- SapotilleEmpereur
Mareuil a écrit:Victor Hugo
Elle était déchaussée, elle était décoiffée,
Assise, les pieds nus, parmi les joncs penchants ;
Moi qui passais par là, je crus voir une fée,
Et je lui dis : Veux-tu t'en venir dans les champs ?
Elle me regarda de ce regard suprême
Qui reste à la beauté quand nous en triomphons,
Et je lui dis : Veux-tu, c'est le mois où l'on aime,
Veux-tu nous en aller sous les arbres profonds ?
Elle essuya ses pieds à l'herbe de la rive ;
Elle me regarda pour la seconde fois,
Et la belle folâtre alors devint pensive.
Oh ! comme les oiseaux chantaient au fond des bois !
Comme l'eau caressait doucement le rivage !
Je vis venir à moi, dans les grands roseaux verts,
La belle fille heureuse, effarée et sauvage,
Ses cheveux dans ses yeux, et riant au travers.
Merci
- AlabamaHabitué du forum
Je l'aime d'amour ce topic !!!!
- miss sophieExpert spécialisé
"Passons passons puisque tout passe
Je me retournerai souvent
Les souvenirs sont cors de chasse
Dont meurt le bruit parmi le vent"
(Apollinaire, Alcools)
"Soirs de Paris ivres du gin
Flambant de l'électricité
Les tramways feux verts sur l'échine
Musiquent au long des portées
De rails leur folie de machines"
(Apollinaire, Alcools, La chanson du Mal-Aimé")
Je me retournerai souvent
Les souvenirs sont cors de chasse
Dont meurt le bruit parmi le vent"
(Apollinaire, Alcools)
"Soirs de Paris ivres du gin
Flambant de l'électricité
Les tramways feux verts sur l'échine
Musiquent au long des portées
De rails leur folie de machines"
(Apollinaire, Alcools, La chanson du Mal-Aimé")
- miss sophieExpert spécialisé
Pierre Reverdy, "Pour le moment" :
La vie est simple et gaie
Le soleil clair tinte avec un bruit doux
Le son des cloches s'est calmé
Ce matin la lumière traverse tout
Ma tête est une rampe allumée
Et la chambre où j'habite est enfin éclairée
Un seul rayon a suffi
Un seul éclat de rire
Ma joie qui secoue la maison
Retient ceux qui voudraient mourir
Par des notes de sa chanson
Je chante faux
Ah que c'est drôle
Ma bouche ouverte à tous les vents
Lance partout des notes folles
Qui sortent je ne sais comment
Pour voler vers d'autres oreilles
Entendez je ne suis pas fou
Je ris au bas de l'escalier
Devant la porte grande ouverte
Dans le soleil éparpillé
Au mur parmi la vigne verte
Et mes bras sont tendus vers nous
C'est aujourd'hui que je vous aime
La vie est simple et gaie
Le soleil clair tinte avec un bruit doux
Le son des cloches s'est calmé
Ce matin la lumière traverse tout
Ma tête est une rampe allumée
Et la chambre où j'habite est enfin éclairée
Un seul rayon a suffi
Un seul éclat de rire
Ma joie qui secoue la maison
Retient ceux qui voudraient mourir
Par des notes de sa chanson
Je chante faux
Ah que c'est drôle
Ma bouche ouverte à tous les vents
Lance partout des notes folles
Qui sortent je ne sais comment
Pour voler vers d'autres oreilles
Entendez je ne suis pas fou
Je ris au bas de l'escalier
Devant la porte grande ouverte
Dans le soleil éparpillé
Au mur parmi la vigne verte
Et mes bras sont tendus vers nous
C'est aujourd'hui que je vous aime
- miss sophieExpert spécialisé
Et ces vers d'Aragon (d'ailleurs il faudrait citer tout Le roman inachevé !) :
Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent
Comme des soleils révolus
Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent
Comme des soleils révolus
- User5899Demi-dieu
Il pleut sur les ardoises
Il pleut sur la basse-cour
Il pleut sur les framboises
Il pleut sur mon amour
Il pleut sur la basse-cour
Il pleut sur les framboises
Il pleut sur mon amour
- DuplayExpert
Cripure a écrit:Il pleut sur les ardoises
Il pleut sur la basse-cour
Il pleut sur les framboises
Il pleut sur mon amour
- Spoiler:
- C'est de Djezonne dans sa période lycéenne ?
- If_Then_ElseNiveau 9
Populaire mais efficace:
Alain Bashung
Alors à quoi ça sert la frite si t'as pas les moules.
Ça sert à quoi le cochonnet si t'as pas les boules.
Alain Bashung
_________________
« On n'enseigne pas ce que l'on sait ou ce que l'on croit savoir : on n'enseigne et on ne peut enseigner que ce que l'on est. »
- If_Then_ElseNiveau 9
Les pas
Tes pas, enfants de mon silence,
Saintement, lentement placés,
Vers le lit de ma vigilance
Procèdent muets et glacés.
Personne pure, ombre divine,
Qu'ils sont doux, tes pas retenus !
Dieux !... tous les dons que je devine
Viennent à moi sur ces pieds nus !
Si, de tes lèvres avancées,
Tu prépares pour l'apaiser,
A l'habitant de mes pensées
La nourriture d'un baiser,
Ne hâte pas cet acte tendre,
Douceur d'être et de n'être pas,
Car j'ai vécu de vous attendre,
Et mon coeur n'était que vos pas.
Paul Valéry
Tes pas, enfants de mon silence,
Saintement, lentement placés,
Vers le lit de ma vigilance
Procèdent muets et glacés.
Personne pure, ombre divine,
Qu'ils sont doux, tes pas retenus !
Dieux !... tous les dons que je devine
Viennent à moi sur ces pieds nus !
Si, de tes lèvres avancées,
Tu prépares pour l'apaiser,
A l'habitant de mes pensées
La nourriture d'un baiser,
Ne hâte pas cet acte tendre,
Douceur d'être et de n'être pas,
Car j'ai vécu de vous attendre,
Et mon coeur n'était que vos pas.
Paul Valéry
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« On n'enseigne pas ce que l'on sait ou ce que l'on croit savoir : on n'enseigne et on ne peut enseigner que ce que l'on est. »
- CowabungaHabitué du forum
Classique mais je ne m'en lasse pas :
"Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire"
(G. Apollinaire, "Nuits Rhénanes")
"Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire"
(G. Apollinaire, "Nuits Rhénanes")
_________________
"La parole est mon domaine, la parole est mon royaume" Paul Ricoeur
- CowabungaHabitué du forum
Ah zut, je viens de lire les pages précédentes !!
_________________
"La parole est mon domaine, la parole est mon royaume" Paul Ricoeur
- coco3898Niveau 1
"Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s'habitueront."
René Char
René Char
- AlExpert spécialisé
Parle. Ouvre cet espace sans violence. Élargis
le cercle, la mouvance qui t’entoure de floraisons.
Établis la distance entre les visages, fais danser
les distances du monde, entre les maisons,
les regards, les étoiles. Propage l’harmonie,
arrange les rapports, distribue le silence
qui proportionne la pensée au désir, le rêve
à la vision. Parle au-dedans vers le dehors,
au-dehors, vers l’intime. Possède l’immensité
du royaume que tu te donnes. Habite l’invisible
où tu circules à l’aise. Où tous enfin te voient.
Dilate les limites de l’instant, la tessiture
de la voix qui monte et descend l’échelle
du sens, puisant son souffle aux bords de l’inouï.
Lance, efface, emporte, allège, assure, adore. Vis.
Mambrino, Orphée innombrable
le cercle, la mouvance qui t’entoure de floraisons.
Établis la distance entre les visages, fais danser
les distances du monde, entre les maisons,
les regards, les étoiles. Propage l’harmonie,
arrange les rapports, distribue le silence
qui proportionne la pensée au désir, le rêve
à la vision. Parle au-dedans vers le dehors,
au-dehors, vers l’intime. Possède l’immensité
du royaume que tu te donnes. Habite l’invisible
où tu circules à l’aise. Où tous enfin te voient.
Dilate les limites de l’instant, la tessiture
de la voix qui monte et descend l’échelle
du sens, puisant son souffle aux bords de l’inouï.
Lance, efface, emporte, allège, assure, adore. Vis.
Mambrino, Orphée innombrable
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"C’est le grand nuage des ambitions moroses qui étouffe la voix d’Éros."
- Invité24Vénérable
Je suis émue, je crois bien que c'est le poème que j'essaye d'écrire depuis qlq années....
Merci Aletheia, je ne connaissais pas du tout.
Merci Aletheia, je ne connaissais pas du tout.
- AlExpert spécialisé
J'ai découvert ce poème dans un manuel de français, en accumulant de façon fort monotone des révisions pour le CAPES... un an après je crois que je suis encore sous le choc !
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"C’est le grand nuage des ambitions moroses qui étouffe la voix d’Éros."
- Invité24Vénérable
tu as lu d'autres choses de ce monsieur? je trouve que ça ressemble à du Char, sans savoir pourquoi. j'ai tort?
- AlExpert spécialisé
Je viens de commander le recueil ! non, je n'ai rien lu d'autre, j'ai délibérément laissé ce "choc" intact, je l'ai fait avec les élèves en comparaison avec un autre texte sur Orphée, mais j'ai élaboré le cours en m'attachant simplement aux mots.
_________________
"C’est le grand nuage des ambitions moroses qui étouffe la voix d’Éros."
- Invité24Vénérable
je regarderai aussi en librairie à l'occasion.
Merci en tous cas!
Merci en tous cas!
- SaloumHabitué du forum
Je voulais en sélectionner deux, mais je n'ai pas pu, je cite donc le texte en entier :
Pourquoi n’allez-vous pas à Paris ?
- Mais l’odeur des lys ! Mais l’odeur des lys !
- Les rives de la Seine ont aussi leurs fleuristes
- Mais pas assez tristes oh ! pas assez tristes !
Je suis malade du vert des feuilles et des chevaux
Des servantes bousculées dans les remises du château
- Mais les rues de Paris ont aussi leurs servantes
- Que le diable tente ! que le diable tente !
Mais moi seul dans la grande nuit mouillée
L’odeur des lys et la campagne agenouillée
Cette amère montée du sol qui m’environne
Le désespoir et le bonheur de ne plaire à personne
- Tu périras d’oubli et dévoré d’orgueil
- Oui mais l’odeur des lys la liberté des feuilles !
Il fait noir, enfant, voleur d'étincelles (Corbières)
Et dès lors je me suis baigné dans le Poème
De la mer infusé d'astres et lactescent
Dévorant les azurs verts où, flottaison blême
Et ravie, un noyé pensif parfois descend (Rimbaud)
Les lunes roses et vertes pendaient comme des mangues (St John Perse)
Pourquoi n’allez-vous pas à Paris ?
- Mais l’odeur des lys ! Mais l’odeur des lys !
- Les rives de la Seine ont aussi leurs fleuristes
- Mais pas assez tristes oh ! pas assez tristes !
Je suis malade du vert des feuilles et des chevaux
Des servantes bousculées dans les remises du château
- Mais les rues de Paris ont aussi leurs servantes
- Que le diable tente ! que le diable tente !
Mais moi seul dans la grande nuit mouillée
L’odeur des lys et la campagne agenouillée
Cette amère montée du sol qui m’environne
Le désespoir et le bonheur de ne plaire à personne
- Tu périras d’oubli et dévoré d’orgueil
- Oui mais l’odeur des lys la liberté des feuilles !
Il fait noir, enfant, voleur d'étincelles (Corbières)
Et dès lors je me suis baigné dans le Poème
De la mer infusé d'astres et lactescent
Dévorant les azurs verts où, flottaison blême
Et ravie, un noyé pensif parfois descend (Rimbaud)
Les lunes roses et vertes pendaient comme des mangues (St John Perse)
- ElaïnaEnchanteur
En regardant vers le pays de France,
Un jour m'advint, a Douvres sur la mer,
Qu'il me souvint de la douce plaisance
Que soulois oudit pays trouver ;
Si commençai de coeur a soupirer,
Combien certes que gran bien me faisoit
De voir France que mon coeur amer doit.
Je m'avisai que c'était nonsavance
De tels soupirs dedans mon coeur garder,
Vu que je vois que la voie commence
De bonne paix, qui tous biens peut donner ;
Pour ce, tournai en confort mon penser.
Ains non pourtant mon coeur ne se lassoit
De voir France que mon coeur amer doit.
Alors chargeai en la nef d'Esperance
Tous mes souhaits, en leur priant d'aller
Outre la mer, sans faire demourance,
Et a France de me recommander.
Or nous doit Dieu bonne paix sans tarder !
Adonc aurai loisir, mais qu'ainsi soit,
De voir France que mon coeur amer doit.
ENVOI
Paix est trésor qu'on ne peut trop louer.
Je hais guerre, point ne la dois priser ;
Destourbé m'a longtemps, soit tort ou droit,
De voir France que mon coeur amer doit.
Charles d'Orléans
Un jour m'advint, a Douvres sur la mer,
Qu'il me souvint de la douce plaisance
Que soulois oudit pays trouver ;
Si commençai de coeur a soupirer,
Combien certes que gran bien me faisoit
De voir France que mon coeur amer doit.
Je m'avisai que c'était nonsavance
De tels soupirs dedans mon coeur garder,
Vu que je vois que la voie commence
De bonne paix, qui tous biens peut donner ;
Pour ce, tournai en confort mon penser.
Ains non pourtant mon coeur ne se lassoit
De voir France que mon coeur amer doit.
Alors chargeai en la nef d'Esperance
Tous mes souhaits, en leur priant d'aller
Outre la mer, sans faire demourance,
Et a France de me recommander.
Or nous doit Dieu bonne paix sans tarder !
Adonc aurai loisir, mais qu'ainsi soit,
De voir France que mon coeur amer doit.
ENVOI
Paix est trésor qu'on ne peut trop louer.
Je hais guerre, point ne la dois priser ;
Destourbé m'a longtemps, soit tort ou droit,
De voir France que mon coeur amer doit.
Charles d'Orléans
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It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
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- MamaVénérable
Aletheia, merci pour cette magnifique découverte !
- InviteeFVénérable
Je voulais citer "C'est aujourd'hui que je vous aime" de Reverdy (la fin en particulier)
Miss Sophie l'a déjà fait
Je le remets néanmoins car c'était mon premier choix (extrait)
Un seul rayon suffit
Un seul éclat de rire
Ma joie qui secoue la maison
Retient ceux qui voudraient mourir
Par des notes de sa chanson
Je chante faux
Ah que c'est drôle
Ma bouche ouverte à tous les vents
Lance partout des notes folles
Qui sortent je ne sais comment
Pour voler vers d'autres oreilles
Entendez je ne suis pas fou
Je ris au bas de l'escalier
Devant la porte grande ouverte
Dans le soleil éparpillé
Au mur parmi la vigne verte
Et mes bras sont tendus vers nous
C'est aujourd'hui que je vous aime
D'autres que j'aime beaucoup (je ne suis vraiment pas originale et je réalise que je suis une vraie midinette)
(Apollinaire, "Les colchiques", Alcools), extrait
Le colchique couleur de cerne et de lilas
Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-la
Violâtres comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne
Baudelaire, "Le coucher de soleil romantique", Les Fleurs du Mal, extrait
Je me souviens ! J’ai vu tout, fleur, source, sillon,
Se pâmer sous son œil comme un cœur qui palpite...
— Courons vers l’horizon, il est tard, courons vite,
Pour attraper au moins un oblique rayon !
Racine, Andromaque, extrait
Je sais de quels serments je romps pour vous les chaînes,
Combien je vais sur moi faire éclater de haines.
Je renvoie Hermione, et je mets sur son front,
Au lieu de ma couronne, un éternel affront.
Je vous conduis au temple où son hymen s'apprête,
Je vous ceins du bandeau préparé pour sa tête.
Mais ce n'est plus, Madame, une offre à dédaigner :
Je vous le dis, il faut ou périr ou régner.
Mon coeur, désespéré d'un an d'ingratitude,
Ne peut plus de son sort souffrir l'incertitude.
C'est craindre, menacer et gémir trop longtemps.
Je meurs si je vous perds, mais je meurs si j'attends.
Corneille, Le Cid (réplique de l'Infante)
Ma plus douce espérance est de perdre l'espoir.
Henry Pacory, Je te veux, mis en musique par Erik Satie
J’ai compris ta détresse
Cher amoureux
Et je cède à tes vœux
Fais de moi ta maîtresse
Loin de nous la sagesse
Plus de tristesse
J’aspire à l’instant précieux
Où nous serons heureux
Je te veux
Je n’ai pas de regrets
Et je n’ai qu’une envie
Près de toi là tout près
Vivre toute ma vie
Que ton corps soit le mien
Que ma lèvre soit tienne
Que ton coeur soit le mien
Et que toute ma chair soit tienne
J’ai compris ta détresse
Cher amoureux
Et je cède à tes vœux
Fais de moi ta maîtresse
Loin de nous la sagesse
Plus de tristesse
J’aspire à l’instant précieux
Où nous serons heureux
Je te veux
Oui je vois dans tes yeux
La divine promesse
Que ton coeur amoureux
Vient chercher ma caresse
Enlacés pour toujours
Brûlant des mêmes flammes
Dans un rêve d’amour
Nous échangerons nos deux âmes
J’ai compris ta détresse
Cher amoureux
Et je cède à tes vœux
Fais de moi ta maîtresse
Loin de nous la sagesse
Plus de tristesse
J’aspire à l’instant précieux
Où nous serons heureux
Je te veux
Sully-Prudhomme, Au bord de l'eau, mis en musique par Fauré
S'asseoir tous deux au bord du flot qui passe,
Le voir passer,
Tous deux s'il glisse un nuage en l'espace,
Le voir glisser,
À l'horizon s'il fume un toit de chaume
Le voir fumer,
Aux alentours si quelque fleur embaume
S'en embaumer,
Entendre au pied du saule où l'eau murmure
L'eau murmurer,
Ne pas sentir tant que ce rêve dure
Le temps durer.
Mais n'apportant de passion profonde
Qu'à s'adorer,
Sans nul souci des querelles du monde
Les ignorer;
Et seuls tous deux devant tout ce qui lasse
Sans se lasser,
Sentir l'amour devant tout ce qui passe
Ne point passer!
Aragon, "Les mains d'Elsa" (extrait)
Lorsque je les prends à mon pauvre piège
De paume et de peur de hâte et d'émoi
Lorsque je les prends comme une eau de neige
Qui fond de partout dans mes mains à moi
Sauras-tu jamais ce qui me traverse
Ce qui me bouleverse et qui m'envahit
Sauras-tu jamais ce qui me transperce
Ce que j'ai trahi quand j'ai tressailli
Eluard, "Je t'aime", Le Phénix (extrait aussi)
Qui me reflète sinon toi-même je me vois si peu
Sans toi je ne vois rien qu'une étendue déserte
Entre autrefois et aujourd'hui
Il y a eu toutes ces morts que j'ai franchies sur de la paille
Je n'ai pas pu percer le mur de mon miroir
Il m'a fallu apprendre mot par mot la vie
Comme on oublie
Je t'aime pour ta sagesse qui n'est pas la mienne
Pour la santé
Je t'aime contre tout ce qui n'est qu'illusion
Pour ce coeur immortel que je ne détiens pas
Tu crois être le doute et tu n'es que raison
Tu es le grand soleil qui me monte à la tête
Quand je suis sûr de moi.
Je pourrais continuer longtemps avec Hugo, avec Brel ou avec Vian... Il y a trop de vers que j'aime
Miss Sophie l'a déjà fait
Je le remets néanmoins car c'était mon premier choix (extrait)
Un seul rayon suffit
Un seul éclat de rire
Ma joie qui secoue la maison
Retient ceux qui voudraient mourir
Par des notes de sa chanson
Je chante faux
Ah que c'est drôle
Ma bouche ouverte à tous les vents
Lance partout des notes folles
Qui sortent je ne sais comment
Pour voler vers d'autres oreilles
Entendez je ne suis pas fou
Je ris au bas de l'escalier
Devant la porte grande ouverte
Dans le soleil éparpillé
Au mur parmi la vigne verte
Et mes bras sont tendus vers nous
C'est aujourd'hui que je vous aime
D'autres que j'aime beaucoup (je ne suis vraiment pas originale et je réalise que je suis une vraie midinette)
(Apollinaire, "Les colchiques", Alcools), extrait
Le colchique couleur de cerne et de lilas
Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-la
Violâtres comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne
Baudelaire, "Le coucher de soleil romantique", Les Fleurs du Mal, extrait
Je me souviens ! J’ai vu tout, fleur, source, sillon,
Se pâmer sous son œil comme un cœur qui palpite...
— Courons vers l’horizon, il est tard, courons vite,
Pour attraper au moins un oblique rayon !
Racine, Andromaque, extrait
Je sais de quels serments je romps pour vous les chaînes,
Combien je vais sur moi faire éclater de haines.
Je renvoie Hermione, et je mets sur son front,
Au lieu de ma couronne, un éternel affront.
Je vous conduis au temple où son hymen s'apprête,
Je vous ceins du bandeau préparé pour sa tête.
Mais ce n'est plus, Madame, une offre à dédaigner :
Je vous le dis, il faut ou périr ou régner.
Mon coeur, désespéré d'un an d'ingratitude,
Ne peut plus de son sort souffrir l'incertitude.
C'est craindre, menacer et gémir trop longtemps.
Je meurs si je vous perds, mais je meurs si j'attends.
Corneille, Le Cid (réplique de l'Infante)
Ma plus douce espérance est de perdre l'espoir.
Henry Pacory, Je te veux, mis en musique par Erik Satie
J’ai compris ta détresse
Cher amoureux
Et je cède à tes vœux
Fais de moi ta maîtresse
Loin de nous la sagesse
Plus de tristesse
J’aspire à l’instant précieux
Où nous serons heureux
Je te veux
Je n’ai pas de regrets
Et je n’ai qu’une envie
Près de toi là tout près
Vivre toute ma vie
Que ton corps soit le mien
Que ma lèvre soit tienne
Que ton coeur soit le mien
Et que toute ma chair soit tienne
J’ai compris ta détresse
Cher amoureux
Et je cède à tes vœux
Fais de moi ta maîtresse
Loin de nous la sagesse
Plus de tristesse
J’aspire à l’instant précieux
Où nous serons heureux
Je te veux
Oui je vois dans tes yeux
La divine promesse
Que ton coeur amoureux
Vient chercher ma caresse
Enlacés pour toujours
Brûlant des mêmes flammes
Dans un rêve d’amour
Nous échangerons nos deux âmes
J’ai compris ta détresse
Cher amoureux
Et je cède à tes vœux
Fais de moi ta maîtresse
Loin de nous la sagesse
Plus de tristesse
J’aspire à l’instant précieux
Où nous serons heureux
Je te veux
Sully-Prudhomme, Au bord de l'eau, mis en musique par Fauré
S'asseoir tous deux au bord du flot qui passe,
Le voir passer,
Tous deux s'il glisse un nuage en l'espace,
Le voir glisser,
À l'horizon s'il fume un toit de chaume
Le voir fumer,
Aux alentours si quelque fleur embaume
S'en embaumer,
Entendre au pied du saule où l'eau murmure
L'eau murmurer,
Ne pas sentir tant que ce rêve dure
Le temps durer.
Mais n'apportant de passion profonde
Qu'à s'adorer,
Sans nul souci des querelles du monde
Les ignorer;
Et seuls tous deux devant tout ce qui lasse
Sans se lasser,
Sentir l'amour devant tout ce qui passe
Ne point passer!
Aragon, "Les mains d'Elsa" (extrait)
Lorsque je les prends à mon pauvre piège
De paume et de peur de hâte et d'émoi
Lorsque je les prends comme une eau de neige
Qui fond de partout dans mes mains à moi
Sauras-tu jamais ce qui me traverse
Ce qui me bouleverse et qui m'envahit
Sauras-tu jamais ce qui me transperce
Ce que j'ai trahi quand j'ai tressailli
Eluard, "Je t'aime", Le Phénix (extrait aussi)
Qui me reflète sinon toi-même je me vois si peu
Sans toi je ne vois rien qu'une étendue déserte
Entre autrefois et aujourd'hui
Il y a eu toutes ces morts que j'ai franchies sur de la paille
Je n'ai pas pu percer le mur de mon miroir
Il m'a fallu apprendre mot par mot la vie
Comme on oublie
Je t'aime pour ta sagesse qui n'est pas la mienne
Pour la santé
Je t'aime contre tout ce qui n'est qu'illusion
Pour ce coeur immortel que je ne détiens pas
Tu crois être le doute et tu n'es que raison
Tu es le grand soleil qui me monte à la tête
Quand je suis sûr de moi.
Je pourrais continuer longtemps avec Hugo, avec Brel ou avec Vian... Il y a trop de vers que j'aime
- falblablaNiveau 7
Le débat du cœur et du corps de Villon
Qu'est ce que j'oi ? - Ce suis-je ! - Qui ? - Ton coeur
Qui ne tient mais qu'à un petit filet :
Force n'ai plus, substance ne liqueur,
Quand je te vois retrait ainsi seulet
Com pauvre chien tapi en reculet.
- Pour quoi est-ce ? - Pour ta folle plaisance.
- Que t'en chaut-il ? - J'en ai la déplaisance.
- Laisse-m'en paix. - Pour quoi ? - J'y penserai.
- Quand sera-ce ? - Quand serai hors d'enfance.
- Plus ne t'en dis. - Et je m'en passerai.
- Que penses-tu ? - Etre homme de valeur.
- Tu as trente ans - C'est l'âge d'un mulet
- Est-ce enfance ? - Nenni. - C'est donc foleur
Qui te saisit ? - Par où ? Par le collet ?
- Rien ne connois. - Si fais. - Quoi ? - Mouche en lait ;
L'un est blanc, l'autre est noir, c'est la distance.
- Est-ce donc tout ? - Que veux-tu que je tance ?
Ce n'est assez, je recommencerai.
- Tu es perdu ! - J'y mettrai résistance.
- Plus ne t'en dis. - Et je m'en passerai.
- J'en ai le deuil ; toi, le mal et douleur.
Ce fusse un pauvre idiot et folet,
Encore eusses de t'excuser couleur :
Si n'as-tu soin, tout t'est un, bel ou laid.
Ou la tête a plus dure qu'un jalet,
Ou mieux te plaît qu'honneur cette méchance !
Que répondras à cette conséquence ?
- J'en serai hors quand je trépasserai.
- Dieu, quel confort ! Quelle sage éloquence !
- Plus ne t'en dis. - Et je m'en passerai.
- D'où vient ce mal ? - Il vient de mon malheur.
Quand Saturne me fit mon fardelet,
Ces maux y mit, je le croi. - C'est foleur :
Son seigneur es, et te tiens son varlet.
Vois que Salmon écrit en son rolet ;
" Homme sage, ce dit-il, a puissance
Sur planètes et sur leur influence. "
- Je n'en crois rien : tel qu'ils m'ont fait serai.
- Que dis-tu ? - Da ! certes, c'est ma créance.
- Plus ne t'en dis. - Et je m'en passerai.
- Veux-tu vivre ? - Dieu m'en doint la puissance !
- Il le faut... - Quoi ? - Remords de conscience,
Lire sans fin. - En quoi ? - Lire en science,
Laisser les fous ! - Bien j'y aviserai.
- Or le retiens ! - J'en ai bien souvenance.
- N'attends pas tant que tourne à déplaisance.
Plus ne t'en dis - Et je m'en passerai.
Trop fort François Villon.
Qu'est ce que j'oi ? - Ce suis-je ! - Qui ? - Ton coeur
Qui ne tient mais qu'à un petit filet :
Force n'ai plus, substance ne liqueur,
Quand je te vois retrait ainsi seulet
Com pauvre chien tapi en reculet.
- Pour quoi est-ce ? - Pour ta folle plaisance.
- Que t'en chaut-il ? - J'en ai la déplaisance.
- Laisse-m'en paix. - Pour quoi ? - J'y penserai.
- Quand sera-ce ? - Quand serai hors d'enfance.
- Plus ne t'en dis. - Et je m'en passerai.
- Que penses-tu ? - Etre homme de valeur.
- Tu as trente ans - C'est l'âge d'un mulet
- Est-ce enfance ? - Nenni. - C'est donc foleur
Qui te saisit ? - Par où ? Par le collet ?
- Rien ne connois. - Si fais. - Quoi ? - Mouche en lait ;
L'un est blanc, l'autre est noir, c'est la distance.
- Est-ce donc tout ? - Que veux-tu que je tance ?
Ce n'est assez, je recommencerai.
- Tu es perdu ! - J'y mettrai résistance.
- Plus ne t'en dis. - Et je m'en passerai.
- J'en ai le deuil ; toi, le mal et douleur.
Ce fusse un pauvre idiot et folet,
Encore eusses de t'excuser couleur :
Si n'as-tu soin, tout t'est un, bel ou laid.
Ou la tête a plus dure qu'un jalet,
Ou mieux te plaît qu'honneur cette méchance !
Que répondras à cette conséquence ?
- J'en serai hors quand je trépasserai.
- Dieu, quel confort ! Quelle sage éloquence !
- Plus ne t'en dis. - Et je m'en passerai.
- D'où vient ce mal ? - Il vient de mon malheur.
Quand Saturne me fit mon fardelet,
Ces maux y mit, je le croi. - C'est foleur :
Son seigneur es, et te tiens son varlet.
Vois que Salmon écrit en son rolet ;
" Homme sage, ce dit-il, a puissance
Sur planètes et sur leur influence. "
- Je n'en crois rien : tel qu'ils m'ont fait serai.
- Que dis-tu ? - Da ! certes, c'est ma créance.
- Plus ne t'en dis. - Et je m'en passerai.
- Veux-tu vivre ? - Dieu m'en doint la puissance !
- Il le faut... - Quoi ? - Remords de conscience,
Lire sans fin. - En quoi ? - Lire en science,
Laisser les fous ! - Bien j'y aviserai.
- Or le retiens ! - J'en ai bien souvenance.
- N'attends pas tant que tourne à déplaisance.
Plus ne t'en dis - Et je m'en passerai.
Trop fort François Villon.
- Invité-BHabitué du forum
Une strophe un peu perdue de La Prière de Francis Jammes qui mériterait probablement mieux que l'oubli :
"Par la vieille qui atteint, portant un faix de bois,
le sommet de la route et l'ombre de la Croix,
et que son plus beau fils vient aider dans sa peine ;
par la colombe dont le vol à la lumière
se fond si bien qu'il n'est bientôt qu'une prière :
Je vous salue, Marie."
"Par la vieille qui atteint, portant un faix de bois,
le sommet de la route et l'ombre de la Croix,
et que son plus beau fils vient aider dans sa peine ;
par la colombe dont le vol à la lumière
se fond si bien qu'il n'est bientôt qu'une prière :
Je vous salue, Marie."
- User5899Demi-dieu
"Le temps s'en va, le temps s'en va Madame.
-Las, le temps non.Mais nous nous en allons"
-Las, le temps non.Mais nous nous en allons"
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