Progression écriture seconde

Il semble s'avérer que je retourne enseigner au lycée l'année prochaine. Alors, de la même manière qu'il y a un topic sur la progression d'écriture en sixième, je lance un fil sur une éventuelle progression d'écriture en seconde.

Certains ont sans doute leur idée sur les exercices qu'il faut faire, et l'ordre dans lequel il faut les faire, pour in fine parvenir à corriger des commentaires et des dissert' qui tiennent la route.


Quelques questions en vrac :
1. Comment réviser, consolider, rééduquer les qualités d'écriture des impétrants lycéens ?
2. Comment leur faire comprendre ce que sont l'analyse et l'interprétation d'un texte ? Au brevet, les questions semblent s'inscrire ans une réflexion globale sur le texte, qui n'est jamais perçue ni utilisée par les élèves.
3. Comment obtenir de jolis paragraphes bien clairs et un plan bien construit ?

Je me réponds après quelques réflexions dominicales bien placées (à la place de la désastreuse retransmission de l'avant-dernière journée de foot sur Canal).

Je pense commencer par quelques leçons intitulées "Que dire à propos d'un texte ?"

1. Le décrire : faire comprendre qu'il faut caractériser les extraits qu'on donne à lire, le ranger dans des catégories qui permettent de savoir à quoi on a affaire (genre, tonalité...)
Exos : des extraits variés et des catégories elles-mêmes variées, à relier.
Enchaîner sur le fait de donner sa situation (dans l'oeuvre, dans l'histoire, dans la bio de l'auteur...). Ne peut se faire qu'en étudiant une oeuvre.
Cela permet d'installer déjà le début de l'intro de commentaire : quelques phrases de situation et de caractérisation.



2. L'interpréter : donner son sens, sa raison d'être.
Alors là, je serai catégorique. 4 possibilités, non exclusives : le texte veut produire un effet sur le lecteur, il est porteur d'une réflexion, sur un thème à définir, il porte un jugement sur un personnage ou bien sur une idée, une action, etc., il a un rôle à jouer dans l'économie de l'oeuvre.
A mon avis, pas d'autres solutions.
Je donne à apprendre et je fais quelques exos à partir d'extraits du Cid (j'ai déjà la feuille de prête).


3. Analyser le texte. Peut servir à étayer la description, la nuancer, ou justifier l'interprétation. Ne sert à rien toute seule. Ne la faire que quand décrire et interpréter sont bien en place.
Exos : j'ai fait un tableau à plusieurs colonnes permettant d'avancer pas à pas vers une interprétation à partir d'une question d'analyse (étudier les métaphores, par exemple).
Plusieurs étapes : définir ce qu'on recherche, faire un repérage précis, par rapport à la structure de l'extrait, et je ne me souviens plsu, faut que je cherche dans mes papiers.


Voilà, une fois cela fait, j'enchaîne sur quelques rappels sur l'organisation du paragaphe et quelques lubies de style (mettre des points finaux, mettre des virgules, ne pas faire de phrases nominales, utiliser des pronoms pour lier les phrases entre elles.

En parallèle, il faut commencer à étudier vraiment des textes, en appliquant explicitement ce qu'on voit en méthodo, et en réfléchissant de manière non réflexive sur les points encore à voir.

Mais je me pose la question de savoir s'il faut démarrer bille en tête avec un gros chapitre du programme, faire un GT ad hoc...

Tes trois points sont à faire toute l'année en 2de et en 1ère !

On les pratique toute l'année. C'est pour cela qu'il me paraît judicieux de prendre un moment en début d'année pour les étudier pour eux-mêmes. Comme cela, les élèves qui sortent du brevet, où on ne lui demande pas d'analyser et d'interpréter, savent de quoi on parle.

En 2nde, je commence quasiment la 1e heure par une lecture analytique détaillée, avec deux axes d'étude et des sous-parties claires, une intro et une conclusion.

Évidemment, on la fait ensemble et je guide beaucoup.
Chaque lecture analytique reprend la même construction, sur une copie double (1e page intro en 3 parties, à l'intérieur une page par axe et sur la dernière page la conclusion).

Très vite, la structure de base du commentaire est intégrée et ils ont l'habitude de prouver chaque idée par un exemple, d'en repérer les procédés et surtout d'en développer le sens / l'intérêt.

Ca marche vraiment bien, et mes 2ndes actuellement (une bonne classe) savent faire un bon plan détaillé de commentaire composé tous seuls et le rédigent par la suite très correctement.

Je crois beaucoup à la répétition et à l'importance d'avoir un modèle clair pour progresser.

C'est sûr que c'est formateur et structurant. Je faisais un truc dans le genre il y a deux ans, et, pour quelques uns, la structure et la présentation du commentaire était comprises et appliquées (pour quelques uns, car je n'ai pas la persévérance suffisante pour les tanner toute l'année avec cela).

En revanche, je me suis vite aperçu que le contenu ne suivait pas. Combien de paragraphes formellement nickel (une phrase de thèse, développée et justifiée par des arguments illustrés d'exemples), mais au contenu indigent (paraphrase, ou analyse ultra lègère du type champ lexical) !!!

En seconde, je chercherais plutôt à faire comprendre quel type de contenu on cherche, puis à le mettre en forme dans un paragraphe qui se tienne.

Le problème est alors de passer du paragaphe au commentaire composé. Soit l'on fait comme Snow, et comme moi les années précédentes, en mettant en place une forme, à remplir a posteriori. Soit iul faudrait trouver une justification logique et naturelle à cette forme. Sans doute faudrait-il travailler dans un premier temps la problématisation et la répartition de la matière argumentative.

doctor who a écrit: ou analyse ultra lègère du type champ lexical) !!!

Pour le commentaire en 1ère le champ lexical est le seul procédé relevé par l'immense majorité des élèves. A croire qu'ils n'ont jamais entendu parler d'autre chose. J'imagine que c'est pareil quand on corrige le BAC...

Le champ lexical est un alibi pour remplir des lignes en se dispensant de réfléchir. Il empêche d'accéder intuitivement au sens du texte, qui en tant que texte, n'est finalement rien d'autre que les propos d'un être humain à un autre être humain, ce qui doit pouvoir relever, une fois les difficultés de compréhension écartées, d'une appréhension intuitive. A la place, il suscite des relevés mécaniques dont les élèves se contentent. En outre, il s'agit très souvent d'une forme autorisée de paraphrase ("Ce texte parle de l'eau, comme on le voit en relevant le champ lexical aquatique.")