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- SowandiNiveau 10
La tabatière de Voltaire - Tout enfant, Voltaire faisait si facilement les vers que ses professeurs eux-mêmes, prenaient plaisir a exercer son jeune talent. Un jour, il s'amusait pendant la classe avec une tabatière; son professeur le père Porée la lui confisqua, et promit de la lui rendre, s'il faisait la demande en vers. Un quart d'heure après, l’écolier remettait les vers suivants :
Adieu, ma pauvre tabatière ;
Adieu, je ne te verrai plus ;
Ni soins, ni larmes, ni prière,
Ne te rendront à moi ; mes efforts sont perdus.
Adieu, ma pauvre tabatière ;
Adieu, doux fruit de mes écus !
S’il faut à prix d’argent te racheter encore,
J’irai plutôt vider les trésors de Plutus.
Mais ce n’est pas ce dieu que l’on veut que j’implore.
Pour te ravoir, hélas ! il faut prier Phébus…
Qu’on oppose entre nous une forte barrière !
Me demander des vers ! Hélas ! Je n’en puis plus.
Adieu, ma pauvre tabatière ;
Adieu, je ne te verrai plus.
Voltaire (1694-1778)
Adieu, ma pauvre tabatière ;
Adieu, je ne te verrai plus ;
Ni soins, ni larmes, ni prière,
Ne te rendront à moi ; mes efforts sont perdus.
Adieu, ma pauvre tabatière ;
Adieu, doux fruit de mes écus !
S’il faut à prix d’argent te racheter encore,
J’irai plutôt vider les trésors de Plutus.
Mais ce n’est pas ce dieu que l’on veut que j’implore.
Pour te ravoir, hélas ! il faut prier Phébus…
Qu’on oppose entre nous une forte barrière !
Me demander des vers ! Hélas ! Je n’en puis plus.
Adieu, ma pauvre tabatière ;
Adieu, je ne te verrai plus.
Voltaire (1694-1778)
- phiExpert
Testés l'an dernier:
Bestiaire d'Apollinaire: par exemple le paon
Le pélican de Jonathan (Desnos)
Allais, complainte amoureuse
Bestiaire d'Apollinaire: par exemple le paon
- Spoiler:
- Le Paon
En faisant la roue, cet oiseau,
Dont le pennage traîne à terre,
Apparaît encore plus beau,
Mais se découvre le derrière.
Le pélican de Jonathan (Desnos)
- Spoiler:
- Le Capitaine Jonathan,
Etant âgé de dix-huit ans
Capture un jour un pélican
Dans une île d'Extrême-orient,
Le pélican de Jonathan
Au matin, pond un oeuf tout blanc
Et il en sort un pélican
Lui ressemblant étonnamment.
Et ce deuxième pélican
Pond, à son tour, un oeuf tout blanc
D'où sort, inévitablement
Un autre, qui en fait autant.
Cela peut durer pendant très longtemps
Si l'on ne fait pas d'omelette avant.
Allais, complainte amoureuse
- Spoiler:
- Oui dès l'instant que je vous vis
Beauté féroce, vous me plûtes
De l'amour qu'en vos yeux je pris
Sur-le-champ vous vous aperçûtes
Ah ! Fallait-il que je vous visse
Fallait-il que vous me plussiez
Qu'ingénument je vous le disse
Qu'avec orgueil vous vous tussiez
Fallait-il que je vous aimasse
Que vous me désespérassiez
Et qu'enfin je m'opiniâtrasse
Et que je vous idolâtrasse
Pour que vous m'assassinassiez
- Spoiler:
- C'était, dans la nuit brune,
Sur un clocher jauni,
La lune,
Comme un point sur un "i".
Lune, quel esprit sombre
Promène au bout d'un fil,
Dans l'ombre,
Ta face et ton profil ?
Es-tu l'oeil du ciel borgne ?
Quel chérubin cafard
Nous lorgne
Sous ton masque blafard ?
Est-ce un ver qui te ronge
Quand ton disque noirci
S'allonge
En croissant rétréci ?
Es-tu, je t'en soupçonne,
Le vieux cadran de fer
Qui sonne
L'heure aux damnés d'enfer ?
Sur ton front qui voyage,
Ce soir ont-ils compté
Quel âge
A leur éternité ?
Qui t'avait éborgnée
L'autre nuit ? T'étais-tu
Cognée
Contre un arbre pointu ?
Car tu vins, pâle et morne,
Coller sur mes carreaux
Ta corne,
A travers les barreaux.
Lune, en notre mémoire,
De tes belles amours
L'histoire
T'embellira toujours.
Et toujours rajeunie,
Tu seras du passant
Bénie,
Pleine lune ou croissant.
Et qu'il vente ou qu'il neige,
Moi-même, chaque soir,
Que fais-je,
Venant ici m'asseoir ?
Je viens voir à la brune,
Sur le clocher jauni
La lune
Comme un point sur un "i".
Je viens voir à la brune,
Sur le clocher jauni,
La lune,
Comme un point sur un "i".
- fugueNiveau 8
Testés CM2, deux poèmes de Hugo:
Melancholia
Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?
Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ?
Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules ;
Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison le même mouvement.
Accroupis sous les dents d'une machine sombre,
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre,
Innocents dans un bagne, anges dans un enfer,
Ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer.
Jamais on ne s'arrête et jamais on ne joue.
Aussi quelle pâleur ! la cendre est sur leur joue.
Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las.
Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas !
Ils semblent dire à Dieu : « Petits comme nous sommes,
Notre père, voyez ce que nous font les hommes ! »
O servitude infâme imposée à l'enfant !
(…)
Demain, dès l'aube...
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
Melancholia
Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?
Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ?
Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules ;
Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison le même mouvement.
Accroupis sous les dents d'une machine sombre,
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre,
Innocents dans un bagne, anges dans un enfer,
Ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer.
Jamais on ne s'arrête et jamais on ne joue.
Aussi quelle pâleur ! la cendre est sur leur joue.
Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las.
Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas !
Ils semblent dire à Dieu : « Petits comme nous sommes,
Notre père, voyez ce que nous font les hommes ! »
O servitude infâme imposée à l'enfant !
(…)
Demain, dès l'aube...
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
- phiExpert
Un Hugo de plus:
Jeunes gens, prenez garde aux choses que vous dites
Jeunes gens, prenez garde aux choses que vous dites.
Tout peut sortir d'un mot qu'en passant vous perdîtes.
Tout, la haine et le deuil ! - Et ne m'objectez pas
Que vos amis sont sûrs et que vous parlez bas... -
Ecoutez bien ceci :
Tête-à-tête, en pantoufle,
Portes closes, chez vous, sans un témoin qui souffle,
Vous dites à l'oreille au plus mystérieux
De vos amis de coeur, ou, si vous l'aimez mieux,
Vous murmurez tout seul, croyant presque vous taire,
Dans le fond d'une cave à trente pieds sous terre,
Un mot désagréable à quelque individu ;
Ce mot que vous croyez que l'on n'a pas entendu,
Que vous disiez si bas dans un lieu sourd et sombre,
Court à peine lâché, part, bondit, sort de l'ombre !
Tenez, il est dehors ! Il connaît son chemin.
Il marche, il a deux pieds, un bâton à la main,
De bons souliers ferrés, un passeport en règle ;
- Au besoin, il prendrait des ailes, comme l'aigle ! -
Il vous échappe, il fuit, rien ne l'arrêtera.
Il suit le quai, franchit la place, et caetera,
Passe l'eau sans bateau dans la saison des crues,
Et va, tout à travers un dédale de rues,
Droit chez l'individu dont vous avez parlé.
Il sait le numéro, l'étage ; il a la clé,
Il monte l'escalier, ouvre la porte, passe,
Entre, arrive, et, railleur, regardant l'homme en face,
Dit : - Me voilà ! je sors de la bouche d'un tel. -
Et c'est fait. Vous avez un ennemi mortel.
Jeunes gens, prenez garde aux choses que vous dites
Jeunes gens, prenez garde aux choses que vous dites.
Tout peut sortir d'un mot qu'en passant vous perdîtes.
Tout, la haine et le deuil ! - Et ne m'objectez pas
Que vos amis sont sûrs et que vous parlez bas... -
Ecoutez bien ceci :
Tête-à-tête, en pantoufle,
Portes closes, chez vous, sans un témoin qui souffle,
Vous dites à l'oreille au plus mystérieux
De vos amis de coeur, ou, si vous l'aimez mieux,
Vous murmurez tout seul, croyant presque vous taire,
Dans le fond d'une cave à trente pieds sous terre,
Un mot désagréable à quelque individu ;
Ce mot que vous croyez que l'on n'a pas entendu,
Que vous disiez si bas dans un lieu sourd et sombre,
Court à peine lâché, part, bondit, sort de l'ombre !
Tenez, il est dehors ! Il connaît son chemin.
Il marche, il a deux pieds, un bâton à la main,
De bons souliers ferrés, un passeport en règle ;
- Au besoin, il prendrait des ailes, comme l'aigle ! -
Il vous échappe, il fuit, rien ne l'arrêtera.
Il suit le quai, franchit la place, et caetera,
Passe l'eau sans bateau dans la saison des crues,
Et va, tout à travers un dédale de rues,
Droit chez l'individu dont vous avez parlé.
Il sait le numéro, l'étage ; il a la clé,
Il monte l'escalier, ouvre la porte, passe,
Entre, arrive, et, railleur, regardant l'homme en face,
Dit : - Me voilà ! je sors de la bouche d'un tel. -
Et c'est fait. Vous avez un ennemi mortel.
- fugueNiveau 8
Un peu difficile mais extra! Et en plus, ça te fait ta séance d'éducation civique/morale, et hop!
- MélisandeNeoprof expérimenté
Je rejoins ce que tu dis, Fugue. Ma fille ainée, actuellement en CM2 a appris ces deux poèmes de Hugo en début d'année.
J'étais assez dubitative car je les donne en 4e (et certains élèves se plaignent de leur difficulté ) et finalement, ma fille les a appris et cela a permis de belles discussions sur le travail des enfants et la mort de Léopoldine.
De même, j'étais étonnée que ma fille cadette, actuellement en CP, apprenne en janvier "le corbeau et le renard" puis "la cigale et la fourmi" et il faut avouer qu'elle savoure tous ces mots étranges et récite ces poésies avec beaucoup de plaisir et d'inventivité. Comme me l'a si bien dit sa maîtresse "il faut être ambitieux pour nos élèves, ils en sont capables !"
J'étais assez dubitative car je les donne en 4e (et certains élèves se plaignent de leur difficulté ) et finalement, ma fille les a appris et cela a permis de belles discussions sur le travail des enfants et la mort de Léopoldine.
De même, j'étais étonnée que ma fille cadette, actuellement en CP, apprenne en janvier "le corbeau et le renard" puis "la cigale et la fourmi" et il faut avouer qu'elle savoure tous ces mots étranges et récite ces poésies avec beaucoup de plaisir et d'inventivité. Comme me l'a si bien dit sa maîtresse "il faut être ambitieux pour nos élèves, ils en sont capables !"
- fugueNiveau 8
Oui, même chose avec Le loup et l'agneau que j'avais étudié avec mes CM1. J'y étais allée sur la pointe des pieds parce que je jugeais la fable difficile, mais ça avait marché du tonnerre. On y avait passé beaucoup de temps, donc évidemment impossible de faire de même avec toutes les poésies. Mais quel plaisir!
- SergeMédiateur
Comme me l'a si bien dit sa maîtresse "il faut être ambitieux pour nos élèves, ils en sont capables !"
C'est bien vrai, Mélisandre !
- phiExpert
Oui!fugue a écrit:Un peu difficile mais extra! Et en plus, ça te fait ta séance d'éducation civique/morale, et hop!
Et puis je pense que dans certains cas on peut la lire en entier mais éventuellement ne faire apprendre qu'une partie?
Pour Alphonse Allais je n'avais fait copier et apprendre que la partie au passé simple, c'etait déjà pas mal, et rien n'empechait la courageuse n0 1 à copier et apprendre la totalité pour épater la galerie :p
Une autre hyper connue:
Jeanne était au pain sec dans le cabinet noir,
Pour un crime quelconque, et, manquant au devoir,
J'allai voir la proscrite en pleine forfaiture,
Et lui glissai dans l'ombre un pot de confiture
Contraire aux lois. Tous ceux sur qui, dans ma cité,
Repose le salut de la société,
S'indignèrent, et Jeanne a dit d'une voix douce :
- Je ne toucherai plus mon nez avec mon pouce ;
Je ne me ferai plus griffer par le minet.
Mais on s'est récrié : - Cette enfant vous connaît ;
Elle sait à quel point vous êtes faible et lâche.
Elle vous voit toujours rire quand on se fâche.
Pas de gouvernement possible. À chaque instant
L'ordre est troublé par vous ; le pouvoir se détend ;
Plus de règle. L'enfant n'a plus rien qui l'arrête.
Vous démolissez tout. - Et j'ai baissé la tête,
Et j'ai dit : - Je n'ai rien à répondre à cela,
J'ai tort. Oui, c'est avec ces indulgences-là
Qu'on a toujours conduit les peuples à leur perte.
Qu'on me mette au pain sec. - Vous le méritez, certe,
On vous y mettra. - Jeanne alors, dans son coin noir,
M'a dit tout bas, levant ses yeux si beaux à voir,
Pleins de l'autorité des douces créatures :
- Eh bien, moi, je t'irai porter des confitures.
- ClarinetteGrand Maître
Alors, autant en lecture suivie, on doit faire un peu attention à une difficulté excessive, autant en poésie, c'est un boulevard qui s'ouvre à nous, surtout au CM.
Personnellement, du CE2 au CM2, j'ai toujours commencé l'année avec "Le Laboureur et ses enfants" de la Fontaine, essentiellement pour la morale de l'histoire, bien sûr !
Travaillez, prenez de la peine :
C'est le fonds qui manque le moins.
Un riche Laboureur, sentant sa mort prochaine,
Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.
"Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l'héritage
Que nous ont laissé nos parents :
Un trésor est caché dedans.
Je ne sais pas l'endroit ; mais un peu de courage
Vous le fera trouver : vous en viendrez à bout.
Remuez votre champ dès qu'on aura fait l'oût :
Creusez, fouillez, bêchez ; ne laissez nulle place
Où la main ne passe et repasse."
Le père mort, les fils vous retournent le champ,
Deçà, delà, partout....
si bien qu'au bout de l'an
Il en rapporta davantage.
D'argent, point de caché. Mais le père fut sage
De leur montrer avant sa mort
Que le travail est un trésor.
Il y a aussi possibilité d'enfoncer le clou avec ça :
La guenon, le singe et la noix
Une jeune guenon cueillit
Une noix dans sa coque verte ;
Elle y porte la dent, fait la grimace... ah ! Certe,
Dit-elle, ma mère mentit
Quand elle m'assura que les noix étaient bonnes.
Puis, croyez aux discours de ces vieilles personnes
Qui trompent la jeunesse ! Au diable soit le fruit !
Elle jette la noix. Un singe la ramasse,
Vite entre deux cailloux la casse,
L'épluche, la mange, et lui dit :
Votre mère eut raison, ma mie :
Les noix ont fort bon goût, mais il faut les ouvrir.
Souvenez-vous que, dans la vie,
Sans un peu de travail on n'a point de plaisir.
Jean-Pierre Claris de FLORIAN (1755-1794)
Sinon, comme je l'ai dit ailleurs, pour moi, la poésie, c'est en rimes, et si possible en alexandrins. Je me permets de temps en temps un Apollinaire ou un Prévert, mais c'est à peu près tout en termes de "modernité".
Donc, par ici les Baudelaire, Hugo, Musset, Vigny, Rostand (Aaaah, la tirade du nez !), Gautier, etc...
Allez, un petit dernier, que j'aime bien :
Le rat et la Lunette
Jadis le seigneur Ratapon,
Trouvant une lunette, en voulut faire usage.
Pour mieux découvrir l'horizon,
Le nouvel astronome au haut d'une maison
Ajusta l'instrument ; et la première image
Qui s'offrit à ses yeux, ce fut celle d'un chat. Il le crut à deux pas.
Aussitôt notre rat
Fuit dans un trou du voisinage.
Y rester était le plus sûr :
Mais s'ennuyant dans son réduit obscur,
Il mit la tête à la fenêtre.
Ne voyant aucun chat paraître,
Il s'enhardit, fait quelques pas.
«Voyons encor, dit-il, si le fléau des rats
Est en embuscade et nous guette. »
Alors ayant pris la lunette
Par l'autre bout imprudemment,
Il voit, mais en éloignement, Son ennemi.
Le rat se crut en assurance. « Voyez-vous, disait-il, cette humble contenance ?
Ah que je plains les rats sans connaissance,
Qui n'ont pas observé comme moi l'imposteur ! »
Le matou, cependant, plus proche qu'il ne pense,
Happe notre spéculateur.
À qui sait s'en servir telle chose est utile,
Qui souvent nuit au malhabile.
Henri Richer
Personnellement, du CE2 au CM2, j'ai toujours commencé l'année avec "Le Laboureur et ses enfants" de la Fontaine, essentiellement pour la morale de l'histoire, bien sûr !
Travaillez, prenez de la peine :
C'est le fonds qui manque le moins.
Un riche Laboureur, sentant sa mort prochaine,
Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.
"Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l'héritage
Que nous ont laissé nos parents :
Un trésor est caché dedans.
Je ne sais pas l'endroit ; mais un peu de courage
Vous le fera trouver : vous en viendrez à bout.
Remuez votre champ dès qu'on aura fait l'oût :
Creusez, fouillez, bêchez ; ne laissez nulle place
Où la main ne passe et repasse."
Le père mort, les fils vous retournent le champ,
Deçà, delà, partout....
si bien qu'au bout de l'an
Il en rapporta davantage.
D'argent, point de caché. Mais le père fut sage
De leur montrer avant sa mort
Que le travail est un trésor.
Il y a aussi possibilité d'enfoncer le clou avec ça :
La guenon, le singe et la noix
Une jeune guenon cueillit
Une noix dans sa coque verte ;
Elle y porte la dent, fait la grimace... ah ! Certe,
Dit-elle, ma mère mentit
Quand elle m'assura que les noix étaient bonnes.
Puis, croyez aux discours de ces vieilles personnes
Qui trompent la jeunesse ! Au diable soit le fruit !
Elle jette la noix. Un singe la ramasse,
Vite entre deux cailloux la casse,
L'épluche, la mange, et lui dit :
Votre mère eut raison, ma mie :
Les noix ont fort bon goût, mais il faut les ouvrir.
Souvenez-vous que, dans la vie,
Sans un peu de travail on n'a point de plaisir.
Jean-Pierre Claris de FLORIAN (1755-1794)
Sinon, comme je l'ai dit ailleurs, pour moi, la poésie, c'est en rimes, et si possible en alexandrins. Je me permets de temps en temps un Apollinaire ou un Prévert, mais c'est à peu près tout en termes de "modernité".
Donc, par ici les Baudelaire, Hugo, Musset, Vigny, Rostand (Aaaah, la tirade du nez !), Gautier, etc...
Allez, un petit dernier, que j'aime bien :
Le rat et la Lunette
Jadis le seigneur Ratapon,
Trouvant une lunette, en voulut faire usage.
Pour mieux découvrir l'horizon,
Le nouvel astronome au haut d'une maison
Ajusta l'instrument ; et la première image
Qui s'offrit à ses yeux, ce fut celle d'un chat. Il le crut à deux pas.
Aussitôt notre rat
Fuit dans un trou du voisinage.
Y rester était le plus sûr :
Mais s'ennuyant dans son réduit obscur,
Il mit la tête à la fenêtre.
Ne voyant aucun chat paraître,
Il s'enhardit, fait quelques pas.
«Voyons encor, dit-il, si le fléau des rats
Est en embuscade et nous guette. »
Alors ayant pris la lunette
Par l'autre bout imprudemment,
Il voit, mais en éloignement, Son ennemi.
Le rat se crut en assurance. « Voyez-vous, disait-il, cette humble contenance ?
Ah que je plains les rats sans connaissance,
Qui n'ont pas observé comme moi l'imposteur ! »
Le matou, cependant, plus proche qu'il ne pense,
Happe notre spéculateur.
À qui sait s'en servir telle chose est utile,
Qui souvent nuit au malhabile.
Henri Richer
- ClarinetteGrand Maître
Tiens, j'ai oublié Rimbaud et son dormeur, étudié au moment où l'on traite en histoire de la guerre franco-prussienne de 1870.
Un autre poème que j'aime beaucoup, découvert assez récemment, d'un auteur que j'idolâtre pour ses nouvelles, Maupassant :
Nuit de neige
La grande plaine est blanche, immobile et sans voix.
Pas un bruit, pas un son ; toute vie est éteinte.
Mais on entend parfois, comme une morne plainte,
Quelque chien sans abri qui hurle au coin d'un bois.
Plus de chansons dans l'air, sous nos pieds plus de chaumes.
L'hiver s'est abattu sur toute floraison ;
Des arbres dépouillés dressent à l'horizon
Leurs squelettes blanchis ainsi que des fantômes.
La lune est large et pâle et semble se hâter.
On dirait qu'elle a froid dans le grand ciel austère.
De son morne regard elle parcourt la terre,
Et, voyant tout désert, s'empresse à nous quitter.
Et froids tombent sur nous les rayons qu'elle darde,
Fantastiques lueurs qu'elle s'en va semant ;
Et la neige s'éclaire au loin, sinistrement,
Aux étranges reflets de la clarté blafarde.
Oh ! la terrible nuit pour les petits oiseaux !
Un vent glacé frissonne et court par les allées ;
Eux, n'ayant plus l'asile ombragé des berceaux,
Ne peuvent pas dormir sur leurs pattes gelées.
Dans les grands arbres nus que couvre le verglas
Ils sont là, tout tremblants, sans rien qui les protège ;
De leur oeil inquiet ils regardent la neige,
Attendant jusqu'au jour la nuit qui ne vient pas.
Un autre poème que j'aime beaucoup, découvert assez récemment, d'un auteur que j'idolâtre pour ses nouvelles, Maupassant :
Nuit de neige
La grande plaine est blanche, immobile et sans voix.
Pas un bruit, pas un son ; toute vie est éteinte.
Mais on entend parfois, comme une morne plainte,
Quelque chien sans abri qui hurle au coin d'un bois.
Plus de chansons dans l'air, sous nos pieds plus de chaumes.
L'hiver s'est abattu sur toute floraison ;
Des arbres dépouillés dressent à l'horizon
Leurs squelettes blanchis ainsi que des fantômes.
La lune est large et pâle et semble se hâter.
On dirait qu'elle a froid dans le grand ciel austère.
De son morne regard elle parcourt la terre,
Et, voyant tout désert, s'empresse à nous quitter.
Et froids tombent sur nous les rayons qu'elle darde,
Fantastiques lueurs qu'elle s'en va semant ;
Et la neige s'éclaire au loin, sinistrement,
Aux étranges reflets de la clarté blafarde.
Oh ! la terrible nuit pour les petits oiseaux !
Un vent glacé frissonne et court par les allées ;
Eux, n'ayant plus l'asile ombragé des berceaux,
Ne peuvent pas dormir sur leurs pattes gelées.
Dans les grands arbres nus que couvre le verglas
Ils sont là, tout tremblants, sans rien qui les protège ;
De leur oeil inquiet ils regardent la neige,
Attendant jusqu'au jour la nuit qui ne vient pas.
- fugueNiveau 8
La guenon, le singe et la noix: oui, toujours un succès! A dire avec "le ton", un vrai bonheur.
- SowandiNiveau 10
Deux autres fables de Florian :
Le rossignol et le prince
Un jeune prince, avec son gouverneur,
Se promenait dans un bocage,
Et s’ennuyait, suivant l’usage :
C’est le profit de la grandeur.
Un rossignol chantait sous le feuillage
Le prince l’aperçoit, et le trouve charmant ;
Et comme il était prince, il veut dans le moment
L’attraper et le mettre en cage ;
Mais pour le prendre il fait du bruit,
Et l’oiseau fuit.
Pourquoi donc, dit alors son altesse en colère,
Le plus aimable des oiseaux
Se tient-il dans les bois, farouche et solitaire,
Tandis que mon palais est rempli de moineaux ?
C’est, lui dit le Mentor, afin de vous instruire
De ce qu’un jour vous devez éprouver ;
Les sots savent tous se produire ;
Le mérite se cache, il faut l’aller trouver.
Le grillon
Un pauvre petit grillon,
Caché dans l’herbe fleurie,
Regardait un papillon
Voltigeant dans la prairie.
L’insecte ailé brillait des plus vives couleurs,
L’azur, le pourpre et l’or éclataient sur ses ailes ;
Jeune, beau, petit-maître, il court de fleurs en fleurs,
Prenant et quittant les plus belles.
Ah ! disait le grillon, que son sort et le mien
Sont différents ! Dame nature
Pour lui fit tout, et pour moi rien.
Je n’ai point de talent, encor moins de figure ;
Nul ne prend garde à moi, l’on m’ignore ici-bas ;
Autant vaudrait n’exister pas.
Comme il parlait, dans la prairie
Arrive une troupe d’enfants :
Aussitôt les voilà courant
Après ce papillon dont ils ont tous envie.
Chapeaux, mouchoirs, bonnets, servent à l’attraper.
L’insecte vainement cherche à leur échapper.
Il devient bientôt leur conquête.
L’un le saisit par l’aile, un autre par le corps ;
Un troisième survient, et le prend par la tête.
Il ne fallait pas tant d’efforts
Pour déchirer la pauvre bête.
Oh ! oh ! dit le grillon, je ne suis plus fâché ;
Il en coûte trop cher pour briller dans le monde.
Combien je vais aimer ma retraite profonde !
Pour vivre heureux vivons cachés.
Le rossignol et le prince
Un jeune prince, avec son gouverneur,
Se promenait dans un bocage,
Et s’ennuyait, suivant l’usage :
C’est le profit de la grandeur.
Un rossignol chantait sous le feuillage
Le prince l’aperçoit, et le trouve charmant ;
Et comme il était prince, il veut dans le moment
L’attraper et le mettre en cage ;
Mais pour le prendre il fait du bruit,
Et l’oiseau fuit.
Pourquoi donc, dit alors son altesse en colère,
Le plus aimable des oiseaux
Se tient-il dans les bois, farouche et solitaire,
Tandis que mon palais est rempli de moineaux ?
C’est, lui dit le Mentor, afin de vous instruire
De ce qu’un jour vous devez éprouver ;
Les sots savent tous se produire ;
Le mérite se cache, il faut l’aller trouver.
Le grillon
Un pauvre petit grillon,
Caché dans l’herbe fleurie,
Regardait un papillon
Voltigeant dans la prairie.
L’insecte ailé brillait des plus vives couleurs,
L’azur, le pourpre et l’or éclataient sur ses ailes ;
Jeune, beau, petit-maître, il court de fleurs en fleurs,
Prenant et quittant les plus belles.
Ah ! disait le grillon, que son sort et le mien
Sont différents ! Dame nature
Pour lui fit tout, et pour moi rien.
Je n’ai point de talent, encor moins de figure ;
Nul ne prend garde à moi, l’on m’ignore ici-bas ;
Autant vaudrait n’exister pas.
Comme il parlait, dans la prairie
Arrive une troupe d’enfants :
Aussitôt les voilà courant
Après ce papillon dont ils ont tous envie.
Chapeaux, mouchoirs, bonnets, servent à l’attraper.
L’insecte vainement cherche à leur échapper.
Il devient bientôt leur conquête.
L’un le saisit par l’aile, un autre par le corps ;
Un troisième survient, et le prend par la tête.
Il ne fallait pas tant d’efforts
Pour déchirer la pauvre bête.
Oh ! oh ! dit le grillon, je ne suis plus fâché ;
Il en coûte trop cher pour briller dans le monde.
Combien je vais aimer ma retraite profonde !
Pour vivre heureux vivons cachés.
- CeladonDemi-dieu
— Le Loup vient et s'assied, les deux jambes dressées
Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncés.
Il s'est jugé perdu, puisqu'il était surpris,
Sa retraite coupée et tous ses chemins pris ;
Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante,
Du chien le plus hardi la gorge pantelante
Et n'a pas desserré ses mâchoires de fer,
Malgré nos coups de feu qui traversaient sa chair
Et nos couteaux aigus qui, comme des tenailles,
Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles,
Jusqu'au dernier moment où le chien étranglé,
Mort longtemps avant lui, sous ses pieds a roulé.
Le Loup le quitte alors et puis il nous regarde.
Les couteaux lui restaient au flanc jusqu'à la garde,
Le clouaient au gazon tout baigné dans son sang ;
Nos fusils l'entouraient en sinistre croissant.
Il nous regarde encore, ensuite il se recouche,
Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche,
Et, sans daigner savoir comment il a péri,
Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri.
Alfred de Vigny
J'y adjoins l'apologue. Réflexion assurée.
Nous recevons en avril Philippe Lechermeier et nous préparons Le grand livre du loup. : chacun illustre l'un des textes étudiés sur le loup (j'ai encore un peu de mal à trouver quelque chose sur le loup garou qui ne soit pas explicitement en rapport avec une trahison conjugale), de la légende de Rome à la présentation "scientifique" du loup et l'illustre à sa manière sur Canson couleur 24 x 32. Nous rassemblerons tout cela, plastifierons, et en ferons cadeau à notre visiteur en hommage à ses merveilleux albums.
Mais je m'égare, nous sommes sur le topic poésie...
Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncés.
Il s'est jugé perdu, puisqu'il était surpris,
Sa retraite coupée et tous ses chemins pris ;
Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante,
Du chien le plus hardi la gorge pantelante
Et n'a pas desserré ses mâchoires de fer,
Malgré nos coups de feu qui traversaient sa chair
Et nos couteaux aigus qui, comme des tenailles,
Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles,
Jusqu'au dernier moment où le chien étranglé,
Mort longtemps avant lui, sous ses pieds a roulé.
Le Loup le quitte alors et puis il nous regarde.
Les couteaux lui restaient au flanc jusqu'à la garde,
Le clouaient au gazon tout baigné dans son sang ;
Nos fusils l'entouraient en sinistre croissant.
Il nous regarde encore, ensuite il se recouche,
Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche,
Et, sans daigner savoir comment il a péri,
Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri.
Alfred de Vigny
J'y adjoins l'apologue. Réflexion assurée.
Nous recevons en avril Philippe Lechermeier et nous préparons Le grand livre du loup. : chacun illustre l'un des textes étudiés sur le loup (j'ai encore un peu de mal à trouver quelque chose sur le loup garou qui ne soit pas explicitement en rapport avec une trahison conjugale), de la légende de Rome à la présentation "scientifique" du loup et l'illustre à sa manière sur Canson couleur 24 x 32. Nous rassemblerons tout cela, plastifierons, et en ferons cadeau à notre visiteur en hommage à ses merveilleux albums.
Mais je m'égare, nous sommes sur le topic poésie...
- JEMSGrand Maître
Prévert, En sortant de l'école - Même si ce n'est pas classique, j'adore
En sortant de l’école
Nous avons rencontré
Un grand chemin de fer
Qui nous a emmené
Tout autour de la terre
Dans un wagon doré
Tout autour de la terre
Nous avons rencontré
La mer qui se promenait
Avec tous ses coquillages
Ses îles parfumées
Et puis ses beaux naufrages
Et ses saumons fumés
Au-dessus de la mer
Nous avons rencontré
La lune et les étoiles
Sur un bateau à voiles
Partant pour le Japon
Et les trois mousquetaires
Des cinq doigts de la main
Tournant la manivelle
D’un petit sous-marin
Plongeant au fond des mers
Pour chercher des oursins
Revenant sur la terre
Nous avons rencontré
Sur la voie de chemin d’fer
Une maison qui fuyait
Fuyait tout autour de la terre
Fuyait tout autour de la mer
Fuyait devant l’hiver
Qui voulait l'attraper
Et nous sur notre chemin d’fer
On s’est mis à rouler
Rouler derrière l’hiver
Et on l’a écrasé
Et la maison s’est arrêté
Et le printemps nous a salué
C’était lui le garde barrière
Il nous a bien remercié
Et toutes les fleurs
De toute la terre
Soudain se sont mises à pousser
Pousser à tord et à travers
Sur la voie de chemin d’fer
Qui ne voulait plus avancer
De peur de les abîmer
Alors on est revenu à pied
A pied tout autour de la terre
A pied tout autour de la mer
Tout autour du soleil
De la lune et des étoiles
A pied à cheval en voiture
Et en bateau à voile
En sortant de l’école
Nous avons rencontré
Un grand chemin de fer
Qui nous a emmené
Tout autour de la terre
Dans un wagon doré
Tout autour de la terre
Nous avons rencontré
La mer qui se promenait
Avec tous ses coquillages
Ses îles parfumées
Et puis ses beaux naufrages
Et ses saumons fumés
Au-dessus de la mer
Nous avons rencontré
La lune et les étoiles
Sur un bateau à voiles
Partant pour le Japon
Et les trois mousquetaires
Des cinq doigts de la main
Tournant la manivelle
D’un petit sous-marin
Plongeant au fond des mers
Pour chercher des oursins
Revenant sur la terre
Nous avons rencontré
Sur la voie de chemin d’fer
Une maison qui fuyait
Fuyait tout autour de la terre
Fuyait tout autour de la mer
Fuyait devant l’hiver
Qui voulait l'attraper
Et nous sur notre chemin d’fer
On s’est mis à rouler
Rouler derrière l’hiver
Et on l’a écrasé
Et la maison s’est arrêté
Et le printemps nous a salué
C’était lui le garde barrière
Il nous a bien remercié
Et toutes les fleurs
De toute la terre
Soudain se sont mises à pousser
Pousser à tord et à travers
Sur la voie de chemin d’fer
Qui ne voulait plus avancer
De peur de les abîmer
Alors on est revenu à pied
A pied tout autour de la terre
A pied tout autour de la mer
Tout autour du soleil
De la lune et des étoiles
A pied à cheval en voiture
Et en bateau à voile
- fraisedesboisNiveau 9
les (enfin au moins des) Calligrammes d'Apollinaire
Paul Eluard - au moins Dans Paris ou Liberté
Paul Eluard - au moins Dans Paris ou Liberté
_________________
:lecteur: Il faut beaucoup d'indisciplinés pour faire un peuple libre -
Georges Bernanos, Les enfants humiliés, 1949
- fugueNiveau 8
J'ai fait Liberté au CM2, elle est tout à fait adaptée.
Eluard toujours, au CM1:
Il y a des mots qui font vivre
Et ce sont des mots innocents
Le mot chaleur le mot confiance
Amour justice et le mot liberté
Le mot enfant et le mot gentillesse
Et certains noms de fleurs et
certains noms de fruits
Le mot courage et le mot découvrir
Et le mot frère et le mot camarade
Et certains noms de pays de villages
Et certains noms de femmes et d'amis.
Eluard toujours, au CM1:
Il y a des mots qui font vivre
Et ce sont des mots innocents
Le mot chaleur le mot confiance
Amour justice et le mot liberté
Le mot enfant et le mot gentillesse
Et certains noms de fleurs et
certains noms de fruits
Le mot courage et le mot découvrir
Et le mot frère et le mot camarade
Et certains noms de pays de villages
Et certains noms de femmes et d'amis.
- fraisedesboisNiveau 9
Guillaume Apollinaire - L'écrevisse
Incertitudes, ô mes délices
Vous et moi nous en allons
Comme s'en vont les écrevisses,
A reculons, à reculons
Blaise Cendras - Lettre
Tu m'as dit si tu m'écris
Ne tape pas tout à la machine
Ajoute une ligne de ta main
Un mot un rien oh pas grand'chose
Oui oui oui oui oui oui oui oui
Ma Remington est belle pourtant
Je l'aime beaucoup et travaille bien
Mon écriture est nette et claire
On voit très bien que c'est moi qui l'ai tapée
Il y a des blancs que je suis seul à savoir faire
Vois donc l'oeil qu'a ma page
Pourtant pour te faire plaisir j'ajoute à l'encre
Deux trois mots
Et une grosse tache d'encre
Pour que tu ne puisses pas les lire
ou bien "Réveil", de Paul Eluard, toujours.
Incertitudes, ô mes délices
Vous et moi nous en allons
Comme s'en vont les écrevisses,
A reculons, à reculons
Blaise Cendras - Lettre
Tu m'as dit si tu m'écris
Ne tape pas tout à la machine
Ajoute une ligne de ta main
Un mot un rien oh pas grand'chose
Oui oui oui oui oui oui oui oui
Ma Remington est belle pourtant
Je l'aime beaucoup et travaille bien
Mon écriture est nette et claire
On voit très bien que c'est moi qui l'ai tapée
Il y a des blancs que je suis seul à savoir faire
Vois donc l'oeil qu'a ma page
Pourtant pour te faire plaisir j'ajoute à l'encre
Deux trois mots
Et une grosse tache d'encre
Pour que tu ne puisses pas les lire
ou bien "Réveil", de Paul Eluard, toujours.
_________________
:lecteur: Il faut beaucoup d'indisciplinés pour faire un peuple libre -
Georges Bernanos, Les enfants humiliés, 1949
- doublecasquetteEnchanteur
Paul VERLAINE (1844-1896) (Recueil : Romances sans paroles) - Dans l'interminable ennui de la plaine
Dans l'interminable
Ennui de la plaine
La neige incertaine
Luit comme du sable.
Le ciel est de cuivre
Sans lueur aucune.
On croirait voir vivre
Et mourir la lune.
Comme les nuées
Flottent gris les chênes
Des forêts prochaines
Parmi les buées.
Le ciel est de cuivre
Sans lueur aucune.
On croirait voir vivre
Et mourir la Lune.
Corneille poussive
Et vous, les loups maigres,
Par ces bises aigres
Quoi donc vous arrive?
Dans l'interminable
Ennui de la plaine
La neige incertaine
Luit comme du sable
Dans l'interminable
Ennui de la plaine
La neige incertaine
Luit comme du sable.
Le ciel est de cuivre
Sans lueur aucune.
On croirait voir vivre
Et mourir la lune.
Comme les nuées
Flottent gris les chênes
Des forêts prochaines
Parmi les buées.
Le ciel est de cuivre
Sans lueur aucune.
On croirait voir vivre
Et mourir la Lune.
Corneille poussive
Et vous, les loups maigres,
Par ces bises aigres
Quoi donc vous arrive?
Dans l'interminable
Ennui de la plaine
La neige incertaine
Luit comme du sable
- phiExpert
Oh je l'avais fait l'an dernier aussi celui là
Et moi je pense que Prévert est devenu un classique quand même... L'an dernier j'ai fait apprendre "les animaux ont des ennuis" (parfait après la leçon sur "ail, eil, ouille,...")
Les animaux ont des ennuis
Le pauvre crocodile n’a pas de C cédille
On a mouillé les L de la pauvre grenouille
Le poisson scie a des soucis
Le poisson sole, ça le désole
Mais tous les oiseaux ont des ailes
Même le vieil oiseau bleu
Même la grenouille verte
Elle a deux L avant l’E
Laissez les oiseaux à leur mère
Laissez les ruisseaux dans leur lit
Laissez les étoiles de mer
Sortir si ça leur plaît la nuit
Laissez les p’tits enfants briser leur tirelire
Laissez passer le café si ça lui fait plaisir
La vieille armoire normande et la vache bretonne
Sont parties dans la lande en riant comme deux folles
Les petits veaux abandonnés pleurent
Comme des veaux abandonnés
Car les petits veaux n’ont pas d’ailes
Comme le vieil oiseau bleu
Ils ne possèdent à eux deux
Que quelques pattes et deux queues
Laissez les oiseaux à leur mère
Laissez les ruisseaux dans leur lit
Laissez les étoiles de mer
Sortir si ça leur plaît la nuit
Laissez les éléphants ne pas apprendre à lire
Laissez les hirondelles aller et revenir
Et puis j'ai déjà dit, j'avais fait aussi quelques animaux du bestiaire d'Apollinaire, avec les gravures de Dufy
Et moi je pense que Prévert est devenu un classique quand même... L'an dernier j'ai fait apprendre "les animaux ont des ennuis" (parfait après la leçon sur "ail, eil, ouille,...")
Les animaux ont des ennuis
Le pauvre crocodile n’a pas de C cédille
On a mouillé les L de la pauvre grenouille
Le poisson scie a des soucis
Le poisson sole, ça le désole
Mais tous les oiseaux ont des ailes
Même le vieil oiseau bleu
Même la grenouille verte
Elle a deux L avant l’E
Laissez les oiseaux à leur mère
Laissez les ruisseaux dans leur lit
Laissez les étoiles de mer
Sortir si ça leur plaît la nuit
Laissez les p’tits enfants briser leur tirelire
Laissez passer le café si ça lui fait plaisir
La vieille armoire normande et la vache bretonne
Sont parties dans la lande en riant comme deux folles
Les petits veaux abandonnés pleurent
Comme des veaux abandonnés
Car les petits veaux n’ont pas d’ailes
Comme le vieil oiseau bleu
Ils ne possèdent à eux deux
Que quelques pattes et deux queues
Laissez les oiseaux à leur mère
Laissez les ruisseaux dans leur lit
Laissez les étoiles de mer
Sortir si ça leur plaît la nuit
Laissez les éléphants ne pas apprendre à lire
Laissez les hirondelles aller et revenir
Et puis j'ai déjà dit, j'avais fait aussi quelques animaux du bestiaire d'Apollinaire, avec les gravures de Dufy
- retraitéeDoyen
Rimbaud
http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/arthur_rimbaud/les_effares.html
Desnos
http://wikilivres.info/wiki/Chantefables
http://wikilivres.info/wiki/Chantefleurs
http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/arthur_rimbaud/les_effares.html
Desnos
http://wikilivres.info/wiki/Chantefables
http://wikilivres.info/wiki/Chantefleurs
- SowandiNiveau 10
phi a écrit:Testés l'an dernier:
Allais, complainte amoureuse
Oui dès l'instant que je vous vis
Beauté féroce, vous me plûtes
De l'amour qu'en vos yeux je pris
Sur-le-champ vous vous aperçûtes
Ah ! Fallait-il que je vous visse
Fallait-il que vous me plussiez
Qu'ingénument je vous le disse
Qu'avec orgueil vous vous tussiez
Fallait-il que je vous aimasse
Que vous me désespérassiez
Et qu'enfin je m'opiniâtrasse
Et que je vous idolâtrasse
Pour que vous m'assassinassiez
Merci Phi !
C'est la poésie choisie par mes CM pour la récitation de la semaine prochaine !
- retraitéeDoyen
http://www.7lieux.com/article.php3?id_article=605
Il faudra juste remettre en forme les vers.
Il faudra juste remettre en forme les vers.
- phiExpert
Sowandi a écrit:Merci Phi !phi a écrit:Testés l'an dernier:
Allais, complainte amoureuse
Oui dès l'instant que je vous vis
Beauté féroce, vous me plûtes
De l'amour qu'en vos yeux je pris
Sur-le-champ vous vous aperçûtes
Ah ! Fallait-il que je vous visse
Fallait-il que vous me plussiez
Qu'ingénument je vous le disse
Qu'avec orgueil vous vous tussiez
Fallait-il que je vous aimasse
Que vous me désespérassiez
Et qu'enfin je m'opiniâtrasse
Et que je vous idolâtrasse
Pour que vous m'assassinassiez
C'est la poésie choisie par mes CM pour la récitation de la semaine prochaine !
Super
Mais je viens de m'apercevoir que je n'ai pas cité le texte entier... J'avais d'ailleurs fait apprendre uniquement la partie au passé simple (c'était après une leçon de conjugaison) même si certains avaient fait du zèle...
Je crois que j'ai retrouvé la version complète:
Complainte amoureuse
Oui, dès l'instant où je vous vis,
Beauté féroce, vous me plûtes ;
De l'amour qu'en vos yeux je pris,
Sur-le-champ, vous vous aperçutes.
Mais de quel air froid vous reçutes
Tous les soins que pour vous je pris !
Combien de soupirs je rendis ?
De quelle cruauté vous fûtes ?
Et quel profond dédain vous eûtes
Pour les voeux que je vous offris !
En vain, je priai, je gémis,
Dans votre dureté vous sûtes
Mépriser tout ce que je fis ;
Même un jour je vous écrivis
Un billet tendre que vous lûtes,
Et je ne sais comment vous pûtes,
De sang-froid, voir ce que je mis.
Ah! fallait-il que je vous visse,
Fallait-il que vous me plussiez,
Qu'ingénument je vous le disse,
Qu'avec orgueil vous vous tussiez ;
Fallait-il que je vous aimasse,
Que vous me désespérassiez
Et qu'en vain je m'opiniâtrasse
Et que je vous idolâtrasse
Pour que vous m'assassinassiez !
- retraitéeDoyen
Vous devez connaître celui-ci
« J’ai frappé à ta porte »
_J’ai frappé à ta porte
j’ai frappé à ton cœur
pour avoir bon lit
pour avoir bon feu
pourquoi me repousser ?
Ouvre-moi mon frère ! …
_ Pourquoi me demander
si je suis d’Afrique
si je suis d’Amérique
si je suis d’Asie
si je suis d’Europe
Ouvre-moi mon frère
_ Pourquoi me demander
la longueur de mon nez
l’épaisseur de ma bouche
la couleur de ma peau
et le nom de mes dieux
Ouvre-moi mon frère ! …
_ Je ne suis pas un noir
je ne suis pas un rouge
je ne suis pas un jaune
je ne suis pas un blanc
mais je ne suis qu’un homme
Ouvre-moi mon frère ! …
_ Ouvre-moi ta porte
Ouvre-moi ton cœur
car je suis un homme
l’homme de tous les temps
l’homme de tous les cieux
l’homme qui te ressemble ! …
René PHILOMBE, Petites Gouttes de chant pour créer l’homme (Publié dans « Le Monde » du 08-02-1973)
« J’ai frappé à ta porte »
_J’ai frappé à ta porte
j’ai frappé à ton cœur
pour avoir bon lit
pour avoir bon feu
pourquoi me repousser ?
Ouvre-moi mon frère ! …
_ Pourquoi me demander
si je suis d’Afrique
si je suis d’Amérique
si je suis d’Asie
si je suis d’Europe
Ouvre-moi mon frère
_ Pourquoi me demander
la longueur de mon nez
l’épaisseur de ma bouche
la couleur de ma peau
et le nom de mes dieux
Ouvre-moi mon frère ! …
_ Je ne suis pas un noir
je ne suis pas un rouge
je ne suis pas un jaune
je ne suis pas un blanc
mais je ne suis qu’un homme
Ouvre-moi mon frère ! …
_ Ouvre-moi ta porte
Ouvre-moi ton cœur
car je suis un homme
l’homme de tous les temps
l’homme de tous les cieux
l’homme qui te ressemble ! …
René PHILOMBE, Petites Gouttes de chant pour créer l’homme (Publié dans « Le Monde » du 08-02-1973)
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