- Le grincheuxSage
Cripure a écrit:Tout pareil Pour Aragon et Totor, cela ne viendrait-il pas, au moins en partie, d'une utilisation finalement très proche de l'alexandrin,A.vanWorden a écrit:je porte un goût assez commun (pour ainsi dire) à Hugo et Aragon. Non seulement ce sontdeux auteurs que j'apprécie particulièrement, et dirais-je même de plus en plus depuis quelques temps, mais je perçois une sorte de parenté, de solidarité entre eux. Je reconnais toutefois que je serais bien en peine de l'expliquer...
En revanche, je supporte de moins en moins Gide.
Où donc avez-vous trouvé une utilisation semblable des alexandrins chez Totor et Aragon ? D'un côté, il se trouve une envergure de crucifixion avec force enjambements (ou des vers beaucoup plus courts) et de l'autre, on est tout de même plus académique, poussant le vice jusqu'à utiliser la ponctuation.
Bon, va falloir que j'aille m'asseoir sur ma chaise dans l'ombre... Je vais peut-être éviter les foudres de Cripure
très rhétorique chez l'un et l'autre, et du "souffle" que l'on perçoit chez eux deux ?
- User5899Demi-dieu
Oh sûrement, il a mieux à faire. Envoyez donc un petit mémoire d'une cinquantaine de pages avec des études littéraires détaillées, puisque vous avez et une chaise et du soleil...Le grincheux a écrit:Cripure a écrit:Tout pareil Pour Aragon et Totor, cela ne viendrait-il pas, au moins en partie, d'une utilisation finalement très proche de l'alexandrin,A.vanWorden a écrit:je porte un goût assez commun (pour ainsi dire) à Hugo et Aragon. Non seulement ce sontdeux auteurs que j'apprécie particulièrement, et dirais-je même de plus en plus depuis quelques temps, mais je perçois une sorte de parenté, de solidarité entre eux. Je reconnais toutefois que je serais bien en peine de l'expliquer...
En revanche, je supporte de moins en moins Gide.
Où donc avez-vous trouvé une utilisation semblable des alexandrins chez Totor et Aragon ? D'un côté, il se trouve une envergure de crucifixion avec force enjambements (ou des vers beaucoup plus courts) et de l'autre, on est tout de même plus académique, poussant le vice jusqu'à utiliser la ponctuation.
Bon, va falloir que j'aille m'asseoir sur ma chaise dans l'ombre... Je vais peut-être éviter les foudres de Cripure
très rhétorique chez l'un et l'autre, et du "souffle" que l'on perçoit chez eux deux ?
- Le grincheuxSage
Là, tout de suite, j'ai mieux à faire avec ma conscienceCripure a écrit:Oh sûrement, il a mieux à faire. Envoyez donc un petit mémoire d'une cinquantaine de pages avec des études littéraires détaillées, puisque vous avez et une chaise et du soleil...Le grincheux a écrit:Cripure a écrit:Tout pareil Pour Aragon et Totor, cela ne viendrait-il pas, au moins en partie, d'une utilisation finalement très proche de l'alexandrin,A.vanWorden a écrit:je porte un goût assez commun (pour ainsi dire) à Hugo et Aragon. Non seulement ce sontdeux auteurs que j'apprécie particulièrement, et dirais-je même de plus en plus depuis quelques temps, mais je perçois une sorte de parenté, de solidarité entre eux. Je reconnais toutefois que je serais bien en peine de l'expliquer...
En revanche, je supporte de moins en moins Gide.
Où donc avez-vous trouvé une utilisation semblable des alexandrins chez Totor et Aragon ? D'un côté, il se trouve une envergure de crucifixion avec force enjambements (ou des vers beaucoup plus courts) et de l'autre, on est tout de même plus académique, poussant le vice jusqu'à utiliser la ponctuation.
Bon, va falloir que j'aille m'asseoir sur ma chaise dans l'ombre... Je vais peut-être éviter les foudres de Cripure
très rhétorique chez l'un et l'autre, et du "souffle" que l'on perçoit chez eux deux ?
- Spoiler:
J'ai bien écrit _dans_ l'ombre et non _à_ l'ombre.- Spoiler:
C'était une allusion à Totor.
- Fleurette73Niveau 9
Que de beaux morceaux!
Mes préférés ont déjà été cités, mais j'aime aussi beaucoup:
"Mais comme Lune infuse dans mes veines
Celle tu fus, es et seras DÉLIE
Qu'Amour a jointe à mes pensées vaines
Si fort que Mort jamais ne l'en délie."
Délie, Scève
"Certes, et vous me tueriez si de cette hauteur
Vous me laissiez tomber un mot dur sur le coeur ! "
Cyrano de Bergerac, Rostand
"Rome, l’unique objet de mon ressentiment !
Rome, à qui vient ton bras d’immoler mon amant !
Rome qui t’a vu naître, et que ton cœur adore !
Rome enfin que je hais parce qu’elle t’honore !
Puissent tous ses voisins ensemble conjurés
Saper ses fondements encor mal assurés !
Et si ce n’est assez de toute l’Italie,
Que l’orient contre elle à l’occident s’allie ;
Que cent peuples unis des bouts de l’univers
Passent pour la détruire et les monts et les mers !
Qu’elle-même sur soi renverse ses murailles,
Et de ses propres mains déchire ses entrailles !
Que le courroux du ciel allumé par mes vœux
Fasse pleuvoir sur elle un déluge de feux !
Puissé-je de mes yeux y voir tomber ce foudre,
Voir ses maisons en cendre, et tes lauriers en poudre,
Voir le dernier Romain à son dernier soupir,
Moi seule en être cause, et mourir de plaisir !"
Horace, Corneille
"Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne"
Colchique, Apollinaire
Et bien d'autres, of course!
Mes préférés ont déjà été cités, mais j'aime aussi beaucoup:
"Mais comme Lune infuse dans mes veines
Celle tu fus, es et seras DÉLIE
Qu'Amour a jointe à mes pensées vaines
Si fort que Mort jamais ne l'en délie."
Délie, Scève
"Certes, et vous me tueriez si de cette hauteur
Vous me laissiez tomber un mot dur sur le coeur ! "
Cyrano de Bergerac, Rostand
"Rome, l’unique objet de mon ressentiment !
Rome, à qui vient ton bras d’immoler mon amant !
Rome qui t’a vu naître, et que ton cœur adore !
Rome enfin que je hais parce qu’elle t’honore !
Puissent tous ses voisins ensemble conjurés
Saper ses fondements encor mal assurés !
Et si ce n’est assez de toute l’Italie,
Que l’orient contre elle à l’occident s’allie ;
Que cent peuples unis des bouts de l’univers
Passent pour la détruire et les monts et les mers !
Qu’elle-même sur soi renverse ses murailles,
Et de ses propres mains déchire ses entrailles !
Que le courroux du ciel allumé par mes vœux
Fasse pleuvoir sur elle un déluge de feux !
Puissé-je de mes yeux y voir tomber ce foudre,
Voir ses maisons en cendre, et tes lauriers en poudre,
Voir le dernier Romain à son dernier soupir,
Moi seule en être cause, et mourir de plaisir !"
Horace, Corneille
"Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne"
Colchique, Apollinaire
Et bien d'autres, of course!
- User5899Demi-dieu
Le grincheux a écrit:Là, tout de suite, j'ai mieux à faire avec ma conscienceCripure a écrit:Oh sûrement, il a mieux à faire. Envoyez donc un petit mémoire d'une cinquantaine de pages avec des études littéraires détaillées, puisque vous avez et une chaise et du soleil...Le grincheux a écrit:Cripure a écrit:Tout pareil Pour Aragon et Totor, cela ne viendrait-il pas, au moins en partie, d'une utilisation finalement très proche de l'alexandrin,A.vanWorden a écrit:je porte un goût assez commun (pour ainsi dire) à Hugo et Aragon. Non seulement ce sontdeux auteurs que j'apprécie particulièrement, et dirais-je même de plus en plus depuis quelques temps, mais je perçois une sorte de parenté, de solidarité entre eux. Je reconnais toutefois que je serais bien en peine de l'expliquer...
En revanche, je supporte de moins en moins Gide.
Où donc avez-vous trouvé une utilisation semblable des alexandrins chez Totor et Aragon ? D'un côté, il se trouve une envergure de crucifixion avec force enjambements (ou des vers beaucoup plus courts) et de l'autre, on est tout de même plus académique, poussant le vice jusqu'à utiliser la ponctuation.
Bon, va falloir que j'aille m'asseoir sur ma chaise dans l'ombre... Je vais peut-être éviter les foudres de Cripure
très rhétorique chez l'un et l'autre, et du "souffle" que l'on perçoit chez eux deux ?
- Spoiler:
J'ai bien écrit _dans_ l'ombre et non _à_ l'ombre.
- Spoiler:
C'était une allusion à Totor.
- Spoiler:
- Je sais. Mais comme je vous aime bien, j'ai fait celui qui ne comprenait pas. Sinon j'aurais écrit que vous aviez une chaise et une bouche.
- Spoiler:
- A cause de la bouche d'ombre
- Spoiler:
- C'est de Totor :lol!:
- IphigénieProphète
Vive le club des Aragonais et des Totoristes
plus Apollinaire.
plus Apollinaire.
- Le grincheuxSage
Mais je ne veux pas être catalogué de totoriste, voyons. De toute façon, comme le disais si bien le poète, à plus de quatre, on est une bande de ... :lol:iphigénie a écrit:Vive le club des Aragonais et des Totoristes
plus Apollinaire.
- IphigénieProphète
Totoriste contrarié, alors :lol:
- Le grincheuxSage
Ah non ! Je suis un aragoniste contrariant (à ne pas confondre avec un castillan chafouin).iphigénie a écrit:Totoriste contrarié, alors :lol:
- IphigénieProphète
pas mieux :lol:Le grincheux a écrit:Ah non ! Je suis un aragoniste contrariant (à ne pas confondre avec un castillan chafouin).iphigénie a écrit:Totoriste contrarié, alors :lol:
- User5899Demi-dieu
Tss tss tss...iphigénie a écrit:pas mieux :lol:Le grincheux a écrit:Ah non ! Je suis un aragoniste contrariant (à ne pas confondre avec un castillan chafouin).iphigénie a écrit:Totoriste contrarié, alors :lol:
Si vous n'êtes pas contrariée, l'aragoniste contrariant ne va pas être content
- PurpleBannerNiveau 7
(...)
Aime moi
Car, sans toi
Rien ne suis
Rien ne puis.
Paul Verlaine (Compagne savoureuse et bonne)
Aime moi
Car, sans toi
Rien ne suis
Rien ne puis.
Paul Verlaine (Compagne savoureuse et bonne)
- UlrichNiveau 6
Ajax deuxième, avec lyrisme :
Toute chaîne
A deux poids,
Toute peine
En a trois.
Toute chaîne
A deux poids,
Toute peine
En a trois.
- Spoiler:
- Agamemnon, après un temps : Comprenez-vous, roi Ménélas ?
Ménélas : Pas du tout !... mais c'est harmonieux.
Agamemnon :Je vous demande pardon, mon petit Ajax... auriez-vous la bonté de recommencer ?
Ajax deuxième : Toute chaîne a deux poids...
Agamemnon, achevant : Toute peine en a trois. C'est doux à l'oreille, et ça ne veut rien dire du tout... Vous ferez école, mon ami, vous ferez école...
Offenbach - La Belle Hélène :lol:
- UlrichNiveau 6
Psyché, ma soeur, écoute immobile, et frissonne...
Le bonheur vient, nous touche et nous parle à genoux.
Pressons nos mains. Sois grave. Écoute encor... Personne
N'est plus heureux, ce soir, n'est plus divin que nous.
Le bonheur vient, nous touche et nous parle à genoux.
Pressons nos mains. Sois grave. Écoute encor... Personne
N'est plus heureux, ce soir, n'est plus divin que nous.
- yphrogEsprit éclairé
- Spoiler:
- Un jour.
Un jour, bientôt peut-être.
Un jour j’arracherai l’ancre qui tient mon navire loin des mers.
Avec la sorte de courage qu’il faut pour être rien et rien que rien,
Je lâcherai ce qui paraissait m’être indissolublement proche.
Je le trancherai, je le renverserai, je le romprai, je le ferai dégringoler.
D’un coup dégorgeant ma misérable pudeur, mes misérables combinaisons et enchaînements "de fil en aiguille".
Vidé de l’abcès d’être quelqu’un, je boirai à nouveau l’espace nourricier.
A coup de ridicules, de déchéances (qu’est-ce que la déchéance ?), par éclatement, par vide, par une totale dissipation-dérision-purgation, j’expulserai de moi la forme qu’on croyait si bien attachée, composée, coordonnée, assortie à mon entourage et à mes semblables, si dignes, si dignes mes semblables.
Réduit à une humilité de catastrophe, à un nivellement parfait comme après une intense trouille.
Ramené au-dessous de toute mesure à mon rang réel, au rang infime que je ne sais quelle idée-ambition m’avait fait déserter.
Anéanti quant à la hauteur, quant à l’estime.
Perdu en un endroit lointain (ou même pas), sans nom, sans identité.
CLOWN, abattant dans la risée, dans l’esclaffement, dans le grotesque, le sens que contre toute lumière je m’étais fait de mon importance.
Sans bourse dans l’infini-esprit sous-jacent ouvert
à tous,
ouvert moi-même à une nouvelle et incroyable rosée
à force d’être nul
et ras…
et risible…
Henri Michaux.
- AlcyoneFidèle du forum
"Eaux du dormeur, arbre d'absence, heures sans rives,
Dans votre éternité, une nuit va finir.
Comment nommerons-nous cet autre jour, mon âme,
Ce plus bas rougeoiement mêlé de sable noir ?
Dans les eaux du dormeur les lumières se troublent.
Un langage se fait, qui partage le clair
Buissonnement d'étoiles dans l'écume.
Et c'est presque l'éveil, déjà le souvenir."
Yves Bonnefoy
Dans votre éternité, une nuit va finir.
Comment nommerons-nous cet autre jour, mon âme,
Ce plus bas rougeoiement mêlé de sable noir ?
Dans les eaux du dormeur les lumières se troublent.
Un langage se fait, qui partage le clair
Buissonnement d'étoiles dans l'écume.
Et c'est presque l'éveil, déjà le souvenir."
Yves Bonnefoy
- AlcyoneFidèle du forum
"Je chante la grande joie de te chanter,
La grande joie de t'avoir ou de ne pas t'avoir,
La candeur de t'attendre, l'innocence de te connaître,
O toi qui supprimes l'oubli, l'espoir et l'ignorance,
Qui supprimes l'absence et qui me mets au monde,
Je chante pour chanter, je t'aime pour chanter
Le mystère où l'amour me crée et se délivre."
Paul Eluard
La grande joie de t'avoir ou de ne pas t'avoir,
La candeur de t'attendre, l'innocence de te connaître,
O toi qui supprimes l'oubli, l'espoir et l'ignorance,
Qui supprimes l'absence et qui me mets au monde,
Je chante pour chanter, je t'aime pour chanter
Le mystère où l'amour me crée et se délivre."
Paul Eluard
- snowNiveau 9
xphrog a écrit:Je plongerai.
- Spoiler:
Un jour.
Un jour, bientôt peut-être.
Un jour j’arracherai l’ancre qui tient mon navire loin des mers.
Avec la sorte de courage qu’il faut pour être rien et rien que rien,
Je lâcherai ce qui paraissait m’être indissolublement proche.
Je le trancherai, je le renverserai, je le romprai, je le ferai dégringoler.
D’un coup dégorgeant ma misérable pudeur, mes misérables combinaisons et enchaînements "de fil en aiguille".
Vidé de l’abcès d’être quelqu’un, je boirai à nouveau l’espace nourricier.
A coup de ridicules, de déchéances (qu’est-ce que la déchéance ?), par éclatement, par vide, par une totale dissipation-dérision-purgation, j’expulserai de moi la forme qu’on croyait si bien attachée, composée, coordonnée, assortie à mon entourage et à mes semblables, si dignes, si dignes mes semblables.
Réduit à une humilité de catastrophe, à un nivellement parfait comme après une intense trouille.
Ramené au-dessous de toute mesure à mon rang réel, au rang infime que je ne sais quelle idée-ambition m’avait fait déserter.
Anéanti quant à la hauteur, quant à l’estime.
Perdu en un endroit lointain (ou même pas), sans nom, sans identité.
CLOWN, abattant dans la risée, dans l’esclaffement, dans le grotesque, le sens que contre toute lumière je m’étais fait de mon importance.
Sans bourse dans l’infini-esprit sous-jacent ouvert
à tous,
ouvert moi-même à une nouvelle et incroyable rosée
à force d’être nul
et ras…
et risible…
Henri Michaux.
Un grand merci pour le partage de ce texte. Je ne le connaissais pas, je le trouve sublime. J'ai gagné ma journée là..merci.
- AlbiusNiveau 10
J'ai toujours eu un faible pour Tristan Corbière. Et donc, par exemple:
Sur la côte d’ARMOR. — Un ancien vieux couvent,
Les vents se croyaient là dans un moulin-à-vent,
Et les ânes de la contrée,
Au lierre râpé, venaient râper leurs dents
Contre un mur si troué que, pour entrer dedans,
On n’aurait pu trouver l’entrée.
— Seul — mais toujours debout avec un rare aplomb,
Crénelé comme la mâchoire d’une vieille,
Son toit à coups-de-poing sur le coin de l’oreille,
Aux corneilles bayant, se tenait le donjon,
Fier toujours d’avoir eu, dans le temps, sa légende…
Ce n’était plus qu’un nid à gens de contrebande,
Vagabonds de nuit, amoureux buissonniers,
Chiens errants, vieux rats, fraudeurs et douaniers.
— Aujourd’hui l’hôte était de la borgne tourelle,
Un Poète sauvage, avec un plomb dans l’aile,
Et tombé là parmi les antiques hiboux
Qui l’estimaient d’en haut. — Il respectait leurs trous, —
Lui, seul hibou payant, comme son bail le porte :
Pour vingt-cinq écus l’an, dont : remettre une porte. —
Pour les gens du pays, il ne les voyait pas :
Seulement, en passant, eux regardaient d’en bas,
Se montrant du nez sa fenêtre ;
Le curé se doutait que c’était un lépreux ;
Et le maire disait : — Moi, qu’est-ce que j’y peux,
C’est plutôt un Anglais… un Être.
Les femmes avaient su — sans doute par les buses —
Qu’il vivait en concubinage avec des Muses ! …
Un hérétique enfin… Quelque Parisien
De Paris ou d’ailleurs. — Hélas ! on n’en sait rien. —
Il était invisible ; et, comme ses Donzelles
Ne s’affichaient pas trop, on ne parla plus d’elles.
— Lui, c’était simplement un long flâneur, sec, pâle ;
Un ermite-amateur, chassé par la rafale…
Il avait trop aimé les beaux pays malsains.
Condamné des huissiers, comme des médecins,
Il avait posé là, soûl et cherchant sa place
Pour mourir seul ou pour vivre par contumace…
C'est le début du Poète Contumace, dans le recueil Les Amours Jaunes
Sur la côte d’ARMOR. — Un ancien vieux couvent,
Les vents se croyaient là dans un moulin-à-vent,
Et les ânes de la contrée,
Au lierre râpé, venaient râper leurs dents
Contre un mur si troué que, pour entrer dedans,
On n’aurait pu trouver l’entrée.
— Seul — mais toujours debout avec un rare aplomb,
Crénelé comme la mâchoire d’une vieille,
Son toit à coups-de-poing sur le coin de l’oreille,
Aux corneilles bayant, se tenait le donjon,
Fier toujours d’avoir eu, dans le temps, sa légende…
Ce n’était plus qu’un nid à gens de contrebande,
Vagabonds de nuit, amoureux buissonniers,
Chiens errants, vieux rats, fraudeurs et douaniers.
— Aujourd’hui l’hôte était de la borgne tourelle,
Un Poète sauvage, avec un plomb dans l’aile,
Et tombé là parmi les antiques hiboux
Qui l’estimaient d’en haut. — Il respectait leurs trous, —
Lui, seul hibou payant, comme son bail le porte :
Pour vingt-cinq écus l’an, dont : remettre une porte. —
Pour les gens du pays, il ne les voyait pas :
Seulement, en passant, eux regardaient d’en bas,
Se montrant du nez sa fenêtre ;
Le curé se doutait que c’était un lépreux ;
Et le maire disait : — Moi, qu’est-ce que j’y peux,
C’est plutôt un Anglais… un Être.
Les femmes avaient su — sans doute par les buses —
Qu’il vivait en concubinage avec des Muses ! …
Un hérétique enfin… Quelque Parisien
De Paris ou d’ailleurs. — Hélas ! on n’en sait rien. —
Il était invisible ; et, comme ses Donzelles
Ne s’affichaient pas trop, on ne parla plus d’elles.
— Lui, c’était simplement un long flâneur, sec, pâle ;
Un ermite-amateur, chassé par la rafale…
Il avait trop aimé les beaux pays malsains.
Condamné des huissiers, comme des médecins,
Il avait posé là, soûl et cherchant sa place
Pour mourir seul ou pour vivre par contumace…
C'est le début du Poète Contumace, dans le recueil Les Amours Jaunes
- JohnMédiateur
Mon top 3 :
"Lune mellifluente aux lèvres des déments"
"Un peu d'arc-en-ciel tremble au bout de tout brin d'herbe"
"Mets ton front sur mon front et ta main dans ma main,
Et fais-moi des serments que tu rompras demain"
"Lune mellifluente aux lèvres des déments"
"Un peu d'arc-en-ciel tremble au bout de tout brin d'herbe"
"Mets ton front sur mon front et ta main dans ma main,
Et fais-moi des serments que tu rompras demain"
_________________
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- Invité-BHabitué du forum
"Sur la mort d'une cousine de sept ans" d'Hégésippe Moreau
Hélas, si j'avais su lorsque ma voix qui prêche
T'ennuyait de leçons, que sur toi rose et fraîche
L'oiseau noir du malheur planait inaperçu,
Que la fièvre guettait sa proie et que la porte
Où tu jouais hier te verrait passer morte...
Hélas, si j'avais su!
Enfant, je t'aurais fait l'existence bien douce,
Sous chacun de tes pas j'aurais mis de la mousse;
Tes ris auraient sonné chacun de tes instants;
Et j'aurais fait tenir dans ta petite vie
Des trésors de bonheur immense à faire envie
Aux heureux de cent ans.
Loin des bancs où pâlit l'enfance prisonnière,
Nous aurions fait tous deux l'école buissonnière.
Au milieu des parfums et des champs d'alentour
J'aurais vidé les nids pour emplir ta corbeille;
Et je t'aurais donné plus de fleurs qu'une abeille
M'en peut voir en un jour.
Puis, quand le vieux Janvier les épaules drapées
D'un long manteau de neige et suivi de poupées,
De magots, de pantins, minuit sonnant accourt;
Parmi tous les cadeaux qui pleuvent pour étrenne,
Je t'aurais faite asseoir comme une jeune reine
Au milieu de sa cour.
Mais je ne savais pas et je prêchais encore;
Sûr de ton avenir, je le pressais d'éclore,
Quand tout à coup pleurant un pauvre espoir déçu,
De ta petite main j'ai vu tomber le livre;
Tu cessas à la fois de m'entendre et de vivre...
Hélas, si j'avais su!
(Note : Brassens en a fait un enregistrement sur la musique d' "Il n'y a pas d'amour heureux" chez lui avec magnétophone, malheureusement la qualité sonore en est très mauvaise).
Hélas, si j'avais su lorsque ma voix qui prêche
T'ennuyait de leçons, que sur toi rose et fraîche
L'oiseau noir du malheur planait inaperçu,
Que la fièvre guettait sa proie et que la porte
Où tu jouais hier te verrait passer morte...
Hélas, si j'avais su!
Enfant, je t'aurais fait l'existence bien douce,
Sous chacun de tes pas j'aurais mis de la mousse;
Tes ris auraient sonné chacun de tes instants;
Et j'aurais fait tenir dans ta petite vie
Des trésors de bonheur immense à faire envie
Aux heureux de cent ans.
Loin des bancs où pâlit l'enfance prisonnière,
Nous aurions fait tous deux l'école buissonnière.
Au milieu des parfums et des champs d'alentour
J'aurais vidé les nids pour emplir ta corbeille;
Et je t'aurais donné plus de fleurs qu'une abeille
M'en peut voir en un jour.
Puis, quand le vieux Janvier les épaules drapées
D'un long manteau de neige et suivi de poupées,
De magots, de pantins, minuit sonnant accourt;
Parmi tous les cadeaux qui pleuvent pour étrenne,
Je t'aurais faite asseoir comme une jeune reine
Au milieu de sa cour.
Mais je ne savais pas et je prêchais encore;
Sûr de ton avenir, je le pressais d'éclore,
Quand tout à coup pleurant un pauvre espoir déçu,
De ta petite main j'ai vu tomber le livre;
Tu cessas à la fois de m'entendre et de vivre...
Hélas, si j'avais su!
(Note : Brassens en a fait un enregistrement sur la musique d' "Il n'y a pas d'amour heureux" chez lui avec magnétophone, malheureusement la qualité sonore en est très mauvaise).
- retraitéeDoyen
Le geai gélatineux geignait dans le jasmin ?
- InvitéMAFidèle du forum
Cripure a écrit:
"Ils ne se verront plus.
- Ils s'aimeront toujours !" (Oenone à Phèdre & réponse)
- User5899Demi-dieu
Non. "Le geai volumineux picorait des pois fins"retraitée a écrit:Le geai gélatineux geignait dans le jasmin ?
- IphigénieProphète
oui, mais Eluard dans tout ça?Cripure a écrit:Non. "Le geai volumineux picorait des pois fins"retraitée a écrit:Le geai gélatineux geignait dans le jasmin ?
- laMissSage
(...) "J'écrivais des silences, des nuits, je notais l'inexprimable. Je fixais des vertiges."
Rimbaud
Rimbaud
_________________
Si rien n'est décidé, ce sera à chacun d'entre nous de décider en conscience.
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