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Aurore
Esprit éclairé

Alain Fienkielkraut, La défaite de la pensée - Page 5 Empty Re: Alain Fienkielkraut, La défaite de la pensée

par Aurore Mer 22 Aoû 2012 - 20:51
John a écrit:
Je reviens rapidement sur Fienkielkraut et j'essaye de me mettre deux secondes à la place de ce garçon, manifestement porté vers la méditation et la pensée (cf. sa passion pour Hannah Arendt) et son métier de professeur de philosophie et qui se trouve dans l'obligation, de par son autre métier de chroniqueur (du grec chronos = temps) de se plonger corps et âme dans l'actualité (id est, il faut bien le dire, dans la bêtise et la barbarie ordinaire et extraordinaire), là où d'autres se réfugient dans les livres, l'amitié et la pensée (le jardin d’Épicure).

Il y a effectivement de quoi en tomber malade pour des cœurs moins accrochés.
Mais personne ne le force à se plonger dans l'actualité, et s'il est malade, il y a des maisons pour ça.
De même qu'en cas d'excès d'aigreur, il existe des médicaments. Smile
Robin
Robin
Fidèle du forum

Alain Fienkielkraut, La défaite de la pensée - Page 5 Empty Re: Alain Fienkielkraut, La défaite de la pensée

par Robin Jeu 23 Aoû 2012 - 12:50
Le problème de F., c'est qu'il a tendance à penser de façon "binaire" ("ou bien... ou bien", comme dit Kierkegaard), or les grands philosophes tentent toujours de concilier des opposés, par exemple Platon, l'Un et le multiple, l’Être et de devenir ; Kant la raison et l'entendement ; Hegel la nature et l'esprit, etc.

Dans la défaite de la pensée, sa position de thèse est qu'il y a deux manières antagonistes de concevoir le monde, deux "Weltanschauung", l'enracinement, le "Volkgeist" (Herder) et l'ouverture à l'universel et au Droits de l'Homme (Benda).

Quand il revient sur une position de thèse dont il a valorisé un terme (par exemple l'ouverture à l'universel, aux valeurs communes...) en montrant, à juste titre que le Volkgeist est une question de vie ou de mort pour les "petites nations"(la Pologne par exemple), il a tendance à condamner la thèse inverse qu'il avait soutenue auparavant.

Quand il valorise, par exemple, l'amour courtois, il ne voit pas que l'égalité hommes-femmes (juridique dont relevant d'une aspiration à l'universel) provient d'une réalité culturelle (l'idéalisation de la femme dans la civilisation languedocienne du XIIIème siècle, revue par le romantisme) et donc que l'universel provient du particulier.

Cette impossibilité de "faire la synthèse" fait de lui un bon polémiste, bien qu'il soit trop sensible et trop émotif pour un polémiste et que dans ce domaine, il faut accepter de recevoir autant de "scuds" que l'on envoie, ce qui n'est manifestement pas son cas, car sa sensibilité ne supporte pas ce qu'admet sa raison (les nécessités du débat).

Ceci dit, c'est un homme de valeur et il donne à penser (il remue les méninges, quitte à les échauffer à l'excès de temps en temps, quand le débat devient polémique)

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