Le jeune collègue qui s'invite à votre cours

valle a écrit:@Lord Steven, sauf pour la dernière phrase, je ne suis pas d'accord. Un collègue peut avoir plusieurs raisons "saines" pour faire cette demande :
- avoir peu d'expérience,
- vouloir des repères pour travailler dans un établissement nouveau,
- simplement se dire que ce serait bien.

Nous sommes du même avis pour ce qui est de la maîtrise de la langue comme instrument de critique entre collègues de LV, je trouve ça horrible.

On peut vouloir voir d'autres méthodes, un niveau qu'on n'a pas eu depuis longtemps ou des dispositifs particuliers. Expérimenté ou non, c'est parfois intéressant.

valle a écrit:

Nokh a écrit:Moi j'aime bien que les AESH interviennent dans mes cours. Certaines mériteraient d'ailleurs d'être à ma place.

Je trouve la 2e phrase vraiment déconcertante. C'est-à-dire qu'enseigner est une question de mérite ? Lorsqu'on entend quelqu'un parler (une conférence, etc.), toutes les personnes du public qui n'interviennent pas sont moins méritantes que celle qui parle ?
C'est une vision un peu extrême, où tu ne laisses les autres faire "que" ce que tu ne sais pas faire, et où tu considères que, pour tout ce que tu fais, tu es plus méritant que les autres ?
C'est sûr qu'il y a des AESH qui pourraient devenir enseignants, mais c'est quelque chose d'évident, tout comme un notaire, la veille d'être reçu, est aussi compétent que le lendemain. Ce même notaire, par ailleurs, aura besoin d'un collègue si jamais il veut acheter une maison... Ce deuxième notaire est-il plus ou moins méritant que le premier ?

Bref, ici on parle de quelqu'un qui a interrompu un cours (et qui a fait après des observations parfois peu pertinentes --beaucoup de gauchers ?, des élèves qui ne trouvent pas la réponse qu'ils ont sous les yeux ?--), personne n'a dit qu'il ne "mérite" pas enseigner (je trouve le verbe vraiment curieux), on ne sait rien de ses cours, qui sont sans doute excellents.

Rigolo que ça en fasse partir au quart de tour.
Je dis simplement (et en rapport au message sur les AESH, pas à celui sur le collègue qui s'incruste pour compter les gauchers), que j'ai rencontré des AESH qui pourraient en remontrer niveau pédagogie, à des profs - et qui m'en ont remontré, sans abandonner leurs élèves. D'ailleurs tu as raison, ce ne sont pas elles qui méritent ma place, mais les élèves qui méritent de les avoir à ma place, puisque je suis contractuel. Je pense notamment à l'une d'entre elle, qui n'a pas la possibilité familiale de passer le concours ou de reprendre des études pour avoir le niveau universitaire demandé aux contractuels, mais qui y a été encouragée par 80% de l'équipe enseignante et le CDE.
Je peux me remettre en question moi-même, non, que je sache? Vous ne m'avez jamais vu enseigner, vous ne savez absolument pas si je suis médiocre, catastrophique ou passable. Faire des louanges à - je le répète - certaines AESH n'est pas remettre en cause le métier, non? D'ailleurs ledit métier s'est développé également parce qu'il y a eu des expérimentations, notamment de personnes qui n'étaient pas enseignantes de formation, Ferrer, Decroly, Pestalozzi, Sara Banzet...

Quant à apprécier les interventions des AESH dans mon cours, j'essaie d'être positif, quand elle viennent du même milieu que mes élèves les plus faibles, elles débusquent souvent les difficultés qui m'échappent, quand elles ont de la réflexion, c'est un apport (à condition de ne pas répondre à la place des élèves) et quand elles sont à côté de la plaque, je préfère que ça se fasse en ma présence et que je puisse rectifier le tir. C'est mieux qu'une AESH qui ne dit rien devant mais démolit votre autorité/crédibilité dans votre dos, ai-je trouvé.

Quand j’étais stagiaire, j’ai été voir tous mes collègues de maths du collège (et aussi une collègue d’histoire-géographie qui me l’avait proposé). Je suis toujours restée en observatrice, mais le jour où j’ai assisté à un TP d’informatique la collègue m’a dit après que j’aurais pu passer parmi les élèves et les aider à corriger leur code sans que cela la gêne, j’ai même cru comprendre qu’elle aurait apprécié. Peut-être que ça dépend du type de cours ?

Ca dépend des collègues. Quand on a des stagiaires, c'est plutôt conseillé de les faire participer au cours d'une manière ou d'une autre. Personnellement, je préfère, mais j'ai l'habitude d'avoir d'autres adultes dans ma salle.

Mais en fait le problème n’est pas tellement de savoir si un(e) AESH « mérite » (très bizarre cette expression) d’enseigner ou en a les capacités, ça n’est juste PAS son métier. Virtuellement il y a des tas de gens qui sont sans doute capables d’enseigner mais ça n’est PAS leur métier. Peut être qu’il y en a qui ont une « fibre pédagogique » comme on dit mais ça ne suffit absolument pas pour enseigner: possèdent-ils ou elles la maîtrise d’une discipline ? Si oui, formidable, comme disait Zigmag, qu’ils ou elles passent le concours ou postulent comme contractuels.
Il ne s’agit pas de dévaluer le travail des AESH. Comme dans tous les métiers, certaines (bon je vais employer le féminin car ce sont pour beaucoup des femmes) font un travail formidable, d’autres sont incompétentes. Et d’ailleurs, leur travail, je serais bien incapable de le faire. Ça marche dans les deux sens. Ce sont deux métiers différents. C’est aussi pour cette raison qu’en effet une AESH n’a pas à intervenir en classe sur les questions de contenu ou de pédagogie. De même que je n’ai pas à intervenir sur sa manière d’accompagner les élèves handicapés (tant que cela reste dans les aménagements légaux), y compris si je n’en pense pas moins par devers moi.
Édit : je réponds à Nohk.

Nokh a écrit:ce ne sont pas elles qui méritent ma place, mais les élèves qui méritent de les avoir à ma place, puisque je suis contractuel.

Je ne partage pas cette "pyramide du mérite" avec les AESH en bas, les contractuels au milieu et les titulaires, je suppose, en haut, même si tu ne la décris que pour dire qu'il y a des exceptions.

Avoir un autre adulte dans la salle, nous sommes très nombreux à l'avoir expérimenté ou à l'avoir au quotidien : l'AESH, le stagiaire, l'inspecteur, l'inspecteur + le CDE...
Le seul qu'il est tolérable de laisser intervenir, c'est le pair (prof) en co-intervention : c'est prévu, c'est la modalité du cours et normalement c'est concerté, avant le cours.
- L'AESH est là pour s'occuper d'un élève (parfois de deux, on me l'a demandé).
- Le stagiaire est là pour observer.
- Le collègue en visite (ce n'est pas le début du fil ?), est courtoisement en visite et n'a pas à se permettre la moindre remarque, c'est un invité.
- L'IA-IPR/le formateur INSPE est là pour inspecter/conseiller, il n'intervient pas et observe.
- Le CDE qui accompagne parfois ces derniers, tout pareil...

Cette histoire initiale et ce fil sont parfaitement hallucinants....

valle a écrit:

Nokh a écrit:ce ne sont pas elles qui méritent ma place, mais les élèves qui méritent de les avoir à ma place, puisque je suis contractuel.

Je ne partage pas cette "pyramide du mérite" avec les AESH en bas, les contractuels au milieu et les titulaires, je suppose, en haut, même si tu ne la décris que pour dire qu'il y a des exceptions.

On est bien d'accord, merci! Je la vois trop souvent dans les salles des profs pourtant.

Mathoune a écrit:Quand j’étais stagiaire, j’ai été voir tous mes collègues de maths du collège (et aussi une collègue d’histoire-géographie qui me l’avait proposé). Je suis toujours restée en observatrice, mais le jour où j’ai assisté à un TP d’informatique la collègue m’a dit après que j’aurais pu passer parmi les élèves et les aider à corriger leur code sans que cela la gêne, j’ai même cru comprendre qu’elle aurait apprécié. Peut-être que ça dépend du type de cours ?

Cela dépend surtout de ce qui a été décidé en amont. J'ai déjà fait participer mes stagiaires dans mes cours mais nous étions d'accord sur le principe avant le début du cours.

roxanne a écrit:Ceci dit, je trouve que ça pourrait être une bonne idée d'aller se voir en cours. Mais, pour le coup en toute bienveillance, sans a priori, dans un échange constructif. Le cours, ça reste une chasse gardée.

 Tout dépend des relations qu'on a avec ses collègues.  On va de temps en temps se voir, avec mes 2 collègues, (on a toutes plus de 20 ans d'expérience ), les élèves en ont pris l'habitude et c'est très enrichissant pour toutes 3.
Il nous manque juste du temps pour le faire plus souvent...Et d'être  payées  pour ceci !

frimoussette77 a écrit:

roxanne a écrit:Ceci dit, je trouve que ça pourrait être une bonne idée d'aller se voir en cours. Mais, pour le coup en toute bienveillance, sans a priori, dans un échange constructif. Le cours, ça reste une chasse gardée.

Je ne fais quasiment plus jamais cours seule, il y a parfois trois ou quatre autres adultes. Plus une classe sans aesh et parfois deux ou trois aesh dans la même classe et un p.e pour les sixièmes inclusives. Donc des adultes qui se promènent dans la classe, c'est devenu fréquent. On finit par s'habituer.

 Idem, souvent 2 aesh dans la plupart de mes classes. Mais ce n'est pas le même regard qu'un collègue professeur.

Franchement, Mitcindy, je te trouve d'une grande patience et d'une grande zénitude ! (Je t'envie même un peu ). Je crois que j'aurais recadré très vite le collègue. Tant pis pour sa crédibilité : dans ma classe, la mienne passe avant. (Et j'ai peu de scrupule à traiter un adulte qui se comporte comme un adolescent comme je traiterais un adolescent.)

Ou alors, il est amoureux.de toi et il tente la méthode fanfaronne.....

clélia a écrit:Franchement, Mitcindy, je te trouve d'une grande patience et d'une grande zénitude ! (Je t'envie même un peu ). Je crois que j'aurais recadré très vite le collègue. Tant pis pour sa crédibilité : dans ma classe, la mienne passe avant. (Et j'ai peu de scrupule à traiter un adulte qui se comporte comme un adolescent comme je traiterais un adolescent.)

Moi, j'admire ton entièreté. Je n'ai pas osé le recadrer devant les élèves. Mais j'aurai un mot avec lui en aparté.

roxanne a écrit:Ou alors, il est amoureux.de toi et il tente la méthode fanfaronne.....

ça marche, ça ?

Je suis pas mal plus âgée que lui et il a apparemment des admiratrices (élèves) dans ses classes...
Il n'a pas besoin de ma validation pour se rassurer.

Je l'ai trouvé gougnafier ou immature mais il il n'a pas le moindre du monde ébranlé ma confiance en moi