- epekeina.tes.ousiasModérateur
Jenny a écrit:Quelque part, ça explique bien le fait qu’on finisse par recruter n’importe qui n’importe comment.
On peut aussi ajouter que la baisse démographique n'y est pas pour rien. Et on pourrait même se souvenir qu'elle était en prévision dès la fin des années 90 (elle est même arrivée plus tard que ne le disaient ces prévisions)…
- arcturus38Niveau 5
TrucOuBidule a écrit:Complètement d'accord avec toi.Elaïna a écrit:Des gens qui reviennent sur leurs préjugés, j'en connais, oui. L'an dernier par exemple la mère d'un ami de mon fils s'étonne de me voir arriver plus tôt que d'habitude à la fin de l'entraînement sportif des garçons. Je lui dis que je fais grève (contre la réforme des retraites). Elle me dit qu'elle aurait aimé faire grève mais qu'elle ne peut pas financièrement. "Tu as de la chance, tu es payée, toi". Elle est tombée des nues quand je lui ai dit que non. Elle m'a dit qu'elle était persuadée que c'était ça qui faisait le gros avantage de la France (elle et son mari sont d'origine étrangère, ils ont une haute opinion de la France, et de la façon dont elle traite les fonctionnaires). Après, elle m'a posé des tas de questions sur le statut des fonctionnaires.
Pour le coup des mutations, j'aimerais quand même en savoir un peu plus quand il y a ce genre de cas qui sort à la télé. Et je dois dire que parfois j'ai un peu de mal à compatir parce qu'en 2024, avec les sites internet, les syndicats, les forums de profs, il faut quand même être vraiment, vraiment naïf, pour ne pas savoir comment ça fonctionne. En deux clics on tombe sur d'innombrables pages de Néo où tout ça est expliqué, décortiqué, dénoncé.
Par ailleurs les gens qui font leur demande de mut en disant "ha ben je VEUX le lycée Edouard-Philippe du centre ville du Havre et rien d'autre", ne font aucune autre demande et se retrouvent comme des fleurs en extension à 300 km, ça arrive aussi. Bref, méfiance quand même.
Et si je puis me permettre, dans ce cas précisément, la collègue étant prof d'horticulture (ça doit être CAPLP ou CAPET horticulture), on est quand même sur une discipline rare, donc un nombre de postes restreint.
Ce reportage était une pub pour la fin du recrutement par concours (parce que "ça sépare les familles"), c'est ainsi que je l'interprète.
Je ne l'avais pas vu comme cela (sans doute trop angélique que je suis), mais effectivement pour les discussions de comptoir ce sera un bon argument...
- profdoctoujoursNiveau 7
Ah des préjugés, j'en entends. Une de mes collègues réagit toujours avec étonnement quand je lui explique que sans professeure-documentaliste, il y a "professeure" et que donc quand je lui propose des projets, ce n'est pas pour lui faire plaisir ou pour l'aider dans son travail, mais parce que faire cours fait partie de mes missions. Ça fait deux ans qu'on travaille ensemble. Et ce n'est qu'un exemple, c'est fatigant de devoir gérer les préjugés même sur son lieu de travail. La dernière en date de la proviseurs adjointe et de la prof référente des cordées de la réussite, quand on leur a fait remarquer que nous-mêmes et les étudiants qui s'en occupent ne trouvons pas pratique de faire les cordées au CDI : ah mais c'était pour qu'il y ait une collaboration avec le CDI en mettant le lieu à disposition ! Parce que oui, la seule collaboration avec le CDI = accueillir des gens au CDI. Nous on est des plantes vertes.
Et les gens en-dehors de l'EN je n'en parle même pas. Ah c'est beau d'avoir un CAPES pour ranger des livres, paraît-il. Mon propre père a pris des mois, si ce n'est plus, pour comprendre que j'avais des journées bien remplies. Et lui et mon frère adorent me sortir le classique "toujours en vacances". Et tu demandes à mon frère : dis donc, tu veux pas quitter le privé pour exercer ton métier de comptable à l'EN ? Ah bah non, tiens. Même s'il le dit sur le ton de la plaisanterie, ça m'agace.
Et les gens en-dehors de l'EN je n'en parle même pas. Ah c'est beau d'avoir un CAPES pour ranger des livres, paraît-il. Mon propre père a pris des mois, si ce n'est plus, pour comprendre que j'avais des journées bien remplies. Et lui et mon frère adorent me sortir le classique "toujours en vacances". Et tu demandes à mon frère : dis donc, tu veux pas quitter le privé pour exercer ton métier de comptable à l'EN ? Ah bah non, tiens. Même s'il le dit sur le ton de la plaisanterie, ça m'agace.
- JacqGuide spirituel
somac a écrit:Et c'est quoi la réponse Philomène ?
Sinon, je trouve aussi que là où il y a un changement par rapport à "avant", c'est dans le regard. Nous ne sommes plus considérés comme des lettrés, des gens ayant fait des études supérieures. La plupart des gens, élèves ou étudiants compris, ne comprennent pas que notre niveau dans la matière enseignée est élevée et aussi qu'enseigner est un vrai métier qui ne s'improvise pas.
LadyOlenna a écrit:Je me greffe sur ce topic pour signaler un sujet de Zone interdite dimanche dernier sur les travailleurs précaires.
En deuxième partie d'émission est évoqué le recours aux contractuels dans la fonction publique, d'abord dans la police puis à l'éducation nationale. Pour une fois les choses sont dites dans leur réalité : on y voit un professeur des écoles qui explique que son salaire plafonne à 2000€ depuis six ans alors qu'il a un bac +5, les salaires des professeurs sont comparés au SMIC pour montrer le décrochage en quelques années, un contractuel évoque son absence totale de formation et d'accompagnement. Ensuite on voit une contractuelle qui a finalement passé le concours et se retrouve mutée à 300 bornes de chez elle, doit laisser ses enfants et son mari toute la semaine, alors que des postes sont pourvus par des contractuels dans sa région, et qu'elle n'a pas de perspective de mutation à court terme. Rien de neuf pour nous, mais j'espère que ce reportage a été vu par d'autres personnes (et même, soyons fous, par des lecteurs du Figaro ?)
Tout cela est très contradictoire. Ce n'est pas que vos propos se contredisent mais plutôt qu'ils révèlent les contradictions, notamment du diplôme élevé ou non et du métier qui s'improvise ou non.
Sur les lettrés, qui avons-nous en face de nous ? La première fois qu'un de mes voisins et amis est venu chez moi, il regardait mes bibliothèques et m'a dit "je n'ai jamais vu autant de livres" (pourtant, j'en ai, mais pas tant que cela, quelques bibliothèques). C'est un gars du BTP, il n'avait pas vu autant de livres depuis le CDI de son bahut, et je me doute qu'il n'a pas dû le fréquenter beaucoup.
Le problème du diplôme c'est aussi que cela ne veut plus rien dire. L'inflation de diplômes ayant perdu une partie de leur valeur, comment comparer le bac+3 qu'il fallait il y a quelques (dizaines ?) d'années pour devenir enseignant et le bac+5 actuel ?
Lorsque je dis à mes élèves (quand ils me posent la question) qu'il suffisait d'un bac+3 (et que c'était largement suffisant) pour être prof et que j'ai un bac+4, ils ouvrent de grands yeux ronds. Dans leur tête : j'aurai un bac +2, BTS, et mon prof était recruté au niveau bac+3. Jamais ils ne mesurent l'écart entre "maintenant" et "avant".
Et vous pensez réellement que le recrutement à bac+5 reflète une hausse du niveau de qualification ?
Exemple hors EN. Mon père (commissaire aux comptes) me disait que lorsqu'il recrutait un BTS, dans l'entreprise où il travaillait, il recrutait un "intellectuel". Quand je vois mes élèves de bac pro qui vont et réussissent en BTS.
L'inflation de "certains" (pas tous) diplômes à bac+XXX décorrélés du niveau de compétences et de qualifications fait aussi que les repères sont totalement brouillés pour beaucoup.
- DanskaProphète
Jacq a écrit:
Le problème du diplôme c'est aussi que cela ne veut plus rien dire. L'inflation de diplômes ayant perdu une partie de leur valeur, comment comparer le bac+3 qu'il fallait il y a quelques (dizaines ?) d'années pour devenir enseignant et le bac+5 actuel ?
Lorsque je dis à mes élèves (quand ils me posent la question) qu'il suffisait d'un bac+3 (et que c'était largement suffisant) pour être prof et que j'ai un bac+4, ils ouvrent de grands yeux ronds. Dans leur tête : j'aurai un bac +2, BTS, et mon prof était recruté au niveau bac+3. Jamais ils ne mesurent l'écart entre "maintenant" et "avant".
Et vous pensez réellement que le recrutement à bac+5 reflète une hausse du niveau de qualification ?
Exemple hors EN. Mon père (commissaire aux comptes) me disait que lorsqu'il recrutait un BTS, dans l'entreprise où il travaillait, il recrutait un "intellectuel". Quand je vois mes élèves de bac pro qui vont et réussissent en BTS.
L'inflation de "certains" (pas tous) diplômes à bac+XXX décorrélés du niveau de compétences et de qualifications fait aussi que les repères sont totalement brouillés pour beaucoup.
Pour cette question des diplômes qui te valent plus rien on peut se référer à Eric Maurin, qui en parle avec efficacité : l'important ce n'est pas de comparer ce à quoi on accède avec un diplôme il y a cinquante ans et aujourd'hui, mais ce à quoi on accède aujourd'hui avec et sans diplôme.
Et ce n'est pas compliqué de constater que par rapport aux autres professions à bac + 5 actuel, on est mal payés.
- JacqGuide spirituel
Danska a écrit:Jacq a écrit:
Le problème du diplôme c'est aussi que cela ne veut plus rien dire. L'inflation de diplômes ayant perdu une partie de leur valeur, comment comparer le bac+3 qu'il fallait il y a quelques (dizaines ?) d'années pour devenir enseignant et le bac+5 actuel ?
Lorsque je dis à mes élèves (quand ils me posent la question) qu'il suffisait d'un bac+3 (et que c'était largement suffisant) pour être prof et que j'ai un bac+4, ils ouvrent de grands yeux ronds. Dans leur tête : j'aurai un bac +2, BTS, et mon prof était recruté au niveau bac+3. Jamais ils ne mesurent l'écart entre "maintenant" et "avant".
Et vous pensez réellement que le recrutement à bac+5 reflète une hausse du niveau de qualification ?
Exemple hors EN. Mon père (commissaire aux comptes) me disait que lorsqu'il recrutait un BTS, dans l'entreprise où il travaillait, il recrutait un "intellectuel". Quand je vois mes élèves de bac pro qui vont et réussissent en BTS.
L'inflation de "certains" (pas tous) diplômes à bac+XXX décorrélés du niveau de compétences et de qualifications fait aussi que les repères sont totalement brouillés pour beaucoup.
Pour cette question des diplômes qui te valent plus rien on peut se référer à Eric Maurin, qui en parle avec efficacité : l'important ce n'est pas de comparer ce à quoi on accède avec un diplôme il y a cinquante ans et aujourd'hui, mais ce à quoi on accède aujourd'hui avec et sans diplôme.
Et ce n'est pas compliqué de constater que par rapport aux autres professions à bac + 5 actuel, on est mal payés.
Globalement, oui. D'où le "certains diplômes", auquel on pourrait dans ce cas ajouter "certains métiers".
- DORIFOREJe viens de m'inscrire !
Je viens d'arriver sur le forum... Bonjour à toutes et à tous
Je viens de rejoindre un lycée agricole pour un recrutement de professeure documentaliste contractuelle, suite à un départ en retraite. Cette personne a travaillé 37 ans dans ce même lycée et a débuté comme agente administrative. En décembre dernier, j’ai pu faire un mi-temps avec elle pour un tuilage et j’y ai découvert ses missions et le CDI.
Missions de secrétaire administrative pour 60 %, Gestion de Charlemagne "Notes" et "Compétences" (pour ceux et celles qui connaisent) afin de sortir tous les bulletins de notes (300 élèves), à chaque conseil de classe, puis les envoyer sur Ecole Directe pour les familles ; paramétrage des bulletins de notes avec toutes les matières et leur compétence ; Gestion des LSU. Accueil des élèves pour gérer leurs photocopies pour leur dossier (plusieurs fois par jour)
Enseignement : Séances d’informatique 1 h par semaine avec une classe de 4ème (préparation, progression et évaluation) ; 3 h de « remédiation » avec les classes de 3èmes et 4èmes (préparation, progression et évaluation) ; 2 h de documentation avec les classes de 1ères. Correction des dossiers « Erasmus » 50 dossiers de 20 pages.
Gestion du CDI : Juste le bulletinage des revues !
Avant de prendre mon prendre mon poste, j’ai eu un entretien avec le Directeur pour échanger sur les missions de la collègue qui travaillait 37h/semaine en soulignant que les missions administratives ne m’intéressaient pas, j'ai ajouté que le CDI (1 classe classique avec tables, chaises et étagères, un fonds documentaire bien désolant, avec aucune nouveauté pour les élèves) avait grand besoin de fraîcheur. Je lui ai exposé des statistiques (obtenus grâce à BCDI) que sur une période d’une année, seul 20 emprunts de livres avaient été enregistrés par les élèves.
Première impression : Directeur fermé aux échanges, pas de budget du CDI (au bon vouloir du Directeur pour d’éventuels achats de fictions), insistance pour que je poursuive les missions administratives.
J’ai réussi tout de même à récupérer 4 h déduites des heures d’enseignement. Mais quelle angoisse de venir travailler. J’en ai discuté avec les collègues profs, qui ont des rapports très tendus avec le Directeur ! Ils sont très étonnés par les missions que je viens d’évoquer !
J’ai une expérience de prof doc depuis 1 an et demi (deux collèges) où les missions étaient reconnues par l’équipe éducative où je pouvais proposer des séances d’EMI et pluridisciplinaires. Ici, il semble que ce sera difficile à imposer !
Après cette longue présentation je souhaiterais vous poser quelques Questions :
- Je viens de signer un contrat de 18 h avec le ministère de l’agriculture (contrairement à l’EN qui me proposait un contrat de 36 h, comme stipulé dans les textes). Ce contrat de 18 h m’impose-t-il une présence de 32 h ?
- Comment puis-je faire valoir mon choix de me consacrer exclusivement aux missions du prof doc ?
Merci pour vos réponses.
PS Mon Directeur m’a inscrite à une formation sur Charlemagne, malgré ma réticence
Je viens de rejoindre un lycée agricole pour un recrutement de professeure documentaliste contractuelle, suite à un départ en retraite. Cette personne a travaillé 37 ans dans ce même lycée et a débuté comme agente administrative. En décembre dernier, j’ai pu faire un mi-temps avec elle pour un tuilage et j’y ai découvert ses missions et le CDI.
Missions de secrétaire administrative pour 60 %, Gestion de Charlemagne "Notes" et "Compétences" (pour ceux et celles qui connaisent) afin de sortir tous les bulletins de notes (300 élèves), à chaque conseil de classe, puis les envoyer sur Ecole Directe pour les familles ; paramétrage des bulletins de notes avec toutes les matières et leur compétence ; Gestion des LSU. Accueil des élèves pour gérer leurs photocopies pour leur dossier (plusieurs fois par jour)
Enseignement : Séances d’informatique 1 h par semaine avec une classe de 4ème (préparation, progression et évaluation) ; 3 h de « remédiation » avec les classes de 3èmes et 4èmes (préparation, progression et évaluation) ; 2 h de documentation avec les classes de 1ères. Correction des dossiers « Erasmus » 50 dossiers de 20 pages.
Gestion du CDI : Juste le bulletinage des revues !
Avant de prendre mon prendre mon poste, j’ai eu un entretien avec le Directeur pour échanger sur les missions de la collègue qui travaillait 37h/semaine en soulignant que les missions administratives ne m’intéressaient pas, j'ai ajouté que le CDI (1 classe classique avec tables, chaises et étagères, un fonds documentaire bien désolant, avec aucune nouveauté pour les élèves) avait grand besoin de fraîcheur. Je lui ai exposé des statistiques (obtenus grâce à BCDI) que sur une période d’une année, seul 20 emprunts de livres avaient été enregistrés par les élèves.
Première impression : Directeur fermé aux échanges, pas de budget du CDI (au bon vouloir du Directeur pour d’éventuels achats de fictions), insistance pour que je poursuive les missions administratives.
J’ai réussi tout de même à récupérer 4 h déduites des heures d’enseignement. Mais quelle angoisse de venir travailler. J’en ai discuté avec les collègues profs, qui ont des rapports très tendus avec le Directeur ! Ils sont très étonnés par les missions que je viens d’évoquer !
J’ai une expérience de prof doc depuis 1 an et demi (deux collèges) où les missions étaient reconnues par l’équipe éducative où je pouvais proposer des séances d’EMI et pluridisciplinaires. Ici, il semble que ce sera difficile à imposer !
Après cette longue présentation je souhaiterais vous poser quelques Questions :
- Je viens de signer un contrat de 18 h avec le ministère de l’agriculture (contrairement à l’EN qui me proposait un contrat de 36 h, comme stipulé dans les textes). Ce contrat de 18 h m’impose-t-il une présence de 32 h ?
- Comment puis-je faire valoir mon choix de me consacrer exclusivement aux missions du prof doc ?
Merci pour vos réponses.
PS Mon Directeur m’a inscrite à une formation sur Charlemagne, malgré ma réticence
- CasparProphète
Tu auras plus de réponses si tu postes sur un fil de discussion pous adapté ou si tu eb crées un qui corresponde à ta demande.
- Comment gérer et accepter les innombrables remarques sur notre métier ?
- Quelle argumentation développer quand on nous attaque sur notre métier et notre statut de fonctionnaire ?
- Site 42h53 pour casser les préjugés sur notre temps de travail
- c'est aussi ça notre métier..
- Que veut-on faire de notre métier?
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