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- VioletEmpereur
Un post récent me fait m'interroger.
Jusqu'où allez-vous quand vous interprétez un texte ? (je veux dire dans la pratique professionnelle évidemment, devant vos élèves)
Parce que pour certains poèmes, je trouve que les interprétations partent dans tous les sens... Un sens érotique pour Voyelles par exemple ... (encore que ce soit un mauvais exemple car il y a eu tellement de commentaires sur ce texte que bon... je crois que le champ des interprétations en fait la richesse aussi)
Mais Audrey évoque sur l'autre post un sens érotique à Ma bohème qui évoquerait donc une masturbation. Perso, je n'avais rien vu.
Ce n'est qu'un exemple mais qui me fait me poser des questions : avant une LA pour le bac, comment validez-vous vos interprétations ? comment décidez-vous de ce que vous allez dire ou pas ?
Car je ne voudrais pas pénaliser mes élèves...
Il y a peu, je sais qu'un collègue a reproché à mes élèves de parler de la rencontre pour évoquer A une passante...ce que j'avais dit en cours.
Jusqu'où allez-vous quand vous interprétez un texte ? (je veux dire dans la pratique professionnelle évidemment, devant vos élèves)
Parce que pour certains poèmes, je trouve que les interprétations partent dans tous les sens... Un sens érotique pour Voyelles par exemple ... (encore que ce soit un mauvais exemple car il y a eu tellement de commentaires sur ce texte que bon... je crois que le champ des interprétations en fait la richesse aussi)
Mais Audrey évoque sur l'autre post un sens érotique à Ma bohème qui évoquerait donc une masturbation. Perso, je n'avais rien vu.
Ce n'est qu'un exemple mais qui me fait me poser des questions : avant une LA pour le bac, comment validez-vous vos interprétations ? comment décidez-vous de ce que vous allez dire ou pas ?
Car je ne voudrais pas pénaliser mes élèves...
Il y a peu, je sais qu'un collègue a reproché à mes élèves de parler de la rencontre pour évoquer A une passante...ce que j'avais dit en cours.
- doctor whoDoyen
L'important, c'est que les élèves aient des billes pour répondre. Le problème, c'est que les élèves ne comprennent rien, apprennent bêtement, et ne sont donc pas capables de défendre ne serait-ce que la plus conformiste des interprétations. A ce compte-là, autant y aller à fond, tant qu'on y croit.
_________________
Mon blog sur Tintin (entre autres) : http://popanalyse.over-blog.com/
Blog pédagogique : http://pedagoj.eklablog.com
- AudreyOracle
Je pense qu'à partir du moment où cela s'appuie sur une étude minutieuse du texte, sur des faits clairement et rigoureusement identifiés, tant qu'on a des billes pour répondre comme le dit Doctor, on peut aller où on veut.
- doctor whoDoyen
Ou on veut. Mais attention tout de même au plans-cul. les élèves ne retiennent que ça, et là, deux possibilités : ils n'osent pas et n'ont rien à dire, ils osent mais ne savent pas justifier. Dans les deux cas, c'est la débandade ( ).
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- cavecattumNeoprof expérimenté
doctor who a écrit:Ou on veut. Mais attention tout de même au plans-cul. les élèves ne retiennent que ça, et là, deux possibilités : ils n'osent pas et n'ont rien à dire, ils osent mais ne savent pas justifier. Dans les deux cas, c'est la débandade ( ).
J'avais un prof en seconde, fou des surréalistes: donc symbole phallique par là, sexuel par-ci, coït coït coït . Ca marchait. On captait...
Pour un devoir il donne un poème de Ronsard à analyser. Toute la classe avait relevé les symboles phalliques dans le poème. Or, dans celui-là - c'était pas le Petit livre des folâtries-, il n'y en avait pas! Il était dépité...
- VioletEmpereur
Oui, j'avoue, je réfléchis à cette histoire de masturbation dans "ma bohème", et cela ne me convaint pas...
Ok, Rimbaud est anticonformiste et provocateur mais il a aussi écrit des textes "clairs" comme Le dormeur du val.
Je veux bien qu'on extrapole sur "Voyelles" mais sur "ma bohème"... j'ai du mal... qu'il livre une parodie du poète traditionnel, ok... il reprend des termes poétiques traditionnels et les égrène comme le petit poucet...
Tous les profs de lycée qui étudient Ma bohème sont-ils convaincus ? (Désolée Audrey, cela n'a rien contre toi, hein ? c'est juste que j'ai beaucoup de mal avec cette interprétation que tu avances.)
Ok, Rimbaud est anticonformiste et provocateur mais il a aussi écrit des textes "clairs" comme Le dormeur du val.
Je veux bien qu'on extrapole sur "Voyelles" mais sur "ma bohème"... j'ai du mal... qu'il livre une parodie du poète traditionnel, ok... il reprend des termes poétiques traditionnels et les égrène comme le petit poucet...
Tous les profs de lycée qui étudient Ma bohème sont-ils convaincus ? (Désolée Audrey, cela n'a rien contre toi, hein ? c'est juste que j'ai beaucoup de mal avec cette interprétation que tu avances.)
- cavecattumNeoprof expérimenté
En fait cette interprétation dont parle Audrey est celle de Steve Murphy, non? il est intéressant, ses analyses de Rimbaud sont hétérodoxes, mais il ne fait l'unanimité dans la communauté rimbaldienne. Après, la passion de Rimbaud pour l'onanisme est avérée!
Et puis tu sais, pour Murphy, le Dormeur n'est pas si clair, lui non plus!
Et puis tu sais, pour Murphy, le Dormeur n'est pas si clair, lui non plus!
- Reine MargotDemi-dieu
autant je verrais bien un sens sexuel au dormeur du val, autant dans "ma bohème"...bof. j'ai eu Murphy en fac et parfois ses interprétations me paraissaient tirées par les cheveux, au colloque sur baudelaire l'année où les fleurs du mal sont tombées les autres profs le regardaient de travers...par exemple il voyait en Baudelaire un déçu de la révolution de 1848, et les 7 vieillards des révolutionnaires (à cause de la barbe socialiste à la karl marx)
- VioletEmpereur
Oui, c'est bien l'interprétation de Murphy.
Mais que doit-on enseigner ? La lecture traditionnelle ? ou bien celle-là ?
Mais que doit-on enseigner ? La lecture traditionnelle ? ou bien celle-là ?
- thrasybuleDevin
je pense, pour parler franchement, que, faute d'une connaissance précise des théories psychanalytiques et d' une' appréhension fine des symboles relevés dans le texte, l'interprétation, au niveau du secondaire, donne souvent lieu à des conclusions navrantes, caricaturales et tracées à gros traits, relevant de la psy de Monop: le symble sera phallique dès qu'un vague truc sera dressé ou vaginal ou matriciel dès qu'il sera profond et caverneux...j'aime beaucoup ce type de lectures, et c'est précisément pourquoi je me méfie comme de la peste des repérages simplificateurs à grossiers
- cavecattumNeoprof expérimenté
thrasybule a écrit:je pense, pour parler franchement, que, faute d'une connaissance précise des théories psychanalytiques et d' une' appréhension fine des symboles relevés dans le texte, l'interprétation, au niveau du secondaire, donne souvent lieu à des conclusions navrantes, caricaturales et tracés à gros traits, relevant de la psy de Monop: le symble sera phallique dès qu'un vague truc sera dressé ou vaginal ou matriciel dès qu'il sera profond et caverneux...j'aime beaucoup ce type de lectures, et c'est précisément pourquoi je me méfie comme de la peste des repérages simplificateurs à grossiers
+1. D'autant que quand on connaît un peu Freud, Jung, Lacan et consorts, on sait bien que rêver serpent et tronc d'arbre ne revient jamais à rêver phallus, au premier degré. C'est vrai que je ne m'y avancerais pas...
- nevermoreNiveau 10
Tiens, ça me rappelle mon prof de khâgne: pour lui, le coeur, chez Rimbaud, désignait un organe placé en réalité beaucoup plus bas chez l'homme
Et il avait, en effet, parlé masturbation...
Dans ma pratique de classe, je pousse souvent l'interprétation pour donner des clés ou un sens que le élèves n'auraient pas vu, mais sans tomber dans le tiré par les cheveux, j'espère. Pour les symboles phallique ou autre, quand ça crève les yeux, je le fais remarquer par d'habiles sous entendus que les élèves comprennent très bien, je ne vois pas pourquoi il faudrait édulcorer (mais je ne veux pas tomber dans le graveleux, non plus; et si on ne parle pas de sexe en littérature, qu'est-ce qu'on loupe quand même!)
Et il avait, en effet, parlé masturbation...
Dans ma pratique de classe, je pousse souvent l'interprétation pour donner des clés ou un sens que le élèves n'auraient pas vu, mais sans tomber dans le tiré par les cheveux, j'espère. Pour les symboles phallique ou autre, quand ça crève les yeux, je le fais remarquer par d'habiles sous entendus que les élèves comprennent très bien, je ne vois pas pourquoi il faudrait édulcorer (mais je ne veux pas tomber dans le graveleux, non plus; et si on ne parle pas de sexe en littérature, qu'est-ce qu'on loupe quand même!)
- thrasybuleDevin
c'est là où ça se passe?nevermore a écrit:Tiens, ça me rappelle mon prof de khâgne: pour lui, le coeur, chez Rimbaud, désignait un organe placé en réalité beaucoup plus bas chez l'homme
Et il avait, en effet, parlé masturbation...
Dans ma pratique de classe, je pousse souvent l'interprétation pour donner des clés ou un sens que le élèves n'auraient pas vu, mais sans tomber dans le tiré par les cheveux, j'espère. Pour les symboles phallique ou autre, quand ça crève les yeux, je le fais remarquer par d'habiles sous entendus que les élèves comprennent très bien, je ne vois pas pourquoi il faudrait édulcorer (mais je ne veux pas tomber dans le graveleux, non plus; et si on ne parle pas de sexe en littérature, qu'est-ce qu'on loupe quand même!)
- cavecattumNeoprof expérimenté
Ne pas parler de sexe en littérature, c'est pratiquement passer à côté de toute la littérature. Je me rappelle mes camarades de prépa, filles de bonne famille rougissantes, quand on étudiait Notre dame des fleurs de Genet. Moi je me marrais intérieurement: c'est ça le monde aussi!
Quand au sacré coeur de Rimbaud, "obscur et froncé comme un œillet violet"...
Quand au sacré coeur de Rimbaud, "obscur et froncé comme un œillet violet"...
- thrasybuleDevin
j'ai entendu mes élèves de Tl dire, alors que je parlais de la grotte de Calypso, puis de la nudité d'Ulysse après la tempête sur l'île des Phéaciens 'il est chaud aujourd'hui"!!
- thrasybuleDevin
le top ayant été mes interprétations sur Elévation de Baudelaire dont je vous épargnerai pudiquement les détails
- cavecattumNeoprof expérimenté
Je rêve de faire un groupement de textes autour du "fondement" et de sa profondeur littéraire: du Rimbaud, du Rabelais ( l'épisode des torche-culs), Genet... Je ne sais pas si j'y serais autorisée! C'est pourtant passionnant - et je ne plaisante que pour un quart!
- thrasybuleDevin
j'ai oublié letop: dans une scène de la Duchesse de Langeais: 'sans doute avons-nous là une des plus belles scènes de cunilingus de la littérature" ( au moins certains auront-ils appris- ce terme :lol: )
- InvitéInvité
thrasybule a écrit:le top ayant été mes interprétations sur Elévation de Baudelaire dont je vous épargnerai pudiquement les détails
oh, ben non... pourquoi nous épargner ???
- thrasybuleDevin
Will.T a écrit:thrasybule a écrit:le top ayant été mes interprétations sur Elévation de Baudelaire dont je vous épargnerai pudiquement les détails
oh, ben non... pourquoi nous épargner ???
Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde,
Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.
- VioletEmpereur
Oui, enfin... moi je n'ai que des élèves de secondaire, hein ? :lol:
- thrasybuleDevin
Je préfère m'arrêter, on va penser que je ne pense qu'à ça( ce qui est une offense à mes principes puritains) car sachezèle, et je le crie haut et fort: il faut raison garder!
- thrasybuleDevin
ben moi aussi, donc, Violetta, je crois qu'il ne faut user de cet éclairage qu'avec parcimonie ou bienViolet a écrit:Oui, enfin... moi je n'ai que des élèves de secondaire, hein ? :lol:
si on est sûr de l'interprétation avec convergence de tous les indices signifiants
si cette lecture éclaire le texte de mani-re pertinente sans la scléroser dans un prêt-à-penser pseudo psychanlytique du style Une psychologue vous répond dans Femme Actuelle
si on est vraiment un obsédé!
- thrasybuleDevin
En revanche je me suis donné à fond sur le Petit Chaperon rouge, j'en avais parlé il y a longtemps sur un topic( la fin avec les grandes dents, les grands yeux, et je pensais qu'il y avait une représentation in absentia de "que vous avez une grosse..." avec la mise en scène du désir portée par le langage et le jeu de questions réponses comme prélude à la défloration) et Abraxas avait validé mon choix
- Reine MargotDemi-dieu
nevermore a écrit:Tiens, ça me rappelle mon prof de khâgne: pour lui, le coeur, chez Rimbaud, désignait un organe placé en réalité beaucoup plus bas chez l'homme
Et il avait, en effet, parlé masturbation...
Dans ma pratique de classe, je pousse souvent l'interprétation pour donner des clés ou un sens que le élèves n'auraient pas vu, mais sans tomber dans le tiré par les cheveux, j'espère. Pour les symboles phallique ou autre, quand ça crève les yeux, je le fais remarquer par d'habiles sous entendus que les élèves comprennent très bien, je ne vois pas pourquoi il faudrait édulcorer (mais je ne veux pas tomber dans le graveleux, non plus; et si on ne parle pas de sexe en littérature, qu'est-ce qu'on loupe quand même!)
pour le "coeur", ça vient d'un écrit de jeunesse de Rimbaud, "un coeur sous une soutane", où un séminariste niais s'éprend d'une jeune bourgeoise, Thimotina Labinette, et ne cesse de faire des envolées lyrico-romantiques ridicules, et en effet très clairement le coeur renvoie à un autre organe. là le but est de ridiculiser les romantiques et l'épanchement lyrique.
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