figure de style : "je ne sentais plus que les cymbales du soleil"

J'espère que je ne me trompe pas de rubrique. Je fais actuellement mon commentaire pour mes premièressur la scène de meurtre de l'Etranger et je me pose une question: quelle est la figure de style dans "je ne sentais plus que les cymbales du soleil".  Cela ne veut pas revenir   , il me semble que c'est avec l'utilisation du verbe sentir alors que l'on parle d'un son.
Merci.

Je n'y vois qu'une métaphore. Peut-être penses-tu à une synesthésie ?

Synesthésie? Mais est-ce une figure de style? Plutôt un effet je dirais...

EDIT: Thalia!

MrBrightside a écrit:Synesthésie? Mais est-ce une figure de style? Plutôt un effet je dirais...

EDIT: Thalia!

J'ai été plus rapide que le jeune et fringant Mr B

Merci, mais je ne pensais pas à la synesthésie, il me semble qu'il y a trop peu d'éléments pour la constituer. Il me semblait qu'il existait peut-être une figure autour finalement de l'utilisation du verbe sentir . C'est sûrement encore l'angoisse de ne être à la hauteur pour mes premières qui fait que je me focalise sur les détails!!
en tout bravo pour la réactivité

On ne demande pas de toute façon à des premières le nom d'une figure de style qui ne nous apparaitrait pas clairement déjà à nous-mêmes après des années d'études universitaires

A mon avis, oui, tu as cherché midi à 14 heures et oublié que sentir signifiait tout simplement éprouver une sensation.

Serge, je ne partais pas du tout dans l'optique de leur demander le nom de la figure, je m'interrogeais personnellement sur cette phrase. Il me semble que ce n'est pas incompatible et que l'on peut parfaitement cumuler plaisir de l'analyse et préparation de cours!!
je te rassure je ne les traumatise pas.

Sûrement cela Thalia. Merci

Me voici rassuré, mais quand on débute, avec la tête dans le guidon, on ne sait pas forcément toujours bien doser, ou définir ce qui est trop dur, trop simple, etc.
Il faut apprendre à faire le deuil de plein de commentaires qu'on pourrait/voudrait ajouter, même si, comme tu le dis, c'est intéressant de creuser certains points pour nous-mêmes

Oh ma foi je n'ai jamais été une grande folle des figures!! et avec ma classe s'ils savent déjà reconnaître les figures classiques, j'en serais ravie!! ils trouvent déjà que j'exagère avec mes histoires (mythologie) parce que j'utilise vraiment des noms trop bizarres!!
Mais merci, tu as raison en débutant on a parfois du mal à doser

Je sais de quoi je parle. La première année, il m'est arrivé de leur faire sans m'en rendre compte un cours quasi universitaire sur une étude de textes

La métaphore (les cymbales du soleil) est accentuée par l’utilisation du verbe sentir, stricto sensu inadéquat ici : on ne sent pas un son. Sentir" les cymbales du soleil" veut rendre l’extrême violence de l’agression ressentie par le narrateur qui le conduira à tuer. Li-Li a raison de vouloir approfondir l’expression que Camus n’a certainement pas créée par hasard : sentir – du fait de l’inadéquation qui tend à annuler la métaphore – indique qu’on n’est pas dans un « jeu » ; c’est ce que ne voudront pas comprendre les juges qui tourneront en dérision l’explication fournie par Meursault, qui n'est effectivement pas une métaphore.
Jean-Pierre Peyrard

Jean-Pierre, si je comprends bien, par exemple le fait d'utiliser le verbe "sentir" accentue l'idée que Meursault n'est pas maître de cette sensation, qu'elle semble "au plus profond" de lui, et participe de l'idée de la déresponsabilisation lors du meurtre, la gêne du soleil de la chaleur. Ce qui effectivement lors du procès ne sera pas compris.

Tout dépend de l’explication que vous donnerez de ce qui me paraît être plus important qu’une gêne occasionnée par le soleil et la chaleur. Vu de manière superficielle et au premier degré, effectivement, on ne peut rendre le soleil responsable, on ne tue pas à cause du soleil. Ce sera la réaction des juges.
Par ailleurs, je ne sais pas si l’on peut parler de déresponsabilisation. En tout cas, sauf défaillance de mémoire – je ne rappelle rien dans le texte qui pourrait la justifier. Si vous replacez le meurtre dans la problématique de ce qui fait de Meursault un «étranger », vous pouvez établir un lien entre ce que représente le soleil et les conditions d’exercice de la liberté, de la responsabilité ; ce que la société n’est pas prête à entendre – surtout à l’époque où a été écrit le roman.
JP Peyrard