Nos dernières lectures (tome 4)

Le dernier né de Mourlevat. ♥

Clic.

Je viens d'achever Elle s'appelait Sarah, livre déjà présenté à plusieurs reprises sur ce fil. Une émotion intense m'a submergée tout au long des pages racontant le calvaire de cette petite fille de dix ans ; c'est un livre bouleversant dont je me souviendrai longtemps...

Quatrième de couverture
Imaginons un jeune soldat sur le point de succomber à d'atroces brûlures dans l'horreur d'un champ de bataille et qu'un voyageur de l'espace soustrait in extremis à la mort. Il devrait lui en être reconnaissant. Qu'en outre son sauveur l'arrache à sa planète natale, misérable et ravagée par des guerres incessantes, pour le conduire dans un univers de rêve où tout est beau et où les hommes s'aiment entre eux, on s'attend à lui voir verser des larmes de gratitude. Eh bien, il en est tout autrement pour le triste héros de cette histoire, parabole transparente qui, sur un rythme endiablé, illustre avec l'humour le plus noir les goûts pervers de l'humanité.

Il réagit comment dans ce monde merveilleux alors?

Britannicus

Lu vendredi le dernier G. Didi-Huberman, Blancs soucis, court livre dans la lignée d'Écorces ou de Survivance des lucioles. L'ouvrage est intéressant mais les deux parties qui le composent se rejoignent à mon avis assez mal entre d'un côté une exploration originale de la symbolique du lait dans l'art, la religion, l'anthropologie à partir d'un court-métrage de Sarkis, Au commencement l'apparition,... que j'ai préférée, et de l'autre ses considérations habituelles (mais un peu redondantes) sur le témoignage et ses blancs nécessaires à l'apparition de la fêlure. La réflexion de la deuxième partie part d'un dispositif d'Esther Shalev-Gerz qui avait fait l'objet d'une exposition à l'Hôtel de Ville de Paris il y a quelques années, Entre l'écoute et la parole : il s'agissait de mettre les visiteurs face à des témoignages de survivants du génocide juif, d'entendre leurs paroles mais aussi leurs silences grâce à trois grands écrans qui soulignaient uniquement le silence, l'arrêt de la parole de témoins, le silence faisant partie intégrante du récit de témoignage. Malgré mes quelques réserves, l'érudition et le style par sauts et gambades de Didi-Huberman sont plutôt réjouissants.

Et dans le train hier, L'Utilité de l'inutile. Manifeste de Nuccio Ordine suivi d'un autre petit manifeste sur le même sujet par Abraham Flexner, le premier s'intéressant particulièrement aux sciences humaines par un travail d'anthologiste de textes littéraires puisés dans les sagesses antiques et la littérature mondiale (de Montaigne à Calvino en passant par Tchouang-Tseu), le second se centrant exclusivement sur les sciences dures. Ordine se place dans une perspective humaniste pour montrer tout ce que l'homme soucieux de sa dignitas hominis peut tirer de ce que la société de consommation appelle l'inutile. Le second chapitre de son manifeste est intéressant en ce qu'il dresse le travail de sape lancé par les sociétés et services publics pour réduire la place des humanités à l'école et à l'université (France mais aussi Italie ou Harvard où les frais d'inscription exorbitants induisent une exigence de diplôme, l'élève devenant client d'un savoir). Flexner quant à lui défend l'idée que les grandes découvertes scientifiques (en physique par exemple), avant d'être récupérées pour des usages mercantiles, étaient d'abord mues par une curiosité désintéressée et n'auraient pu être précisées par d'autres chercheurs sans cette conscience d'une utilité bien différente de l'utilitarisme de nos jours. L'ensemble, publié aux Belles Lettres, paraît très décalé par rapport aux exigences du présent mais salutaire en plus d'un point.

Et cet après-midi je relirai le sublime Bois de Vincennes de Nigoghos Sarafian, Arménien exilé en France en 1923 après les drames historiques perpétrés sur sa terre natale. Sarafian oeuvra avec d'autres exilés à la revue Menk et composa une oeuvre poétique d'une rare intensité. Le Bois de Vincennes est une prose poétique très hypnotique et perdue entre la terre arménienne désirée mais impossible à retrouver et l'errance dans un pays d'accueil dans lequel il semble improbable de se fixer. Pour les curieux, j'avais recopié un extrait de ce texte ici.

Je suis en train de lire Karoo, le roman posthume de Steve Tesich. L'histoire se passe aux Etats-Unis, dans les années 90. Le héros, Saul Karoo, est un script doctor : il réécrit les scénarios des autres pour qu'ils collent aux attentes des producteurs de cinéma. Karoo est un personnage raté, un handicapé des relations humaines, au milieu d'une société pathétiquement drôle. Il y a vraiment des scènes d'un humour satirique. Je n'ai lu que les premières 200 pages et je ne sais pas si la suite est dans la même veine mais c'est un roman qui mérite d'être lu. Très bien écrit. Je redonnerai mon avis après l'avoir fini.

Moi un peu bête, moi reprend au début!

J'ai été déçue. Sans doute parce qu'à cause du film - ou plutôt simplement de la bouille mimi et souriante d'Audrey Hepburn qui m'est connue par les affiches, car je n'ai jamais vu le film -, je m'attendais à quelque chose de plus léger. Là, le pessimisme suinte à chaque phrase.
J'attendais aussi un "vrai" roman, plus étoffé. Or tout reste à l'état d'ébauches et de touches. C'est un style que j'aime normalement, mais il m'a déroutée ici.
Il me manque aussi des connaissance sur la société américaine de l'époque ; je crois que pour saisir et goûter l'histoire, il faut en saisir l'arrière-plan, à peine évoqué.
C'est dommage, car je suis persuadée qu'en d'autres circonstances (i.e. sans ces éléments en fait étrangers au livre lui-même et à mes goûts) j'aurais beaucoup apprécié cette lecture.

Le dernier roman de Cusset, lu pour le Prix Relay (le roman a d'ailleurs été sélectionné par le jury, il fera donc partie des 12 encore en lice ...)



Clic, la chronique.

Pas son meilleur ...

Je viens de découvrir Adolphe de B. Constant. Beaucoup aimé!

Ça vient se sortir — l'auteur sera samedi au Salon du Livre…

Un homme vient de mourir — d'une façon pas très catholique. Et les diverses femmes qui ont traversé sa vie parlent de lui, évoquent des instants précis, composent le portrait contrasté d'un individu peut-être un peu pervers, quelque peu louche, constamment séduisant, un homme qui semble fait de plusieurs personnalités — comme bien des hommes.
C'est très bien écrit, très enlevé aussi — et quelque peu pervers, dans l'écriture même.

Oups, pas venue depuis jeudi ... Un joli roman.

Clic

Un choc comme souvent avec José Saramago.

http://blogs.lexpress.fr/les-8-plumes/2012/10/10/9473/

http://www.babelio.com/livres/Saramago-Releve-de-terre/391279

Lu Ils marchent le regard fier de Marc Villemain (sorti récemment aux éditions du Sonneur). Un très beau petit livre, qui se lit d'une seule traite, sur la place de la vieillesse dans une société, plus ou moins proche de la nôtre, qui la repousse et la maltraite. L'histoire est racontée par un vieux dans un style bégayant et tissé de regrets.
Mon avis ici

Parmi les derniers bouquins que j'ai lus et que j'ai aimés, il y a :
La Couleur des sentiments de Kathryn Stockett
Le voyageur et le clair de lune d'Antal Szerb.
Et je suis en train de lire L'Europe barbare, 1945-1950 de Keith Lowe... Terrifiant !

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Je viens tout juste de le finir. Le titre en français: "Le jour en plus". J'ai appris qu'un film a été réalisé, inspiré du livre, avec comme acteur dans le rôle principal l'auteur du roman.
Eh bien, comme le dit la couverture, c'est un best-seller. Et comme la plupart des best-seller, je trouve qu'il se lit très facilement, le style est léger. Mais en même temps, c'est le genre d'histoire dont on devine plus ou moins la fin dès le début du roman. Ensuite certaines pages sont jolies (car elles apportent un regard sur l'amour qu'on peut avoir tendance à oublier) et d'autres sont plutôt agaçantes (mais ça c'est mon avis personnel ). Voilà, sinon ça parle d'une histoire d'amour: un gars voit tous les jours une fille sur le tram mais n'ose pas l'aborder, et ils finissent par se parler la veille du départ de la fille pour New York, mais lui n'arrive pas à l'oublier, bla bla bla.
Bon je recommande tout de même ce livre si vous avez besoin de lire quelque chose de léger, pour passer le temps c'est pas mal, mais ce n'est pas un chef-d'oeuvre.

La Princesse de Mars
Larger than life adventures.



Je vous laisse, j'en vais dévorer les Dieux de Mars.

Ah tiens, celui-là même qui a écrit Tarzan ? Ça ne m'était jamais venu à l'idée qu'il avait pu écrire autre chose... Tu me donnes envie.

Clarinette a écrit:Ah tiens, celui-là même qui a écrit Tarzan ?

Lui-même.

Walt Disney a réussi à faire un nanar cosmique en adaptant le roman.

Imparfait, inabouti, c'est certain, mais nanar ? Non !

Je l'aurais même volontiers classé parmi mes films préférés de l'an dernier (pas tout en haut de la liste, mais pas si loin...).

C'est vrai, j'ai un peu exagéré, mais certains passages du film sont totalement exaspérant, relevant du visuel des pires StarTrek.
Je disais nanar car le scénario n'est pas tout à fait conforme au roman, pour le pire, car les modifications rendent le film bien moins bon que ce qu'il aurait pu être : ajouts mielleux au possibles, retraits de scènes particulièrement riches et intéressantes, y compris "visuellement".

Nadejda a écrit:

Lu Ils marchent le regard fier de Marc Villemain (sorti récemment aux éditions du Sonneur). Un très beau petit livre, qui se lit d'une seule traite, sur la place de la vieillesse dans une société, plus ou moins proche de la nôtre, qui la repousse et la maltraite. L'histoire est racontée par un vieux dans un style bégayant et tissé de regrets.
Mon avis ici

Magnifique critique et très beau blog, Nadejda.

Le cycle de Mars... :etoilecoeur: C'est marrant mais je suis chez mes parents et là, dans ma chambre d'ado, cette série me fait de l'oeil et me dit : tiens, cela fait 15 ans que tu n'as pas tourné nos pages... allez laisse-toi tenter !

Je relis l'ïle d"Arturo d'Elsa Morante, un des plus beaux romans qu'il m'a été donné de découvrir. Je rêverais de pouvoir le lire en italien.

thrasybule a écrit:

Nadejda a écrit:

Lu Ils marchent le regard fier de Marc Villemain (sorti récemment aux éditions du Sonneur). Un très beau petit livre, qui se lit d'une seule traite, sur la place de la vieillesse dans une société, plus ou moins proche de la nôtre, qui la repousse et la maltraite. L'histoire est racontée par un vieux dans un style bégayant et tissé de regrets.
Mon avis ici

Magnifique critique et très beau blog, Nadejda.

Merci