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- JohnMédiateur
http://www.actualitte.com/international/de-nouveaux-inedits-du-philosophe-heidegger-demontrent-son-antisemitisme-46813.htmLongtemps restés simplement évoqués, les Cahiers noirs (Schwartzen Hefte) de Martin Heidegger, rassemblant des écrits allant de 1931 à 1946, vont être édités en mars prochain en Allemagne, rapportent nos confrères de Bibliobs. Cette publication rentre dans le cadre et l'ordre de ce qu'avait souhaité le philosophe avant sa disparition en 1976.
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"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- RobinFidèle du forum
"L'homme par qui arrive la nouvelle affaire Heidegger s'appelle Peter Trawny. Professeur à l'université de Wuppertal, c'est outre-Rhin l'un des plus éminents spécialistes de l'auteur d'Etre et temps. Il fait partie de la petite équipe qui, avec la confiance des héritiers, publie depuis trois décennies les inédits du philosophe, cours, «traités impubliés» et réflexions privées. Le mois denier, la maison d'édition Klostermann a sorti le volume 73...
Dans cet océan d'«impubliés», figurent des «Cahiers noirs» («Schwartzen Hefte»), écrits entre 1931 et 1946. Leur existence était connue, mais la publication des écrits posthumes d'Heidegger obéit à un programme très strict, fixé par le philosophe avant sa mort. C'est en mars prochain qu'ils seront donc accessibles au public. Et Peter Trawny a été chargé d'en établir le texte définitif, qui représente 1200 pages réparties en trois volumes.
Or, simultanément, le même Peter Trawny a rédigé un essai d'une soixantaine de pages, intitulé «Heidegger : ‘‘Les Cahiers noirs’’ et l'antisémitisme historial» («historial» étant une traduction possible du concept heideggérien «seinsgeschilchtlichen»). Selon Trawny, les idées exprimées par Heidegger dans ces «Cahiers noirs» sont clairement antisémites, même s'il ne s'agit pas du type d'antisémitisme promu par l'idéologie nazie..."
La publication anticipée de fragments des "Carnet noirs" ne laisse désormais aucun doute sur l'antisémitisme de Heidegger et il ne reste plus guère qu'une poignée de fidèles comme François Fédier pour s'obstiner à défendre sur ce point l'auteur de Sein und Zeit.
Reste à savoir de quel antisémitisme il s'agit. Heidegger n'est pas un antisémite "vulgaire". Son antisémitisme n'est pas fondée sur un racialisme biologique. Il n'en veut pas au "corps" des juifs. La lettre indignée à Hannah Arendt de 1933 à propos des exactions contre les juifs est certainement sincère.
Son antisémitisme est beaucoup plus profond, beaucoup plus philosophique. Il se traduit par une double forclusion :
La première forclusion est fondée sur une "différence ontologique" (fantasmée) au sein du peuple allemand. Les juifs représentent pour Heidegger le déracinement, l'absence de patrie, ils représentent aussi l'argent, le calcul, cette pensée calculante qu'il exècre et qu'il oppose systématiquement à partir du Tournant (Die Khere) de la question de l'Etre à la "pensée méditante".
Heidegger s'en prend au judaïsme comme il s'en prend au christianisme, à l'américanisme, au communisme, au national-socialisme comme phénomènes de masse et à la modernité en général.
Mais cette façon de "mettre dans le même sac" des réalités aussi diverses et de rester englué dans la "doxa" (le juif apatride, le juif avide, etc.) ne correspond guère à l'idée que l'on se fait d'une grande pensée philosophique.
La deuxième forclusion des juifs et du judaïsme est le silence sur l'existence même d'une pensée juive et l'assignation de la culture occidentale à ses seules racines helléniques, alors que l'entreprise heideggerienne de "déconstruction" de la métaphysique (occidentale) aurait dû logiquement aboutir à la prise en considération de la pensée juive.
Heidegger ne veut pas éliminer physiquement les juifs, mais il souhaite que les juifs s'éliminent eux-même, s'effacent de l'histoire de l'Europe et de la pensée.
Ces deux aspects (surtout le second) étaient déjà perceptibles dans l'oeuvre publiée jusqu'à présent. La publication (et surtout la traduction en français) au mois d'avril de l'intégralité des "Carnets noirs" devrait permettre de quitter les sables mouvants et de marcher enfin sur la terre ferme en se fondant sur des écrits.
- OlympiasProphète
Ce n'est pas nouveau
- ZorglubHabitué du forum
Robin, pourquoi avez-vous changé le titre de votre fil ?
C'est beaucoup moins lisible désormais.
C'est beaucoup moins lisible désormais.
- RobinFidèle du forum
Zorglub a écrit:Robin, pourquoi avez-vous changé le titre de votre fil ?
C'est beaucoup moins lisible désormais.
Par souci d'exactitude, mais je reconnais que c'est effectivement moins lisible. Je voudrais montrer qu'il ne s'agit pas d'un antisémitisme "ordinaire".
- RobinFidèle du forum
Les carnets inédits du philosophe apportent-ils la preuve de son antisémitisme? C'est en tout cas l'avis de Peter Trawny, le spécialiste qui prépare leur publication en Allemagne en mars prochain. Parvenu en France, son "mémo" met en émoi le petit cercle des heideggériens. Enquête
Martin HEIDEGGER (1889-1976), ici en 1959. Auteur d'«Etre et temps» (1927), devenu recteur de l'université de Fribourg en 1933, Heidegger déclare: "Le Führer lui-même et lui seul est la réalité allemande d'aujourd'hui et du futur, ainsi que sa loi." Il démissionne au bout d'un an, mais reste adhérent au parti nazi jusqu'en 1945. (©Akg-images)
L'homme par qui arrive la nouvelle affaire Heidegger s'appelle Peter Trawny. Professeur à l'université de Wuppertal, c'est outre-Rhin l'un des plus éminents spécialistes de l'auteur d'Etre et temps. Il fait partie de la petite équipe qui, avec la confiance des héritiers, publie depuis trois décennies les inédits du philosophe, cours, «traités impubliés» et réflexions privées. Le mois denier, la maison d'édition Klostermann a sorti le volume 73...
Dans cet océan d'«impubliés», figurent des «Cahiers noirs» («Schwartzen Hefte»), écrits entre 1931 et 1946. Leur existence était connue, mais la publication des écrits posthumes d'Heidegger obéit à un programme très strict, fixé par le philosophe avant sa mort. C'est en mars prochain qu'ils seront donc accessibles au public. Et Peter Trawny a été chargé d'en établir le texte définitif, qui représente 1200 pages réparties en trois volumes.
Or, simultanément, le même Peter Trawny a rédigé un essai d'une soixantaine de pages, intitulé «Heidegger : ‘‘Les Cahiers noirs’’ et l'antisémitisme historial» («historial» étant une traduction possible du concept heideggérien «seinsgeschilchtlichen»). Selon Trawny, les idées exprimées par Heidegger dans ces «Cahiers noirs» sont clairement antisémites, même s'il ne s'agit pas du type d'antisémitisme promu par l'idéologie nazie.
« Lamentable »
Le texte de Trawny n'a pas encore été ni publié en Allemagne, ni traduit en France. Mais certains spécialistes français ont pu le consulter et ils ont été fortement ébranlés. C'est le cas d'Hadrien France-Lanord, qui se dit «profondément affligé» par ce qu'il a découvert et estime que le propos d'Heidegger dans les «Cahiers noirs» est «lamentable».
Hadrien France-Lanord appartient au groupe qui, sous la houlette du traducteur historique d'Heidegger François Fédier, assure la publication en français des cours inédits aux éditions Gallimard. Les deux hommes ont également codirigé un «Dictionnaire Heidegger» sorti à la rentrée aux éditions du Cerf. A l'article «Antisémitisme», France-Lanord y affirmait qu'il n'y a pas une seule ligne antisémite dans tous les écrits connus du philosophe. C'était avant d'avoir eu accès au document de Trawny.
Le hasard veut qu'Hadrien France-Lanord soit invité à l'émission «Répliques» diffusée demain samedi sur France-Culture pour parler de son dictionnaire. Le chercheur a prévu d'y révéler ce qu'il vient d'apprendre. Avec une grande honnêteté intellectuelle, il estime qu'en l'état actuel de ses connaissances, il n'est plus en mesure d'affirmer qu'Heidegger n'a jamais écrit une ligne antisémite. Il attend désormais d'avoir lu le texte complet des «Cahiers noirs» pour maintenir ou modifier son jugement.
Que contiennent donc ces «Cahiers noirs» pour ébranler ses soutiens les plus fidèles? Première certitude: ce n'est nullement un journal de bord, mais des fragments «théologico-politiques». Voici la synthèse que nous en a fait par e-mail France-Lanord sur la base du document de Trawny :
On y trouve des propos critiques à l'égard du judaïsme, du christianisme, du nihilisme, mais aussi de l'américanisme, de l'impérialisme anglais et du bolchevisme, ainsi que du nazisme – tous ces "ismes" étant par endroits pris dans la même critique de la Machenschaft (le règne de l'efficience totale). Ce qui n'est évidemment pas sans poser problème.
Le judaïsme y est évoqué une quinzaine de fois.
« Précision à destination des ânes »
Sollicité par «le Nouvel Observateur», François Fédier a bien voulu nous montrer un autre document de deux pages et demi, envoyé par Friedrich-Wilhem von Hermann, le responsable général des œuvres complètes d'Heidegger chez Klostermann. On y trouve rassemblés les passages «litigieux». Impossible pour un non-spécialiste qui ne lit pas l'allemand de former un jugement.
On peut seulement constater que, dans la première phrase, le «judaïsme» («Judentum») y est associé à «l'absence de terre» et dans la seconde au «calcul» et au «trafic» – termes extrêmement négatifs sous la plume d'Heidegger, mais qui traversent toute son oeuvre et ne sont pas réservés au judaïsme. Un extrait que nous a traduit François Fédier pourrait plus particulièrement nourrir la polémique: le penseur allemand y souhaite que le judaïsme «s'exclue de lui-même»... Comprendre: s'exclure de lui-même du peuple allemand.
Pour François Fédier, de telles phrases, sorties de leur contexte théorique, peuvent en effet paraître odieuses. Mais, replacées dans la logique de pensée d'Heidegger, elles n'exprimeraient aucun antisémitisme. Au contraire, au détour d'un passage où il critique les prophètes juifs, le philosophe stipule: «Précision à destination des ânes: ces remarques n'ont rien à voir avec l'"antisémitisme". Lequel est si insensé (töricht) et si abject (verwerflich).»
Dans son e-mail France-Lanord commente cette dernière phrase:
A ma connaissance, hormis en un sens la lettre indignée de Heidegger à Hannah Arendt de l'hiver 1932-33 (p. 70-71), c'est la première fois qu'on trouve formulé en toute lettres un rejet aussi direct de l'antisémitisme. Plusieurs des propos touchant le judaïsme se présentent comme des réponses et des oppositions par rapport au discours antisémite raciste des nazis.»
Mais le chercheur ajoute entre parenthèse: «(ce qui n'empêche par ailleurs pas que le propos de Heidegger soit LAMENTABLE).» Il semble bien que, quelles soit les divergences interprétatives, les «Cahiers noirs» n'aient donc rien d'anodin.
Le paradoxe Heidegger
Bref rappel historique : en 1933, Heidegger avait pris sa carte au parti nazi et accepté, à la demande du régime hitlérien, de devenir le recteur de l'université de Fribourg, au moment même où s'y mettaient en place les lois anti-juives. Il en a démissionné en 1934. Dans quelle mesure existe-t-il un lien entre son engagement et sa philosophie?
Tout le mystère Heidegger tient dans le paradoxe suivant: sa pensée est habitée par un profond nationalisme allemand et pourtant, elle a été tenue en si haute estime par des philosophes de tous pays, de toutes origines et de toutes sensibilités politiques, qui y ont trouvé des outils pour analyser et critiquer la modernité, le règne de la rationalité ou le monde de la technique.
Depuis soixante-dix ans, débats et polémiques se sont succédé, avec un écho particulier en France, où l'influence d'Heidegger a été particulièrement forte. En 2005, l'essai du philosophe Emmanuel Faye, «Heidegger, l'introduction du nazisme en philosophie» avait suscité la colère du groupe rassemblé autour de François Fédier, qui avait publié en réaction «Heidegger à plus forte raison».
Le romancier Stéphane Zagdanski avait également lancé une pétition. Ami de France-Lanord et contributeur au «Dictionnaire Heidegger», Zagdanski nous a fait savoir qu'il publierait sur son blog samedi une longue analyse des «Cahiers noirs».
Quand aux éditions Klostermann, elles présenteront officiellement les «Cahiers noirs» lors d'une conférence de presse à Francfort le 13 mars prochain.
Eric Aeschimann
Martin HEIDEGGER (1889-1976), ici en 1959. Auteur d'«Etre et temps» (1927), devenu recteur de l'université de Fribourg en 1933, Heidegger déclare: "Le Führer lui-même et lui seul est la réalité allemande d'aujourd'hui et du futur, ainsi que sa loi." Il démissionne au bout d'un an, mais reste adhérent au parti nazi jusqu'en 1945. (©Akg-images)
L'homme par qui arrive la nouvelle affaire Heidegger s'appelle Peter Trawny. Professeur à l'université de Wuppertal, c'est outre-Rhin l'un des plus éminents spécialistes de l'auteur d'Etre et temps. Il fait partie de la petite équipe qui, avec la confiance des héritiers, publie depuis trois décennies les inédits du philosophe, cours, «traités impubliés» et réflexions privées. Le mois denier, la maison d'édition Klostermann a sorti le volume 73...
Dans cet océan d'«impubliés», figurent des «Cahiers noirs» («Schwartzen Hefte»), écrits entre 1931 et 1946. Leur existence était connue, mais la publication des écrits posthumes d'Heidegger obéit à un programme très strict, fixé par le philosophe avant sa mort. C'est en mars prochain qu'ils seront donc accessibles au public. Et Peter Trawny a été chargé d'en établir le texte définitif, qui représente 1200 pages réparties en trois volumes.
Or, simultanément, le même Peter Trawny a rédigé un essai d'une soixantaine de pages, intitulé «Heidegger : ‘‘Les Cahiers noirs’’ et l'antisémitisme historial» («historial» étant une traduction possible du concept heideggérien «seinsgeschilchtlichen»). Selon Trawny, les idées exprimées par Heidegger dans ces «Cahiers noirs» sont clairement antisémites, même s'il ne s'agit pas du type d'antisémitisme promu par l'idéologie nazie.
« Lamentable »
Le texte de Trawny n'a pas encore été ni publié en Allemagne, ni traduit en France. Mais certains spécialistes français ont pu le consulter et ils ont été fortement ébranlés. C'est le cas d'Hadrien France-Lanord, qui se dit «profondément affligé» par ce qu'il a découvert et estime que le propos d'Heidegger dans les «Cahiers noirs» est «lamentable».
Hadrien France-Lanord appartient au groupe qui, sous la houlette du traducteur historique d'Heidegger François Fédier, assure la publication en français des cours inédits aux éditions Gallimard. Les deux hommes ont également codirigé un «Dictionnaire Heidegger» sorti à la rentrée aux éditions du Cerf. A l'article «Antisémitisme», France-Lanord y affirmait qu'il n'y a pas une seule ligne antisémite dans tous les écrits connus du philosophe. C'était avant d'avoir eu accès au document de Trawny.
Le hasard veut qu'Hadrien France-Lanord soit invité à l'émission «Répliques» diffusée demain samedi sur France-Culture pour parler de son dictionnaire. Le chercheur a prévu d'y révéler ce qu'il vient d'apprendre. Avec une grande honnêteté intellectuelle, il estime qu'en l'état actuel de ses connaissances, il n'est plus en mesure d'affirmer qu'Heidegger n'a jamais écrit une ligne antisémite. Il attend désormais d'avoir lu le texte complet des «Cahiers noirs» pour maintenir ou modifier son jugement.
Que contiennent donc ces «Cahiers noirs» pour ébranler ses soutiens les plus fidèles? Première certitude: ce n'est nullement un journal de bord, mais des fragments «théologico-politiques». Voici la synthèse que nous en a fait par e-mail France-Lanord sur la base du document de Trawny :
On y trouve des propos critiques à l'égard du judaïsme, du christianisme, du nihilisme, mais aussi de l'américanisme, de l'impérialisme anglais et du bolchevisme, ainsi que du nazisme – tous ces "ismes" étant par endroits pris dans la même critique de la Machenschaft (le règne de l'efficience totale). Ce qui n'est évidemment pas sans poser problème.
Le judaïsme y est évoqué une quinzaine de fois.
« Précision à destination des ânes »
Sollicité par «le Nouvel Observateur», François Fédier a bien voulu nous montrer un autre document de deux pages et demi, envoyé par Friedrich-Wilhem von Hermann, le responsable général des œuvres complètes d'Heidegger chez Klostermann. On y trouve rassemblés les passages «litigieux». Impossible pour un non-spécialiste qui ne lit pas l'allemand de former un jugement.
On peut seulement constater que, dans la première phrase, le «judaïsme» («Judentum») y est associé à «l'absence de terre» et dans la seconde au «calcul» et au «trafic» – termes extrêmement négatifs sous la plume d'Heidegger, mais qui traversent toute son oeuvre et ne sont pas réservés au judaïsme. Un extrait que nous a traduit François Fédier pourrait plus particulièrement nourrir la polémique: le penseur allemand y souhaite que le judaïsme «s'exclue de lui-même»... Comprendre: s'exclure de lui-même du peuple allemand.
Pour François Fédier, de telles phrases, sorties de leur contexte théorique, peuvent en effet paraître odieuses. Mais, replacées dans la logique de pensée d'Heidegger, elles n'exprimeraient aucun antisémitisme. Au contraire, au détour d'un passage où il critique les prophètes juifs, le philosophe stipule: «Précision à destination des ânes: ces remarques n'ont rien à voir avec l'"antisémitisme". Lequel est si insensé (töricht) et si abject (verwerflich).»
Dans son e-mail France-Lanord commente cette dernière phrase:
A ma connaissance, hormis en un sens la lettre indignée de Heidegger à Hannah Arendt de l'hiver 1932-33 (p. 70-71), c'est la première fois qu'on trouve formulé en toute lettres un rejet aussi direct de l'antisémitisme. Plusieurs des propos touchant le judaïsme se présentent comme des réponses et des oppositions par rapport au discours antisémite raciste des nazis.»
Mais le chercheur ajoute entre parenthèse: «(ce qui n'empêche par ailleurs pas que le propos de Heidegger soit LAMENTABLE).» Il semble bien que, quelles soit les divergences interprétatives, les «Cahiers noirs» n'aient donc rien d'anodin.
Le paradoxe Heidegger
Bref rappel historique : en 1933, Heidegger avait pris sa carte au parti nazi et accepté, à la demande du régime hitlérien, de devenir le recteur de l'université de Fribourg, au moment même où s'y mettaient en place les lois anti-juives. Il en a démissionné en 1934. Dans quelle mesure existe-t-il un lien entre son engagement et sa philosophie?
Tout le mystère Heidegger tient dans le paradoxe suivant: sa pensée est habitée par un profond nationalisme allemand et pourtant, elle a été tenue en si haute estime par des philosophes de tous pays, de toutes origines et de toutes sensibilités politiques, qui y ont trouvé des outils pour analyser et critiquer la modernité, le règne de la rationalité ou le monde de la technique.
Depuis soixante-dix ans, débats et polémiques se sont succédé, avec un écho particulier en France, où l'influence d'Heidegger a été particulièrement forte. En 2005, l'essai du philosophe Emmanuel Faye, «Heidegger, l'introduction du nazisme en philosophie» avait suscité la colère du groupe rassemblé autour de François Fédier, qui avait publié en réaction «Heidegger à plus forte raison».
Le romancier Stéphane Zagdanski avait également lancé une pétition. Ami de France-Lanord et contributeur au «Dictionnaire Heidegger», Zagdanski nous a fait savoir qu'il publierait sur son blog samedi une longue analyse des «Cahiers noirs».
Quand aux éditions Klostermann, elles présenteront officiellement les «Cahiers noirs» lors d'une conférence de presse à Francfort le 13 mars prochain.
Eric Aeschimann
- OlympiasProphète
Un ministre du tsar avait dit : un tiers mourra, un tiers se convertira, un tiers émigrera. Trois façons d'éliminer...
La première forclusion est fondée sur une "différence ontologique" (fantasmée) au sein du peuple allemand. Les juifs représentent pour Heidegger le déracinement, l'absence de patrie, ils représentent aussi l'argent, le calcul, cette pensée calculante qu'il exècre et qu'il oppose systématiquement à partir du Tournant (Die Khere) de la question de l'Etre à la "pensée méditante".
Tous les clichés de l'antisémitisme...ordinaire
La première forclusion est fondée sur une "différence ontologique" (fantasmée) au sein du peuple allemand. Les juifs représentent pour Heidegger le déracinement, l'absence de patrie, ils représentent aussi l'argent, le calcul, cette pensée calculante qu'il exècre et qu'il oppose systématiquement à partir du Tournant (Die Khere) de la question de l'Etre à la "pensée méditante".
Tous les clichés de l'antisémitisme...ordinaire
- RobinFidèle du forum
Olympias a écrit:Un ministre du tsar avait dit : un tiers mourra, un tiers se convertira, un tiers émigrera. Trois façons d'éliminer...
La première forclusion est fondée sur une "différence ontologique" (fantasmée) au sein du peuple allemand. Les juifs représentent pour Heidegger le déracinement, l'absence de patrie, ils représentent aussi l'argent, le calcul, cette pensée calculante qu'il exècre et qu'il oppose systématiquement à partir du Tournant (Die Khere) de la question de l'Etre à la "pensée méditante".
Tous les clichés de l'antisémitisme...ordinaire
Oui, je suis d'accord, mais j'ai voulu aussi souligner l'antisémitisme moins "ordinaire" de Heidegger, un antisémitisme "philosophique" qui ne veut rien savoir de plus sur le judaïsme que ce que lui en a appris Luther. Rien savoir du Talmud, rien savoir de la Kabbale, rien savoir de la langue hébraïque, rien savoir des prophètes où il aurait appris des choses au moins aussi importantes sur "l'imprononçable" (celui dont le nom s'écrit au futur avec la totalité des mots de la Torah) que dans les fragments d'Héraclite.
Un philosophe a certes le droit de choisir ses sujets d'intérêt, mais Heidegger n'est pas un philosophe parmi d'autres. Heidegger est un penseur qui se considère (non sans raison) comme une étape essentielle (terminale) dans le destin historial de la philosophie, au même titre que Platon, que Descartes, que Hegel ou que Nietzsche, si bien que le refus d'intégrer la pensée juive dans l'Histoire de la pensée occidentale, loin d'être anecdotique, devient un moment du destin historial (terminal) de cette pensée.
Contrairement au tsar (ou à Hitler), Heidegger ne veut pas éliminer physiquement les juifs, mais il souhaite que les juifs s'éliminent eux-même, s'effacent de l'histoire de l'Europe et de la pensée. Et ça, c'est peut être encore plus terrible que le reste.
- OlympiasProphète
Je suis d'accord. Sauf que dans l'histoire, cette volonté d'élimination a toujours été extérieure !!
Ne serait-il pas opportun de fusionner tes deux topics ?
Ne serait-il pas opportun de fusionner tes deux topics ?
- RobinFidèle du forum
Olympias a écrit:Je suis d'accord. Sauf que dans l'histoire, cette volonté d'élimination a toujours été extérieure !!
Ne serait-il pas opportun de fusionner tes deux topics ?
Oui je veux bien. Je sais que ça peut paraître bizarre, mais je suis bouleversé par cette histoire, par les mots "lamentables" de Heidegger. Je me sens complètement trahi, au point de me demander si cet homme n'était pas une sorte de bouffon. Si les modérateurs veulent prendre les choses en main pour que ça soit plus lisible, je veux bien.
- LouisBarthasExpert
L'émission Répliques de début décembre :
Du bon usage de Martin Heidegger
Du bon usage de Martin Heidegger
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Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse. - Albert Camus
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Versaillais de droite et Versaillais de gauche doivent être égaux devant la haine du peuple. - Manifeste des proscrits de la Commune
- User17706Bon génie
D'autres ne manqueront pas de rappeler qu'ils ont fait ce diagnostic sans les fameux Carnets!...Robin a écrit: au point de me demander si cet homme n'était pas une sorte de bouffon.
- RobinFidèle du forum
Oui, je le sais bien, mais Heidegger n'a pas représenté la même chose pour eux. Ils n'ont pas passé des nuits entières sur qu'appelle-t-on penser ? Qu'est-ce que la métaphysique, Sein&Zeit et j'en oublie. Heidegger n'a pas été pour eux un maître à penser. Ils ne sont pas non plus forcement juifs. Hannah Arendt s'y est laissée prendre, René Char s'y est laissé prendre. C'est un peu comme si on croyait avoir affaire à Platon et qu'on se retrouvait entre un mélange de Soral et de Dieudonné.PauvreYorick a écrit:D'autres ne manqueront pas de rappeler qu'ils ont fait ce diagnostic sans les fameux Carnets!...Robin a écrit: au point de me demander si cet homme n'était pas une sorte de bouffon.
PS : merci aux modérateurs. Je n'arrive pas à me sortir de cette histoire, au propre et au figuré. J'y perds la raison.
- philannDoyen
Robin a écrit:Oui, je le sais bien, mais Heidegger n'a pas représenté la même chose pour eux. Ils n'ont pas passé des nuits entières sur qu'appelle-t-on penser ? Qu'est-ce que la métaphysique, Sein&Zeit et j'en oublie. Heidegger n'a pas été pour eux un maître à penser. Ils ne sont pas non plus forcement juifs. Hannah Arendt s'y est laissée prendre, René Char s'y est laissé prendre. C'est un peu comme si on croyait avoir affaire à Platon et qu'on se retrouvait entre un mélange de Soral et de Dieudonné.PauvreYorick a écrit:D'autres ne manqueront pas de rappeler qu'ils ont fait ce diagnostic sans les fameux Carnets!...Robin a écrit: au point de me demander si cet homme n'était pas une sorte de bouffon.
PS : merci aux modérateurs. Je n'arrive pas à me sortir de cette histoire, au propre et au figuré. J'y perds la raison.
Robin, désolée que la chose te touche tant!
Mais je crois que SI, certains avaient une fréquentation importante, régulière etc...de Heidegger.
La fréquentation intime a souvent été l'argument des défenseurs de Heidegger contre vents et marées, contre l'évidence aussi parfois et pas toujours avec honnêteté intellectuelle ( cf. L'histoire sans fin des traductions )
Peut-être que cette histoire des cahiers noirs permettra de se poser LA question qui dépasse la personne de Heidegger mais qui importe philosophiquement: comment peut-on être le plus grand philosophe du 20ème siècle ( car l'influence et l'importance de H. n'est ni niable ni veine) et pourtant nazi, et pourtant antisémite. Qu'est-ce que ce la dit de la rationalité ? Qu'est-ce que cela implique philosophiquement?
_________________
2014-2015: poste fixe dans les Hauts de Seine
2013-2014: certifiée stagiaire dans les Hauts de Seine
2011-2013: prof. contractuelle dans l'Essonne
- RobinFidèle du forum
Merci philann
- GrypheMédiateur
Robin, je ne suis pas philosophe et ne connais pas l'histoire, mais il n'y a pas lieu de se sentir floué comme ça... Quand tu travailles sur des auteurs, ce qui compte ce ne sont pas les auteurs mais ce qu'ils te disent de l'être, de la vie, de l'amour.
Quel est le sens de la vie ? Que veux-tu pour ta vie ? Au bout d'un moment, peu importe qui montre le chemin mais ce qui compte c'est où conduit ce chemin, pourquoi on a choisi de l'emprunter et pour quels fruits espérés.
Je comprends que ce soit dur de se sentir trahi par un de ses maîtres à penser mais il doit bien y avoir le moyen de dépasser cela.
Encore une fois, désolée pour mes propos qui n'ont rien de philosophiques mais c'est tout ce que cela m'inspirait...
Quel est le sens de la vie ? Que veux-tu pour ta vie ? Au bout d'un moment, peu importe qui montre le chemin mais ce qui compte c'est où conduit ce chemin, pourquoi on a choisi de l'emprunter et pour quels fruits espérés.
Je comprends que ce soit dur de se sentir trahi par un de ses maîtres à penser mais il doit bien y avoir le moyen de dépasser cela.
Encore une fois, désolée pour mes propos qui n'ont rien de philosophiques mais c'est tout ce que cela m'inspirait...
- User17706Bon génie
Toute ma sympathie, évidemment.
Mais, pour rebondir sur un propos qui est plutôt celui de philann, d'ailleurs, quoique de façon générale la question de la lucidité politique des intellectuels au XXe siècle soit une question tout à fait importante, je ne suis pas sûr que le cas de Heidegger soit très particulier, ni d'ailleurs qu'on puisse en quelque sorte grossir l'importance de la question (que ce soit pour son cas ou pour celui de la philosophie, la pauvre) en décernant une palme d'importance. C'est plus facile à dire pour quelqu'un comme moi, bien sûr, dans la mesure où les séductions de Heidegger ne m'émeuvent guère depuis longtemps; mais conservons un sens de la proportion, historique autant que géographique; l'influence de Heidegger n'est réelle que de façon extrêmement localisée.
Mais, pour rebondir sur un propos qui est plutôt celui de philann, d'ailleurs, quoique de façon générale la question de la lucidité politique des intellectuels au XXe siècle soit une question tout à fait importante, je ne suis pas sûr que le cas de Heidegger soit très particulier, ni d'ailleurs qu'on puisse en quelque sorte grossir l'importance de la question (que ce soit pour son cas ou pour celui de la philosophie, la pauvre) en décernant une palme d'importance. C'est plus facile à dire pour quelqu'un comme moi, bien sûr, dans la mesure où les séductions de Heidegger ne m'émeuvent guère depuis longtemps; mais conservons un sens de la proportion, historique autant que géographique; l'influence de Heidegger n'est réelle que de façon extrêmement localisée.
- ParatgeNeoprof expérimenté
Robin, toute ma sympathie également.
Heidegger et son brouillard allemand m'ont toujours repoussé. En particulier sa manie d'employer des mots qui même en allemand sont volontairement obscurs.
« Un troisième abus qu’on fait du langage, c’est une obscurité affectée, soit en donnant à des termes d’usage des significations nouvelles et inusitées, soit en introduisant des termes nouveaux et ambigus sans définir ni les uns ni les autres, ou bien en les joignant ensemble d’une manière qui confonde le sens qu’ils ont ordinairement. Quoi que la Philosophie Péripatéticienne se soit rendue remarquable par ce défaut, les autres sectes n’en ont pourtant pas été tout-à-fait exemptes. À peine y en a-t-il aucune, (telle est l’imperfection des connaissances humaines) qui n’ait été embarrassée de quelques difficultés qu’on a été contraint de couvrir par l’obscurité des termes et en confondant la signification des mots, afin que cette obscurité fût comme un nuage devant les yeux du peuple qui put l’empêcher de découvrir les endroits faibles de leur hypothèse... En effet, qu’on jette les yeux sur les savants écrits de cette espèce, et l’on verra que les mots y ont un sens plus obscur, plus incertain et plus indéterminé que dans la conversation ordinaire..
Cependant le savoir qui s’est introduit dans les écoles, a fait entièrement prévaloir dans ces derniers siècles cette ignorance artificielle, et ce docte jargon, qui par-là a été en si grand crédit dans le monde qu’il a engagé les gens de loisir et d’esprit dans mille disputes embarrassées sur des mots inintelligibles...
D’ailleurs, il n’y a point de meilleur moyen pour mettre en vogue ou pour défendre des doctrines étranges et absurdes que de les munir d’une légion de mots obscurs, douteux, et indéterminés. Ce qui pourtant rend ces retraites bien plus semblables à des cavernes de brigands ou à des tanières de renards qu’à des forteresses de généreux guerriers. Que s’il est mal aisé d’en chasser ceux qui s’y réfugient, ce n’est pas à cause de la force de ces lieux-là, mais à cause des ronces, des épines et de l’obscurité des buissons dont ils sont environnez. Car la fausseté étant par elle-même incompatible avec l’esprit de l’homme, il n’y a que l’obscurité qui puisse servir de défense à ce qui est absurde. »
Heidegger et son brouillard allemand m'ont toujours repoussé. En particulier sa manie d'employer des mots qui même en allemand sont volontairement obscurs.
« Un troisième abus qu’on fait du langage, c’est une obscurité affectée, soit en donnant à des termes d’usage des significations nouvelles et inusitées, soit en introduisant des termes nouveaux et ambigus sans définir ni les uns ni les autres, ou bien en les joignant ensemble d’une manière qui confonde le sens qu’ils ont ordinairement. Quoi que la Philosophie Péripatéticienne se soit rendue remarquable par ce défaut, les autres sectes n’en ont pourtant pas été tout-à-fait exemptes. À peine y en a-t-il aucune, (telle est l’imperfection des connaissances humaines) qui n’ait été embarrassée de quelques difficultés qu’on a été contraint de couvrir par l’obscurité des termes et en confondant la signification des mots, afin que cette obscurité fût comme un nuage devant les yeux du peuple qui put l’empêcher de découvrir les endroits faibles de leur hypothèse... En effet, qu’on jette les yeux sur les savants écrits de cette espèce, et l’on verra que les mots y ont un sens plus obscur, plus incertain et plus indéterminé que dans la conversation ordinaire..
Cependant le savoir qui s’est introduit dans les écoles, a fait entièrement prévaloir dans ces derniers siècles cette ignorance artificielle, et ce docte jargon, qui par-là a été en si grand crédit dans le monde qu’il a engagé les gens de loisir et d’esprit dans mille disputes embarrassées sur des mots inintelligibles...
D’ailleurs, il n’y a point de meilleur moyen pour mettre en vogue ou pour défendre des doctrines étranges et absurdes que de les munir d’une légion de mots obscurs, douteux, et indéterminés. Ce qui pourtant rend ces retraites bien plus semblables à des cavernes de brigands ou à des tanières de renards qu’à des forteresses de généreux guerriers. Que s’il est mal aisé d’en chasser ceux qui s’y réfugient, ce n’est pas à cause de la force de ces lieux-là, mais à cause des ronces, des épines et de l’obscurité des buissons dont ils sont environnez. Car la fausseté étant par elle-même incompatible avec l’esprit de l’homme, il n’y a que l’obscurité qui puisse servir de défense à ce qui est absurde. »
- User17706Bon génie
Ah, l'ami Locke
- User5899Demi-dieu
Oui, un peu de prose de la grande époque ne saurait faire de mal. Quelle bouffée d'oxygène !PauvreYorick a écrit:Ah, l'ami Locke
- philannDoyen
PauvreYorick: je n'ai jamais été séduite par Heidegger que je connais d'ailleurs fort mal, ne l'ayant étudié que pendant que je préparais l'agreg´...mais son influence sur la philo du xx eme siècle a fortiori en France me semble ne pas faire tellement de doute y compris chez les anti heideggeriens convaincus. S'intéresser à la phénoménologie ou à l'existentialisme ou même par opposition ou contraste à la philosophie anthropologique en ignorant complètement Heidegger me semble difficile.
D'où l'importance de la question actuelle qui me paraît dépasser de très loin l'histoire personnelle ou même la philosophie propre de Heidegger, mais engage notre conception de la philosophie.
D'où l'importance de la question actuelle qui me paraît dépasser de très loin l'histoire personnelle ou même la philosophie propre de Heidegger, mais engage notre conception de la philosophie.
_________________
2014-2015: poste fixe dans les Hauts de Seine
2013-2014: certifiée stagiaire dans les Hauts de Seine
2011-2013: prof. contractuelle dans l'Essonne
- User17706Bon génie
En France, certes, c'est en partie vrai, tu as raison sur ce point; à titre purement personnel je signalais seulement que l'affaire Heidegger n'engage aucunement ma conception de la philosophie
- philannDoyen
PauvreYorick a écrit:En France, certes, c'est en partie vrai, tu as raison sur ce point; à titre purement personnel je signalais seulement que l'affaire Heidegger n'engage aucunement ma conception de la philosophie
La mienne non plus...sans mal...Car faute d'intérêt et d'étude, je dois avouer ne pas y comprendre grand chose et ne pas vraiment changer quoi que ce soit à cette situation.
Mais mon propre positionnement n'a en l'occurrence aucune espèce d'importance
_________________
2014-2015: poste fixe dans les Hauts de Seine
2013-2014: certifiée stagiaire dans les Hauts de Seine
2011-2013: prof. contractuelle dans l'Essonne
- RobinFidèle du forum
philann a écrit:PauvreYorick: je n'ai jamais été séduite par Heidegger que je connais d'ailleurs fort mal, ne l'ayant étudié que pendant que je préparais l'agreg´...mais son influence sur la philo du xx eme siècle a fortiori en France me semble ne pas faire tellement de doute y compris chez les anti heideggeriens convaincus. S'intéresser à la phénoménologie ou à l'existentialisme ou même par opposition ou contraste à la philosophie anthropologique en ignorant complètement Heidegger me semble difficile.
D'où l'importance de la question actuelle qui me paraît dépasser de très loin l'histoire personnelle ou même la philosophie propre de Heidegger, mais engage notre conception de la philosophie.
Il y a des modes en philosophie, comme ailleurs. Né en 1950, je fais partie des gens qui ont "subi" la mode Heidegger, comme ils ont subi, dans les années 70, la mode de Marx et la mode de Freud et la mode du marxo-freudisme en la personne et à travers l’œuvre de Marcuse. Je pourrais citer aussi Deleuze, Lacan et Foucault. Le problème, c'est que nous n'avons pas affaire directement à Heidegger, mais aux gardiens du temple, groupés autour de Jean Beaufret qui était professeur de Khâgne et avait une très grande influence : Fédier, Vezin, de Waelhens, Jean Lauxerois, Claude Roëls... Ces gens-là ont (avaient) une responsabilité devant les jeunes gens qu'ils ont formé. Sans eux, Heidegger aurait été à peine connu en France (et à vrai dire, c'est en France qu'il est le plus connu). Je suis d'accord sur le fait qu'il faut avoir affronté la pensée de Heidegger, que cette pensée est tout à fait fondamentale parce qu'elle est représentative d'un moment historial du destin de l'occident, mais il faut aussi assumer les incroyables faiblesses de cette pensée (pour ne pas dire sa bêtise), son jargon incompréhensible (ou inutilement compliqué pour cacher le vide qu'il recouvre) et l'impasse à laquelle elle mène.
- yphrogEsprit éclairé
Puisqu'on parle d'Heidegger, Robin, cela me donne l'occasion de te remercier. Mon cadeau d'anniversaire à moi, cette année, est Zorn und Zeit (à peine commencé), et j'ai le premier volume de Sphères qui arrive bientôt. Bonne année à toi, mon cher prince, sans qui je n'aurais pas connu M. Sloterdijk (antidote à Habermas, Locke et Heidegger? )
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