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yphrog
Esprit éclairé

Je ne comprends pas ce qu'est la philosophie. - Page 7 Empty Re: Je ne comprends pas ce qu'est la philosophie.

par yphrog Mer 5 Fév - 0:24
De toute façon et pour quiconque que cela pourrait intéresser, je ne trouve pas Sartre infécond, mais illisible; peu de gens lutte pour comprendre ses pratico-inertes, ses totalités détotalisés, ses groupes en fusion qui se gèlent en fraternité-terreur.   Dans Zorn und Zeit, j'entends le même discours reinvesti autrement en antidote à Heidegger, Mao.  J'aimerais avoir les lumières de JPhMM sur Sloterdijk un jour...

Et oui plotch pour te repondre franchement et sans méchanceté, le style est un aspect important de la philo pour moi.  Et le titre du fil était (avant ce soir) les philosophes et vous.

Les seules vérités formelles sont réputées apodeictiques

Mais Locke est l'inspiration de pleine de constitutions et de contrats.  Rawls est de la lecture obligatoire aux EU dans les écoles de la magistrature (erm... at law school, je veux dire :lol:).  

Si ces conseils doivent mener à la vertu Machiavel est-il toujours un philosophe ?

et Leibniz?  J'ai toujours aimé le monadology, c'est marrant d'essayer de le répéter vite sans se tromper. Very Happy

http://en.wikipedia.org/wiki/Leibniz%E2%80%93Newton_calculus_controversy


Dernière édition par xphrog le Mer 5 Fév - 15:28, édité 4 fois (Raison : mise à jour avec titre...)
Iphigénie
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Je ne comprends pas ce qu'est la philosophie. - Page 7 Empty Re: Je ne comprends pas ce qu'est la philosophie.

par Iphigénie Mer 5 Fév - 0:32
La philo est-elle donc un ensemble de conseils ? Si ces conseils doivent mener à la vertu Machiavel est-il toujours un philosophe ?

Mais il me semble que la réponse à vos questions est justement du domaine de la philosophie: or comme vous pensez que la philosophie n'a pas de réponse on est face à une aporie ou pour le dire autrement on tourne en rond (et pourtant on tourne)
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plotch
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par plotch Mer 5 Fév - 0:37
iphigénie a écrit:
La philo est-elle donc un ensemble de conseils ? Si ces conseils doivent mener à la vertu Machiavel est-il toujours un philosophe ?

Mais il me semble que la réponse à vos questions est justement  du domaine de  la philosophie: or comme vous pensez que la philosophie n'a pas de réponse on est face à une aporie ou pour le dire autrement on tourne en rond (et pourtant on tourne)

Donc la philosophie est l'art de tourner en rond ? Je pense que je vais finalement opter pour cette définition, merci Iphigénie !!!!
Iphigénie
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Prophète

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par Iphigénie Mer 5 Fév - 0:46
plotch a écrit:
iphigénie a écrit:
La philo est-elle donc un ensemble de conseils ? Si ces conseils doivent mener à la vertu Machiavel est-il toujours un philosophe ?

Mais il me semble que la réponse à vos questions est justement  du domaine de  la philosophie: or comme vous pensez que la philosophie n'a pas de réponse on est face à une aporie ou pour le dire autrement on tourne en rond (et pourtant on tourne)

Donc la philosophie est l'art de tourner en rond ? Je pense que je vais finalement opter pour cette définition, merci Iphigénie !!!!
 professeur c'est la loi de la gravitation universelle ! (à moins que tout soit relatif ?)
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plotch
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par plotch Mer 5 Fév - 0:47
iphigénie a écrit:
plotch a écrit:
iphigénie a écrit:
Mais il me semble que la réponse à vos questions est justement  du domaine de  la philosophie: or comme vous pensez que la philosophie n'a pas de réponse on est face à une aporie ou pour le dire autrement on tourne en rond (et pourtant on tourne)

Donc la philosophie est l'art de tourner en rond ? Je pense que je vais finalement opter pour cette définition, merci Iphigénie !!!!
 professeur c'est la loi de la gravitation universelle ! (à moins que tout soit relatif ?)

Si vous voulez j'ouvre un fil "Les physiciens et vous" Very Happy
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yphrog
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par yphrog Mer 5 Fév - 0:52
:lol!: 
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plotch
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par plotch Mer 5 Fév - 0:57
xphrog a écrit::lol!: 

Vous verrez chez les physiciens on ne se prend pas autant au sérieux : l'ambiance est bien plus sympa qu'ici !!!
MrBrightside
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Empereur

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par MrBrightside Mer 5 Fév - 7:32
Cripure a écrit:M'ouïtes-vous jamais ? Onques me lûtes-vous ?

Oh, celle-ci il faut que je la ressorte à mes élèves... Je n'arrive jamais à utiliser "onques" correctement !
JEMS
JEMS
Grand Maître

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par JEMS Mer 5 Fév - 7:49
Mon ancien prof de philosophie disait "la philosophie c'est l'art de questionner". Nous questionner, questionner notre environnement.
Paratge
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par Paratge Mer 5 Fév - 11:43
Pourquoi la philosophie plutôt que rien ?  Very Happy Very Happy 
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Patissot
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Je ne comprends pas ce qu'est la philosophie. - Page 7 Empty Re: Je ne comprends pas ce qu'est la philosophie.

par Patissot Mer 5 Fév - 11:44
Parce que c'est trop dur de ne rien faire.

_________________
« Déjà, certaines portions de ma vie ressemblent aux salles dégarnies d'un palais trop vaste, qu'un propriétaire appauvri renonce à occuper tout entier. »
Paratge
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par Paratge Mer 5 Fév - 11:56
Je ne comprends pas ce qu'est la philosophie. - Page 7 6132-13


Patissot-san, yube wa zuibun nonda desho ? Very Happy 
Iphigénie
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Prophète

Je ne comprends pas ce qu'est la philosophie. - Page 7 Empty Re: Je ne comprends pas ce qu'est la philosophie.

par Iphigénie Mer 5 Fév - 12:03
:lol: 
Je ne suis pas philosophe, je laisse donc l'érudition aux spécialistes  mais je lis ce fil avec intérêt parce que justement ils posent de bonnes questions:
Plotch voudrait, me semble-t-il, définir la connaissance comme finalement un "résultat" purement scientifique et démontrable,et quantifiable; mais ce serait considérer l'humain comme un ordinateur qui produit des équations. Il me semble que la philosophie (et la littérature) c'est tout le reste, c'est-à-dire justement la partie obscure de l'humain, celle qui questionne même sans avoir de réponse.
Et, me semble-t-il sans ces questionnements, il n'y  aurait peut-être pas la science: la philosophie est historiquement et peut-être fondamentalement et toujours  le socle de départ des sciences. Comme le disait Ionesco, s'il n'y avait pas eu d'abord le rêve d'Icare, il n'y aurait sans doute pas les avions aujourd'hui. C'est sans doute aussi son aboutissement au sens du questionnement sur "que faire avec nos sciences"?
La science établit des vérités plus ou moins définitives, la philosophie c'est l'impulsion qui pousse à les chercher, puis à les remettre en question, non?
Spoiler:
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Patissot
Doyen

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par Patissot Mer 5 Fév - 12:30
Paratge a écrit:Je ne comprends pas ce qu'est la philosophie. - Page 7 6132-13


Patissot-san, yube wa zuibun nonda desho ? Very Happy 

aikawarazu ne. ore ha sukuiyou no nai nondakure da yo. biru ha jibun no inochi no izumi da yo.
相変わらずね。俺は救いようのない飲んだくれだよ。ビールは自分の命の泉だよ。

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Patissot
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Je ne comprends pas ce qu'est la philosophie. - Page 7 Empty Re: Je ne comprends pas ce qu'est la philosophie.

par Patissot Mer 5 Fév - 12:38
iphigénie a écrit::lol: 
Je ne suis pas philosophe, je laisse donc l'érudition aux spécialistes  mais je lis ce fil avec intérêt parce que justement ils posent de bonnes questions:
Plotch voudrait, me semble-t-il, définir la connaissance comme finalement un "résultat" purement scientifique et démontrable,et quantifiable; mais ce serait considérer l'humain comme un ordinateur qui produit des équations. Il me semble que la philosophie (et la littérature) c'est tout le reste, c'est-à-dire justement la partie obscure de l'humain, celle qui questionne même sans avoir de réponse.
Et, me semble-t-il sans ces questionnements, il n'y  aurait peut-être pas la science: la philosophie est historiquement et peut-être fondamentalement et toujours  le socle de départ des sciences. Comme le disait Ionesco, s'il n'y avait pas eu d'abord le rêve d'Icare, il n'y aurait sans doute pas les avions aujourd'hui. C'est sans doute aussi son aboutissement au sens du questionnement sur "que faire avec nos sciences"?
La science établit des vérités plus ou moins définitives, la philosophie c'est l'impulsion qui pousse à les chercher, puis à les remettre en question, non?
Spoiler:

Je ne comprends pas vraiment le rapport de causalité, une démonstration ne se ramène pas à la résolution d'une équation.

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User17706
Bon génie

Je ne comprends pas ce qu'est la philosophie. - Page 7 Empty Re: Je ne comprends pas ce qu'est la philosophie.

par User17706 Mer 5 Fév - 12:45
iphigénie a écrit: et là je vais m'attirer les foudres des deux camps, pour n'être ni philosophe ni scientifique Razz 
Non, pas des deux camps je pense, et probablement d'aucun Smile

Ce que tente de faire plotch est un peu différent de ce que vous dites, je pense. Il s'agit de donner, implicitement, un concept qu'on pourrait appeler «positif» ou «positiviste» de la connaissance (je précise que, sous mes doigts ou dans ma bouche du moins, ces qualificatifs n'ont rien d'insultant). La définition proposée plus haut est sûrement un peu trop large pour cela, parce que si on la prend à la lettre, la connaissance du deuxième prénom de l'état-civil de quelqu'un est une connaissance (elle permet en effet de le désigner plus précisément que si on n'a que son premier prénom: Jean Eustache Dupont est plus précis, à certaines fins du moins, que Jean Dupont). Cela dit, la définition proposée était large, aussi pour inclure des connaissances que l'on peut obtenir par exemple en étudiant des archives, et donc des connaissances historiques. Cela dit, on n'est pas obligé de pinailler sur la formulation exacte de la définition comme je viens de le faire (même si c'est très intéressant de voir à quel point il est difficile de trouver une définition de la connaissance qui épouse parfaitement les contours de ce qu'on aimerait y faire rentrer - c'est un peu latéral et on y reviendra peut-être à un moment): la question posée est de savoir si l'on peut dire que la philosophie accroît notre stock de connaissances au sens où l'archéologie, la physique, etc., le font (le cas des mathématiques posant des problèmes sui generis, que nous n'avons pas vraiment mentionnés).

Si on repart de là, quel est le problème quand on tente d'appliquer ça à «la philosophie»? À mon sens on peut le présenter de la façon suivante (je ne fais que répéter sous une autre forme, peut-être plus détaillée, ce que j'ai dit page 2): si on définit «la philosophie» en extension et en historien, c'est-à-dire en se demandant ce qui, depuis que le mot existe, a été appelé philosophie par ceux-là mêmes qui le pratiquaient, alors on va trouver une foule de choses, y compris des choses que l'on appelle aujourd'hui physique ou zoologie (la «philosophie naturelle» de Newton, la «philosophie zoologique» de Lamarck), et aussi des choses que l'on hésite, non sans raison, à appeler «physique» (la Physique d'Aristote), et pour lesquelles on pourrait être tenté de donner une étiquette composée («physique préscientifique» par exemple), mais qui ne correspondent plus non plus à ce qu'on appelle (et pratique sous le nom de) philosophie aujourd'hui.

Une autre solution consisterait alors à faire une opération analogue à celle que proposait plotch pour la physique ou la physiologie: on donne d'emblée une définition qui rend bien compte de l'état actuel de ces sciences, quitte à laisser une partie de ce qui s'est pratiqué sous ce nom dans la «préhistoire», disons, de ces sciences. (Et il n'y a pas de raison qu'on ne puisse pas dire, par exemple, que la physique d'Aristote appartient plutôt à la préhistoire qu'à l'histoire de la physique: il suffit de dire où l'on place la césure, et la césure retenue par Kant dans le passage que j'ai cité, par exemple - à savoir l'introduction de la méthode expérimentale en physique par Galilée - se justifie très bien, et d'ailleurs plotch a donné la même. Tout ça, c'est ce qu'on apprend en cours de philosophie aux élèves de Terminale, qui presque tous passent par ce texte ultra-célèbre.) Sauf que, dans le cas de la philosophie, c'est difficile ou impossible de mettre tout le monde d'accord sur une définition de ce type, qui soit une définition en intension et non en extension, pour jargonner (bref une définition par une propriété ou un ensemble de propriétés). Et c'est tout à fait vrai que c'est troublant, que c'est une vraie question, et que ça pose le problème de l'identité même de cette discipline.

Comme on travaille en philosophie (surtout en France, cela dit) en se référant aux textes originaux, on va trouver dans les textes des philosophes quantité de choses qui, en vingt-cinq ou vingt-six siècles pour les textes les plus anciens, ont essaimé un peu partout. Nous n'aurions pas le mot «individu» si Cicéron ne s'était pas mis à traduire Épicure en latin. La distinction faite par un bon nombre d'économistes et de sociologues aujourd'hui entre «égalité» et «équité» correspond à la distinction faite par Aristote entre «égalité arithmétique» et «égalité géométrique» dans la référence que j'ai proposée comme exemple à plotch quelques pages plus haut. Les juristes et les philosophes de l'action se servent de distinctions entre «volontaire» et «involontaire» qui empruntent beaucoup à la distinction hekon/akon faite par Aristote dans l'autre texte que j'ai proposé en exemple dans le même post. Le test de Turing peut être présenté comme une variante du «test de Descartes» (cinquième partie du Discours de la méthode). L'épistémologie de Popper (1934), qui forme l'épistémologie implicite d'une partie de la communauté scientifique précisément pour ce qui est du rôle qu'elle accorde à l'expérience, doit beaucoup aux réflexions de Hume, dont Einstein dit à Moritz Schlick le 14.xii.1915 que, sans cette lecture (ainsi que celle de Mach), il ne serait peut-être pas parvenu à la relativité restreinte; etc. etc. Bref, on n'en finirait tout simplement pas d'énumérer les contributions des philosophes à notre savoir. Avec, toujours, le problème de la requalification possible, a parte post, de ces contributions en «autre chose que de la philosophie». Dont j'ai indiqué qu'elle constituait à mes yeux une opération largement verbale, c'est-à-dire, en grande partie, une simple distribution d'étiquettes en partie arbitraires.

Mais je suis persuadé que ce n'est pas du tout par hasard, comme je l'ai indiqué dès le départ, si la question de «la définition» de la philosophie ne trouve pas de réponse simple et formulable en quelques phrases. C'est précisément que si (une partie de) cette discipline faisait ce que fait une science, étudiant par des méthodes largement acceptées un secteur relativement bien déterminé d'avance de la réalité, elle se prêterait alors à une définition de ce type, mais du même coup, et pour cette raison même, on serait tenté de la rebaptiser. En ce sens, je suis d'accord, ce fil pose d'excellentes questions. Comprendre pourquoi il n'y a pas de réponse simple est une bonne façon de commencer à comprendre pourquoi c'est effectivement une drôle de discipline.


Dernière édition par PauvreYorick le Mer 5 Fév - 12:54, édité 1 fois
Iphigénie
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par Iphigénie Mer 5 Fév - 12:52
veneration 
Bon, moi je sais Razz 
La philosophie est la science de l'utilisation précise du langage. Razz Wink 
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User17706
Bon génie

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par User17706 Mer 5 Fév - 12:58
iphigénie a écrit: Bon, moi je sais Razz 
La philosophie est la science de l'utilisation précise du langage. Razz Wink 
... vous ne pouvez pas savoir la quantité d'efforts que ça nous coûte, pour un résultat parfois décourageant Wink
Paratge
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Je ne comprends pas ce qu'est la philosophie. - Page 7 Empty Re: Je ne comprends pas ce qu'est la philosophie.

par Paratge Mer 5 Fév - 13:01
PauvreYorick a écrit:
iphigénie a écrit: Bon, moi je sais Razz 
La philosophie est la science de l'utilisation précise du langage. Razz Wink 
... vous ne pouvez pas savoir la quantité d'efforts que ça nous coûte, pour un résultat parfois décourageant Wink

Ce dont on ne peut parler, il faut le taire ! Very Happy 
atrium
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Je ne comprends pas ce qu'est la philosophie. - Page 7 Empty Re: Je ne comprends pas ce qu'est la philosophie.

par atrium Mer 5 Fév - 13:15
Cripure a écrit:
Bon, et maintenant, un intermède : qu'est-ce que la poésie ? bounce

1987 Dans une déclaration récente le poète Claude Roy raconte comment une vieille Chinoise ne se servait que pour les grandes occasions d’un ventilateur électrique qui lui avait été offert. Puis il ajoute :

« Pour beaucoup de lecteurs, même très cultivés, la poésie est pareille à ce ventilateur. On « se la garde » pour le dimanche, et souvent on décide le samedi soir que ce sera pour une autre semaine, pour plus tard. On la réserve pour le moment où on en sera digne, et il ne vient jamais. »

La poésie est-elle pour vous, oui ou non « le ventilateur du dimanche » ? A partir de votre expérience personnelle, vous donnerez les raisons de votre position.


Que de souvenirs... Un de vos collègues avait traumatisé toute ma classe de matheux avec ce sujet.  Wink 
atrium
atrium
Neoprof expérimenté

Je ne comprends pas ce qu'est la philosophie. - Page 7 Empty Re: Je ne comprends pas ce qu'est la philosophie.

par atrium Mer 5 Fév - 13:37
Paratge a écrit:Pourquoi la philosophie plutôt que rien ?  Very Happy Very Happy 

Le rien existe-t-il?
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plotch
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Je ne comprends pas ce qu'est la philosophie. - Page 7 Empty Re: Je ne comprends pas ce qu'est la philosophie.

par plotch Mer 5 Fév - 14:47
PauvreYorick a écrit:
iphigénie a écrit: et là je vais m'attirer les foudres des deux camps, pour n'être ni philosophe ni scientifique Razz 
Non, pas des deux camps je pense, et probablement d'aucun Smile

Ce que tente de faire plotch est un peu différent de ce que vous dites, je pense. Il s'agit de donner, implicitement, un concept qu'on pourrait appeler «positif» ou «positiviste» de la connaissance (je précise que, sous mes doigts ou dans ma bouche du moins, ces qualificatifs n'ont rien d'insultant). La définition proposée plus haut est sûrement un peu trop large pour cela, parce que si on la prend à la lettre, la connaissance du deuxième prénom de l'état-civil de quelqu'un est une connaissance (elle permet en effet de le désigner plus précisément que si on n'a que son premier prénom: Jean Eustache Dupont est plus précis, à certaines fins du moins, que Jean Dupont). Cela dit, la définition proposée était large, aussi pour inclure des connaissances que l'on peut obtenir par exemple en étudiant des archives, et donc des connaissances historiques. Cela dit, on n'est pas obligé de pinailler sur la formulation exacte de la définition comme je viens de le faire (même si c'est très intéressant de voir à quel point il est difficile de trouver une définition de la connaissance qui épouse parfaitement les contours de ce qu'on aimerait y faire rentrer - c'est un peu latéral et on y reviendra peut-être à un moment): la question posée est de savoir si l'on peut dire que la philosophie accroît notre stock de connaissances au sens où l'archéologie, la physique, etc., le font (le cas des mathématiques posant des problèmes sui generis, que nous n'avons pas vraiment mentionnés).

Si on repart de là, quel est le problème quand on tente d'appliquer ça à «la philosophie»? À mon sens on peut le présenter de la façon suivante (je ne fais que répéter sous une autre forme, peut-être plus détaillée, ce que j'ai dit page 2): si on définit «la philosophie» en extension et en historien, c'est-à-dire en se demandant ce qui, depuis que le mot existe, a été appelé philosophie par ceux-là mêmes qui le pratiquaient, alors on va trouver une foule de choses, y compris des choses que l'on appelle aujourd'hui physique ou zoologie (la «philosophie naturelle» de Newton, la «philosophie zoologique» de Lamarck), et aussi des choses que l'on hésite, non sans raison, à appeler «physique» (la Physique d'Aristote), et pour lesquelles on pourrait être tenté de donner une étiquette composée («physique préscientifique» par exemple), mais qui ne correspondent plus non plus à ce qu'on appelle (et pratique sous le nom de) philosophie aujourd'hui.

Une autre solution consisterait alors à faire une opération analogue à celle que proposait plotch pour la physique ou la physiologie: on donne d'emblée une définition qui rend bien compte de l'état actuel de ces sciences, quitte à laisser une partie de ce qui s'est pratiqué sous ce nom dans la «préhistoire», disons, de ces sciences. (Et il n'y a pas de raison qu'on ne puisse pas dire, par exemple, que la physique d'Aristote appartient plutôt à la préhistoire qu'à l'histoire de la physique: il suffit de dire où l'on place la césure, et la césure retenue par Kant dans le passage que j'ai cité, par exemple - à savoir l'introduction de la méthode expérimentale en physique par Galilée - se justifie très bien, et d'ailleurs plotch a donné la même. Tout ça, c'est ce qu'on apprend en cours de philosophie aux élèves de Terminale, qui presque tous passent par ce texte ultra-célèbre.) Sauf que, dans le cas de la philosophie, c'est difficile ou impossible de mettre tout le monde d'accord sur une définition de ce type, qui soit une définition en intension et non en extension, pour jargonner (bref une définition par une propriété ou un ensemble de propriétés). Et c'est tout à fait vrai que c'est troublant, que c'est une vraie question, et que ça pose le problème de l'identité même de cette discipline.

Comme on travaille en philosophie (surtout en France, cela dit) en se référant aux textes originaux, on va trouver dans les textes des philosophes quantité de choses qui, en vingt-cinq ou vingt-six siècles pour les textes les plus anciens, ont essaimé un peu partout. Nous n'aurions pas le mot «individu» si Cicéron ne s'était pas mis à traduire Épicure en latin. La distinction faite par un bon nombre d'économistes et de sociologues aujourd'hui entre «égalité» et «équité» correspond à la distinction faite par Aristote entre «égalité arithmétique» et «égalité géométrique» dans la référence que j'ai proposée comme exemple à plotch quelques pages plus haut. Les juristes et les philosophes de l'action se servent de distinctions entre «volontaire» et «involontaire» qui empruntent beaucoup à la distinction hekon/akon faite par Aristote dans l'autre texte que j'ai proposé en exemple dans le même post. Le test de Turing peut être présenté comme une variante du «test de Descartes» (cinquième partie du Discours de la méthode). L'épistémologie de Popper (1934), qui forme l'épistémologie implicite d'une partie de la communauté scientifique précisément pour ce qui est du rôle qu'elle accorde à l'expérience, doit beaucoup aux réflexions de Hume, dont Einstein dit à Moritz Schlick le 14.xii.1915 que, sans cette lecture (ainsi que celle de Mach), il ne serait peut-être pas parvenu à la relativité restreinte; etc. etc. Bref, on n'en finirait tout simplement pas d'énumérer les contributions des philosophes à notre savoir. Avec, toujours, le problème de la requalification possible, a parte post, de ces contributions en «autre chose que de la philosophie». Dont j'ai indiqué qu'elle constituait à mes yeux une opération largement verbale, c'est-à-dire, en grande partie, une simple distribution d'étiquettes en partie arbitraires.

Mais je suis persuadé que ce n'est pas du tout par hasard, comme je l'ai indiqué dès le départ, si la question de «la définition» de la philosophie ne trouve pas de réponse simple et formulable en quelques phrases. C'est précisément que si (une partie de) cette discipline faisait ce que fait une science, étudiant par des méthodes largement acceptées un secteur relativement bien déterminé d'avance de la réalité, elle se prêterait alors à une définition de ce type, mais du même coup, et pour cette raison même, on serait tenté de la rebaptiser. En ce sens, je suis d'accord, ce fil pose d'excellentes questions. Comprendre pourquoi il n'y a pas de réponse simple est une bonne façon de commencer à comprendre pourquoi c'est effectivement une drôle de discipline.

La nuit porte conseil, et on reprend sur de bonnes bases visiblement Very Happy Essayons de circonscrire l'activité philosophique par étapes, puisqu'il s'agit de déterminer ce qu'est la philosophie. Il est logique de vouloir la circonscrire puisque par exemple, la musique n'est pas la philosophie et donc la philosophie n'est pas tout.

On va commencer par un point qui me semble particulièrement important : un philosophe utilise t'il l'expérimentation (pas les expériences de pensée bien sûr ...) ?
Pour ma part il me semble en observant la liste des auteurs considérés généralement comme appartenant à la tradition philosophique, que l'un de leurs points communs est de ne pas faire d'expériences. Je ne connais peut être pas toutes leurs activités ceci-dit ... Mais alors êtes vous d'accord sur ce point ?
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User17706
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Je ne comprends pas ce qu'est la philosophie. - Page 7 Empty Re: Je ne comprends pas ce qu'est la philosophie.

par User17706 Mer 5 Fév - 15:04
Vous recommencez Very Happy

La démarche que vous essayez de suivre n'est pas la bonne. Vous cherchez un trait commun à l'ensemble des philosophes reconnus comme tels par la tradition, ou bien vous cherchez une définition de la philosophie qui soit opératoire quitte à laisser en-dehors d'elle une partie de la tradition dite philosophique?

J'essaie de vous économiser du temps depuis le début en vous prévenant que vous n'obtiendrez pas à la fois l'un et l'autre (cf. ma remarque sur l'«air de famille»). Mais si vous cherchez à provoquer une discussion qui vous permette d'aboutir à une conclusion que vous avez déjà en tête, il y a une autre manière d'économiser du temps qui est de délivrer tout de suite cette conclusion. (Je dis ça au cas où.)

Pour l'expérimentation (ou l'expérience?), vous parlez à la fois de «faire» et d'«utiliser». Il faudrait préciser duquel des deux vous parlez, l'expérimentation avec protocole ou l'expérience au sens très général de ce terme, d'une part; et d'autre part si vous parlez de pratiquer soi-même expérience ou expérimentation selon un protocole qu'on a soi-même défini, ou bien si vous parlez d'utiliser leurs résultats, voire, en s'éloignant encore d'un pas supplémentaire, d'en tenir compte.

Exemple d'un ouvrage qui passe son temps à utiliser et discuter des résultats d'expérimentations: La Structure du comportement de Merleau-Ponty, dirigé avant tout contre le behaviourisme.
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plotch
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Je ne comprends pas ce qu'est la philosophie. - Page 7 Empty Re: Je ne comprends pas ce qu'est la philosophie.

par plotch Mer 5 Fév - 15:08
PauvreYorick a écrit:Vous recommencez Very Happy

La démarche que vous essayez de suivre n'est pas la bonne. Vous cherchez un trait commun à l'ensemble des philosophes reconnus comme tels par la tradition, ou bien vous cherchez une définition de la philosophie qui soit opératoire quitte à laisser en-dehors d'elle une partie de la tradition dite philosophique?

J'essaie de vous économiser du temps depuis le début en vous prévenant que vous n'obtiendrez pas à la fois l'un et l'autre (cf. ma remarque sur l'«air de famille»). Mais si vous cherchez à provoquer une discussion qui vous permette d'aboutir à une conclusion que vous avez déjà en tête, il y a une autre manière d'économiser du temps qui est de délivrer tout de suite cette conclusion. (Je dis ça au cas où.)

Pour l'expérimentation (ou l'expérience?), vous parlez à la fois de «faire» et d'«utiliser». Il faudrait préciser duquel des deux vous parlez, l'expérimentation avec protocole ou l'expérience au sens très général de ce terme, d'une part; et d'autre part si vous parlez de pratiquer soi-même expérience ou expérimentation selon un protocole qu'on a soi-même défini, ou bien si vous parlez d'utiliser leurs résultats, voire, en s'éloignant encore d'un pas supplémentaire, d'en tenir compte.

Exemple d'un ouvrage qui passe son temps à utiliser et discuter des résultats d'expérimentations: La Structure du comportement de Merleau-Ponty, dirigé avant tout contre le behaviourisme.

Commençons par un philosophe qui effectue des expérimentations avec un protocole : en connaissez vous ?
Aredius
Aredius
Niveau 9

Je ne comprends pas ce qu'est la philosophie. - Page 7 Empty Re: Je ne comprends pas ce qu'est la philosophie.

par Aredius Mer 5 Fév - 15:15
Mes jeunes ex-collègues, signent leurs courriels de titres en anglo-américain (ce qui prouvent (!?) qu'ils sont de niveau mondial) et précisent qu'ils ont un phd*. Si vous leur demandiez ce que signifie le ph, il se peut qu'ils vous parlent de l'activité physique des ions hydrogène (pas sûr s'il s'agit de docteurs en informatique !). Mais je n' ai pas rencontrés d'informaticien me parlant de philosophie. Il n'y a bien de nos jours que sur des campus américains ou dans de vieilles universités britanniques que l'on trouve gravé dans la pierre, les mots de philosophie et de logique (souvent en latin ! chut !)

* et depuis que je suis à la retraite, je reçois des annonces de séminaires (d'exposés !) faits par des francophones naturels, rédigées in ingliche ou en ce qui y ressemble.

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plotch
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Je ne comprends pas ce qu'est la philosophie. - Page 7 Empty Re: Je ne comprends pas ce qu'est la philosophie.

par plotch Mer 5 Fév - 15:15
PauvreYorick a écrit:Vous recommencez Very Happy

La démarche que vous essayez de suivre n'est pas la bonne. Vous cherchez un trait commun à l'ensemble des philosophes reconnus comme tels par la tradition, ou bien vous cherchez une définition de la philosophie qui soit opératoire quitte à laisser en-dehors d'elle une partie de la tradition dite philosophique?


Avant de juger du bien fondé de la démarche essayons de coopérer à celle-ci ... J'aimerai que l'on évite de tourner en rond. Galilée est-il un philosophe par exemple ? Est ce que vous pouvez répondre simplement par oui ou par non à cette question ?
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