Ressentez-vous un sentiment d'imposture quand vous enseignez ?
- phiExpert
Rikki a écrit:Il y a une différence notable entre se juger imposteur et ressentir un sentiment d'imposture.
Personnellement, je sais qu'objectivement je me situe plutôt dans les enseignants de CP capables, ce qui ne m'empêche pas de devoir lutter, de moins en moins souvent mais tout de même de manière réelle, contre le sentiment d'imposture.
Encore mieux dit
- User5899Demi-dieu
A ton sens, pas au mien. C'est un sentimentIgniatius a écrit:Heureusement que tu as changé parce que ça, à mon sens, c'est une forme d'imposture : nous ne pouvons effectuer ce métier si nous n'éprouvons une empathie à un certain degré pour nos élèves.Cripure a écrit:Pour moi, être "pro", ça veut dire qu'aujourd'hui, si un élève m'embête, je sais le faire rentrer dans le rang sans agressivité, en le "retournant" en deux ou trois phrases. C'est vrai qu'il y a 22-23 ans, j'ai fait ma réputation à coups de classeurs lancés dans la cour anneaux ouverts, de craies dans la figure, de gueulantes homériques suivies de 4 ou 5 évanouissements, etc. Aujourd'hui, c'est plus apaisé je me rappelle une première littéraire en 91 où, quand je fermais ma porte le jeudi après midi, ils se mettaient à transpirer et certaines à s'évanouir avant même que j'eusse ouvert la bouche.J'étais d'une violence dont il m'arrive d'avoir honte, mais je les méprisais du fond du coeur. Ca, c'est vraiment fini et, de ce fait, je me sens aujourd'hui vraiment "pro".V.Marchais a écrit:Ben moi je me sens une vraie pro.
Ça ne veut pas dire que je serais un prof parfait ou infaillible. Mais je pense avoir, outre les connaissances, les qualités pour ce boulot. C'est pour ça que j'aime ça, que je me sens tellement à ma place, que je m'y épanouis et que, j'espère, j'y épanouis les jeunes gens que j'ai en face de moi.
Mon boucher est un vrai pro, mon maçon est un vrai pro, mon médecin est extra. Je leur reconnais ce qualificatif, à la jonction de leur compétence et de leurs qualités humaines en adéquation avec leur métier. Je ne vois pas pourquoi je me dénierais le même jugement. Je suis une pro dans mon domaine. C'est dit sans infatuation. Un pro, c'est un être humain comme les autres, pas une divinité infaillible. Mais il a des qualifications patinées par l'expérience. Telle est, tout simplement, ma situation. Et indéniablement celle de nombreux professeurs ici, même si ça leur paraît gênant de le dire.
Pour moi, mon ancienne attitude n'était pas adaptée, mais n'avait rien à voir avec une imposture.
- User5899Demi-dieu
Igniatius a écrit:Cripure a écrit:Demi-dieu ici, dieu vivant selon certains parents d'élèves.Igniatius a écrit:Cripure a écrit:Jamais un seul instant de doute, une seule seconde. J'ai eu de super notes au bac, à Ulm, à l'agreg, je suis bon, mes classes ont toujours tourné et quand les résultats sont mauvais, c'est-à-dire tout le temps , c'est leur faute. Je peux rendre compte de mes choix, de mes décisions, de mes notes. Donc, je suis à ma place. En revanche, je remets en cause certains chemins choisis pour faire comprendre tel ou tel point, mais ce n'est pas une réflexion sur l'imposture.Lilypims a écrit:J'aimerais bien que ceux qui ont coché 5 développent un peu (s'ils le veulent bien). Jamais aucun doute ? Toujours le sentiment d'être à leur place et de mériter la confiance qu'on leur accorde ?
C'est un métier, pas un sacerdoce, pas un mode de vie. Manquerait plus que quiconque vienne tenter de me prouver que je suis illégitime !! Je l'attends de pied ferme
Et en plus, tu es un demi-dieu.
Hier soir, en CA, un délégué élève, à propos d'une connerie de la CPE, rapport au projet d'établissement : "Oui, mais les profs sévères, on les aime. On regrette Monsieur Cripure cette année. C'est vrai, hein, Monsieur Cripure, on vous regrette"
Gueule de la CPE UNSA :lol!:
Mais je voudrais ajouter que longtemps, en plus de m'être couché de bonne heure, j'ai été timide, introverti et peu sûr de moi. Dès que je suis entré dans une classe, j'ai vraiment laissé une chape de plomb derrière moi.Faire cours me rend léger, heureux, à condition que je fasse cours, pas que je fasse de la pédagogiste excessif-remédiatio-méfessologie
Je l'aurais parié !
Mais Combray, c'est fini.
- nuagesGrand sage
Lilypims a écrit:J'aimerais bien que ceux qui ont coché 5 développent un peu
j'ai coché 5 parce que je ne comprends pas du tout pourquoi il y aurait imposture : comme mes collègues j'ai passé des concours anonymes publics en les préparant sérieusement , j'en ai réussi toutes les épreuves sans tricherie et sans favoritisme , mes compétences d'enseignante ont été évaluées positivement par des CDE et des inspecteurs , les résultats de mes élèves au bac sont généralement bons (les fluctuations dépendent de leur niveau et de leur travail) , je ne suis absente que lorsque je suis vraiment malade...en quoi consisterait l'imposture?
- IsidoriaDoyen
Globalement, je me sens légitime: j'ai eu le concours, je prépare mes cours, j'aime ce que je fais et je crois que les gamins apprécient. Qu'ils aient des bonnes ou mauvaises notes ne m'attriste pas plus que ça.
Par contre là où je me sens un sentiment d'imposture, c'est face à une collègue qui depuis deux ans critique tout ce que je peux faire, tout ce que je suis. Selon elle je ne devrais pas avoir de TL ni de 6è ni rien d'ailleurs. Et bien que je me sente légitime et qu'on me le rappelle face à elle, je ne peux pas m'empêcher de rester silencieuse devant son agressivité. Là je me sens donc en imposture, parce qu'elle me rend autre que moi.
Par contre là où je me sens un sentiment d'imposture, c'est face à une collègue qui depuis deux ans critique tout ce que je peux faire, tout ce que je suis. Selon elle je ne devrais pas avoir de TL ni de 6è ni rien d'ailleurs. Et bien que je me sente légitime et qu'on me le rappelle face à elle, je ne peux pas m'empêcher de rester silencieuse devant son agressivité. Là je me sens donc en imposture, parce qu'elle me rend autre que moi.
- supersosoSage
Pour ma part, j'ai ce sentiment d'imposture. Mais je pense que c'est renforcé par le fait d'être polyvalent en primaire. Je crois que je me sentirais à l'aise dans mon domaine, la philo. Mais comment pourrais-je me sentir à l'aise dans tout comme je dois le faire en primaire ? Par ailleurs, l'âge des enfants y joue aussi beaucoup : difficile de se réfugier derrière le "c'est de leur faute" quand ils ont 4 ans, 7 ans ou 9 ans... La plupart du temps, s'ils n'ont pas compris c'est pour une bonne part de ma faute et que donc, j'ai mal fait mon boulot.
Je crois aussi que dans le primaire, on a un peu plus les IEN et autres CPC sur le dos, qui aiment bien nous faire sentir que nous sommes de pauvres merdes n'ayant rien compris à rien.
Enfin voilà pour mon ressenti.
Je précise aussi que ce n'est pas tant le problème des connaissances qui est problématique : j'ai un bac C, les maths d'un niveau primaire par exemple ne me posent pas de problème du tout. Par contre faire comprendre ce que signifie une soustraction à des petits bouts c'est une autre paire de manche. Et effectivement, souvent sur plein de sujet, je ne me sens pas du tout compétente (non par manque de connaissance) mais parce que je ne pense pas trouver de bonnes manières de faire passer les concepts. D'ailleurs je trouve significatif que ce soit surtout des profs de primaire qui ont ce sentiment d'imposture et que ce soit des profs du secondaire qui ne l'aient pas.
Je crois aussi que dans le primaire, on a un peu plus les IEN et autres CPC sur le dos, qui aiment bien nous faire sentir que nous sommes de pauvres merdes n'ayant rien compris à rien.
Enfin voilà pour mon ressenti.
Je précise aussi que ce n'est pas tant le problème des connaissances qui est problématique : j'ai un bac C, les maths d'un niveau primaire par exemple ne me posent pas de problème du tout. Par contre faire comprendre ce que signifie une soustraction à des petits bouts c'est une autre paire de manche. Et effectivement, souvent sur plein de sujet, je ne me sens pas du tout compétente (non par manque de connaissance) mais parce que je ne pense pas trouver de bonnes manières de faire passer les concepts. D'ailleurs je trouve significatif que ce soit surtout des profs de primaire qui ont ce sentiment d'imposture et que ce soit des profs du secondaire qui ne l'aient pas.
- olive-in-oilSage
"imposture" Je trouve le mot très (trop) fort.
Je peux comprendre qu'on se remette en question, c'est plutôt bien d'ailleurs mais :
- On a des diplômes validant un niveau de connaissance et de compétences
- On a décroché un concours pas si coton que cela à obtenir
- On a eu des expériences positives depuis qu'on fait ce métier (plus que de négatives j'espère)
- On parvient à gérer des classes
Alors zut ! Si quelques fois, on peut tolérer un coup de moins bien, parler d'imposture c'est gros quand même !
Je peux comprendre qu'on se remette en question, c'est plutôt bien d'ailleurs mais :
- On a des diplômes validant un niveau de connaissance et de compétences
- On a décroché un concours pas si coton que cela à obtenir
- On a eu des expériences positives depuis qu'on fait ce métier (plus que de négatives j'espère)
- On parvient à gérer des classes
Alors zut ! Si quelques fois, on peut tolérer un coup de moins bien, parler d'imposture c'est gros quand même !
- RikkiMonarque
Heu... le diplôme d'instit, on me l'a filé dans une pochette surprise, franchement ! C'est d'ailleurs là que mon sentiment d'imposture a démarré : quand j'ai vu qu'on me le filait alors que j'avais tout planté aux épreuves ! En-dessous du niveau de la mer, le truc...
_________________
mon site sur l'écriture : www.ecritureparis.fr
- supersosoSage
Rikki a écrit:Heu... le diplôme d'instit, on me l'a filé dans une pochette surprise, franchement ! C'est d'ailleurs là que mon sentiment d'imposture a démarré : quand j'ai vu qu'on me le filait alors que j'avais tout planté aux épreuves ! En-dessous du niveau de la mer, le truc...
Oh tu sais, moi j'ai plutôt eu de bonnes notes (enfin pas en sport mais c'est une autre histoire ), voire de très bonnes notes au concours, et ça n'est pas pour autant que je n'ai pas eu ce sentiment. Bon en même temps, je l'ai préparé en 1 mois, alors si ça n'est pas de l'imposture :lol: !
- phiExpert
Pour moi ça remonte à plus loin, j'ai toujours pensé au fond de moi qu'à chaque fois que je réussissais un truc, c'était une erreur, un malentendu. Mon permis, mon classement au concours, mes notes à Ulm, mon admission en prépa, mes notes au bac, etc... C'est peut être plus lié au personnel qu'au professionnel.
- olive-in-oilSage
supersoso a écrit:Rikki a écrit:Heu... le diplôme d'instit, on me l'a filé dans une pochette surprise, franchement ! C'est d'ailleurs là que mon sentiment d'imposture a démarré : quand j'ai vu qu'on me le filait alors que j'avais tout planté aux épreuves ! En-dessous du niveau de la mer, le truc...
Oh tu sais, moi j'ai plutôt eu de bonnes notes (enfin pas en sport mais c'est une autre histoire ), voire de très bonnes notes au concours, et ça n'est pas pour autant que je n'ai pas eu ce sentiment. Bon en même temps, je l'ai préparé en 1 mois, alors si ça n'est pas de l'imposture :lol: !
Ben moi je ne l'ai même pas préparé, je suis arrivée aux épreuves la fleur au fusil sans en connaître les modalités !
Je n'ai pas de sentiment d'imposture pour autant, j'estime avoir prouvé plus d'une fois que j'étais bien à ma place.
- olive-in-oilSage
phi a écrit:Pour moi ça remonte à plus loin, j'ai toujours pensé au fond de moi qu'à chaque fois que je réussissais un truc, c'était une erreur, un malentendu. Mon permis, mon classement au concours, mes notes à Ulm, mon admission en prépa, mes notes au bac, etc... C'est peut être plus lié au personnel qu'au professionnel.
Ça ferait beaucoup de coups de bol quand même !! T'as pas pensé à jouer au loto du coup ?! :lol:
- VolubilysGrand sage
Je crois qu'il y a ici un clivage entre enseignants du primaire et enseignants du secondaire.
J'ai voté oui. C'est une sensation très prégnante.
En tant que remplaçante, ça a même amplifié.
Par exemple quand sans préavis, on arrive dans une école, on monte immédiatement dans le car et on doit improviser une séance de sport avec des parents accompagnateurs qui vous observent, vous jugent... alors que vous ne connaissez pas le nom des élèves, ni la salle où vous allez, et pas l'activité prévue. Le fin du fin c'est quand un des parents qui vous accompagne est aussi enseignant...
J'ai voté oui. C'est une sensation très prégnante.
En tant que remplaçante, ça a même amplifié.
Par exemple quand sans préavis, on arrive dans une école, on monte immédiatement dans le car et on doit improviser une séance de sport avec des parents accompagnateurs qui vous observent, vous jugent... alors que vous ne connaissez pas le nom des élèves, ni la salle où vous allez, et pas l'activité prévue. Le fin du fin c'est quand un des parents qui vous accompagne est aussi enseignant...
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Je vous prie de m'excuser si mes messages contiennent des coquilles, je remercie les personnes qui me les signaleront par mp pour que je puisse les corriger.
- phiExpert
Bah je peux aussi faire la liste de toutes les crasses qui me sont arrivées (par exemple le permis je l'ai loupé deux fois avant de l'avoir, sans doute donc par coup de bol puisque je suis une imposteuse ) , mais là j'ai toujours tendance à penser que c'est uniquement ma faute bizarrement :lol:
- olive-in-oilSage
Volubilys a écrit:Je crois qu'il y a ici un clivage entre enseignants du primaire et enseignants du secondaire.
(...)
Je ne vois pas pourquoi.
- LilypimsGrand sage
olive-in-oil a écrit:phi a écrit:Pour moi ça remonte à plus loin, j'ai toujours pensé au fond de moi qu'à chaque fois que je réussissais un truc, c'était une erreur, un malentendu. Mon permis, mon classement au concours, mes notes à Ulm, mon admission en prépa, mes notes au bac, etc... C'est peut être plus lié au personnel qu'au professionnel.
Ça ferait beaucoup de coups de bol quand même !! T'as pas pensé à jouer au loto du coup ?! :lol:
phi a écrit:Bah je peux aussi faire la liste de toutes les crasses qui me sont arrivées (par exemple le permis je l'ai loupé deux fois avant de l'avoir, sans doute donc par coup de bol puisque je suis une imposteuse ) , mais là j'ai toujours tendance à penser que c'est uniquement ma faute bizarrement :lol:
Moi aussi.
Bref, ça n'est pas lié au métier.
_________________
...il faut continuer, je ne peux pas continuer, il faut continuer, je vais donc continuer...
- supersosoSage
Tant mieux pour toi. Cela étant je crois aussi que nous faisons un métier différent. Si par exemple à la fin de l'année un élève de ma classe reste mutique (en mater par exemple), je me remettrais forcément en question (même si par ailleurs, c'est un élève non francophone) car je n'ai visiblement pas réussi à le mettre en confiance. Si à la fin du CP, un enfant ne sait pas lire, je sais que ça peut avoir un vrai impact sur sa vie future et je peux quand même me demander si ça n'est pas de ma faute (même si je peux trouver plein d'explication extérieure par ailleurs). Le truc c'est qu'en primaire on est responsable pendant un an de tous les apprentissages scolaires, qu'on soit compétent ou non d'ailleurs. Donc ça me semble en même temps assez "logique" qu'on puisse avoir l'impression de ne pas être à notre place quand nous voyons que nous échouons (que ce soit sur une séance ou sur une matière ou sur un enfant en particulier).
- VolubilysGrand sage
Car la plupart de ceux qui disent non sont dans le secondaire et la plupart de ceux qui disent oui dans le primaire, voilà pourquoi je dis ça.olive-in-oil a écrit:Volubilys a écrit:Je crois qu'il y a ici un clivage entre enseignants du primaire et enseignants du secondaire.
(...)
Je ne vois pas pourquoi.
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Je vous prie de m'excuser si mes messages contiennent des coquilles, je remercie les personnes qui me les signaleront par mp pour que je puisse les corriger.
- LilypimsGrand sage
supersoso a écrit:Tant mieux pour toi. Cela étant je crois aussi que nous faisons un métier différent. Si par exemple à la fin de l'année un élève de ma classe reste mutique (en mater par exemple), je me remettrais forcément en question (même si par ailleurs, c'est un élève non francophone) car je n'ai visiblement pas réussi à le mettre en confiance. Si à la fin du CP, un enfant ne sait pas lire, je sais que ça peut avoir un vrai impact sur sa vie future et je peux quand même me demander si ça n'est pas de ma faute (même si je peux trouver plein d'explication extérieure par ailleurs). Le truc c'est qu'en primaire on est responsable pendant un an de tous les apprentissages scolaires, qu'on soit compétent ou non d'ailleurs. Donc ça me semble en même temps assez "logique" qu'on puisse avoir l'impression de ne pas être à notre place quand nous voyons que nous échouons (que ce soit sur une séance ou sur une matière ou sur un enfant en particulier).
A qui réponds-tu, Supersoso ?
- supersosoSage
Lilypims a écrit:supersoso a écrit:Tant mieux pour toi. Cela étant je crois aussi que nous faisons un métier différent. Si par exemple à la fin de l'année un élève de ma classe reste mutique (en mater par exemple), je me remettrais forcément en question (même si par ailleurs, c'est un élève non francophone) car je n'ai visiblement pas réussi à le mettre en confiance. Si à la fin du CP, un enfant ne sait pas lire, je sais que ça peut avoir un vrai impact sur sa vie future et je peux quand même me demander si ça n'est pas de ma faute (même si je peux trouver plein d'explication extérieure par ailleurs). Le truc c'est qu'en primaire on est responsable pendant un an de tous les apprentissages scolaires, qu'on soit compétent ou non d'ailleurs. Donc ça me semble en même temps assez "logique" qu'on puisse avoir l'impression de ne pas être à notre place quand nous voyons que nous échouons (que ce soit sur une séance ou sur une matière ou sur un enfant en particulier).
A qui réponds-tu, Supersoso ?
Je répondais à olive qui disais :
Je n'ai pas de sentiment d'imposture pour autant, j'estime avoir prouvé plus d'une fois que j'étais bien à ma place.
Je rejoins tout à fait Volubilys : ça me semble une évidence qu'il y a là une vraie différence entre primaire et secondaire.
- olive-in-oilSage
Ok, je comprends mieux avec l'explication de soso.
Mais il n'en demeure pas moins que la pression que se mettent certains n'est pas légitime. L'échec fait aussi partie de notre métier.
Mais il n'en demeure pas moins que la pression que se mettent certains n'est pas légitime. L'échec fait aussi partie de notre métier.
- supersosoSage
olive-in-oil a écrit:Ok, je comprends mieux avec l'explication de soso.
Mais il n'en demeure pas moins que la pression que se mettent certains n'est pas légitime. L'échec fait aussi partie de notre métier.
Oui mais il est quand même impossible de se sentir légitime dans tous les domaines. Or dans le primaire nous les enseignons tous. Par exemple, je suis vraiment une quiche en anglais, en arts, en eps. Comment puis-je enseigner cela correctement à mes élèves ? J'en suis bien consciente ! Et comme le disais Volubylis on a aussi une pression et un regard extérieur plus fréquent que vous. Du coup, on peut vraiment l'avoir ce sentiment d'imposture (et par exemple, se retrouver avec sa classe à la piscine et se devoir prendre en charge un groupe de 14 élèves par exemple et devoir leur apprendre direct à nager, oui je me sens fortement illégitime et j'ai en plus l'impression de mettre mes élèves en danger : mais en même temps, je n'ai pas le choix ni le droit de refuser. ET j'ai la joie en plus dans ce type de circonstance d'avoir des parents qui me regardent !)
- TinselExpert
C'est clair que l'anglais quand on a des anglophones dans la classe et la piscine c'est le pompon!
A la piscine je m'occupe de tous mes élèves. Donc j'ai un groupe avec moi et le pire, un ou plusieurs groupes sous la responsabilité d'un parent à qui je dois expliquer quoi faire, combien de temps passer sur chaque activité, comment réagir si les enfants n'y arrivent pas etc............
A la piscine je m'occupe de tous mes élèves. Donc j'ai un groupe avec moi et le pire, un ou plusieurs groupes sous la responsabilité d'un parent à qui je dois expliquer quoi faire, combien de temps passer sur chaque activité, comment réagir si les enfants n'y arrivent pas etc............
- thrasybuleDevin
Merci Rikki pour cette question. J'avoue avoir beaucoup de difficultés à en parler tant les domaines sur lesquels s'exercent ce travail sont flous, brouillés et souvent contradictoires. Devant des élèves, et d'ailleurs devant quelque auditeur que ce soit, j'ai toujours eu une espèce de capacité instinctive à partager l'amour que j'avais pour des idées, des découvertes, des oeuvres, bref une sorte de débordement de l'intellect qui ne pouvait que communiquer avec l'extérieur: le savoir est, selon moi, une érotique, au sens platonicien, et il constitue le sommet d'un triangle qui relie la conscience et autrui. Cela n'a jamais changé, c'était le cas avant même que j'enseigne et, en ce sens, on ne m'a jamais appris à enseigner. C'est vraiment l'évaporation des subjectivités réductrices dans une médiation qui fait s'évanouir la somme des petits moi haïssables. Bref, j'avouerais que je me fiche un peu de ceux qui sont en face de moi( ne me tapez pas, je parle des particularismes qui s'additionnent non des consciences qui s'éveillent) et je fais toute confiance à la beauté qui est le pont jeté entre moi et les élèves
En revanche, là où j'ai l'impression d'être un imposteur, un alien, un passager clandestin, c'est face à la sclérose moralisatrice qui vient gangréner, non seulement le rapport au savoir( carcan didactique, remise en cause dela liberté pédagogique, uniformisation des pédagogies sous couleur de travail collectif, négation de la singularité de chaque professeur au savoir, mais je comprends que ça rassure quand on n'est pas sûr de soi) mais aussi la manière d'être: on demande que les professeurs soient des modèles, les porteurs de valeurs morales, sociales et citoyennes. Quelles valeurs? Je ne sais pas, et pourtant-dirais-je empiriquement- les trois-quarts des collègues que je côtoie semblent être sûrs de ce qu'il faut apprendre pour régler sa vie, dénouer les problèmes de l'inconscient, bref mener une vie heureuse, pour parler comme Sénèque. La conséquence: une intrusion permanente dans les affects, les conditions sociales des élèves qui- croyant les en libérer- au contraire les y enferme. Je ne sais rien de ce qu'il faut pour qu'un élève réussisse sa vie, vraiment rien, et jamais je ne saurai transmettre cet aspect.
En revanche, là où j'ai l'impression d'être un imposteur, un alien, un passager clandestin, c'est face à la sclérose moralisatrice qui vient gangréner, non seulement le rapport au savoir( carcan didactique, remise en cause dela liberté pédagogique, uniformisation des pédagogies sous couleur de travail collectif, négation de la singularité de chaque professeur au savoir, mais je comprends que ça rassure quand on n'est pas sûr de soi) mais aussi la manière d'être: on demande que les professeurs soient des modèles, les porteurs de valeurs morales, sociales et citoyennes. Quelles valeurs? Je ne sais pas, et pourtant-dirais-je empiriquement- les trois-quarts des collègues que je côtoie semblent être sûrs de ce qu'il faut apprendre pour régler sa vie, dénouer les problèmes de l'inconscient, bref mener une vie heureuse, pour parler comme Sénèque. La conséquence: une intrusion permanente dans les affects, les conditions sociales des élèves qui- croyant les en libérer- au contraire les y enferme. Je ne sais rien de ce qu'il faut pour qu'un élève réussisse sa vie, vraiment rien, et jamais je ne saurai transmettre cet aspect.
- olive-in-oilSage
C'est le système qui est en cause. Les profs des écoles font de leur mieux. Je comprends mieux ce que vous dites (soso et volu), moi j'enseigne une spécialisation qui est ma passion depuis que j'ai 3 ans, j'y suis parfaitement à l'aise.
Néanmoins, il faut mettre dans la balance tout ce qui marche bien, toutes les réussites...
Néanmoins, il faut mettre dans la balance tout ce qui marche bien, toutes les réussites...
- CelebornEsprit sacré
C'est mon métier, et je m'y sens bien. « J'enseigne, c'est tout », comme dit le sondage
Et je rejoins complètement la vision développée par Véronique Marchais.
Et je rejoins complètement la vision développée par Véronique Marchais.
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"On va bien lentement dans ton pays ! Ici, vois-tu, on est obligé de courir tant qu'on peut pour rester au même endroit. Si on veut aller ailleurs, il faut courir au moins deux fois plus vite que ça !" (Lewis Carroll)
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