- EmeraldiaÉrudit
Sans généraliser, j'ai travaillé en bibliothèque quand j'étais étudiante...et certains ne travaillaient pas d'arrache-pied...C'est plus cool que prof, largement !Carabas a écrit:En même temps, j'ai essayé de me reconvertir : j'ai fait un DUT métiers du livre, j'ai postulé sur des postes d'agent de bibliothèque et je n'ai jamais été prise nulle part. Le problème,c 'est peut-être aussi que prof est tellement mal vu qu'on ne veut pas d'anciens profs dans d'autres métiers? Je l'ai déjà raconté : à un entretien, une bibliothécaire, sur un ton agressif, m'a sorti: "vous savez, ici, on travaille!" Ben ouais pourquoi? Quand on est prof, on fout rien?Fesseur Pro a écrit:Etonnant tout de même de constater que beaucoup de collègues ne savent faire "que" prof et ne voient aucune reconversion possible hors EN.
Si la reconversion était si facile, je pense qu'il y aurait plus de démissions...
- EmeraldiaÉrudit
Alors éclairez-nous : comment finirez-vous ?Fesseur Pro a écrit:Carabas a écrit:Donc le "yaka s'reconvertir si on n'est pas content", bof...
Je suis bien conscient des difficultés, quand on est prof apparemment, on ne sait rien faire d'autre et peu de passerelles existent.
Ce qui me dépasse ( pour ne pas dire qui m'étonne ) c'est d'aller faire notre métier à reculons et avec tristesse et fatalisme.
Je sais déjà que je ne finirai pas vieux prof pour ne pas avoir à subir ça.
Je m'y prépare tout doucettement.
- Invité14Expert
ysabel a écrit:un boulot c'est tjs alimentaire, non ?
Enfin, tous ceux que j'ai fait étaient alimentaires... après on peut apprécier sonb boulot ou pas...
oui parce que sinon, je ne bosserai surement pas!Autre chose à faire de plus intéressant:twisted:
- EmeraldiaÉrudit
Ce genre de remarques est toujours prononcé par ceux-là mêmes qui n'auraient pas l'audace de se heurter à leur hiérarchie : non tout n'est pas tout rose, oui on a le droit de râler, de se défendre (il faudrait vraiment être aveugle ou sur une autre planète pour dire le contraire) et oui, on peut dénoncer ce qui ne va pas sans pour autant démissionner, il ne faut pas tout confondre.nlm76 a écrit:Carabas a écrit:
Donc le "yaka s'reconvertir si on n'est pas content", bof...
Celui qui me dirait ça les jours où je râle, ce ne serait pas seulement "bof", mais au moins une pluie d'injures. "L'Education Nationale, tu l'aimes ou tu la quittes !" dit le crétin. En général, ce crétin-là est aussi un mouton moutonnier et lèche-bottes. Pour ceux-là je me ferai volontiers Panurge.
- EmeraldiaÉrudit
Nuits a écrit:Je suis nouvelle dans la maison, mais plus ça va, plus je me dis que non seulement on peut enseigner en considérant ce métier comme seulement alimentaire, mais qu'il le faut, pour ne pas devenir fou.
Je ne vois vraiment pas comment on peut aimer ce métier quand on voit que nous sommes critiqués et dénigrés en permanence. Nous sommes tenus pour responsables de tous les maux de la société ( la dette, le chômage , le racisme, les inégalités homme-femme, le réchauffement climatique, la fin du monde). Pour cette raison, et parce que tout le monde ou presque est un jour allé à l'école, on se fait expliquer dix fois par jour comment nous devrions travailler. Combien de fois ai-je lu ici un Neo s'exclamer ''Mais foutez-nous la paix ! '' Difficile de rester enthousiaste, non, quand on en vient à se demander en soirée si l'on doit ''avouer'' que nous sommes ''profs''. Je ne parle pas de mon cas personnel; il y avait eu sur ce forum tout un fil de discussion à ce sujet, où les néos exposaient leurs stratégies (la provoc, la gueulante, l'évitement etc) quand ils en venaient à parler de leur métier en société. Quelle que soit la posture choisie, elle est rarement neutre. Beaucoup anticipent les réactions du types ''vous êtes toujours en vacances ou en grève'' et j'en passe. Il n'y a donc pas de métier honteux, sauf prof. Bien sûr, on peut choisir d'ignorer tous ces fâcheux ( je ne parle pas de les éviter, c'est devenu impossible...) pour ne regarder, les yeux emplis d'amour, que notre métier tel qu'il est réellement. Mais quel est-il exactement ?
Nous devons participer à toujours plus de réunions, de projets à la noix parce que ''c'est dans nos obligations de services''. Bref, la profession est si mal définie qu'on peut nous faire faire tout et n'importe quoi. Personnellement, je suis donc incapable de dire si j'aime ce métier, puisqu'il m'est impossible de savoir ce qu'il est au juste, même théoriquement (il faut dire aussi que je n'ai pas eu de véritable formation, merci l'UMP). Enfin si, je pense pouvoir dire que je ne l'aime pas, puisque l'enseignement n'en est qu'une petite partie. Et encore, un enseignant enseigne-t-il aujourd'hui ?
Nous sommes chaque jour un peu plus poussés à ne rien enseigner du tout. Un professeur de français doit accepter de se retrouver face à des collégiens sachant à peine écrire une phrase, mais non, il ne faut rien dire, ne pas stigmatiser, ne pas perpétuer un système élitiste. Même chose au lycée. De l'histoire littéraire, mais vous n'y pensez pas ma bonne dame ! La culture, c'est le mal. Seules comptent les compétences et l'employabilité future! Savoir produire un texte cohérent, argumenté, et ce dans une langue correcte ? Ah mais quelle idée ! Sadique, réac que vous êtes ! Suivez donc l'exemple de vos petits camarades qui distribuent des gommettes vertes à leurs élèves compétents en tri sélectif ! Soulignez donc en rose pailleté parfum banane-chocolat les bonnes réponses dans les copies (et s'il n'y en a pas, c'est uniquement de votre faute, vous êtes un incompétent). Faites des projets! Je ne parle même pas de tous ces gamins qui devraient être accueillis dans des structures spécialisées mais qui ne le sont pas, faute d'argent. Alors on emballe tout ça dans des discours pleins de bons sentiments, on nous parle de ''parcours individualisés'', ''d'intégration'' pour faire passer la pilule et roulez jeunesse ! On sait très bien qu'on ne leur apporte rien à l'école classique, mais c'est pas grave, du moment qu'on intègre !
Dans ces conditions, comment aimer ce métier quand on aime enseigner, quand on aime simplement le travail bien fait ?
Pour être honnête, c'est possible. On peut aimer l'aspect relationnel de ce métier ( on dit aujourd'hui ''travailler avec de l'humain'' ), sa dimension éducative... Après tout, on fait partie de l,Eduction Nationale. Surtout que la plupart des établissements sont ''tranquilles'', ''sans histoire'', n'est-ce pas ? La violence scolaire n'existe pas, pas contre les enseignants. Il y a un décalage énorme, paraît-il, entre la violence réelle et la violence ressentie. C'est ce que l'on m'avait dit lors d'une (rare) formation. Et c'est vrai, grâce à la magie du verbe, puisque se faire traiter de ''grosse pu**'' ou de ''sale co**ard'' c'est une ''incivilité''. Les profs ne se font pas frapper, tout au plus ''bousculer''.
Bon, l'actualité ne me donne pas raison, puisque depuis la rentrée les média relaient chaque jour un nouveau cas d'agression, un peu comme ils comptent le nombre de voitures brûlées la nuit de la Saint-Sylvestre ou pendant les émeutes. Et qu'en disent-ils ? Rien, c'est seulement le nouveau bruit médiatique à la mode. Soyons justes, ils expliquent parfois pourquoi le pauvre enfant décrocheur en est arrivé là: c'est ''la faute à la société'', donc des profs.
Ce qui est vaguement sous-entendu par ces chers journalistes est tout à fait explicite au sein de la maison. Certains (pas tous heureusement ) formateurs, inspecteurs, chefs voire collègues osent vous dire sans vergogne que si vous êtes insulté, frappé, c'est de votre faute, vous êtes un mauvais prof. Être ''bordélisé'' pour un prof est tout ce qu'il y a de plus honteux (il vaut mieux parler de ses hémorroïdes que d'avouer que les élèves ne vous respectent pas). Alors le prof '' en difficulté'' se tait quand il ne va pas jusqu'à mentir en prétendant que tout va bien. Cette expression, cette étiquette de prof ''en difficulté'', c'est le sceau de l'infamie.
Pour résumer, face aux comportements inadmissibles de certains élèves, et parfois de leurs parents, tout est fait pour que l'enseignant se sente coupable et honteux. N'est-ce pas proprement hallucinant, révoltant ? il vaut mieux, une fois encore prendre de la distance ( et il en faut pour accepter jour après jour de ramer pour simplement être respecté).
Et même quand on ne rencontre pas de problème majeur dans sa gestion de classe, il est bien difficile de poser un cadre aux élèves. Comment faire quand la moindre punition est contestée par les parents (de plus en plus procéduriers), quand les CPE vous ramènent les gamins que vous avez exclus, quand il n'est matériellement plus possible de mettre une heure de colle ? Comment faire pour éduquer ? De toutes façons, on ne manquera pas de vous le rappeler, toutes ces mesures coercitives sont vaines puisque l'enfant est naturellement bon, Rousseau avait raison !
Je ne suis pas en train de dire que tous les élèves sont des bêtes à peine civilisées, ni que tous les enseignants sont ''en difficulté '' . Je dénonce le discours hypocrite et pervers de l'institution, cette tendance à cacher toute la poussière sous le tapis tant que c'est possible, et à accuser l'enseignant quand ça ne l'est pas. Du coup, comment faire ? On se tait et on subit, jusqu'à perdre tout son amour propre ? On entre dans un bras de fer permanent avec la direction et les parents ? On accepte de devenir des animateurs créateurs de projets pédagogiques innovants pour avoir la paix ?
Oui on peut aimer travailler avec des enfants ou des adolescents, mais travailler pour faire quoi ? Pour enseigner ? On le peut de moins en moins . Pour éduquer ? Ça non plus on ne le peut pas. Encore une fois, il vaut mieux venir pour le salaire, sans se poser de questions...
Voilà ce que c'est pour moi, être ''prof'' aujourd'hui. C'est exercer un métier mal défini, pour lequel on est mal formé, mais qui ne consiste ni à enseigner, ni à éduquer, un métier socialement dévalorisant, un métier où l'on est peu soutenu par sa hiérarchie, souvent bien lâche... Alors pour tenir toute une carrière, il me semble qu'il est salvateur de venir pour le salaire.
Et oui je sais, comme pour Lali, il est urgent que je change de métier. Pourtant, j'aimais bien l'idée de transmettre, d'enseigner et même d'éduquer.
Hé bien ! La nouvelle a tout compris !
- seahalaNiveau 7
Nuits a écrit:Je suis nouvelle dans la maison, mais plus ça va, plus je me dis que non seulement on peut enseigner en considérant ce métier comme seulement alimentaire, mais qu'il le faut, pour ne pas devenir fou.
Je ne vois vraiment pas comment on peut aimer ce métier quand on voit que nous sommes critiqués et dénigrés en permanence. Nous sommes tenus pour responsables de tous les maux de la société ( la dette, le chômage , le racisme, les inégalités homme-femme, le réchauffement climatique, la fin du monde). Pour cette raison, et parce que tout le monde ou presque est un jour allé à l'école, on se fait expliquer dix fois par jour comment nous devrions travailler. Combien de fois ai-je lu ici un Neo s'exclamer ''Mais foutez-nous la paix ! '' Difficile de rester enthousiaste, non, quand on en vient à se demander en soirée si l'on doit ''avouer'' que nous sommes ''profs''. Je ne parle pas de mon cas personnel; il y avait eu sur ce forum tout un fil de discussion à ce sujet, où les néos exposaient leurs stratégies (la provoc, la gueulante, l'évitement etc) quand ils en venaient à parler de leur métier en société. Quelle que soit la posture choisie, elle est rarement neutre. Beaucoup anticipent les réactions du types ''vous êtes toujours en vacances ou en grève'' et j'en passe. Il n'y a donc pas de métier honteux, sauf prof. Bien sûr, on peut choisir d'ignorer tous ces fâcheux ( je ne parle pas de les éviter, c'est devenu impossible...) pour ne regarder, les yeux emplis d'amour, que notre métier tel qu'il est réellement. Mais quel est-il exactement ?
Nous devons participer à toujours plus de réunions, de projets à la noix parce que ''c'est dans nos obligations de services''. Bref, la profession est si mal définie qu'on peut nous faire faire tout et n'importe quoi. Personnellement, je suis donc incapable de dire si j'aime ce métier, puisqu'il m'est impossible de savoir ce qu'il est au juste, même théoriquement (il faut dire aussi que je n'ai pas eu de véritable formation, merci l'UMP). Enfin si, je pense pouvoir dire que je ne l'aime pas, puisque l'enseignement n'en est qu'une petite partie. Et encore, un enseignant enseigne-t-il aujourd'hui ?
Nous sommes chaque jour un peu plus poussés à ne rien enseigner du tout. Un professeur de français doit accepter de se retrouver face à des collégiens sachant à peine écrire une phrase, mais non, il ne faut rien dire, ne pas stigmatiser, ne pas perpétuer un système élitiste. Même chose au lycée. De l'histoire littéraire, mais vous n'y pensez pas ma bonne dame ! La culture, c'est le mal. Seules comptent les compétences et l'employabilité future! Savoir produire un texte cohérent, argumenté, et ce dans une langue correcte ? Ah mais quelle idée ! Sadique, réac que vous êtes ! Suivez donc l'exemple de vos petits camarades qui distribuent des gommettes vertes à leurs élèves compétents en tri sélectif ! Soulignez donc en rose pailleté parfum banane-chocolat les bonnes réponses dans les copies (et s'il n'y en a pas, c'est uniquement de votre faute, vous êtes un incompétent). Faites des projets! Je ne parle même pas de tous ces gamins qui devraient être accueillis dans des structures spécialisées mais qui ne le sont pas, faute d'argent. Alors on emballe tout ça dans des discours pleins de bons sentiments, on nous parle de ''parcours individualisés'', ''d'intégration'' pour faire passer la pilule et roulez jeunesse ! On sait très bien qu'on ne leur apporte rien à l'école classique, mais c'est pas grave, du moment qu'on intègre !
Dans ces conditions, comment aimer ce métier quand on aime enseigner, quand on aime simplement le travail bien fait ?
Pour être honnête, c'est possible. On peut aimer l'aspect relationnel de ce métier ( on dit aujourd'hui ''travailler avec de l'humain'' ), sa dimension éducative... Après tout, on fait partie de l,Eduction Nationale. Surtout que la plupart des établissements sont ''tranquilles'', ''sans histoire'', n'est-ce pas ? La violence scolaire n'existe pas, pas contre les enseignants. Il y a un décalage énorme, paraît-il, entre la violence réelle et la violence ressentie. C'est ce que l'on m'avait dit lors d'une (rare) formation. Et c'est vrai, grâce à la magie du verbe, puisque se faire traiter de ''grosse pu**'' ou de ''sale co**ard'' c'est une ''incivilité''. Les profs ne se font pas frapper, tout au plus ''bousculer''.
Bon, l'actualité ne me donne pas raison, puisque depuis la rentrée les média relaient chaque jour un nouveau cas d'agression, un peu comme ils comptent le nombre de voitures brûlées la nuit de la Saint-Sylvestre ou pendant les émeutes. Et qu'en disent-ils ? Rien, c'est seulement le nouveau bruit médiatique à la mode. Soyons justes, ils expliquent parfois pourquoi le pauvre enfant décrocheur en est arrivé là: c'est ''la faute à la société'', donc des profs.
Ce qui est vaguement sous-entendu par ces chers journalistes est tout à fait explicite au sein de la maison. Certains (pas tous heureusement ) formateurs, inspecteurs, chefs voire collègues osent vous dire sans vergogne que si vous êtes insulté, frappé, c'est de votre faute, vous êtes un mauvais prof. Être ''bordélisé'' pour un prof est tout ce qu'il y a de plus honteux (il vaut mieux parler de ses hémorroïdes que d'avouer que les élèves ne vous respectent pas). Alors le prof '' en difficulté'' se tait quand il ne va pas jusqu'à mentir en prétendant que tout va bien. Cette expression, cette étiquette de prof ''en difficulté'', c'est le sceau de l'infamie.
Pour résumer, face aux comportements inadmissibles de certains élèves, et parfois de leurs parents, tout est fait pour que l'enseignant se sente coupable et honteux. N'est-ce pas proprement hallucinant, révoltant ? il vaut mieux, une fois encore prendre de la distance ( et il en faut pour accepter jour après jour de ramer pour simplement être respecté).
Et même quand on ne rencontre pas de problème majeur dans sa gestion de classe, il est bien difficile de poser un cadre aux élèves. Comment faire quand la moindre punition est contestée par les parents (de plus en plus procéduriers), quand les CPE vous ramènent les gamins que vous avez exclus, quand il n'est matériellement plus possible de mettre une heure de colle ? Comment faire pour éduquer ? De toutes façons, on ne manquera pas de vous le rappeler, toutes ces mesures coercitives sont vaines puisque l'enfant est naturellement bon, Rousseau avait raison !
Je ne suis pas en train de dire que tous les élèves sont des bêtes à peine civilisées, ni que tous les enseignants sont ''en difficulté '' . Je dénonce le discours hypocrite et pervers de l'institution, cette tendance à cacher toute la poussière sous le tapis tant que c'est possible, et à accuser l'enseignant quand ça ne l'est pas. Du coup, comment faire ? On se tait et on subit, jusqu'à perdre tout son amour propre ? On entre dans un bras de fer permanent avec la direction et les parents ? On accepte de devenir des animateurs créateurs de projets pédagogiques innovants pour avoir la paix ?
Oui on peut aimer travailler avec des enfants ou des adolescents, mais travailler pour faire quoi ? Pour enseigner ? On le peut de moins en moins . Pour éduquer ? Ça non plus on ne le peut pas. Encore une fois, il vaut mieux venir pour le salaire, sans se poser de questions...
Voilà ce que c'est pour moi, être ''prof'' aujourd'hui. C'est exercer un métier mal défini, pour lequel on est mal formé, mais qui ne consiste ni à enseigner, ni à éduquer, un métier socialement dévalorisant, un métier où l'on est peu soutenu par sa hiérarchie, souvent bien lâche... Alors pour tenir toute une carrière, il me semble qu'il est salvateur de venir pour le salaire.
Et oui je sais, comme pour Lali, il est urgent que je change de métier. Pourtant, j'aimais bien l'idée de transmettre, d'enseigner et même d'éduquer.
Entièrement d'accord
- Reine MargotDemi-dieu
Aletheia a écrit:La question de ce topic m'a également interpelée, à force d'entendre beaucoup de fatalisme dans les discours de certains professeurs. J'ai eu un tel professeur pour le bac français, qui n'estimait pas que notre classe était capable d'apprendre la dissertation, qui nous engu...quand on osait poser des questions, ben j'ai eu mon agreg à l'externe du 1er coup et aujourd'hui j'enseigne à l'exact opposé de ses conceptions sans aucun état d'âme. Je ne vais parler que de mon propre cas mais j'en ai un peu assez d'entendre que la différence entre la prépa agreg et les cours que l'on dispense est insupportable ; ce n'est pas le cas pour moi même si bien sûr ce n'est pas la même chose, personnellement je me méfie plus du jury d'agreg "brillant" que de mes petits secondes ZEP qui sont tout à fait capables "d'éclairs" d'intelligence et de bons réflexes. C'est pas parce qu'on a l'agreg qu'on ne peut pas supporter la réalité actuelle des jeunes, de leur langue, de leur niveau. Je leur parle comme à mes oraux de concours, je n'ai jamais aimé le jargon donc je n'en utilise pas non plus devant eux, par contre j'essaie d'être précise, professionnelle, je ne dis pas "quelque part" ni "je m'excuse" mais "en quelque sorte" et "veuillez m'excuser" et une partie de leur respect envers moi se joue déjà à ce moment là. Ca me fait plaisir, et ça leur fait pas de mal. Je ne me gêne pas pour employer des termes "complexes" (techniques et/ou soutenus) mais comme je sais qu'ils ne les connaissent pas, je les écris au tableau et je les explique (je considère que c'est aussi mon travail). Je donne beaucoup de synonymes. Je fais aussi pas mal d'éducation et là encore, ça ne me choque pas au contraire (c'est peut-être lié à ma matière aussi, je ne dis pas...). C'est une immense satisfaction quand ils cessent de bailler / s'étirer en cours, quand ils disent bonjour / au revoir, quand ils s'écoutent parler les uns les autres, quand ils gomment peu à peu les mots vulgaires de leurs interventions en classe et ensuite dans leurs écrits, quand ils commencent à mieux conjuguer le présent et le passé composé (toujours en seconde) -et je ne dis pas que j'y suis déjà parvenue, la route est longue !. Pour moi c'est mon travail aussi, et c'est bien s'ils connaissent le théâtre classique, mais c'est aussi bien s'ils intériorisent ces repères là que je leur donne, ces bonnes habitudes, pour les oraux des examens à venir / entretiens d'embauche, etc. Je ne laisse personne me dénigrer ou me dire que je ne bosse pas, sans avoir besoin de mentionner le concours obtenu, quand je dis que je suis "prof de français", 90% des réactions c'est "Oh !!! vous avez du courage ! ça va c'est pas trop dur ? ils apprennent encore quelque chose ? vous n'avez pas trop de problèmes de comportement ?" et oui on finit souvent sur une remarque sur les vacances, mais davantage pour dire qu'heureusement qu'il y a ce temps "libre" sinon on tiendrait jamais.
Effectivement je pense que quand (comme moi ^^) on débute, c'est mieux d'avoir un minimum d'envie et de tolérance envers notre "public" que se mettre directement dans l'état d'esprit : "j'attends la retraite" (je l'ai déjà lu ici et ça me choque chez des tout jeunes enseignants) et de tout subir tout en tenant un discours très négatif sur la profession. Il ne faut pas idéaliser le métier et savourer sa chance lorsqu'on tombe dans un endroit pas trop mal ; prendre des forces pour quand ça sera "vraiment" pénible... et savoir se fixer des objectifs cohérents / adaptés (je ne parle évidemment pas des personnes qui ont des années d'expérience derrière elles et qui ont le recul pour juger de la détérioration de leurs conditions de travail, et qui en viennent à considérer leur boulot comme "alimentaire" pour ne pas trop déprimer, attitude que je trouve plutôt saine).
oui, en fait le truc c'est d'avoir envie ou pas d'être avec des élèves, de s'adapter à eux. Quand on aime ça (ou qu'on supporte, au moins), on ne ressent pas de "fossé" avec le prépa agrég.
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- Reine MargotDemi-dieu
sinon, il faut dire que même les profs passionnés et chevronnés sont de plus en plus usés et constatent une vraie baisse du niveau (impossible de faire faire les mêmes exercices qu'il y a 5-10 ans), et un refus du travail de la part des élèves, et ainsi de suite.
Malgré tout, les conditions de travail se dégradent énormément.
Malgré tout, les conditions de travail se dégradent énormément.
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- AlExpert spécialisé
Ben moi je ne vis pas du tout les choses comme Nuits, j'en viens à me demander si nous connaissons bien la même réalité, le dénigrement de la société... ? je crois qu'il est important aussi de dire que tous les profs ne connaissent pas ce type d'attitude envers eux. Pourtant mon entourage géographique et familial, social est très nettement de droite. Mes amis sont avocats, médecins, dans la finance, l'entreprise, la comptabilité... jamais ça ne leur viendrait à l'idée de me dénigrer, hésiter à "avouer" que vous êtes profs en soirée mais on est où là ??? je voyage pas mal, en France notamment, et à chaque fois que je rencontre de nouvelles personnes leurs réactions sont toujours positives, même si on me dit bien qu'on "ne pourrait jamais faire ce que je fais". Bien sûr que le salaire n'est pas assez élevé, mais c'est pas pour ça que je sens un mépris. Ma hiérarchie est super, ils ne me laissent absolument pas me débrouiller toute seule, et me soutiennent en cas du moindre manque de respect de l'élève. Pas de langue de bois de la part des inspecteurs non plus. Personne ne vient me dire que c'est ma faute s'il y a un souci de comportement. Au contraire ma façon (catégorique^^) de réagir est appréciée ("vous êtes jeune, vous avez raison de ne rien laisser passer"). Ca dépend bien sûr des établissements, et ça me fait froid dans le dos d'un jour vivre tout ce que vous évoquez, le mépris, le manque de soutien, je sais que je ne le supporterai pas (trop "entière").
Mes élèves sont faibles mais je fais de l'histoire littéraire et en général ils adorent ça, parce que justement l'Histoire est faite d'histoires, d'anecdotes, et on touche là à quelque chose de l'enfance, d'universel. Peut-être est-ce la différence collège / lycée ? car même si le niveau est le même (mes secondes ne savent pas coller une feuille), par contre peut-être qu'on est confronté à moins de misère sociale ?
et pour répondre à reine Margot, ça n'engage que moi mais si on a pas envie de travailler avec des jeunes, on ne passe pas de concours de l'enseignement, ni le capes, ni l'agreg. faut au moins pouvoir le "supporter". passer un concours d'enseignement pour rester dans sa bulle de pseudo excellence, je vois pas l'intérêt. Y a rien de pire que de passer un concours "pour le salaire" (ou le prestige) en étant absolument pas fait pour exercer le métier qui va avec le concours, et surtout quand ce métier c'est prof, penser que tout le monde peut le faire, pour des raisons alimentaires ou autres, pour moi c'est relativement proche du suicide. Même si ce métier reste dur à définir, ce qui est sûr, c'est que ça passe ou ça casse, tant la fatigue physique, mentale, le stress omniprésent, les éventuelles pressions parents /hiérarchie, etc, sont importants. Pas la peine d'avoir une "vocation" ou une "passion" pour le métier (par contre, pour sa matière, ça me parait indispensable), mais il faut avoir en soi une zone de "compatibilité" avec ce qu'exige ce métier.
Mes élèves sont faibles mais je fais de l'histoire littéraire et en général ils adorent ça, parce que justement l'Histoire est faite d'histoires, d'anecdotes, et on touche là à quelque chose de l'enfance, d'universel. Peut-être est-ce la différence collège / lycée ? car même si le niveau est le même (mes secondes ne savent pas coller une feuille), par contre peut-être qu'on est confronté à moins de misère sociale ?
et pour répondre à reine Margot, ça n'engage que moi mais si on a pas envie de travailler avec des jeunes, on ne passe pas de concours de l'enseignement, ni le capes, ni l'agreg. faut au moins pouvoir le "supporter". passer un concours d'enseignement pour rester dans sa bulle de pseudo excellence, je vois pas l'intérêt. Y a rien de pire que de passer un concours "pour le salaire" (ou le prestige) en étant absolument pas fait pour exercer le métier qui va avec le concours, et surtout quand ce métier c'est prof, penser que tout le monde peut le faire, pour des raisons alimentaires ou autres, pour moi c'est relativement proche du suicide. Même si ce métier reste dur à définir, ce qui est sûr, c'est que ça passe ou ça casse, tant la fatigue physique, mentale, le stress omniprésent, les éventuelles pressions parents /hiérarchie, etc, sont importants. Pas la peine d'avoir une "vocation" ou une "passion" pour le métier (par contre, pour sa matière, ça me parait indispensable), mais il faut avoir en soi une zone de "compatibilité" avec ce qu'exige ce métier.
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"C’est le grand nuage des ambitions moroses qui étouffe la voix d’Éros."
- Reine MargotDemi-dieu
on peut aussi aimer sa matière et penser que les jeunes, on fera avec, et ça marche un certain temps...pendant de nombreuses années, ça s'est bien passé pour moi et 'jamais certains de mes projets.
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
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Dans le commerce.Emeraldia a écrit:Alors éclairez-nous : comment finirez-vous ?
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Pourvu que ça dure...
- gelsomina31Grand Maître
tout un projet de vie... :gratte:Fesseur Pro a écrit:Dans le commerce.Emeraldia a écrit:Alors éclairez-nous : comment finirez-vous ?
je sais, je sais... il n'y a pas de sots métiers...
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Fear buildswalls.Hope builds bridges !
« De chacun selon ses forces, à chacun selon ses besoins. »
- Fesseur ProGuide spirituel
Ah ben tiens, + 1Aletheia a écrit:et pour répondre à reine Margot, ça n'engage que moi mais si on a pas envie de travailler avec des jeunes, on ne passe pas de concours de l'enseignement, ni le capes, ni l'agreg. faut au moins pouvoir le "supporter". passer un concours d'enseignement pour rester dans sa bulle de pseudo excellence, je vois pas l'intérêt. Y a rien de pire que de passer un concours "pour le salaire" (ou le prestige) en étant absolument pas fait pour exercer le métier qui va avec le concours, et surtout quand ce métier c'est prof, penser que tout le monde peut le faire, pour des raisons alimentaires ou autres, pour moi c'est relativement proche du suicide.
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Pourvu que ça dure...
- Fesseur ProGuide spirituel
gelsomina31 a écrit:tout un projet de vie... :gratte:Fesseur Pro a écrit:Dans le commerce.Emeraldia a écrit:Alors éclairez-nous : comment finirez-vous ?
Je ne comprends pas ta remarque.
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Pourvu que ça dure...
- EmeraldiaÉrudit
Je pense que vous n'êtes pas en ZEP et que vous ne connaissez que l'établissement où vous êtes. Alors tant mieux si tout se passe bien pour vous mais c'est loin d'être le cas dans beaucoup d'endroits (j'ai enseigné dans une vingtaine d'établissements).Fesseur Pro a écrit:Ah ben tiens, + 1Aletheia a écrit:et pour répondre à reine Margot, ça n'engage que moi mais si on a pas envie de travailler avec des jeunes, on ne passe pas de concours de l'enseignement, ni le capes, ni l'agreg. faut au moins pouvoir le "supporter". passer un concours d'enseignement pour rester dans sa bulle de pseudo excellence, je vois pas l'intérêt. Y a rien de pire que de passer un concours "pour le salaire" (ou le prestige) en étant absolument pas fait pour exercer le métier qui va avec le concours, et surtout quand ce métier c'est prof, penser que tout le monde peut le faire, pour des raisons alimentaires ou autres, pour moi c'est relativement proche du suicide.
Et on peut aimer les ados mais ne pas aimer le manque de respect, se faire insulter, dénigrer etc.
Quant au mépris de la société, même si ça n'est pas votre entourage proche, vivez-vous dans une bulle pour ne pas l'avoir remarqué ? Quittez Néoprofs, allez sur des sites où il est question d'enseignement et vous verrez le populisme s'acharner.
- LefterisEsprit sacré
Il y a aussi le recul qu'on est capable de prendre. Je ne nourris pas une passion pour mon boulot , mais je le vis bien contrairement à ce que je lis ici de jeunes collègues désespérés. On en epeut pas trop en demander à un métier.Reine Margot a écrit:on peut aussi aimer sa matière et penser que les jeunes, on fera avec, et ça marche un certain temps...pendant de nombreuses années, ça s'est bien passé pour moi et 'jamais certains de mes projets.
Pour ma part, certains élèves, rien qu'à les voir, me hérissent le poil, et cela n'a rien à voir avec le niveau qu'ils ont, mais leur attitude, leur caractère. Ayant passé l'âge des illusions, j'imagine bien que je vais prêcher dans le vide pour la majorité, et que quelques uns vont en profiter. Mais quand j'ai fini, j'ai fini et j'aime ma matière donc je m'instruis, je lis. Et même, quand je vois l'impossibilité à bouger pour un très bon établissement (poste bloqués, centaines de points nécessaires à Paris), j'en viens à changer mon fusil d'épaule et me dire qu'il faut se tourner de ce côté là, c'est bien plus sage. (Et de manière indirecte, je prépare énormément , en plus, sans m'en rendre compte). Et la vie privée aussi est capitale : l'idée que je peux décamper de l'établissement quand je veux, même entre les trous (souvent nombreux , hélas , pas trop cette année par miracle ) est un bon auxiliaire .
Et aussi, par élimination , je me dis que je ne pourrais plus faire autre chose : l'âge qui ne diminue pas , et ayant été cadre A ailleurs, je ne supporterais plus le système hiérarchique, n'aimant ni commander ni être commandé, l'obligation de fréquenter des gens, alors qu'enseignant, on peut vivre en autarcie, etc.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- Fesseur ProGuide spirituel
J'ai travaillé dans tous les types d'établissements dans ma longue carrière, merci de ne pas juger hativement.
Même quand ça se passe mal, il y a toujours des petites victoires.
Quant au mépris de la société, il ne me touche guère et on fait avec.
Je ne travaille pas pour la gloire.
J'ai beaucoup de relations au chômage, artisans ou chef d'entreprises qui ont beaucoup plus de soucis que moi.
Même quand ça se passe mal, il y a toujours des petites victoires.
Quant au mépris de la société, il ne me touche guère et on fait avec.
Je ne travaille pas pour la gloire.
J'ai beaucoup de relations au chômage, artisans ou chef d'entreprises qui ont beaucoup plus de soucis que moi.
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Pourvu que ça dure...
- lalilalaEmpereur
Euh ouais, enfin le métier, on le découvre vraiment dans sa salle, avec les élèves, ou chez soi au moment de la préparation des cours. Après le concours donc. Mes parents, enseignants, n'ont jamais essayé de me dissuader.
Je ne reste pas "dans ma bulle d'excellence" ou je ne sais quoi mais je suis dégoûtée. Par les méthodes imposées, par les contenus des programmes, par le fait d'être TZR bouche-trou loin des gens qui comptent pour moi, par la plupart des élèves, et ma première année de stage a causé énormément de dégâts.
On a tous le droit de se planter dans la vie et d'avoir envie de changer de situation. Et on a aussi le droit de ne pas aimer travailler (il y a des choses tellement plus importantes et intéressantes dans la vie...) et de le faire pour payer les factures tout simplement. Il y a des gens passionnés par leur boulot ou qui apprécient tout simplement ce qu'ils font, je les envie, j'aimerais bien un jour pouvoir en dire autant. En attendant ben je vais bosser à contre-coeur, pour payer tout ce qu'il y a à payer. Et je prends mon boulot au sérieux, je fais ce que je peux et j'y laisse beaucoup de choses.
Je ne reste pas "dans ma bulle d'excellence" ou je ne sais quoi mais je suis dégoûtée. Par les méthodes imposées, par les contenus des programmes, par le fait d'être TZR bouche-trou loin des gens qui comptent pour moi, par la plupart des élèves, et ma première année de stage a causé énormément de dégâts.
On a tous le droit de se planter dans la vie et d'avoir envie de changer de situation. Et on a aussi le droit de ne pas aimer travailler (il y a des choses tellement plus importantes et intéressantes dans la vie...) et de le faire pour payer les factures tout simplement. Il y a des gens passionnés par leur boulot ou qui apprécient tout simplement ce qu'ils font, je les envie, j'aimerais bien un jour pouvoir en dire autant. En attendant ben je vais bosser à contre-coeur, pour payer tout ce qu'il y a à payer. Et je prends mon boulot au sérieux, je fais ce que je peux et j'y laisse beaucoup de choses.
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Nuestra vida es un círculo dantesco.
Mon blog
- LefterisEsprit sacré
Emeraldia a écrit:Je pense que vous n'êtes pas en ZEP et que vous ne connaissez que l'établissement où vous êtes. Alors tant mieux si tout se passe bien pour vous mais c'est loin d'être le cas dans beaucoup d'endroits (j'ai enseigné dans une vingtaine d'établissements).Fesseur Pro a écrit:Ah ben tiens, + 1Aletheia a écrit:et pour répondre à reine Margot, ça n'engage que moi mais si on a pas envie de travailler avec des jeunes, on ne passe pas de concours de l'enseignement, ni le capes, ni l'agreg. faut au moins pouvoir le "supporter". passer un concours d'enseignement pour rester dans sa bulle de pseudo excellence, je vois pas l'intérêt. Y a rien de pire que de passer un concours "pour le salaire" (ou le prestige) en étant absolument pas fait pour exercer le métier qui va avec le concours, et surtout quand ce métier c'est prof, penser que tout le monde peut le faire, pour des raisons alimentaires ou autres, pour moi c'est relativement proche du suicide.
Et on peut aimer les ados mais ne pas aimer le manque de respect, se faire insulter, dénigrer etc.
Quant au mépris de la société, même si ça n'est pas votre entourage proche, vivez-vous dans une bulle pour ne pas l'avoir remarqué ? Quittez Néoprofs, allez sur des sites où il est question d'enseignement et vous verrez le populisme s'acharner.
L'opinion des khons, on s'en fiche à la limite : pour ma part je les évite, parfois après les avoir mis plus bas que terre. Mais ce qui est le plus embêtant dans tout ça, c'est que cet état d'esprit général est selon moi une des causes directes du comportement des élèves à notre endroit, de leur mépris à la fois du savoir (surtout ce qui "ne sert à rien" => les lettres ) et des professeurs. Ils sont comme des éponges à l'air du temps, entendent ce dénigrement chez eux, par les médias et prennent les enseignants pour des moins que rien.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- gelsomina31Grand Maître
Fesseur Pro a écrit:gelsomina31 a écrit:tout un projet de vie... :gratte:Fesseur Pro a écrit:Dans le commerce.Emeraldia a écrit:Alors éclairez-nous : comment finirez-vous ?
Je ne comprends pas ta remarque.
Pas grand chose à comprendre.
Je supporte de moins en moins les commerçants/commerciaux (actuels ou futur) qui me donne des leçons sur l'enseignement. Je ne supporte plus du tout la mercantilisation du monde en général et de l'instruction publique en particulier.
Je suis sûrement un peu obtuse et j'ai sûrement une idée élitiste des métiers de l'enseignement mais je n'arrive pas à comprendre qu'on puisse passer de l'enseignement au commerce (et vice-versa) en changeant juste de chemise. Pour moi, un commerçant n'a rien à voir dans l'enseignement et un prof n'a rien à faire dans le commerce. La dévalorisation de notre métier vient aussi de là...
OK sur le cercle vicieux de la dépréciation de notre métier. Mais comment faire pour en sortir par les temps qui courent?Lefteris a écrit:
L'opinion des khons, on s'en fiche à la limite : pour ma part je les évite, parfois après les avoir mis plus bas que terre. Mais ce qui est le plus embêtant dans tout ça, c'est que cet état d'esprit général est selon moi une des causes directes du comportement des élèves à notre endroit, de leur mépris à la fois du savoir (surtout ce qui "ne sert à rien" => les lettres surtout) et des professeurs. Ils sont comme des éponges à l'aire du temps, entendent ce dénigrement chez eux, par les médias et prennent les enseignants pour des moins que rien.
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Fear buildswalls.Hope builds bridges !
« De chacun selon ses forces, à chacun selon ses besoins. »
- HermionyGuide spirituel
kensington a écrit:Bravo Nuits pour ce texte formidable et Lefteris pour le résumé très juste.
+1
- WonderWomanBon génie
+1kensington a écrit:Bravo Nuits pour ce texte formidable et Lefteris pour le résumé très juste.
Nuits, tu as très bien exprimé ce que je ressens.
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Vide dressing petite fille https://www.vinted.fr/membres/15210542-wiwiagathe
Vide dressing sur néo : https://www.neoprofs.org/t128716-vd-fille-wonderwoman-du-3-mois-au-4-ans-sergent-major-jacadi-zara-dpam-kiabi-verbaudet#4954294
- kensingtonEsprit éclairé
Aletheia, comme Lefteris l'a très bien résumé, Nuits a avant tout parlé de la dénaturation du métier et de l'école à cause de l'abandon (avoué ou pas, plus ou moins déguisé à l'occasion) de l'ambition de transmettre avant tout des savoirs, des connaissances, une culture. Avec tous les dégâts latéraux que cela engendre, la violence par exemple.
C'est ça qui a fait de notre métier un travail alimentaire comme un autre, même si parfois, selon notre situation personnelle, on peut encore s'accrocher à cette transmission au lieu de basculer dans l'animation de groupe.
Et ce que décrit Nuits et d'autres, ce n'est pas un malaise ou une répugnance à travailler avec des enfants ou des ados (bien au contraire), ce n'est pas l'enfermement narcissique dans les savoirs des concours, c'est le sentiment qu'on ne peut plus ou qu'on ne pourra bientôt plus accomplir ce qu'on considère être notre véritable travail (ou plutôt ce qu'on considère qu'il devrait encore être, qu'il aurait dû toujours être).
Et ce sentiment n'est pas éprouvé par des gens élitistes qui veulent exclure, qui veulent trier, qui refusent le monde tel qu'il est, il est éprouvé, ressenti, vécu par des gens qui se rendent compte, un jour ou l'autre, que toutes les réformes qu'on nous a vendues au nom de la démocratisation, n'ont fait qu'enfoncer peu à peu et encore plus ceux qui pouvaient tout attendre de l'école, des gens qui maintenant perdent parfois ou ont perdu l'espoir de voir les choses réellement changer.
Mais si ce changement n'est pas voulu, si au contraire certains veulent qu'on s'enfonce encore plus profondément et rapidement dans ce que d'autres jugent être une catastrophe, eh bien, oui, il faut pouvoir prendre un peu de recul de temps en temps.
C'est ça qui a fait de notre métier un travail alimentaire comme un autre, même si parfois, selon notre situation personnelle, on peut encore s'accrocher à cette transmission au lieu de basculer dans l'animation de groupe.
Et ce que décrit Nuits et d'autres, ce n'est pas un malaise ou une répugnance à travailler avec des enfants ou des ados (bien au contraire), ce n'est pas l'enfermement narcissique dans les savoirs des concours, c'est le sentiment qu'on ne peut plus ou qu'on ne pourra bientôt plus accomplir ce qu'on considère être notre véritable travail (ou plutôt ce qu'on considère qu'il devrait encore être, qu'il aurait dû toujours être).
Et ce sentiment n'est pas éprouvé par des gens élitistes qui veulent exclure, qui veulent trier, qui refusent le monde tel qu'il est, il est éprouvé, ressenti, vécu par des gens qui se rendent compte, un jour ou l'autre, que toutes les réformes qu'on nous a vendues au nom de la démocratisation, n'ont fait qu'enfoncer peu à peu et encore plus ceux qui pouvaient tout attendre de l'école, des gens qui maintenant perdent parfois ou ont perdu l'espoir de voir les choses réellement changer.
Mais si ce changement n'est pas voulu, si au contraire certains veulent qu'on s'enfonce encore plus profondément et rapidement dans ce que d'autres jugent être une catastrophe, eh bien, oui, il faut pouvoir prendre un peu de recul de temps en temps.
- Fesseur ProGuide spirituel
Allons bon !gelsomina31 a écrit:Je suis sûrement un peu obtuse et j'ai sûrement une idée élitiste des métiers de l'enseignement mais je n'arrive pas à comprendre qu'on puisse passer de l'enseignement au commerce (et vice-versa) en changeant juste de chemise. Pour moi, un commerçant n'a rien à voir dans l'enseignement et un prof n'a rien à faire dans le commerce. La dévalorisation de notre métier vient aussi de là...Fesseur Pro a écrit:gelsomina31 a écrit:tout un projet de vie... :gratte:Fesseur Pro a écrit:Dans le commerce.Emeraldia a écrit:Alors éclairez-nous : comment finirez-vous ?
Je ne comprends pas ta remarque.
J'avais donc bien compris le côté légérement méprisant vis à vis du commerce.
C'est justement un beau projet de vie qui murit petit à petit avec ma chère et tendre et qui je l'espère verra le jour.
( sauf si je reste vieux prof heureux )
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Pourvu que ça dure...
- Fesseur ProGuide spirituel
C'est peut être aussi à nous de se reconcenter sur l'essentiel : l'enseignement et les relations avec les les gamins.
Il y a bien longtemps que je ne termine pas les programmes ( sauf en 3ème ), que je sèche la plupart des réunions, que je n'évalue pas par compétences ( je laisse la main au PP en 3ème ), que je laisse les CDE gérer les parents à partir d'un certain stade.
Que risque t-on ?
Une réprimande de l'inpecteur ?
Ca fait peur !
Il y a bien longtemps que je ne termine pas les programmes ( sauf en 3ème ), que je sèche la plupart des réunions, que je n'évalue pas par compétences ( je laisse la main au PP en 3ème ), que je laisse les CDE gérer les parents à partir d'un certain stade.
Que risque t-on ?
Une réprimande de l'inpecteur ?
Ca fait peur !
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- kensingtonEsprit éclairé
Mais justement, si on n'a pas une vision alimentaire de son métier, on ne peut pas "juste" se satisfaire d'arriver encore à faire ce qu'on veut, ou à peu près, dans son coin.
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