforme entre le portail et la nationale, suivies de deux autres heures elles aussi renouvelées au repos, dans le dortoir contigu des réquisitionnés. J'avais pris Cyrano pour occuper mon repos entre les tours de garde : je déteste qu'on me hachure mes heures de sommeil alors autant lire, d'autant plus que le lendemain, si on m'avait sucré ma permission du week-end (j'avais encore dû faire le fou), je pouvais dormir.
Cyrano, c'était quand même bien autre chose que les BD pornos qui circulaient parmi mes congénères dans le dortoir. J'savais même point qu'ça existait des BD pornos d'une qualité de dessins toute aussi affligeante qu'irréaliste anatomiquement. Ingres n'est qu'un petit joueur. Bref : Cyrano n'a pas aidé que Christian ! Je me répétais, pour tenir le coup pendant mes factions, les tirades que je venais de lire pendant mes repos.

Pendant vingt-scinq ans, deux premières vies professionnelles au cours desquelles j'ai mise en place ma vie privée m'ont complètement éloigné de ce qu'on appelle la littérature patrimoniale.

Il y a cinq ans, changement de vie professionnelle et avant de devenir prof, deux années à ne vivre non stop que pour cette littérature patrimoniale en Master MEEF (mis à part les autres cours tournant autour du pédagogisme). Deux années que j'ai aimées de lectures convulsives, de délicieuses prises de tête à me coltiner le fond et la forme des textes. Je faisais peur à ma famille.
Des hallucinations à la pelle.
On va citer les plus marquantes, les livres que je ne connaissais pas du tout ou incomplètement. Plus je vais en citer, plus il m'en viendra à l'esprit, alors je vais quand même essayer de limiter en suivant comme je peux l'histoire littéraire, sans citer les ouvrages critiques ou essais :

Gilgamesh, L'Enéide, Perceval ou le Conte du Graal, différents Rabelais, certains poèmes de Villon et Rutebeuf, La Princesse de Clèves, Les Liaisons dangereuses, Bérénice, Jacques le fataliste et son maître, La Nouvelle Héloïse, Manon Lescaut, Paul et Virginie.
Lorenzaccio et dans Les Confessions d'un enfant du siècle de Musset le passage sur le mal du siècle, le recueil Les Filles du feu, La Chartreuse de Parme, la préface de Cromwell par Hugo, tout son théâtre, son passage sur l'argot dans Les Misérables, son passage sur Frollo brandissant un livre face à Notre-Dame de Paris dans le roman éponyme, L'Homme qui rit, la préface de Chatterton par Vigny.
Trois contes de Flaubert (surtout les deux derniers), la série des Rougon-Macquart, les poésies de Verlaine et Rimbaud, certaines de Mallarmé, A rebours, L'Enfant de la haute mer de Supervielle, La guerre de Troie n'aura pas lieu, La Vie de Galilée et La Résistible ascension d'Arturo Ui, la trilogie de Pan ainsi qu'Un Roi sans divertissement, la mouvance dada, Nadja, Aurélien, L'Enfant et la rivière, L'Ecume des Jours, Les Fleurs bleues, W, Les Choses, Tous les matins du monde...

A part ça, aucun livre n'a changé ma vie

Actuellement Lucien Leuwen est bien parti pour me marquer.

"Retour à Reims" de Didier Eribon.
Ce n'est pas que l'histoire d'un gamin qui se révèle homosexuel.
C'est l'histoire d'un gamin de milieu populaire, pas miséreux, et de  sa famille : mode de vie, relations familiales, rôle de l'école, découverte d'autre chose.

Une révélation pour moi, j'y ai retrouvé tellement de choses !
Comme Eribon est sociologue, non seulement il raconte, mais il analyse.

Avant Eribon, "La place" et "Une femme", d'Annie Ernaux.
Le côté catho en moins, et pas tout à fait à la même époque, (-:, j'y ai retrouvé pas mal de choses de ma jeunesse. Dont les sources de mal-être, quand il y a des "rugosités" entre les différents milieux dans lesquels on évolue.

"En finir avec Eddy Bellegueule" d'Edouard Louis est dans la même filiation. Mais beaucoup plus âpre,plus cru, plus violent.
Pas connu ça chez moi. Mais des famille Bellegueule, dans des villages  que j'ai fréquentés, oui.  J'en connais encore d'ailleurs.

Mais Eribon, à lire. C'est en poche.

J'ai toujours aimé lire. D'aussi loin que je me souvienne, je me revois avec un bouquin entre les mains, à commencer par les Comtesse de Ségur.
Mon premier coup de coeur a été pour La baleine blanche, de Lanzmann que mon père m'avait refilé pour que je le laisse tranquille un après-midi. Je devais avoir dix ans : j'ai ri, pleuré, éprouvé mes premiers émois à la lecture d'un texte.
Ensuite il y a eu L'Assommoir. J'étais infecte en cours. Mon professeur m'a donné une fiche de lecture à faire sur ce roman pour me punir. Je l'ai dévoré. J'avais 12 ans. J'ai décidé de devenir professeur de français car je trouvais très injuste de donner L'Assommoir comme punition.
A l'adolescence, j'ai lu et relu l'oeuvre de Cioran. J'y voyais une sorte de message. Le livre de l'intranquillité m'a fait le même effet plus tard. Ce sont les deux oeuvres que je garde en permanence sur ma table de nuit pour m'y abîmer en périodes de détresse.
Enfin, à chaque fois que mon petit coeur est meurtri, je lis et relis Bérénice.

Philippe Auguste de Baldwin, premier livre d'histoire que j'ai lu entièrement comme un roman.
Un des trois livres qui m'ont fait comprendre que je devais me consacrer à la médiévale.

Il y a deux oeuvres qui m'ont transformée, peut-être un peu trop... Il s'agit donc d'Andromaque de Racine (j'ai un énorme faible pour toutes les pièces de Racine ) et de La princesse oubliée de Laurent Joffrin.
J'ai découvert Andromaque au collège, j'ai été impressionnée par sa force, sa conviction et sa loyauté. Je répétais en boucle ses tirades.
Ça a été à peu près la même chose, en plus violent pour Noor quelques années plus tard. Plusieurs jours après avoir terminé l'oeuvre, je la reprenais et je relisais la fin.
Ça m'a rendue plus "dure", inflexible et plutôt intransigeante.

J'ai débuté la lecture aujourd'hui de Wuthering Heights d'Emily Brontë, avec une nostalgie certaine. En effet, bien qu'aimant particulièrement lire étant lycéen, il m'était bien ardu de lire beaucoup (j'étais vraiment lent, j'éprouvais des difficultés à rester longtemps concentré, je perdais le fil de ce que je lisais si c'était trop long...) et me nourrissais alors de pièces de théâtre faciles, de nouvelles ou de romans bien peu consistants. C'est un peu par folie que je m'étais lancé le défi de lire un premier gros roman, choisi relativement au hasard ; les Hauts de Hurlevent. Cela a été comme un déclic (et ce roman est resté mon préféré depuis !), mais malheureusement survenu quelque peu tardivement. Je me suis alors retrouvé en prépa littéraire avec une très mince culture littéraire, ayant quasiment en tête que les maigres extraits étudiés en cours de français. Voilà, c'est bon, j'ai fini de raconter ma life

Je pensais que cela pourrait être intéressant de partager nos expériences de lectures de notre adolescence... en racontant comment et quand la petite larve que chacun fut a donné naissance à un papillon butineur de livres. Je donne une liste non exhaustive de questions auxquelles nous pourrions éventuellement réfléchir :  Y en a-t-il qui "sont tombés dedans quand ils étaient petits (R.I.P. Uderzo ) et qui ont toujours aimé l'activité livresque et eu des facilités pour la pratiquer ? Avez-vous eu au contraire un déclic comme moi ? Plutôt littérature jeunesse ou classique ? Fan de polars, fantasy, young-adult ? Etes-vous rentrés dans le supérieur avec un grand bagage culturel, pour ceux ayant suivi un cursus littéraire ? Je pense que toutes ces questions sont particulièrement pertinentes pour des professeurs : se replonger dans sa propre adolescence ne pourrait-il pas permettre de percevoir un miroir de nos élèves et alors peut-être, de mieux les comprendre ? D'ailleurs, je me demande, après avoir posé cette idée de miroir et après avoir lu Chagrin d'école de Pennac, si avoir rencontré des difficultés étant plus jeune aide à l'enseignement, notamment à l'enseignement aux élèves en difficulté.

J'ai toujours bouquiné, bouquiné, bouquiné (jusqu'à ce que je devienne prof , parce qu'entre la masse de boulot du début et le temps de plus en plus conséquent passé à faire de la musique, sans m'en rendre compte, j'ai de moins en moins lu.
Faut dire aussi que je ne regardais pas la télé en journée, et que ma mère avait veillé à nous lire autant d'albums que possible dès notre plus jeune âge, pour nous faire tomber dedans.

Enfant, j'aime les bouquins de mon âge ; les abonnement École des Loisirs m'allaient parfaitement. Je lisais vite (plus que mes camarades) et bien (mieux que la plupart de mes camarades), mais ce n'est pas pour autant que je tapais plus haut. A chaque fois que ma mère m'a fait changer d'abonnement de lecture - 7 ans l'âge du J'aime lire - 11 celui du Je Bouquine, Astrapi puis Okapi, j'ai fait la tronche, aprce que le format enfantin de la collection "plus petit" me paraissait plus attrayante.

Au collège, je lisais toujours autant, mais que de la litté jeunesse. J'ai dévoré un nombre incroyable de chair de poule, même si je finissais pa trouver les scénarii répétitifs et si, quelque part, j'avais conscience que c'était nul et mal écrit - mais je ne me l'avouais pas. Chaque soir, entre les guignols de l'info et le dîner, quand toute la famille zonait dans le salon, entre dressage de table et passage à table, je relisais les mêmes Picsou Magazine que nous n'avions pas ôtés de l'étagère. Mes parents étaient contents qu'on lise, ils n'avaient pas fait d'études eux-mêmes, mais de temps en temps, ma mère s'inquiétait un peu qu'une future littéraire ne vise pas plus haut dans le niveau des lectures.

La plupart des livres que nous devions lire pour le cours de français ne me déplaisaient pas, bien que jamais je ne l'aurais avoué devant mes camarades. J'ai le souvenir d'avoir adoré Vipère Au Poing en 3e (mais avoir détesté et m'être consternée sur Les Chouans). Le prof de 2nde m'a réconciliée avec Balzac.

A la fin de mon année de seconde, je suis allée voire Sexe Intentions au cinéma, ce qui m'a motivée à acheter le bouquin de Laclos, qui demeure mon roman préféré toutes catégories. Dans la foulée, des copains m'ont filé une liste de bouquins préconisés par leurs profs de français pour se faire une petite culture littéraire. J'ai choisi un peu au pif, et roule ma poule. Depuis, en littérature, malgré quelques (rares) coups de cœur Fantasy que mon entourage a tenu à me prêter / faire lire, je ne jure par les classiques. C'est terriblement snob, mais c'est vrai.
J'ai accéléré ma consommation de classiques les années scolaires qui se sont rapidement avérées foutues d'avance (khâgne et agreg), et celle où j'avais le temps (le reste des années fac ).

En Fantasy, j'ai lu le SDA (que je suis contente d'avoir lu parce que c'est le père de presque tout le reste du genre), mais qui ne m'a pas emballée, Harry Potter que j'ai bien aimé pour le mélange fantasy-humour, l'Assassin Royal qui m'a relativement gonflée (en fait, dans la Fantasy, le dosage des topoi m'agacent), et GoT, que j'ai bien aimé aussi, pour le côté "si un personnage a 3000 bornes à se taper, ça prend des jours, il a froid il a faim et il pue, il a pas de pain magique elfique qui fait magiquement zapper toute la trivialité rationnelle.

Depuis peu, je donne dans la socio, en m'attaquant aux ouvrages des Pinçon-Charlot.

J'ai aimé lire très tôt, j'ai appris à lire parce que j'étais obsédée par une histoire en particulier qui s'appelait "un coeur sur la glace" donc je l'ai apprise par coeur et à force j'ai appris à déchiffrer jusqu'au jour où ma mère s'est rendu compte qu'en fait je lisais, je ne récitais pas simplement.
A partir de là, j'ai lu beaucoup beaucoup beaucoup. En CP, et en primaire en général, je m'ennuyais énormément donc je lisais des BD type Super Picsou Géant et des livres de la bibliothèque rose à longueur de temps. Les Malheurs de Sophie, les Bons Enfants, Les Deux Nigauds, tout ce qui était Comtesse de Ségur, j'adorais. Je lisais aussi beaucoup des séries de romans en rapport avec ce que j'aimais (je me rappelle la série Danse) et j'adorais les livres qui parlaient de mythologie grecque et/ou des dieux d'Egypte antique.
A partir du CM1/CM2 j'ai commencé à lire des livres du rayon "adulte" car je m'ennuyais et je n'avais pas trop d'amis, je n'étais pas hyper sociable car plus jeune que tout le monde (deux sauts de classe...) donc je lisais Jules Romains, Molière, plein de choses de ce genre, des pièces courtes et faciles à lire mais qui m'intéressaient plus que la plupart de la littérature enfant/ado (j'étais une enfant très snob) . J'ai, en même temps, découvert Harry Potter et ça a été une vraie révélation. J'adorais aussi les romans historiques.
Au collège je pense que j'avais toujours un livre dans mon sac. Avec ma mère on lisait les mêmes choses en meme temps, par exemple on se battait presque pour savoir qui lirait le nouveau tome de la Reine Liberté de Christian Jacq à peine acheté (j'ai relu cet été, incroyable de me dire que je lisais ça à 12 ans je ne pense pas que j'en comprenais l'intégralité des sujets mais bon...). J'ai aussi énormément lu de romans de type fantasy pour ados mais aussi de la littérature plus classique. C'est au collège que j'ai lu Jane Eyre pour la toute première fois et que je suis tombée amoureuse de ce livre. J'ai aussi lu Vipère au Poing en sixième, ça m'a beaucoup marquée, j'avais ADORE et c'est un des RARES livres que mon père a lus donc ça nous faisait un livre dont on pouvait parler, je pense que ça a contribué à mon amour pour ce livre. Ma rencontre avec Antigone d'Anouilh en 3ème m'a aussi beaucoup marquée, je le relis encore une fois par an tellement je l'aime.
Au lycée je lisais un peu moins. J'ai eu une période compliquée où j'avais beaucoup de mal à me concentrer. Mais bon, j'ai aussi commencé à lire en anglais pour augmenter mon niveau et j'ai continué à faire des nuits blanches pour lire Harry Potter parce qu'il ne faut pas exagérer, je n'avais pas non plus changé du tout au tout !
En prépa (ECS) j'ai été dégoutée de la lecture à cause d'un trop grand nombre d'oeuvres imposées et il m'a été très très difficile de m'y remettre.
Une errance en école de commerce et une dépression sévère plus tard, je me suis un peu remise à lire en anglais pour la fac, puis en préparant l'agrégation. Quand j'ai eu mon CAPES (et raté l'agrégation), donc l'été dernier, je me suis sentie libérée d'un poids et j'ai eu l'impression d'enfin pouvoir lire sans contrainte et miraculeusement mon amour pour la lecture est revenu au galop.
Du coup, cette année je suis stagiaire donc j'ai peu de temps entre les cours que je donne, la fac et mes activités sportives, mais je prends quand même le temps de lire et je mets un point d'honneur à avoir un livre sur moi en toute occasion, si jamais les transports s'éternisent ou si j'ai besoin de m'isoler un peu et d'éviter la salle des profs.

Ah la vache, la comtesse de Ségur, moi aussi je l'ai lue !
De la belle langue française adaptée aux enfants fait pardonner le côté catho cruchon.

J'étais ultra fan du côté catho cruchon à 3000 kilomètres de ma vie personnelle puisque mes parents sont anti-religion puissance 328 (mais m'ont quand même mise dans un collège privé catho parce que les contradictions ça ne leur fait pas peur, mais aussi car dans ma campagne c'était le plus simple). Ca me faisait beaucoup réfléchir à mes actions, c'était très rigolo pour mon petit cerveau de réfléchir à ces problématiques totalement éloignées de ce que je vivais moi !
M'en est resté un amour persistant pour les chorales qui font du chant d'église et les familles nombreuses. Je reste persuadée que la Comtesse de Ségur n'y est pas pour rien.

La comtesse est super progressiste pour son temps, en plus.
Pour son temps, hein.

L'Ombre du vent de Zafon, lu au collège puis tous ses autres livres, jusqu'au récent Labyrinthe des esprits.
Antigone de Anouilh au collège, Les Fleurs du Mal de Baudelaire au lycée (je les ai relu à mon père pour sa veillée funèbre récemment).

Je lisais beaucoup quand j'étais plus petite mais j'ai moins le temps et du mal à trouver des livres qui me motivent aujourd'hui.

Je pourrais citer la plupart des oeuvres déjà mentionnées par vous chers collègues: la comtesse de Ségur, Anouilh, Baudelaire etc
Au collège, je m'ennuyais et je séchais de temps à autre (le bon vieux truc du thermomètre sur l'ampoule) pour dévorer Jane Eyre, les soeurs Brontë en général. Puis j'ai eu ma période Colette (forcément les Claudine puis les nouvelles que j'apprécie particulièrement; j'en relis de temps à autres ) et Stendhal ! Quelques "bizarreries" tirées de la bibliothèque de mes grands-parents très âgés (ils avaient 40 ans pendant la guerre), et très en vogue dans les années 20/30 comme "Le mariage de Chiffon" de GYP que j'ai lu, relu, usé toute jeune. Bien sûr je ne voyais que la bluette sentimentale, je ne savais rien de l'antisémitisme de l'auteur (qui ne transparaît pas dans le livre).
Jules Verne pour les voyages, l'aventure alors que l'on offrait ses romains plutôt à mes frères...

Les auteurs qui me transportent, chamboulent, changent ma vision du monde aujourd'hui: JC Rufin et Sylvain Tesson.

En tout cas, pas Révolution de Macron (que je n'ai pas lu, c'est mal).

macriche a écrit:J'ai débuté la lecture aujourd'hui de Wuthering Heights d'Emily Brontë, avec une nostalgie certaine.

Hey ! Quel heureux hasard ! Première lecture hors agrégation depuis près d'un an, ma couette approuve !
(mais moi c'est la première fois que je le lis, les premières pages en anglais m'ont semblé ardues, mais là c'est bon, je m'y suis faite)

Tiens je n'avais pas vu ce sujet! Alors qui m'ont marqué beaucoup: l'histoire de l'ours Mischka est mon 1er souvenir "littéraire", qu'est-ce que j'ai pu pleurer.... Après j'ai eu un choc avec Soljenitsine (et particulièrement Une journée d'Ivan Denissovitch).
Cela dit aucun livre n'a, comme le dit le titre, "changé ma vie"....

Inhumaine a écrit:

macriche a écrit:J'ai débuté la lecture aujourd'hui de Wuthering Heights d'Emily Brontë, avec une nostalgie certaine.

Hey ! Quel heureux hasard ! Première lecture hors agrégation depuis près d'un an, ma couette approuve !
(mais moi c'est la première fois que je le lis, les premières pages en anglais m'ont semblé ardues, mais là c'est bon, je m'y suis faite)

Si je ne devais en citer qu'un ce serait celui-là, étudié dans sa version originale au lycée.