Est-on vraiment en manque de profs ?

Solaire a écrit:Pourquoi l'HG continue-t-elle à faire fait-elle le plein d'ailleurs ? Alors qu'elle présente une situation similaire aux lettres (peu de débouchés hors enseignement, classes de collège). On a une explication ?

Je ne suis pas certain que tu aies raison pour les lettres. Il y a beaucoup de voies alternatives à l'enseignement (métiers des bibliothèques, administration culturelle, édition, rédaction web, journalisme…), en tout cas c'est ce que choisissent de plus en plus les étudiants, au besoin avec un complément de formation, des stages et de la débrouillardise. Les domaines où on recherche des gens qui aient de bonnes capacités rédactionnelles et une bonne culture générale sont assez nombreux. J'ai cinq fois moins d'étudiants à préparer les concours d'enseignement qu'au début de ma carrière à l'université… mais il y a toujours autant d'étudiants de master !

e-Wanderer a écrit:

Solaire a écrit:Pourquoi l'HG continue-t-elle à faire fait-elle le plein d'ailleurs ? Alors qu'elle présente une situation similaire aux lettres (peu de débouchés hors enseignement, classes de collège). On a une explication ?

Je ne suis pas certain que tu aies raison pour les lettres. Il y a beaucoup de voies alternatives à l'enseignement (métiers des bibliothèques, administration culturelle, édition, rédaction web, journalisme…), en tout cas c'est ce que choisissent de plus en plus les étudiants, au besoin avec un complément de formation, des stages et de la débrouillardise. Les domaines où on recherche des gens qui aient de bonnes capacités rédactionnelles et une bonne culture générale sont assez nombreux. J'ai cinq fois moins d'étudiants à préparer les concours d'enseignement qu'au début de ma carrière à l'université… mais il y a toujours autant d'étudiants de master !

En effet. Mon compagnon, après avoir enseigné le français pendant une dizaine d'années, se reconvertit actuellement en rédacteur web SEO (et il est très content !)

En HG, les débouchés sont plus larges que l'enseignement notamment en géo. Mais même en histoire, on va retrouver des débouchés assez similaires aux lettres.
Est ce que la différence n'est pas plutôt sur le nombre d'étudiants ?

J'étais déjà désespéré l'an dernier avec mes 12 étudiants de MEEF 2, mais cette année ils seront seulement… 6 (on va bientôt finir avec 3-4 étudiants, comme dans la fac voisine qui est l'unique autre prépa CAPES de l'académie). Pour envoyer des troupes fraîches à Créteil, ça va vraiment devenir compliqué !

Bon, il faut voir le bon côté des choses : je ne vais pas être écrasé par les corrections de copies.

Il faut voir. L'annonce d'une réforme dont personne ne savait rien à part “bac+3” a créé une forte perturbation : baisse des effectifs un peu partout…
Le machin est suspendu sine die : reste à voir si les inscriptions remonteront — ou non. Je ne suis pas spécialement optimiste, mais sait-on jamais. Lors de la mastérisation, on avait eu une année d'écroulement, puis une remontée (en dessous des chiffres d'avant)…

Bien joué vraiment...

Ben comme d'habitude. On annonce et puis on fait pire que la fois d'avant.
Remarque, la question reste posée de savoir si ce n'était pas voulu, après tout…

e-Wanderer a écrit:J'étais déjà désespéré l'an dernier avec mes 12 étudiants de MEEF 2, mais cette année ils seront seulement… 6   (on va bientôt finir avec 3-4 étudiants, comme dans la fac voisine qui est l'unique autre prépa CAPES de l'académie). Pour envoyer des troupes fraîches à Créteil, ça va vraiment devenir compliqué !

Bon, il faut voir le bon côté des choses : je ne vais pas être écrasé par les corrections de copies.

Idem ! Ils sont 10 en M2 et 8 en M1 (et on a toujours une déperdition entre les deux années).

Est-on vraiment en manque de profs ?

Oui. Il suffit de compter le nombre d'enseignants contractuels dans l'enseignement public (primaire + secondaire), toujours plus important d'année en année :

- 16 500 en 2008
- 31 000 en 2015
- 39 000 en 2022
- 49 000 en 2024

A lire dans Le Monde :
https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/09/02/un-prof-devant-chaque-classe-a-la-rentree-une-mission-devenue-impossible-pour-l-education-nationale_6302203_3224.html

Oui, nous sommes en manque de profs motivé.e.s, les manoeuvres du gouvernement sont claires...

Sont déjà programmées 16000 suppressions de poste, et la cour des comptes estime que la baisse démographique pourrait permettre d'en éliminer encore dans les 40000...

Iridiane a écrit:

e-Wanderer a écrit:J'étais déjà désespéré l'an dernier avec mes 12 étudiants de MEEF 2, mais cette année ils seront seulement… 6   (on va bientôt finir avec 3-4 étudiants, comme dans la fac voisine qui est l'unique autre prépa CAPES de l'académie). Pour envoyer des troupes fraîches à Créteil, ça va vraiment devenir compliqué !

Bon, il faut voir le bon côté des choses : je ne vais pas être écrasé par les corrections de copies.

Idem ! Ils sont 10 en M2 et 8 en M1 (et on a toujours une déperdition entre les deux années).

Anglais, ici: 9 en M1, 6 en M2 (ils étaient 7 il y a encore quelques jours, mais il y en a une qui vient d'abandonner).

epekeina.tes.ousias a écrit:Sont déjà programmées 16000 suppressions de poste, et la cour des comptes estime que la baisse démographique pourrait permettre d'en éliminer encore dans les 40000...

Super! Si on supprime autant de postes, on va peut-être même finir par se retrouver avec trop de profs sur les bras, non?

Et s'il n'en reste qu'un, j'espère que j'aurai pris ma retraite avant.

epekeina.tes.ousias a écrit:Et s'il n'en reste qu'un, j'espère que j'aurai pris ma retraite avant.

C'est dommage. L'héroïsme t'irait bien je crois.

Un collègue néo-titulaire nous a dit que sur sa promo de 8 stagiaires, dans sa discipline et son académie, 4 ont démissionné. J'ai surtout l'impression que les démissions se font à tour de bras, alors que dans mon secteur cela construit énormément sans les infrastructures qui suivent et sans ouvertures de classe.

Tontondubled a écrit:Est-on vraiment en manque de profs ?

Oui. Il suffit de compter le nombre d'enseignants contractuels dans l'enseignement public (primaire + secondaire), toujours plus important d'année en année :

- 16 500 en 2008
- 31 000 en 2015
- 39 000 en 2022
- 49 000 en 2024

A lire dans Le Monde :
https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/09/02/un-prof-devant-chaque-classe-a-la-rentree-une-mission-devenue-impossible-pour-l-education-nationale_6302203_3224.html

Et il va falloir compter sur la pénurie des contractuels. Je vais parler de ma discipline (lettres-histoire).

Mon académie n'était pas dans les académies les plus déficitaires, académies bien connues et mon département non plus.
Mais cette année le déficit des titulaires devient criant. Depuis des années l'appel aux contractuels est croissant, comme indiqué par Tontondubled.
Dans mon département le nombre des postes au mouvement était le double (un peu plus d'ailleurs) du nombre d'entrants dans l'académie entière.
Dans ce même département, tout un secteur géographique était en pénurie voire absence de titulaire et vivotait avec des équipes de contractuels installés. Mais la pénurie de titulaire s'étend sur le reste du département et finalement on va arriver à un département en peine de titulaires et maintenant en peine de contractuels. La zone "attractive" du département peine à recruter et les postes non pourvus de titulaires deviennent des postes sans contractuels.
Avec cela il va falloir compter sur le fait que beaucoup des titulaires en poste sont de la même génération.
Ça va faire mal d'ici très peu [EDIT : en fait, ça fait déjà mal et cela va faire très mal].

Un article à ce propos sur le site de France Info, c'est devenu un marronnier de la rentrée (accompagné des habituels commentaires suggérant de "dégraisser le mammouth", merci Claude Allègre.

https://www.francetvinfo.fr/france/rentree/info-franceinfo-rentree-scolaire-il-manque-au-moins-un-professeur-dans-56-des-colleges-et-des-lycees-francais-selon-une-etude-du-snes-fsu_6765187.html

Il manque au moins un professeur dans 56% des collèges et des lycées français lors de cette rentrée scolaire, selon une enquête réalisée par le syndicat des enseignants du second degré, le Snes-FSU, que franceinfo a pu consulter vendredi 6 septembre.
à lire aussi INFO FRANCEINFO. Le coût de la rentrée universitaire estimé à 3 157 euros cette année, selon la Fage

Selon cette étude, réalisée entre le 30 août et le 5 septembre auprès de 893 établissements français, il manque au moins un professeur dans plus d'un établissement sur deux en moyenne, cette dernière variant en fonction des académies.

Ainsi, dans l’académie d’Amiens, il manque au moins un professeur dans 21% des établissements, tandis que dans l’académie de Normandie, il manque au moins un professeur dans 43% des collèges et lycées. Parmi les académies les plus touchées, on peut trouver celle de Versailles et Lyon, avec respectivement 72% et 68% des établissements dans lesquels il manque au moins un professeur, mais aussi Créteil avec 63%.

e-Wanderer a écrit:

Solaire a écrit:Pourquoi l'HG continue-t-elle à faire fait-elle le plein d'ailleurs ? Alors qu'elle présente une situation similaire aux lettres (peu de débouchés hors enseignement, classes de collège). On a une explication ?

Je ne suis pas certain que tu aies raison pour les lettres. Il y a beaucoup de voies alternatives à l'enseignement (métiers des bibliothèques, administration culturelle, édition, rédaction web, journalisme…), en tout cas c'est ce que choisissent de plus en plus les étudiants, au besoin avec un complément de formation, des stages et de la débrouillardise. Les domaines où on recherche des gens qui aient de bonnes capacités rédactionnelles et une bonne culture générale sont assez nombreux. J'ai cinq fois moins d'étudiants à préparer les concours d'enseignement qu'au début de ma carrière à l'université… mais il y a toujours autant d'étudiants de master !

Non mais quand je dis "peu de débouchés", j'entends : peu de débouchés hormis des débouchés médiocres.

Les métiers que tu cites, parfaitement respectables par ailleurs, sont tous globalement sous-payés, ennuyeux aux yeux de la plupart des gens (journaliste à La Montagne, bibliothécaire) et, malgré cela, quand même bouchés parce que ce sont des secteurs qui ont tendance à se rétracter économiquement.

Alors oui, on peut toujours espérer se faire engager au Figaro avec un petit master de lettres fièrement en poche, mais bonne chance.

La situation n'a rien à voir avec les sciences exactes où les débouchés alternatifs sont réels et lucratifs.

Dans notre gros lycée (plus de 150 professeurs), il manquait 3 professeurs nommés (sans compter les quelques emplois du temps sans nom). On a vécu des moments de gêne quand le proviseur annonce un nom et que personne ne se lève.

Dans ma discipline on est 4 (minimum) TZR suppléants dans une petite zone. Je suis le seul actuellement sur un remplacement, les trois autres font des corvées dans leur RAD, donc ici on est assez, a priori.
Après, c'est une discipline non déficitaire ; non seulement des contractuels ont été recrutés (comme partout), mais les deux dernières réformes ont amputé beaucoup d'heures en collège (suppression de nombreux demi-groupes au profit des groupes de besoin) ET lycée (suppression de la série S). Ça a causé des MCS et un effet domino.
J'avais lu quelque part à l'époque que le nombre de places aux concours avait été déterminé avant l'estimation de l'impact de la réforme, donc il y a peut-être un amortissement qui se déroule dans les disciplines en trop plein.

Fenrir a écrit:

Jacq a écrit:
Je me pose une question aussi, concernant l'histoire-géo et les lettres-histoire. Beaucoup passent ou passaient les deux concours à "mon époque". Avec la baisse des vocations et des candidats (lorsque je passais le CAPES d'histoire les candidats étaient bien plus nombreux) peut-être que le CAPES classique fait toujours le plein mais qu'en retour le PLP moins car un certain nombre de PLP étaient des personnes qui passaient le CAPES et qui étaient pris en PLP du fait de la sélection du CAPES. Ce n'est pas une affirmation mais une interrogation.

Je n'y avait pas pensé, mais c'est peut-être vrai, ça se faisait beaucoup en maths et en science "de mon temps" avec le fameux document à signer qui te demandait quel concours tu choisirais si tu était reçu aux deux.

Après, ce n'est peut être pas le recrutement via l'HG qui pêche  mais plutôt celui via les LM qui peinent déjà à faire le plein au CAPES

C'est vrai j'avais oublié cette histoire de signature! C'était le temps aussi où l'on pouvait se présenter à plusieurs concours, à l'écrit puis à l'oral, sans que les dates se télescopent.

On peut encore, en général. Et j'ai cru comprendre qu'entre concours du secondaire le choix entre les concours se faisait dans SIAL (là où on met les vœux pour les académies d'affectation).

Mathador a écrit:On peut encore, en général. Et j'ai cru comprendre qu'entre concours du secondaire le choix entre les concours se faisait dans SIAL (là où on met les vœux pour les académies d'affectation).

Il me semble que maintenant, pour l'oral en tout cas, les candidats admissibles au CAPES et au PLP externes doivent choisir car les oraux sont positionnés sur les mêmes jours. Mais je me trompe peut-être.

Selon l’enquête de rentrée du Snes-FSU parue ce vendredi 6 septembre, il manque en moyenne au moins un professeur dans 56% des collèges et des lycées  :
https://www.liberation.fr/societe/education/rentree-scolaire-plus-de-la-moitie-des-colleges-et-lycees-sont-concernes-par-le-manque-denseignants-20240906_WAPFI2NHVJBZNOSLNCDU52XJQ4/

zigmag17 a écrit:

Mathador a écrit:On peut encore, en général. Et j'ai cru comprendre qu'entre concours du secondaire le choix entre les concours se faisait dans SIAL (là où on met les vœux pour les académies d'affectation).

Il me semble que maintenant, pour l'oral en tout cas, les candidats admissibles au CAPES et au PLP externes  doivent choisir car les oraux sont positionnés sur les mêmes jours. Mais je me trompe peut-être.

Il y a plusieurs « vagues » de candidats pour les oraux, et on peut demander à changer de vague pour un motif légitime.