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- JennyMédiateur
C'est normal qu'au début, ça soit difficile. Quelque part, c'est un métier où on se forme tout le temps.
Je rejoins cependant Reine Margot sur la nécessité de penser à une reconversion (ou à un autre public) si ça persiste.
Pour les copies, tu fais passer au tableau et tu notes à l'oral ou tu en ramasses 5 au hasard (ou pas totalement ).
Je rejoins cependant Reine Margot sur la nécessité de penser à une reconversion (ou à un autre public) si ça persiste.
Pour les copies, tu fais passer au tableau et tu notes à l'oral ou tu en ramasses 5 au hasard (ou pas totalement ).
- IridianeFidèle du forum
[quote="rhianos-cretensis"]Iridiane Je vais essayer de ne pas trop m'investir pour pouvoir préparer une thèse pour pouvoir changer de milieu d'enseignement, oui. C'est dur d'y croire parfois quand je suis entouré de collègues du secondaire qui sont partis pour y travailler toute leur carrière. Et en effet, un doctorat pourrait m'ouvrir des portes. Le contrat doctoral et travailler sur une thèse, de ton point de vue, laisse plus de temps d'esprit libre pour réfléchir à ce qu'on fait (et notamment à une reconversion), que l'enseignement dans le secondaire ? [quote]
Là encore, mon avis n’engage que moi mais oui, très clairement, quand tu es en contrat doctoral, tu as l’esprit très disponible. Certes, tu es bien occupé par tes recherches, mais moi ça me stimulait le cerveau, au lieu de me le détruire comme j’en avais l’impression au lycée. De ce fait, même en bossant beaucoup, j’avais l’impression d’avoir l’esprit beaucoup plus en alerte (pour le dire plus simplement : j’étais sortie d’une situation qui me déprimait complètement et qui « m’énervait » au sens étymologique du terme). Alors de fait pour ma part je ne réfléchissais pas à une reconversion en même temps, à part si l’on considère mon but d’alors, enseigner dans le supérieur, comme une reconversion (ce que je vois plutôt comme une évolution de carrière). Mais si j’avais voulu réfléchir en parallèle à me reconvertir, ç’aurait été tout à fait possible - c’était beaucoup moins vrai en revanche pendant mes années d’ATER ensuite, mais surtout parce que je misais tout sur les campagnes de recrutement à la fac et au CNRS, très chronophages. J’aurais pu faire un autre choix.
Là encore, mon avis n’engage que moi mais oui, très clairement, quand tu es en contrat doctoral, tu as l’esprit très disponible. Certes, tu es bien occupé par tes recherches, mais moi ça me stimulait le cerveau, au lieu de me le détruire comme j’en avais l’impression au lycée. De ce fait, même en bossant beaucoup, j’avais l’impression d’avoir l’esprit beaucoup plus en alerte (pour le dire plus simplement : j’étais sortie d’une situation qui me déprimait complètement et qui « m’énervait » au sens étymologique du terme). Alors de fait pour ma part je ne réfléchissais pas à une reconversion en même temps, à part si l’on considère mon but d’alors, enseigner dans le supérieur, comme une reconversion (ce que je vois plutôt comme une évolution de carrière). Mais si j’avais voulu réfléchir en parallèle à me reconvertir, ç’aurait été tout à fait possible - c’était beaucoup moins vrai en revanche pendant mes années d’ATER ensuite, mais surtout parce que je misais tout sur les campagnes de recrutement à la fac et au CNRS, très chronophages. J’aurais pu faire un autre choix.
- zigmag17Guide spirituel
rhianos-cretensis a écrit:Philomène87 Oui, la transition de "bon" élève à prof qui se sent en échec est difficile. Le pire c'est que je comprends que l'addiction aux écrans rende de plus en plus difficile d'accrocher à la lecture... Mais comment tenter d'y remédier quand la lecture est un prérequis pour le bac ? Peut-être, en effet, comme le disent certains collègues, que je devrais me concentrer sur des textes plus courts. Dans l'idéal j'aimerais même "apprendre à lire" (à faire une lecture littéraire soutenue) aux élèves, mais je crois que ça demanderait des années de recherche et d'expérience.
Tu as raison, on peut aimer la traduction sans forcément l'utiliser dans son travail. Je crois que j'en souffre surtout parce que je n'arrive pas encore à ménager de temps pour en faire dans mon temps libre.
zigmag17 Merci pour ton message, je crois comme tu dis que j'ai bien besoin d'apprendre le détachement. Même sur des textes que je n'affectionne pas particulièrement, je suis blessé par l'indifférence des élèves, ce qui n'a en effet pas lieu d'être. Peut-être qu'il me faut trouver des supports encore moins chargés émotionnellement pour moi, ou déconnecter totalement les textes que je lis et que j'étudie pour me faire plaisir, et les textes à étudier en classe avec les élèves. Avoir 9 classes en tant que néo-titulaire, sur 5 classes différentes ! Mais quelle horreur. Les élèves de LP n'ont que deux heures de français par semaine, pour que tu aies eu un tel éventail de niveaux ? Tu as bien du mérite d'avoir continué malgré ça. En effet, je me demande comment faire dans ces premières années car si on travaille trop, on peut craquer, et j'ai déjà fait plusieurs burn-out. Si on n'en fait pas assez, on peut avoir le sentiment de ne jamais avoir rien de prêt pour bien enseigner. Et pourtant... oui, les séances qui fonctionnent le mieux ne sont même pas celles qui demandent le plus de travail. C'est assez aléatoire.
J'ai débuté dans un petit LP, nous n'étions alors que 2 profs à enseigner les mêmes matières ( bivalence), il fallait se répartir les classes. L'autre collègue avait une classe de moins et avait de la bouteille. Ce serait à refaire, je refuserais le poste et planterais là l'Éducation nationale ( pour l'estime qu'elle nous porte de toute façon...). Je n'arrive toujours pas à savoir plus de trente ans plus tard pourquoi j'ai persévéré avec en plus suite à cette situation une période non négligeable de blackout. Peut-être y avait-il un fort attachement à la transmission, je pleurais à l'idée de ne plus jamais enseigner de ma vie, je m'en souviens. Mais sûrement une bonne part de ma personnalité était-elle aussi faite de la peur de la reconversion avec les aléas que cette dernière pouvait comporter.
En tout cas c'est sûr que prendre de la distance aide un peu. Travailler ce qui nous plaît dans la mesure du possible mais ne pas s'offusquer du manque d'enthousiasme, de l'indifférence ou du refus de certains élèves devant tel ou tel support, et bien distinguer ce qui nous nourrit et nous satisfait nous dans notre vie personnelle de ce qui peut nourrir ou satisfaire un élève dans sa vie scolaire.
Mes élèves c'est la culture Tiktok et 3 mots de vocabulaire si possible grossiers. Mon boulot est de les sortir de leur zone de confort pour les confronter à des textes , des formes de pensée, des formes d'art auxquels ils ne sont pas habitués. Mais je ne choisis presque plus jamais ceux-ci dans la sphère de mon intimité, si je sais que par exemple mes films préférés ou mes chansons préférées, bien que porteurs pour être étudiés en classe au terme d'une séquence, me seraient douloureux s'ils étaient reçus avec dépit ou dégoût.
Je me préserve aussi comme ça. Par contre quand le courant passe et que j'ai affaire à des classes respectueuses de ce que je leur propose, je peux me lancer avec confiance et cela peut aussi donner de belles expériences !
Tu peux essayer. C'est un peu du feeling.
- HildeNiveau 6
Je suis stagiaire comme toi, mais j'ai eu la chance d'enseigner un petit peu comme remplaçante avant de passer le concours et du coup je sais que comme prof, même en lycée, je ne fais pas vraiment d'histoire, du moins pas telle que je l'ai faite (et tellement aimée) à l'université. Par petits moments, on peut aborder des points d'histoire sociale ou des sensibilités, mais ce n'est vraiment pas le gros du travail.
Je suis encore débordée sous le travail, donc j'ai peu de temps pour lire ou écouter (merci France Culture !) de la "vraie" histoire à côté, mais quand même un petit peu plus que depuis le début de l'année. Pourtant jusqu'ici j'aime plutôt bien le métier : je trouve du plaisir quand j'arrive à piquer la curiosité des élèves, quand ils comprennent quelque chose sur lequel ils butaient, quand ils arrivent à me rendre (en géo) des croquis qui sont parfaits sur le plan de la sémiologie graphique... L'aspect relationnel m'apporte de la satisfaction (bon, pas tous les jours, hein), qui n'est pas du même type que mes kifs de fac. Ce qui s'en rapproche le plus c'est la préparation de cours : il y a un vrai enjeu intellectuel à penser et préparer les cours, même si ce n'est pas la même chose que d'étudier la discipline en elle-même. Peut-être que tu pourras y trouver ton compte une fois que tu auras mieux cerné tes élèves ? C'est à tester, je pense.
Moi aussi je me pose assez régulièrement la question d'une thèse, cela dit !
Je suis encore débordée sous le travail, donc j'ai peu de temps pour lire ou écouter (merci France Culture !) de la "vraie" histoire à côté, mais quand même un petit peu plus que depuis le début de l'année. Pourtant jusqu'ici j'aime plutôt bien le métier : je trouve du plaisir quand j'arrive à piquer la curiosité des élèves, quand ils comprennent quelque chose sur lequel ils butaient, quand ils arrivent à me rendre (en géo) des croquis qui sont parfaits sur le plan de la sémiologie graphique... L'aspect relationnel m'apporte de la satisfaction (bon, pas tous les jours, hein), qui n'est pas du même type que mes kifs de fac. Ce qui s'en rapproche le plus c'est la préparation de cours : il y a un vrai enjeu intellectuel à penser et préparer les cours, même si ce n'est pas la même chose que d'étudier la discipline en elle-même. Peut-être que tu pourras y trouver ton compte une fois que tu auras mieux cerné tes élèves ? C'est à tester, je pense.
Moi aussi je me pose assez régulièrement la question d'une thèse, cela dit !
- AscagneGrand sage
@rhianos-cretensis : Il importe de comprendre ce que j'appellerais le "piège" des études de lettres : c'est souvent super et très stimulant, mais il est sûr que ça ne ressemble pas à ce débouché comme naturel qu'est l'enseignement dans le secondaire (parce qu'on a toujours besoin de professeur de lettres). L'avantage, c'est que nos bonnes vieilles filières permettent encore, et c'est heureux, de produire des généralistes et des spécialistes qui sont aussi des intellectuels, en dehors de considérations purement utilitaires. L'inconvénient, c'est que les étudiants peuvent déchanter en commençant dans la profession, surtout s'ils sont passés par un master recherche et l'agrégation voire le doctorat et qu'ils n'ont pas tâté le terrain auparavant, ou bien ont été préservés durant leur scolarité de la réalité rugueuse des établissements où il y a des conditions plus difficiles en matière d'éducation.
La thèse tout en travaillant au lycée, cela peut être compliqué voire carrément impossible si tu n'arrives pas à trouver une sorte d'équilibre.
Je n'ai pas pu le faire : le seul moment où j'ai vraiment avancé tout en exerçant au lycée, c'était dans l'ultime ligne droite de la rédaction et de la soutenance où c'était de toute façon une nécessité absolue de finir (comment j'ai fait pour m'en sortir demeure un vrai mystère, mais depuis je ne suis pas arrivé à retrouver cette énergie du désespoir ). Je sais que pas mal de collègues produisent, rédigent des livres etc. tout en faisant ce métier, même sans être parfois très enthousiasmés par ce dernier, mais moi, je n'y arrive manifestement pas.
Normalement, un contrat doctoral avec une charge d'enseignement à la fac est stimulante pour quelqu'un qui aime sa ou ses discipline(s).rhianos-cretensis a écrit:Le contrat doctoral et travailler sur une thèse, de ton point de vue, laisse plus de temps d'esprit libre pour réfléchir à ce qu'on fait (et notamment à une reconversion), que l'enseignement dans le secondaire ?
La thèse tout en travaillant au lycée, cela peut être compliqué voire carrément impossible si tu n'arrives pas à trouver une sorte d'équilibre.
Je n'ai pas pu le faire : le seul moment où j'ai vraiment avancé tout en exerçant au lycée, c'était dans l'ultime ligne droite de la rédaction et de la soutenance où c'était de toute façon une nécessité absolue de finir (comment j'ai fait pour m'en sortir demeure un vrai mystère, mais depuis je ne suis pas arrivé à retrouver cette énergie du désespoir ). Je sais que pas mal de collègues produisent, rédigent des livres etc. tout en faisant ce métier, même sans être parfois très enthousiasmés par ce dernier, mais moi, je n'y arrive manifestement pas.
C'est très particulier, comme enjeu. Je ne m'y retrouve pas et au quotidien je vois tout à fait la différence avec mes collègues qui ont la fibre pour ça et sous l'angle de la préparation et sous l'angle de la séance elle-même. Même si j'avoue platement que j'ai un manque de formation en la matière, je ne pense pas que ce soit le problème. J'avais de l'enthousiasme pour la préparation et la conception des séances en licence, mais d'une part, c'est plus facile, d'autre part, ce n'est plus de la pédagogie au sens le plus correct du mot, même si (@Iridiane confirmera peut-être) j'ai l'impression que cette dernière envahit de plus en plus l'université.Hilde a écrit:il y a un vrai enjeu intellectuel à penser et préparer les cours, même si ce n'est pas la même chose que d'étudier la discipline en elle-même
Ah, comme je te comprends...Iridiane a écrit:j’étais sortie d’une situation qui me déprimait complètement et qui « m’énervait » au sens étymologique du terme
- IridianeFidèle du forum
Ascagne a écrit:@rhianos-cretensis : Il importe de comprendre ce que j'appellerais le "piège" des études de lettres : c'est souvent super et très stimulant, mais il est sûr que ça ne ressemble pas à ce débouché comme naturel qu'est l'enseignement dans le secondaire (parce qu'on a toujours besoin de professeur de lettres). L'avantage, c'est que nos bonnes vieilles filières permettent encore, et c'est heureux, de produire des généralistes et des spécialistes qui sont aussi des intellectuels, en dehors de considérations purement utilitaires. L'inconvénient, c'est que les étudiants peuvent déchanter en commençant dans la profession, surtout s'ils sont passés par un master recherche et l'agrégation voire le doctorat et qu'ils n'ont pas tâté le terrain auparavant, ou bien ont été préservés durant leur scolarité de la réalité rugueuse des établissements où il y a des conditions plus difficiles en matière d'éducation.Normalement, un contrat doctoral avec une charge d'enseignement à la fac est stimulante pour quelqu'un qui aime sa ou ses discipline(s).rhianos-cretensis a écrit:Le contrat doctoral et travailler sur une thèse, de ton point de vue, laisse plus de temps d'esprit libre pour réfléchir à ce qu'on fait (et notamment à une reconversion), que l'enseignement dans le secondaire ?
La thèse tout en travaillant au lycée, cela peut être compliqué voire carrément impossible si tu n'arrives pas à trouver une sorte d'équilibre.
Je n'ai pas pu le faire : le seul moment où j'ai vraiment avancé tout en exerçant au lycée, c'était dans l'ultime ligne droite de la rédaction et de la soutenance où c'était de toute façon une nécessité absolue de finir (comment j'ai fait pour m'en sortir demeure un vrai mystère, mais depuis je ne suis pas arrivé à retrouver cette énergie du désespoir ). Je sais que pas mal de collègues produisent, rédigent des livres etc. tout en faisant ce métier, même sans être parfois très enthousiasmés par ce dernier, mais moi, je n'y arrive manifestement pas.C'est très particulier, comme enjeu. Je ne m'y retrouve pas et au quotidien je vois tout à fait la différence avec mes collègues qui ont la fibre pour ça et sous l'angle de la préparation et sous l'angle de la séance elle-même. Même si j'avoue platement que j'ai un manque de formation en la matière, je ne pense pas que ce soit le problème. J'avais de l'enthousiasme pour la préparation et la conception des séances en licence, mais d'une part, c'est plus facile, d'autre part, ce n'est plus de la pédagogie au sens le plus correct du mot, même si (@Iridiane confirmera peut-être) j'ai l'impression que cette dernière envahit de plus en plus l'université.Hilde a écrit:il y a un vrai enjeu intellectuel à penser et préparer les cours, même si ce n'est pas la même chose que d'étudier la discipline en elle-mêmeAh, comme je te comprends...Iridiane a écrit:j’étais sortie d’une situation qui me déprimait complètement et qui « m’énervait » au sens étymologique du terme
Effectivement la « pédagogie », dans ce que je considère comme le mauvais sens du terme, c’est-à-dire une sorte de sparadrap que l’on prétend appliquer pour pallier le niveau disciplinaire faible des étudiants, envahit de plus en plus l’université. Cela dit, la grosse différence avec le secondaire, c’est qu’à l’université on est beaucoup plus libre, sur tous les plans. Personne pour juger de ce qu’on fait en cours, pas de hiérarchie. Cela peut poser des problèmes (car il y a aussi des profs nuls dans le supérieur, ça arrive comme ça peut arriver partout, et on ne peut pas vraiment les « surveiller »), mais c’est tout de même un très gros avantage, car si l’idéologie ambiante ne nous convient pas, eh bien il suffit de lever les yeux au ciel et de continuer sa petite cuisine. En ce qui me concerne, je ne supportais absolument pas d’avoir un chef d’établissement sur le dos. Je n’accepte aucune hiérarchie pour ce qui est du travail intellectuel. Je sais qu’à terme je n’aurais jamais supporté. De ce fait, le travail à la fac me convient parfaitement.
- nc33Niveau 10
Je n'ai pas l'impression d'avoir une hiérarchie dans le secondaire : j'ai seulement 3 cours compatibles avec la vision de l'inspecteur à produire dans toute ma carrière, suivis de 3 entretiens où je dois écouter religieusement en faisant semblant d'approuver toutes les inepties qu'il débite. Rien de bien insurmontable. Et avec mon cde je me limite à des salutations, le lycée est trop grand pour qu'il ait le temps de se préoccuper de ce qu'on fait en cours, dieu merci.
- ElaïnaDevin
Iridiane, je peux t'assurer que, depuis 11 ans que j'enseigne dans le secondaire, je me sens beaucoup moins surveillée que du temps où j'étais à la fac (mais bon j'étais ATER, ce qui en langage courant se traduit par larbin).
Et j'aimerais bien voir celui qui tenterait de m'expliquer que je ne sais pas y faire, surtout s'il n'a pas enseigné depuis des années.
Et j'aimerais bien voir celui qui tenterait de m'expliquer que je ne sais pas y faire, surtout s'il n'a pas enseigné depuis des années.
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It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
Ma page Facebook https://www.facebook.com/Lire-le-Japon-106902051582639
- IridianeFidèle du forum
C’est assez simple : dans le secondaire, on a un supérieur hiérarchique, dans le supérieur, on n’en a pas. Et on n’a pas non plus d’inspection. Après je parle de ce qui me concerne, si vous vivez bien la situation, très franchement je m’en réjouis pour vous ! J’explique simplement ce qui moi me répugnait, on n’a pas tous la même expérience ni la même façon de ressentir les choses et c’est heureux!
Edit: pour le statut d’ATER, c’est différent, la pression vient uniquement du fait que les collègues titulaires avec qui on travaille (dans notre fac ou ailleurs) ont de fait un pouvoir sur nous en pouvant ou non nous recruter. Mais ce ne sont pas des supérieurs hiérarchiques. Après je suis d’accord, c’est hyper malsain comme statut.
Edit: pour le statut d’ATER, c’est différent, la pression vient uniquement du fait que les collègues titulaires avec qui on travaille (dans notre fac ou ailleurs) ont de fait un pouvoir sur nous en pouvant ou non nous recruter. Mais ce ne sont pas des supérieurs hiérarchiques. Après je suis d’accord, c’est hyper malsain comme statut.
- ElaïnaDevin
Je précise alors.
Quand j'étais ATER, je me suis sentie surveillée par l'administration mais aussi, insidieusement, par les élèves qui savaient très bien qui était ATER (larbin, donc) et qui était un "vrai" prof. Exemple : lors de ma 2e grossesse, un jour, j'ai ressenti sur le trajet pour aller en cours une forte douleur ligamentaire, j'ai dû marcher très lentement, je suis arrivée en retard. Eh bien les élèves se sont empressés d'aller voir le directeur des études pour dire que "han Madame Elaïna est en retard tout le temps c'est scandaleux". Il y a eu d'autres trucs plus que déplaisants.
Là mon supérieur hiérarchique, ma foi, n'a strictement rien à me dire en termes pédagogiques (en même temps, il ferait beau voir qu'un CDE ait un avis sur un cours d'HG, hors trucs relevant du pénal évidemment). Quand la porte de la salle de classe est fermée, c'est moi le chef, point final.
Quand j'étais ATER, je me suis sentie surveillée par l'administration mais aussi, insidieusement, par les élèves qui savaient très bien qui était ATER (larbin, donc) et qui était un "vrai" prof. Exemple : lors de ma 2e grossesse, un jour, j'ai ressenti sur le trajet pour aller en cours une forte douleur ligamentaire, j'ai dû marcher très lentement, je suis arrivée en retard. Eh bien les élèves se sont empressés d'aller voir le directeur des études pour dire que "han Madame Elaïna est en retard tout le temps c'est scandaleux". Il y a eu d'autres trucs plus que déplaisants.
Là mon supérieur hiérarchique, ma foi, n'a strictement rien à me dire en termes pédagogiques (en même temps, il ferait beau voir qu'un CDE ait un avis sur un cours d'HG, hors trucs relevant du pénal évidemment). Quand la porte de la salle de classe est fermée, c'est moi le chef, point final.
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Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
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- IridianeFidèle du forum
Waouh… complètement hallucinant ce que tu dis des étudiants. Je te crois bien sûr et je te plains bien sincèrement… mais alors les miens, partout où je suis passée, ne savaient absolument pas ce que qu’était un ATER (enfin ils avaient peut-être une vague idée mais ils s’en tamponnaient le coquillard, et l’administration je n’y ai tout bonnement jamais eu affaire). Le seul moment où j’ai souffert en tant qu’ATER (je veux dire : autrement que du salaire tout pourri ), c’est l’année où mes collègues charmants m’avaient collé deux cours d’agreg et les 150 étudiants de L1 à interroger à l’oral (j’ai évidemment refusé cette dernière chose, mais en tremblant que derrière on bave sur moi, en particulier pendant la campagne de recrutement…)
Mais bref, je te rejoins sur le fait qu’ATER est un statut pourri évidemment.
Pour ce qui est du reste : bien sûr que tu es seule maîtresse à bord dans ta classe, mais disons que moi l’idée même d’être dans un lycée, avec un chef et une administration à qui rendre des comptes (que je dois prévenir si je suis en retard par exemple ou si je dois virer un élève de cours) ça me rendait dingo. Idem pour les parents d’élèves avec leurs doléances : rien que le fait de devoir leur parler me rendait dingue à la fin (même s’il y en avait aussi de très sympas). Bref, plein de choses m’ont plu au démarrage dans le secondaire, mais vraiment je me suis très vite lassée et toutes ces contraintes me sont devenues insupportables. Et vraiment intellectuellement je me morfondais - pas uniquement à cause des cours en fait, mais aussi du caractère répétitif et monotone du travail. A la fac, je trouve que c’est beaucoup plus varié, entre cours, recherche / activités du labo et des sociétés savantes, et même travail administratif (oui ça peut être chiant mais ça mobilise d’autres compétences, ce n’est forcément inintéressant). Mais après encore une fois tout cela est très personnel ! C’est simplement que je me reconnais un peu dans ce qu’exprime la personne qui poste, et également dans certaines réponses d’Ascagne, même si nos expériences sont certainement différentes.
Mais bref, je te rejoins sur le fait qu’ATER est un statut pourri évidemment.
Pour ce qui est du reste : bien sûr que tu es seule maîtresse à bord dans ta classe, mais disons que moi l’idée même d’être dans un lycée, avec un chef et une administration à qui rendre des comptes (que je dois prévenir si je suis en retard par exemple ou si je dois virer un élève de cours) ça me rendait dingo. Idem pour les parents d’élèves avec leurs doléances : rien que le fait de devoir leur parler me rendait dingue à la fin (même s’il y en avait aussi de très sympas). Bref, plein de choses m’ont plu au démarrage dans le secondaire, mais vraiment je me suis très vite lassée et toutes ces contraintes me sont devenues insupportables. Et vraiment intellectuellement je me morfondais - pas uniquement à cause des cours en fait, mais aussi du caractère répétitif et monotone du travail. A la fac, je trouve que c’est beaucoup plus varié, entre cours, recherche / activités du labo et des sociétés savantes, et même travail administratif (oui ça peut être chiant mais ça mobilise d’autres compétences, ce n’est forcément inintéressant). Mais après encore une fois tout cela est très personnel ! C’est simplement que je me reconnais un peu dans ce qu’exprime la personne qui poste, et également dans certaines réponses d’Ascagne, même si nos expériences sont certainement différentes.
- lene75Prophète
Ça dépend beaucoup du contexte. Ce que tu dis à propos de ton expérience d’ATER, Elaïna, se produit également dans le secondaire, où de toute façon les retards sont surveillés, ne serait-ce que parce que 35 élèves qui font le bazar dans le couloir, ça ne passe pas inaperçu. Après, suivant les situations et les directions, on est plus ou moins surveillé, mais concrètement, les élèves vont se plaindre pour un oui ou pour un non, à la direction, aux CPE, aux surveillants, à leurs PP, voire à des collèges bienveillants qui s’empressent de faire part de leurs inquiétudes à la direction, qui de son côté peut passer dans les couloirs, regarder par la fenêtre, écouter "en passant", qui a accès à notre cahier de textes, peut demander une inspection ou juste envoyer des informations à l'inspection. Les parents aussi s'en mêlent souvent. Il existe même un dispositif spécifique pour les profs identifiés comme en difficulté : le SAPAP. Et de façon moins pressante, dans beaucoup de disciplines, les progressions communes, les devoirs communs réguliers, etc., sont une forme de contrôle par les pairs.
À côté de ça, si tu as un peu d'expérience (clairement pas en étant stagiaire), de bonnes relations avec les élèves et une direction et des collègues cool, tu peux ne jamais être inquiété et juste avoir les inspections, plus ou moins fréquentes au gré des réformes et des circonstances.
À côté de ça, si tu as un peu d'expérience (clairement pas en étant stagiaire), de bonnes relations avec les élèves et une direction et des collègues cool, tu peux ne jamais être inquiété et juste avoir les inspections, plus ou moins fréquentes au gré des réformes et des circonstances.
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Une classe, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber...
- IridianeFidèle du forum
Et pendant que j’y pense, il y a aussi autre chose : l’emploi du temps! A la fac, que ce soit en tant que doctorante contractuelle, qu’ATER ou que « jeune » (par l’ancienneté plus que par l’âge) MCF, j’ai toujours dit aux directions de département : « bonjour je voudrais tels jours et telles heures svp », et le directeur (qui n’est pas mon supérieur) voyait ce qu’il pouvait faire, je lâchais évidemment du lest en fonction de ce qu’il était possible matériellement de faire sans léser les autres collègues ou mettre à mal le fonctionnement du département, mais enfin j’ai tjs eu plus ou moins ce que je demandais, et jamais sur plus de deux jours, et c’était fixé fin juin dernier délai pour le S1 et mi décembre pour le S2. Au lycée, même s’il y a des voeux et une marge de négociation si le chef est sympa, on peut vite se retrouver avec un EDT atroce qui conditionne toute notre année. Personnellement, ma dernière année, je suis partie plusieurs mois en arrêt pour burn out en partie à cause de l’EDT qui me mettait littéralement à terre (même s’il y avait d’autres causes, que j’ai pu énumérer ici et ailleurs). Et, même si ça fait peut être très capricieux de dire ça, je ne supportais absolument pas qu’une personne (le chef d’établissement en l’occurrence, quel qu’il soit et même s’il y en a de très bien) puisse avoir un tel pouvoir de décision et de nuisance potentielle sur ma vie. Je crois que rien que cette idée me rendait dingue, je me sentais totalement infantilisée.
- IridianeFidèle du forum
lene75 a écrit:Ça dépend beaucoup du contexte. Ce que tu dis à propos de ton expérience d’ATER, Elaïna, se produit également dans le secondaire, où de toute façon les retards sont surveillés, ne serait-ce que parce que 35 élèves qui font le bazar dans le couloir, ça ne passe pas inaperçu. Après, suivant les situations et les directions, on est plus ou moins surveillé, mais concrètement, les élèves vont se plaindre pour un oui ou pour un non, à la direction, aux CPE, aux surveillants, à leurs PP, voire à des collèges bienveillants qui s’empressent de faire part de leurs inquiétudes à la direction, qui de son côté peut passer dans les couloirs, regarder par la fenêtre, écouter "en passant", qui a accès à notre cahier de textes, peut demander une inspection ou juste envoyer des informations à l'inspection. Les parents aussi s'en mêlent souvent. Il existe même un dispositif spécifique pour les profs identifiés comme en difficulté : le SAPAP. Et de façon moins pressante, dans beaucoup de disciplines, les progressions communes, les devoirs communs réguliers, etc., sont une forme de contrôle par les pairs.
À côté de ça, si tu as un peu d'expérience (clairement pas en étant stagiaire), de bonnes relations avec les élèves et une direction et des collègues cool, tu peux ne jamais être inquiété et juste avoir les inspections, plus ou moins fréquentes au gré des réformes et des circonstances.
Oui je suis d’accord, cela dépend évidemment beaucoup des situations, mais si l’on reprend l’exemple des retards. À la fac, je suis en retard, eh bien j’envoie un mail à mes étudiants sur l’ENT, je les prie de m’excuser, éventuellement si le retard est important je rattrape le cours et je n’en informe personne à part les étudiants avec qui je trouve un créneau en bonne intelligence et la secrétaire pédagogique à qui je dis « bonjour pourrais-je avoir une salle pour tel jour à telle heure avec telle promo, merci ». Dans le secondaire, comme tu le dis Lene, il faut envoyer qqun pour surveiller les élèves qui sont en train de retourner le couloir, tout le monde est de fait informé du moindre retard. Et même si le chef est très bienveillant et comprend la situation, eh bien on se sent de fait surveillé et moi les quelques fois où ça m’est arrivé, ça me rendait malade, je me sentais coupable etc (ce qui est certainement un problème qui vient de moi mais c’est ainsi). Elaïna, tu sembles avoir un niveau de sagesse et de détachement (au sens positif du terme) que je n’ai jamais pu atteindre dans le secondaire et j’ai beaucoup d’admiration pour ça, mais clairement ça n’aurait pas été possible pour moi et je ne pense pas que ce soit possible pour tout le monde.
- AscagneGrand sage
Je trouve ça stressant dans le secondaire, ce qui est logique : ça fait plus d'intermédiaires et on est "observé" (par l'accueil, par d'autres élèves, par des collègues). Ce métier peut renforcer la tendance à l'auto-culpabilisation (il faut bien réfléchir à l'affaire quand on a hélas un terreau favorable à ce genre de chose dans la tête), ce que je n'ai pas senti à l'université.Iridiane a écrit:ça me rendait malade, je me sentais coupable etc.
J'étais carrément surpris qu'on ne soit pas sur mon dos quand je suis arrivé dans ma deuxième affectation. Mais la première a été cataclysmique, à vrai dire.lene75 a écrit:À côté de ça, si tu as un peu d'expérience (clairement pas en étant stagiaire), de bonnes relations avec les élèves et une direction et des collègues cool, tu peux ne jamais être inquiété et juste avoir les inspections, plus ou moins fréquentes au gré des réformes et des circonstances.
En revanche je sens l'épée de Damoclès sur la question des formations. Vous aurez compris mon crime.
- eliamEsprit éclairé
J'aborde la dissertation dès la première séquence en seconde. D'abord avec une question très simple et en les guidant énormément. Puis, au fil des séquences, je complexifie et je guide de moins en moins. Il y a un exercice de dissertation à chaque fin de séquence. Je ne suis pas la seule de mon lycée à pratiquer ainsi. Avant, mes collègues et moi l'abordions plus tard dans l'année et nous n'étions pas satisfait. Quand, je récupère les élèves en début de première, ceux qui ont eu un entraînement régulier en seconde font une bien meilleure année que les autres et sont bien plus sereins.rhianos-cretensis a écrit:Ascagne a écrit: Je pense en revanche que considérer les autres sources de frustrations est plus pertinent. Nous ne sommes pas toutes et tous faits pour exercer ce métier, face à des publics qui peuvent être de plus en plus difficiles dans un contexte qui, ma foi, se dégrade pas mal. Je crois qu'il faut aussi lire des propos de débutant comme "ils ne me méritent pas" en ayant cela en tête.
Oui, en disant ça je ne voulais pas dire "ces êtres inférieurs ne méritent pas l'être supérieur que je suis" !!! Pas du tout ! Je voulais dire "les ados démotivés, blasés et absolument pas lecteurs qui sont face à moi ne méritent pas d'être face à un passionné de sa matière, qui a investi beaucoup de lui dans ses études et investit beaucoup de lui dans son travail". C'est différent.
Mais en effet, c'est un travail avant tout, et un travail n'a pas à être toujours amusant. C'est quelque chose que j'oublie parfois, et curieusement c'est peut-être une des perspectives les plus réconfortantes. Enseigner doit être en effet moins ennuyeux que bien d'autres choses. Mais c'est ingrat, oui.
Concernant la dissertation, je ne pensais pas en parler avant le commentaire. Mais plutôt, comme je vois des collègues me dire : "ne fais QUE du commentaire en 2de, car ils en feront plus en 1re"... Je me dis, pourquoi ? Pourquoi pas faire de la dissertation en milieu d'année en 2de ? Je ne vais l'aborder qu'en avril mais je regrette, je trouve cet exercice moins discriminant sur le point des connaissances et de la culture littéraire que le commentaire de l'écrit du bac, qui nécessite une culture littéraire énorme ! Je pense que j'aurais dû faire plus de dissertation avec des élèves qui, ne connaissant pas bien la littérature, pourront mieux y réussir dans des compétences purement scolaires. Enfin, c'est ce que je me dis. Et puis oui, je préfère largement la dissertation et je trouve dommage de la laisser au second plan.
- AscagneGrand sage
Parles-tu par conséquent ici seulement de l'exercice de la dissertation sur œuvre ou du niveau général ? Enseignes-tu seulement en filière générale en première ? Comment évalues-tu le niveau moyen de tes classes ? C'est juste de la curiosité de ma part : chez nous, globalement, le niveau est bas et il y a des lacunes en matière de confrontation aux lectures longues avant le lycée.eliam a écrit:Quand je récupère les élèves en début de première, ceux qui ont eu un entraînement régulier en seconde font une bien meilleure année que les autres et sont bien plus sereins.
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