Nos dernières lectures (tome 4)

J'ai attaqué L'Adversaire de Carrère, qui raconte l'histoire de Jean-Claude Romand, un homme qui avait menti toute sa vie puis, de peur d'être découvert, avait tué sa femme, ses enfants et ses parents en 1993. L'écrivain démêle les mensonges de cet homme avec lequel il a correspondu et tente de comprendre ce qui l'a poussé très jeune à mentir sur ses études, sa carrière professionnelle, ses amitiés jusqu'au jour où il bascula dans une espèce de folie meurtrière. Pour l'instant le livre reste assez factuel et peine à saisir, mais c'est au fond compréhensible, le mystère qui entoure Romand, homme trop effacé et englué dans sa non-existence.

Ouf, ça a l'air d'être costaud, cette lecture, Nadejda...

Pour ma part, je viens de finir La part de l'autre, que j'ai dévoré.
Un bémol tout de suite : je n'aime pas trop le style, que je trouve parfois faible (des essais de style "choc" ratés à mon goût).
Par contre, l'histoire est captivante, et l'alternance des deux Hitler tient en haleine. Sur l'Hitler virtuel, je reste sceptique : peut-être un a priori mal placé, mais j'ai vraiment du mal à l'imaginer dans cette voie paisible ; qu'un homme ait devant lui deux chemins si différents ne me semble pas possible, malgré l'histoire des petites causes et grands effets. Sur l'Hitler "réel", c'est un parcours intime et psychologique très intéressant.
Bref, une lecture très curieuse et troublante en effet - merci Hermione :livre:

En fait, le Carrère n'est pas vraiment étouffant / dérangeant de mon point de vue — ce qui m'étonne un peu. En tout cas pour ce que j'ai lu. Mais j'ai peut-être perdu en sensibilité à force de lire des textes plus "durs".

J'avais vraiment bien aimé La part de l'autre quand j'étais en première bien que ce roman ait quelques faiblesses comme celles que tu pointes (et aussi, de mémoire, une façon un peu niaise d'écrire l'amour). Après avoir lu avec plaisir plusieurs Schmitt (L'Evangile selon Pilate, Lorsque j'étais une oeuvre d'art, quelques pièces) je me suis très vite lassée. Il a vraiment cédé à la facilité dans ses oeuvres ultérieures.

JPhMM a écrit:

Un bonheur, comme souvent dans cette collection. L'auteur nous prend par la main depuis Aristote jusqu'aux méandres de Wittgenstein — dadouque du monde post-positiviste — et pendant un quartier d'instant nous effleurons du bout des mots ce lieu sombre où les mots n'auront jamais pouvoir de dire ce qui est. Le paradoxe n'étant pas qu'apparent, nous réalisons que Wittgenstein, comme Frege, a vu sans doute trop loin, jusqu'à la brûlure.

j'ai essayé "remarques philosophiques" de Wittgenstein, j'ai pas tout compris et j'ai abandonné. là je suis dans "le prince" de Machiavel.

Nadejda a écrit:En fait, le Carrère n'est pas vraiment étouffant / dérangeant de mon point de vue — ce qui m'étonne un peu. En tout cas pour ce que j'ai lu. Mais j'ai peut-être perdu en sensibilité à force de lire des textes plus "durs".

En même temps, dans mon souvenir, le style était assez "journalistique", plutôt froid, neutre. Mais ça fait une dizaine d'années que je l'ai lu, j'ai peut-être oublié. En tout cas, suite à cela j'en avais lus deux autres: La Classe de neige et La Moustache.
Ici, un petit lien où Carrère raconte lui-même les difficultés qu'il a eu à écrire ce livre, c'est assez intéressant:

https://www.youtube.com/watch?v=yVqY9PXJs-k

JPhMM a écrit:Ah tiens, je l'ai lu il y a moins de quinze jours. En français, bien sûr.

Frisouille a écrit:

Patissot a écrit:

Mon premier Murakami.

Vous n'auriez pas pu m'interdire formellement la lecture de cet ouvrage ?

Mais pourquoi ai-je eu la faiblesse d'ouvrir un livre dont le titre comporte le mot "koibito" et dont la quatrième de couverture laisse à penser qu'il s'agit d'une histoire d'amour qui va se développer de manière tragique ?
Il me reste encore une centaine de pages à endurer avant de pouvoir commencer à faire le deuil des personnages. C'est vraiment stupide, mais le mélange "japonaise+love story" à des effets nocifs sur ma santé mentale (crises dépressives). Cela revient à donner du sucre à un diabétique.

Vous ne connaitriez pas plutôt des romans qui racontent l'agonie d'une mouche ou décrivent les étiquettes des bouteilles d'eau minérale ?

Patissot a écrit:Il me reste encore une centaine de pages à endurer avant de pouvoir commencer à faire le deuil des personnages.

Oui les personnages sont très beaux.

Patissot a écrit:C'est vraiment stupide, mais le mélange "japonaise+love story" à des effets nocifs sur ma santé mentale (crises dépressives). Cela revient à donner du sucre à un diabétique.

M'est avis que produire cet effet est l'une des raisons d'être du livre.

Patissot a écrit:Vous ne connaitriez pas plutôt des romans qui racontent l'agonie d'une mouche ou décrivent les étiquettes des bouteilles d'eau minérale ?

Pas chez Murakami.

Cela ne me semble pas être en rapport avec les qualités littéraires de l'ouvrage que je trouve un peu fade. Il s'agit seulement d'une réaction assez banale de mon psychisme qui déraille lorsqu'il doit traiter le mot clé "japonaise".

Le soleil des Scorta de Laurent Gaudé. Une très belle découverte.

Ronin a écrit:Le soleil des Scorta de Laurent Gaudé. Une très belle découverte.

Mais il paraît que ses autres bouquins ne sont pas à la hauteur.

Argh, ça m'a donné envie de lire les autres romans, quelqu'un d'autre à un avis sur cet auteur ?

Clarinette a écrit:

Ronin a écrit:Le soleil des Scorta de Laurent Gaudé. Une très belle découverte.

Mais il paraît que ses autres bouquins ne sont pas à la hauteur.

la mort du roi tsongor est formidable.

Reine Margot a écrit:

Clarinette a écrit:

Ronin a écrit:Le soleil des Scorta de Laurent Gaudé. Une très belle découverte.

Mais il paraît que ses autres bouquins ne sont pas à la hauteur.

la mort du roi tsongor est formidable.

Je note.

Et "La porte des enfers" ? l'histoire me tente bien.

La Kindle veut soit ma mort, soit mon bonheur, je n'ai pas encore décidé.

Achetée samedi dernier, j'ai déjà lu quelques nouvelles d'Edith Wharton, Colomba de Mérimée et Boule de Suif de Maupassant. C'est bien pratique d'avoir toujours une nouvelle sous la main pour mes 3h de trajet

J'adore Gaudé.
Une belle force d'écriture.



Le dernier roman d'Anne-Marie Garat qui revient sur les technologies du monde moderne et en fait presque grâce aux différentes histoires / dimensions une nouvelle mythologie ...

Assez bluffant, même si le style super soigné, sans tomber dans la préciosité, en fait un roman assez "difficile" à lire.

Clic.

J'adore Gaudé aussi ! Tout est bien (en tous cas tous ceux que j'ai lu) même si c'est à différents degrés. Le dernier écrit est sur ma PAL et m'attend.
En plus d'être une très belle plume, c'est aussi une belle personne. Je ne l'ai pas rencontré personnellement mais une de mes amies et collègue l'a fait intervenir devant ses classes de lycée : un très beau moment d'échange.

J'aime beaucoup aussi !

La mort du roi Tsongor est mon préféré, avec Cris, et l'avantage, c'est que je ne sais jamais vraiment à quoi m'attendre. C'est une histoire toujours différente, et à mon goût, pour ce que j'ai pu lire, toujours une réussite.

Ouragan de Gaudé est très bien aussi !

Sur ma PAL:

http://skhole.fr/l-%C3%A9cole-question-philosophique-avant-propos-par-denis-kambouchner#_ftn5

En ce moment, je termine "Apparition" de Graham Masterton, un auteur britannique que j'aime beaucoup. Je l'avais lu il y a près de vingt ans et force est de constater que c'est toujours aussi prenant à lire. L'histoire relate la venue de David Williams et de son fils Danny sur l'île de Wight. David a pour mission de restaurer une vieille demeure appelée Fortyfoot House. Malheureusement pour lui, Fortyfoot House n'est pas une maison comme les autres, et il va vite l'apprendre à ses dépens... Je pense qu'il n'oubliera jamais sa rencontre avec Brown Jenkin, un rat de grande taille au faciès humain qui parle plusieurs langues (Oui, Fortyfoot House dissimule aussi d'étranges personnages qu'il vaut mieux ne pas rencontrer, de jour comme de nuit).

Lu hier quasi en avant-première (le livre est dans les bacs depuis 24 heures) le Dictionnaire des amants, rédigé par une collègue prof de philo — et quelques copines de bonne composition. Comme elles le disent elles-mêmes :
"Ouvrage à visée encyclopédique et préventive, mis en ordre par une société d'honnêtes femmes membres de l'Académie des expériences horizontales et verticales"



Et la quatrième de couv' :
"Le Dictionnaire des amants, un ouvrage à visée encyclopédique et préventive, mis en ordre par une société d'honnêtes femmes membres de l'Académie universelle des expériences horizontales et verticales... Ce dictionnaire a été écrit sous la haute autorité d'une Académie de femmes de tout âge, toute condition et mensuration, des femmes parfois heureuses, plus simplement satisfaites, souvent déçues ou encore totalement aigries.
Des profils d'amants qu'il est possible et parfois regrettable de rencontrer: A comme Alec le goujat, B comme Bernard le garagiste, C comme Charles-Henri le timide... Leurs phrases fétiches, leurs particularités, leur profil psychologique, ce qu'ils pourront vous apporter, les images mentales générées par leur présence dans votre lit, y sont décryptées avec une rigueur scientifique. Si les auteurs s'adressent aux autres femmes, cet ouvrage peut s'avérer très instructif pour les hommes qui se reconnaîtront sans doute au détour d'une page. "

J'ai rigolé comme un bossu — en me cherchant désespérément (mais on ne peut pas tout prévoir : le Dictionnaire couvre la quasi totalité de l'espèce Homo Phallus-tenens — une espèce que je croyais connaître, maiqs j'en ai appris.
À déguster entre copines — et à offrir aux copines, celles qui se croient nanties, celles qui cherchent, celles qui désespèrent — et celles qui se demandent encore pourquoi elles sont lesbiennes…

Du coup je viens de l'acheter, ça m'a donné envie de le lire.

Lectures riches, le Cantor étant une relecture.
Et moi je commence à tomber amoureux de la collection "Figures du savoir".

Est-ce que tu peux en dire un peu plus sur René Thom ?
Je ne connais pas du tout, mais ça m'intrigue.

Je reviens après quelques semaines pendant lesquelles je n'ai pas pu écrire. J'ai lu:

[img][/img]

En français, La solitude des nombres premiers. C'est drôle parce que ce livre a été évoqué sur ce topic alors que j'étais justement en train de le lire. C'est une très jolie histoire, très triste, et ce n'est pas mal écrit même si ce n'est pas non plus de la grande littérature. C'est l'histoire d'un homme et d'une femme, depuis leur enfance jusqu'à l'âge adulte, qui sont faits l'un pour l'autre mais ils n'arrivent pas à le comprendre (d'où le titre). Un film a été tiré de ce livre, mais je ne l'ai pas trouvé très fidèle, même s'il y a des choses intéressantes.