Faire entrer l'école dans l'ère numérique : une envie partagée ?

Dans le cadre de la stratégie globale pour le numérique de Vincent Peillon qui souhaite "que chaque élève ait un ordinateur ou une tablette devant lui d’ici la fin du quinquennat" (source), NetPublic a rendu public ce sondage Opinion Way de novembre 2012 dont les résultats, entre 74% et 95% d'avis favorables, ne laissent pas d'étonner (source).

Je me permets donc de rééditer ce sondage sur Neoprofs pour avoir la confirmation de ces résultats.

Je vous invite notamment à réfléchir au fait que la notion de numérique ne recouvre pas uniquement la dimension institutionnelle et pédagogique et que - en classe ou chez lui - un élève peut faire d'une tablette, d'un ordinateur ou d'un smartphone bien d'autres usages. Je vous invite également à réfléchir aux lourds investissements nécessaires à l'équipement et à la maintenance du numérique en regard d'autres investissements peut-être prioritaires.

Merci de votre participation nombreuse.

Je mets à jour les chiffres ici, en fonction du sondage Neoprofs. A vous de constater les écarts avec les chiffres très élevés de Opinion Way !

C'est fait!

Ben voilà, j'ai coché "non" à tout. Le numérique est une foutaise budgétivore et un monstrueux miroir aux alouettes.

Je m'interroge sur les pourcentages d'enseignants favorables au numérique ci-dessus : leur aurait-on fait miroiter une augmentation de salaire, une diminution de leur temps de travail ? Les aurait-on menacés de représailles en cas de réponses non conformes ? Le monde (de l'éducation, entre autres) marche-t-il sur la tête ?

le numérique n'est pas le web. Parle-t-on de tous les niveaux, ici, du CP à BTS?

Orienter des réponses en préambule d'un sondage, ça se fait pas... :lol:

C'est de bonne guerre : le sondage est lui-même orienté.

J'aurais pu aussi réécrire les questions, sur le modèle :

Le développement du numérique présente-t-il des inconvénients ?
Le numérique est-il toujours efficace dans l'enseignement ?
Le numérique favorise-t-il la distraction des élèves ?
Etc.

Le numérique en soi n'est ni bon ni mauvais: tout dépend de l'usage qu'on en fait. Je me sens incapable de répondre à des sondages de ce genre...

Le retour à l'argentique présente-t-il des inconvénients?
L'analogue est-il toujours efficace dans l'enseignement?
Le stylo à bille favorise-t-il la distraction des élèves (clic clic clic)?

holderfar a écrit:Le numérique en soi n'est ni bon ni mauvais: tout dépend de l'usage qu'on en fait. Je me sens incapable de répondre à des sondages de ce genre...

D'après Opinion Way, beaucoup de gens s'en sont sentis capables.

Quant à considérer que le numérique est un outil bon ou mauvais selon son usage, je ne souscris pas à ce raisonnement. Car un outil est un objet technique créé pour apporter une aide à l'homme dans une tâche précise.

Le numérique a-t-il été créé pour aider les élèves à apprendre ?

Que bien des gens s'en sentent capables, c'est bien le problème. Encore une fois, les enjeux importants dans l'EN sont simplifiés à outrance et c'est fort dommage.
Et je trouve que ta question est à la fois trop peu précise ("aider à apprendre", c'est trop vague et, au fond, le "numérique" aussi) et aussi un peu biaisée dans le sens où le numérique n'a évidemment pas un seul usage, comme beaucoup de choses et que ce n'est pas parce que le numérique n'a pas été créé à des fins pédagogiques qu'on ne peut pas s'en servir dans un tel but.
La première chose à faire, c'est de bien distinguer les différentes possibilités du numérique, par exemple:
- les réseaux sociaux
- les ENT
- différents sites webs.
La seconde chose à faire, c'est de voir ce qui peut être utile dans chaque matière. Tel usage du numérique peut ouvrir des perspectives intéressantes pour telle matière alors qu'elle ne présentera aucun intérêt pour une autre.
Bref, je suis contre l'utilisation du numérique mal pensée ou dans le seul but d'obéir aux injonctions d'une nouvelle mode, mais je pense qu'il faut quand même bien réfléchir aux nouvelles possibilités que le numérique nous ouvre.

Sasha P. Rog a écrit:Le retour à l'argentique présente-t-il des inconvénients?
L'analogue est-il toujours efficace dans l'enseignement?
Le stylo à bille favorise-t-il la distraction des élèves (clic clic clic)?

Je suppose que tu considères également l'industrie agro-alimentaire moderne comme un évident progrès ?

Bon, déjà le premier a j'ai coché oui car tu n'as pas marqué "à l'école", donc le développement du numérique en soi, oui.
Et sinon j'ai mis oui pour les échanges avec la vie scolaire. Car dans la pratique, je trouve que Pronotes c'est bien, on sait quel élève était présent au cours précédent, je trouve ça bien qu'on puisse voir les observations des autres professeurs sans avoir le carnet de correspondance (et qu'on puisse en mettre aussi, c'est la fin du chantage au carnet "Nan, je vous le donnerai pas, vous avez pas le droit de fouiller dans mon saaaaac !!!", qu'on puisse avoir accès aux edt des élèves, à leurs coordonnées etc.

Pour le reste j'ai coché non mais je ne suis pas catégorique, il m'arrive d'aller en salle pupitre et j'arrive à faire des cours à plusieurs niveaux quand j'y suis, chose quasi impossible dans ma salle de classe classique. Donc je gère mieux l'hétérogénéité en salle pupitre, et des élèves en décrochage raccrochent. En faisant de l'allemand, car je surveille à mort avec netschool leur poste qu'ils ne fassent pas autre chose. Mais il faut avoir une bonne maîtrise du logitiel, et certains élèves savent sortir de la base de netschool car ils sont bons en piratage.

MAIS : j'ai entre 15 et 20 élèves pour 25 postes ordinateur, il y en a toujours environ 5 qui ne fonctionnent pas correctement, il manque un casque, des câbles sont débranchés, et je n'ai pas 10 minutes à chaque cours pour la maintenance du matériel. Donc avec 25 élèves c'est ingérable.

ET : un cours en salle pupitre me demande une préparation plus grande, je dois connaître mon cours absolument par coeur car je dois gérer le matériel en plus du reste pendant le cours, donc je n'en ferais pas mon quotidien.

holderfar a écrit:Bref, je suis contre l'utilisation du numérique mal pensée ou dans le seul but d'obéir aux injonctions d'une nouvelle mode, mais je pense qu'il faut quand même bien réfléchir aux nouvelles possibilités que le numérique nous ouvre.

... et aux inconvénients qu'il peut présenter pour l'apprentissage.

Le problème est le suivant : qui y pense ?

Pour répondre à la question "Le numérique favorise l'efficacité de l'enseignement", il me semble, Holderfar, qu'il ne faut pas raisonner dans l'absolu : prononçons-nous en regard de ce qui existe déjà.
Et là, pour moi en maths, il n'y a pas photo, le développement du numérique produit les effets inverses de ceux escomptés, c'est factuel en vérité.

Je vais prendre un exemple précis : les logiciels de géométrie dynamique sont des outils d'une puissance exceptionnelle et peuvent apporter une visualisation vraiment plus rapide de certains pbs de géométrie comme les lieux de points par exemple.
Or, les programmes ont fait disparaître les lieux il y a déjà longtemps, et la géométrie quasi-entièrement il y a peu.
L'utilisation des logiciels n'est donc que très superficielle et totalement remplaçable par le papier-crayon qui, en plus a l'avantage de faire travailler le manuel.

Ces logiciels auraient été fabuleux il y a 40 ans !


J'ai donc répondu non à tout, sauf à l'aspect "attractivité" des cours sur numérique : je ne suis pas certain que ce soit intéressant, mais il faut reconnaître que dès lors qu'on allume un écran, bcp d'élèves ont le regard qui brillent, jusqu'à ce qu'ils se rendent compte que je suis moins excitant que "Need for Speed" ou "Splinter's cell"...

Nous. Et c'est déjà bien, non?
De toute façon, cette question du numérique est d'une vaste hypocrisie tant qu'on ne consent pas à équiper correctement tous les établissements de France et de Navarre. Et je doute que ce sera fait à l'avenir, déjà que Vince n'a pas les moyens de nous augmenter un minimum ("c'est la crise").

holderfar a écrit:Que bien des gens s'en sentent capables, c'est bien le problème. Encore une fois, les enjeux importants dans l'EN sont simplifiés à outrance et c'est fort dommage.
Et je trouve que ta question est à la fois trop peu précise ("aider à apprendre", c'est trop vague et, au fond, le "numérique" aussi) et aussi un peu biaisée dans le sens où le numérique n'a évidemment pas un seul usage, comme beaucoup de choses et que ce n'est pas parce que le numérique n'a pas été créé à des fins pédagogiques qu'on ne peut pas s'en servir dans un tel but.
La première chose à faire, c'est de bien distinguer les différentes possibilités du numérique, par exemple:
- les réseaux sociaux
- les ENT
- différents sites webs.
La seconde chose à faire, c'est de voir ce qui peut être utile dans chaque matière. Tel usage du numérique peut ouvrir des perspectives intéressantes pour telle matière alors qu'elle ne présentera aucun intérêt pour une autre.
Bref, je suis contre l'utilisation du numérique mal pensée ou dans le seul but d'obéir aux injonctions d'une nouvelle mode, mais je pense qu'il faut quand même bien réfléchir aux nouvelles possibilités que le numérique nous ouvre.

Par numérique j'entends des choses bien plus larges qui me servent beaucoup en cours :
- enregistrement d'une EO avec mon dictaphone, envoi du fichier mp3 sur l'espace travail de l'élève concerné avec consignes pour amélioration.
- utilisation de formulaires en ligne pour éviter le papier et simplifier la correction (genre google form)
- utilisation du dictionnaire numérique, CD fourni aux élèves à installer sur leur ordi

La semaine dernière j'ai mis les liens vers les vidéos des chants de Noël qu'on fait en classe sur mon blog professionnel version karaoké pour que les élèves s'entraînent chez eux. Franchement c'est agréable d'avoir autant de ressources, et j'ai pas mal de retours, les élèves consultent. Hier je leur ai mis en ligne la recette des sablés de Noël. Tout ça, c'est du temps de gagné sur mes cours, et ça permet aux élèves motivés d'aller un peu plus loin, j'apprécie.

Igniatius a écrit:Pour répondre à la question "Le numérique favorise l'efficacité de l'enseignement", il me semble, Holderfar, qu'il ne faut pas raisonner dans l'absolu : prononçons-nous en regard de ce qui existe déjà.
Et là, pour moi en maths, il n'y a pas photo, le développement du numérique produit les effets inverses de ceux escomptés, c'est factuel en vérité.

Je vais prendre un exemple précis : les logiciels de géométrie dynamique sont des outils d'une puissance exceptionnelle et peuvent apporter une visualisation vraiment plus rapide de certains pbs de géométrie comme les lieux de points par exemple.
Or, les programmes ont fait disparaître les lieux il y a déjà longtemps, et la géométrie quasi-entièrement il y a peu.
L'utilisation des logiciels n'est donc que très superficielle et totalement remplaçable par le papier-crayon qui, en plus a l'avantage de faire travailler le manuel.

Ces logiciels auraient été fabuleux il y a 40 ans !


J'ai donc répondu non à tout, sauf à l'aspect "attractivité" des cours sur numérique : je ne suis pas certain que ce soit intéressant, mais il faut reconnaître que dès lors qu'on allume un écran, bcp d'élèves ont le regard qui brillent, jusqu'à ce qu'ils se rendent compte que je suis moins excitant que "Need for Speed" ou "Splinter's cell"...

On est bien d'accord. L'apport du numérique n'est appréciable que s'il peut améliorer l'enseignement. Et en langues vivantes, ça ne se discute pas. Ca ne veut pas dire qu'il ne faut utiliser que cela...

Babayaga a écrit:

holderfar a écrit:Que bien des gens s'en sentent capables, c'est bien le problème. Encore une fois, les enjeux importants dans l'EN sont simplifiés à outrance et c'est fort dommage.
Et je trouve que ta question est à la fois trop peu précise ("aider à apprendre", c'est trop vague et, au fond, le "numérique" aussi) et aussi un peu biaisée dans le sens où le numérique n'a évidemment pas un seul usage, comme beaucoup de choses et que ce n'est pas parce que le numérique n'a pas été créé à des fins pédagogiques qu'on ne peut pas s'en servir dans un tel but.
La première chose à faire, c'est de bien distinguer les différentes possibilités du numérique, par exemple:
- les réseaux sociaux
- les ENT
- différents sites webs.
La seconde chose à faire, c'est de voir ce qui peut être utile dans chaque matière. Tel usage du numérique peut ouvrir des perspectives intéressantes pour telle matière alors qu'elle ne présentera aucun intérêt pour une autre.
Bref, je suis contre l'utilisation du numérique mal pensée ou dans le seul but d'obéir aux injonctions d'une nouvelle mode, mais je pense qu'il faut quand même bien réfléchir aux nouvelles possibilités que le numérique nous ouvre.

Par numérique j'entends des choses bien plus larges qui me servent beaucoup en cours :
- enregistrement d'une EO avec mon dictaphone, envoi du fichier mp3 sur l'espace travail de l'élève concerné avec consignes pour amélioration.
- utilisation de formulaires en ligne pour éviter le papier et simplifier la correction (genre google form)
- utilisation du dictionnaire numérique, CD fourni aux élèves à installer sur leur ordi

La semaine dernière j'ai mis les liens vers les vidéos des chants de Noël qu'on fait en classe sur mon blog professionnel version karaoké pour que les élèves s'entraînent chez eux. Franchement c'est agréable d'avoir autant de ressources, et j'ai pas mal de retours, les élèves consultent. Hier je leur ai mis en ligne la recette des sablés de Noël. Tout ça, c'est du temps de gagné sur mes cours, et ça permet aux élèves motivés d'aller un peu plus loin, j'apprécie.

Voilà, tout ça, c'est quand même très chouette et ça nous facilite la vie.

Les ENT ne facilitent pas toujours la vie : j'ai dû attendre deux mois avant de pouvoir saisir mes notes et j'ai dû le faire trois fois ce trimestre. D'ailleurs ça ne fonctionne toujours pas.

Par numérique, j'entends également tous les usages que l'élève peut faire des réseaux sociaux ou de son smartphone, puisque certains collègues appellent à en faire des outils de travail. Je suppose que tu vois de quoi je parle, Babayaga.

D'autres exemples : http://www.laviemoderne.net/forum/viewtopic.php?f=41&t=280

Sans parler du fléau du copier-coller.

J'ai mis "non", parce que quelque chose me dit que le soutien scolaire numérique, ce sera hors temps de service et bénévole.
Et que le foutage de gueule, y(en a marre. J'imagine qu'on va équiper nos gros avec l'argent des points d'indice bloqués ?

holderfar a écrit:

Babayaga a écrit:La semaine dernière j'ai mis les liens vers les vidéos des chants de Noël qu'on fait en classe sur mon blog professionnel version karaoké pour que les élèves s'entraînent chez eux. Franchement c'est agréable d'avoir autant de ressources, et j'ai pas mal de retours, les élèves consultent. Hier je leur ai mis en ligne la recette des sablés de Noël. Tout ça, c'est du temps de gagné sur mes cours, et ça permet aux élèves motivés d'aller un peu plus loin, j'apprécie.

Voilà, tout ça, c'est quand même très chouette et ça nous facilite la vie.

Oui, bon, enfin, l'allemand, ce sont aussi les verbes forts.

Oui, oui, je le sais bien et je les fais toujours apprendre, au grand dam de mes élèves

Vote fait.
Ce qui me dérange en ce moment, c'est le remplissage fastidieux du cahier de textes en ligne, qu'on peut percevoir aussi comme une sorte de moyen de flicage. Ce qui est agaçant aussi, c'est la multiplication des tâches supplémentaires, sans augmentation de traitement. Les HS ne sont plus défiscalisées, le point d'indice est gelé....Mais c'est vrai, il paraît que nous n'avons pas choisi ce métier pour gagner notre vie...

Clarinette a écrit:Ben voilà, j'ai coché "non" à tout. Le numérique est une foutaise budgétivore et un monstrueux miroir aux alouettes.

+1, tout est dit.

En France, on a de plus en plus de mômes qui ne savent pas lire, écrire, compter, réfléchir, rédiger..... mais, mais le Salut Numérique arrive ! Et là, tout va changer !

Non, c'est une blague. Qui peut croire à cette histoire.

Olympias a écrit:Vote fait.
Ce qui me dérange en ce moment, c'est le remplissage fastidieux du cahier de textes en ligne, qu'on peut percevoir aussi comme une sorte de moyen de flicage. Ce qui est agaçant aussi, c'est la multiplication des tâches supplémentaires, sans augmentation de traitement. Les HS ne sont plus défiscalisées, le point d'indice est gelé....Mais c'est vrai, il paraît que nous n'avons pas choisi ce métier pour gagner notre vie...

Ça aussi, c'est vrai. C'est incroyable de voir comment le superflu a pris le pas sur l’essentiel dans l’Éducation Nationale en quelques années.

Docteur OX a écrit:Qui peut croire à cette histoire.

J'ai bien une réponse, mais je ne suis pas sûr qu'elle soit conforme à la charte.