Page 3 sur 3 • 1, 2, 3
- V.MarchaisEmpereur
Hermiony a écrit:V.Marchais a écrit:
sembler est un verbe intransitif qui aurait d'autant plus de mal à avoir un COI qu'il est ici employé à la forme impersonnelle. Nous avons une construction avec "il" impersonnel, verbe intransitif et sujet réel.
"me" est ici complément circonstanciel d'intérêt, équivalent français du datif éthique latin.
Quant aux compléments essentiels/facultatifs et la ditributivité, quand les profs de Lettres auront compris que c'est merdique, nous aurons tous progressé.
Et comment tu l'expliques ça aux élèves? Je veux dire, je me suis plantée, j'avais pas réfléchi au fait que sembler est intransitif, du coup, ce n'est pas un COI . J'ai connement posé la question "semble à qui" = me suis trompée.
Je ne l'explique pas, Hermiony. Ce n'est pas au programme et c'est bien trop subtil pour des jeunes gens qui ont déjà du mal à intégrer sujet et COD. Nous ne sommes pas tenus à l'exhaustivité, tâche d'ailleurs impossible pour la grammaire scolaire. Il arrive forcément un moment où l'on rencontre des cas litigieux, qui relèvent de discussions universitaires. À nous d'être vigilants pour ne pas présenter ces cas aux élèves. Si cela nous échappe, on a aussi le droit de dire : "Ce mot-là, nous n'allons pas l'analyser, ce n'est pas du niveau 5e."
Par contre, laisser penser qu'il pourrait y avoir un COI après un verbe transitif, cela me gênerait. Je préfère ne rien dire du tout, dire en tout cas que c'est autre chose (je ferais juste observer : "Tu vois bien que c'est un verbe intransitif"), chose que l'élève découvrira s'il choisit d'approfondir la grammaire dans le supérieur.
- Peyrard Jean-PierreNiveau 2
Je vous propose quelques extraits d'un essai sur les questions que pose la grammaire et qui concernent les interrogations de certains sur les analyses grammaticales. Je précise qu'il ne s'agit que d'un questionnement.
"3 - Explication
Phrase vient du verbe grec phrasein : indiquer par signe aussi bien que par la parole.
Je leur proposais comme définition de la phrase : tout ce que j’émets qui soit intelligible, et de quelque façon que je l’émette, par signes aussi bien que par la parole, à savoir : un message.
Donc, une phrase est un message et tout message est une phrase.
Corollaire : une phrase peut exister sans le moindre mot prononcé.
Ainsi, le point d’exclamation noir au centre d’un triangle jaune sur le bord de la route, le pouce levé d’un autostoppeur sont des phrases.
La majuscule initiale et le point final n’étaient plus requis que pour l’écriture.
4 – La structure
Tout est désormais ouvert : le message pourra être le simple signe d’un code quelconque, celui de la route par exemple, ou les cinquante lignes savamment composées par un romancier. Entre ces deux extrêmes, toutes les brièvetés et toutes les longueurs possibles.
Cependant, quel que soit le message, sa structure est toujours organisée sur le même principe : apparente ou non, elle est toujours constituée autour de deux composants, le sujet et le verbe, les noyaux durs, qui ont pour caractéristique d’être extensibles à l’infini au moyen de compléments d’information.
a - verbe
Verbe, vient du mot latin verbum ; le sens originel de mot, parole, a pratiquement disparu du langage courant et ne subsiste que le sens qu’il a en grammaire : le verbe, dans une phrase est donc le mot qui indique une action faite ou subie par le sujet ou encore son état. Verbum, pour indiquer que ce mot est le mot, le mot essentiel, en quelque sorte l’élément moteur du message.
Si le sens de verbe ne pose pas de problème pour son emploi, il en va différemment pour sujet.
b - sujet
Sujet est composé de sub (sous, dessous) et jectum (jeté, placé) ; un « subject » est donc « placé au-dessous ». Mais dans une phrase, le sujet n’est placé au-dessous de rien, au propre ou au figuré. D’où la grande difficulté pour en expliquer le sens, compte tenu du fait que le mot est employé dans le langage courant avec des significations diverses dont ils connaissent certaines (ex : le sujet soumis au roi, le sujet d’examen).
D’où les diverses définitions grammaticales perturbantes dont j’ai donné trois exemples et que je pourrais multiplier.
On dit qu’on le repère en posant la question qui est-ce qui ?, mais qu’est-il exactement et quel rôle joue-t-il ?
Quand Pierre mange une pomme, il accomplit l’action, quand Pierre est grondé par ses parents, il la subit, quand Pierre est sympathique, il est celui dont est indiquée une qualité.
Existe-t-il une définition qui puisse convenir pour ces trois emplois ?
Il n’y a pas de rapport entre le sens étymologique du nom sujet et la fonction grammaticale ainsi nommée. Il n’y en n’a pas non plus avec les différentes définitions du dictionnaire
Pour preuve, cette citation extraite du dictionnaire Le Robert à la rubrique « sujet » (tome 6 p.398) : « A l’exception des phrases où le verbe d’action comporte un complément d’objet… le sujet… n’est nullement « ce qui fait l’action »… Qu’est-ce alors ? Tout simplement le mot qui, selon la naïve mais très juste expression du vieux grammairien Vaugelas « donne la loi au verbe » (Vaugelas), le mot qui en régit l’accord. » G. et R. Le Bidois – Syntaxe du français contemporain. »
Un des sens qu’a pris le mot en philosophie (« support d’une action, d’une expérience » - Larousse) peut quand même autoriser cette définition : dans une phrase, est appelé sujet le composant à partir duquel est déterminée la forme du verbe. Soit il accomplit l’action, soit il la subit, soit il est celui dont on précise une situation, une qualité.
Même si la question qui est-ce qui ? posée à partir du verbe est efficace, elle n’est pas suffisante et il me paraît important d’expliquer pourquoi le choix du nom sujet n’est pas satisfaisant et pourquoi il est difficile de donner une définition claire du mot.
c – extension aux compléments d’information
A partir du sujet et du verbe le message peut se développer à l’infini parce qu’il est toujours possible d’ajouter une information à l’un ou à l’autre.
La phrase « Pierre lit » me donne une information minimale : j’apprends seulement qu’un garçon nommé Pierre accomplit l’action de lire (Si c’est Claude ou Dominique, je ne sais si c’est un garçon ou une fille), mais ce que j’ignore est beaucoup plus important que ce que j’apprends : j’ignore tout de Pierre et j’ignore ce qu’il lit, où, quand, comment, pourquoi, avec qui, etc.
Tous les renseignements que je donnerai sur Pierre et sur son action seront des compléments d’information.
Pourquoi ne pas m’en tenir à la seule notion de complément ? Parce que la précision d’information libère l’analyse et la compréhension ; complément d’information invite à préciser quelle est cette information et à expliciter ce qu’on appelle fonction, terme sur lequel je reviendrai.
J’ai en effet constaté que complément, suivi d’objet ou de circonstanciel, perd son sens parce que les noms qui lui sont associés sont d’une signification obscure. Information le lui rend.
« Pierre, qui a huit ans, lit une bande dessinée dans sa chambre. »
Quand je demande à un élève la fonction de « bande dessinée », il me répond « complément d’objet », et si je demande comment il est parvenu à cette réponse, il précise « en posant la question quoi ? ».
Sa préoccupation ne concerne pas le type d’information que donne bande dessinée, mais la recherche d’un complément de… et il utilise une question censée lui donner une réponse juste.
En revanche, si je lui demande quel complément d’information donne bande dessinée, complément retrouve le sens qu’il connaît, et il peut ainsi réfléchir au type d’information apportée.
Même travail avec qui a huit ans et dans sa chambre.
d – « nature » et « fonction » du mot
Trouver la nature et la fonction d’un mot, tel est le double travail d’analyse souvent demandé.
- nature : le sens du mot crée une difficulté : quand, dans la vie courante, utilise-t-on « nature » pour parler d’une classe, d’une famille ? Comme il s’agit précisément de déterminer la classe, la famille d’un mot (nom, adjectif, verbe etc.), pourquoi ne pas se contenter de la question de son appartenance et demander « à quelle famille appartient ce mot ? » plutôt que d’interroger sur sa « nature » ?
- fonction : la difficulté est autre. Si la fonction du couteau est de couper, quelle sera la fonction d’un adjectif qualificatif, par exemple ?
Supposons que la différence entre nature et fonction ait été comprise – ce qui est loin d’être le cas général.
- question : Quelle est la fonction de l’adjectif qualificatif ?
- réponse : Attribut, épithète, mis en apposition.
- question : Qu’est-ce que l’adjectif qualificatif attribut ?
- réponse : C’est quand il y a le verbe être.
- question : Epithète ?
- réponse : Il est à côté du nom et il n’y a pas le verbe être.
- question : Mis en apposition ?
- réponse : (…) le plus souvent.
« L’élève est attentif. » : il est assez facile de justifier le terme attribut : attribuer, c’est donner quelque chose à quelqu’un et attentif est une qualité donnée à l’élève.
«Intéressé, l’élève sérieux est attentif.» L’affaire se complique : si intéressé et sérieux et sont aussi des qualités attribuées à l’élève, ils ne sont pas analysés comme attributs.
La difficulté se réduit si je m’appuie sur le sens du message et si j’explique qu’un adjectif, quel qu’il soit, qualificatif ou autre, n’a qu’une seule fonction : apporter un complément d’information à un nom.
Autrement dit, fonction pourrait concerner une famille de mots et non l’information particulière que donne tel mot dans telle phrase.
Ainsi : l’adjectif a pour fonction de donner une information sur un nom et quand il est qualificatif, il a trois valeurs possibles :
- de détermination – le sens de la phrase repose sur lui (attentif) ;
- de mise en relief, de soulignement (intéressé) ;
- de simple renseignement (sérieux).
Cette explication permet de résoudre en même temps la difficulté de l’attribut du complément d’objet direct. « Je trouve cet élève attentif » : comment expliquer qu’attentif n’est pas épithète bien qu’il soit placé à côté du nom, et qu’il est attribut de ce nom bien qu’il n’y ait pas le verbe être ?
En fait, si attribut concerne le sens, épithète (grec) et apposition (latin) ne désignent que des places, des situations de l’adjectif dans la phrase. Ils ne sont que des repérages donnés pour de prétendues fonctions.
On peut procéder de même pour les autres mots.
Ainsi, la fonction du nom est de désigner un être ou une chose, et ses deux valeurs possibles sont :
- composant actif ou passif de la phrase (sujet) ;
- complément d’information d’un autre nom ou d’un verbe.
Etc..
e – « nature » et « fonction » de la proposition
La définition de la proposition rencontre le même type de difficulté que celle de la phrase mais l’étymologie (le verbe latin proponere signifie mettre sous les yeux) n’est ici d’aucune aide.
Quant aux dictionnaires et aux grammaires ils divergent.
Aucune entrée pour la définition de proposition dans La Grammaire du français contemporain et le Bescherelle. Quant à Grevisse et au Larousse, ils proposent des définitions difficilement exploitables : « Une proposition est tout mot ou tout système de mots au moyen desquels nous manifestons un acte de notre vie psychique : impression, sentiment, jugement, volonté. » (Grevisse – p.125), « Unité syntaxique élémentaire de la phrase, généralement construite autour d’un verbe. » (Larousse)
- nature : il s’agit, comme pour les mots, de trouver une famille de propositions, mais le problème se révèle ici un peu plus compliqué : en effet, dire qu’une proposition est principale ou subordonnée n’est pas seulement indiquer sa famille mais déjà un peu sa fonction. Même chose si l’on précise qu’elle est conjonctive ou relative.
- fonction : même type de difficulté. Peut-on réduire l’analyse de la proposition principale à… « proposition principale » ? Celle de la relative à « complément de l’antécédent » ?
Plutôt que de limiter l’analyse syntaxique à l’assignation de fonctions aux propositions prises séparément, ne serait-il pas plus pertinent d’examiner les rapports de sens qu’elles ont entre elles ?
« Ce garçon qui a dix ans a la taille d’un adulte. » : dire seulement que la proposition relative complète l’antécédent garçon n’apporte aucune information sur le sens, alors que souligner le rapport d’opposition entre les deux propositions (sans qu’il soit nécessaire de parler de principale et de subordonnée) rend précisément compte du sens du message. J’y reviendrai dans le chapitre suivant.
Si donc j’essaie d’articuler une définition de la proposition avec celle de la phrase je dirai que si une phrase est un message, une proposition est une information complète qui constitue soit le message lui-même soit une partie de ce message. "
JP Peyrard
"3 - Explication
Phrase vient du verbe grec phrasein : indiquer par signe aussi bien que par la parole.
Je leur proposais comme définition de la phrase : tout ce que j’émets qui soit intelligible, et de quelque façon que je l’émette, par signes aussi bien que par la parole, à savoir : un message.
Donc, une phrase est un message et tout message est une phrase.
Corollaire : une phrase peut exister sans le moindre mot prononcé.
Ainsi, le point d’exclamation noir au centre d’un triangle jaune sur le bord de la route, le pouce levé d’un autostoppeur sont des phrases.
La majuscule initiale et le point final n’étaient plus requis que pour l’écriture.
4 – La structure
Tout est désormais ouvert : le message pourra être le simple signe d’un code quelconque, celui de la route par exemple, ou les cinquante lignes savamment composées par un romancier. Entre ces deux extrêmes, toutes les brièvetés et toutes les longueurs possibles.
Cependant, quel que soit le message, sa structure est toujours organisée sur le même principe : apparente ou non, elle est toujours constituée autour de deux composants, le sujet et le verbe, les noyaux durs, qui ont pour caractéristique d’être extensibles à l’infini au moyen de compléments d’information.
a - verbe
Verbe, vient du mot latin verbum ; le sens originel de mot, parole, a pratiquement disparu du langage courant et ne subsiste que le sens qu’il a en grammaire : le verbe, dans une phrase est donc le mot qui indique une action faite ou subie par le sujet ou encore son état. Verbum, pour indiquer que ce mot est le mot, le mot essentiel, en quelque sorte l’élément moteur du message.
Si le sens de verbe ne pose pas de problème pour son emploi, il en va différemment pour sujet.
b - sujet
Sujet est composé de sub (sous, dessous) et jectum (jeté, placé) ; un « subject » est donc « placé au-dessous ». Mais dans une phrase, le sujet n’est placé au-dessous de rien, au propre ou au figuré. D’où la grande difficulté pour en expliquer le sens, compte tenu du fait que le mot est employé dans le langage courant avec des significations diverses dont ils connaissent certaines (ex : le sujet soumis au roi, le sujet d’examen).
D’où les diverses définitions grammaticales perturbantes dont j’ai donné trois exemples et que je pourrais multiplier.
On dit qu’on le repère en posant la question qui est-ce qui ?, mais qu’est-il exactement et quel rôle joue-t-il ?
Quand Pierre mange une pomme, il accomplit l’action, quand Pierre est grondé par ses parents, il la subit, quand Pierre est sympathique, il est celui dont est indiquée une qualité.
Existe-t-il une définition qui puisse convenir pour ces trois emplois ?
Il n’y a pas de rapport entre le sens étymologique du nom sujet et la fonction grammaticale ainsi nommée. Il n’y en n’a pas non plus avec les différentes définitions du dictionnaire
Pour preuve, cette citation extraite du dictionnaire Le Robert à la rubrique « sujet » (tome 6 p.398) : « A l’exception des phrases où le verbe d’action comporte un complément d’objet… le sujet… n’est nullement « ce qui fait l’action »… Qu’est-ce alors ? Tout simplement le mot qui, selon la naïve mais très juste expression du vieux grammairien Vaugelas « donne la loi au verbe » (Vaugelas), le mot qui en régit l’accord. » G. et R. Le Bidois – Syntaxe du français contemporain. »
Un des sens qu’a pris le mot en philosophie (« support d’une action, d’une expérience » - Larousse) peut quand même autoriser cette définition : dans une phrase, est appelé sujet le composant à partir duquel est déterminée la forme du verbe. Soit il accomplit l’action, soit il la subit, soit il est celui dont on précise une situation, une qualité.
Même si la question qui est-ce qui ? posée à partir du verbe est efficace, elle n’est pas suffisante et il me paraît important d’expliquer pourquoi le choix du nom sujet n’est pas satisfaisant et pourquoi il est difficile de donner une définition claire du mot.
c – extension aux compléments d’information
A partir du sujet et du verbe le message peut se développer à l’infini parce qu’il est toujours possible d’ajouter une information à l’un ou à l’autre.
La phrase « Pierre lit » me donne une information minimale : j’apprends seulement qu’un garçon nommé Pierre accomplit l’action de lire (Si c’est Claude ou Dominique, je ne sais si c’est un garçon ou une fille), mais ce que j’ignore est beaucoup plus important que ce que j’apprends : j’ignore tout de Pierre et j’ignore ce qu’il lit, où, quand, comment, pourquoi, avec qui, etc.
Tous les renseignements que je donnerai sur Pierre et sur son action seront des compléments d’information.
Pourquoi ne pas m’en tenir à la seule notion de complément ? Parce que la précision d’information libère l’analyse et la compréhension ; complément d’information invite à préciser quelle est cette information et à expliciter ce qu’on appelle fonction, terme sur lequel je reviendrai.
J’ai en effet constaté que complément, suivi d’objet ou de circonstanciel, perd son sens parce que les noms qui lui sont associés sont d’une signification obscure. Information le lui rend.
« Pierre, qui a huit ans, lit une bande dessinée dans sa chambre. »
Quand je demande à un élève la fonction de « bande dessinée », il me répond « complément d’objet », et si je demande comment il est parvenu à cette réponse, il précise « en posant la question quoi ? ».
Sa préoccupation ne concerne pas le type d’information que donne bande dessinée, mais la recherche d’un complément de… et il utilise une question censée lui donner une réponse juste.
En revanche, si je lui demande quel complément d’information donne bande dessinée, complément retrouve le sens qu’il connaît, et il peut ainsi réfléchir au type d’information apportée.
Même travail avec qui a huit ans et dans sa chambre.
d – « nature » et « fonction » du mot
Trouver la nature et la fonction d’un mot, tel est le double travail d’analyse souvent demandé.
- nature : le sens du mot crée une difficulté : quand, dans la vie courante, utilise-t-on « nature » pour parler d’une classe, d’une famille ? Comme il s’agit précisément de déterminer la classe, la famille d’un mot (nom, adjectif, verbe etc.), pourquoi ne pas se contenter de la question de son appartenance et demander « à quelle famille appartient ce mot ? » plutôt que d’interroger sur sa « nature » ?
- fonction : la difficulté est autre. Si la fonction du couteau est de couper, quelle sera la fonction d’un adjectif qualificatif, par exemple ?
Supposons que la différence entre nature et fonction ait été comprise – ce qui est loin d’être le cas général.
- question : Quelle est la fonction de l’adjectif qualificatif ?
- réponse : Attribut, épithète, mis en apposition.
- question : Qu’est-ce que l’adjectif qualificatif attribut ?
- réponse : C’est quand il y a le verbe être.
- question : Epithète ?
- réponse : Il est à côté du nom et il n’y a pas le verbe être.
- question : Mis en apposition ?
- réponse : (…) le plus souvent.
« L’élève est attentif. » : il est assez facile de justifier le terme attribut : attribuer, c’est donner quelque chose à quelqu’un et attentif est une qualité donnée à l’élève.
«Intéressé, l’élève sérieux est attentif.» L’affaire se complique : si intéressé et sérieux et sont aussi des qualités attribuées à l’élève, ils ne sont pas analysés comme attributs.
La difficulté se réduit si je m’appuie sur le sens du message et si j’explique qu’un adjectif, quel qu’il soit, qualificatif ou autre, n’a qu’une seule fonction : apporter un complément d’information à un nom.
Autrement dit, fonction pourrait concerner une famille de mots et non l’information particulière que donne tel mot dans telle phrase.
Ainsi : l’adjectif a pour fonction de donner une information sur un nom et quand il est qualificatif, il a trois valeurs possibles :
- de détermination – le sens de la phrase repose sur lui (attentif) ;
- de mise en relief, de soulignement (intéressé) ;
- de simple renseignement (sérieux).
Cette explication permet de résoudre en même temps la difficulté de l’attribut du complément d’objet direct. « Je trouve cet élève attentif » : comment expliquer qu’attentif n’est pas épithète bien qu’il soit placé à côté du nom, et qu’il est attribut de ce nom bien qu’il n’y ait pas le verbe être ?
En fait, si attribut concerne le sens, épithète (grec) et apposition (latin) ne désignent que des places, des situations de l’adjectif dans la phrase. Ils ne sont que des repérages donnés pour de prétendues fonctions.
On peut procéder de même pour les autres mots.
Ainsi, la fonction du nom est de désigner un être ou une chose, et ses deux valeurs possibles sont :
- composant actif ou passif de la phrase (sujet) ;
- complément d’information d’un autre nom ou d’un verbe.
Etc..
e – « nature » et « fonction » de la proposition
La définition de la proposition rencontre le même type de difficulté que celle de la phrase mais l’étymologie (le verbe latin proponere signifie mettre sous les yeux) n’est ici d’aucune aide.
Quant aux dictionnaires et aux grammaires ils divergent.
Aucune entrée pour la définition de proposition dans La Grammaire du français contemporain et le Bescherelle. Quant à Grevisse et au Larousse, ils proposent des définitions difficilement exploitables : « Une proposition est tout mot ou tout système de mots au moyen desquels nous manifestons un acte de notre vie psychique : impression, sentiment, jugement, volonté. » (Grevisse – p.125), « Unité syntaxique élémentaire de la phrase, généralement construite autour d’un verbe. » (Larousse)
- nature : il s’agit, comme pour les mots, de trouver une famille de propositions, mais le problème se révèle ici un peu plus compliqué : en effet, dire qu’une proposition est principale ou subordonnée n’est pas seulement indiquer sa famille mais déjà un peu sa fonction. Même chose si l’on précise qu’elle est conjonctive ou relative.
- fonction : même type de difficulté. Peut-on réduire l’analyse de la proposition principale à… « proposition principale » ? Celle de la relative à « complément de l’antécédent » ?
Plutôt que de limiter l’analyse syntaxique à l’assignation de fonctions aux propositions prises séparément, ne serait-il pas plus pertinent d’examiner les rapports de sens qu’elles ont entre elles ?
« Ce garçon qui a dix ans a la taille d’un adulte. » : dire seulement que la proposition relative complète l’antécédent garçon n’apporte aucune information sur le sens, alors que souligner le rapport d’opposition entre les deux propositions (sans qu’il soit nécessaire de parler de principale et de subordonnée) rend précisément compte du sens du message. J’y reviendrai dans le chapitre suivant.
Si donc j’essaie d’articuler une définition de la proposition avec celle de la phrase je dirai que si une phrase est un message, une proposition est une information complète qui constitue soit le message lui-même soit une partie de ce message. "
JP Peyrard
Page 3 sur 3 • 1, 2, 3
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum