Le jeune collègue qui s'invite à votre cours

Bonjour,

Je souhaite partager une expérience amusante que j'ai vécue ce matin. Un collègue, nouvellement arrivé dans l'établissement, m'a demandé, 10 minutes avant mon cours, s'il pouvait assister pour observer ma méthode d'enseignement. J'ai accepté volontiers, considérant que c'était une excellente opportunité d'échanger des pratiques, d'autant plus que ma classe est constituée d'élèves sympathiques et studieux.

Cependant, au lieu de simplement prendre place, comme je l'avais initialement pensé, mon collègue a choisi de jouer le rôle d'assistant. Pendant que je donnais des exercices à mes élèves, il circulait parmi eux pour vérifier leur travail.
De temps en temps, il taquinait gentiment les élèves lorsqu'ils rencontraient des difficultés, puis il leur fournissait les réponses, parfois avec une pointe d'humour. Il passait longtemps derrière chaque élève pour une vérification minutieuse de leur travail, ce qui m'a finalement amené à leur demander de travailler seuls.

Après cela, il s'est approché de moi pour émettre des commentaires tels que :

"Ne devrais-tu pas utiliser plutôt ce mot en allemand ?" (bien que les deux mots soient strictement synonymes, ce qu'il a fini par reconnaître).
À voix haute, en allemand, il a dit : "De toute façon, ils ne comprennent rien," en parlant des élèves. Il a également commenté : "C'est incroyable à quel point ce que le gaillard a grandi depuis que je l'ai eu en classe l'année dernière dans mon ancien collège."

Il a même ajouté : "Certains exercices, je ne les ferai jamais mais c'est intéressant de voir comment les collègues font!"
Puis, il m'a demandé si mes élèves étaient toujours aussi calmes et studieux ou si c'était parce qu'il était là. Je lui ai répondu que c'était généralement le cas !
A la fin, les élèves m'ont demandé si le collègue avait parlé sur eux et un autre a dit avec humour "il a dit que nous étions de très bons élèves !
En somme, j'ai presque eu une visite conseil.

Quel goujat ! Un tel manque d'éducation me sidère ; dès le début, d'ailleurs. On ne fait pas une telle demande 10 mns avant le début d'un cours.

Ah oui quand même !!
Ne le reprends plus jamais dans ton cours

Il aspire à devenir IPR ou chargé de mission ?
Tu as été très patiente car je lui aurais demandé de retourner s'asseoir. Perso, et même si ça me coûte une heure de mon temps, j'irais lui rendre une petite visite conseil à mon tour (dans les mêmes conditions).

Précisément, s'il est nouveau dans l'établissement mais aussi dans l'ÉN, il reproduit peut-être ce qu'il a vu de ses formateurs / de l'inspecteur ? C'est tiré par les cheveux mais sinon le comportement me paraît inexplicable -- il a l'air de considérer que, lors d'une observation de ce type, ce qui prime est son observation et non le cours.

Cleroli a écrit:Perso, et même si ça me coûte une heure de mon temps, j'irais lui rendre une petite visite conseil à mon tour (dans les mêmes conditions).

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Cleroli a écrit:Il aspire à devenir IPR ou chargé de mission ?
Tu as été très patiente car je lui aurais demandé de retourner s'asseoir. Perso, et même si ça me coûte une heure de mon temps, j'irais lui rendre une petite visite conseil à mon tour (dans les mêmes conditions).

Tu lui aurais demandé de se rasseoir, devant tous les élèves de la classe ?

Je compte lui faire une petite "visite" aussi dans sa classe bavarde (selon ses dires).
Histoire d'échanger les pratiques
En revanche, je resterai gentiment assise sur ma chaise.

valle a écrit:Précisément, s'il est nouveau dans l'établissement mais aussi dans l'ÉN, il reproduit peut-être ce qu'il a vu de ses formateurs / de l'inspecteur ? C'est tiré par les cheveux mais sinon le comportement me paraît inexplicable -- il a l'air de considérer que, lors d'une observation de ce type, ce qui prime est son observation et non le cours.

Oui, tout à fait. Il a observé tout un tas de choses sur les élèves (il a vu qu'il y avait une forte proportion de gauchers, qu'ils chuchotaient pendant les exercices, que l'un avait grandi, qu'ils posaient des questions de vocabulaire déjà indiqué au tableau (ce problème, je l'ai depuis des années, certains élèves ne lisent pas toujours bien les consignes et préfèrent poser la question au professeur).

Une AESH m'a fait la même chose l'an dernier, et avec d'autres professeurs. Une collègue furieuse l'a fachée, elle ne le fait plus! Certains ne comprennent pas leur role.

Mitcindy a écrit:

Cleroli a écrit:Il aspire à devenir IPR ou chargé de mission ?
Tu as été très patiente car je lui aurais demandé de retourner s'asseoir. Perso, et même si ça me coûte une heure de mon temps, j'irais lui rendre une petite visite conseil à mon tour (dans les mêmes conditions).

Tu lui aurais demandé de se rasseoir, devant tous les élèves de la classe ?

Je compte lui faire une petite "visite" aussi dans sa classe bavarde (selon ses dires).
Histoire d'échanger les pratiques
En revanche, je resterai gentiment assise sur ma chaise.

Oui, sans aucun souci mais pas en l'interpellant à l'autre bout de la classe pour le lui dire.
J'ai déjà reçu des jeunes collègues, à leur demande, dans ma classe et le seul qui s'était permis d'aider un groupe situé à côté de lui a eu droit à une remarque de ma part. Je ne vois pas pourquoi se taire du moment où moi, je ne le souhaite pas. Le seul qui m'a fait me le coup de ton collègue, et pour lequel je n'ai rien dit, c'était lors de ma 1ère inspection. Depuis, même mes IPR restent sagement assis et observent.

Tardis a écrit:Une AESH m'a fait la même chose l'an dernier, et avec d'autres professeurs. Une collègue furieuse l'a fachée, elle ne le fait plus! Certains ne comprennent pas leur role.

Toi, tu es bien du sud-ouest, tu n'as pas menti sur ton profil !

Mitcindy a écrit:

valle a écrit:Précisément, s'il est nouveau dans l'établissement mais aussi dans l'ÉN, il reproduit peut-être ce qu'il a vu de ses formateurs / de l'inspecteur ? C'est tiré par les cheveux mais sinon le comportement me paraît inexplicable -- il a l'air de considérer que, lors d'une observation de ce type, ce qui prime est son observation et non le cours.

Oui, tout à fait. Il a observé tout un tas de choses sur les élèves (il a vu qu'il y avait une forte proportion de gauchers, qu'ils chuchotaient pendant les exercices, que l'un avait grandi, qu'ils posaient des questions de vocabulaire déjà indiqué au tableau (ce problème, je l'ai depuis des années, certains élèves ne lisent pas toujours bien les consignes et préfèrent poser la question au professeur).

Tu vois quand tu dis "Ce problème je l'ai depuis des années...." je trouve que tu te justifies alors que tu n'as pas à le faire. Faire un cours c'est être dans le feu de l'action et si l'on commence à se regarder faire cours c'est fini (j'ai aussi ce travers dès qu'un adulte se trouve dans ma classe, et depuis quelque temps avec de nouveaux AESH je suis servie, ils doivent ignorer que le rectorat recrute en dix minutes et je leur suggérerais volontiers de postuler pour aller "jouer au prof" parce que ni plus ni moins c'est de cela qu'il s'agit et c'est on ne peut plus déplaisant).
Après une inspection à laquelle le PA avait assisté, ce dernier m'a dit après le cours "Vous savez, vous croyez que vos élèves travaillent mais j'en ai vu un qui faisait semblant pour avoir la paix". Sans blague. Ces réflexions n'apportent rien , si ce n'est pour ces personnes le sentiment qu'elles feraient mieux que nous.
Je suppose que tu n'as pas eu besoin de ce collègue pour savoir à quoi t'en tenir avec tes élèves.
C'est une très bonne idée d'inverser la situation si tu peux le faire!

Mitcindy a écrit:

Cleroli a écrit:Il aspire à devenir IPR ou chargé de mission ?
Tu as été très patiente car je lui aurais demandé de retourner s'asseoir. Perso, et même si ça me coûte une heure de mon temps, j'irais lui rendre une petite visite conseil à mon tour (dans les mêmes conditions).

Tu lui aurais demandé de se rasseoir, devant tous les élèves de la classe ?

Si les connaissances des élèves en allemand ne leur permettaient pas de tout comprendre à la conversation entre ce collègue et toi, tu pouvais lui dire gentiment d'aller se rasseoir en allemand (avec une formulation ampoulée ou littéraire pour éviter que les plus à l'aise ne comprennent, éventuellement). Je trouve aussi que tu mérites un prix pour ta patience ! Un butor pareil, c'te blague.

Mitcindy a écrit:

Tu lui aurais demandé de se rasseoir, devant tous les élèves de la classe ?

Clairement, oui. S'il a besoin de cela pour lui rappeler qui dirige le cours et qu'on ne le dérange pas, je n'hésiterais pas une seconde. Tant pis pour sa crédibilité : je préfère garder la mienne.

L'inspé demande (pas toujours très adroitement...) aux jeunes collègues de le faire créant les écueils que tu mentionnes. Est-il stagiaire ?

Kilmeny a écrit:L'inspé demande (pas toujours très adroitement...) aux jeunes collègues de le faire. Est-il stagiaire ?

Ce n'est pas assister au cours d'un collègue qui pose ici problème.

Jenny a écrit:

Kilmeny a écrit:L'inspé demande (pas toujours très adroitement...) aux jeunes collègues de le faire. Est-il stagiaire ?

Ce n'est pas assister au cours d'un collègue qui pose ici problème.

J'ai bien compris, mais la demande de l'Inspé est parfois formulée de façon à ce que le stagiaire se sente le droit de faire ce qu'a fait cette personne. J'ai en tête des précédents...

Ceci dit, je trouve que ça pourrait être une bonne idée d'aller se voir en cours. Mais, pour le coup en toute bienveillance, sans a priori, dans un échange constructif. Le cours, ça reste une chasse gardée.

Lors de ma formation post concours, on nous a mis en trinôme et on a assisté à tour de rôle à un cours d'un des deux autres. Très formateur, mais on est restés totalement silencieux tous les trois, cela va sans dire. Un débrief, éventuellement avec des critiques (constructives) après le cours, oui, des interventions pendant le cours là . Problème de positionnement du jeune collègue, clairement. On a l'habitude des élèves qui sortent de leur rôle (se prennent pour un assistant du prof, posent des questions perso qui n'ont rien à voir, ou autre), mais venant d'un collègue, c'est ennuyeux.

roxanne a écrit:Ceci dit, je trouve que ça pourrait être une bonne idée d'aller se voir en cours. Mais, pour le coup en toute bienveillance, sans a priori, dans un échange constructif. Le cours, ça reste une chasse gardée.

Il fut un temps où ça fonctionnait comme ça en primaire. Mon école était rattachée à un CFP (centre de formation des instits du privé) et les stagiaires venaient régulièrement dans la classe de CM2 où j'étais (1983), pour des périodes d'observation tout d'abord, puis de cours sous le regard de l'instit puis en responsabilité pour plusieurs semaines, pendant ce temps, l'instit allait faire cours aux futurs instits si elle en avait les compétences ou restait dans l'établissement en renfort si besoin (la mienne, si je me souviens bien, faisait des cours d'arts plastiques ou musique dans les autres classes à ces périodes-là).

Un partenariat/tutorat avec un prof chevronné (et volontaire), serait extrêmement formateur, sur de longues périodes, pas juste deux heures. Mais vous imaginez un ministre de l'EN qui propose de mettre deux adultes (payés tous les deux, même si on peut imaginer que le salaire du prof en formation ne sera pas généreux) devant une classe, à l'échelle de la Nation?? Il y a autant de chance que ça arrive que pour moi de devenir championne de patinage (et ce n'est pas peu dire ).

miss sophie a écrit:

Tardis a écrit:Une AESH m'a fait la même chose l'an dernier, et avec d'autres professeurs. Une collègue furieuse l'a fachée, elle ne le fait plus! Certains ne comprennent pas leur role.

Toi, tu es bien du sud-ouest, tu n'as pas menti sur ton profil !

Elle l'a fachée en mangeant une chocolatine!

Demander dix minutes avant, je l’ai déjà fait de façon impulsive parce que je sentais que je pouvais le faire avec la collègue en question. Je suis évidemment restée silencieuse et assise, en observation quoi, non mais pour qui ton collègue s'est-il pris ? En plus des cours d'empathie, j'espère que le gouvernement va organiser des cours de savoir-vivre (je suis déjà partie) !

Hocam a écrit:

Mitcindy a écrit:

Cleroli a écrit:Il aspire à devenir IPR ou chargé de mission ?
Tu as été très patiente car je lui aurais demandé de retourner s'asseoir. Perso, et même si ça me coûte une heure de mon temps, j'irais lui rendre une petite visite conseil à mon tour (dans les mêmes conditions).

Tu lui aurais demandé de se rasseoir, devant tous les élèves de la classe ?

Si les connaissances des élèves en allemand ne leur permettaient pas de tout comprendre à la conversation entre ce collègue et toi, tu pouvais lui dire gentiment d'aller se rasseoir en allemand (avec une formulation ampoulée ou littéraire pour éviter que les plus à l'aise ne comprennent, éventuellement). Je trouve aussi que tu mérites un prix pour ta patience ! Un butor pareil, c'te blague.

Je lui ai indiqué sa place au début du cours mais il ne l'a pas fait. Il s'est tout de suite mis en mouvement pour vérifier le travail de mes élèves
Ce qui m'a ennuyée, c'est qu'il restait vraiment longtemps derrière chacun, se penchant sur leur copie et commentant leurs phrases...
Même moi, je ne suis pas aussi lourde avec mes élèves. Je passe dans les rangs pour vérifier qu'ils bossent, certes, mais ne reste pas des plombes derrière et je demande s'ils ont besoin d'aide, je ne donne pas les réponses !

EdithW a écrit:Un partenariat/tutorat avec un prof chevronné (et volontaire), serait extrêmement formateur, sur de longues périodes, pas juste deux heures. Mais vous imaginez un ministre de l'EN qui propose de mettre deux adultes (payés tous les deux, même si on peut imaginer que le salaire du prof en formation ne sera pas généreux) devant une classe, à l'échelle de la Nation?? Il y a autant de chance que ça arrive que pour moi de devenir championne de patinage (et ce n'est pas peu dire ).

Payés pour cela, non, en effet mais mon IPR nous sollicite depuis 2 ans pour organiser des groupes de profs d'un même bassin qui se visitent régulièrement pour ensuite échanger sur leurs pratiques / ressentis. J'ignore si des collègues sont entrés dans ce dispositif.

Je pense que je commence à devenir vieux car je trouve certains jeunes collègues vraiment très à l'aise et manquant parfois de savoir-vivre (tout en étant sympathiques par ailleurs).