- adelaideaugustaFidèle du forum
Clarinette a écrit:Malheureusement bien d'accord avec toi.Artémise a écrit:Cela dit j'avais été assez consternée par ce que j'entendais des camarades agrégatifs de lettres qu'on croisait souvent, nous les agrégatifs d'histoire, pour de sombres raisons d'emploi du temps et de libération des salles. J'ai découvert avec ahurissement qu'on pouvait prétendre passer le capes de lettres classiques en ignorant à peu près tout des grands classiques (du genre Montaigne, Corneille, Racine, Saint-Simon ou même Molière, "c'est vraiment trop chiant") qui n'étaient que très vaguement connus par une malheureuse anthologie.
Je veux bien que le stress du concours et la fatigue amènent à une certaine détestation temporaire de la matière en question, mais j'en croise encore régulièrement, des spécimens qui ont eu les concours ou sont en train de les passer, et ne cachent pas ne lire que de la science-fiction de base, Harry Potter et Fifty Shades of Grey. J'ai des copines, charmantes par ailleurs, prof de lettres, qui fonctionnent ainsi.
Dans pas mal de soirées pleines de profs, il est rarement possible d'échanger sur la littérature ou sur autre chose que le dernier machin hollywoodien, sous peine de passer pour le rabat-joie, l'intello pisse-vinaigre.
Alors bien sûr on n'est pas obligé de ne lire QUE des auteurs classiques dans le texte, bien sûr qu'on peut aussi aimer les grosses machines hollywoodiennes... mais quand il n'y a QUE cela, on est en droit de se poser des questions.
Tes propos me rappellent deux anecdotes : une copine certifiée d'anglais avec qui j'ai fait une partie de mes études me confiait il y a fort longtemps : "Je passerais bien l'agreg, mais rien que l'idée de lire plusieurs classiques, et en anglais, en plus, ça m'épuise !" :shock: :shock: :shock:
D'autre part, mes collègues sont manifestement collés soir après soir à leur téléviseur et en ce moment, il y a je ne sais quelle émission de radio-crochet ou équivalent, qui monopolise les conversations en salle des maîtres... Ouais, je dois être une intello chiante...
Pour finir et en revenir à la culture de nos ados, j'étais une ado bien plus cultivée que la moyenne, venant d'une famille de médecins férus de littérature et de grande musique, donc je ne devais pas cette culture à mon mérite personnel, quoi qu'un peu quand même, car dévoreuse de bouquins, mais bref. Ce que je veux dire, c'est que pour nos élèves n'ayant pas la chance d'avoir été nourris intellectuellement par leurs parents, nous sommes les derniers remparts contre l'ignorance : c'est pour cette raison que je me refuse à étudier des œuvres de "littérature de jeunesse", que je fais écouter de la belle musique à mes élèves, que je les emmène au musée, qu'ils apprennent des poèmes de Hugo et Gautier, etc.
Même dans les lycées des grandes villes, on étudie rarement une grande oeuvre classique.
Je me souviens du jour où ma petite-fille m'a dit : "On va peut-être étudier "Le Cidre" !!!(sic), et c'en est resté là.
Une autre, interrogée sur Ronsard, m'a dit : "C'est un collège"..."ah, non, c'est une rose"...Je lui ai récité "Quand vous serez bien vieille..." etc.
A part la littérature jeunesse ou Harry Potter, ils restent souvent ignorants de cette immense littérature si passionnante, si inépuisable, mais c'est dès le primaire qu'on devrait leur en donner le goût...si toutefois ils avaient appris à lire. J'en crève de tristesse...
- ElaïnaDevin
Ce qui m'afflige dans tout ça, c'est ce que me raconte une amie qui a bossé dans un collège africain : ses élèves, quasiment sans cahiers ni livres, sont capables de réciter des pages entières des grands classiques.
_________________
It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
Ma page Facebook https://www.facebook.com/Lire-le-Japon-106902051582639
- IphigénieProphète
Justement sur Ronsard: je viens d'interroger pour un bac blanc des élèves de L qui ont étudié cet auteur:
je me désole en me rendant compte qu'il devient inaccessible à des élèves broyés par une fausse culture soi-disant techniciste, me parlant d'anadiplose et d'ekphrasis à chaque strophe , ignorant tout du contexte culturel de la Renaissance et encore plus du jeu et du défi de l'imitation des auteurs latins: que reste-t-il?
un pauvre type qui parle d'amour"à la femme qu'il aime" (ouf, on n'est pas passé loin de " sa meuf") en utilisant une métaphore d'une banalité affligeante seulement lisible parce qu'"un peu romantique" (dixit) "mais non, ça ne ma plaît pas trop parce que c'est vieux."Et qui est moine puisque tonsuré donc, il peut pas épouser, c'est ça son drame.
je me désole en me rendant compte qu'il devient inaccessible à des élèves broyés par une fausse culture soi-disant techniciste, me parlant d'anadiplose et d'ekphrasis à chaque strophe , ignorant tout du contexte culturel de la Renaissance et encore plus du jeu et du défi de l'imitation des auteurs latins: que reste-t-il?
un pauvre type qui parle d'amour"à la femme qu'il aime" (ouf, on n'est pas passé loin de " sa meuf") en utilisant une métaphore d'une banalité affligeante seulement lisible parce qu'"un peu romantique" (dixit) "mais non, ça ne ma plaît pas trop parce que c'est vieux."Et qui est moine puisque tonsuré donc, il peut pas épouser, c'est ça son drame.
- PurpleBannerNiveau 7
Je pense qu'il est malgré tout difficile de ne pas être "culturo-centré", cela relève de l'exercice, de la discipline d'être ouvert, cela n'a rien de naturel... surtout pour un prof qui doit choisir "ce qui est bon" à transmettre.
Quand j'étais en 1ère, en cours de français, je ne sais plus pourquoi, le prof interpelle la classe sur un auteur, essaye de nous en faire deviner le nom en nous donnant des indices, en le replaçant dans sa période historique, les gens qu'il a fréquentés, etc. Dans ma tête, je cherchais vraiment (j'étais un rat de bibliothèque, mais je lisais Sartre, Sagan, Beauvoir, Gide, Troyat...) il me semblait que je pouvais trouver le nom de ce fameux auteur! Silence, assez long puis, un doigt se lève (LA tête de classe):
"- Agrippa d'Aubigné?" (moi: Agrippe à quoi?)
C'était ça. Le prof a littéralement joui sur place...Il a inondé la gamine en félicitations et moi j'étais mortifiée... de jalousie, peut-être un peu, mais je n'aurais de toute façon, pas pu croiser cet auteur dans mon parcours de lectrice autodidacte (mes parents ne lisaient pas de littérature) et ça, je le savais...
J'ai donc trouvé ça profondément injuste.
C'était en quelque sorte la valorisation d'une culture qui, pour moi, à ce moment-là, était inaccessible. Et du coup, la dépréciation de celle que j'étais en train de me construire. Du coup, je fais un rejet: dès que j'entends ce nom, Aggripa d'Aubigné, mon poil se hérisse: "Quoi? Encore ce c..."
Quand j'étais en 1ère, en cours de français, je ne sais plus pourquoi, le prof interpelle la classe sur un auteur, essaye de nous en faire deviner le nom en nous donnant des indices, en le replaçant dans sa période historique, les gens qu'il a fréquentés, etc. Dans ma tête, je cherchais vraiment (j'étais un rat de bibliothèque, mais je lisais Sartre, Sagan, Beauvoir, Gide, Troyat...) il me semblait que je pouvais trouver le nom de ce fameux auteur! Silence, assez long puis, un doigt se lève (LA tête de classe):
"- Agrippa d'Aubigné?" (moi: Agrippe à quoi?)
C'était ça. Le prof a littéralement joui sur place...Il a inondé la gamine en félicitations et moi j'étais mortifiée... de jalousie, peut-être un peu, mais je n'aurais de toute façon, pas pu croiser cet auteur dans mon parcours de lectrice autodidacte (mes parents ne lisaient pas de littérature) et ça, je le savais...
J'ai donc trouvé ça profondément injuste.
C'était en quelque sorte la valorisation d'une culture qui, pour moi, à ce moment-là, était inaccessible. Et du coup, la dépréciation de celle que j'étais en train de me construire. Du coup, je fais un rejet: dès que j'entends ce nom, Aggripa d'Aubigné, mon poil se hérisse: "Quoi? Encore ce c..."
- IphigénieProphète
L'école est faite pour la donner, cette culture! pas vérifier si elle est acquise...
Mais pour pouvoir transmettre encore faut-il avoir un récepteur.
Et c'est vrai que l'idée que seul le Nouveau est intéressant est très communément véhiculée, partout aujourd'hui, de la publicité à la pédagogie en passant par l'impératif de croissance et de consommation.
Mais pour pouvoir transmettre encore faut-il avoir un récepteur.
Et c'est vrai que l'idée que seul le Nouveau est intéressant est très communément véhiculée, partout aujourd'hui, de la publicité à la pédagogie en passant par l'impératif de croissance et de consommation.
- doublecasquetteEnchanteur
iphigénie a écrit:L'école est faite pour la donner, cette culture! pas vérifier si elle est acquise...
Mais pour pouvoir transmettre encore faut-il avoir un récepteur.
Et c'est vrai que l'idée que seul le Nouveau est intéressant est très communément véhiculée, partout aujourd'hui, de la publicité à la pédagogie en passant par l'impératif de croissance et de consommation.
+ 1
Décidément, nous sommes d'accord d'un bout à l'autre !
- IphigénieProphète
C'est un honneur, très chère
- EdgarNeoprof expérimenté
Artémise a écrit:Ce qui m'afflige dans tout ça, c'est ce que me raconte une amie qui a bossé dans un collège africain : ses élèves, quasiment sans cahiers ni livres, sont capables de réciter des pages entières des grands classiques.
...Ce qui ne me surprend pas une seconde lorsqu'on les entend parler parfois à la télé : le choix des mots, la précision du vocabulaire de n'importe quel Africain m'amuse toujours tant ces mots sont précis et savants, ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui des Français de notre pays quand on leur demande d'articuler trois phrases à la TV ou la radio (les manques sont souvent comblés par des "voilà..." horripilants, des "comme ça" pour évoquer une connivence qui n'a pourtant pas lieu car le mot n'est pas cité ou pas connu...)
- CarabasVénérable
Souvenirs : je me souviens avoir été la seule à savoir que George Sand était une femme dans ma classe de 3e. Cela dit, je me rends compte que je savais ça parce que de moi-même j'avais lu la Petite Fadette.
Mais je me souviens aussi que l'on savait tous que le XVIIIe siècle = siècle des Lumières. Ce n'est pourtant pas très poussé comme connaissances mais tous le savaient. Or, aujourd'hui, mes élèves, pour la plupart, ne savent même plus ça. Comment est-ce possible? Pourtant, on leur en parle, des Lumières. Et je ne suis pas dans un coin défavorisé.
Mais je me souviens aussi que l'on savait tous que le XVIIIe siècle = siècle des Lumières. Ce n'est pourtant pas très poussé comme connaissances mais tous le savaient. Or, aujourd'hui, mes élèves, pour la plupart, ne savent même plus ça. Comment est-ce possible? Pourtant, on leur en parle, des Lumières. Et je ne suis pas dans un coin défavorisé.
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Les chances uniques sur un million se réalisent neuf fois sur dix.
Terry Pratchett
- adelaideaugustaFidèle du forum
iphigénie a écrit:Justement sur Ronsard: je viens d'interroger pour un bac blanc des élèves de L qui ont étudié cet auteur:
je me désole en me rendant compte qu'il devient inaccessible à des élèves broyés par une fausse culture soi-disant techniciste, me parlant d'anadiplose et d'ekphrasis à chaque strophe , ignorant tout du contexte culturel de la Renaissance et encore plus du jeu et du défi de l'imitation des auteurs latins: que reste-t-il?
un pauvre type qui parle d'amour"à la femme qu'il aime" (ouf, on n'est pas passé loin de " sa meuf") en utilisant une métaphore d'une banalité affligeante seulement lisible parce qu'"un peu romantique" (dixit) "mais non, ça ne ma plaît pas trop parce que c'est vieux."Et qui est moine puisque tonsuré donc, il peut pas épouser, c'est ça son drame.
Iphigénie, j'ouvre ce livre au hasard : "Une collègue, inspecteur d'Académie-inspecteur pédagogique régional donne, non sans humour, cet exemple rencontré : " Ronsard va-t-il convaincre Hélène de lui rendre son amour ? Étudiez le circuit argumentatif."
Par-delà l'anecdote, on reconnaîtra une dérive -dont le collège avec La Fontaine ou la classe de première avec l'essai et l'apologue fourniraient maints autres exemples- : limiter l'analyse du texte à une part seconde, le plier à la notion voulue, faire de l'argumentation le moule commun."
Adieu donc, au profit d'une nomenclature qui, inlassablement, laboure la surface des choses, à ce qui n'est ni mesurable, ni objectivable. Adieu à l'émotion esthétique, à l'approche des symboles, à la réflexion sur la société et le monde, au sens de la vie et de la mort, à la justice, au progrès, au destin et à la liberté. Adieu aux leçons de vocabulaire sans lesquelles la pensée végète dans la répétition de ses ornières, adieu enfin à la maîtrise de la syntaxe sans laquelle elle s'éparpille et se délite".
Ailleurs : "Comment les élèves peuvent-ils s'intéresser à la littérature, quand ils doivent presque exclusivement se pencher sur des notions techniques? " ; ( C'est exactement ce que vous déplorez !)
( Michel Leroux, "De l'élève à l'apprenant, et autres pamphlets", la destruction programmée de l'enseignement des lettres, de Fallois, juin 2007. p.102-103)
- adelaideaugustaFidèle du forum
Carabas a écrit:Souvenirs : je me souviens avoir été la seule à savoir que George Sand était une femme dans ma classe de 3e. Cela dit, je me rends compte que je savais ça parce que de moi-même j'avais lu la Petite Fadette.
Mais je me souviens aussi que l'on savait tous que le XVIIIe siècle = siècle des Lumières. Ce n'est pourtant pas très poussé comme connaissances mais tous le savaient. Or, aujourd'hui, mes élèves, pour la plupart, ne savent même plus ça. Comment est-ce possible? Pourtant, on leur en parle, des Lumières. Et je ne suis pas dans un coin défavorisé.
Et aussi : "Par contre", qui vient comme des cheveux sur la soupe.
- EdgarNeoprof expérimenté
iphigénie a écrit:L'école est faite pour la donner, cette culture! pas vérifier si elle est acquise...
Mais pour pouvoir transmettre encore faut-il avoir un récepteur.
Et c'est vrai que l'idée que seul le Nouveau est intéressant est très communément véhiculée, partout aujourd'hui, de la publicité à la pédagogie en passant par l'impératif de croissance et de consommation.
Je suis absolument d'accord avec vous, et cet enrichissement culturel doit pouvoir se faire tout au long d'un cycle, par petites touches, petites anecdotes, petites digressions parfois. Les choses restent dans la tête des élèves au bout du compte et permettent de créer cette connivence culturelle qui permet de décoder un peu le monde qui nous entoure. Encore faut-il que le professeur soit lui-même capable de transmettre un petit peu de culturel, et ce n'est pas forcément le cas de tous malheureusement aujourd'hui.
La dérive qui consiste depuis quelques temps à privilégier toujours le fameux "appel au vécu" de l'élève est à mon avis une idée mal comprise ou mal formulée : considérer qu'il faut s'en tenir au vécu de l'élève comme étant le modèle pédagogique de tout apprentissage est une erreur car cela cantonne l'école dans une sorte de bouillie informe et infâme de concepts vulgaires et brouillons dans une langue approximative qui flatte la médiocrité ambiante. Mais il me semble qu'il faut savoir s'en servir comme d'une porte d'entrée dans quelque chose, ou alors de porte de sortie, qui permet de relier certaines notions ou acquis à la réalité de la vie perçue à ce jour par les élèves et les motive ou leur permet de retenir. Ce n'est pas l'un ou l'autre, mais l'un et l'autre, un aller-retour qui permet justement de s'approprier les savoirs.
Je ne suis ni professeur de lettres, ni professeur d'HG, et j'insiste sur le fait que la culture ne doit pas être cantonnée à ces 2 matières.
- PurpleBannerNiveau 7
Avec mes élèves, je pars du principe qu'on ne partage de culture que celle de la classe (français-maths + quelques restes , sorties, films et livres vus et lus) et celle de la télé (dont ils sont gavés, je suis bien d'accord, mais est-ce leur faute?).
J'ai des CM2. Deux de mes élèves ont refusé de faire le test de natation (par peur), du coup elles ont été "recalées" avec les CP... Sur le chemin de la piscine, hier, à l'aller, je discute avec elles de l'émission de TF1 "Splash", blablabla...(qu'elles avaient regardée, je le savais d'avance...culture commune je vous dis...). En arrivant, elles ont demandé au maître nageur de passer les tests (qu'elles ont réussi, médiocrement, certes) et ont pu changer de groupe.
Une heure plus tard, par contre, littérature "La Belle au bois dormant" de Perrault. Au détour de la phrase:
"Cependant tout le Palais s'était réveillé avec la Princesse; chacun songeait à faire sa charge, et comme ils n'étaient pas tous amoureux, ils mouraient de faim (...)"
Je demande si tout le monde a compris qui a faim ("tout le monde"), qui n'a pas faim ("les amoureux"), j'explique pourquoi (Sciences: chimie du cerveau, blablabla)...Un doigt se lève: "Mais alors, pourquoi on va au restaurant quand on est amoureux?" :|
Un des élèves les plus fins de ma classe a lâché: "Ben c'est pour montrer que t'as de l'argent!"
J'ai des CM2. Deux de mes élèves ont refusé de faire le test de natation (par peur), du coup elles ont été "recalées" avec les CP... Sur le chemin de la piscine, hier, à l'aller, je discute avec elles de l'émission de TF1 "Splash", blablabla...(qu'elles avaient regardée, je le savais d'avance...culture commune je vous dis...). En arrivant, elles ont demandé au maître nageur de passer les tests (qu'elles ont réussi, médiocrement, certes) et ont pu changer de groupe.
Une heure plus tard, par contre, littérature "La Belle au bois dormant" de Perrault. Au détour de la phrase:
"Cependant tout le Palais s'était réveillé avec la Princesse; chacun songeait à faire sa charge, et comme ils n'étaient pas tous amoureux, ils mouraient de faim (...)"
Je demande si tout le monde a compris qui a faim ("tout le monde"), qui n'a pas faim ("les amoureux"), j'explique pourquoi (Sciences: chimie du cerveau, blablabla)...Un doigt se lève: "Mais alors, pourquoi on va au restaurant quand on est amoureux?" :|
Un des élèves les plus fins de ma classe a lâché: "Ben c'est pour montrer que t'as de l'argent!"
- IphigénieProphète
Je crois que c'est devenu encore plus compliqué que cela:Je suis absolument d'accord avec vous, et cet enrichissement culturel doit pouvoir se faire tout au long d'un cycle, par petites touches, petites anecdotes, petites digressions parfois. Les choses restent dans la tête des élèves au bout du compte et permettent de créer cette connivence culturelle qui permet de décoder un peu le monde qui nous entoure. Encore faut-il que le professeur soit lui-même capable de transmettre un petit peu de culturel, et ce n'est pas forcément le cas de tous malheureusement aujourd'hui.
les programmes de lettres ont été déconnectés des programmes d'histoire, les pratiques du "groupement de textes" sont extrêmement destructrices de ce qui fait l'originalité propre d'un texte, et poussent à ne chercher dans les textes que l'inessentiel, ce en quoi ils ressemblent aux autres, ce qui est encore accentué par les "questions sur corpus "modèle EAF (La Bruyère versus Prévert: cherchez ce que ces textes ont en commun...),les élèves n'ont plus de manuels, ou plus de manuels dignes de ce nom: tout est mélangé, rien n'invite à une saisie en contexte: les synthèses réduites sont illisibles pour les élèves, pleines de sous-entendus culturels et de pédanteries indécryptables pour les élèves, et on manque cruellement de temps, ce qui pousse à négliger les contextes pour se concentrer sur les textes qui du coup n'ont plus de support... etc etc.
- JacqGuide spirituel
Mousse a écrit:
Mais là où il n'y a pas de livre, là où les mères regardent à longueur de temps des séries tv débiles.....ils font comment les gamins? La culture elle tombe pas du ciel.
Oui, une bonne part du problème est là.
- philannDoyen
En parlant de lettres, quand j'étais en 2nde, j'aurais très volontiers tuer les auteurs du manuel "Les techniques littéraires". S'il est /s'ils sont membre(s) de Néo, j'en suis désolée mais je leur voue une haine féroce. J'ai eu le malheur d'être réellement littéraire et à lire ce manuel on aurait pu croire très honnêtement que Voltaire était un auteur d'exercices!!!
Des fois nous avons l'art, en tant qu'enseignants, de nous tirer nous mêmes des balles dans le pied!
Des fois nous avons l'art, en tant qu'enseignants, de nous tirer nous mêmes des balles dans le pied!
_________________
2014-2015: poste fixe dans les Hauts de Seine
2013-2014: certifiée stagiaire dans les Hauts de Seine
2011-2013: prof. contractuelle dans l'Essonne
- JacqGuide spirituel
Dinaaa a écrit:
On ne se comprend pas... je parle d'élèves qui ne sont JAMAIS sortis de leur ville, qui y habitent, y vont à l'école, y passent leurs we et leurs vacances, qui y ont leurs grands-parents, leurs amis et leur supermarché. Ils ne connaissent ni Carcassonne, ni le pont du Gard, ni les différentes régions française. [...]
A chaque que j'étudiais les fonctions urbaines de la ville de mes classes comme lieu de "loisirs" ils plaçaient les supermarchés et zones commerciales du coin.
- MarieLNeoprof expérimenté
PurpleBanner a écrit:Je pense qu'il est malgré tout difficile de ne pas être "culturo-centré", cela relève de l'exercice, de la discipline d'être ouvert, cela n'a rien de naturel... surtout pour un prof qui doit choisir "ce qui est bon" à transmettre.
Quand j'étais en 1ère, en cours de français, je ne sais plus pourquoi, le prof interpelle la classe sur un auteur, essaye de nous en faire deviner le nom en nous donnant des indices, en le replaçant dans sa période historique, les gens qu'il a fréquentés, etc. Dans ma tête, je cherchais vraiment (j'étais un rat de bibliothèque, mais je lisais Sartre, Sagan, Beauvoir, Gide, Troyat...) il me semblait que je pouvais trouver le nom de ce fameux auteur! Silence, assez long puis, un doigt se lève (LA tête de classe):
"- Agrippa d'Aubigné?" (moi: Agrippe à quoi?)
C'était ça. Le prof a littéralement joui sur place...Il a inondé la gamine en félicitations et moi j'étais mortifiée... de jalousie, peut-être un peu, mais je n'aurais de toute façon, pas pu croiser cet auteur dans mon parcours de lectrice autodidacte (mes parents ne lisaient pas de littérature) et ça, je le savais...
J'ai donc trouvé ça profondément injuste.
C'était en quelque sorte la valorisation d'une culture qui, pour moi, à ce moment-là, était inaccessible. Et du coup, la dépréciation de celle que j'étais en train de me construire. Du coup, je fais un rejet: dès que j'entends ce nom, Aggripa d'Aubigné, mon poil se hérisse: "Quoi? Encore ce c..."
Ce n'est pas chez moi que j'ai pu découvrir les auteurs classiques. Mais d'Aubigné m'était familier bien avant de l'étudier. Je dévorais absolument tout ce qui me tombait sous la main, y compris les manuels en début d'année. Et les exercices de grammaire s'appuyaient toujours sur des extraits classiques.
D'ailleurs, au tout début, il m'est arrivé de donner ce genre d'exercice à mes élèves, à chaque fois ils demandaient à quoi servaient les parenthèses* à la fin...
* le nom de l'auteur
** bon, voilà qui ne me rajeunit pas ! Ce doit être le jour, avec la collègue qui a répondu ce matin que s'il y a déjà eu sujets au choix pour le DNB série générale, ce devait être "il y a très longtemps"
_________________
Je suis ce que je suis et je suis l'être même, je suis ma volonté en moi-même exaucée - A. Kalda
- User5899Demi-dieu
Tout le monde se plaint. Mais
-on peut étudier des textes sans jargonner à tout bout de champ ;
-on peut proposer des groupements de textes ou des corpus qui ne couvrent pas six siècles, mais se centrent sur un auteur ou une oeuvre ;
-Il y a toujours eu au Bac une épreuve dite de commentaire de texte ; ça n'a rien de neuf ; et éviter la simple paraphrase ne s'obtient pas par le seul jargon
-on peut étudier des textes sans jargonner à tout bout de champ ;
-on peut proposer des groupements de textes ou des corpus qui ne couvrent pas six siècles, mais se centrent sur un auteur ou une oeuvre ;
-Il y a toujours eu au Bac une épreuve dite de commentaire de texte ; ça n'a rien de neuf ; et éviter la simple paraphrase ne s'obtient pas par le seul jargon
- grandesvacancesNeoprof expérimenté
De toute façon, un GT qui fait le grand écart, c'est un non-sens !
- philannDoyen
Cripure a écrit:Tout le monde se plaint. Mais
-on peut étudier des textes sans jargonner à tout bout de champ ;
-on peut proposer des groupements de textes ou des corpus qui ne couvrent pas six siècles, mais se centrent sur un auteur ou une oeuvre ;
-Il y a toujours eu au Bac une épreuve dite de commentaire de texte ; ça n'a rien de neuf ; et éviter la simple paraphrase ne s'obtient pas par le seul jargon
"les Techniques littéraires" sont donc mortes et enterrées
- Spoiler:
- rien que ce terme non d'un chien!!
- User5899Demi-dieu
Il ne faut pas tomber dans l'excès inverse, non plus. Ce n'est pas en redisant un texte qu'on le comprend. C'est juste que c'est à nous à poser les barrières. Savoir repérer une figure de style qui a du sens est utile, pareil pour la valeur d'un temps, pareil pour un point de vue, etc. Mais ce n'est pas le collage de l'étiquette qui est le plus important, voilà.philann a écrit:Cripure a écrit:Tout le monde se plaint. Mais
-on peut étudier des textes sans jargonner à tout bout de champ ;
-on peut proposer des groupements de textes ou des corpus qui ne couvrent pas six siècles, mais se centrent sur un auteur ou une oeuvre ;
-Il y a toujours eu au Bac une épreuve dite de commentaire de texte ; ça n'a rien de neuf ; et éviter la simple paraphrase ne s'obtient pas par le seul jargon
"les Techniques littéraires" sont donc mortes et enterrées
- Spoiler:
rien que ce terme non d'un chien!!
- IphigénieProphète
Bon alors " récolte"d'aujourd'hui:(toujours mon bac blanc des L: (sur l'air de "Mais où sont les neiges d'antan?)
-Ronsard est un romantique il fait passer le message qu'il faut aimer et c'est pour ça qu'il est humaniste, c'est humain, quoi.
-Les guerres dont parlent Ronsard et d'Aubigné c'est pour passer le message que la guerre c'est cruel. Il s'agissait des guerres contre Napoléon.
-Quelle est la composition du sonnet? Il contient des images. HS_(de l'influence de la compositon des plats surgelés sur la poésie de la Pleïade)-fin du HS
-Sinon Ronsard j'ai pas trop aimé, c'est vieux, il comprend pas notre monde.
Et vous ne voudriez pas que je déprime? :abk:
-Ronsard est un romantique il fait passer le message qu'il faut aimer et c'est pour ça qu'il est humaniste, c'est humain, quoi.
-Les guerres dont parlent Ronsard et d'Aubigné c'est pour passer le message que la guerre c'est cruel. Il s'agissait des guerres contre Napoléon.
-Quelle est la composition du sonnet? Il contient des images. HS_(de l'influence de la compositon des plats surgelés sur la poésie de la Pleïade)-fin du HS
-Sinon Ronsard j'ai pas trop aimé, c'est vieux, il comprend pas notre monde.
Et vous ne voudriez pas que je déprime? :abk:
- Invité20Habitué du forum
iphigénie a écrit:Bon alors " récolte"d'aujourd'hui:
-Ronsard est un romantique il fait passer le message qu'il faut aimer et c'est pour ça qu'il est humaniste, c'est humain, quoi.
-Les guerres dont parlent Ronsard et d'Aubigné c'est pour passer le message que la guerre c'est cruel. Il s'agissait des guerres contre Napoléon.
-Quelle est la composition du sonnet? Il contient des images. HS_(de l'influence de la compositon des plats surgelés sur la poésie de la Pleïade)-fin du HS
-Sinon Ronsard j'ai pas trop aimé, c'est vieux, il comprend pas notre monde.
Et vous ne voudriez pas que je déprime?
Mais pourquoi ? Pourquoi ?
Que s'est-il donc passé pour qu'on en arrive là ?
Une telle désinvolture face au savoir, c'est tout simplement inhumain.
Il vaut mieux dans ces conditions faire dès la
Ou alors, on cogne. On ne peut tolérer ça !
Qu'un Luc Chatel s'en fiche et ne comprenne pas, ça se conçoit, mais un Peillon ? Mettons-lui le nez sur ces copies en le sommant de s'expliquer là-dessus.
Je suis hors de moi.
- ElaïnaDevin
doublecasquette véto a écrit:iphigénie a écrit:Bon alors " récolte"d'aujourd'hui:
-Ronsard est un romantique il fait passer le message qu'il faut aimer et c'est pour ça qu'il est humaniste, c'est humain, quoi.
-Les guerres dont parlent Ronsard et d'Aubigné c'est pour passer le message que la guerre c'est cruel. Il s'agissait des guerres contre Napoléon.
-Quelle est la composition du sonnet? Il contient des images. HS_(de l'influence de la compositon des plats surgelés sur la poésie de la Pleïade)-fin du HS
-Sinon Ronsard j'ai pas trop aimé, c'est vieux, il comprend pas notre monde.
Et vous ne voudriez pas que je déprime?
Mais pourquoi ? Pourquoi ?
Que s'est-il donc passé pour qu'on en arrive là ?
Une telle désinvolture face au savoir, c'est tout simplement inhumain.
Il vaut mieux dans ces conditions faire dès lasecondequatrième un enseignement de littérature facultatif. Les autres feront du Bled et des dictées.
Ou alors, on cogne. On ne peut tolérer ça !
Qu'un Luc Chatel s'en fiche et ne comprenne pas, ça se conçoit, mais un Peillon ? Mettons-lui le nez sur ces copies en le sommant de s'expliquer là-dessus.
- dandelionVénérable
En terminale L? Mais on apprenait la composition du sonnet en collège non? La dernière phrase était à l'écrit? Non mais là ce n'est plus de la déprime, c'est au delà.iphigénie a écrit:Bon alors " récolte"d'aujourd'hui:(toujours mon bac blanc des L: (sur l'air de "Mais où sont les neiges d'antan?)
-Ronsard est un romantique il fait passer le message qu'il faut aimer et c'est pour ça qu'il est humaniste, c'est humain, quoi.
-Les guerres dont parlent Ronsard et d'Aubigné c'est pour passer le message que la guerre c'est cruel. Il s'agissait des guerres contre Napoléon.
-Quelle est la composition du sonnet? Il contient des images. HS_(de l'influence de la compositon des plats surgelés sur la poésie de la Pleïade)-fin du HS
-Sinon Ronsard j'ai pas trop aimé, c'est vieux, il comprend pas notre monde.
Et vous ne voudriez pas que je déprime? :abk:
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