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- Docteur OXGrand sage
http://www.lepoint.fr/invites-du-point/jean-paul-brighelli/education-que-d-histoires-20-09-2013-1733359_1886.php
La polémique enfle à nouveau. Les programmes d'histoire sont allégés en troisième et en terminale, et aussitôt les discours s'enflamment, les invectives volent. Et d'un aménagement somme toute mineur, divers polémistes tirent des conclusions radicales sur le projet global de décérébration de nos jeunes têtes blondes (ou brunes...). Les uns se font les propagandistes du tout-chronologique, les apologistes du "roman national", les autres s'arc-boutent sur une conception plus critique de l'enseignement de l'histoire. On dégaine son Lavisse, opportunément remis au goût du jour (1), on épluche (parfois un peu vite) les manuels aujourd'hui en usage pour y dénicher les options idéologiques d'auteurs forcément gauchistes, chacun se souvient (avec toutes les déformations générées par l'éloignement dans le temps) des belles histoires de son enfance racontées par des instituteurs qui étaient encore des hussards de la République...
Le fait même que la polémique soit si vive signifie d'abord que l'histoire est en France un sujet sensible et qu'elle est en danger. Tout comme le manifeste laïque de Vincent Peillon : son existence même témoigne d'une menace. Elle implique aussi le lien très vif entre les Français et leur histoire revisitée par l'institution scolaire. Elle suggère enfin que d'aucuns confisquent le débat, parce qu'ils ont un agenda en tête qui est plus politique que pédagogique.
Mais voilà : l'enseignement de l'histoire a toujours été politique. Antoine Prost, historien de l'éducation, notait jadis qu'il était une "propédeutique du savoir", la première marche, à ne pas rater, qui transforme un enfant mal débroussaillé en écolier studieux, puis en Français modèle.
De moins en moins de cours écrits
Nous avons - c'est évident - l'enseignement de l'histoire correspondant à la société que nous voulons avoir - c'est même la seule discipline qui soit chargée (et tant pis si les profs d'histoire se croient historiens et savants) d'une vraie fonction messianique. L'histoire telle qu'elle s'enseignait sous Lavisse, en pleine IIIe République triomphante, n'est plus celle de notre Ve République pourrissante.
Un exemple - mais bien sûr, je ne le prends pas au hasard : l'enseignement de la colonisation (et de la décolonisation). Certitudes du colonisateur qui apporte la civilisation aux barbares en 1880-1930 ; émergence de la parole des colonisés après les années 1960 (2) et culpabilisation rampante des anciens colonisés. Et autant l'histoire qui expliquait, selon le mot de Jules Ferry, qu'"il y a pour les races supérieures un droit, parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures..." semble aujourd'hui inaudible, autant l'histoire qui fait de la torture le symbole de toute la colonisation paraît de parti pris - et ce parti est celui de l'étranger.
Quand on compare les manuels scolaires de la discipline, on aperçoit très nettement une grande fracture au début des années 1970 - aussi bien dans le choix des auteurs (des profs de terrain plutôt que des inspecteurs généraux ou des universitaires) que dans la présentation : de plus en plus de documents sur lesquels on est censé faire réfléchir les élèves, de moins en moins de cours écrits - ce qui empêche désormais lesdits élèves d'apprendre par eux-mêmes dans des ouvrages d'où désormais le dogmatisme est exclu. Les voici sommés de construire par eux-mêmes leurs propres savoirs historiques... Le Malet-Isaac était pour l'essentiel du cours - sa récente réédition en Poche ne laisse aucune place à l'illustration. On est aujourd'hui dans l'esthétique inverse, tant on a peur qu'un discours ex cathedra ne soit que de l'idéologie condensée.
Un manichéisme a chassé l'autre
Cette fracture correspond étroitement au renversement de la perspective dans l'étude de la colonisation. Au début du XXe siècle, le colonisateur a la conscience pure, et effectivement des pans entiers de l'histoire coloniale sont gommés. On reste dans une perspective héroïque et on dresse l'hagiographie du général Bugeaud, qui n'était pas un tendre, et de son adversaire, Abd-el-Khader. La conquête ressemble peu ou prou à un duel entre gentilshommes.
La guerre d'Algérie a brouillé durablement cette histoire linéaire. Dans un premier temps, on a gommé l'épisode colonial - trop présent, trop sensible. Quand enfin on l'a réintégré dans l'histoire apprise, ce fut en renversant la perspective, en installant une histoire droits-de-l'hommiste, en fabriquant une culpabilisation générale. Un manichéisme en a remplacé un autre.
Bien sûr, il était positif d'en dire davantage sur le prétendu héroïsme des "enfumades" des années 1840. Mais il est tout aussi négatif de faire de la torture, par exemple, le ressort principal de la guerre d'Algérie (et quid du massacre des harkis par le FLN, au passage ? Aucune guerre ne s'est jamais faite en dentelles). Bien sûr, il était intéressant d'expliquer les mécanismes de l'esclavage au XVIIIe siècle (actuel programme de quatrième). Mais pourquoi passer sous silence l'immense responsabilité des Arabes dans l'esclavagisme, qu'il s'agisse de fournir des Noirs aux navires européens ou de mettre en esclavage pour eux-mêmes des millions d'êtres humains, y compris, pour le seul XVIIIe siècle, des centaines de milliers d'Européens ?
Ceux qui hurlent aujourd'hui se trompent de cible
Les actuels programmes, élaborés pour l'essentiel en 2008, ont une cohérence - mais ils ont des trous, des répétitions, une perspective explicative là où peut-être le simple exposé des événements chronologiques suffirait. Ceux qui aujourd'hui hurlent (souvent de façon très exagérée) à la désinformation (on aurait ainsi sacrifié Louis XIV, Napoléon, et de façon générale toute cette France héroïque qui alimenta si longtemps le roman national) ne sont pas allés voir le détail de ce qui se passe - ni l'ensemble des pratiques : que n'ont-ils protesté dans les années 1990, quand l'histoire enseignée a effectivement détruit l'idéologie des grands hommes pour la remplacer par un fourre-tout bien-pensant. Quels que soient les programmes, ce qui compte, c'est ce que l'enseignant en fait effectivement. Ce qui marque le plus, ce qui arrête le plus les enfants ou les adolescents, c'est le récit.
Mais, disent alors les profs d'histoire, le programme est trop ambitieux, et nous n'avons pas le temps de le rendre digeste. Allégeons donc...
Les tout récents aménagements sont en large partie absurdes : pourquoi supprimer tout le pan "Religion et société" des programmes de terminale quand on prétend leur faire comprendre les États-Unis ? La "Bible Belt" est gommée d'un coup de chiffon par le ministère - c'est bien dommage pour comprendre la politique de George Bush. Et il est à craindre que les grands nuisibles qui président aux destinées de certains syndicats préconisent encore d'autres coupes sombres, en primaire comme dans le secondaire, lorsque le conseil des programmes sera en place et officiera avec ses grands ciseaux. Il faudrait s'entendre une bonne fois pour toutes sur un fil narratif précis, et s'y tenir. Les profs d'histoire, ces dernières années, ont été sommés de s'adapter sans cesse aux lubies des divers groupes de pression qui infléchissent les programmes dans un sens ou dans l'autre.
Revenir à l'histoire de France et de l'Europe
Alors, que faire ? D'abord, en revenir de façon plus étroite à l'histoire de France, et à celle de l'Europe. L'étude du Monomotapa (3) (en dehors du fait qu'elle permettra aux élèves de comprendre le premier vers d'une célèbre fable de La Fontaine - "Les deux amis" - que par ailleurs ils n'étudieront jamais) dans les programmes de cinquième n'est pas une priorité. Ensuite, relativiser l'importance de tel ou tel événement ressassé. L'insistance sur les colonies (en quatrième, en troisième, et à nouveau en première) tient davantage de l'intoxication face aux "nouveaux publics", comme on dit quand on s'interdit de dire "enfants issus de l'immigration", que de l'intérêt bien compris du récit historique. J'ai du mal à comprendre qu'on aborde la Grèce en sixième, puis à nouveau en seconde - et qu'en fait la chronologie soit souvent bousculée, et surtout comporte des trous invraisemblables : on chercherait en vain dans les programmes un regard, même furtif, sur la guerre de Trente Ans qui a autant façonné l'Europe que nos récentes guerres mondiales, et en troisième on gomme allègrement l'arrivée au pouvoir des soviets (allons, ce n'est que la Révolution russe...) pour entrer de plain-pied dans "les régimes totalitaires des années 1930 - Lénine est mort une seconde fois.
"L'histoire est le produit le plus dangereux que la chimie de l'intellect ait élaboré", disait avec pertinence Paul Valéry. Chacun, en fonction de ses intérêts idéologiques, s'annexe son enseignement, en se prétendant objectif. Au roman national a succédé le fantasme trans-national. Il est temps de bien former les enseignants et de leur faire confiance pour narrer une histoire qui nous a construits. Évidemment, cela suppose que l'on fasse taire ceux d'entre eux qui ont leur propre agenda idéologique et prétendent l'imposer. Mais cela est... une autre histoire. La liberté pédagogique pourrait enfin se décréter. Nous n'en prenons pas le chemin, tant les passions sont vives - ce qui nous amène à sourire chaque fois que des historiens se prétendent objectifs. Zhou Enlai, le Premier ministre de Mao, jugeait qu'il était un peu trop tôt - dans les années 1960 - pour dire ce que l'on pouvait penser de la Révolution française. N'est-il pas paradoxal que nous prétendions aujourd'hui réfléchir sur une histoire récente dont les blessures sont encore à vif ? S'il y a un allègement à faire, c'est du côté de l'actualité - parce qu'une étude raisonnée du passé permettrait justement d'analyser l'actualité bien mieux qu'un débat passionnel sur le 11 Septembre. C'est plus par les humanités que par la repentance et la polémique que l'on parvient à l'humanisme.
(1) Dimitri Casali, auteur l'année dernière de L'Histoire de France interdite (l'est-elle ?), a commenté (était-ce bien utile ?) le Petit Lavisse réédité par Armand Colin. Pour mémoire, Ernest Lavisse a publié, entre 1901 et 1922, une histoire de France dont le slogan était : "Tu dois aimer la France, parce que la Nature l'a faite belle , et parce que l'Histoire l'a faite grande."
(2) Pour une analyse de fond, écouter la conférence de Françoise Lantheaume à l'ENS de Lyon
(3) Empire de l'Afrique Australe entre le XVe et le XVIIe siècle.
- JohnMédiateur
Texte nuancé et intéressant, au sein duquel la référence bienvenue à Françoise Lantheaume n'est pas le moindre de ses intérêts.
Une coquille à signaler :
http://www.academie-francaise.fr/coupe-claire-coupe-sombre
Une coquille à signaler :
Si ce sont de grands ciseaux, il s'agit de couples claires.encore d'autres coupes sombres, en primaire comme dans le secondaire, lorsque le conseil des programmes sera en place et officiera avec ses grands ciseaux
http://www.academie-francaise.fr/coupe-claire-coupe-sombre
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- ShajarVénérable
Texte plus sensé que ceux qui ont paru dans la plupart des médias, hormis que je ne suis pas d'accord avec lui sur la question de la colonisation (non, on ne prend pas le parti du colonisé) et de la guerre d'Algérie (non, on n'étudie pas que la torture, on parle des raisons de la guerre, du FLN, de l'OAS, des horreurs commises par les uns et les autres, du rapport à la France, etc.) ni de la place des civilisations extra-européennes (franchement, c'est pas la fin de l'étude du Monomotapa qui va changer quelque chose sur le fond). Les quelques piques sur les profs d'histoire sont ridicules quand on sait d'où elles viennent...
Mais sinon, c'est au moins le texte de quelqu'un qui a réfléchi et étudié réellement les programmes et leurs allègements, et qui n'oublie pas de rappeler la différence entre un texte et sa mise en pratique. Et je suis parfaitement d'accord sur l'impossibilité de faire une histoire de temps trop récents sans manquer d'objectivité (quand on pense qu'on enseigne même l'élection de Hollande !).
Mais sinon, c'est au moins le texte de quelqu'un qui a réfléchi et étudié réellement les programmes et leurs allègements, et qui n'oublie pas de rappeler la différence entre un texte et sa mise en pratique. Et je suis parfaitement d'accord sur l'impossibilité de faire une histoire de temps trop récents sans manquer d'objectivité (quand on pense qu'on enseigne même l'élection de Hollande !).
- Marie LaetitiaBon génie
L'article est moins polémique que ce à quoi on aurait pu s'attendre mais...
il n'est pas très à jour. Ce discours-là, valable encore en 2004 quand j'étais stagiaire, ne l'est ABSOLUMENT plus...Les voici sommés de construire par eux-mêmes leurs propres savoirs historiques...
Hé oh! Cette question est abordée dans... l'Afrique au Moyen Âge, les fameux 10% de trop dans le programme d'histoire de 5e. Faudrait savoir... ou se renseigner... Et en plus, le chapitre de 4e sur l'esclavage amène à pointer aussi du doigt les ventes d'esclaves entre tribus africaines...Bien sûr, il était intéressant d'expliquer les mécanismes de l'esclavage au XVIIIe siècle (actuel programme de quatrième). Mais pourquoi passer sous silence l'immense responsabilité des Arabes dans l'esclavagisme, qu'il s'agisse de fournir des Noirs aux navires européens ou de mettre en esclavage pour eux-mêmes des millions d'êtres humains, y compris, pour le seul XVIIIe siècle, des centaines de milliers d'Européens ?
Les historiens ne se prétendent pas objectifs, au mieux ils essaient de tendre vers l'objectivité. Et encore, la question divise.ce qui nous amène à sourire chaque fois que des historiens se prétendent objectifs.
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Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
- philannDoyen
Je trouve ce texte pas mal et je ne suis pas loin de lui donner raison...y compris sur la guerre d'Algérie et notre difficulté de plus en plus grande à aborder le fait religieux.
Dommage que nous ayons eu droit ici aux invectives plutôt qu'à ce texte argumenté et documenté.
Dommage que nous ayons eu droit ici aux invectives plutôt qu'à ce texte argumenté et documenté.
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2014-2015: poste fixe dans les Hauts de Seine
2013-2014: certifiée stagiaire dans les Hauts de Seine
2011-2013: prof. contractuelle dans l'Essonne
- Marcel KhrouchtchevEnchanteur
philann a écrit:Je trouve ce texte pas mal et je ne suis pas loin de lui donner raison...y compris sur la guerre d'Algérie et notre difficulté de plus en plus grande à aborder le fait religieux.
Dommage que nous ayons eu droit ici aux invectives plutôt qu'à ce texte argumenté et documenté.
Tout pareil.
- Marie LaetitiaBon génie
à moins que sa provoc' n'ait eu pour but que de lui procurer la matière pour son article...Marcel Khrouchtchev a écrit:philann a écrit:Je trouve ce texte pas mal et je ne suis pas loin de lui donner raison...y compris sur la guerre d'Algérie et notre difficulté de plus en plus grande à aborder le fait religieux.
Dommage que nous ayons eu droit ici aux invectives plutôt qu'à ce texte argumenté et documenté.
Tout pareil.
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Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
- Marcel KhrouchtchevEnchanteur
Non? Tu crois?Marie Laetitia a écrit:à moins que sa provoc' n'ait eu pour but que de lui procurer la matière pour son article...Marcel Khrouchtchev a écrit:philann a écrit:Je trouve ce texte pas mal et je ne suis pas loin de lui donner raison...y compris sur la guerre d'Algérie et notre difficulté de plus en plus grande à aborder le fait religieux.
Dommage que nous ayons eu droit ici aux invectives plutôt qu'à ce texte argumenté et documenté.
Tout pareil.
- philannDoyen
Quelle perfidie !!Marcel Khrouchtchev a écrit:Non? Tu crois?Marie Laetitia a écrit:à moins que sa provoc' n'ait eu pour but que de lui procurer la matière pour son article...Marcel Khrouchtchev a écrit:
Tout pareil.
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- cliohistHabitué du forum
Quand un prof de lettres en prépa écrit sur l'histoire scolaire, le résultat interroge.à moins que sa provoc' n'ait eu pour but que de lui procurer la matière pour son article...
Le texte répète des formules de bon sens : « ce qui compte dans les programmes, c'est ce que l'enseignant en fait » (l’enseignant ou les enseignants ?). L'auteur continue de régler des comptes (« et tant pis si les profs d'histoire se croient historiens et savants »). Il cite une des références utilisées sur ce forum (les guerres de Cent Ans, Trente Ans, Sept Ans)
Il n'évite pas les contradictions : comment peut-on plaider en faveur d'une liberté pédagogique quand on vient d'écrire, quelques lignes auparavant : « Il faudrait s'entendre une bonne fois pour toutes sur un fil narratif précis, et s'y tenir ».
« Faire confiance aux enseignants » ? propose l'auteur, oui mais « pour narrer une histoire (de France) qui nous a construits »
Pour les manuels de lycée, la rupture n'est pas « au début des années 1970 » : lire par exemple le Bordas de première en 1982 ou le Belin de terminale en 1983. Pourquoi vouloir ressusciter le Malet-Isaac (une histoire surtout politique et militaire), au risque de méconnaître les apports des historiens depuis plus d'un siècle ? Pourquoi faire du Lavisse l'unique manuel utilisé dans toutes les classes de primaire, un manuel qui aurait été immuable (seulement 1901-1922 !!) ? cf. Olivier Loubes, Lavisse, l'instituteur national, L'Histoire, coll n° 44, jt-sept 2009.
3 détails :
- L’histoire contemporaine sait se distinguer du journalisme
- Les programmes élaborés pour l’essentiel en 2008 ?
Vrai pour les actuels programmes de collège, dont le contenu n’a alors intéressé ni les médias ni les polémistes.
Faux pour ceux de la classe de première : ils datent de 2011, après la casse opérée par Chatel en série S.
- Jules Ferry inaudible aujourd’hui ? Clemenceau lui avait répondu aussitôt : « Races supérieures ? races inférieures, c'est bientôt dit ! Pour ma part, j'en rabats singulièrement depuis que j'ai vu des savants allemands démontrer scientifiquement que la France devait être vaincue dans la guerre franco-allemande parce que le Français est d'une race inférieure à l'Allemand ».
http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/7ec.asp
Comment un littéraire conclut-il un texte sur l’histoire scolaire (pour un blog du Point) ?
En lui opposant les humanités, c’est à dire les langues anciennes et la littérature…
- Collier de BarbeNeoprof expérimenté
Article une nouvelle fois hallucinant
Le passage sur l'enseignement de la colonisation et notamment de la guerre d'Algérie est totalement réactionnaire. (enfin, un type qui aurait écrit l'autobio de C. Estrosi...) Stupéfiant de la part de quelqu'un qui enseigne à Marseille et qui est donc bien placé pour connaître le trou noir que constitue ces événements dans les consciences collectives de ces régions. Rappelons par exemple que certains élus zélés n'avaient hésité à manifester contre le "Hors la loi" de Bouchareb sans même l'avoir vu.
Comme si les profs d'histoire présentaient le FLN comme des non-violents, mais quelle blague...
Le passage sur l'enseignement de la colonisation et notamment de la guerre d'Algérie est totalement réactionnaire. (enfin, un type qui aurait écrit l'autobio de C. Estrosi...) Stupéfiant de la part de quelqu'un qui enseigne à Marseille et qui est donc bien placé pour connaître le trou noir que constitue ces événements dans les consciences collectives de ces régions. Rappelons par exemple que certains élus zélés n'avaient hésité à manifester contre le "Hors la loi" de Bouchareb sans même l'avoir vu.
Comme si les profs d'histoire présentaient le FLN comme des non-violents, mais quelle blague...
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CdB
@AbbeCordillere
- CondorcetOracle
Cet article mal informé assène de solides contre-vérités qu'il érige en dogme : proclamer l'histoire en danger la place d'emblée sous le registre passionnel alors que la campagne dénonçant les allègements programmatiques ne constitue qu'un épiphénomène médiatique, n'ayant rallié aucun historien, fût-il du dimanche, à savoir un individu dont l'activité se fonde peu ou prou sur le dépouillement des archives et/ou la diffusion d'un savoir historien. Le déterminisme induit par le rapprochement factice entre l'enseignement actuel de l'histoire et un quelconque projet de société participe d'une logique manichéenne que l'auteur prétend dénoncer - mais à laquelle il donne vie à son corps défendant - et ce, au travers de l'histoire de la colonisation. Exemple malencontreux s'il en fût puisqu'elle ne découle pas d'une adhésion à une idéologie mais d'un examen raisonné et comparatiste des sources, d'un recours massif aux fonds d'archives institutionnels et privés, aux statistiques, aux entretiens oraux, à la micro-histoire. Ce champ d'une incroyable richesse dément toutes les assertions de l'auteur et pour l'en convaincre, je l'invite à lire ce bilan d'étape historiographique consacré à la guerre d'Algérie : http://guy.perville.free.fr/spip/article.php3?id_article=23
Un mémoire de master 2 d'histoire qui sera soutenu prochainement souligne avec éclat toute la richesse et la diversité de l'histoire du fait colonial.
Le refus de l'histoire contemporaine témoigne lui aussi d'un refus obstiné de prendre acte des avancées historiographiques en la matière. Figée, idéelle, lyophilisée, l'histoire campée par M. Brighelli n'a que peu de rapport avec l'histoire enseignée comme avec l'histoire en chantiers.
Un mémoire de master 2 d'histoire qui sera soutenu prochainement souligne avec éclat toute la richesse et la diversité de l'histoire du fait colonial.
Le refus de l'histoire contemporaine témoigne lui aussi d'un refus obstiné de prendre acte des avancées historiographiques en la matière. Figée, idéelle, lyophilisée, l'histoire campée par M. Brighelli n'a que peu de rapport avec l'histoire enseignée comme avec l'histoire en chantiers.
- Collier de BarbeNeoprof expérimenté
Merci Condorcet, brillant...
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@AbbeCordillere
- philannDoyen
Pour une fois je ne partage pas, loin s'en faut, cet avis.Collier de Barbe a écrit:Merci Condorcet, brillant...
Il me semble difficile de nier toute implication idéologique dans un programme d'histoire, c'est-à-dire l'histoire telle que l'on demande aux enseignants de l'enseigner (ce qui ne m'empêche pas d'être pour l'allègement, seul moyen concret de redonner la main aux enseignants sur leurs propres cours). De ce point de vue rapprocher les thèmes étudiés de l'état de la recherche sur la question me semble peut pertinent (même si l'une se nourrit au moins un peu de l'autre et encore la question serait de savoir à quel point). De ce point de vue répondre par l'historiographie récente sur la guerre d'Algérie me semble à la limite du hors-sujet.
Sans en revenir au roman national, et bien qu'ayant fort peu gouter les derniers délires de Brighelli sur le forum, je trouve les questions posées par son article plutôt justes.
Ce qui me gêne le plus c'est de faire de l'enseignement de l'HG un cas à part, alors que les mêmes interrogations pourraient aisément être posées à l'égard des Lettres, de la philo et des LV. Et que dire de l'enseignement des sciences ? Il me semble que dans chacune de ces disciplines, nos élèves ressortent en moyenne avec un espèce de malstrom de connaissances peu maitrisées, peu contextualisées etc... qui ne font pas sens...
Il me semble qu'à force de vouloir des élèves critiques et mettant le monde en question...on ne finisses par obtenir que des esprits peu éclairés et ayant une faible capacité de discernement...:| (toutes qualités intellectuelles égales par ailleurs)
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- User5899Demi-dieu
Pas plus qu'avec l'Histoire en ruines.Condorcet a écrit:Le refus de l'histoire contemporaine témoigne lui aussi d'un refus obstiné de prendre acte des avancées historiographiques en la matière. Figée, idéelle, lyophilisée, l'histoire campée par M. Brighelli n'a que peu de rapport avec l'histoire enseignée comme avec l'histoire en chantiers.
- CondorcetOracle
Le poids des mots, le choc des photos !Cripure a écrit:Pas plus qu'avec l'Histoire en ruines.Condorcet a écrit:Le refus de l'histoire contemporaine témoigne lui aussi d'un refus obstiné de prendre acte des avancées historiographiques en la matière. Figée, idéelle, lyophilisée, l'histoire campée par M. Brighelli n'a que peu de rapport avec l'histoire enseignée comme avec l'histoire en chantiers.
- Reine MargotDemi-dieu
Sans être enseignants d'Histoire, on constate tous les difficultés qu'ont les élèves d'aujourd'hui à avoir des repères chronolgiques précis, et ce sans nostalgie aucune. On le constate également en lettres, où les auteurs sont placés à des périodes fantaisistes.
Pour moi qui ne suis plus enseignante mais serai peut-être parent un jour c'est le plus important, être capable de situer les évenènements du passé dans le temps, puis essayer de comprendre leurs grandes causes, c'est le minimum.
Comment les enseignants d'histoire expliquent-ils ce phénomène? Comment voudraient-ils y remédier?
Pour avoir été prof de lettres j'expliquais ce fait par des programmes structurés en objets d'études (et maintenant en fonction du socle de connaissances et de compétences) et pas seulement chronologiquement (au collège bien qu'il y ait une progression chronologique entre les années, au cours d'une même année on fait pas mal de groupements de textes de périodes diverses).
La deuxième raison c'est que j'ai un peu l'impression qu'on a perdu l'habitude d'insister sur la situation chronologique des textes, vu que la séquence se fonde avant tout sur son objectif et ses objets d'étude. Donc on situe rapidement le truc dans le temps puis on passe vite à ce qui nous intéresse.
Pour moi qui ne suis plus enseignante mais serai peut-être parent un jour c'est le plus important, être capable de situer les évenènements du passé dans le temps, puis essayer de comprendre leurs grandes causes, c'est le minimum.
Comment les enseignants d'histoire expliquent-ils ce phénomène? Comment voudraient-ils y remédier?
Pour avoir été prof de lettres j'expliquais ce fait par des programmes structurés en objets d'études (et maintenant en fonction du socle de connaissances et de compétences) et pas seulement chronologiquement (au collège bien qu'il y ait une progression chronologique entre les années, au cours d'une même année on fait pas mal de groupements de textes de périodes diverses).
La deuxième raison c'est que j'ai un peu l'impression qu'on a perdu l'habitude d'insister sur la situation chronologique des textes, vu que la séquence se fonde avant tout sur son objectif et ses objets d'étude. Donc on situe rapidement le truc dans le temps puis on passe vite à ce qui nous intéresse.
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- Collier de BarbeNeoprof expérimenté
C'est pas trop la question en fait.philann a écrit:Pour une fois je ne partage pas, loin s'en faut, cet avis.Collier de Barbe a écrit:Merci Condorcet, brillant...
Il me semble difficile de nier toute implication idéologique dans un programme d'histoire, c'est-à-dire l'histoire telle que l'on demande aux enseignants de l'enseigner (ce qui ne m'empêche pas d'être pour l'allègement, seul moyen concret de redonner la main aux enseignants sur leurs propres cours). De ce point de vue rapprocher les thèmes étudiés de l'état de la recherche sur la question me semble peut pertinent (même si l'une se nourrit au moins un peu de l'autre et encore la question serait de savoir à quel point). De ce point de vue répondre par l'historiographie récente sur la guerre d'Algérie me semble à la limite du hors-sujet.
Sans en revenir au roman national, et bien qu'ayant fort peu gouter les derniers délires de Brighelli sur le forum, je trouve les questions posées par son article plutôt justes.
Ce qui me gêne le plus c'est de faire de l'enseignement de l'HG un cas à part, alors que les mêmes interrogations pourraient aisément être posées à l'égard des Lettres, de la philo et des LV. Et que dire de l'enseignement des sciences ? Il me semble que dans chacune de ces disciplines, nos élèves ressortent en moyenne avec un espèce de malstrom de connaissances peu maitrisées, peu contextualisées etc... qui ne font pas sens...
Il me semble qu'à force de vouloir des élèves critiques et mettant le monde en question...on ne finisses par obtenir que des esprits peu éclairés et ayant une faible capacité de discernement...:| (toutes qualités intellectuelles égales par ailleurs)
On a déjà dit maintes fois que nous étions nombreux à partager le diagnostic de programmes dysfonctionnels et inapplicables. J'ai écrit ailleurs que je comprenais parfaitement le désarroi des profs de lettres qui ont des difficultés car les élèves ne disposaient pas des repères sur le XVIIe et le XIXe français.
Ce qui est en revanche inadmissible c'est le recyclage par Brighelli des vieilles thèses moisies selon lesquelles faire une histoire sans complaisance d'un événement aussi fondamentale pour notre présent que la guerre d'Algerie serait faire "culpabiliser" les français. Qu'il ne faudrait pas trop expliquer que les policiers puis les paras ont torturé et supprimé sans procès serait anti-patriotique.
Ce genre d'injonction du niveau d'un Guaino ou d'un Zemmour met franchement la nausée.
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@AbbeCordillere
- RouletabilleNiveau 9
Jean-Paul Brighelli, contrairement aux experts à gages, connaît le système. Je suis en désaccord profond avec lui sur bien des points (sa vision sur le traitement de la colonisation, sa volonté de supprimer tout ce qui est hors d'Europe : Regards sur l'Afrique marche très bien en Ve et est très utile... Ne serait-ce, pour les idéologues de droite, de montrer qu'avant la traite atlantique il y a eu la traite orientale !) mais au moins Brighelli ne raconte pas n'importe quoi (bien qu'il passe sous silence (le retour au récit de 2008) comme les historiens de garde et bien marqués politiquement que je combats.
- User5899Demi-dieu
On se satisferait d'élèves connaissant autant d'histoire que Zemmour, au moins auraient-ils matière à réfléchirCollier de Barbe a écrit:C'est pas trop la question en fait.philann a écrit:Pour une fois je ne partage pas, loin s'en faut, cet avis.Collier de Barbe a écrit:Merci Condorcet, brillant...
Il me semble difficile de nier toute implication idéologique dans un programme d'histoire, c'est-à-dire l'histoire telle que l'on demande aux enseignants de l'enseigner (ce qui ne m'empêche pas d'être pour l'allègement, seul moyen concret de redonner la main aux enseignants sur leurs propres cours). De ce point de vue rapprocher les thèmes étudiés de l'état de la recherche sur la question me semble peut pertinent (même si l'une se nourrit au moins un peu de l'autre et encore la question serait de savoir à quel point). De ce point de vue répondre par l'historiographie récente sur la guerre d'Algérie me semble à la limite du hors-sujet.
Sans en revenir au roman national, et bien qu'ayant fort peu gouter les derniers délires de Brighelli sur le forum, je trouve les questions posées par son article plutôt justes.
Ce qui me gêne le plus c'est de faire de l'enseignement de l'HG un cas à part, alors que les mêmes interrogations pourraient aisément être posées à l'égard des Lettres, de la philo et des LV. Et que dire de l'enseignement des sciences ? Il me semble que dans chacune de ces disciplines, nos élèves ressortent en moyenne avec un espèce de malstrom de connaissances peu maitrisées, peu contextualisées etc... qui ne font pas sens...
Il me semble qu'à force de vouloir des élèves critiques et mettant le monde en question...on ne finisses par obtenir que des esprits peu éclairés et ayant une faible capacité de discernement...:| (toutes qualités intellectuelles égales par ailleurs)
On a déjà dit maintes fois que nous étions nombreux à partager le diagnostic de programmes dysfonctionnels et inapplicables. J'ai écrit ailleurs que je comprenais parfaitement le désarroi des profs de lettres qui ont des difficultés car les élèves ne disposaient pas des repères sur le XVIIe et le XIXe français.
Ce qui est en revanche inadmissible c'est le recyclage par Brighelli des vieilles thèses moisies selon lesquelles faire une histoire sans complaisance d'un événement aussi fondamentale pour notre présent que la guerre d'Algerie serait faire "culpabiliser" les français. Qu'il ne faudrait pas trop expliquer que les policiers puis les paras ont torturé et supprimé sans procès serait anti-patriotique.
Ce genre d'injonction du niveau d'un Guaino ou d'un Zemmour met franchement la nausée.
- DurrutiNiveau 6
Certains ont relevé les inexactitudes de l'article de Brighelli. Il n'est pas étonnant que ceux qui interviennent le plus dans ces débats sur l'enseignement de l'histoire soient ceux qui méconnaissent le plus le programme d'HG. Il est dans un délire ce monsieur comme, malheureusement, beaucoup de personnes qui parlent de je ne sais où sur des choses qu'ils connaissent très mal.
Pour répondre à la Reine Margot et rejoindre un thème d'un débat d'un autre fil (avec Lady je ne sais quoi), il est clair que les élèves ont du mal avec la chronologie. Perso, j'insiste lourdement sur cette dernière dans mes cours. Après les élèves bossent ou ne bossent pas. Mais avoir des repères est indispensable en histoire sinon on ne comprend pas. Manque de travail des élèves? Société de l'instantané? Mépris du passé ou indifférence au passé? Un peu de tout ça?
Mais il n'est pas étonnant du tout que certains élèves ressortent des cours avec une mauvaise connaissance de l'histoire. Quand je lis ce qu'on nous demande sur la Révolution, c'est à se cogner la tête contre les murs. Comprendre la Révolution en étudiant un de ses temps forts c'est se moquer du monde. Comment l'élève peut-il comprendre les enjeux de cette période et le déroulement des événements? Pour la Révolution la chrono est indispensable surtout pour des élèves qui ,souvent ,découvrent cet épisode de l'histoire de France. Donc les instructions du programme sont profondément débiles. Et je me borne à leur faire un récit en BLOC de la Révolution.
Les élèves vivent dans une certaine société correspondant à une époque précise. Demandons-nous pourquoi le niveau à l'écrit est aussi catastrophique... Comment voulez-vous assimiler des connaissances si vous ne savez rédiger correctement? Pour comprendre les nuances et la complexité inhérentes à l'histoire, il est indispensable d'être capable d'organiser ses idées.Or, beaucoup d'élèves n'y arrivent pas. Il suffit juste de voir le nombre d'élèves ne sachant pas faire une phrase, une simple phrase.
Quand on voit qu'on est censé accorder que quelques heures (2 ou 3) à la Première guerre et la révolution russe, on se fout du monde. Comment comprendre les enjeux de ces périodes en si peu de temps?
La pratique des "études de cas" en histoire est une ineptie. Les élèves n'y comprennent rien, si on ne leur raconte pas l'histoire. Or, raconter ce n'est pas ce qui est défendu en formation.
Pour répondre à la Reine Margot et rejoindre un thème d'un débat d'un autre fil (avec Lady je ne sais quoi), il est clair que les élèves ont du mal avec la chronologie. Perso, j'insiste lourdement sur cette dernière dans mes cours. Après les élèves bossent ou ne bossent pas. Mais avoir des repères est indispensable en histoire sinon on ne comprend pas. Manque de travail des élèves? Société de l'instantané? Mépris du passé ou indifférence au passé? Un peu de tout ça?
Mais il n'est pas étonnant du tout que certains élèves ressortent des cours avec une mauvaise connaissance de l'histoire. Quand je lis ce qu'on nous demande sur la Révolution, c'est à se cogner la tête contre les murs. Comprendre la Révolution en étudiant un de ses temps forts c'est se moquer du monde. Comment l'élève peut-il comprendre les enjeux de cette période et le déroulement des événements? Pour la Révolution la chrono est indispensable surtout pour des élèves qui ,souvent ,découvrent cet épisode de l'histoire de France. Donc les instructions du programme sont profondément débiles. Et je me borne à leur faire un récit en BLOC de la Révolution.
Les élèves vivent dans une certaine société correspondant à une époque précise. Demandons-nous pourquoi le niveau à l'écrit est aussi catastrophique... Comment voulez-vous assimiler des connaissances si vous ne savez rédiger correctement? Pour comprendre les nuances et la complexité inhérentes à l'histoire, il est indispensable d'être capable d'organiser ses idées.Or, beaucoup d'élèves n'y arrivent pas. Il suffit juste de voir le nombre d'élèves ne sachant pas faire une phrase, une simple phrase.
Quand on voit qu'on est censé accorder que quelques heures (2 ou 3) à la Première guerre et la révolution russe, on se fout du monde. Comment comprendre les enjeux de ces périodes en si peu de temps?
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- JohnMédiateur
Pour ce qu'il en fait, franchement non.On se satisferait d'élèves connaissant autant d'histoire que Zemmour
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- philannDoyen
Ca peut tout à fait te donner la nausée...mais ce n'est pas du tout ce qu'il a écrit!!!Ce qui est en revanche inadmissible c'est le recyclage par Brighelli des vieilles thèses moisies selon lesquelles faire une histoire sans complaisance d'un événement aussi fondamentale pour notre présent que la guerre d'Algerie serait faire "culpabiliser" les français. Qu'il ne faudrait pas trop expliquer que les policiers puis les paras ont torturé et supprimé sans procès serait anti-patriotique.
Je ne pourrais pas assister aux obsèques d' Alleg il y a quelques semaines et soutenir cela !
En revanche, c'est une vraie question de savoir si l'on a une capacité AUJOURD'HUI à enseigner convenablement la guerre d'Algérie (je ne dis pas à faire de la recherche sur ce thème), à l'enseigner...ni même si c'est nécessaire dans le secondaire...
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- Isis39Enchanteur
Pourquoi n'aurait-on pas de capacité à enseigner la guerre d'Algérie ?
- philannDoyen
La question se pose plus du point de vue de la société et/ ou des capacités d'élèves du secondaire...que de la capacité des enseignants
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