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- MyrrhaNiveau 9
Je dirais que ça fait partie da la découverte du métier de se rendre compte que les collégiens/lycéens n'ont pas choisi d'être là, ne sont pas passionnés par notre matière, et ne débordent pas d'enthousiasme. On ne peut pas faire cours qu'à de bons élèves, cultivés, studieux... qui d'ailleurs sont ceux qui ont le moins besoin de nous !
J'avoue que l'expression "la flemme des ados incultes" m'a un peu tendue mais en même temps c'est une frustration qu'on a tous pu ressentir je pense
C'est sûr qu'on arrive généralement avec l'envie de transmettre notre passion, et que le fait de se retrouver face à des ados qui n'ont aucune envie d'être là peut faire déchanter. Généralement on se rend compte en même temps que ces ados ont aussi quelques qualités et parfois on se dit qu'on a réussi à les intéresser pendant un court moment !
Je n'ai enseigné qu'au collège, je veux bien croire que les lycéens soient plus blasés que les collégiens, et que les exercices type bac ne les passionnent pas ! Cependant, je trouve que dans notre matière, on a plutôt de la chance. L'étude des textes permet souvent de faire naître des discussions intéressantes.
En revanche, je ne pense que le fait que tu sois dans le 93 soit le problème ! Je pense que c'est plutôt le lycée par rapport au collège.
J'avoue que l'expression "la flemme des ados incultes" m'a un peu tendue mais en même temps c'est une frustration qu'on a tous pu ressentir je pense
C'est sûr qu'on arrive généralement avec l'envie de transmettre notre passion, et que le fait de se retrouver face à des ados qui n'ont aucune envie d'être là peut faire déchanter. Généralement on se rend compte en même temps que ces ados ont aussi quelques qualités et parfois on se dit qu'on a réussi à les intéresser pendant un court moment !
Je n'ai enseigné qu'au collège, je veux bien croire que les lycéens soient plus blasés que les collégiens, et que les exercices type bac ne les passionnent pas ! Cependant, je trouve que dans notre matière, on a plutôt de la chance. L'étude des textes permet souvent de faire naître des discussions intéressantes.
En revanche, je ne pense que le fait que tu sois dans le 93 soit le problème ! Je pense que c'est plutôt le lycée par rapport au collège.
- Marcelle DuchampExpert spécialisé
J'ai eu cette discussion la semaine dernière avec des étudiants en master MEEF à propos d'un cours que je leur projetais. C'était un de mes 1ers cours et je leur ai expliqué comment au fur et à mesure du temps, je l'avais fait évoluer afin qu'il soit stimulant et adapté à des élèves souffrant de TSLA (mon intitulé de cours à la fac).
Je leur expliquais que quand je faisais ce cours au début de ma carrière, je le croyais bien conçu et qu'en réalité, il devait être très rébarbatif. Car pas adapté à ce niveau de classe et au niveau scolaire des élèves.
Je ne dis pas que tes cours sont inintéressants mais juste que des fois, on croit qu'on tient un bon cours mais que la réalité du terrain nous rattrape car en face de soi, on a des élèves qui ne ressemblent pas aux attentes de Eduscol.
Il faut composer avec le public qu'on a face à soi.
Je leur expliquais que quand je faisais ce cours au début de ma carrière, je le croyais bien conçu et qu'en réalité, il devait être très rébarbatif. Car pas adapté à ce niveau de classe et au niveau scolaire des élèves.
Je ne dis pas que tes cours sont inintéressants mais juste que des fois, on croit qu'on tient un bon cours mais que la réalité du terrain nous rattrape car en face de soi, on a des élèves qui ne ressemblent pas aux attentes de Eduscol.
Il faut composer avec le public qu'on a face à soi.
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Je m’excuse par avance des fautes d’accord, de grammaire, de syntaxe et de conjugaison que je peux laisser passer dans mes écrits. Je suis aphasique suite à un AVC et je réapprends à écrire depuis presque 5 ans. J'ai un grand problème avec le subjonctif et le genre des mots!
- pseudo-intelloSage
En te lisant, plusieurs hypothèses me viennent.
- ta place est peut-être au collège. J'ai bien aimé le lycée en tant qu'élève et les cours que j'y ai reçus, mais personnellement, comme toi, l'idée d'enseigner des exercices de bac dont les élèves ne possèdent pas les pré-requis e semble une impasse. Certains collègues le font très bien, et je connais des enseignants de lycée qui ne ne voudraient du collège pour rien au monde, mais voilà, dans le métier, certaines contraintes nous semblent surmontables et d'autres nous paraissent de véritables murs, nous sommes (heureusement tous différents), c'est ainsi. La bonne nouvelle, c’est que les places au collège sont moins chères à obtenir
- tu n'as pas anticipé que de bons collégiens étaient "meilleurs" que des lycéens faibles (ou venant de milieux peu porteurs culturellement). Ben, maintenant, tu sais.
- à l'INSPE, la majorité des formateurs ont des classes modèles. Quand j'étais stagiaires, le formateur de ma matière qui enseignait dans le même établissement (de centre ville) que moi n'y avait plus que deux classes : les 2nde européenne, et le grec en Tale. Il a donné, malgré lui, de mauvais conseil à sa stagiaire, qui elle, avait une classe de vraiment moins bon niveau, en lui disant que telle œuvre plairait aux élèves, par exemple, alors que non. Moi, j'avais l'autre conseiller pédagogique, celui qui n'était pas formateur INSPE, et franchement, j’ai été bien mieux lotie. Là, c'est le métier qui entre. Si tu es en bons termes avec les autres enseignants de lettres, n'hésite pas à leur demander des conseils. Quand je retombe sur les cours de mes premières années, je les trouve super bien foutus. Vraiment. Et puis, je me rappelle qu'ils ne fonctionnaient pas si bien que ça ; au lycée (de centre ville), en stage, si, mais au collège, ensuite, non.
- oui, le métier est difficile, bourré d'injonctions qui ne tiennent pas debout, en surévaluant énormément les pré-requis de la grande majorité des élèves. Deux causes à cela :1- ils sont souvent assez mal fichus, en effet, 2- on est dans l'éducation nationale, le programme national est censé valoir pour tout le onde, d'Argenteuil à Neuilly, en passant par la campagne profonde, des élèves qui n'ont rien en commune, sauf de passer leurs journées sur les bancs d'école. A nous de faire avec, et c'est vrai que ce n’est pas évident.
- ta place est peut-être au collège. J'ai bien aimé le lycée en tant qu'élève et les cours que j'y ai reçus, mais personnellement, comme toi, l'idée d'enseigner des exercices de bac dont les élèves ne possèdent pas les pré-requis e semble une impasse. Certains collègues le font très bien, et je connais des enseignants de lycée qui ne ne voudraient du collège pour rien au monde, mais voilà, dans le métier, certaines contraintes nous semblent surmontables et d'autres nous paraissent de véritables murs, nous sommes (heureusement tous différents), c'est ainsi. La bonne nouvelle, c’est que les places au collège sont moins chères à obtenir
- tu n'as pas anticipé que de bons collégiens étaient "meilleurs" que des lycéens faibles (ou venant de milieux peu porteurs culturellement). Ben, maintenant, tu sais.
- à l'INSPE, la majorité des formateurs ont des classes modèles. Quand j'étais stagiaires, le formateur de ma matière qui enseignait dans le même établissement (de centre ville) que moi n'y avait plus que deux classes : les 2nde européenne, et le grec en Tale. Il a donné, malgré lui, de mauvais conseil à sa stagiaire, qui elle, avait une classe de vraiment moins bon niveau, en lui disant que telle œuvre plairait aux élèves, par exemple, alors que non. Moi, j'avais l'autre conseiller pédagogique, celui qui n'était pas formateur INSPE, et franchement, j’ai été bien mieux lotie. Là, c'est le métier qui entre. Si tu es en bons termes avec les autres enseignants de lettres, n'hésite pas à leur demander des conseils. Quand je retombe sur les cours de mes premières années, je les trouve super bien foutus. Vraiment. Et puis, je me rappelle qu'ils ne fonctionnaient pas si bien que ça ; au lycée (de centre ville), en stage, si, mais au collège, ensuite, non.
- oui, le métier est difficile, bourré d'injonctions qui ne tiennent pas debout, en surévaluant énormément les pré-requis de la grande majorité des élèves. Deux causes à cela :1- ils sont souvent assez mal fichus, en effet, 2- on est dans l'éducation nationale, le programme national est censé valoir pour tout le onde, d'Argenteuil à Neuilly, en passant par la campagne profonde, des élèves qui n'ont rien en commune, sauf de passer leurs journées sur les bancs d'école. A nous de faire avec, et c'est vrai que ce n’est pas évident.
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- JacqGuide spirituel
Je suggère de tester avec les élèves les gaz hilarants, puis de leur jeter des bombes à eau avec de la farine et de terminer en apothéose avec quelques bombes puantes pour évacuer la salle rapidement en fin de "séance". Ce sont des pratiques qui se perdent malheureusement alors qu'elles mettaient un peu d'ambiance.
- pseudo-intelloSage
Bon, les latinistes brillants, tu n'es pas près d'en retrouver, tout court.
Les miens m'arrivent toujours en 5e en sachant à peine identifier le sujet du verbe dans une phrase courte, et ne reconnaissent pas les compléments les plus simple. Donc je passe un temps incroyable à leur apprendre les fonctions. En termes de langue, on fait plus de français que de latin. Quand je les retrouve en cours de français en 4e, je vois qu'ils ont de l'avance sur le reste de la classe. Mais si j'avais fait du latin comme ce que j'ai connu élève dans les années 90 avec un enseignant vieille école proche de la retraite, ça ne servirait à rien. C'est malheureuses, parce que c'est ce qui m'a formée, mais bon, mon professeur de latin n'a pas eu à nous enseigner les fonctions et la grammaire française, lui, sauf quelques subordonnées (qu'on a tout de même vues pas la suite en français) et des compléments circonstanciels rares, donc on peut le déplorer, mais on ne fait pas le même métier.
Les miens m'arrivent toujours en 5e en sachant à peine identifier le sujet du verbe dans une phrase courte, et ne reconnaissent pas les compléments les plus simple. Donc je passe un temps incroyable à leur apprendre les fonctions. En termes de langue, on fait plus de français que de latin. Quand je les retrouve en cours de français en 4e, je vois qu'ils ont de l'avance sur le reste de la classe. Mais si j'avais fait du latin comme ce que j'ai connu élève dans les années 90 avec un enseignant vieille école proche de la retraite, ça ne servirait à rien. C'est malheureuses, parce que c'est ce qui m'a formée, mais bon, mon professeur de latin n'a pas eu à nous enseigner les fonctions et la grammaire française, lui, sauf quelques subordonnées (qu'on a tout de même vues pas la suite en français) et des compléments circonstanciels rares, donc on peut le déplorer, mais on ne fait pas le même métier.
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- profdoctoujoursNiveau 6
Il est en effet possible que le collège te corresponde plus, surtout si une part de ce qui t'ennuie sont les exercices types bac. De ce que j'ai pu observer (de l'extérieur certes mais aussi en faisant des projets avec les profs de français) c'est que les cours du collège et du lycée sont très différents, et qu'on est limité par les exercices type bac au lycée. Si tu crains pour les collèges de l'académie de Créteil, je pense que ce sera malgré tout moins frustrant pour toi : tu attends sans doute moins de bagage littéraire d'un 6e que d'un 2nde, l'écart entre ce que tu attends et ce qu'ils savent sera donc moins grand.
Pour ce qui est d'acheter des livres, tu as toujours la possibilité de faire acheter des livres par l'établissement. Bon, c'est plus facile en première je pense car les profs sont plusieurs à faire les mêmes œuvres sur plusieurs années, mais ça se tente, au moins sur quelques exemplaires. Peut-être y a-t-il un budget pour les lettres (normalement il me semble qu'il ne doit plus y avoir de budget par matière et juste un budget global, mais bon...).
Si c'est une œuvre comme Horace, tu peux toujours leur dire d'aller sur wiki source : ils n'auront pas le livre avec eux en cours mais ils pourront le lire à la maison (sur les écrans certes mais c'est mieux que rien). Pour les plus récalcitrants, les livres existent même en audio. Sauf pour les livres contemporains, l'excuse "faut payer" n'a plus lieu d'être.
Tout ce qui est ludique plaît bien, ça permet aux élèves de s'y mettre, mais il faut faire un travail derrière pour leur faire prendre conscience des acquis, sinon c'est ils retiennent juste "c'était fun". Du coup, ça prend du temps... Partir de ce qu'il connaisse fonctionne aussi pour les accrocher.
Ensuite je pense en effet que c'est aussi le métier qui rentre. Avec le temps, tu apprendras sans doute à t'adapter au public. Il est toujours compliqué de réaliser que ce n'est pas ce qu'on attendait. Courage à toi.
Pour ce qui est d'acheter des livres, tu as toujours la possibilité de faire acheter des livres par l'établissement. Bon, c'est plus facile en première je pense car les profs sont plusieurs à faire les mêmes œuvres sur plusieurs années, mais ça se tente, au moins sur quelques exemplaires. Peut-être y a-t-il un budget pour les lettres (normalement il me semble qu'il ne doit plus y avoir de budget par matière et juste un budget global, mais bon...).
Si c'est une œuvre comme Horace, tu peux toujours leur dire d'aller sur wiki source : ils n'auront pas le livre avec eux en cours mais ils pourront le lire à la maison (sur les écrans certes mais c'est mieux que rien). Pour les plus récalcitrants, les livres existent même en audio. Sauf pour les livres contemporains, l'excuse "faut payer" n'a plus lieu d'être.
Tout ce qui est ludique plaît bien, ça permet aux élèves de s'y mettre, mais il faut faire un travail derrière pour leur faire prendre conscience des acquis, sinon c'est ils retiennent juste "c'était fun". Du coup, ça prend du temps... Partir de ce qu'il connaisse fonctionne aussi pour les accrocher.
Ensuite je pense en effet que c'est aussi le métier qui rentre. Avec le temps, tu apprendras sans doute à t'adapter au public. Il est toujours compliqué de réaliser que ce n'est pas ce qu'on attendait. Courage à toi.
- roxanneOracle
C'est vrai que le programme de Première est très contraint. Après, il y a des classes plus ou moins actives. Je m'ennuie un peu cette année car ma Première est très polie, mais peu participative. Mais, les autres années, avec les mêmes cours, c'était plus vivant. Bon, ça c'est une alchimie qui prend ou pas. En seconde, on peut faire des choses un peu différents, par exemple, là je vais monter avec eux le procès de Thérèse Raquin, on participe à Jeunes en librairie où on reçoit des auteurs, éditeurs, graveurs.
- JacqGuide spirituel
rhianos-cretensis a écrit:Merci pour vos réponses !
[...]
Et merci Jacq pour ton conseil ! Je vais demander à Gad Elmaleh s'il ne lui reste pas un peu de gaz hilarant. (Nul besoin de bombes puantes, avec 30 élèves dans une petite salle, il y en aura forcément un pour péter...)
Je savais que mon message apporterait quelques éléments très constructifs pour toi.
- JennyMédiateur
Il ne faut t'attendre à retrouver tes conditions de stage avant longtemps, à moins d'être TZR. Dans ce cas ponctuellement, tu pourrais remplacer dans un très bon établissement.
Il faut t'adapter aux élèves, enseigner, ce n'est pas qu'enseigner à de très bons élèves. Bon courage, au début, c'est compliqué (Créteil ou non d'ailleurs, il y a des établissements difficiles ou avec un public faible partout).
Il faut t'adapter aux élèves, enseigner, ce n'est pas qu'enseigner à de très bons élèves. Bon courage, au début, c'est compliqué (Créteil ou non d'ailleurs, il y a des établissements difficiles ou avec un public faible partout).
- A reboursEsprit éclairé
En dépit de tes "performances exceptionnelles en traduction latine et grecque", tu découvres que, effectivement, bon nombre d'élèves n'ont pas de "référence littéraire ni culturelle, ni historique" (franchement, ne le savais-tu pas ?). Évidemment, tu es là pour les leur fournir car le collège, aussi variés que soient ses programmes, n'a pas pour objectif d'arriver à fixer ad vitam æternam des jalons parfois difficiles à poser.
Enseigner en collège et lycée n'est pas tenir des conférences à un public éclairé sur des sujets qui nous passionnent.
Et finalement, si moi aussi j'ai tiqué à la lecture de tes propos sur les adolescents, c'est davantage l'intitulé du fil de discussion qui me dérange : tu dis t'ennuyer dans tes cours. Et tu cherches des solutions pour que ce soit amusant. C'est étonnant, cette approche du métier.
Je suis certainement un peu sèche, et je ne détiens pas les clés de l'enseignement, mais essaie peut-être d'avoir une autre approche du métier, au-delà de l'aspect maître / disciple. Il est certes désolant que des élèves ne s'intéressent pas aux cours, mais ils sont un peu comme des coquilles à remplir, des êtres auxquels apprendre à penser en leur donnant les moyens qu'ils n'ont pas encore. Et surtout, essaie de t'intéresser à ce que tu fais, parce que, personnellement, j'ai toujours trouvé que mes cours étaient très mauvais quand "je n'y étais pas". Plus je vis le cours, plus les élèves (pas tous, hein) s'y intéressent.
Bon courage.
Enseigner en collège et lycée n'est pas tenir des conférences à un public éclairé sur des sujets qui nous passionnent.
Et finalement, si moi aussi j'ai tiqué à la lecture de tes propos sur les adolescents, c'est davantage l'intitulé du fil de discussion qui me dérange : tu dis t'ennuyer dans tes cours. Et tu cherches des solutions pour que ce soit amusant. C'est étonnant, cette approche du métier.
Je suis certainement un peu sèche, et je ne détiens pas les clés de l'enseignement, mais essaie peut-être d'avoir une autre approche du métier, au-delà de l'aspect maître / disciple. Il est certes désolant que des élèves ne s'intéressent pas aux cours, mais ils sont un peu comme des coquilles à remplir, des êtres auxquels apprendre à penser en leur donnant les moyens qu'ils n'ont pas encore. Et surtout, essaie de t'intéresser à ce que tu fais, parce que, personnellement, j'ai toujours trouvé que mes cours étaient très mauvais quand "je n'y étais pas". Plus je vis le cours, plus les élèves (pas tous, hein) s'y intéressent.
Bon courage.
- GanbatteHabitué du forum
J'ai bien peur que ton approche globale ne soit à repenser.
Tu parles par exemple de choix pédagogiques basés sur tes préférences (la dissertation plutôt que le commentaire). Je ne sais pas grand chose de la didactique du français, mais une chose est sûre, c'est que tu dois partir non pas de tes goûts, mais des besoins des élèves. Une séance qui marche, où les élèves s'impliquent, c'est une séance qui leur correspond, quels qu'ils soient.
Je crois que la satisfaction que tu devrais rechercher, c'est de voir les élèves progresser, et non pas te surprendre ou te ravir par la finesse de réflexions partagées. S'il n'y en a que 7 sur 90 qui goûtent tes traits d'esprit, c'est que, quelque part, tu ne leur parles pas à eux, mais à ceux que tu voudrais qu'ils soient : et ça, c'est une impasse.
Tu parles par exemple de choix pédagogiques basés sur tes préférences (la dissertation plutôt que le commentaire). Je ne sais pas grand chose de la didactique du français, mais une chose est sûre, c'est que tu dois partir non pas de tes goûts, mais des besoins des élèves. Une séance qui marche, où les élèves s'impliquent, c'est une séance qui leur correspond, quels qu'ils soient.
Je crois que la satisfaction que tu devrais rechercher, c'est de voir les élèves progresser, et non pas te surprendre ou te ravir par la finesse de réflexions partagées. S'il n'y en a que 7 sur 90 qui goûtent tes traits d'esprit, c'est que, quelque part, tu ne leur parles pas à eux, mais à ceux que tu voudrais qu'ils soient : et ça, c'est une impasse.
- LadyOlennaModérateur
Je partage assez l'analyse de @A rebours et de @Ganbatte, d'autant que ce passage me fait tiquer.rhianos-cretensis a écrit:Mais bon, même si c'est tentant, je sais que ce n'est pas normal de faire cours seulement pour les bons élèves (même si souvent je me dis qu'ils sont les seuls à le mériter).
Si tu penses que certains élèves ne "méritent" pas tes cours, effectivement ça va être compliqué.
- JennyMédiateur
LadyOlenna a écrit:
Si tu penses que certains élèves ne "méritent" pas tes cours, effectivement ça va être compliqué.
Voilà... Tu sembles aussi penser que les élèves de Créteil sont forcément différents des autres et que tu ne peux pas faire cours avec plaisir avec eux. C'est le genre de choses qu'un public difficile perçoit vite. On ne fait pas cours pour 5 élèves, mais pour l'ensemble d'une classe.
Il faut y aller sans a priori, et parfois même avec un public faible / difficile, on prend beaucoup de plaisir à enseigner et on peut même arriver à faire de belles choses.
- JennyMédiateur
Je ne suis pas dans la même matière que toi, mais avec les années, on prend de la distance, on progresse. J’aime transmettre ma matière, j’aime voir mes élèves progresser, j’aime le contact avec les (grands) ados / jeunes adultes, je fais des projets qui me plaisent (pas taper, merci). Les mauvaises journées, je les oublie plus vite qu’en début de carrière, c’est sûr. En début de carrière, c’était rude, mais il y a eu un déclic à un moment et paradoxalement, le passage en REP m’a beaucoup aidée. J’ai appris beaucoup et gagné une vraie confiance en moi à ce moment là.
Ne pas avoir d’a priori, c’est un vrai conseil (et parfois tu auras de vraies belles surprises).
Ne pas avoir d’a priori, c’est un vrai conseil (et parfois tu auras de vraies belles surprises).
- GanbatteHabitué du forum
C'est aussi une des composantes du problème : le mépris que tu sembles avoir pour tes élèves. Je veux bien croire que tu n'es pas le pire des cuistres élitistes, mais si c'est l'impression que tu donnes ici, alors qu'on est à l'écrit, avec un public a priori complaisant, que peuvent-ils ressentir ? Car si obtus puissent-ils être, ne doute pas qu'ils perçoivent beaucoup plus de choses que tu n'imagines.
Le seul conseil pédagogique que je peux te donner, c'est celui que je donne à tous les débutants : ne considère pas ce que tu dis, ce que tu enseignes, mais ce qu'ils entendent, ce qu'ils apprennent, toute séance doit reposer sur des objectifs qui peuvent être formulés en "je veux qu'ils sachent [faire] ça qu'ils ne savaient pas [faire] avant."
Oui ça a l'air un peu idiot énoncé comme ça, mais quand je demande à des enseignants débutants sur quoi ils ont travaillé, ils sont intarissables, mais quand je poursuis "et que doivent en retenir les élèves ?", c'est nettement moins clair.
EDIT : et pour compléter ce que dit Jenny, même avec des années de carrière, de recul, de progrès, d'efficacité pédagogique, il y aura toujours quelques mauvaises journées, où tu te diras "là, manifestement, ils ne vont rien en retenir."
Mais ça passera beaucoup mieux si tu gardes à l'esprit que ce qu'il se passe en classe, ce n'est pas pour toi mais pour eux.
Le seul conseil pédagogique que je peux te donner, c'est celui que je donne à tous les débutants : ne considère pas ce que tu dis, ce que tu enseignes, mais ce qu'ils entendent, ce qu'ils apprennent, toute séance doit reposer sur des objectifs qui peuvent être formulés en "je veux qu'ils sachent [faire] ça qu'ils ne savaient pas [faire] avant."
Oui ça a l'air un peu idiot énoncé comme ça, mais quand je demande à des enseignants débutants sur quoi ils ont travaillé, ils sont intarissables, mais quand je poursuis "et que doivent en retenir les élèves ?", c'est nettement moins clair.
EDIT : et pour compléter ce que dit Jenny, même avec des années de carrière, de recul, de progrès, d'efficacité pédagogique, il y aura toujours quelques mauvaises journées, où tu te diras "là, manifestement, ils ne vont rien en retenir."
Mais ça passera beaucoup mieux si tu gardes à l'esprit que ce qu'il se passe en classe, ce n'est pas pour toi mais pour eux.
- AscagneGrand sage
Si on peut inclure nos goûts d'enseignant dans l'affaire, c'est en ce qui concerne le choix des œuvres et des extraits (ou choses de ce genre, en seconde notamment vu qu'en première la marge est plus réduite) ; en revanche, pour les exercices, attention, il faut suivre ce qui est demandé et être cohérent en termes de progression pédagogique. Aborder la dissertation sur œuvre en premier, je ne l'ai pas encore vu chez des collègues que je côtoie, à plus forte raison face aux publics généralement plus faibles qu'on a en banlieue en Île-de-France.rhiannos-cretensis a écrit:J'essaie de les préparer aux exercices du bac (je n'ai pratiquement que des 2deGT), mais c'est laborieux et extrêmement ennuyeux. Parler de trouver une problématique à des élèves qui n'ont aucune notion d'histoire littéraire me semble absurde, et je n'aime pas l'exercice du commentaire (j'ai toujours préféré la dissertation).
L'inverse existe aussi, je crois qu'il est utile de le préciser.Jenny a écrit:Il faut y aller sans a priori, et parfois même avec un public faible / difficile, on prend beaucoup de plaisir à enseigner et on peut même arriver à faire de belles choses.
Je pense que ça fonctionne quand on a, dans une certaine mesure, une fibre voire une flamme pédagogique de façon générale, que je n'identifierais pas au simple goût de la transmission (qui peut dériver presque intégralement de la passion pour sa ou ses discipline(s), ce qui est différent). J'ai l'impression que faire face à des classes plus compliquées, ne serait-ce qu'au niveau purement disciplinaire (lacunes, niveau faible), permet de savoir où on se situe de ce côté-là. Je n'invite pas à apporter à cette question de façon précoce une réponse définitive, même si, à 34 ans au cours de ma cinquième année d'enseignement au lycée, je n'ai pas plus évolué sur ce point qu'à 28 quand j'ai eu ma première affectation dans le secondaire (le caractère apocalyptique de cette première affectation pouvait cependant donner une fausse impression sur certains points, sans doute). Mais @rhianos-cretensis peut éventuellement y réfléchir.
J'ai peu d'occasions d'avoir du plaisir à enseigner dans le secondaire (inversement, j'ai pu terriblement souffrir à cause de ce travail). À la rigueur, j'ai eu en cinq ans deux groupes de LCA où ça se passait bien, une classe de seconde assez exceptionnelle (pour un lycée comme le mien) où des séances étaient intéressantes dans cette perspective-là. Il faut rappeler qu'enseigner est un travail, qui est généralement ingrat, mais peut aussi devenir particulièrement pénible voire clairement épouvantable (classes difficiles, sentiment perpétuel d'inadéquation au métier etc.).rhianos-cretensis a écrit:- Comment faites vous pour, à côté de ça, quand même prendre du plaisir à enseigner, et ne pas vous ennuyer dans vos cours ?
Concernant l'ennui, sous un certain angle, c'est un non-sujet : il est logique de "s'ennuyer" en faisant pour la ixième fois tel texte, en répétant telle définition, en faisant passer à la chaîne des oraux blancs... Le tout, c'est de ne pas laisser cela transparaître. On s'ennuie sans doute bien davantage dans d'autres professions ! Je pense en revanche que considérer les autres sources de frustrations est plus pertinent. Nous ne sommes pas toutes et tous faits pour exercer ce métier, face à des publics qui peuvent être de plus en plus difficiles dans un contexte qui, ma foi, se dégrade pas mal. Je crois qu'il faut aussi lire des propos de débutant comme "ils ne me méritent pas" en ayant cela en tête.
- pseudo-intelloSage
Je ne suis personnellement pas choquée par les propos de Rhianos dans la mesure où je les impute au découragement du débutant. Certains d'entre nous entrent encore dans l'EN avec des illusions, et comme Rhianos Cretensis a eu une année de stage fort agréable qui les a nourries, le moment de la confrontation avec le monde réel est rude, et c'et vrai que dans la mesure où les programme, et certains IPR, surestime les pré-requis culturels et méthodologiques des élèves, essayer de repplis leurs exigences avec les élèves qu'on a effectivement en face de nous nécessite des cercles carrés.
Donc oui, RC peste sur le manque de pré-requis de ses élèves, aprce que ça l’empêche de suivre la feuille de route officielle.
Bon, une fois qu'on s'est résignés à la non-existence des cercles carrés, on se dit "OK, je dois faire du latin et des déclinaisons avec des élèves qui ne reconnaissent pas les COD et mettront cent itérations d'exercices à reconnaître un attribut du sujet, alors on va déjà leur apprendre les fonctions en français, et on ira jusqu'où on ira, c'est à dire jamais au bout du programme mais ils auront appris des choses de manière un peu solide et c’est ça de pris.
(et là, tu te fais incendier par ton IPR parce que les élèves n'ont pas construit la trace écrite du cours tout seul sur leur classeur comme des grands, alors que, comment dire madame IPR, leur niveau était déjà faible, et là, ils viennent de passer 6 mois de confinement à la maison, où la majeure aprtie d'entre eux n'a pas fait grand chose, donc non, rédiger le paragraphe tout seuls, c'est pas possible).
Personnellement, c'est une des nombreuses raisons qui me maintiennent au collège : le gouffre entre les pré-requis et le niveau réel des élèves y est déjà béant, alors qu lycée, je n'ai pas envie de m'y frotter. J'aime bien le collège, en tout cas quand, comme cette année, je n'ai pas de classe ingérable, un EDT qui me permet de bien gérer ma semaine et une équipe de direction de rêve. Mais je dois avouer qu'au bout de 15 ans, mon niveau de latin et de grec s'est considérablement dégradé, par manque de pratique stimulante.
Donc oui, RC peste sur le manque de pré-requis de ses élèves, aprce que ça l’empêche de suivre la feuille de route officielle.
Bon, une fois qu'on s'est résignés à la non-existence des cercles carrés, on se dit "OK, je dois faire du latin et des déclinaisons avec des élèves qui ne reconnaissent pas les COD et mettront cent itérations d'exercices à reconnaître un attribut du sujet, alors on va déjà leur apprendre les fonctions en français, et on ira jusqu'où on ira, c'est à dire jamais au bout du programme mais ils auront appris des choses de manière un peu solide et c’est ça de pris.
(et là, tu te fais incendier par ton IPR parce que les élèves n'ont pas construit la trace écrite du cours tout seul sur leur classeur comme des grands, alors que, comment dire madame IPR, leur niveau était déjà faible, et là, ils viennent de passer 6 mois de confinement à la maison, où la majeure aprtie d'entre eux n'a pas fait grand chose, donc non, rédiger le paragraphe tout seuls, c'est pas possible).
Personnellement, c'est une des nombreuses raisons qui me maintiennent au collège : le gouffre entre les pré-requis et le niveau réel des élèves y est déjà béant, alors qu lycée, je n'ai pas envie de m'y frotter. J'aime bien le collège, en tout cas quand, comme cette année, je n'ai pas de classe ingérable, un EDT qui me permet de bien gérer ma semaine et une équipe de direction de rêve. Mais je dois avouer qu'au bout de 15 ans, mon niveau de latin et de grec s'est considérablement dégradé, par manque de pratique stimulante.
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- JennyMédiateur
Mais si, ils ont besoin de professeurs formés, compétents et passionnés par leur discipline, justement.
- CzarNiveau 9
Autre approche envisageable : Passer le cafep:abi: . Demander sa mutation à Stanislas (ou quelques autres établissement du même style à Paris, je peux te donner une liste)
Tu va tomber sur quelques familles qui parlent latin le soir à table. (très bon entrainement pour se préparer dès le collège à l'école des chartes )
Dans le public tu peux sinon envisager une mutation à la légion d'honneur, je sais que les collégiennes ont un très bon niveau en latin.
Tu va tomber sur quelques familles qui parlent latin le soir à table. (très bon entrainement pour se préparer dès le collège à l'école des chartes )
Dans le public tu peux sinon envisager une mutation à la légion d'honneur, je sais que les collégiennes ont un très bon niveau en latin.
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