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- ClarinetteGrand Maître
Eh bien, j'ai découvert la Sixième il y a quelques semaines quand un élève l'a emprunté pour faire sa fiche de lecture de vacances. Je savais que c'était un livre culte de la LDJ, mais du coup, j'ai découvert un roman où les élèves rivalisent de grossièreté, où le travail n'est pas une valeur intéressante, où les profs sont des glandus toujours en grève, bref, autant de messages déplorables à mes yeux. Et puis, dans la partie "mon avis", mon élève a dit que tous ces gros mots l'avaient beaucoup dérangé... alors qu'il n'est pas le dernier à en dire dans la cour, mais là, il trouvait ça déplacé, et à juste titre, selon moi.lilith888 a écrit:Clarinette a écrit:Moi, je peux donner les titres des derniers livres que j'ai fait retirer de la BCD :
- Les framboises du Yangtzé : sexe, gros mots et histoires familiales glauquissimes.
- Rue Charlot (Elle sentit son membre durcir contre sa cuisse... )
- La Sixième de Morgenstern : grots mots en pagaille et vision déplorable du travail et des profs.
Dans un autre genre, j'avais fait retirer les Titeuf il y a quelques années. Parfaitement inapproprié au primaire.
Mais sans polémique, hein, ma Mufab ! Il y en a des bien, de livres de jeunesse, notamment beaucoup d'anciens J'aime lire et Je Bouquine.
Autant les deux premiers, je peux comprendre, autant La Sixième et Titeuf, j'ai plus de mal.
Ce qui me fait encore et toujours dire que l'humour a de sombres jours devant lui.
Quand j'étais en primaire, on avait les Crados. Et on aimait ça. Et je ne suis pas traumatisée.
Quant à Titeuf, je crois que le fait de travailler dans le secondaire te fait un peu perdre de vue ce qu'est un enfant de 6 à 11 ans. Dans cette BD, il n'est question que de vomi, de gros mots, de sexualité, bref, il n'a, je le répète, rien à faire au primaire. Que ça fasse mourir de rire les collégiens, je le conçois, mais à l'école, hors de question. L'humour, oui, la grossièreté, non.
Nous, on a Cédric, qui est le Titeuf soft des écoliers et ça me va très bien.
Mais je rappelle que je me place là en tant que directrice d'école. En tant que maman de deux dévoreuses de livres, maintenant grandes, je n'ai jamais imposé aucune censure : la bibliothèque familiale leur a été ouverte entièrement. Par exemple, j'ai une fille qui a lu les Fourmis de Werber à 8 ans, parce qu'elle était passionnée d'entomologie. Je ne vois pas pourquoi je l'en aurais empêchée, mais professionnellement, c'est autre chose.
- InvitéInvité
lilith888 a écrit:
Quand j'étais en primaire, on avait les Crados. Et on aimait ça. Et je ne suis pas traumatisée.
Je l'étais. Je les trouvais malsains et tout le monde en avait dans la cour de récré (enfin presque tout le monde...il aurait fallu me payer pour que je mette ça dans mon sac).
- Palombella RossaNeoprof expérimenté
Lornet a écrit:lilith888 a écrit:
Quand j'étais en primaire, on avait les Crados. Et on aimait ça. Et je ne suis pas traumatisée.
Je l'étais. Je les trouvais malsains et tout le monde en avait dans la cour de récré (enfin presque tout le monde...il aurait fallu me payer pour que je mette ça dans mon sac).
Que les crados, le caca-boudin et la pornographie existent, personne ne va le nier, sauf à vivre sur une autre planète.
Mais ils n'ont pas leur place dans la bibliothèque de classe ou au CDI.
Titeuf, c'est marrant, mais on ne va pas l'étudier en oeuvre intégrale, tout de même !!!
- CeladonDemi-dieu
J'ai fait voici quelque temps une critique de L'école qui n'existait pas" de Gudule. Je la mettrais bien ici parce que le bouquin vaut son pesant de malfaisances diverses, mais c'est un peu long et je ne sais pas me servir du spoiler...
- Palombella RossaNeoprof expérimenté
Celadon a écrit:J'ai fait voici quelque temps une critique de L'école qui n'existait pas" de Gudule. Je la mettrais bien ici parce que le bouquin vaut son pesant de malfaisances diverses, mais c'est un peu long et je ne sais pas me servir du spoiler...
ARRRRGH ! :colere: Gudule, auteureuh :censure: qui a revisité les Fables de la Fontaine avec un loup végétarien qui ne mange pas les agneaux, un chasseur opposé à la peine de mort, et j'en passe.
J'ai découvert "ça" en faisant passer les oraux du CAPES : elle figure, aux côtés de Desnos et Anouilh (les pauvres, quel voisinage !) sous la rubrique "réécriture", dans la plupart des manuels de collège...
Et là je dis STOP. Qu'on s'amuse à dékhonner avec ce genre de fariboles en famille, soit (et encore), mais l'institution n'a pas à cautionner.
Idem pour La Belle lisse poire du prinde de Motordu, certees très drôle, mais qui ne peut être appréciée que par ceux qui maîtrisent bien l'orthographe et le vocabulaire -- ce qui est loin d'être le cas, hélas, de tous les enfants.
Voudrait-on mettre la tête des gamins définitivement à l'envers, qu'on ne s'y prendrait pas autrement.
- Thalia de GMédiateur
Quand tu postes un message, tu peux voir, sur la droite, un bouton "Autres". Tu cliques et tu vois apparaître Spoiler. Tu écris à l'intérieur des balises.Celadon a écrit:J'ai fait voici quelque temps une critique de L'école qui n'existait pas" de Gudule. Je la mettrais bien ici parce que le bouquin vaut son pesant de malfaisances diverses, mais c'est un peu long et je ne sais pas me servir du spoiler...
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Le printemps a le parfum poignant de la nostalgie, et l'été un goût de cendres.
Soleil noir de mes mélancolies.
- AemiliaExpert
Ça ne m'a jamais choquée de voir Titeuf à la bibliothèque de l'école primaire. A mon époque, on a même vécu l'entrée des Chair de Poule (rayon réservé aux CM2, je ne comprenais pas pourquoi alors que j'en avais déjà lu plein chez moi). Ce n'est pas parce qu'un livre se trouve au CDI, ou à la bibliothèque, que ça implique forcément qu'on puisse l'étudier un jour en classe, si ?
Pour moi, une bibliothèque est aussi un lieu de détente, de loisir, et pas seulement d'étude.
Pour moi, une bibliothèque est aussi un lieu de détente, de loisir, et pas seulement d'étude.
- CeladonDemi-dieu
Merci Thalia
- Spoiler:
- L’ECOLE QUI N’EXISTAIT PAS Gudule
Il y est question d’une petite fille de CM2 dont les notes semblent soumises à la gravité terrestre et qui est menacée de redoublement…(il est vrai qu’il date de 1994, le bouquin !)
Le père dont la femme vient de partir « avec un autre mec » ne peut plus faire face à la situation et décide d’envoyer la petite Mickette (ouf, on a échappé à Jenifer mais est-ce mieux ?) en pension.
Mais la déficience du lexique n’est rien, comparée à la métaphore filée par l’auteur. Qu’on en juge :
le pensionnat s’avère être tenu par un ancien instituteur ami du père, et dirigé par une « geôlière imperturbable » qui jette les « jeans troués aux genoux à l’opinel s’il vous plaît et pendant le cours d’éducation civique ! » à la poubelle, pour infliger à Mickette un uniforme, « panoplie d’élève modèle. »
Les pensionnaires « sont vingt-trois mais ne font pas plus de bruit que si elles n’étaient qu’une seule. »
A la récréation, elle s’approche d’une « rouquine » et lui dit : « T’as les paluches vachement froides ! » « -Les quoi ? » rétorque la gamine. « – Les paluches … les mains, quoi ! –Tu es étrangère ? Quelle langue parles-tu ? –Ben … français, hé, banane !»
Un peu plus loin : - Tu aimes les livres de BD ? (sic. On dit les BD…) – Je ne connais pas cet écrivain. Bédé ? Moi je viens juste de finir Les Mémoires d’un âne, de la Comtesse de Ségur. Si tu veux, je te le prêterai.
« - Et pourquoi pas le Petit Chaperon Rouge, tant qu’elle y est ? En plus d’être débile, elle s’est trompée d’époque !»*
Puis Mickette arrive en cours de géographie où la maîtresse énumère d’une voix pointue les départements français.
En 1994 ??? C’était au programme ? Mais que ne ferait-on pas pour assombrir le tableau ! « –Pas cool, ce bahut ! »
« Pas la peine de chercher midi à quatorze heures. A Jean Jaurès, les élèves se bagarraient, faisaient des grimaces et des croche-pattes, criaient des gros mots. La différence entre là-bas et ici, c’est simplement la discipline. »
« Dire qu’à Paris Mickette n’était jamais au lit avant dix ou onze heures ! »
Oui, vous avez bien lu.
Titre du chapitre 6 : Mystère et papier Q
Où l’on trouve les regrets d’une vie antérieure :
« A Jean-Jaurès, pendant les récrés, les toilettes étaient prises d’assaut. » Alors qu’à la pension, « l’endroit est d’une propreté exemplaire. Pas de mares dans lesquelles patauger, pas de lambeaux de papier mouillé traînant par terre, pas d’odeurs, pas de graffitis vulgaires. Ce ne sont pas des lavabos, c’est presque un musée. »
Oui, vous avez bien lu.
Car on est censé trouver tout ce qui est énuméré dans les lavabos…
Plus loin encore, interrogée par le fondateur du pensionnat : « -Tu n’es pas bien ici ? – Non, pas bien du tout. J’aimais mieux mon école d’avant. » -Et peut-on savoir pourquoi ? – J’ai pas envie de vivre comme il y a cinquante ans. A Jean-Jaurès, on apprenait l’informatique, on écoutait des disques, on s’habillait comme on voulait, on faisait des boums le mercredi après-midi ! »
Soupçonnant un lourd secret dans cet orphelinat, Mickette décide de se rendre dans la zone interdite.
Elle se fait remarquer : « -Mais c’est défendu ! – Et alors ? Je m’en fiche et je m’en contrefiche, des défenses ! »
Oui, vous avez bien lu. En même temps, si pendant les cours d’éducation civique elle lacère ses jeans…
Supposition de la fillette qui progresse dans ses hypothèses : « Si quelqu’un avait vidé la caboche des élèves de tout ce qu’elle contient normalement : des pieds de nez, des insolences, des fous rires, pour y mettre à la place des vertus ennuyeuses : docilité, sagesse, politesse… »
Oui, vous êtes toujours au top de votre compétence en lecture.
Avouez que Gudule nous gâte, non ? A mettre en relation avec ce dont on se plaint ici à longueur de posts, évidemment. Et ça commence tôt, mais nous avons de l’aide !
Mickette finit par découvrir une nuit, que les élèves et les professeurs, « branchées sur le gros engin ronronnant, sont absolument immobiles. » « Pas de doute, elle vient de découvrir la machine qui transforme le cerveau en pâte à modeler ! »
Ah ? TF1 n’existait pas en 1994 ?
Et l’ancien instituteur n’est autre que le démiurge de ce cirque. Mickette conclut : « Il n’y a que moi, dans cette école, qui aie le cerveau intact. »
Je m’abstiendrai de commentaire.
Le lendemain, elle affirme au professeur de géographie :
-Je n’apprendrai rien du tout ! (…) Allez vous faire voir !
Oui, vous lisez toujours très bien.
A ce moment-là, telle Isabelle Adjani pourvue de son gun dans La journée de la jupe, la prof explose, ce qui est bien normal pour un robot victime d’un court-circuit ! Et voilà Mickette poursuivie par une horde de robots qui se détraquent les uns après les autres, en tentant de la réduire en bouillie. Et le vieil instit pleure sur son beau pensionnat démoli.
N’ayez crainte, Mickette parvient à s’enfuir et un épicier en tournée appelle la police et le père.
Le vieil instit, « malotru, *** » est sommé de s’expliquer. Et là, tout s’éclaire ! Il déclare avoir toujours été au service de « l’ordre moral » bafoué dans l’institution où il enseignait. « L’indiscipline et la dissipation y régnaient. » Il fut « licencié pour abus de pouvoir. » -Je traitais paraît-il mes élèves avec trop de sévérité. Ces péronnelles s’étaient plaintes à leurs parents, qui avaient averti la direction. » -Bien fait ! applaudit Mickette. »
Non, ne vous pincez pas. Vous ne rêvez pas, vous lisez un ouvrage de littérature jeunesse.
Il explique qu’il a construit des robots à l’effigie de ses anciens collègues et élèves, « mais contrairement à leurs modèles, mes fillettes étaient douces, studieuses, intelligentes et dociles ; les maîtresses compétentes et respectées. »
Interrogé sur les motivations qui lui ont fait accepter une vraie petite fille dans sa pension, il répond :
-Ce fut une erreur, je le reconnais. Tout génie a ses faiblesses, la mienne fut de tenter d’appliquer ma pédagogie à une vraie petite fille. Je voulais prouver au monde que mon enseignement n’était pas une utopie. Hélas, j’ai échoué. »
Oui, vous avez bien lu, le soutien de Gudule aux enseignants est patent.
On ne va toutefois pas mettre le savant fou en prison, il ira à l’hôpital psychiatrique. La Verrière, sans doute…
Elle ne file pas la métaphore, Gudule ? Les décérébrés, les sévères, les totalitaires, les dictateurs, les pédagogues utopistes, les méchants, c’est nous qui en prime fabriquons des robots !
Ecrit en langue argotique (tronche, planquée, taule, fringues, bouffe, paluches, pourrave, chiottes, etc.) cet ouvrage recommandé à partir de 9 ans ( !) afin de stimuler l’infinie créativité des loupiots
ne devrait figurer dans aucune BCD ni aucun CDI.
Et ce n’en est qu’un parmi bien d’autres qui ne nous aident pas, c’est le moins que l’on puisse dire, dans notre mission.
Si c’est pour lire ça, je ne me plaindrai plus jamais que les élèves ne lisent pas…
A côté de ça, La vengeance de la momie d’Evelyne Brisou-Pellen, écrit en français courant mais avec une recherche lexicale qui enrichit le capital des gamins, leur fait prendre conscience qu’un peuple victime d’un dictateur (pas le même, visiblement, que chez Gudule) qui s’approprie tous les biens disponibles sans les redistribuer, fait le malheur de son peuple et que le pays tout entier perd la parole et la joie de vivre.
Les ouvrages de Mourlevat, un vrai bonheur.
Ouf, il y a quand même quelques productions pour la jeunesse qui surnagent dans cet univers glauque au ras des pâquerettes qui englue les enfants dans leur quotidien ou les invitent à s’en évader en pervertissant les valeurs qui font l’école (et pas que…), et que le label « fantastique » ne parvient pas à sauver.
- ErgoDevin
Celadon: Tout de même...je le savais que nous étions des robots. ^^
- Spoiler:
- Moi, je dévorais la série des "Mon prof est un extra-terrestre" en CM2 :lol: (tout en lisant ce que mon frère étudiait au collège en français...Mon bel oranger reste un merveilleux souvenir de CM1.)
_________________
"You went to a long-dead octopus for advice, and you're going to blame *me* for your problems?" -- Once Upon a Time
"The gull was your ordinary gull." -- Wittgenstein's Mistress
« Cède, cède, cède, je le veux ! » écrivait Ronin, le samouraï. (Si vous cherchez un stulo-plyme, de l'encre, récap de juillet 2024)
- MufabGrand Maître
Palombella Rossa a écrit:
ARRRRGH ! :colere: Gudule, auteureuh :censure: qui a revisité les Fables de la Fontaine avec un loup végétarien qui ne mange pas les agneaux, un chasseur opposé à la peine de mort, et j'en passe.
J'ai découvert "ça" en faisant passer les oraux du CAPES : elle figure, aux côtés de Desnos et Anouilh (les pauvres, quel voisinage !) sous la rubrique "réécriture", dans la plupart des manuels de collège...
Et là je dis STOP. Qu'on s'amuse à dékhonner avec ce genre de fariboles en famille, soit (et encore), mais l'institution n'a pas à cautionner.
Idem pour La Belle lisse poire du prinde de Motordu, certes très drôle, mais qui ne peut être appréciée que par ceux qui maîtrisent bien l'orthographe et le vocabulaire -- ce qui est loin d'être le cas, hélas, de tous les enfants.
Voudrait-on mettre la tête des gamins définitivement à l'envers, qu'on ne s'y prendrait pas autrement. [/justify]
Le Prince de Motordu (et non "le Prinde"), comme son nom ne l'indique pas, ne déforme pas l'orthographe, mais utilise des mots existants qui en remplacent d'autres. Il y a donc à la fois un jeu sur le vocabulaire (puisqu'il s'agit de retrouver, avec les enfants, l'expression réelle qui a été déformée), et sur la lecture (puisqu'on ne peut les lire qu'en étant attentif aux graphèmes utilisés : CF : Les poules de neige, le prince vivait dans un chapeau...). Je trouve cela au contraire assez intéressant, et ne voit pas trop comment cela peut mettre "la tête à l'envers"... J'aimerais qu'on m'explique.
- MufabGrand Maître
Et je ne vois pas trop le rapport avec les passages choquants dont il est question ici.
- ErgoDevin
Le débat a dévié.
Que faire lire / quoi mettre dans un CDI en primaire?
Que faire lire / quoi mettre dans un CDI en primaire?
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- La JabotteNeoprof expérimenté
Et on peut faire regarde Slumdog Millionnaire à des 6e en intégralité, c'est ça ?Axel a écrit:L'extrait cité fait déglutir, d'accord. Mais on m'a toujours dit que les mots n'étaient jamais tabou, qu'on pouvait tout lire, qu'un enseignant ne devait en aucun cas avoir peur des mots et de leur réalité. Et j'y crois toujours.
Je présume que le maître ne s'est pas contenté de lire, qu'il n'a pas laissé ses élèves seuls. Donc je me garde de juger sur la seule colère d'un comité de parents.
Le problème avec ce genre de réflexion, c'est qu'on nie l'existence de ce que les enfants ressentent. Certains n'ont tout simplement pas envie ou la force d'entendre ces mots. Pas comme ça.
Et quand on pense que, dans cette classe, comme dans la plupart des classes, il y a sans doute une gamine ou un gamin qui sait ce que sait, en vrai, de toucher la verge d'un homme sans en avoir envie, je crois qu'on peut se représenter la violence d'une telle lecture. Un instit n'est pas un psy.
Les mots ne sont pas tabous en littérature quand il s'agit de littérature.
- HermionyGuide spirituel
Clarinette a écrit:
Eh bien, j'ai découvert la Sixième il y a quelques semaines quand un élève l'a emprunté pour faire sa fiche de lecture de vacances. Je savais que c'était un livre culte de la LDJ, mais du coup, j'ai découvert un roman où les élèves rivalisent de grossièreté, où le travail n'est pas une valeur intéressante, où les profs sont des glandus toujours en grève, bref, autant de messages déplorables à mes yeux. Et puis, dans la partie "mon avis", mon élève a dit que tous ces gros mots l'avaient beaucoup dérangé... alors qu'il n'est pas le dernier à en dire dans la cour, mais là, il trouvait ça déplacé, et à juste titre, selon moi.
Une de mes collègues fait étudier La Sixième à ses élèves..de6è...
- ClarinetteGrand Maître
J'en profite au passage pour rendre hommage au Prince de Motordu, non seulement hilarant pour les 6-7 ans, d'une morale irréprochable mais offrant, de surcroît, l'occasion de renforcer certaines acquisitions phonologiques (une démonstration par l'absurde, en quelque sorte) et de pratiquer de profitables jeux de lettres, de mots et de langue. avec des prolongements intéressants en illustration.
Sinon, pour répondre à la question d'Ergo la Sage , je distingue au moins trois sortes de livres pour le primaire :
- ceux que l'on étudie, et en ce qui me concerne, hors de la littérature dite "classique", point de salut, ou presque. Mais je rappelle que je suis au CM2. C'était différent au CE1 ou au CE2, forcément.
- ceux qui figurent dans les bibliothèques de fond de classe ou à la BCD : là, peuvent se côtoyer des romans classiques, des romans plus actuels, mais de bonne tenue et dans un français correct, des BD du même acabit, des documentaires...
- ceux, enfin, que l'enfant lit chez lui, et là, je l'ai déjà dit, je ne vois pas de raison d'opérer de censure, à part cas très marginaux (pornographie, policiers ou fantastiques très sanguinolents) parce que la littérature, contrairement à un film, laisse la part belle à l'imagination et n'impose pas d'images au lecteur.
J'ai lu de tout, très jeune (mes parents pratiquaient aussi le libre accès à la bibliothèque familiale, grâces leur soient rendues), et je suis surprise d'avoir parfois été plus choquée par une relecture à l'âge adulte. Je prends toujours en exemple "Sa Majesté des Mouches", dévoré avec fascination vers 13-14 ans, et redécouvert avec frissons d'horreur vers 30 ans, parce qu'à cette époque, j'étais mère, et plus consciente de la violence inouïe de ce remarquable roman.
Sinon, pour répondre à la question d'Ergo la Sage , je distingue au moins trois sortes de livres pour le primaire :
- ceux que l'on étudie, et en ce qui me concerne, hors de la littérature dite "classique", point de salut, ou presque. Mais je rappelle que je suis au CM2. C'était différent au CE1 ou au CE2, forcément.
- ceux qui figurent dans les bibliothèques de fond de classe ou à la BCD : là, peuvent se côtoyer des romans classiques, des romans plus actuels, mais de bonne tenue et dans un français correct, des BD du même acabit, des documentaires...
- ceux, enfin, que l'enfant lit chez lui, et là, je l'ai déjà dit, je ne vois pas de raison d'opérer de censure, à part cas très marginaux (pornographie, policiers ou fantastiques très sanguinolents) parce que la littérature, contrairement à un film, laisse la part belle à l'imagination et n'impose pas d'images au lecteur.
J'ai lu de tout, très jeune (mes parents pratiquaient aussi le libre accès à la bibliothèque familiale, grâces leur soient rendues), et je suis surprise d'avoir parfois été plus choquée par une relecture à l'âge adulte. Je prends toujours en exemple "Sa Majesté des Mouches", dévoré avec fascination vers 13-14 ans, et redécouvert avec frissons d'horreur vers 30 ans, parce qu'à cette époque, j'étais mère, et plus consciente de la violence inouïe de ce remarquable roman.
- ClarinetteGrand Maître
Et toi, l'as-tu lu ? Suis-je une indécrottable mère-la-vertu (parfaitement assumée) ?Hermiony a écrit:Clarinette a écrit:
Eh bien, j'ai découvert la Sixième il y a quelques semaines quand un élève l'a emprunté pour faire sa fiche de lecture de vacances. Je savais que c'était un livre culte de la LDJ, mais du coup, j'ai découvert un roman où les élèves rivalisent de grossièreté, où le travail n'est pas une valeur intéressante, où les profs sont des glandus toujours en grève, bref, autant de messages déplorables à mes yeux. Et puis, dans la partie "mon avis", mon élève a dit que tous ces gros mots l'avaient beaucoup dérangé... alors qu'il n'est pas le dernier à en dire dans la cour, mais là, il trouvait ça déplacé, et à juste titre, selon moi.
Une de mes collègues fait étudier La Sixième à ses élèves..de6è...
- MufabGrand Maître
Ergo a écrit:Le débat a dévié.
Que faire lire / quoi mettre dans un CDI en primaire?
C'est une question que justement je me pose forcément et que l'on se pose déjà sur un autre fil. (La littérature de jeunesse, c'est quoi ?).
J'espère simplement que l'on ne va pas assimiler le fait que des instits fassent lire pontuellement PEF ou Gudule à ce pétage de plomb individuel, généraliser, avec le risque d'alimenter les propos qui portent atteinte à notre professionnalisme et à notre discernement.
- ClarinetteGrand Maître
Meuh non, ma Mufette !
- HermionyGuide spirituel
Clarinette a écrit:Et toi, l'as-tu lu ? Suis-je une indécrottable mère-la-vertu (parfaitement assumée) ?Hermiony a écrit:Clarinette a écrit:
Eh bien, j'ai découvert la Sixième il y a quelques semaines quand un élève l'a emprunté pour faire sa fiche de lecture de vacances. Je savais que c'était un livre culte de la LDJ, mais du coup, j'ai découvert un roman où les élèves rivalisent de grossièreté, où le travail n'est pas une valeur intéressante, où les profs sont des glandus toujours en grève, bref, autant de messages déplorables à mes yeux. Et puis, dans la partie "mon avis", mon élève a dit que tous ces gros mots l'avaient beaucoup dérangé... alors qu'il n'est pas le dernier à en dire dans la cour, mais là, il trouvait ça déplacé, et à juste titre, selon moi.
Une de mes collègues fait étudier La Sixième à ses élèves..de6è...
Oui, je l'ai lu...Je ne me rappelle pas qu'il y ait eu des gros mots (mais je te crois, hein, dans ce domaine, ma mémoire est un peu trop sélective) mais je ne le ferai pas étudier à mes élèves pour plusieurs raisons:
-d'abord il est très daté. Si le but, c'est de faire étudier un livre qui "parle" aux élèves, c'est raté. Les années 80...
-ensuite, les élèves qui arrivent en 6è et en profitent pour se la couler douce...j'ai du mal
-et niveau écriture...c'est bof.
Les laisser le lire : ok, leur recommander....non.
Tu n'es pas la seule à être "mère-la-vertu", je passe les livres de mes élèves au crible désormais depuis que j'ai découvert que la littérature pour la jeunesse avait pris un sacré virage "gros mots-mal écrit-sexe"...Par conséquent, il y a des livres que je ne donnerai pas en cursive, que mes collègues donnent eux, mais tant pis j'assume.
Lorsque j'étais enfant, les livres estampillés "littérature pour la jeunesse", ma mère me les laissait lire les yeux fermés...Maintenant, si j'ai des enfants, je serai plus méfiante vis-à-vis du contenu et je trouve ça dommage...
Un petit mot au passage pour saluer "Le Prince de Motordu", lu et relu quand j'étais en CP..
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"Soyons subversifs. Révoltons-nous contre l'ignorance, l'indifférence, la cruauté, qui d'ailleurs ne s'exerce si souvent contre l'homme que parce qu'elles se sont fait la main sur les animaux. Il y aurait moins d'enfants martyrs s'il y avait moins d'animaux torturés".
Marguerite Yourcenar
« La vraie bonté de l’homme ne peut se manifester en toute pureté et en toute liberté qu’à l’égard de ceux qui ne représentent aucune force. » «Le véritable test moral de l’humanité, ce sont ses relations avec ceux qui sont à sa merci : les animaux. » Kundera, L’Insoutenable Légèreté de l’être
- ClarinetteGrand Maître
On est d'acc !
- ErgoDevin
Je constatais, Mufab, c'est tout. J'ai suivi avec intérêt l'autre fil sur la littérature de jeunesse.
Je ne pense pas qu'on assimile cette lecture qui, quelles que soient les activités qui l'ont accompagnée, est choquante en CM1 à ce que font tous les instits. Ce que les enfants vont trouver par eux-mêmes, chez eux ou dans les bibliothèques n'est pas un argument pour justifier ce qu'a fait cet instit. Mais ça ne veut pas dire que tous les instits sont inconscients, ni que cet extrait est comparable à l'idée de faire étudier Gudule.
J'avais l'impression que c'est un débat qui est récurrent et qu'on a rejoint des problématiques qu'on évoquait pour Slumdog Millionnaire, Nuit et Brouillard, Guernica et Le Cri...
C'est pour ça que je résumais, à mon sens, la tournure que prenait le débat: d'une part les thèmes qu'on pouvait (ou pas) évoquer avec des enfants, dans le cadre de l'école et d'autre part le style des livres qu'on étudiait en classe. Je rejoins totalement les trois catégories de Clarinette. En primaire, je n'avais fait que des classiques en classe (contes, Comtesse de Ségur et faudrait que je retrouve ces vieux livres qui avaient plein d'extraits de textes...) tout en lisant d'autres styles. Nos fiches de lecture étaient extrêmement balisées, on ne pouvait choisir que dans la liste transmise par l'instit. Mais je ne connais pas l'actuelle production de littérature pour enfants donc je ne peux pas juger.
Les extraits donnés de Gudule me plaisent moyennement pour autant; mais c'est parce que je pense, peut-être à tort, qu'il faut déjà à l'enfant une bonne culture classique pour apprécier la différence. Par exemple, d'accord pour l'étude de la réécriture des Fables de la Fontaine mais à condition de connaître les originales ou d'y arriver tout de suite après...De même que le Prince de Motordu doit être mieux apprécié par les enfants qui ont déjà du vocabulaire.
Je devrais peut-être vous rejoindre sur l'autre fil, en fait.
Je ne pense pas qu'on assimile cette lecture qui, quelles que soient les activités qui l'ont accompagnée, est choquante en CM1 à ce que font tous les instits. Ce que les enfants vont trouver par eux-mêmes, chez eux ou dans les bibliothèques n'est pas un argument pour justifier ce qu'a fait cet instit. Mais ça ne veut pas dire que tous les instits sont inconscients, ni que cet extrait est comparable à l'idée de faire étudier Gudule.
J'avais l'impression que c'est un débat qui est récurrent et qu'on a rejoint des problématiques qu'on évoquait pour Slumdog Millionnaire, Nuit et Brouillard, Guernica et Le Cri...
C'est pour ça que je résumais, à mon sens, la tournure que prenait le débat: d'une part les thèmes qu'on pouvait (ou pas) évoquer avec des enfants, dans le cadre de l'école et d'autre part le style des livres qu'on étudiait en classe. Je rejoins totalement les trois catégories de Clarinette. En primaire, je n'avais fait que des classiques en classe (contes, Comtesse de Ségur et faudrait que je retrouve ces vieux livres qui avaient plein d'extraits de textes...) tout en lisant d'autres styles. Nos fiches de lecture étaient extrêmement balisées, on ne pouvait choisir que dans la liste transmise par l'instit. Mais je ne connais pas l'actuelle production de littérature pour enfants donc je ne peux pas juger.
Les extraits donnés de Gudule me plaisent moyennement pour autant; mais c'est parce que je pense, peut-être à tort, qu'il faut déjà à l'enfant une bonne culture classique pour apprécier la différence. Par exemple, d'accord pour l'étude de la réécriture des Fables de la Fontaine mais à condition de connaître les originales ou d'y arriver tout de suite après...De même que le Prince de Motordu doit être mieux apprécié par les enfants qui ont déjà du vocabulaire.
Je devrais peut-être vous rejoindre sur l'autre fil, en fait.
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"You went to a long-dead octopus for advice, and you're going to blame *me* for your problems?" -- Once Upon a Time
"The gull was your ordinary gull." -- Wittgenstein's Mistress
« Cède, cède, cède, je le veux ! » écrivait Ronin, le samouraï. (Si vous cherchez un stulo-plyme, de l'encre, récap de juillet 2024)
- ClarinetteGrand Maître
Be our guest !
- NitaEmpereur
Qui plus est, cet ouvrage insipide et mal écrit (oui, je l'ai lu - et il a mystérieusement disparu des rayonnages du CDI depuis, avec la bénédiction et l'active complicité du prof doc) donne dans la récidive, puisque la malheureuse enfant, après s'être fait engrosser (pour échapper aux "attentions" de son jeune maître :shock: ) par un esclave de la plantation, en devient quand même la "tisannière" après la naissance de son fils. C'est affligeant, et je suis stupéfaite qu'on puisse le lire en intégralité à des élèves de primaire.
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A clean house is a sign of a broken computer.
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