Primaire : Classe 2012-2013

(Bonne question, de bon matin ! Clinostale, t'es à fond !)

L'élucidation des termes, la reformulation de ce qui précède au fur et à mesure par les pairs ou par toi-même peut permettre aux moins lecteurs de rentrer dans l'histoire. Résoudre les "où-quand-qui", les faire anticiper sur la suite ("que feriez-vous à la place de..."). Et, ce que je fais parfois, en cas de textes très dialogués, une lecture à plusieurs voix (narrateur + personnages) ou carrément théâtralisée par quelques bons lecteurs, puis par des plus faibles volontaire, avec 2 ou 3 accessoires symboliques, devant le tableau qui sert de petite scène : tu fais qui ? Où vas-tu t placer ? Où es-tu quand tu dis ça ?
etc.

On improvise un exemple ?

Le début d'un conté évoqué plus haut :

La Belle et la Bête

Il y avait une fois un marchand qui était extrêmement riche. Il avait six enfants, trois garçons et trois filles, et comme ce marchand était un homme d’esprit, il n’épargna rien pour l’éducation de ses enfants, et leur donna toutes sortes de maîtres.

Ses filles étaient très belles ; mais la cadette surtout se faisait admirer, et on ne l’appelait, quand elle était petite, que la Belle Enfant ; en sorte que le nom lui en resta : ce qui donna beaucoup de jalousie à ses soeurs. Cette cadette, qui était plus belle que ses soeurs, était aussi meilleure qu’elles. Les deux aînées avaient beaucoup d’orgueil, parce qu’elles étaient riches ; elles faisaient les dames, et ne voulaient pas recevoir les visites des autres filles de marchands ; il leur fallait des gens de qualité pour leur compagnie. Elles allaient tous les jours au bal, à la comédie, à la promenade, et se moquaient de leur cadette, qui employait la plus grande partie de son temps à lire de bons livres.

Comme on savait que ces filles étaient fort riches, plusieurs gros marchands les demandèrent en mariage ; mais les deux aînées répondirent qu’elles ne se marieraient jamais, à moins qu’elles ne trouvassent un duc, ou tout au moins, un comte. La Belle, (car je vous ai dit que c’était le nom de la plus jeune) la Belle, dis-je, remercia bien honnêtement ceux qui voulaient l’épouser, mais elle leur dit qu’elle était trop jeune, et qu’elle souhaitait de tenir compagnie à son père, pendant quelques années.

Bon, qu'est-ce que ça donnerait concrètement dans ma classe (soyez indulgents, je n'ai jamais fait lire ce conte encore) ?
1) déchiffrage : chaque enfant lit une seule phrase, et le suivant doit enchaîner, donc suivre;
2) ma lecture : on lève la main quand un mot n'est pas compris. Si l'un des mots soulignés n'est pas demandé, je m'arrête moi-même;
- je m'arrête à la fin du premier paragraphe, et les questions doivent amener à de la paraphrase, pour aller ensuite chercher quelques éléments implicites : quel type de récit ? De qui parle-t-on ? Quels personnages ? Qui manque-t-il ? Donne 2 adjectifs pour qualifier ces enfants (riches, instruits)...
Pour ce conte, on peut imaginer faire un schéma ou un tableau indiquant les liens de parenté par des flèches, et les caractéristiques de chacun, que l'on remplira ensuite, avec des adjectifs pour chaque personnage.
- deuxième paragraphe : à qui s'intéresse-t-on précisément comme personnage ? (Dans l'ordre ?) Quelle soeur est à part ? Pour quelles raisons ? (physique, morale, occupation favorite)
L'auteur donne-t-il son prénom ? A quel(s) autre(s) conte(s) cela-vous fait-il penser ?
Comment se manifeste la jalousie ?
- 3ème paragraphe : lesquelles souhaiteraient éventuellement se marier ? Quelles raisons donnent-elles chacune à leur refus ? Et si elles étaient pauvres, réagiraient-elles de la sorte ?

(Et là tu peux enchaîner sur la deuxième page, si tu as le temps.)

Trace écrite possible : ce que tu as noté au fur et à mesure au tableau, à illustrer par les élèves (dessine l'un des personnages tel que tu l'imagines, par exemple). J'ai fait un brouillon... Vous moquez pas.

arcenciel a écrit:

Clinostale a écrit:Ca fait partie du projet d'école...

Ah! Et c'est lire des oeuvres intégrales? Tu peux en faire une (à faire acheter exceptionnellement par les parents et le reste des extraits... pour la 1ère année

Oui, quand je suis arrivée dans mon école actuelle, les rares séries disponibles ne m'inspiraient pas trop, alors au début, j'ai demandé une participation aux parents, avec une aide de l'OCCE, et j'ai commandé quelques séries, dont j'ai rétrocédé quelques titres aux élèves en fin d'année puisqu'ils en avaient payé une partie.
Parallèlement, j'ai utilisé mes crédits de classe sur quelques années pour étoffer la collection.
Maintenant, je dispose de huit séries qui me plaisent sur lesquelles je tourne par cycle de 2 ans. Je complète avec des nouvelles, contes et scènes de théâtre photocopiées + des emprunts au CDI du collège (par exemple un recueil de nouvelles de Maupassant que n'utilisent plus les collègues.)

Clinostale a écrit:Comment voyez-vous le moment de lecture-interaction ? Plutôt en mode "dès que vous ne comprenez pas quelque chose, coupez-moi" ? A ce moment-là, si des élèves n'ont pas conscience qu'ils n'ont pas compris, comment faire ? Ou alors en mode "je m'arrête de temps en temps et je pose des questions", et dans ce cas, comment éviter que ce soit tout le temps les bons qui répondent, et comment faire progresser ceux qui ne comprennent pas (parce qu'au final c'est comme un questionnaire écrit, seulement à l'oral, donc il n'aura pas plus de procédures) ?

Quand on les fait lire à voix haute, ça s'entend les incompréhensions, même chez ceux qui lisent vite et bien : le rythme est moins rapide, les hésitations plus nombreuses et le ton n'est pas adapté à ce qu'ils lisent.
Et puis, toi, tu te remets dans ta peau d'il y a un peu plus que l'époque où tu avais leur âge. Pour tes CM1 : qu'est-ce que tu n'aurais pas compris quand tu avais sept ou huit ans ?
Et tu poses systématiquement la question. Si tu vois que souvent, tu as visé trop bas, tu rectifies en ne posant plus les questions basiques de chez basiques, celles qui ont trait au sens littéral de chaque phrase et dont le vocabulaire ne dépasse pas le contenu du dictionnaire Mini-Benjamin...

Pour éviter que ce soient les bons qui répondent systématiquement, il suffit de trouver un ordre de réponse, jamais le même (ils sont très forts et se rappellent très bien qu'hier, avant-hier et la semaine dernière tu as interrogé d'abord Amanda, puis Bérénice, puis Caleb, puis Déodat, etc...).
Tu peux par exemple faire lire, une phrase ou un paragraphe chacun, en démarrant d'Amanda le lundi, de Bérénice le mardi, de Caleb le jeudi, etc.
Et à ce moment-là, c'est Zéphyr qui répond à la première question, Amanda à la seconde, Bérénice à la troisième, ..., le lundi ; puis, le mardi, Amanda a les honneurs de la première question et le jeudi ce sera Bérénice...
Le bon aura répondu une fois et le faible ou le très faible, aussi, avec ton aide, ou celle de ses camarades le suivant dans l'ordre alphabétique qui lui donneront des "indices", s'il le faut, mais il aura répondu.

Au CP ou au CE1, et même au CE2, puisque ça a marché avec mon petit nouveau, cette année, avec, au début, une distribution très généreuse de bons-points pour toute réponse un peu conforme à ce qu'on attend d'eux, on n'a que des volontaires pour chaque question !
Et ensuite, à part le technicien de chez technicien de base, comme les "histoires" les intéressent, les passionnent, les enchantent, plus besoin de bons-points, juste la nécessité de les faire taire !!!!
Quant au technicien de chez technicien de base, comme c'est en sciences et technologie et en maths qu'il te saoule pour préciser les précisions qu'il a déjà faite aux précisions de son complice de toujours, le matheux de chez matheux de base, tu sais qu'il comprend ce qu'il lit et tu ne l'ennuies qu'avec la question à laquelle il doit répondre, parce que c'est comme ça et qu'il y a aussi de la littérature aux bac S, technologiques, techniques et professionnels !

Tu peux aussi demander aux élèves de préparer chacun 2 questions sur le texte; ensuite un 1er élève pose sa question à Chimène qui y répond, à son tour elle pose sa question à Bajazet et ainsi de suite... une sorte de furet en quelque sorte. Ainsi tous tes élèves sont sollicités.

Merciiiii :etoilecoeur:

(mais pourquoi on nous dit pas des trucs comme ça en formation, rontudjiu !)

Clinostale a écrit:Et sinon, pour la rédaction (j'ai honte d'être aussi incompétente et de poser autant de questions), vu le niveau assez faible, j'ai gonflé les horaires de français (8h30/semaine dont 1h30 de rédaction), et je pensais suivre "la méthode Dumas" :

- Pendant 15-20 minutes, faire des phrases à trous avec le vocabulaire vu dans les textes de la semaine à réinvestir (histoire que ce répertoire serve à quelque chose) et un autre exercice de vocabulaire, cette fois-ci très clairement inspiré voire pompé du Dumas CM
- Pendant 30 minutes, faire les exercices Dumas concernant la construction de phrases, type remplacer "il y a" par un verbe d'évocation, etc, le tout en suivant ma progression en étude de la langue
- Pendant 40-45 minutes, rédiger un texte narratif complet, soit en se servant d'un canevas de questions et/ou d'images séquentielles, soit rédiger un résumé.

De temps en temps dans l'année, je remplacerai ces séances par de la rédaction plus "utilitaire", type écrire une lettre, écrire une recette, comment ponctuer un dialogue etc.

Cela me semble pas mal du tout ! Pour la rédaction d'un texte narratif, je suis une progression : les étapes du récit, l'introduction, la conclusion, l'articulation des paragraphes, l'utilisation des connecteurs spatiaux et temporels... (dans le désordre)
Même chose pour les textes explicatifs et argumentatifs : introduction, conclusion, articulation logique...

Pour la lecture d'œuvres complètes, tu peux proposer une lecture offerte feuilleton où tu travailleras la compréhension mais surtout le vocabulaire (cf par exemple le travail fait autour de Jules Verne ou du Feuilleton d'Hermès) et bien-sûr, tu prévois une trace écrite dans un cahier une fois par semaine. (histoire que ce soit visible)

Pour une lecture intégrale travaillée à l'écrit (lecture expliquée), je propose en décembre : Un conte de Noël de Dickens (on le trouve gratuitement sur le net)

Coucou les vacanciers et vacancières !

C'est reparti pour moi, premier jour de pré-rentrée ce matin, consacré à faire un magnifique panneau avec le plan de l’école. (Youhou, je déchire en travaux manuels... ma spécialité...)

Mes deux bonnes nouvelles de la journée :
- j'aurai des élèves,
- j'ai une salle pour moi toute seule ! Je vais pouvoir placer mes tables comme je veux, punir les collégiens retardataires, gérer les stylos, crayons, gommes et taille-crayons pour les petits (=10 minutes de gagnées par cours) et bien sûr faire de magnifiques affiches avec les conjugaisons (ou autre, s'ils sont sages.)

Sinon, cette discussion est très intéressante ! Merci !

C'est tellement mieux quand on est un peu "chez soi" dans sa classe

phi a écrit:C'est tellement mieux quand on est un peu "chez soi" dans sa classe

Oh oui !

J'ai eu ma salle 6 mois qui a ensuite été réquisitionnée par la maternelle (j'ai plutôt vu ça d'un bon oeil... des futurs élèves !), puis j'ai partagé ma salle avec la prof de danse. Là, c’était vraiment chiant : un écho terrible et les tables à remettre en place tous les jours.
Ensuite j'allais dans les classes (les collégiens ont aussi leurs propres salles).

J'ai pensé à toi aujourd'hui avec mon panneau !

Bonjour Sowandi et bonne rentrée, alors !

Coucou DC ! Merci !

Je m'y remets tranquillement.

Dis donc, ce n'est pas trop dur de reprendre alors que les collègues de l'autre bout du monde entament à peine leurs vacances ?

En tout cas, je te souhaite une bonne rentrée !

... Moi je me triture la tête pour les commandes... Je ne comprends pas vraiment comment ils fonctionnent dans l'école, on a un compte à la grande papetterie, j'ai vu que les commandes groupées qu'on avait préparées ensemble sont enregistrées mais pas encore parties... Comme on m'a fait peur avec un budget réduit, mais qu'en même temps pour le moment il n'y a rien de rien dans ma classe (qui ouvre) j'ai essayé de prendre le minimum pour le fond de classe et j'en suis à environ 145 euros... J'ai vu que d'autres commandes étaient passées pour certaines classes mais que d'autres étaient enregistrées mais pas envoyées. Certaines vont jusqu'à 260 euros...
Je me tate à acheter un globe terrestre chez eux, ça m'embête parce que j'ai vu qu'on pouvait en trouver ailleurs un peu moins chers mais en même temps je vais sans doute acheter moi même pas mal de choses et avoir un globe terrestre à soi dans la classe, ça me paraît bien quand même non?
Je me laisse jusqu'à demain pour réfléchir et ensuite j'envoie, pas envie de démarrer l'année avec rien de rien :|

Tu mets sur ta commande tout ce dont tu as besoin pour ouvrir ta classe, ainsi que les fournitures de base pour tes élèves, et tu vois la réaction...
Je pense que pour une ouverture, tu as droit à un crédit supp'.

Tu as commandé des séries de manuels ?

Non, pas de crédit pour ça, et à un moment pendant la commande cycle 3 groupée, une de mes collègues parlait avec enthousiasme d'un cahier réservé à je ne sais plus quoi, j'ai dis étourdiment "ah ça me dirait bien aussi" et là on me répond que comme je vais devoir tout acheter pour l'ouverture je n'aurais pas assez de budget pour commander 24 cahiers en plus
Pas de budgets pour les manuels non plus, il y a aussi un cp qui ouvre et on a dit à la maîtresse que si les livres ne lui plaisaient pas, elle devrait emprunter ce qu'elle voulait au cddp...

Purée...
Tu peux faire au moins le nombre de photocopies que tu veux ? (parce que je sais pas chez vous, mais chez moi, le CDDP ne prête pas de séries...)

Il y a une coopérative ?

Oui, il n'y a pas de limites de photocopies... (heureusement en plus vu qu'ils utilisent un classeur de cycle) mais c'est pas grave, on a un super tbi qui rouille dans une salle non reliée à internet

Ça c'est cool ! (le TBI )

Spoiler:

Non mais sérieusement, Phi, il faudrait que tu saches de combien tu disposes par élève, une fois les frais communs enlevés. Pour te donner un ordre d'idée, j'ai commandé pour 450 euros (bouquins + papeterie) après 5 ans dans la même école. Et je n'ai pas fait de folies...

phi a écrit:Oui, il n'y a pas de limites de photocopies... (heureusement en plus vu qu'ils utilisent un classeur de cycle) mais c'est pas grave, on a un super tbi qui rouille dans une salle non reliée à internet

:lol!: C'est ennuyeux !

Tu peux peut-être demander à ton maire de le dépendre et de le remplacer par un tableau à craies ? J'ai appris ça, cet après-midi : on peut refuser un matériel installé par la mairie dans l'école où on a été nommé ! Y'a qu'à claquer des doigts et le maire s'agenouille devant nous, dépend le tableau lui-même, remballe ses p'tites tablettes numériques, se remet à genoux pour le coup de pied au derrière qu'il a bien mérité en ne nous demandant pas notre avis pour l'équipement de l'école dont il est le responsable et le pourvoyeur financier, et il nous remet nos tableaux à craies, nos bureaux à sièges attachés, nos transats dans la cour, notre piscine derrière le préau, enfin tout ce qu'on veut...

Si, si, c'est un mec super branché qui me l'a dit alors c'est vous dire s'il est au courant, lui ! P't'êt' même qu'il l'a lue sur Twitter, cette info-là :journal: ...

Oh, toi, ça va, hein, la présidente de Reconstruire l'Ecole : on t'a reconnue, kesstukroa !! :lol!:

Ho j'ai un poil exagéré avec mon histoire de tbi... En fait il est déplaçable, donc certains s'en servent sur place comme d'un rétroprojecteur et d'autres le font rouler jusqu'à chez eux, mais il faudrait le réparer parce qu'apparemment il a un petit souci... Mais oui, littéralement l'an dernier il n'y avait pas de tableau dans la salle d'à côté... ensuite il y en a eu un mais pas aimanté...
Pour le budget j'ai noté 38 euros et 6 euros pour les manuels... Mais apparemment là dessus il y a les machins écoles et cinéma et tout et tout... Et la commande collective a déjà du coûter 120 euros environ, si je la divise par le nombre de classes qui l'ont passée.

C'est pas mal comme budget !
Plus que chez moi en tout cas.
Ce qui est étrange, c'est de séparer librairie et papeterie, parce qu'avec 6 euros, tu ne peux même pas acheter un livre (ou un fichier, mais en Ce2 et CM, il n'y en a plus guère) par élève.

doublecasquette a écrit:

:lol!: C'est ennuyeux !

Tu peux peut-être demander à ton maire de le dépendre et de le remplacer par un tableau à craies ? J'ai appris ça, cet après-midi : on peut refuser un matériel installé par la mairie dans l'école où on a été nommé ! Y'a qu'à claquer des doigts et le maire s'agenouille devant nous, dépend le tableau lui-même, remballe ses p'tites tablettes numériques, se remet à genoux pour le coup de pied au derrière qu'il a bien mérité en ne nous demandant pas notre avis pour l'équipement de l'école dont il est le responsable et le pourvoyeur financier, et il nous remet nos tableaux à craies, nos bureaux à sièges attachés, nos transats dans la cour, notre piscine derrière le préau, enfin tout ce qu'on veut...

Si, si, c'est un mec super branché qui me l'a dit alors c'est vous dire s'il est au courant, lui ! P't'êt' même qu'il l'a lue sur Twitter, cette info-là ...

J'ai dû louper un truc ...

Oui, c'est là : https://www.neoprofs.org/t49731-les-enseignants-et-twitter-eduscol