- Marcelle DuchampExpert spécialisé
Clecle78 a écrit:Ce n'est pas encore un bullshitjob quand on aime enseigner, qu'on aime les jeunes et qu'on trouve du plaisir dans sa classe, mais c'est un statut déclassé et ça au bout d'un moment c'est destructeur. Moi ça fait 40 ans que j'entends que je ne fous rien et au bout d'un moment ça devient tout juste insupportable, ça a pesé sur mon moral ( notamment au moment du COVID) et sur ma décision de partir dès que possible. Et ce que j'entrevois de l'avenir est encore pire. Je sais que mon fils aura une vision proche de celle des contractuels que vous décrivez et c'est très bien parceque ça le protégera. Moi ça m'a bouffée parfois mais je suis solide. Ça a détruit mon frère qui a été placé en invalidité à 50 ans avec la bénédiction d'une institution qui n'a jamais levé le petit doigt pour l'aider mais lui a bien enfoncé le tête sous l'eau jusqu'à ce qu'il manque en mourir (et il n'est pas en bien bel état aujourd'hui encore). On tape beaucoup sur la MGEN mais c'est tout de même grâce à sa prévoyance qu'il a un niveau de vie acceptable aujourd'hui puisqu'on ne lui a proposé absolument aucune porte de sortie professionnelle, hormis des concours qu'il était incapable de passer, après l'avoir tout de même bien exploité en occupation thérapeutique au CNED pendant des années.
Mais comment ça se fait qu’il ait fait de l’OTT pendant des années sans qu’on lui propose un poste adapté?! C’est fou ça!!
C’est vrai que sans la prévoyance de la MGEN, j’aurais vécu avec 900€/mois pendant 2,5 ans et ça m’a permis de ne pas être dans une situation catastrophique. D’ailleurs quand on me demandait comment ça se faisait que je n’ai aucune économie, ça me mettrait hors de moi. Impossible d’épargner de manière conséquente quand on vit dans une des villes les plus chères de France, qu’on a un enfant en bas âge et qu’on tombe malade! Et mon conjoint gagnant à peine plus que le smic, sans la prévoyance de la MGEN, cela aurait impossible.
Un jour j’avais dit à l’assistante sociale du rectorat que je n’aurais jamais imaginé qu’un jour je me poserai la question de savoir si je devais me racheter des collants ou un jogging à 10€ pour mon fils en étant fonctionnaire de catégorie A!!
- CasparProphète
zigmag17 a écrit:Clecle78 a écrit:Je ne suis pas du tout sûre qu'on puisse continuer à faire de l'artisanat à l'avenir. En tout cas il est vrai que chacun doit faire son expérience. Mon fils aime vraiment enseigner et il n'a pas été pris en traître. Il a avait auparavant monté une entreprise qui malheureusement a été victime du COVID et lui a coûté sa santé et son moral en plus de le ruiner. Il a bossé ensuite 60h par semaine dans une boîte d'événements, type maison hantée, où il n'avait ni soirée ni weekend avec une pression de dingue pour un salaire égal à celui qu'il touche comme contractuel. Il est très heureux en ce moment en tout cas.
C'est toute la différence entre choisir et subir.
Nous avons choisi d'entrer dans la profession au regard de certains critères : catégorisation A, salaire décent, sécurité de l'emploi, relative reconnaissance et assez grande liberté pédagogique, avec en contrepartie les inconvénients inhérents au statut, particulièrement celui de la mobilité géographique forcée.
Nous ne travaillons plus aujourd'hui dans les conditions pour lesquelles nous avons signé, et l'État devrait être assigné pour rupture de contrat. Tout a changé.
Ceux qui entrent dans la profession aujourd'hui le font en toute connaissance de cause, disons qu'ils savent au moins à quoi s'attendre en termes de salaire et de conditions de travail ( pacte etc).
Les contractuels que je connais tiennent tous sans exception le même discours: ils choisissent leurs postes ( contrairement aux TZR), posent leurs conditions quand ils le peuvent, et estiment qu'ils n'ont pas de comptes à rendre et que si on se fiche trop d'eux ils partiront sans se retourner car pour pas plus cher ils peuvent trouver du boulot dans un autre secteur. Je trouve qu'ils ont bien compris que c'est devenu un bullshit job qui a pour vocation d'être temporaire en attendant mieux.
Ceux qui avaient embrassé la profession avec la passion d'enseigner chevillée au corps sont en train de déchanter ( 2 dans mon entourage). Le seul bénéfice qui reste est de pouvoir exercer où ils le souhaitent.
Mais il est vrai que les reconversions tardives peuvent être réussies, en effet tout dépend des expériences vécues auparavant. Là aussi j'ai des exemples . Cela dépend du secteur ( en LP par exemple les plus heureux sont à priori les collègues anciens commerciaux ou gérants de boutiques reconvertis en PLP spécialité Vente ou Commerce, certains revivent car ils n'ont plus d'objectifs de ventes à tenir. Mais pour combien de temps? Parce que la pression dans l'EN est tout de même là ).
Pap Ndiaye a bien exprimé cet état de fait: "On ne devient pas professeur pour attendre son pot de retraite pendant 40 ans." Message clair: on enseignera quelques années avant de trouver mieux ailleurs.
- LefterisEsprit sacré
Ca ne pèserait pas si c'était seulement des propos convenus de pedzouilles.Ce qui est dur, c'est que ce dénigrement est organisé par notre propre employeur (sous entendus, petites phrases permanentes...) , pour permettre de faire passer dans le silence toutes les réformes les plus catastrophiques, qui elles -mêmes détruisent plus le métier, et ainsi de suite.maved83 a écrit:
Ce qui me pèse le plus : entendre dire qu'on est des feignasses alors que je bosse tout le temps. Ça fait 27 ans que j'entends dire ça et ça me gonfle.
C'est exactement ça : dans un premier temps, je me suis dit que je perdais certes 1/3 de mes revenus, mais que finalement, je gagnais en qualité" de vie, que je baignais dans ce qui auparavant était un loisir, qu'on me fichait relativement la paix par rapport à ce que je venais de vivre et qui avait provoqué mon départ. Mais peu de temps après, ça a commencé à flinguer dans tous les sens (DHG peau de chagrin, puis disparition progressive de ma discipline -même chose pour des collègues de langues qui se sont ramassés un complément de service..) , durcissement des conditions d'exercice et du comportement des élèves. Immpossibilité bien entendu de bouger, la pénurie frappant tout le monde dans ma discipline.Impossibilité de me faire détacher et me re-reconvertir (pas faute d'avoir essayé) parce qu'avec l'agreg, peu de postes possibles en raison des équivalences de grille. Même si l' on veut, on ne peut pas partir sur un posfte aux bornes indiciaires inférieures. Je ne vais pas pleurnicher, beaucoup aimeraient être agrégés, il suffit de voir ce forum, mais il faut bien se rendre compte que sur ce point, objectivement, c'est un peu une cage dorée.zigmag17 a écrit:
C'est toute la différence entre choisir et subir.
Nous avons choisi d'entrer dans la profession au regard de certains critères : catégorisation A, salaire décent, sécurité de l'emploi, relative reconnaissance et assez grande liberté pédagogique, avec en contrepartie les inconvénients inhérents au statut, particulièrement celui de la mobilité géographique forcée.
Nous ne travaillons plus aujourd'hui dans les conditions pour lesquelles nous avons signé, et l'État devrait être assigné pour rupture de contrat. Tout a changé.
Pour le contrat, justement, ça serait bien de pouvoir dénoncer notre employeur, mais le hic c'est que nous sommes sous statut, c'est-à-dire qu'on peut le changer du jour au lendemain sans que nul ne puisse y redire.Les seules armes sont celles qui sont à l''oeuvre actuellement : ne plus passer les concours, et pour les piégés, traîner les pieds.
Ca ne devrait pas mais ça devient un bullshit job entre autres parce que ce qui donnait du sens quand on a commencé a disparu. Franchement, je me demandais bien pourquoi je me levais le matin hormis gagner ma croûte après la réforme du collège et ses conséquences en cascades. On m'aurait donné la même chose en faisant autre chose (tenir la loge, balayer la cour, entretenir le matériel) je l'aurais pris sans une hésitation. Non, c'est un métier, un travail, pas une vocation.La "vocation", à la limite, c'est la matière.Reine Margot a écrit:Je ne dirais pas que c'est un blusshit job, un bullshit job est un boulot ennuyeux qui en soi n'a pas de sens et ne nécessite pas de vocation.
Prof est un boulot à vocation (comme dans les hôpitaux) mais les conditions de travail empêchent de le faire bien, d'où la frustration et une certaine perte de sens, mais pour des raisons différentes du bullshit job. En plus, contrairement au bullshit job, on rend l'école un peu responsable de tout dans la société.
Soit. Mais dans ce cas il faut s'attendre à voir disparaître de nombreuses disciplines, ou en baisser considérablement le niveau (ce qui se passe dans les faits avec les contractuels, les capes "rénovés" en entretiens d'embauche). On ne va pas faire cinq ans d'études , plus concours et stages éprouvants, pour enseigner la même durée, même dix ou quinze ans. Les matières peu porteuses dans le privé ou dans d'autres secteurs vont irrémédiablement disparaître à terme.Caspar a écrit:
Pap Ndiaye a bien exprimé cet état de fait: "On ne devient pas professeur pour attendre son pot de retraite pendant 40 ans." Message clair: on enseignera quelques années avant de trouver mieux ailleurs.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- CasparProphète
Il va de soi que je n'approuve en rien mes propos de notre ancien ministre, très méprisants pour notre profession.
- LefterisEsprit sacré
Caspar a écrit:Il va de soi que je n'approuve en rien mes propos de notre ancien ministre, très méprisants pour notre profession.
Je sais, mais il est bon de répéter les conséquences d'une telle vision des choses. Elle ne serait acceptable que si cela partait d'un autre sentiment : la reconnaissance que le métier est très difficile, qu'il est légitime de partir, et que l'Etat prend ça en compte en proposant de vraies mesures de reconversion : emplois réservés, préparation à des concours payée et sur temps de service, possibilité d'aller directement à des oraux pour la catégorie A... En cherchant, on trouve.Quand il y a eu de gros dégagements de cadres dans l'armée, après la fin du SN, il y a eu des solutions.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
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- MathadorEmpereur
Et certains de ces dispositifs (notamment l'art. L4139-2 du Code de la défense) existent encore.
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"There are three kinds of lies: lies, damned lies, and statistics." (cité par Mark Twain)
« Vulnerasti cor meum, soror mea, sponsa; vulnerasti cor meum in uno oculorum tuorum, et in uno crine colli tui.
Quam pulchrae sunt mammae tuae, soror mea sponsa! pulchriora sunt ubera tua vino, et odor unguentorum tuorum super omnia aromata. » (Canticum Canticorum 4:9-10)
- VoltaireNiveau 10
Pour répondre à la question du titre, demandez aux enfants et aux conjoints de profs ...
- Lisak40Expert spécialisé
Ou même aux parents de profs et aux amis de profs. Ma mère sait que non seulement financièrement ca a été très compliqué pendant longtemps puisqu'en gros c'est elle qui me finançait mes extras (vacances, soins dentaires, etc.), mais elle constate aussi depuis 2-3 ans ma fatigue mentale immense et ma santé physique qui s'est dégradée à vitesse grand V depuis 2-3 ans... Pour mes amis : un de mes amis gros cadre +++ dans une très grosse boite avec donc un très gros salaire a un moment songé à passer l'agreg en maths ou physique (et vu son niveau, sa capacité à apprendre il pourrait tout à fait l'obtenir "facilement" je pense) parce que son job commence quand même à lui peser. Sauf que 1. question salaire, même avec la reprise de l'ancienneté dans le privé, il va beaucoup beaucoup perdre, et vu le profil de l'un de ses enfants, il n'est pas excu que celui-ci aille faire ses études aux Et. Unis dans une grosse université genre MIT (et même chose pourle 2e mais avec un profil plus artistique), et il veut pouvoir leur offrir les études qu'ils souhaiteront faire. 2. Je lui ai dit que même agregé, il peut très bien se retrouver dans un collège ou lycée pas terrible, avec un public réfractaire aux maths et à l'école en général (et connaissant son caractère il ne comprendra pas et ne supportera pas). 3. Je lui ai parlé des conditions de travail, et cela nous affecte tous : agregé maths classe exceptionnelle ou PLP maths sciences T1, on travaille tous pour le même ministère qui n'en a rien à f**tre de nous, de notre confort de travail, de notre santé mentale et physique, et nous met des bâtons dans les roues pour tout et rien. 4. Même s'il le sait (il a beaucoup de respect pour l'école et les profs hein il est pas du genre à croire qu'on bosse 18h par semaine 6 mois par an), je lui ai expliqué que vraiment être prof c'était beaucoup plus de travail en plus des cours et des corrections (beaucoup de gens oublient qu'en plus des cours, de la fabrication des cours et des corrections on a aussi beaucoup beaucoup de tâches annexes administratives ou non qui sont chronophages et qui alourdissent constamment notre charge de travail initiale).
Résultats : mon ami a pour l'instant renoncé à son changement de carrière il pourrait y penser quand ses deux enfants auront terminé leurs études mais cela lui fera 60 ans et là je lui déconseillerai encore plus fermement de faire ce métier !
Résultats : mon ami a pour l'instant renoncé à son changement de carrière il pourrait y penser quand ses deux enfants auront terminé leurs études mais cela lui fera 60 ans et là je lui déconseillerai encore plus fermement de faire ce métier !
- Ajonc35Sage
Cela me fait penser à un des " patron" de M.Ajonc qui déclarait qu'un emploi à vie dans l'entreprise E n'était plus d'actualité. Il fallait savoir se remettre en cause au bout de 5 ans. Il est resté jusque sa retraite et bien plus de 10 ans, sans doute 15. M Ajonc ne s'en souvient plus.Caspar a écrit:zigmag17 a écrit:Clecle78 a écrit:Je ne suis pas du tout sûre qu'on puisse continuer à faire de l'artisanat à l'avenir. En tout cas il est vrai que chacun doit faire son expérience. Mon fils aime vraiment enseigner et il n'a pas été pris en traître. Il a avait auparavant monté une entreprise qui malheureusement a été victime du COVID et lui a coûté sa santé et son moral en plus de le ruiner. Il a bossé ensuite 60h par semaine dans une boîte d'événements, type maison hantée, où il n'avait ni soirée ni weekend avec une pression de dingue pour un salaire égal à celui qu'il touche comme contractuel. Il est très heureux en ce moment en tout cas.
C'est toute la différence entre choisir et subir.
Nous avons choisi d'entrer dans la profession au regard de certains critères : catégorisation A, salaire décent, sécurité de l'emploi, relative reconnaissance et assez grande liberté pédagogique, avec en contrepartie les inconvénients inhérents au statut, particulièrement celui de la mobilité géographique forcée.
Nous ne travaillons plus aujourd'hui dans les conditions pour lesquelles nous avons signé, et l'État devrait être assigné pour rupture de contrat. Tout a changé.
Ceux qui entrent dans la profession aujourd'hui le font en toute connaissance de cause, disons qu'ils savent au moins à quoi s'attendre en termes de salaire et de conditions de travail ( pacte etc).
Les contractuels que je connais tiennent tous sans exception le même discours: ils choisissent leurs postes ( contrairement aux TZR), posent leurs conditions quand ils le peuvent, et estiment qu'ils n'ont pas de comptes à rendre et que si on se fiche trop d'eux ils partiront sans se retourner car pour pas plus cher ils peuvent trouver du boulot dans un autre secteur. Je trouve qu'ils ont bien compris que c'est devenu un bullshit job qui a pour vocation d'être temporaire en attendant mieux.
Ceux qui avaient embrassé la profession avec la passion d'enseigner chevillée au corps sont en train de déchanter ( 2 dans mon entourage). Le seul bénéfice qui reste est de pouvoir exercer où ils le souhaitent.
Mais il est vrai que les reconversions tardives peuvent être réussies, en effet tout dépend des expériences vécues auparavant. Là aussi j'ai des exemples . Cela dépend du secteur ( en LP par exemple les plus heureux sont à priori les collègues anciens commerciaux ou gérants de boutiques reconvertis en PLP spécialité Vente ou Commerce, certains revivent car ils n'ont plus d'objectifs de ventes à tenir. Mais pour combien de temps? Parce que la pression dans l'EN est tout de même là ).
Pap Ndiaye a bien exprimé cet état de fait: "On ne devient pas professeur pour attendre son pot de retraite pendant 40 ans." Message clair: on enseignera quelques années avant de trouver mieux ailleurs.
Fais comme je dis etc.
Regardez ces pro de la politique. Mais sans doute que sur les hauteurs la vie est belle.
- EdithWGrand sage
Ma deuxième fille veut devenir prof de français et en collège!! C’est peut-être l’exception qui confirme la règle
Son aînée, en khâgne, entourée d’enfants de profs, me disait qu’aucun de ses camarades sauf une, qui justement n’a aucun enseignant dans son entourage, ne veut être prof. Et que les autres essayent vainement de la dissuader. Si même les khâgneux, avec leurs enseignants d’élite comme modèles (non pas que les autres soient moins méritants mais les places sont chères et ce n’est pas faire injure aux profs de CPGE que de dire qu’ils ont des conditions de travail un peu plus favorables que leurs collègues de collège ou LP par exemple), ne veulent plus enseigner, ça augure mal de l’avenir de la profession! Tous mes proches passés par des prépas littéraires sont devenus profs ou presque.
Par contre, beaucoup de jeunes autour de moi, qui auraient embrassé la carrière sans se poser de questions il y a 20 ans, envisagent ponctuellement ou « pour voir » de faire des remplacements une fois qu’ils auront une licence si besoin. Ils sont conscients que ça ne paye pas mais aussi qu’il y a des demandes partout. Ils ont vu certains des bras cassés engagés en 5 minutes pour remplacer leurs enseignants absents, quand ils étaient au collège ou au lycée et le message prof=vocation/40 ans au même poste n’est plus d’actualité. C’est peut-être dommage mais ça leur garantit au moins de ne pas se faire piéger comme beaucoup d’entre nous le sommes.
Son aînée, en khâgne, entourée d’enfants de profs, me disait qu’aucun de ses camarades sauf une, qui justement n’a aucun enseignant dans son entourage, ne veut être prof. Et que les autres essayent vainement de la dissuader. Si même les khâgneux, avec leurs enseignants d’élite comme modèles (non pas que les autres soient moins méritants mais les places sont chères et ce n’est pas faire injure aux profs de CPGE que de dire qu’ils ont des conditions de travail un peu plus favorables que leurs collègues de collège ou LP par exemple), ne veulent plus enseigner, ça augure mal de l’avenir de la profession! Tous mes proches passés par des prépas littéraires sont devenus profs ou presque.
Par contre, beaucoup de jeunes autour de moi, qui auraient embrassé la carrière sans se poser de questions il y a 20 ans, envisagent ponctuellement ou « pour voir » de faire des remplacements une fois qu’ils auront une licence si besoin. Ils sont conscients que ça ne paye pas mais aussi qu’il y a des demandes partout. Ils ont vu certains des bras cassés engagés en 5 minutes pour remplacer leurs enseignants absents, quand ils étaient au collège ou au lycée et le message prof=vocation/40 ans au même poste n’est plus d’actualité. C’est peut-être dommage mais ça leur garantit au moins de ne pas se faire piéger comme beaucoup d’entre nous le sommes.
- Lisak40Expert spécialisé
Pour moi le bullshit job ce n'est pas tout à fait ce qui a été décrit (il me semble) précedemment : le bullshit job c'est un job sans lequel la société vivrait très bien, voire mieux, et dans lequel on ne produit rien, on ne fait rien de concret ou presque (donner des cours c'est concret) et dont l'utilité ou les bénéfices à la société ne sont pas mesurables (à part d'un point de vue financier et généralement pour le compte d'une seule poignée de gens : ceux qui font ces métiers) et pour lequel on est payé très très cher. Instagrammeur, publicitaire, consultant, influeuceur, chef marketing etc. sont par exemple des bullshit jobs typiques, alors que femme de ménage, chirurgien, pompier, assistante maternelle, et donc prof ne le sont pas. N. Mathieu en parle très bien dans son dernier livre (Connemara) où le personnage principal est consultante dans une boite de consulting (oui je sais c'est redondant), Mc Kinsey y est d'ailleurs cité... Donc, non je ne pense pas que prof soit devenu un bullshit job dans le sens où on ne produit pas encore du vide tout en étant payé 10000 euros par mois. En outre, dans la mesure où mon travail n'est certes plus d'enseigner mais de faire garderie je ne sens pas totalement "inutile", enfin pas encore, mais par contre en effet ce n'est absolument pas ce pour quoi j'ai signé...
- zigmag17Guide spirituel
C'est vrai, ce que je mets sous cette appellation ne correspond pas à la définition de l'expression stricto sensu. Pourtant je trouve le terme super bien adapté aux conditions de travail. Et je trouve que l'on fait tout pour produire du vide (cf le retour du pro dans l'enseignement général, il n'y a qu'à voir ce que l'on appelle "oral de français " en CAP par exemple, et le "chef-d'oeuvre" qui est du flan etc), je ne me sens pas spécialement utile ( en tout cas pas du tout indispensable), n'importe qui peut postuler en job dating et ça ça m'achève, et je pense que sans nous la société se débrouille ( je ne parle pas de l'élite qui trouvera toujours un enseignement de qualité à dispenser à ses enfants), tout ça pour des clopinettes et j'en passe.
- LyoraneNiveau 7
Prof depuis douze ans. J’ai vu ma mère cette semaine, à qui je n’avais pas parlé depuis quelques semaines. On parlait de tout et rien, et au moment où la question du boulot est arrivée, tout a lâché d’un coup : Arras, la gestion désastreuse de mon bahut le lundi suivant, les questions des élèves qui m’ont démunie de façon schizophrénique entre ma personne et ma fonction (« Madame, vous avez peur ? Nous, on est protégés ?) l’alerte à la bombe qu’on a reçue deux jours plus tard…
Ma mère, les larmes aux yeux, m’a demandé avec insistance de réfléchir à changer de métier. Ce n’est pas la première fois, dans les moments de profonde fatigue mentale, émotionnelle et physique face au taf, elle me l’a déjà soufflé ; mais c’est la première fois qu’elle pleure en me le disant.
D’habitude je lui réponds que je ne me vois pas faire autre chose (d’autant plus avec un M2 en littérature) et que j’aime mon métier, mais qu’on m’empêche de le faire correctement. Là je n’ai plus su quoi dire.
Ma mère, les larmes aux yeux, m’a demandé avec insistance de réfléchir à changer de métier. Ce n’est pas la première fois, dans les moments de profonde fatigue mentale, émotionnelle et physique face au taf, elle me l’a déjà soufflé ; mais c’est la première fois qu’elle pleure en me le disant.
D’habitude je lui réponds que je ne me vois pas faire autre chose (d’autant plus avec un M2 en littérature) et que j’aime mon métier, mais qu’on m’empêche de le faire correctement. Là je n’ai plus su quoi dire.
- zigmag17Guide spirituel
Oui en plus le climat est hyper anxiogène.
- Lisak40Expert spécialisé
Je crois que le climat en effet n'aide pas... Perso ma mère (qui certes en a les moyens) m'a promis qu'elle m'aidera financièrement pour que je change métier (càd si je dois passer à TP ou prendre un congé de formation) tellement elle me voit dépérir...
- Graisse-BoulonsNiveau 10
Lisak40 a écrit:Je crois que le climat en effet n'aide pas... Perso ma mère (qui certes en a les moyens) m'a promis qu'elle m'aidera financièrement pour que je change métier (càd si je dois passer à TP ou prendre un congé de formation) tellement elle me voit dépérir...
Tu n'as pas le droit de passer a temps partiel pour démarrer une autre activité, c'est bien fait hein?
Tu n'as pas le droit au chômage et la rupture conventionnelle qui n'existait pas vient d'être crée pour la forme mais n'est presque jamais accordée. N'oublions pas ce qu'est la RC: un " arrangement" avec un employeur qui te permet de toucher le chômage comme si tu avais perdu ton emploi alors que c'est toi qui veux partir...nous, notre employeur c'est l'état...il n'arrive pas a recruter des profs au niveau requis et il a pour rôle de diminuer le chômage....
Certains posent leur demande de démission ( là tu n'as plus de revenus) , et cette demande est souvent refusée pour " raison impérative de service".
Si ta mère peut t'assurer l'équivalent de ton revenu il reste la désertion ( abandon de poste) mais il serait intéressant de savoir, dans ce cas, si on ne perd pas les droits a la " retraite " puisque pour nous, la aussi, c'est différent : c'est une pension, c'est a dire en quelques sortes la poursuite du versement d'un salaire alors que tu as cessé ton activité en raison de ton âge, qu'en est-il de la " poursuite" de ce versement si tu abandonnes le poste?
- LyoraneNiveau 7
Lisak40 a écrit:Je crois que le climat en effet n'aide pas... Perso ma mère (qui certes en a les moyens) m'a promis qu'elle m'aidera financièrement pour que je change métier (càd si je dois passer à TP ou prendre un congé de formation) tellement elle me voit dépérir...
J'ai eu un congé formation pour passer l'agrégation. C'est clair qu'il faut anticiper financièrement : 1540€ par mois en étant certifiée échelon 7.
Si ta mère peut t'aider sur cette période là, c'est une bonne piste à creuser : libérée des cours, tu peux t'engager totalement dans ton projet ; c'est un luxe (..jusqu'au fait que ça coûte hyper cher.)
- JennyMédiateur
Le congé formation est cependant très long à obtenir à Paris : 9 ans l’année dernière.
- LyoraneNiveau 7
Oui, quand j'étais arrivée en formation (nationale, donc pas mal d'académies représentées) j'avais été ahurie des différences multiples : durée de la demande, durée aussi du congé lui-même, avec des académies qui limitaient le nombre de mois, d'autres non..
- JennyMédiateur
Effectivement à Paris, c’est 6 mois pour l’agrégation.
- Clecle78Bon génie
On garde ses droits à la retraite même avec un abandon de poste puisqu'on a cotisé.Graisse-Boulons a écrit:Lisak40 a écrit:Je crois que le climat en effet n'aide pas... Perso ma mère (qui certes en a les moyens) m'a promis qu'elle m'aidera financièrement pour que je change métier (càd si je dois passer à TP ou prendre un congé de formation) tellement elle me voit dépérir...
Tu n'as pas le droit de passer a temps partiel pour démarrer une autre activité, c'est bien fait hein?
Tu n'as pas le droit au chômage et la rupture conventionnelle qui n'existait pas vient d'être crée pour la forme mais n'est presque jamais accordée. N'oublions pas ce qu'est la RC: un " arrangement" avec un employeur qui te permet de toucher le chômage comme si tu avais perdu ton emploi alors que c'est toi qui veux partir...nous, notre employeur c'est l'état...il n'arrive pas a recruter des profs au niveau requis et il a pour rôle de diminuer le chômage....
Certains posent leur demande de démission ( là tu n'as plus de revenus) , et cette demande est souvent refusée pour " raison impérative de service".
Si ta mère peut t'assurer l'équivalent de ton revenu il reste la désertion ( abandon de poste) mais il serait intéressant de savoir, dans ce cas, si on ne perd pas les droits a la " retraite " puisque pour nous, la aussi, c'est différent : c'est une pension, c'est a dire en quelques sortes la poursuite du versement d'un salaire alors que tu as cessé ton activité en raison de ton âge, qu'en est-il de la " poursuite" de ce versement si tu abandonnes le poste?
- Lisak40Expert spécialisé
@Graisse-Boulons Pour le TP ou le congé de formation (que je n'aurai pas de toutes les façons), ce serait pour préparer un autre concours, pas pour une création d'entreprise (aucune âme entrepreneuse et je me méfie des idées de reconversion plus ou moins "farfelues" que je vois fleurir ici et là, notamment sur les groupes Facebook sur le sujet : devenir coach mental, ou ergo/musico/machintructhérapeute, pâtissière, ouvrir une savonnerie au lait d'ânesse ou une librairie - salon de thé ou une maison d'hôte, etc. ce n'est absolument pas pour moi. Et comme je ne pense pas que mon profil passe bien dans le privé (carrière très accidentée, âge avancé, incapable de me vendre), je ne vois que la FP qui me conviendrait, sauf exception. Je ne compte pas démissionner non plus : trop risqué pour moi, et pour avoir bien galéré professionnellement entre mes 25 et presque 40 ans, je ne veux plus retourner à ce mode de vie qui ne me correspond pas ou plus... Ma mère est aisée, mais pas au point de pouvoir m'assurer un salaire correct si je démissionnais et me retrouvais sans rien (et de toutes les façons elle trouverait cela inapproprié moralement -je suis d'accord-), son idée est plutôt de pouvoir m'assurer un confort de vie correct (surtout la santé vu mes problèmes coûteux) si je devais pendant un an ou deux avoir un salaire plus bas afin de rebondir... Mais pour le reste, je suis totalement d'accord avec toi !
- zigmag17Guide spirituel
Graisse-Boulons a écrit:Lisak40 a écrit:Je crois que le climat en effet n'aide pas... Perso ma mère (qui certes en a les moyens) m'a promis qu'elle m'aidera financièrement pour que je change métier (càd si je dois passer à TP ou prendre un congé de formation) tellement elle me voit dépérir...
Tu n'as pas le droit de passer a temps partiel pour démarrer une autre activité, c'est bien fait hein?
Tu n'as pas le droit au chômage et la rupture conventionnelle qui n'existait pas vient d'être crée pour la forme mais n'est presque jamais accordée. N'oublions pas ce qu'est la RC: un " arrangement" avec un employeur qui te permet de toucher le chômage comme si tu avais perdu ton emploi alors que c'est toi qui veux partir...nous, notre employeur c'est l'état...il n'arrive pas a recruter des profs au niveau requis et il a pour rôle de diminuer le chômage....
Certains posent leur demande de démission ( là tu n'as plus de revenus) , et cette demande est souvent refusée pour " raison impérative de service".
Si ta mère peut t'assurer l'équivalent de ton revenu il reste la désertion ( abandon de poste) mais il serait intéressant de savoir, dans ce cas, si on ne perd pas les droits a la " retraite " puisque pour nous, la aussi, c'est différent : c'est une pension, c'est a dire en quelques sortes la poursuite du versement d'un salaire alors que tu as cessé ton activité en raison de ton âge, qu'en est-il de la " poursuite" de ce versement si tu abandonnes le poste?
En effet ils ont bien pensé l'"après" au cas où on voudrait s'échapper.
Une ex collègue a fini, de guerre lasse, par poser sa démission ( au sens propre et au sens figuré : direct dans le bureau du proviseur) après s'être fait balader pendant des mois au cours desquels on lui avait laissé entendre que son dossier remplissait les conditions d'une obtention de RC, tout ça pour s'entendre dire presque un an plus tard que ce ne serait pas possible.
En filigrane il y avait l'idée de la part de l'EN de "laisser traîner " afin qu'elle s'épuise et qu'exsangue financièrement, elle finisse par renoncer à son projet.
Sauf que ça ne s'est pas du tout passé comme ils le pensaient et ils l'ont eu dans le baba ( section de prestige pour laquelle il a fallu trouver fissa un remplaçant et avec les compétences demandées ca ne se trouvait pas sous le sabot d'un cheval) .
L'abandon de poste quand on démissionne et qu'on a un patrimoine suffisant par ailleurs pour n'avoir pas à se préoccuper de sa retraite, c'est un épiphénomène dont il est jouissif de se fiche complètement.
Sauf que peu de personnes peuvent se permettre ce luxe ( elle, elle pouvait ) et en attendant quand on veut s'extirper de la nasse c'est un vrai parcours du combattant.
Bonne chance à toi lisak40 pour ta reconversion
- valleExpert spécialisé
L'abandon de poste ne change en rien les droits à la retraite (pension civile) acquis.
- zigmag17Guide spirituel
valle a écrit:L'abandon de poste ne change en rien les droits à la retraite (pension civile) acquis.
Oui d'accord. Je viens de lire le post de Laverdure et le tien.
Au temps pour moi.
( Tant mieux par ailleurs)
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