- henrietteMédiateur
J'aime beaucoup le format de l'Ecole des loisirs, mais vu la problématique récurrente du poids des cartables, j'opterais quand même pour le petit format type poche.
- NLM76Grand Maître
J'essaie de lire la Chanson de Guillaume, malgré son caractère profondément altéré par les scribes. D'autres ont essayé ? Franchement, c'est trois ou quatre niveaux au-dessous du Roland, non ?
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Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- AlérionNiveau 6
Oui, mais on ne peut comparer les deux. La Chanson de Roland a probablement été conservée dans sa meilleure "déclinaison" (cf. le dernier vers), tandis que La Chanson de Guillaume est la première d'un cycle dont la composition s'étend sur une période assez longue, et qui comporte inévitablement des points faibles tant dans les œuvres elles-mêmes que dans les nombreux manuscrits qui nous la transmettent. Le problème des bonnes et des mauvaises "leçons" est inhérent à toute œuvre, antique ou moderne. Je vous conseille d'aborder le cycle (avec des (coupures) dans l'édition des Lettres gothiques, bilingue et pas trop chère. Le Moniage Guillaume et le Moniage Rainouart comportent des traits d'humour qui méritent aussi d'être connus. C'est un signe de décadence du genre, mais ce sont des chefs-d'œuvre. L'épisode de la prise d'Orange comporte également des traits d'humour (combat dans la tour)...
- NLM76Grand Maître
Oui, on ne peut pas les comparer : l'un ne joue pas dans la même catégorie que l'autre. J'ai lu 200 vers — justement dans l'édition de Suard —, et je m'ennuie royalement. Je vais essayer la suite dans l'édition de Suchier.Alérion a écrit:Oui, mais on ne peut comparer les deux. La Chanson de Roland a probablement été conservée dans sa meilleure "déclinaison" (cf. le dernier vers), tandis que La Chanson de Guillaume est la première d'un cycle dont la composition s'étend sur une période assez longue, et qui comporte inévitablement des points faibles tant dans les œuvres elles-mêmes que dans les nombreux manuscrits qui nous la transmettent. Le problème des bonnes et des mauvaises "leçons" est inhérent à toute œuvre, antique ou moderne. Je vous conseille d'aborder le cycle (avec des (coupures) dans l'édition des Lettres gothiques, bilingue et pas trop chère. Le Moniage Guillaume et le Moniage Rainouart comportent des traits d'humour qui méritent aussi d'être connus. C'est un signe de décadence du genre, mais ce sont des chefs-d'œuvre. L'épisode de la prise d'Orange comporte également des traits d'humour (combat dans la tour)...
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- AlérionNiveau 6
Il n'aurait peut-être pas fallu commencer par la Chanson de Guillaume, mais plutôt par le le Couronnement de Louis, qui fait bien comprendre la situation initiale de Guillaume, victime de l'ingratitude royale, et qui est le véritable point de départ de l'aventure d'Orange (cf. le Charroi de Nîmes et la Prise d'Orange).
Dans quel cadre lisez-vous ces œuvres ?
Dans quel cadre lisez-vous ces œuvres ?
- NLM76Grand Maître
J'ai commencé aussi la lecture du Couronnement de Louis il y a quelques mois, du Charroi de Nîmes il y a quelques décennies ; la première chanson ne m'a pas enthousiasmé ; il faudrait que je reprenne aujourd'hui Le charroiAlérion a écrit:Il n'aurait peut-être pas fallu commencer par la Chanson de Guillaume, mais plutôt par le le Couronnement de Louis, qui fait bien comprendre la situation initiale de Guillaume, victime de l'ingratitude royale, et qui est le véritable point de départ de l'aventure d'Orange (cf. le Charroi de Nîmes et la Prise d'Orange).
La recherche de la beauté !Dans quel cadre lisez-vous ces œuvres ?
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- SoiréeHabitué du forum
Vous êtes marié @nlm76 ?NLM76 a écrit:J'ai commencé aussi la lecture du Couronnement de Louis il y a quelques mois, du Charroi de Nîmes il y a quelques décennies ; la première chanson ne m'a pas enthousiasmé ; il faudrait que je reprenne aujourd'hui Le charroiAlérion a écrit:Il n'aurait peut-être pas fallu commencer par la Chanson de Guillaume, mais plutôt par le le Couronnement de Louis, qui fait bien comprendre la situation initiale de Guillaume, victime de l'ingratitude royale, et qui est le véritable point de départ de l'aventure d'Orange (cf. le Charroi de Nîmes et la Prise d'Orange).
La recherche de la beauté !Dans quel cadre lisez-vous ces œuvres ?
- AlérionNiveau 6
NLM76 a écrit:Alérion a écrit:
Dans quel cadre lisez-vous ces œuvres ?
La recherche de la beauté !
Belle réponse ! J'admire sincèrement...
Pour changer de genre, je pense que vous avez lu aussi Chrétien de Troyes ? Pensez aussi à certains petits textes comme les Lais de Marie de rance, mais aussi Le vair palefroi, La chastelaine de Vergi, Floire et Blancheflor...
- NLM76Grand Maître
Oui, Marie de France, La châtelaine de Vergi, c'est très beau. Je ne connais pas Le vair palefroi. Dans le genre roman en octosyllabes, je trouve Jehan et Blonde très bien.Alérion a écrit:NLM76 a écrit:Alérion a écrit:
Dans quel cadre lisez-vous ces œuvres ?
La recherche de la beauté !
Belle réponse ! J'admire sincèrement...
Pour changer de genre, je pense que vous avez lu aussi Chrétien de Troyes ? Pensez aussi à certains petits textes comme les Lais de Marie de France, mais aussi Le vair palefroi, La chastelaine de Vergi, Floire et Blancheflor...
Mais ce que j'explore en ce moment, c'est la chanson de geste.
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- AlérionNiveau 6
Vous avez aussi Huon de Bordeaux, chanson de geste originale dans la mesure où l'influence du roman breton s'y fait sentir (amour, merveilleux...).
- henrietteMédiateur
NLM (ou quelqu'un d'autre d'ailleurs), as-tu déjà étudié Raoul de Cambrai avec des élèves ? Mon collègue d'histoire en fait toujours un extrait, et je me demandais si j'allais me pencher sur cette œuvre. J'en garde un souvenir de passages de bataille vraiment très violents d'où mon hésitation avec des 5e. En plus, il n'en existe qu'une traduction à ma connaissance.
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"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- AlérionNiveau 6
Le cycle de Raoul est le plus "guerrier" et le moins intéressant pour le lecteur moderne. En revanche, il est significatif pour l'historien qui étudie la féodalité et le problème récurrent des barons révoltés contre une autorité royale balbutiante. C'est du reste un peu le cas dans le cycle de Guillaume.
- henrietteMédiateur
Merci pour ton éclairage, Alérion.
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"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- AlérionNiveau 6
Dans le domaine occitan, il existe la Chanson de la croisade albigeoise, elle aussi très guerrière, et qui présente une particularité fort intéressante : elle a deux auteurs, dont l'un a continué l'autre, comme dans le Roman de la Rose. Mais ce qui est original, c'est que ces deux auteurs appartiennent à des camps différents. On a donc ici un exemple de littérature doublement "engagée".
Écrite en ancien occitan, elle ne se lit pas fluidement, dans mon cas tout au moins (il existe heureusement une édition bilingue dans la coll. Lettres gothiques).
Écrite en ancien occitan, elle ne se lit pas fluidement, dans mon cas tout au moins (il existe heureusement une édition bilingue dans la coll. Lettres gothiques).
- NLM76Grand Maître
J'ai commencé Amis et Amile, qui m'a l'air pas mal, même s'il y a déjà un peu trop de romanesque à mon goût, mais un peu moins que dans le début de Huon de Bordeaux. Il faudrait que je me relance aussi dans Gormont et Isembard.
Quoi qu'il en soit, l'essentiel pour moi est la recherche du sublime. Le fait que telle chanson fasse ressentir l'influence du roman breton n'est à cet égard pas déterminant, et il me semble que le lecteur moderne peut être sensible à une épopée véritablement guerrière : ainsi le Roland touche-t-il les gens, comme cela peut-être le cas pour L'Iliade ; j'ai un très beau souvenir des larges extraits d'Aliscans que j'ai fréquentés.
En tout cas, en connaissant un tout petit peu mieux quelques chansons de geste au-delà du Roland, même quand je n'y rencontre pas le sublime, je trouve un grand intérêt, quoique un peu pénible à explorer : j'entrevois pourquoi le Roland est si beau : nombre d'ingrédients sont communs ; mais j'entrevois ce que le Roland a en plus.
J'avais eu le même sentiment en lisant Venceslas ou Antigone de Rotrou : à peu près ingrédients que chez Corneille ; mais le tout est très très inférieur. Là aussi, cela permet d'entrevoir ce que Corneille a en plus, qui lui permet d'atteindre au sublime. [J'entends "sublime" au sens de Boileau : "ce qui ravit, transporte, enlève..." : le style humble, le comique peuvent atteindre au sublime.]
Quoi qu'il en soit, l'essentiel pour moi est la recherche du sublime. Le fait que telle chanson fasse ressentir l'influence du roman breton n'est à cet égard pas déterminant, et il me semble que le lecteur moderne peut être sensible à une épopée véritablement guerrière : ainsi le Roland touche-t-il les gens, comme cela peut-être le cas pour L'Iliade ; j'ai un très beau souvenir des larges extraits d'Aliscans que j'ai fréquentés.
En tout cas, en connaissant un tout petit peu mieux quelques chansons de geste au-delà du Roland, même quand je n'y rencontre pas le sublime, je trouve un grand intérêt, quoique un peu pénible à explorer : j'entrevois pourquoi le Roland est si beau : nombre d'ingrédients sont communs ; mais j'entrevois ce que le Roland a en plus.
J'avais eu le même sentiment en lisant Venceslas ou Antigone de Rotrou : à peu près ingrédients que chez Corneille ; mais le tout est très très inférieur. Là aussi, cela permet d'entrevoir ce que Corneille a en plus, qui lui permet d'atteindre au sublime. [J'entends "sublime" au sens de Boileau : "ce qui ravit, transporte, enlève..." : le style humble, le comique peuvent atteindre au sublime.]
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- AlérionNiveau 6
Personnellement, je mets le sublime dans ce qui nous ouvre les portes d'un ailleurs en ce monde. La poésie et la musique sont pour moi ces fenêtres tant évoquées par Reverdy, un de mes poètes favoris avec Apollinaire et le Surréalisme.
Pour en revenir au Moyen Age, mon autre passion, oui, la Chanson de Roland est un chef-d'œuvre (ce n'est pas pour rien que la version que l'on en connaît est parvenue jusqu'à nous), mais moins à cause de l'héroïsme en soi que par sa façon de l'évoquer, exemplaire et poignante, comme dans la mort de Roland, par exemple. A cette époque, ni les sujets de l'œuvre, ni sa thématique ne sont vraiment originales, et c'est du reste une vertu, non un défaut, de continuer une tradition familière aux auditeurs qui la réclament. Ce qui rend cette œuvre unique, c'est la mise en œuvre de ces thèmes traditionnels par un maître inspiré, unique démiurge d'un personnage (Roland) en qui se fond une humanité qui voit avec délices s'ouvrir devant elle un paradis plein de gloire et de lumière : Roland, ô toi, corps glorieux élevé par les archanges ! Il appartiendra au génie de Chrétien de trouver une voie moyenne entre la tradition et l'innovation : ce sera la fameuse conjointure, élaboration personnelle à partir de sources diverses, qui constituera l'acte de naissance de l'auteur moderne (les anonymes avant lui ne sont pas des artistes, mais des artisans, qui n'éprouvent pas le besoin de "signer" leurs écrits).
Le sublime, je le trouve aussi dans laVie de saint Alexis (quelle longue tradition pourtant !). Je vous conseille vivement de lire ce premier chef-d'œuvre de notre littérature (vers 1050) ; le passage de la déploration du saint m'émeut toujours autant : la mort a beau être heureuse, elle fait mal pour ceux qui restent sur terre et souffrent.
Pour en revenir au Moyen Age, mon autre passion, oui, la Chanson de Roland est un chef-d'œuvre (ce n'est pas pour rien que la version que l'on en connaît est parvenue jusqu'à nous), mais moins à cause de l'héroïsme en soi que par sa façon de l'évoquer, exemplaire et poignante, comme dans la mort de Roland, par exemple. A cette époque, ni les sujets de l'œuvre, ni sa thématique ne sont vraiment originales, et c'est du reste une vertu, non un défaut, de continuer une tradition familière aux auditeurs qui la réclament. Ce qui rend cette œuvre unique, c'est la mise en œuvre de ces thèmes traditionnels par un maître inspiré, unique démiurge d'un personnage (Roland) en qui se fond une humanité qui voit avec délices s'ouvrir devant elle un paradis plein de gloire et de lumière : Roland, ô toi, corps glorieux élevé par les archanges ! Il appartiendra au génie de Chrétien de trouver une voie moyenne entre la tradition et l'innovation : ce sera la fameuse conjointure, élaboration personnelle à partir de sources diverses, qui constituera l'acte de naissance de l'auteur moderne (les anonymes avant lui ne sont pas des artistes, mais des artisans, qui n'éprouvent pas le besoin de "signer" leurs écrits).
Le sublime, je le trouve aussi dans laVie de saint Alexis (quelle longue tradition pourtant !). Je vous conseille vivement de lire ce premier chef-d'œuvre de notre littérature (vers 1050) ; le passage de la déploration du saint m'émeut toujours autant : la mort a beau être heureuse, elle fait mal pour ceux qui restent sur terre et souffrent.
- NLM76Grand Maître
Une représentation bientôt : jeudi, 16h30 à la maison de l'université de Rouen (à Mont Saint Aignan), dans le cadre du congrès du Réseau Euro-Africain de Recherches sur l'Épopée.
- https://reare.univ-rouen.fr/article/programme-du-congres-du-reare-0
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