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Chocolat
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Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ? - Page 10 Empty Re: Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ?

par Chocolat 30th Septembre 2014, 19:39
Lefteris a écrit:
Elyas a écrit:

Tes propos sont contradictoires. L'un empêche l'autre justement.
Je ne vois pas la contradiction , on peut tout  à fait défendre certaines valeurs quand on fait son boulot (je ne ferais pas n'importe quoi, je me bats pour ma matière en sachant pertinemment que c'est foutu), mais justement, se rappeler que c'est avant tout un boulot qui nous permet de manger. Viendrait-on, si du jour au lendemain on avait des revenus ? La réponse est dans la question...

Mais des boulots "avant tout pour manger", il y en a des tas d'autres.



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Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ? - Page 10 Empty Re: Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ?

par Lefteris 30th Septembre 2014, 19:46
Elyas a écrit:
Lefteris a écrit:
Elyas a écrit:

Tes propos sont contradictoires. L'un empêche l'autre justement.
Je ne vois pas la contradiction , on peut tout  à fait défendre certaines valeurs quand on fait son boulot (je ne ferais pas n'importe quoi, je me bats pour ma matière en sachant pertinemment que c'est foutu), mais justement, se rappeler que c'est avant tout un boulot qui nous permet de manger. Viendrait-on, si du jour au lendemain on avait des revenus ? La réponse est dans la question...

La réponse est dans la question seulement si on le voit comme alimentaire. Moi qui le vois comme un engagement et une vocation, je ne donne pas la réponse qui serait dans la question. C'est là toute la différence et, sans vouloir polémiquer, c'est pour moi une des causes de l'effondrement de notre profession.
Je crois que l'effondrement de notre profession , qui rend ce métier à fuir pour les plus jeunes comme on le voit, à supporter pour les plus anciens, vient justement des coups redoublés portés au métier par la société, ses dirigeants, avec les complicités intéressées de charlatans et de bureaucrates .
Ceux évitent la profession ne veulent pas avoir étudié si longtemps pour être des déclassés et des "punching-balls" , ceux qui y sont déjà  voient justement ce à quoi ils croient sciemment démoli, avec constance et même  hargne, et c'est cela qui les désintéresse.  Mais je ne suis pas le mouvement, je résiste en sachant que c'est foutu, par principe parce que j'ai horreur du suivisme. Quand je suis au boulot (est-ce que c'est d'ailleurs vraiment mon boulot, parfois, cette garderie de malotrus ?) , je lutte pour défendre ces valeurs , et je suis même un des plus acharnés sur tout, ce qui m'a parfois été reproché.
Mais il faut être lucide, avec ou sans moi , ça coulera quand même. Je n'ai pas l'impression d'être indispensable,  la simple preuve étant le sort fait à ma matière.

Chocolat a écrit:Mais des boulots "avant tout pour manger", il y en a des tas d'autres.
Certes, mais je suis prof de lettres , donc ce serait manutentionnaire, caissier, l'équivalence. J'avoue sans hypocrisie que je préfère quand même mon traitement que le smic pour finir  ma carrière ...J'ai déjà assez dégringolé en devenant prof.


Dernière édition par Lefteris le 30th Septembre 2014, 19:50, édité 1 fois

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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)

Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.

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par Rabelais 30th Septembre 2014, 19:50
fracflo a écrit:
Rabelais a écrit: c'est pour cette petite lumière qui vous arrache un sourire quand Rwan vient enfin de comprendre une notion.

On dirait une réplique du film Le Cercle des poètes disparus, ou bien un roucoulement de formateur ESPE!

Arrête, je les hais!!!!
Mais effectivement j'ai le contentement facile et quand il y a un petit espoir que mes 6 h de préparations de cours n'aient pas été vaines pour tous, ça me réjouit.
Et puis, avant je travaillais avec des délinquants incarcérés ou des drogués, je gagnais plus, je pointais donc j'avais des RTT à l'envie et je ne fichais rien, mais rien de mes vacances ou de mes soirées, alors oui, je dois être cinglée d'avoir besoin d'espoir et de sacrifier tous ces avantages .

Au fait, rassure toi, je n'entends parler pratiquement que de sanctions et d'autorité depuis la rentrée.

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par Elyas 30th Septembre 2014, 19:51
Lefteris a écrit:
Elyas a écrit:
Lefteris a écrit:
Je ne vois pas la contradiction , on peut tout  à fait défendre certaines valeurs quand on fait son boulot (je ne ferais pas n'importe quoi, je me bats pour ma matière en sachant pertinemment que c'est foutu), mais justement, se rappeler que c'est avant tout un boulot qui nous permet de manger. Viendrait-on, si du jour au lendemain on avait des revenus ? La réponse est dans la question...

La réponse est dans la question seulement si on le voit comme alimentaire. Moi qui le vois comme un engagement et une vocation, je ne donne pas la réponse qui serait dans la question. C'est là toute la différence et, sans vouloir polémiquer, c'est pour moi une des causes de l'effondrement de notre profession.
Je crois que l'effondrement de notre profession , qui rend ce métier à fuir pour les plus jeunes comme on le voit, à supporter pour les plus anciens, vient justement des coups redoublés portés au métier par la société, ses dirigeants, avec les complicités intéressées de charlatans et de bureaucrates .
Ceux évitent la profession ne veulent pas avoir étudié si longtemps pour être des déclassés et des "punching-balls" , ceux qui y sont déjà  voient justement ce à quoi ils croient sciemment démoli, avec constance et même  hargne, et c'est cela qui les désintéresse.  Mais je ne suis pas le mouvement, je résiste en sachant que c'est foutu, par principe parce que j'ai horreur du suivisme. Quand je suis au boulot (est-ce que c'est d'ailleurs vraiment mon boulot, parfois, cette garderie de malotrus ?) , je lutte pour défendre ces valeurs , et je suis même un des plus acharnés sur tout, ce qui m'a parfois été reproché.
Mais il faut être lucide, avec ou sans moi , ça coulera quand même. Je n'ai pas l'impression d'être indispensable,  la simple preuve étant le sort fait à ma matière.

Je disais une des causes. Quand tant d'enseignants acceptent l'idée qu'ils ne sont pas indispensables, qui vont jusqu'à remettre en cause la laïcité ou qu'ils abandonnent l'idée que l'école publique est un projet politique, cela ne peut que faire s'effondrer tout le reste, par érosion de réformes ou multiplication des petits renoncements quotidiens.
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Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ? - Page 10 Empty Re: Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ?

par Chocolat 30th Septembre 2014, 20:02
J'ai parcouru ce fil, mais je crois que je n'aurais pas dû... pale pale pale

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Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ? - Page 10 Empty Re: Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ?

par Lefteris 30th Septembre 2014, 20:14
Elyas a écrit:
Lefteris a écrit:
Elyas a écrit:

La réponse est dans la question seulement si on le voit comme alimentaire. Moi qui le vois comme un engagement et une vocation, je ne donne pas la réponse qui serait dans la question. C'est là toute la différence et, sans vouloir polémiquer, c'est pour moi une des causes de l'effondrement de notre profession.
Je crois que l'effondrement de notre profession , qui rend ce métier à fuir pour les plus jeunes comme on le voit, à supporter pour les plus anciens, vient justement des coups redoublés portés au métier par la société, ses dirigeants, avec les complicités intéressées de charlatans et de bureaucrates .
Ceux évitent la profession ne veulent pas avoir étudié si longtemps pour être des déclassés et des "punching-balls" , ceux qui y sont déjà  voient justement ce à quoi ils croient sciemment démoli, avec constance et même  hargne, et c'est cela qui les désintéresse.  Mais je ne suis pas le mouvement, je résiste en sachant que c'est foutu, par principe parce que j'ai horreur du suivisme. Quand je suis au boulot (est-ce que c'est d'ailleurs vraiment mon boulot, parfois, cette garderie de malotrus ?) , je lutte pour défendre ces valeurs , et je suis même un des plus acharnés sur tout, ce qui m'a parfois été reproché.
Mais il faut être lucide, avec ou sans moi , ça coulera quand même. Je n'ai pas l'impression d'être indispensable,  la simple preuve étant le sort fait à ma matière.

Je disais une des causes. Quand tant d'enseignants acceptent l'idée qu'ils ne sont pas indispensables, qui vont jusqu'à remettre en cause la laïcité ou qu'ils abandonnent l'idée que l'école publique est un projet politique, cela ne peut que faire s'effondrer tout le reste, par érosion de réformes ou multiplication des petits renoncements quotidiens.
En fait , le problème est mal posé : la question est la part de l'alimentaire qu'on recherche dans un métier, qui  est toujours un compromis entre l'intérêt qu'on y porte, les idéaux que l'on valorise,  les capacités qu'on a , les revenus que ça procure, la manière de travailler et la qualité de vie qu'on en retire.
Ca fluctue au cours de la vie, de la carrière, à moins d'avoir une tendance christique à accepter d'en prendre plein la gueule sur tous les tableaux.

Le problème aujourd'hui est le déséquilibre entre ces divers éléments, chacun tirés vers le bas  : intérêt décroissant du travail (une grande part de notre travail n'est justement plus  notre "métier" : garderie, socle, paperasses réunions) , qualité de vie  moindre (moins de latitude à exercer son métier de cadre, agressivité des élèves, des parents), difficultés personnelles (financières, géographiques) , démolition en règle de nos matières et dénigrement du savoir...
Si autant d'enseignants veulent se reconvertir (mais qui le peut vraiment, surtout à un certain âge il y a bien une raison , et elle ne vient pas d'eux. Il; faut bien accepter cette évidence.

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par Elyas 30th Septembre 2014, 20:23
Lefteris a écrit:
Elyas a écrit:
Lefteris a écrit:
Je crois que l'effondrement de notre profession , qui rend ce métier à fuir pour les plus jeunes comme on le voit, à supporter pour les plus anciens, vient justement des coups redoublés portés au métier par la société, ses dirigeants, avec les complicités intéressées de charlatans et de bureaucrates .
Ceux évitent la profession ne veulent pas avoir étudié si longtemps pour être des déclassés et des "punching-balls" , ceux qui y sont déjà  voient justement ce à quoi ils croient sciemment démoli, avec constance et même  hargne, et c'est cela qui les désintéresse.  Mais je ne suis pas le mouvement, je résiste en sachant que c'est foutu, par principe parce que j'ai horreur du suivisme. Quand je suis au boulot (est-ce que c'est d'ailleurs vraiment mon boulot, parfois, cette garderie de malotrus ?) , je lutte pour défendre ces valeurs , et je suis même un des plus acharnés sur tout, ce qui m'a parfois été reproché.
Mais il faut être lucide, avec ou sans moi , ça coulera quand même. Je n'ai pas l'impression d'être indispensable,  la simple preuve étant le sort fait à ma matière.

Je disais une des causes. Quand tant d'enseignants acceptent l'idée qu'ils ne sont pas indispensables, qui vont jusqu'à remettre en cause la laïcité ou qu'ils abandonnent l'idée que l'école publique est un projet politique, cela ne peut que faire s'effondrer tout le reste, par érosion de réformes ou multiplication des petits renoncements quotidiens.
En fait , le problème est mal posé : la question est la part de l'alimentaire qu'on recherche dans un métier, qui  est toujours un compromis entre l'intérêt qu'on y porte, les idéaux que l'on valorise,  les capacités qu'on a , les revenus que ça procure, la manière de travailler et la qualité de vie qu'on en retire.
Ca fluctue au cours de la vie, de la carrière, à moins d'avoir une tendance christique à accepter d'en prendre plein la gueule sur tous les tableaux.

Le problème aujourd'hui est le déséquilibre entre ces divers éléments, chacun tirés vers le bas  : intérêt décroissant du travail (une grande part de notre travail n'est justement plus  notre "métier" : garderie, socle, paperasses réunions) , qualité de vie  moindre (moins de latitude à exercer son métier de cadre, agressivité des élèves, des parents), difficultés personnelles (financières, géographiques) , démolition en règle de nos matières et dénigrement du savoir...
Si autant d'enseignants veulent se reconvertir (mais qui le peut vraiment, surtout à un certain âge il y a bien une raison , et elle ne vient pas d'eux. Il; faut bien accepter cette évidence.

Lefteris, le problème est que tu mets l'économique avant le politique dans tes justifications. Ce n'est pas mon cas. Pour moi, le politique est supérieur à l'économique. En conséquence, choisir l'enseignement public est un engagement politique, porteur de civilisation, pas un compromis pris entre mes goûts et la nécessité économique. En conséquence, nous ne pouvons pas nous comprendre, nos parcours sont trop différents. Je ne dis pas que tu as tort. Je dis que depuis que la majorité des enseignants pensent comme toi et non plus comme une mission politique au sens de service de la cité, notre métier a commencé sa chute car il était plus facile de nous attaquer, nous n'étions plus les parangons républicains d'autrefois.

Je me suis engagé à 21 ans dans l'EN. C'était ça ou rien. J'ai eu le concours en l'arrachant avec mes dents, du premier coup, malgré la maladie, en ne révisant qu'une semaine. J'ai survécu à l'IUFM. J'enseigne depuis 14 ans. J'avais demandé à un IA-IPR si un jour je perdrais le goût. Il m'a regardé et m'a dit : "Pas vous, apparemment !" Jusqu'à maintenant, il a raison. Encore aujourd'hui, j'ai enseigné comme je voulais, sans problème ni remise en question, sûr de ma mission et de ma place. Pour faire une analogie, l'effondrement scolaire, je lui dis : "On ne passe pas !" En tout cas, il ne passera pas sans m'emporter et me détruire. Cependant, je suis coriace et résilient.
dandelion
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par dandelion 30th Septembre 2014, 20:37
Chocolat a écrit:
Lefteris a écrit:
Elyas a écrit:

Tes propos sont contradictoires. L'un empêche l'autre justement.
Je ne vois pas la contradiction , on peut tout  à fait défendre certaines valeurs quand on fait son boulot (je ne ferais pas n'importe quoi, je me bats pour ma matière en sachant pertinemment que c'est foutu), mais justement, se rappeler que c'est avant tout un boulot qui nous permet de manger. Viendrait-on, si du jour au lendemain on avait des revenus ? La réponse est dans la question...

Mais des boulots "avant tout pour manger", il y en a des tas d'autres.



Et des tas d'autres gens qui veulent aussi ces boulots Rolling Eyes
J'ai connu des collègues très appréciés et avec qui visiblement ça se passait bien, et qui reconnaissaient très ouvertement qu'ils faisaient ce boulot pour manger. Je pense même que le fait de ne pas 'trop' s'investir dans leur métier les protégeait et les rendait plus efficaces. Très franchement, qui enseignerait dans les conditions qui sont les nôtres s'il avait le choix? Sans parler même des conditions matérielles, j'aborderais l'anglais très différemment si j'avais le choix (par exemple en enseignant plus de temps plus tôt, pour pouvoir vraiment communiquer), et les TL à 37, ce serait non. Bref, qu'on apprécie beaucoup, moyennement ou pas du tout son métier, nous le faisons tous pour des raisons alimentaires en premier lieu.
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par Rabelais 30th Septembre 2014, 20:44
Pas tous Very Happy
Mais ça viendra sans doute .

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Normandyx
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Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ? - Page 10 Empty Re: Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ?

par Normandyx 30th Septembre 2014, 20:48
Chocolat a écrit:
Et n'oublions pas que l'école est l'un des rares endroits où l'on transmet (encore) les valeurs humanistes.

gardez vos illusions, la carrière est longue, de plus en plus longue :lol:
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Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ? - Page 10 Empty Re: Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ?

par Lefteris 30th Septembre 2014, 20:51
Elyas a écrit:
Lefteris a écrit:
Elyas a écrit:

Je disais une des causes. Quand tant d'enseignants acceptent l'idée qu'ils ne sont pas indispensables, qui vont jusqu'à remettre en cause la laïcité ou qu'ils abandonnent l'idée que l'école publique est un projet politique, cela ne peut que faire s'effondrer tout le reste, par érosion de réformes ou multiplication des petits renoncements quotidiens.
En fait , le problème est mal posé : la question est la part de l'alimentaire qu'on recherche dans un métier, qui  est toujours un compromis entre l'intérêt qu'on y porte, les idéaux que l'on valorise,  les capacités qu'on a , les revenus que ça procure, la manière de travailler et la qualité de vie qu'on en retire.
Ca fluctue au cours de la vie, de la carrière, à moins d'avoir une tendance christique à accepter d'en prendre plein la gueule sur tous les tableaux.

Le problème aujourd'hui est le déséquilibre entre ces divers éléments, chacun tirés vers le bas  : intérêt décroissant du travail (une grande part de notre travail n'est justement plus  notre "métier" : garderie, socle, paperasses réunions) , qualité de vie  moindre (moins de latitude à exercer son métier de cadre, agressivité des élèves, des parents), difficultés personnelles (financières, géographiques) , démolition en règle de nos matières et dénigrement du savoir...
Si autant d'enseignants veulent se reconvertir (mais qui le peut vraiment, surtout à un certain âge il y a bien une raison , et elle ne vient pas d'eux. Il; faut bien accepter cette évidence.

Lefteris, le problème est que tu mets l'économique avant le politique dans tes justifications. Ce n'est pas mon cas. Pour moi, le politique est supérieur à l'économique. En conséquence, choisir l'enseignement public est un engagement politique, porteur de civilisation, pas un compromis pris entre mes goûts et la nécessité économique. En conséquence, nous ne pouvons pas nous comprendre, nos parcours sont trop différents. Je ne dis pas que tu as tort. Je dis que depuis que la majorité des enseignants pensent comme toi et non plus comme une mission politique au sens de service de la cité, notre métier a commencé sa chute car il était plus facile de nous attaquer, nous n'étions plus les parangons républicains d'autrefois.
Oui, mais au départ, tu as bien fait un métier pour gagner ta vie, non, comme tout le monde ? Donc tu as fait un compromis,  en mettant dans la balance un salaire moindre. Du reste, là où  principalement nous ne sommes pas sur la même longueur d'ondes, c'est que nous ne voyons pas du tout dans le même sens la relation de cause à effet. C'est justement parce que le métier d'enseignant est de moins en moins un métier d'enseignant, que justement cette "mission politique au service de la cité" est reniée par la Cité même ,  que l'impasse sur les conditions d'exercice ne se fait plus. Il suffit de lire les très nombreuses interventions dans ce sens , et pas seulement sur ce fil.
Plus le métier se dégradera, plus les responsables se chargeront de le détruire,  moins un idéal de travail sera possible (autre que faire du socle, des projets, de la garderie, de l'ordinateur...) , plus l'aspect conditions de travail -rémunération sera important.

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par florestan 30th Septembre 2014, 20:54
Si l'alternative c'est avoir le même salaire sans aller bosser, bien sûr que je ne travaillerais pas autant. Cependant:
nous travaillons sur de l'humain et je trouve que c'est à la fois très dur et incomparable. Très dur car nous ne maîtrisons que peu de choses en fait. Incomparable car c'est une richesse énorme. J'ai beaucoup de mal à entendre les discours: telle classe est insupportable, telle classe c'est la juxtaposition d'individualités irréductibles, impossibles à fondre dans une masse indifférenciée.
Les conditions diffèrent énormément d'un lieu à un autre, d'une année à l'autre. Ce métier peut être selon les circonstances odieux ou enrichissant.
Je suis agrégée, et dans ces conditions le rapport travail/salaire est considéré sous un tout autre angle que quand on est certifié. Pour ceux qui détestent ce métier, l'agrégation peut vraiment être un cage dorée.
Pour conclure je ne peux considérer ce métier comme alimentaire car nous travaillons sur de l'humain ce qui est souvent insupportable mais aussi infiniment précieux.


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Normandyx
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par Normandyx 30th Septembre 2014, 20:57
Elyas a écrit:

Je disais une des causes. Quand tant d'enseignants acceptent l'idée qu'ils ne sont pas indispensables, qui vont jusqu'à remettre en cause la laïcité ou qu'ils abandonnent l'idée que l'école publique est un projet politique, cela ne peut que faire s'effondrer tout le reste, par érosion de réformes ou multiplication des petits renoncements quotidiens.

la laïcité, c'était pour moi une évidence, aujourd'hui, si j'avais 40 ans, soit je changerais carrément de job pour faire autre chose, (je vais en faire crier, mais pour moi, professeur des écoles n'est pas un métier à exercer toute sa carrière surtout pour un homme), et si je restais dans l'éducation, je filerai vers le privé, ras le bol des écoles où le minimum de consensus sur le sens de l'école n'existe pas, ras le bol des parents qui pensent que leur bout de pâte "a du caractère" alors qu'il est simplement mal élevé et incapable de tirer profit d'un enseignement collectif qu'il perturbe continuellement.
Je n'énumèrerais pas les ras le bol à l'égard de l'administration, je ne voudrais pas saturer la base de données.

Au moment de remplir les fameux APB ma fille n'avait que 4 voeux, dont 3 correspondants à la même filière, comme on essayait de lui suggérer d'avoir une voie de secours au cas où, une de ses grands mères lui dit "pourquoi tu ne fais pas comme tes parents si tu n'as pas ce que tu veux?"

réponse

"je ne vais quand même pas faire 5 ans d'études après le bac et passer un concours pour faire des modèles d'écriture jusqu'à 70 ans!"

:lol!:
JEMS
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Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ? - Page 10 Empty Re: Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ?

par JEMS 30th Septembre 2014, 20:59
C'est un métier difficile par certains aspects, mais très enrichissant au contact des jeunes et de certains collègues. J'ai choisi de devenir enseignant, je m'adapte sans cesse, certes je râle aussi pas mal, notamment sur ma position de TZR mais je suis le plus heureux lorsque j'ai des gamins en face de moi. Ce métier est mon métier, je l'aime, mais il n'est pas ma vie aussi. Il faut savoir discerner les choses.
Elyas
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Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ? - Page 10 Empty Re: Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ?

par Elyas 30th Septembre 2014, 21:06
Lefteris a écrit:
Elyas a écrit:
Lefteris a écrit:
En fait , le problème est mal posé : la question est la part de l'alimentaire qu'on recherche dans un métier, qui  est toujours un compromis entre l'intérêt qu'on y porte, les idéaux que l'on valorise,  les capacités qu'on a , les revenus que ça procure, la manière de travailler et la qualité de vie qu'on en retire.
Ca fluctue au cours de la vie, de la carrière, à moins d'avoir une tendance christique à accepter d'en prendre plein la gueule sur tous les tableaux.

Le problème aujourd'hui est le déséquilibre entre ces divers éléments, chacun tirés vers le bas  : intérêt décroissant du travail (une grande part de notre travail n'est justement plus  notre "métier" : garderie, socle, paperasses réunions) , qualité de vie  moindre (moins de latitude à exercer son métier de cadre, agressivité des élèves, des parents), difficultés personnelles (financières, géographiques) , démolition en règle de nos matières et dénigrement du savoir...
Si autant d'enseignants veulent se reconvertir (mais qui le peut vraiment, surtout à un certain âge il y a bien une raison , et elle ne vient pas d'eux. Il; faut bien accepter cette évidence.

Lefteris, le problème est que tu mets l'économique avant le politique dans tes justifications. Ce n'est pas mon cas. Pour moi, le politique est supérieur à l'économique. En conséquence, choisir l'enseignement public est un engagement politique, porteur de civilisation, pas un compromis pris entre mes goûts et la nécessité économique. En conséquence, nous ne pouvons pas nous comprendre, nos parcours sont trop différents. Je ne dis pas que tu as tort. Je dis que depuis que la majorité des enseignants pensent comme toi et non plus comme une mission politique au sens de service de la cité, notre métier a commencé sa chute car il était plus facile de nous attaquer, nous n'étions plus les parangons républicains d'autrefois.
Oui, mais au départ, tu as bien fait un métier pour gagner ta vie, non, comme tout le monde ? Donc tu as fait un compromis,  en mettant dans la balance un salaire moindre. Du reste, là où  principalement nous ne sommes pas sur la même longueur d'ondes, c'est que nous ne voyons pas du tout dans le même sens la relation de cause à effet. C'est justement parce que le métier d'enseignant est de moins en moins un métier d'enseignant, que justement cette "mission politique au service de la cité" est reniée par la Cité même ,  que l'impasse sur les conditions d'exercice ne se fait plus. Il suffit de lire les très nombreuses interventions dans ce sens , et pas seulement sur ce fil.
Plus le métier se dégradera, plus les responsables se chargeront de le détruire,  moins un idéal de travail sera possible (autre que faire du socle, des projets, de la garderie, de l'ordinateur...) , plus l'aspect conditions de travail -rémunération sera important.

EH bien, je vais te surprendre mais, la question du montant du traitement, car oui nous touchons un traitement et non un salaire et faire l'erreur est bien la preuve que tu places l'économique avant le politique, n'est jamais entré en ligne. Je voulais devenir enseignant, c'était une vocation. Point.
Tu peux essayer de tordre mes mots, d'essayer de me faire comprendre que j'ai tort et que je ne comprends pas mes désirs profonds, ce sera toujours une erreur.
J'ai décidé de m'engager au service de la République et de ses valeurs et voilà. J'ai passé le concours à 21 ans. Je viens d'une famille très pauvre, alors le traitement d'un professeur, c'est pouvoir me nourrir moi et toute ma famille, c'est déjà mieux que ce que j'ai connu dans les années 80.
Je me suis engagé au service de la République. La contrepartie est que l'Etat me verse un traitement qui me permet de vivre dans la Cité à la mesure de ce que mon rôle est.
En dévalorisant le rôle politique et l'engagement (la vocation, dirons-nous, l'école française est pétrie de la philosophie des Jésuites), les collègues qui disent que c'est un job comme un autre sont des alliés inconscients de ceux qui veulent marchandiser l'école, la détruire et jeter aux rebuts les valeurs républicaines.

Mais, tu as raison. Nous ne nous comprendrons pas. Le cynisme a triomphé dans les années 80. Je suis une anomalie statistique. Cependant, nous sommes encore nombreux à être ces anomalies statistiques.
dandelion
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Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ? - Page 10 Empty Re: Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ?

par dandelion 30th Septembre 2014, 21:10
Rabelais a écrit:Pas tous Very Happy
Mais ça viendra sans doute .
Tu es rentier(e)? Very Happy
J'adore enseigner, mais, objectivement, l'EN qui transmet la culture humaniste, ce n'est pas tellement mon expérience. Je vois mal comment on peut être super heureux d'enseigner en constatant chaque jour que des enfants sont maltraités, ne mangent pas à leur faim, sont négligés par leurs parents et l'institution qui les traite comme du bétail, qu'ils n'ont pas accès à des savoirs élémentaires alors qu'on pourrait les leur enseigner en s'y prenant autrement. Enseigner, cela devient comme exercer la médecine dans un pays en guerre: on est parfois content d'avoir sauvé des malades, mais le plus souvent on se dit qu'il suffirait d'un médicament tout bête pour que ça aille mieux, et qu'on n'y a pas accès. Pour info, les médecins aussi travaillent sur l'humain. Combien de médecins formés dans le tiers-monde restent dans les pays du tiers-monde? Il faudrait rendre la lecture de Topaze obligatoire Rolling Eyes
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lorine75
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Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ? - Page 10 Empty Re: Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ?

par lorine75 30th Septembre 2014, 21:13
Bien sur que ce métier est alimentaire comme tous les autres.Pourquoi on travaillerait si ce n'est pas pour gagner sa vie et pouvoir manger, sortir, faire du shopping, voyager...? Si je pouvais ne plus travailler, ce serait le pied. Very Happy
Rabelais
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Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ? - Page 10 Empty Re: Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ?

par Rabelais 30th Septembre 2014, 21:20
Non, je ne suis pas rentière mais j'ai vécu sans ce salaire,je peux le faire à nouveau, j'ai un peu de chance, j'ai aidé "Jules" à faire carrière en sacrifiant la mienne ( ce qui n'est pas un sacrifice d'ailleurs car faire carrière n'a jamais été un objectif) et je ne suis pas baba cool ni demago ni rien de cela.
Je ne crois plus au système depuis un bon moment SAUF en ce dernier bastion de profs qui, malgré tout ce que tu cites et bien plus encore, y croient encore et essaient de ne pas plier, testent les nouveautés et ne gardent que celles qui conviennent, testent donc les nouveaux médocs mais ont un stock d'anciens au cas où.
Alors je suis là parce que j'ai toujours eu envie d'y être
et que lorsque je ferme la porte de mes classes, même le vendredi soir lorsqu'ils sont en transe, je sais ce que je veux faire et que je le fais, pour un, pour douze , jamais pour les mêmes mais toujours avec un profond respect pour ceux qui vont bientôt devenir la nouvelle génération d'adulte et nous remplacer.
Aucun conseil, aucune notion, aucun point de langue n'a de sens pour moi si je bosse pour l'instant seulement et non pour ce qu'il va en rester à l'avenir.
Idéaliste, sans doute, usée dans 2 ans, peut-être, broyée par l'EN, sûrement, s'ils ne me virent pas avant mais tant pis, j'aurai essayé.

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User5899
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Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ? - Page 10 Empty Re: Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ?

par User5899 30th Septembre 2014, 21:23
Chocolat a écrit:
Lefteris a écrit:
Elyas a écrit:

Tes propos sont contradictoires. L'un empêche l'autre justement.
Je ne vois pas la contradiction , on peut tout  à fait défendre certaines valeurs quand on fait son boulot (je ne ferais pas n'importe quoi, je me bats pour ma matière en sachant pertinemment que c'est foutu), mais justement, se rappeler que c'est avant tout un boulot qui nous permet de manger. Viendrait-on, si du jour au lendemain on avait des revenus ? La réponse est dans la question...

Mais des boulots "avant tout pour manger", il y en a des tas d'autres.



Bah oui, mais là, je suis bien payé. Désolé, hein, je suis cash.
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par Chocolat 30th Septembre 2014, 21:39
dandelion a écrit:

Et des tas d'autres gens qui veulent aussi ces boulots Rolling Eyes
J'ai connu des collègues très appréciés et avec qui visiblement ça se passait bien, et qui reconnaissaient très ouvertement qu'ils faisaient ce boulot pour manger. Je pense même que le fait de ne pas 'trop' s'investir dans leur métier les protégeait et les rendait plus efficaces. Très franchement, qui enseignerait dans les conditions qui sont les nôtres s'il avait le choix? Sans parler même des conditions matérielles, j'aborderais l'anglais très différemment si j'avais le choix (par exemple en enseignant plus de temps plus tôt, pour pouvoir vraiment communiquer), et les TL à 37, ce serait non. Bref, qu'on apprécie beaucoup, moyennement ou pas du tout son métier, nous le faisons tous pour des raisons alimentaires en premier lieu.

Non, pas tous.
Ce n'est en tout cas pas du tout mon cas, et ça ne le sera jamais.

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par florestan 30th Septembre 2014, 21:42
Cripure a écrit:
Chocolat a écrit:
Lefteris a écrit:
Je ne vois pas la contradiction , on peut tout  à fait défendre certaines valeurs quand on fait son boulot (je ne ferais pas n'importe quoi, je me bats pour ma matière en sachant pertinemment que c'est foutu), mais justement, se rappeler que c'est avant tout un boulot qui nous permet de manger. Viendrait-on, si du jour au lendemain on avait des revenus ? La réponse est dans la question...

Mais des boulots "avant tout pour manger", il y en a des tas d'autres.



Bah oui, mais là, je suis bien payé. Désolé, hein, je suis cash.

D'accord avec ça. Agrégée, dès qu'il y a des heures supplémentaires ça devient vite très intéressant (et même sans d'ailleurs).

Chocolat
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par Chocolat 30th Septembre 2014, 21:44
Normandyx a écrit:
Chocolat a écrit:
Et n'oublions pas que l'école est l'un des rares endroits où l'on transmet (encore) les valeurs humanistes.

gardez vos illusions, la carrière est longue, de plus en plus longue :lol:

Tu appelles ça illusions, moi j'appelle ça objectifs, et je compte bien les conserver et les atteindre avec mes élèves, comme depuis un bon nombre d'années déjà.

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dandelion
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Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ? - Page 10 Empty Re: Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ?

par dandelion 30th Septembre 2014, 21:48
Rabelais a écrit:Non, je ne suis pas rentière mais j'ai vécu sans ce salaire,je peux le faire à nouveau, j'ai un peu de chance, j'ai aidé "Jules" à faire carrière en sacrifiant la mienne ( ce qui n'est pas un sacrifice d'ailleurs car faire carrière n'a jamais été un objectif) et je ne suis pas baba cool ni demago ni rien de cela.
Je ne crois plus au système depuis un bon moment SAUF en ce dernier bastion de profs qui, malgré tout ce que tu cites et bien plus encore, y croient encore et essaient de ne pas plier, testent les nouveautés et ne gardent que celles qui conviennent, testent donc les nouveaux médocs mais ont un stock d'anciens au cas où.
Alors je suis là parce que j'ai toujours eu envie d'y être
et que lorsque je ferme la porte de mes classes, même le vendredi soir lorsqu'ils sont en transe, je sais ce que je veux faire et que je le fais, pour un, pour douze , jamais pour les mêmes mais toujours avec un profond respect pour ceux qui vont bientôt devenir la nouvelle génération d'adulte et nous remplacer.
Aucun conseil, aucune notion, aucun point de langue n'a de sens pour moi si je bosse pour l'instant seulement et non pour ce qu'il va en rester à l'avenir.
Idéaliste, sans doute, usée dans 2 ans, peut-être, broyée par l'EN, sûrement, s'ils ne me virent pas avant mais tant pis, j'aurai essayé.
Ah non, mais je n'ai pas dit que je ne faisais pas ça aussi. Cela dit, je suis dans la même situation financière que toi et ça change quand même pas mal de choses, à plusieurs niveaux, ne serait-ce que savoir que l'on ne dépend pas entièrement de son travail. Je crois à l'enseignement, mais je ne crois pas à l'EN, quant à la Cité, de nos jours, il faut tout de même oser la référence. Toute cette histoire de Cité, de vocation, etc, c'est du catéchisme laïque, et ça existait déjà sous la troisième République, Pagnol y fait nettement référence quand il parle de son père, ou dans Topaze. J'ai une très bonne dentiste, qui est réellement passionnée par son métier et très gentille, mais sa facture est néanmoins salée, et je crains fort qu'elle ne refuse les patients qui l'insulteraient. D'ailleurs, dans d'autres pays des profs parviennent à enseigner et à aimer leur métier en ayant de bien meilleures conditions de travail et de salaire. Incroyable, non?
Cela dit, pour les collègues qui sont volontaires pour enseigner bénévolement, je suggère de renoncer au bénéfice du concours et de postuler aux postes à 9 euros offerts par le ministère. Vous aiderez encore davantage la nation.
Maria Téguy
Maria Téguy
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Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ? - Page 10 Empty Re: Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ?

par Maria Téguy 30th Septembre 2014, 21:50
Tout les métiers sont alimentaires y compris celui-ci. Il n'y a rien à déplorer. Par contre ce devrait être en principe un métier toujours agréable à exercer, en dépit du problème des salaires et de la faible considération sociale. Malheureusement, le plaisir d'exercer ce métier est de plus en plus compromis.

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Pierre-Henri
Habitué du forum

Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ? - Page 10 Empty Re: Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ?

par Pierre-Henri 30th Septembre 2014, 21:51
Chocolat a écrit:
Tu appelles ça illusions, moi j'appelle ça objectifs, et je compte bien les conserver et les atteindre avec mes élèves, comme depuis un bon nombre d'années déjà.

Et vous parvenez à les remplir avec un dealer analphabète de 5ème qui refuse de fournir le moindre travail, la moindre seconde d'attention, et qui passe toute l'heure à lancer des objets et à se rouler par terre ? Avec l'un de ses clients, pris de bouffées délirantes en cours, que vous êtes obligé de maitriser avec l'aide du principal-adjoint et d'un surveillant ? Avec un cas psy de quatrième qui, d'un coup, se met à bondir frénétiquement sur sa chaise en poussant des cris de cochon et en mimant la masturbation ? Si c'est le cas, toutes mes félicitations. Moi, dans ces situations-là, l'idéal humaniste, je le trouve étrangement lointain.
lalilala
lalilala
Empereur

Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ? - Page 10 Empty Re: Peut-on enseigner en considérant ce métier comme "alimentaire" ?

par lalilala 30th Septembre 2014, 21:51
florestan a écrit:
Cripure a écrit:
Chocolat a écrit:

Mais des boulots "avant tout pour manger", il y en a des tas d'autres.



Bah oui, mais là, je suis bien payé. Désolé, hein, je suis cash.

D'accord avec ça. Agrégée, dès qu'il y a des heures supplémentaires ça devient vite très intéressant (et même sans d'ailleurs).


On est bien d'accord, et c'est bien ce qui me retient d'ailleurs. En plus, les heures sup sont payées dans ce boulot. Ce n'est pas le cas partout dans le privé (je vois bien ce que fait mon copain comme horaires...qu'il passe ses nuits à bosser ou pas, il touche la même paye chaque mois).

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