- fugueNiveau 8
Très heureuse d'avoir lu le post d'Al Devine, on y retrouve l'humour de ses blogs. Quant au fond: droit au but.
- BotentoushNiveau 10
Merci ali devine pour ce magnifique post.
Je saurai dorénavant que je peux traiter l'élève d'origine asiatique qui me saoule toute l'année de "nem sur pattes" ou le petit d'origine italienne de "bouffeur de chat" ou le grand Mamadou de je ne sais quelle autre insulte terme méprisant sur mon blog pour décrire la réalité de mon quotidien!!
Encore merci du fond du coeur
Je me sens plus libre!!
Je saurai dorénavant que je peux traiter l'élève d'origine asiatique qui me saoule toute l'année de "nem sur pattes" ou le petit d'origine italienne de "bouffeur de chat" ou le grand Mamadou de je ne sais quel
Encore merci du fond du coeur
Je me sens plus libre!!
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Faites gaffe au bottage en touche!!
docco est toujours en moi!
- MalviduploNiveau 9
Botentoush a écrit:Merci ali devine pour ce magnifique post.
Je saurai dorénavant que je peux traiter l'élève d'origine asiatique qui me saoule toute l'année de "nem sur pattes" ou le petit d'origine italienne de "bouffeur de chat" ou le grand Mamadou de je ne sais quelleautreinsulteterme méprisant sur mon blog pour décrire la réalité de mon quotidien!!
Encore merci du fond du coeur
Je me sens plus libre!!
Ah ouais :shock: :shock: quand même !
- SergeMédiateur
Le post, situé deux pages avant, mérite d'être cité
Je souscris assez à ce qui est exprimé, non sans humour d'ailleurs.
J'ai la chance d'enseigner dans de bonnes conditions, avec un public globalement agréable, et je tire mon chapeau à ceux qui doivent gérer de telles classes, avec le souci (souvent vain), de contribuer au maximum à la réussite des uns et des autres, tout en constatnt l'étendu du gâchis pour tous.
Ali Devine a écrit:Messieurs-dames,
Je suis l'auteur de l'article. Merci pour tous vos commentaires. Tout d’abord, une précision importante : oui, je suis un authentique nazi, je me suis d’ailleurs laissé pousser une stachmou de type « brosse à dents » pour rendre hommage à mon grand homme. Ca chatouille, mais ça fait marrer mes première STG (j’enseigne désormais au lycée, et non plus au collège ZEP-prévention violence-t’es mort où je me suis borné à faire mes cinq ans de service civique). Les première STG, ils aiment rire. C’est d’ailleurs une des rares choses qu’ils font avec compétence mais bon, il ne faut pas stjigmatizer.
En ce qui concerne le ton et les termes employés, plusieurs intervenants (désolé de ne pas citer chacun par son blaze) ont parfaitement parlé à ma place : discours indirect libre, diversité des points de vue, droit d’user d’un vocabulaire autre que froidement technique ou purement descriptif. Par ailleurs j’ai écrit ce texte à chaud, au lendemain des commissions éducatives ou le soir même. J’avais été choqué, ému, et surtout profondément intéressé par ce que j’y avais vu. Les mécanismes de l’autodestruction chez certains élèves difficiles me paraissaient révélés avec une grande clarté. Il me semblait que je devais consigner cela sur le champ, en rendant compte de toutes les informations échangées au cours de ces deux heures intenses, mais sans chercher non plus à cacher les sentiments divers qui avaient alors traversé mon esprit.
Tous ces sentiments ne sont pas admirables, c’est vrai. J’aurais pu recueillir des éloges faciles en écrivant, par exemple, que Mohamed était la victime de la relégation sociale et culturelle, que ses inconduites successives étaient autant d’appels à l’aide, que l’exclure de chez nous revenait à le pousser encore un peu plus à la marginalité et à la délinquance –toutes choses qui comportent leur part de vérité, d’ailleurs. Mais Mohamed ruinait mes cours et me cassait les glaouis depuis des mois –excusez-moi Malcolm, hein, j’emploie encore un terme d’origine arabo-musulmane avec une absence complète de considération pour la culture dont il est issu. Je me souviens que Mohamed rotait volontiers durant mes cours, des rots sonores et profonds. Maintenant que j’y pense, j’aurais peut-être dû le laisser faire, il y avait sans doute là-dedans une dimension interculturelle que j’ai insuffisamment prise en compte ; mais comme annoncé ci-dessus, j’étais et je demeure un nazi. Je me suis donc rendu à la commission disciplinaire en espérant que ce petit con allait bien se faire tirer les oreilles par notre principal adjoint, un grand spécialiste de l’exercice. Et vu la façon dont a tourné la séance, ce que j’ai pensé était alors « cette famille de demeurés cherche à nous faire payer son immigration ratée ».
On ne devrait jamais penser ce genre de choses, c’est l’évidence. On ne devrait jamais être dans l’affect. On devrait être toujours et exclusivement pédagogue, psychologue, sociologue, historien-démographe ; il faudrait ne jamais quitter les rives bleutées de l’empathie rédemptrice. Malheureusement il se trouve que je suis un être humain, et au dernière nouvelle c’était le cas de la plupart des personnes travaillant au sein des établissements scolaires français (Luc Châtel a commandité une étude à ce sujet). J’exerce ce métier par choix et je l’aime profondément. Je ne l’exerce pas seulement, d’ailleurs : je le vis –désolé pour cette formule bassement publicitaire mais je ne vois pas d’autre façon de dire les choses. Il m’est arrivé de tomber malade à cause de ce métier, de faire des rêves inspirés par lui, de penser à lui au lever puis au coucher d’une même journée. Ma personne y est totalement engagée : je lui donne mon intelligence, mon énergie mentale et physique, mon temps ; beaucoup plus de choses sans doute que je ne le devrais. Je ne cherche pas à me présenter ici comme un enseignant d’exception. La plupart d’entre nous sommes ainsi.
La contrepartie inévitable de cet engagement est l’impossibilité absolue de ne pas mêler d’affect notre travail. Nous ne sommes ni des saints observant nos élèves d’un ciel lointain de compassion, ni des salauds indifférents à leur destin, ni des robots. A mon sens, c’est très bien comme ça. C’est notre faiblesse de haïr parfois des élèves, de nous mettre contre eux dans des colères terribles, de souhaiter avec ferveur l’éviction rapide et définitive de certains. Mais c’est aussi, à mon sens, un de nos droits inaliénables.
Et c’est un droit, aussi, parce que contrairement aux travailleurs sociaux nous ne voyons pas les élèves fauteurs de troubles en individuel ou en tout petits groupes : nous les voyons dans leur classe et dans leur école. Il n’y a pas qu’Asmaa, Mohamed ou Samir. Il y a des dizaines, des centaines d’autres élèves brillants ou simplement normaux qu’Asmaa, Mohamed, Samir et les autres personnes de cette espèce empêchent de mener une scolarité normale. J’ai tenu deux blogs successifs que certains d’entre vous m’ont fait l’honneur de lire (Neumbeure ouane puis neumbeure tou). Si je devais résumer des dizaines de pages en quelques mots, je dirais que leur sens est le suivant : dans les ZEP, les élèves perturbateurs catalysent sur leurs personnes 90 % des moyens disponibles, alors qu’ils sont très minoritaires ; pendant ce temps-là, la majorité silencieuse doit se contenter du minimum, et doit en plus subir le bordel provoqué par les premiers.
Au final, tout le monde y perd. Les vilains petits canards ne se transformeront jamais en cygnes, sauf exception rarissime ; pire, ils resteront totalement inconscients des efforts gigantesques qui ont été faits pour eux et nous accuseront plus tard d’être responsables de leur échec scolaire et humain. Les autres canetons verront leur quatre années de collège, voire leurs sept années de secondaire, intégralement saccagées. Pourtant ils sont pauvres eux aussi, et bien souvent d’origine étrangère, mais ils ont le tort de bien se comporter et de respecter l’institution. Ils auraient pu le prendre, l’ascenseur social ; malheureusement Samir a pissé dedans. C’est ce qu’un de mes collègues appelait fort justement le paradigme de « l’emmerdeur au centre du système ».
Quant aux enseignants, eh bien ils sont un peu amers. Et ils se laissent aller à publier des articles sur des sites d’extrême-droite bien connus, comme celui du Nouvel Obs. Mais en même temps ils continuent d’aimer ce métier. Et là il va falloir qu’ils aillent retrouver leur classe de première STG. Un cours sur la montée des totalitarismes en Europe, hé hé…
Je souscris assez à ce qui est exprimé, non sans humour d'ailleurs.
Au final, tout le monde y perd. Les vilains petits canards ne se transformeront jamais en cygnes, sauf exception rarissime ; pire, ils resteront totalement inconscients des efforts gigantesques qui ont été faits pour eux et nous accuseront plus tard d’être responsables de leur échec scolaire et humain. Les autres canetons verront leur quatre années de collège, voire leurs sept années de secondaire, intégralement saccagées. Pourtant ils sont pauvres eux aussi, et bien souvent d’origine étrangère, mais ils ont le tort de bien se comporter et de respecter l’institution. Ils auraient pu le prendre, l’ascenseur social ; malheureusement Samir a pissé dedans. C’est ce qu’un de mes collègues appelait fort justement le paradigme de « l’emmerdeur au centre du système ».
J'ai la chance d'enseigner dans de bonnes conditions, avec un public globalement agréable, et je tire mon chapeau à ceux qui doivent gérer de telles classes, avec le souci (souvent vain), de contribuer au maximum à la réussite des uns et des autres, tout en constatnt l'étendu du gâchis pour tous.
- Ali DevineNiveau 8
A tous,
Merci.
A Botentoush,
Les Italiens bouffent des chats ?
Merci.
A Botentoush,
Botentoush a écrit:Merci ali devine pour ce magnifique post.
Je saurai dorénavant que je peux traiter l'élève d'origine asiatique qui me saoule toute l'année de "nem sur pattes" ou le petit d'origine italienne de "bouffeur de chat" ou le grand Mamadou de je ne sais quelleautreinsulteterme méprisant sur mon blog pour décrire la réalité de mon quotidien!!
Encore merci du fond du coeur
Je me sens plus libre!!
Les Italiens bouffent des chats ?
- sandGuide spirituel
C'est pour ça que chaque fois que j'en croise un je salive ? Bon sang, après trois générations c'est toujours là !
- PlumeNiveau 6
Au final, tout le monde y perd. Les vilains petits canards ne se transformeront jamais en cygnes, sauf exception rarissime ; pire, ils resteront totalement inconscients des efforts gigantesques qui ont été faits pour eux et nous accuseront plus tard d’être responsables de leur échec scolaire et humain. Les autres canetons verront leur quatre années de collège, voire leurs sept années de secondaire, intégralement saccagées. Pourtant ils sont pauvres eux aussi, et bien souvent d’origine étrangère, mais ils ont le tort de bien se comporter et de respecter l’institution. Ils auraient pu le prendre, l’ascenseur social ; malheureusement Samir a pissé dedans. C’est ce qu’un de mes collègues appelait fort justement le paradigme de « l’emmerdeur au centre du système .
Le constat est clair et permet de mettre le doigt sur un vrai problème.
Malheureusement c'est rarement dit car nous nous taisons.
J'ai souvent l'impression aussi que les enseignants sont là pour subir, encaisser, voire même servir de bouc émissaire pour se décharger de divers maux qui ne concernent pas directement l'école, ou du moins pas directement le professeur, ça c'est sûr.
Merci de libérer la parole !
(Je suis bien contente de ne plus être dans mon collège APV du 9 3 où, malgré les problèmes gravissimes et récurrents, le professeur était systématiquement mis en cause... et se trouvait impuissant à résoudre quelque problème que ce soit, condamné à observer l'échec ou même le malheur d'un nombre grandissant d'élèves à qui on n'a rien à offrir !)
- fandorineNiveau 9
le petit d'origine italienne de "bouffeur de chat
?
Perso, je suis un bouffeur de chattes, et je le vis bien.
OK je sors. :aaw:
- ysabelDevin
Ali Devine a écrit:A tous,
Merci.
A Botentoush,Botentoush a écrit:Merci ali devine pour ce magnifique post.
Je saurai dorénavant que je peux traiter l'élève d'origine asiatique qui me saoule toute l'année de "nem sur pattes" ou le petit d'origine italienne de "bouffeur de chat" ou le grand Mamadou de je ne sais quelleautreinsulteterme méprisant sur mon blog pour décrire la réalité de mon quotidien!!
Encore merci du fond du coeur
Je me sens plus libre!!
Les Italiens bouffent des chats ?
Ben non, ce sont les chinois ! tout le monde sait cela ! :lol!:
_________________
« vous qui entrez, laissez toute espérance ». Dante
« Il vaut mieux n’avoir rien promis que promettre sans accomplir » (L’Ecclésiaste)
- ysabelDevin
fandorine a écrit:le petit d'origine italienne de "bouffeur de chat
?
Perso, je suis un bouffeur de chattes, et je le vis bien.
OK je sors.
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« vous qui entrez, laissez toute espérance ». Dante
« Il vaut mieux n’avoir rien promis que promettre sans accomplir » (L’Ecclésiaste)
- retraitéeDoyen
Cripure a écrit:Oui. D'ailleurs je vais préparer mes leggings pour demainErgo a écrit:[justify]Mais non Cripure, on sait bien que vous êtes des nôtres!
n'oubliez pas vos escarpins.
- fugueNiveau 8
Des leggings, des nombrils, des escarpins...
Je suis prof et parfois mes collègues me désespèrent...
Je plaisante bien sûr!
Je suis prof et parfois mes collègues me désespèrent...
Je plaisante bien sûr!
- BotentoushNiveau 10
ysabel a écrit:Ali Devine a écrit:A tous,
Merci.
A Botentoush,Botentoush a écrit:Merci ali devine pour ce magnifique post.
Je saurai dorénavant que je peux traiter l'élève d'origine asiatique qui me saoule toute l'année de "nem sur pattes" ou le petit d'origine italienne de "bouffeur de chat" ou le grand Mamadou de je ne sais quelleautreinsulteterme méprisant sur mon blog pour décrire la réalité de mon quotidien!!
Encore merci du fond du coeur
Je me sens plus libre!!
Les Italiens bouffent des chats ?
Ben non, ce sont les chinois ! tout le monde sait cela ! :lol!:
Petite précision: je parlais des sardes
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Faites gaffe au bottage en touche!!
docco est toujours en moi!
- Luigi_BGrand Maître
Ah oui, la fameuse recette du siamois aux olives. En bons Méditerranéens tous les Sardes dînent à l'huile.
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- ysabelDevin
Luigi_B a écrit:Ah oui, la fameuse recette du siamois aux olives. En bons Méditerranéens tous les Sardes dînent à l'huile.
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« vous qui entrez, laissez toute espérance ». Dante
« Il vaut mieux n’avoir rien promis que promettre sans accomplir » (L’Ecclésiaste)
- User5899Demi-dieu
Des chattes, mais comme tout le monde (ou presque). Non, un Italien est un macaroni, c'est bien connu, je l'ai assez entendu à mon encontre pendant mon enfance malheureuse et colonisée, et comme j'étais corse et pas italien, j'en souffrais, car l'ont m'eût plus exactement sobriqué en "Figatelli".Ali Devine a écrit:A tous,
Merci.
A Botentoush,Botentoush a écrit:Merci ali devine pour ce magnifique post.
Je saurai dorénavant que je peux traiter l'élève d'origine asiatique qui me saoule toute l'année de "nem sur pattes" ou le petit d'origine italienne de "bouffeur de chat" ou le grand Mamadou de je ne sais quelleautreinsulteterme méprisant sur mon blog pour décrire la réalité de mon quotidien!!
Encore merci du fond du coeur
Je me sens plus libre!!
Les Italiens bouffent des chats ?
Je ne sais pas ce qu'enseigne Docco. Et je préfère ne pas le savoir.
- User5899Demi-dieu
Ah bravo ! C'est du propre ! Les petits nouveaux n'ont pas le droit de me griller ainsi, nanmého ! :colere: :colere: :colere:fandorine a écrit:le petit d'origine italienne de "bouffeur de chat
?
Perso, je suis un bouffeur de chattes, et je le vis bien.
OK je sors. :aaw:
Ceci dit, j'avais moins personnalisé l'action (et pour cause...).
- MrBrightsideEmpereur
Cripure a écrit:Ah bravo ! C'est du propre ! Les petits nouveaux n'ont pas le droit de me griller ainsi, nanmého ! :colere: :colere: :colere:fandorine a écrit:le petit d'origine italienne de "bouffeur de chat
?
Perso, je suis un bouffeur de chattes, et je le vis bien.
OK je sors. :aaw:
Ceci dit, j'avais moins personnalisé l'action (et pour cause...).
Vazy Crip' té tro kun bouffeur d'ours!
- Thalia de GMédiateur
Je confirme. C'est peut-être l'occasion de tordre le cou à une idée reçue selon laquelle l'immigration italienne s'est faite en douceur et sans heurts. Mes parents en savent quelque choseCripure a écrit:Des chattes, mais comme tout le monde (ou presque). Non, un Italien est un macaroni, c'est bien connu, je l'ai assez entendu à mon encontre pendant mon enfance malheureuse et colonisée, et comme j'étais corse et pas italien, j'en souffrais, car l'ont m'eût plus exactement sobriqué en "Figatelli".Ali Devine a écrit:A tous,
Merci.
A Botentoush,Botentoush a écrit:Merci ali devine pour ce magnifique post.
Je saurai dorénavant que je peux traiter l'élève d'origine asiatique qui me saoule toute l'année de "nem sur pattes" ou le petit d'origine italienne de "bouffeur de chat" ou le grand Mamadou de je ne sais quelleautreinsulteterme méprisant sur mon blog pour décrire la réalité de mon quotidien!!
Encore merci du fond du coeur
Je me sens plus libre!!
Les Italiens bouffent des chats ?
Je ne sais pas ce qu'enseigne Docco. Et je préfère ne pas le savoir.
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Le printemps a le parfum poignant de la nostalgie, et l'été un goût de cendres.
Soleil noir de mes mélancolies.
- User5899Demi-dieu
MrBrightside a écrit:Cripure a écrit:Ah bravo ! C'est du propre ! Les petits nouveaux n'ont pas le droit de me griller ainsi, nanmého ! :colere: :colere: :colere:fandorine a écrit:le petit d'origine italienne de "bouffeur de chat
?
Perso, je suis un bouffeur de chattes, et je le vis bien.
OK je sors. :aaw:
Ceci dit, j'avais moins personnalisé l'action (et pour cause...).
Vazy Crip' té tro kun bouffeur d'ours!
- loup des steppesNeoprof expérimenté
Ali Devine a écrit:Messieurs-dames,
Je suis l'auteur de l'article. Merci pour tous vos commentaires. Tout d’abord, une précision importante : oui, je suis un authentique nazi, je me suis d’ailleurs laissé pousser une stachmou de type « brosse à dents » pour rendre hommage à mon grand homme. Ca chatouille, mais ça fait marrer mes première STG (j’enseigne désormais au lycée, et non plus au collège ZEP-prévention violence-t’es mort où je me suis borné à faire mes cinq ans de service civique). Les première STG, ils aiment rire. C’est d’ailleurs une des rares choses qu’ils font avec compétence mais bon, il ne faut pas stjigmatizer.
En ce qui concerne le ton et les termes employés, plusieurs intervenants (désolé de ne pas citer chacun par son blaze) ont parfaitement parlé à ma place : discours indirect libre, diversité des points de vue, droit d’user d’un vocabulaire autre que froidement technique ou purement descriptif. Par ailleurs j’ai écrit ce texte à chaud, au lendemain des commissions éducatives ou le soir même. J’avais été choqué, ému, et surtout profondément intéressé par ce que j’y avais vu. Les mécanismes de l’autodestruction chez certains élèves difficiles me paraissaient révélés avec une grande clarté. Il me semblait que je devais consigner cela sur le champ, en rendant compte de toutes les informations échangées au cours de ces deux heures intenses, mais sans chercher non plus à cacher les sentiments divers qui avaient alors traversé mon esprit.
Tous ces sentiments ne sont pas admirables, c’est vrai. J’aurais pu recueillir des éloges faciles en écrivant, par exemple, que Mohamed était la victime de la relégation sociale et culturelle, que ses inconduites successives étaient autant d’appels à l’aide, que l’exclure de chez nous revenait à le pousser encore un peu plus à la marginalité et à la délinquance –toutes choses qui comportent leur part de vérité, d’ailleurs. Mais Mohamed ruinait mes cours et me cassait les glaouis depuis des mois –excusez-moi Malcolm, hein, j’emploie encore un terme d’origine arabo-musulmane avec une absence complète de considération pour la culture dont il est issu. Je me souviens que Mohamed rotait volontiers durant mes cours, des rots sonores et profonds. Maintenant que j’y pense, j’aurais peut-être dû le laisser faire, il y avait sans doute là-dedans une dimension interculturelle que j’ai insuffisamment prise en compte ; mais comme annoncé ci-dessus, j’étais et je demeure un nazi. Je me suis donc rendu à la commission disciplinaire en espérant que ce petit con allait bien se faire tirer les oreilles par notre principal adjoint, un grand spécialiste de l’exercice. Et vu la façon dont a tourné la séance, ce que j’ai pensé était alors « cette famille de demeurés cherche à nous faire payer son immigration ratée ».
On ne devrait jamais penser ce genre de choses, c’est l’évidence. On ne devrait jamais être dans l’affect. On devrait être toujours et exclusivement pédagogue, psychologue, sociologue, historien-démographe ; il faudrait ne jamais quitter les rives bleutées de l’empathie rédemptrice. Malheureusement il se trouve que je suis un être humain, et au dernière nouvelle c’était le cas de la plupart des personnes travaillant au sein des établissements scolaires français (Luc Châtel a commandité une étude à ce sujet). J’exerce ce métier par choix et je l’aime profondément. Je ne l’exerce pas seulement, d’ailleurs : je le vis –désolé pour cette formule bassement publicitaire mais je ne vois pas d’autre façon de dire les choses. Il m’est arrivé de tomber malade à cause de ce métier, de faire des rêves inspirés par lui, de penser à lui au lever puis au coucher d’une même journée. Ma personne y est totalement engagée : je lui donne mon intelligence, mon énergie mentale et physique, mon temps ; beaucoup plus de choses sans doute que je ne le devrais. Je ne cherche pas à me présenter ici comme un enseignant d’exception. La plupart d’entre nous sommes ainsi.
La contrepartie inévitable de cet engagement est l’impossibilité absolue de ne pas mêler d’affect notre travail. Nous ne sommes ni des saints observant nos élèves d’un ciel lointain de compassion, ni des salauds indifférents à leur destin, ni des robots. A mon sens, c’est très bien comme ça. C’est notre faiblesse de haïr parfois des élèves, de nous mettre contre eux dans des colères terribles, de souhaiter avec ferveur l’éviction rapide et définitive de certains. Mais c’est aussi, à mon sens, un de nos droits inaliénables.
Et c’est un droit, aussi, parce que contrairement aux travailleurs sociaux nous ne voyons pas les élèves fauteurs de troubles en individuel ou en tout petits groupes : nous les voyons dans leur classe et dans leur école. Il n’y a pas qu’Asmaa, Mohamed ou Samir. Il y a des dizaines, des centaines d’autres élèves brillants ou simplement normaux qu’Asmaa, Mohamed, Samir et les autres personnes de cette espèce empêchent de mener une scolarité normale. J’ai tenu deux blogs successifs que certains d’entre vous m’ont fait l’honneur de lire (Neumbeure ouane puis neumbeure tou). Si je devais résumer des dizaines de pages en quelques mots, je dirais que leur sens est le suivant : dans les ZEP, les élèves perturbateurs catalysent sur leurs personnes 90 % des moyens disponibles, alors qu’ils sont très minoritaires ; pendant ce temps-là, la majorité silencieuse doit se contenter du minimum, et doit en plus subir le bordel provoqué par les premiers.
Au final, tout le monde y perd. Les vilains petits canards ne se transformeront jamais en cygnes, sauf exception rarissime ; pire, ils resteront totalement inconscients des efforts gigantesques qui ont été faits pour eux et nous accuseront plus tard d’être responsables de leur échec scolaire et humain. Les autres canetons verront leur quatre années de collège, voire leurs sept années de secondaire, intégralement saccagées. Pourtant ils sont pauvres eux aussi, et bien souvent d’origine étrangère, mais ils ont le tort de bien se comporter et de respecter l’institution. Ils auraient pu le prendre, l’ascenseur social ; malheureusement Samir a pissé dedans. C’est ce qu’un de mes collègues appelait fort justement le paradigme de « l’emmerdeur au centre du système ».
Quant aux enseignants, eh bien ils sont un peu amers. Et ils se laissent aller à publier des articles sur des sites d’extrême-droite bien connus, comme celui du Nouvel Obs. Mais en même temps ils continuent d’aimer ce métier. Et là il va falloir qu’ils aillent retrouver leur classe de première STG. Un cours sur la montée des totalitarismes en Europe, hé hé…
Je fais remonter la superbe réponse d' Ali Devine, et moi qui ait connu aussi la ZEP dure je m'incline devant l'humour et la langue de cœur et de passion qui l'anime
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[i] "Là où sont mes pieds, je suis à ma place." prov. Amérindien
"Choose the words you use with care: they create the world around you"
- Avril69Neoprof expérimenté
Au moins, c'est dit ! :aam:
Bon courage à lui et qu'il garde son souffle...
Bon courage à lui et qu'il garde son souffle...
- JEMSGrand Maître
Il n'y a pas de bouton "j'aime" ici ?
Sinon, je me retrouve complètement dans vos propos Ali-Devine.
Nota : qu'est-ce qu'ils peuvent morfler les portugais dans mon cours :lol:
Sinon, je me retrouve complètement dans vos propos Ali-Devine.
Nota : qu'est-ce qu'ils peuvent morfler les portugais dans mon cours :lol:
- LoubdalouExpert
Ali Devine a écrit:Messieurs-dames,
Je suis l'auteur de l'article. Merci pour tous vos commentaires. Tout d’abord, une précision importante : oui, je suis un authentique nazi, je me suis d’ailleurs laissé pousser une stachmou de type « brosse à dents » pour rendre hommage à mon grand homme. Ca chatouille, mais ça fait marrer mes première STG (j’enseigne désormais au lycée, et non plus au collège ZEP-prévention violence-t’es mort où je me suis borné à faire mes cinq ans de service civique). Les première STG, ils aiment rire. C’est d’ailleurs une des rares choses qu’ils font avec compétence mais bon, il ne faut pas stjigmatizer.
En ce qui concerne le ton et les termes employés, plusieurs intervenants (désolé de ne pas citer chacun par son blaze) ont parfaitement parlé à ma place : discours indirect libre, diversité des points de vue, droit d’user d’un vocabulaire autre que froidement technique ou purement descriptif. Par ailleurs j’ai écrit ce texte à chaud, au lendemain des commissions éducatives ou le soir même. J’avais été choqué, ému, et surtout profondément intéressé par ce que j’y avais vu. Les mécanismes de l’autodestruction chez certains élèves difficiles me paraissaient révélés avec une grande clarté. Il me semblait que je devais consigner cela sur le champ, en rendant compte de toutes les informations échangées au cours de ces deux heures intenses, mais sans chercher non plus à cacher les sentiments divers qui avaient alors traversé mon esprit.
Tous ces sentiments ne sont pas admirables, c’est vrai. J’aurais pu recueillir des éloges faciles en écrivant, par exemple, que Mohamed était la victime de la relégation sociale et culturelle, que ses inconduites successives étaient autant d’appels à l’aide, que l’exclure de chez nous revenait à le pousser encore un peu plus à la marginalité et à la délinquance –toutes choses qui comportent leur part de vérité, d’ailleurs. Mais Mohamed ruinait mes cours et me cassait les glaouis depuis des mois –excusez-moi Malcolm, hein, j’emploie encore un terme d’origine arabo-musulmane avec une absence complète de considération pour la culture dont il est issu. Je me souviens que Mohamed rotait volontiers durant mes cours, des rots sonores et profonds. Maintenant que j’y pense, j’aurais peut-être dû le laisser faire, il y avait sans doute là-dedans une dimension interculturelle que j’ai insuffisamment prise en compte ; mais comme annoncé ci-dessus, j’étais et je demeure un nazi. Je me suis donc rendu à la commission disciplinaire en espérant que ce petit con allait bien se faire tirer les oreilles par notre principal adjoint, un grand spécialiste de l’exercice. Et vu la façon dont a tourné la séance, ce que j’ai pensé était alors « cette famille de demeurés cherche à nous faire payer son immigration ratée ».
On ne devrait jamais penser ce genre de choses, c’est l’évidence. On ne devrait jamais être dans l’affect. On devrait être toujours et exclusivement pédagogue, psychologue, sociologue, historien-démographe ; il faudrait ne jamais quitter les rives bleutées de l’empathie rédemptrice. Malheureusement il se trouve que je suis un être humain, et au dernière nouvelle c’était le cas de la plupart des personnes travaillant au sein des établissements scolaires français (Luc Châtel a commandité une étude à ce sujet). J’exerce ce métier par choix et je l’aime profondément. Je ne l’exerce pas seulement, d’ailleurs : je le vis –désolé pour cette formule bassement publicitaire mais je ne vois pas d’autre façon de dire les choses. Il m’est arrivé de tomber malade à cause de ce métier, de faire des rêves inspirés par lui, de penser à lui au lever puis au coucher d’une même journée. Ma personne y est totalement engagée : je lui donne mon intelligence, mon énergie mentale et physique, mon temps ; beaucoup plus de choses sans doute que je ne le devrais. Je ne cherche pas à me présenter ici comme un enseignant d’exception. La plupart d’entre nous sommes ainsi.
La contrepartie inévitable de cet engagement est l’impossibilité absolue de ne pas mêler d’affect notre travail. Nous ne sommes ni des saints observant nos élèves d’un ciel lointain de compassion, ni des salauds indifférents à leur destin, ni des robots. A mon sens, c’est très bien comme ça. C’est notre faiblesse de haïr parfois des élèves, de nous mettre contre eux dans des colères terribles, de souhaiter avec ferveur l’éviction rapide et définitive de certains. Mais c’est aussi, à mon sens, un de nos droits inaliénables.
Et c’est un droit, aussi, parce que contrairement aux travailleurs sociaux nous ne voyons pas les élèves fauteurs de troubles en individuel ou en tout petits groupes : nous les voyons dans leur classe et dans leur école. Il n’y a pas qu’Asmaa, Mohamed ou Samir. Il y a des dizaines, des centaines d’autres élèves brillants ou simplement normaux qu’Asmaa, Mohamed, Samir et les autres personnes de cette espèce empêchent de mener une scolarité normale. J’ai tenu deux blogs successifs que certains d’entre vous m’ont fait l’honneur de lire (Neumbeure ouane puis neumbeure tou). Si je devais résumer des dizaines de pages en quelques mots, je dirais que leur sens est le suivant : dans les ZEP, les élèves perturbateurs catalysent sur leurs personnes 90 % des moyens disponibles, alors qu’ils sont très minoritaires ; pendant ce temps-là, la majorité silencieuse doit se contenter du minimum, et doit en plus subir le bordel provoqué par les premiers.
Au final, tout le monde y perd. Les vilains petits canards ne se transformeront jamais en cygnes, sauf exception rarissime ; pire, ils resteront totalement inconscients des efforts gigantesques qui ont été faits pour eux et nous accuseront plus tard d’être responsables de leur échec scolaire et humain. Les autres canetons verront leur quatre années de collège, voire leurs sept années de secondaire, intégralement saccagées. Pourtant ils sont pauvres eux aussi, et bien souvent d’origine étrangère, mais ils ont le tort de bien se comporter et de respecter l’institution. Ils auraient pu le prendre, l’ascenseur social ; malheureusement Samir a pissé dedans. C’est ce qu’un de mes collègues appelait fort justement le paradigme de « l’emmerdeur au centre du système ».
Quant aux enseignants, eh bien ils sont un peu amers. Et ils se laissent aller à publier des articles sur des sites d’extrême-droite bien connus, comme celui du Nouvel Obs. Mais en même temps ils continuent d’aimer ce métier. Et là il va falloir qu’ils aillent retrouver leur classe de première STG. Un cours sur la montée des totalitarismes en Europe, hé hé…
Je ne trouve vraiment rien de choquant dans ce que dit Ali. Au contraire, c'est dit avec le recul sain et nécessaire à la survie d'un prof en ZEP APV
Bien sûr que les élèves ont eux-même écrit leur étiquette. On connait rarement la réputation d'un élève avant qu'il atterrisse dans nos classes. Par exemple, pour beaucoup d'élèves ont apprend plusieurs mois après qu'ils nous viennent d'un conseil de discipline, on apprend tout à fait par hasard qu'une élève a poussé le bouchon très très loin l'année dernière dans son ancien collège.
Il faut arrêter de surprotéger les élèves qui empêchent les autres de bosser. C'est criminel
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