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- BaldredSage
@ombre a tout à fait raison, entre Boimare et Lector Lectrix. J'ajoute que le niveau d'un groupe faible est.... faible, c'est à dire sous les attendus, à des profondeurs variables. Il faut donc partir de très bas, proposer des échelons à leur portée.
Cela demande de s'affranchir de l'injonction contradictoire du "choc des savoirs" qui voudrait que finalement tous les élèves fassent la même progression sans autre recette que le nombre d'élèves par classe.
Proposer des situations de réussite est sans doute l'objectif principal.
Cela demande de s'affranchir de l'injonction contradictoire du "choc des savoirs" qui voudrait que finalement tous les élèves fassent la même progression sans autre recette que le nombre d'élèves par classe.
Proposer des situations de réussite est sans doute l'objectif principal.
- *Ombre*Grand sage
Nina, bien sûr que tu peux. Non seulement tu peux, mais nous pouvons partager ici ce qui marche. Moi aussi, parfois, cela me soulagera. Je ne prétends pas faire des miracles. Ce que je fais avec les élèves faibles, c'est du bricolage perpétuel. À force (presque 20 ans en REP, ça sert aussi à autre chose qu'à accumuler les rides), j'ai trouvé quelques trucs qui ont l'air de bien aider les élèves et que je conserve. Mais parfois, je galère, et je ne serais pas contre des conseils.
Par exemple, j'ai une élève qui ne comprend rien non seulement à ce qu'elle lit, mais même à ce qu'elle entend (récit audio ou texte lu par le professeur). Elle n'élabore aucune représentation mentale (coucou Goigoux ! coucou Baldred !). Je lui relis, je lui dis de fermer les yeux (mais ça la gêne)... Pour l'instant, c'est l'écran noir pour elle, et la panique devant le texte. Un des leviers que j'ai repérés, c'est de travailler sur des segments très courts (un groupe de phrases, pas plus). Ce matin, je lui ai demandé de se concentrer sur le début d'un des récits de la mythologie que nous venions de lire, et de dessiner les 3 personnages principaux. Panique : je sais pas dessiner... je sais pas à quoi ils ressemblent... Pas grave, que je lui dis, tu inventes, mais je veux que tu leur imagines une tête, pour pouvoir mieux imaginer ensuite ce qu'ils font. Elle est brave et mignonne, mon élève, elle a fait son dessin. Mais je suis peut-être totalement à côté de la plaque. Cela me laisse assez démunie, ces élèves qui ne voient rien du tout quand on leur lit un texte. Que faire, à part aller chez elle le soir lui lire des histoires encore et encore ?
Désolée, je me rends compte que je m'incruste ici pour des 6e alors que c'est un fil 5e, mais est-ce si différent avec un groupe faible ?
Par exemple, j'ai une élève qui ne comprend rien non seulement à ce qu'elle lit, mais même à ce qu'elle entend (récit audio ou texte lu par le professeur). Elle n'élabore aucune représentation mentale (coucou Goigoux ! coucou Baldred !). Je lui relis, je lui dis de fermer les yeux (mais ça la gêne)... Pour l'instant, c'est l'écran noir pour elle, et la panique devant le texte. Un des leviers que j'ai repérés, c'est de travailler sur des segments très courts (un groupe de phrases, pas plus). Ce matin, je lui ai demandé de se concentrer sur le début d'un des récits de la mythologie que nous venions de lire, et de dessiner les 3 personnages principaux. Panique : je sais pas dessiner... je sais pas à quoi ils ressemblent... Pas grave, que je lui dis, tu inventes, mais je veux que tu leur imagines une tête, pour pouvoir mieux imaginer ensuite ce qu'ils font. Elle est brave et mignonne, mon élève, elle a fait son dessin. Mais je suis peut-être totalement à côté de la plaque. Cela me laisse assez démunie, ces élèves qui ne voient rien du tout quand on leur lit un texte. Que faire, à part aller chez elle le soir lui lire des histoires encore et encore ?
Désolée, je me rends compte que je m'incruste ici pour des 6e alors que c'est un fil 5e, mais est-ce si différent avec un groupe faible ?
- CaroNiveau 10
6ème, 5ème... , cela n'a aucune importance finalement. Nous poursuivons tous / toutes le même objectif : essayer de faire progresser nos élèves comme nous pouvons. Parfois, je me sens vraiment démunie surtout quand tu essaies de faire comprendre aux collègues que tu ne pourras pas suivre la progression commune. Non, non, je n'ai pas de baguette magique !
- Melyne5Fidèle du forum
Où trouver des idées de livres pour petits lecteurs ? Je n’imaginais pas partir d’aussi bas et ai l’impression de devoir changer de métier ...c’est angoissant!
- BaldredSage
Melyne5 a écrit:Où trouver des idées de livres pour petits lecteurs ? Je n’imaginais pas partir d’aussi bas et ai l’impression de devoir changer de métier ...c’est angoissant!
Le livre n'est peut-être pas le meilleur support, Si le niveau est bas : raconter des histoires, privilégier les extraits qui prêtent à une réaction en classe. Un 5e en perdition m'a un jour terrassé avec son analyse de la mort de Gavroche.
- *Ombre*Grand sage
Je suis d'accord avec Baldred. Le problème des livres ciblés "petits lecteurs", c'est d'une part l'enfermement dans une langue pauvre, et d'autre part le manque d'épaisseur du texte, qui ne stimule guère la réflexion. Choisis de beaux passages accessibles d'oeuvres riches, qui vont parler à des élèves de cet âge. Quelques suggestions :
- des extraits des Misérables centrés sur Cosette, de sa situation déplorable jusqu'à son salut le jour de Noël, en passant par la poupée ;
- quelques extraits de Tom Sawyer (notamment le début, avec l'école buissonnière et les chicaneries entre frères, ou bien le passage où le professeur terrorise tout le monde pour découvrir qui a déchiré son livre, et où Tom finit par se dénoncer à la place de Becky) ;
- certains passages du Livre de la jungle qui interrogent beaucoup sur l'identité et le sentiment d'appartenance : Mowgli est-il un homme ou un enfant de loup ? Quand les loups le rejettent, sa place est-elle pour autant parmi les hommes ? Pourquoi ?
- des contes comme Les habits neufs de l'empereur ou la petite marchande d'allumettes, et la mise en scène de la misère ;
- dans le même ordre d'idées, des extraits d'Oliver Twist (chez Faggins ou quand Oliver veut échapper à ses bourreaux mais que la fille se fait passer pour sa soeur et ruine ses appels au secours) ou de Sans Famille (l'abandon, la mine), qui feront réagir...
- des extraits des Misérables centrés sur Cosette, de sa situation déplorable jusqu'à son salut le jour de Noël, en passant par la poupée ;
- quelques extraits de Tom Sawyer (notamment le début, avec l'école buissonnière et les chicaneries entre frères, ou bien le passage où le professeur terrorise tout le monde pour découvrir qui a déchiré son livre, et où Tom finit par se dénoncer à la place de Becky) ;
- certains passages du Livre de la jungle qui interrogent beaucoup sur l'identité et le sentiment d'appartenance : Mowgli est-il un homme ou un enfant de loup ? Quand les loups le rejettent, sa place est-elle pour autant parmi les hommes ? Pourquoi ?
- des contes comme Les habits neufs de l'empereur ou la petite marchande d'allumettes, et la mise en scène de la misère ;
- dans le même ordre d'idées, des extraits d'Oliver Twist (chez Faggins ou quand Oliver veut échapper à ses bourreaux mais que la fille se fait passer pour sa soeur et ruine ses appels au secours) ou de Sans Famille (l'abandon, la mine), qui feront réagir...
- BaldredSage
Notre meilleure arme, pour tout, est Hugo.
Ensuite, les anglo/américains : London/Kipling/Stevenson/Dickens/ Barrie.
Pas patrimonial ? sans blague...
Ensuite, les anglo/américains : London/Kipling/Stevenson/Dickens/ Barrie.
Pas patrimonial ? sans blague...
- *Ombre*Grand sage
Dans mes favoris : "Allez, les mioches, on rentre dehors !"
- Melyne5Fidèle du forum
Oui tous ces textes plaisent bien.Mais on n'envisage pas de leur faire lire un livre entier même en les accompagnant ? ou pas tout de suite...il va falloir expliquer car la comparaison entre les groupes a déjà commencé .
- AdrenFidèle du forum
Tu as regardé le catalogue de la collection "déclic" chez Belin ? On y trouve les classiques du programme dans une mise en page facile à lire.
- lulucastagnetteEmpereur
Adren a écrit:Tu as regardé le catalogue de la collection "déclic" chez Belin ? On y trouve les classiques du programme dans une mise en page facile à lire.
Tout à fait ! Nous avons acquis plusieurs séries de cette collection ces dernières années et elle plaît beaucoup (beaucoup d'illustrations, mise en page aérée...).
- Melyne5Fidèle du forum
Merci pour la suggestion, j'ai dû en avoir en spécimen sans m'y intéresser vraiment.lulucastagnette a écrit:Adren a écrit:Tu as regardé le catalogue de la collection "déclic" chez Belin ? On y trouve les classiques du programme dans une mise en page facile à lire.
Tout à fait ! Nous avons acquis plusieurs séries de cette collection ces dernières années et elle plaît beaucoup (beaucoup d'illustrations, mise en page aérée...).
- RêveuseNiveau 4
*Ombre* a écrit:Nina, bien sûr que tu peux. Non seulement tu peux, mais nous pouvons partager ici ce qui marche. Moi aussi, parfois, cela me soulagera. Je ne prétends pas faire des miracles. Ce que je fais avec les élèves faibles, c'est du bricolage perpétuel. À force (presque 20 ans en REP, ça sert aussi à autre chose qu'à accumuler les rides), j'ai trouvé quelques trucs qui ont l'air de bien aider les élèves et que je conserve. Mais parfois, je galère, et je ne serais pas contre des conseils.
Par exemple, j'ai une élève qui ne comprend rien non seulement à ce qu'elle lit, mais même à ce qu'elle entend (récit audio ou texte lu par le professeur). Elle n'élabore aucune représentation mentale (coucou Goigoux ! coucou Baldred !). Je lui relis, je lui dis de fermer les yeux (mais ça la gêne)... Pour l'instant, c'est l'écran noir pour elle, et la panique devant le texte. Un des leviers que j'ai repérés, c'est de travailler sur des segments très courts (un groupe de phrases, pas plus). Ce matin, je lui ai demandé de se concentrer sur le début d'un des récits de la mythologie que nous venions de lire, et de dessiner les 3 personnages principaux. Panique : je sais pas dessiner... je sais pas à quoi ils ressemblent... Pas grave, que je lui dis, tu inventes, mais je veux que tu leur imagines une tête, pour pouvoir mieux imaginer ensuite ce qu'ils font. Elle est brave et mignonne, mon élève, elle a fait son dessin. Mais je suis peut-être totalement à côté de la plaque. Cela me laisse assez démunie, ces élèves qui ne voient rien du tout quand on leur lit un texte. Que faire, à part aller chez elle le soir lui lire des histoires encore et encore ?
Désolée, je me rends compte que je m'incruste ici pour des 6e alors que c'est un fil 5e, mais est-ce si différent avec un groupe faible ?
J'ai, il y a quelques semaines, lu des articles sur l'aphantasie. Se pourrait il que ton élève souffre de cette incapacité ? Ce que tu decris fait pensé à ce qu'explique les gens qui en sont atteints.
- *Hildegarde*Niveau 9
Rêveuse a écrit:*Ombre* a écrit:Nina, bien sûr que tu peux. Non seulement tu peux, mais nous pouvons partager ici ce qui marche. Moi aussi, parfois, cela me soulagera. Je ne prétends pas faire des miracles. Ce que je fais avec les élèves faibles, c'est du bricolage perpétuel. À force (presque 20 ans en REP, ça sert aussi à autre chose qu'à accumuler les rides), j'ai trouvé quelques trucs qui ont l'air de bien aider les élèves et que je conserve. Mais parfois, je galère, et je ne serais pas contre des conseils.
Par exemple, j'ai une élève qui ne comprend rien non seulement à ce qu'elle lit, mais même à ce qu'elle entend (récit audio ou texte lu par le professeur). Elle n'élabore aucune représentation mentale (coucou Goigoux ! coucou Baldred !). Je lui relis, je lui dis de fermer les yeux (mais ça la gêne)... Pour l'instant, c'est l'écran noir pour elle, et la panique devant le texte. Un des leviers que j'ai repérés, c'est de travailler sur des segments très courts (un groupe de phrases, pas plus). Ce matin, je lui ai demandé de se concentrer sur le début d'un des récits de la mythologie que nous venions de lire, et de dessiner les 3 personnages principaux. Panique : je sais pas dessiner... je sais pas à quoi ils ressemblent... Pas grave, que je lui dis, tu inventes, mais je veux que tu leur imagines une tête, pour pouvoir mieux imaginer ensuite ce qu'ils font. Elle est brave et mignonne, mon élève, elle a fait son dessin. Mais je suis peut-être totalement à côté de la plaque. Cela me laisse assez démunie, ces élèves qui ne voient rien du tout quand on leur lit un texte. Que faire, à part aller chez elle le soir lui lire des histoires encore et encore ?
Désolée, je me rends compte que je m'incruste ici pour des 6e alors que c'est un fil 5e, mais est-ce si différent avec un groupe faible ?
J'ai, il y a quelques semaines, lu des articles sur l'aphantasie. Se pourrait il que ton élève souffre de cette incapacité ? Ce que tu decris fait pensé à ce qu'explique les gens qui en sont atteints.
J'allais écrire la même chose. Mon petit frère est aphantasique. Il m'a notamment expliqué qu'il n'a jamais compris, ou du moins, perçu, l'intérêt de la lecture de textes de fiction, puisque ça ne provoquait chez lui aucune image, aucune émotion. Quand il est face à un film, une image "toute faite", pas de souci, il réagit. Il est tout bonnement incapable de visualiser, de créer mentalment quelque chose à partir de simples mots.
Il conçoit intellectuellement les choses, dans l'abstraction, mais ne leur donne pas corps, matière, par son imagination. Il m'a dit qu'il ne comprenait absolument pas ce que nous autres dans la fratrie éprouvions par nos lectures, et qu'il n'avait même pas osé en parler durant son enfance et sa jeunesse... Il se sentait anormal par rapport à nous, qui dévorions des livres de science fiction, de fantasy... Il n'a compris sa particularité qu'il y a quelques années.
- *Ombre*Grand sage
Je serais bien incapable de déclarer une telle chose du haut de mes maigres compétences. Comment fait-on la différence entre un enfant aphantasique (terme que vous m'apprenez) et un de ces innombrables enfants qui ne passent pas encore pas la représentation mentale en entrant au collège, mais qui y parviennent à force d'à force ?
Par ailleurs, ne pas comprendre l'intérêt de la fiction, c'est une chose, mais ton frère, Hildegarde (coucou !) comprenait-il la fiction elle-même, à défaut de son intérêt ? J'ai quelques élèves qui ne comprennent pas le premier mot de l'histoire, n'identifient même pas les personnages principaux. Dans une version très simple de mythes grecs (version de Mireille Szac), ils sont perdus dès la troisième ligne et de comprennent pas du tout du quoi on parle. Pourtant, nous avons posé le contexte, fait une fiche avec les principaux dieux, commencé par des textes audio...
Par ailleurs, ne pas comprendre l'intérêt de la fiction, c'est une chose, mais ton frère, Hildegarde (coucou !) comprenait-il la fiction elle-même, à défaut de son intérêt ? J'ai quelques élèves qui ne comprennent pas le premier mot de l'histoire, n'identifient même pas les personnages principaux. Dans une version très simple de mythes grecs (version de Mireille Szac), ils sont perdus dès la troisième ligne et de comprennent pas du tout du quoi on parle. Pourtant, nous avons posé le contexte, fait une fiche avec les principaux dieux, commencé par des textes audio...
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