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- Sophie38Fidèle du forum
Ajonc35 a écrit:Burn-out veut bien dire " bruler" et ce n'est pas la même chose qu'une dépression. Pour ma part, j'ai vu ma fille ( qui n'est pas enseignante) se consumer. Cela agissait à la fois sur son moral et sur son physique (amaigrissement). Elle est rentrée durant 6 semaines à la maison car elle aurait pu se faire plus de mal. Puis elle a repris le travail dans la perspective d'en changer. C'est ce qu'elle a fait.
Cette situation affecte le plus souvent les personnes perfectionnistes qui prennent du temps, qui ont besoin du temps pour bien faire leur travail et donc poussent sans cesse leurs propres limites.
Aujourd'hui il faut travailler vite et quand on n'est pas capable d'absorber une masse de travail de plus en plus importante, la hiérarchie vous jette le mauvais oeil en oublient, de surcroit de vous dire que par ailleurs vous faites bien votre travail. Ce n'est plus la qualité qui prime mais la quantité. Et il y en a qui ne peuvent pas. Donc chacun dans notre métier attend les vacances pour se ressourcer, mais d'autres ( pour différentes raisons) ne le peuvent pas.
C'est tout à fait cela (phrases mises en gras) pour mes collègues qui sont en cessation d'activité. Et je m'y reconnais ...
Et quand il y a une petite erreur qui s'est glissée dans notre travail, là on nous le fait bien remarquer et on nous rappelle bien qu'on est non compétent, par contre, tout le reste réussi est normal donc devenu invisible.
- Pacifique ParsonsNiveau 2
Chocolat a écrit:Oui, tu as raison : nous payons cher le laxisme démesuré devant l'absence d'éducation de trop d'élèves et de trop de parents, combiné à l'acceptation d'un investissement dans le travail de moins en moins conséquent de la part des élèves.
Jusqu'à quand ?
Jusqu'au drame national ?
En parlant de drame national, que dire des très belles performances de la France quand il s'agit d'être un des systèmes scolaires les plus inégalitaires de l'OCDE ?
Laxisme, baisse des exigences, incivilités, décrochage, absentéisme, professeurs démotivés, tous ces facteurs sont liés malheureusement.
- egometDoyen
Je sais suffisamment ce qu'est une dépression. Merci. Pour avoir vu ma mère s'y enfoncer pendant vingt ans. Sans parler de mes problèmes personnels. Ma remarque était purement sémantique, et ne porte que sur l'usage commun, pas les définitions médicales.Quand je dis faible, je parle du mot, pas de la souffrance. Dans l'usage courant, on a parfois tendance à prendre cela à la légère. "Elle fait une petite dépression." D'où une tendance à vouloir inventer des mots nouveaux régulièrement, ou à s'emparer du dernier mot à la mode, comme pour compenser et être pris au sérieux.Babarette a écrit:Egomet: "dépression", trop faible? Sais-tu au moins ce que c'est qu'une dépression? Ça n'est pas "faible".
Oui, je vois que c'est pour montrer que c'est profondément lié au travail. Mais ça affecte tellement la vie entière que, pour moi, c'est bien une dépression liée au travail.
Maintenant, il est vrai que "burn-out" est spécifiquement lié au travail. Alors que la dépression peut avoir des causes variées.
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Primum non nocere.
Ubi bene, ibi patria.
Mes livres, mes poèmes, réflexions pédagogiques: http://egomet.sanqualis.com/
- PoupoutchModérateur
Je suis d'accord avec ça, et je pense que c'est aussi parce que 1/on a de plus en plus tendance à s'autodiagnostiquer et 2/le mal-être au travail est encore peu reconnu et particulièrement dans le monde enseignant où se dire épuisé signifie s'exposer aux clichés du prof fainéant fatigué des dernières vacances et aussi 3/la maladie psychique est encore parfois mal vue (pensons à l'expression "se mettre en dépression" pour parler d'un collègue en arrêt). Il m'arrive encore de tiquer quand les collègues épuisés et un peu agacés par leurs classes se disent au bord du burn out, parce que c'est quand même largement plus que cela ; mais il n'est pas anodin qu'on se retrouve tant dans ce terme, c'est qu'il renvoie à une souffrance au travail qui n'est pas suffisamment prise en compte dans nos métiers.egomet a écrit:
Je trouve au contraire qu'il y a une sorte de surenchère dans les appellations. Ce qui est terrible, c'est qu'elles s'affadissent très vite, tant il y a de gens qui s'y reconnaissent, avec toujours l'idée que leur souffrance personnelle est pire que celle des autres.
Je crois que personne n'a fait de hiérarchie entre burn out et dépression, Babarette, et aussi que parfois, il est difficile de les différencier tant l'un et l'autre ont des symptômes communs et difficiles à cerner. Mais la notion de burn out a ceci de plus clair que "dépression" qu'elle prend en compte l'épuisement professionnel progressif qui conduit à une explosion (ou implosion d'ailleurs) parfois vraiment dangereuse. Certains s'épuisent tellement qu'ils mettent leur santé voire leur vie en danger.Babarette a écrit:Egomet: "dépression", trop faible? Sais-tu au moins ce que c'est qu'une dépression? Ça n'est pas "faible".
Oui, je vois que c'est pour montrer que c'est profondément lié au travail. Mais ça affecte tellement la vie entière que, pour moi, c'est bien une dépression liée au travail.
Alors évidemment, ça a des répercussions sur la vie dans tous ses aspects, mais le point de départ est bien l'épuisement professionnel et je crois que c'est très important de le différencier, parce que cela implique une responsabilité de l'institution : il arrive que le système EN broie les gens qui y travaillent, tu es très bien placée pour le savoir ; or, c'est fondamental qu'en cas de problème grave, l' institution puisse être reconnue responsable, puisqu'elle l'est, plutôt que de remettre tout cela sur le dos de problèmes personnels ou privés.
Les mécanismes sont différents : souvent, dans le burn out, la mise en danger de soi est inconsciente mais on perd l'appétit en raison du stress, on perd le sommeil, on devient de plus en plus détaché émotionnellement parce que rester impliqué est trop dur, et, de fait, on poursuit dans ces habitudes jusqu'à ce qu'il ne soit plus possible de faire autrement.Babarette a écrit:Justement, quelqu'un qui maigrit et qui pourrait se faire du mal... Fait une dépression. La dépression, ce n'est pas simplement être triste et épuisé!
Et moi, j'ai fait un burn out en étant déjà en dépression et sous anxio, antidépresseurs et somnifères !Chocolat a écrit:
Mais une dépression n'est pas un burn-out.
En revanche, un burn-out non pris en charge peut contribuer à conduire à une dépression, voire pire.
La dépression est bien plus complexe que le burn-out, mais je ne dirais ni qu'elle est plus grave, ni qu'elle est moins grave, elle est juste différente et bien plus difficile à traiter.
J'ai fait un burn-out : je n'ai eu aucun antidépresseur ni aucun anxiolytique dans mon traitement.
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Lapin Émérite, celle qui Nage en Lisant ou Inversement, Dompteuse du fauve affamé et matutinal.
"L'intelligence est une maladie qui peut se transmettre très facilement mais dont on peut guérir très rapidement et sans aucune séquelle"
- ChocolatGuide spirituel
Cela arrive régulièrement, malheureusement.
Bon courage, Poupoutch...
Bon courage, Poupoutch...
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- PoupoutchModérateur
Merci Chocolat ! Ça va bien mieux et particulièrement depuis que j'ai commencé à enseigner dans le secondaire (j'étais précaire à la fac avant). Pour l'instant, pour moi, c'est l'inverse : je revis depuis que je suis en lycée. Ça n'empêche pas parfois d'être épuisée, irritée ou de me remettre en question, mais globalement, je vais mieux. Après, cela ne fait que 3 ans que j'enseigne et je ne dis pas du tout cela pour culpabiliser les collègues qui se sont confiés ici et dont je comprends les difficultés : j'ai énormément de chance car je suis dans un établissement très calme, et que j'ai des collègues super et une direction au top... Je mesure ma chance à chaque fois que je lis les témoignages sur le forum : on n'est pas tous égaux dans l'exercice de notre métier et les généralisations n'aident pas ceux qui exercent dans des conditions difficiles à trouver en eux l'indulgence nécessaire pour se donner des circonstances atténuantes quand ça ne va pas bien, alors si en plus collègues ou direction s'y mettent...
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"L'intelligence est une maladie qui peut se transmettre très facilement mais dont on peut guérir très rapidement et sans aucune séquelle"
- ChocolatGuide spirituel
Oui, la bienveillance n'est malheureusement pas de mise en direction des enseignants...
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- BabaretteDoyen
Bon courage Poupoutch!
Oui, je comprends mieux pourquoi on parle de "burn out" plutôt que de dépression et entendre parler de "petite dépression" me semble très malvenu.
Sophie: oui, c'est exactement cela. Dans ce genre de situation, le professionnel s'est donné du mal, s'est investi, a fait des efforts par souci de bien faire, a donné de sa personne, tout cela pour voir son travail piétiné par un minable petit chefaillon.
Oui, je comprends mieux pourquoi on parle de "burn out" plutôt que de dépression et entendre parler de "petite dépression" me semble très malvenu.
Sophie: oui, c'est exactement cela. Dans ce genre de situation, le professionnel s'est donné du mal, s'est investi, a fait des efforts par souci de bien faire, a donné de sa personne, tout cela pour voir son travail piétiné par un minable petit chefaillon.
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“Google peut vous donner 100 000 réponses, un bibliothécaire vous donne la bonne.” Neil Gaiman.
:lecteur:
- Ajonc35Sage
Babarette écrit "Justement, quelqu'un qui maigrit et qui pourrait se faire du mal... Fait une dépression. La dépression, ce n'est pas simplement être triste et épuisé!"
Non, comme je l'ai dit elle maigrissait; elle se voulait du mal, non pas pour elle, ni contre elle, mais parce qu'elle ne voulait plus entendre parler du boulot et comme il fallait qu'elle y aille, elle avait des noeuds, donc ne mangeait plus, ne dormait plus, etc.... Quand je l'ai "recueillie" chez moi, elle s'est remise à faire plein de choses: lire, se promener, aller voir ses copines, me faire les courses, me préparer le repas quand je rentrais, aller au cinéma seule ou accompagnée. Donc elle allait bien sauf qu'il ne fallait pas parler boulot. Elle s'est reposée, s'est retapée et est repartie après 6 semaines et bien sur avec un suivi médical long. Elle a aussi changé de boulot, loin de ses patrons toxiques.
Une dépression je sais, j'en ai fait une carabinée il y a quelques années et au fond du trou , j'étais à peine capable de manger. Je passais mes journées au lit. Ma fille vivait encore à la maison et m'a tenu la tête hors de l'eau jusqu'à ce que les médocs fassent de l'effet.
Après je pense qu'il y a différents vécus.
Non, comme je l'ai dit elle maigrissait; elle se voulait du mal, non pas pour elle, ni contre elle, mais parce qu'elle ne voulait plus entendre parler du boulot et comme il fallait qu'elle y aille, elle avait des noeuds, donc ne mangeait plus, ne dormait plus, etc.... Quand je l'ai "recueillie" chez moi, elle s'est remise à faire plein de choses: lire, se promener, aller voir ses copines, me faire les courses, me préparer le repas quand je rentrais, aller au cinéma seule ou accompagnée. Donc elle allait bien sauf qu'il ne fallait pas parler boulot. Elle s'est reposée, s'est retapée et est repartie après 6 semaines et bien sur avec un suivi médical long. Elle a aussi changé de boulot, loin de ses patrons toxiques.
Une dépression je sais, j'en ai fait une carabinée il y a quelques années et au fond du trou , j'étais à peine capable de manger. Je passais mes journées au lit. Ma fille vivait encore à la maison et m'a tenu la tête hors de l'eau jusqu'à ce que les médocs fassent de l'effet.
Après je pense qu'il y a différents vécus.
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