- BaldredSage
LiliFrance a écrit:Soirée a écrit:Donc de mon côté je dirais que ce métier peut satisfaire une personne aux conditions suivantes (je parle pour un professeur du second degré, en collège ou LGT, mon champ d'exercice) :
- d'abord éprouver de l'intérêt pour la discipline enseignée, le métier d'enseignant du second degré est étroitement lié à un champ disciplinaire (ou plusieurs) et c'est important selon moi d'aimer ce qu'on enseigne, de bien le maîtriser et de chercher à le maîtriser toujours davantage.
- ensuite il me semble souhaitable d'aimer le fait de transmettre, en particulier ce que l'on enseigne d'ailleurs.
- être convaincu de l'éducabilité des enfants.
- et puis il me semble qu'avoir une forme de sympathie pour les enfants/adolescents est nécessaire, pour diverses raisons, d'abord je pense qu'ils ont besoin de sentir qu'on porte intérêt à leur devenir adulte, ce qui est un peu le sens de l'éducation des enfants, et ensuite il faut bien dire que le public enfant/adolescent n'est pas le plus facile, et je pense que ça aide à supporter d'avoir une forme de sympathie pour ce qu'ils sont et que nous ne sommes plus (en tout cas cela m'aide)
- aimer le travail en autonomie, car c'est un travail que l'on fait globalement seul (trop à mon goût), sans avoir de chef sur le dos
- ne pas accorder trop de crédit à l'appareil réglementaire "disciplinaire" pour asseoir son autorité car c'est à mon avis un échec assez massif (mais à l'image de son modèle dans la société)
- avoir la conviction - au point de s'y engager - que la lutte collective est nécessaire et utile pour obtenir une meilleure rémunération car elle est indigne, et pour obtenir de meilleures conditions d'exercice du métier car les moyens nécessaires à la réussite de toutes et tous ne sont clairement pas mis, et tant que ça ne sera pas mis en oeuvre le métier sera source d'insatisfaction et de découragement.
- la sécurité de l'emploi (même si relative) et les vacances sont des avantages réels et importants mais non prépondérants, disons que ça reste une nécessité eu égard à la capacité d'usure du métier et à la charge de travail déportée qui est plutôt importante.
Selon moi, pour l'enseignement en collège, le critère numéro 1 est d'aimer travailler avec des adolescents et avoir envie de participer à leur parcours éducatif. Notre métier est avant tout basé sur l'humain et ce critère passe avant l'amour et la maîtrise de sa discipline. Pendant mon année de stage, j'ai connu plusieurs stagiaires très bien classés au concours qui ont démissionné en cours de route car ils se sont rendu compte qu'ils n'aimaient pas du tout travailler au contact d'adolescents.
J'ajouterais le critère suivant : aimer conduire (ou passer du temps dans les transports !) car en début de carrière, RC ou pas, on peut difficilement échapper aux temps de trajet... Pendant mon année de stage, j'aurais adoré pouvoir loger sur place les lundi-mardi (ne serait-ce que dans une chambre) mais comme j'étais en pleine campagne, il n'y avait absolument aucun endroit où dormir... J'ai trouvé cela très problématique (alors que des collègues affectés en ville dans un lycée avec internat pouvaient loger sur place !).
Je partage le " programme" de soirée. Cette " sympathie" je l'appelle du respect. Pour paraphraser encore une fois Pessoa, l'enfant/adolescent est complet puisqu'il existe. Il a juste beaucoup à apprendre.
- BalthazaardVénérable
Le métier n'a rien, mais absolument rien à voir avec ce que vous imaginez ou même lisez...Proton a écrit:Elouan_Prof a écrit:Bonjour,
Je suis actuellement ingénieur et en préparation du CAPET pour devenir prof.
J'ai toujours aimé la pédagogie et transmettre de la connaissance.
Pour le background, j'ai un enfant et je suis propriétaire de ma maison dans le 22.
En regardant le nombre d'entrants (un seul) dans la filière visée et dans mon académie (Rennes), je me rends compte que le chemin va être compliqué..
Avec une rapide estimation de points j'arrive sous les 500, ce qui est bien faible.
En arrive mon questionnement sur le fait même de devenir prof, je ne pourrai pas quitter mon enfant ni ma femme pour me retrouver à Créteil pendant X années.
Est-ce que ça vaut le coup de quitter mon CDI pour être prof stagiaire pendant un an et devoir retourner dans une autre boite parce qu'aucun poste n'est libre ?
Existe-t'il réellement un risque de se faire envoyer à l'autre bout du pays sans trop pouvoir dire non ?
Le classement aux concours influe-t-il réellement sur nos vœux ?
Ca va pas la tête ? As-tu vu le salaire ? Même en étant propriétaire, tu as fait des calculs pour garder le même train de vie avec le minable salaire de prof ?
C'est un peu comme regarder soldat Ryan vs s'embarquer pour l'Ukraine...
Essayez de tester en tant que remplaçant pour vous faire une idée et ne pas faire une bétise...
- roxanneOracle
Voilà, c'est ça, sans nuance..Balthazaard a écrit:Le métier n'a rien, mais absolument rien à voir avec ce que vous imahinez ou même lisez...Proton a écrit:Elouan_Prof a écrit:Bonjour,
Je suis actuellement ingénieur et en préparation du CAPET pour devenir prof.
J'ai toujours aimé la pédagogie et transmettre de la connaissance.
Pour le background, j'ai un enfant et je suis propriétaire de ma maison dans le 22.
En regardant le nombre d'entrants (un seul) dans la filière visée et dans mon académie (Rennes), je me rends compte que le chemin va être compliqué..
Avec une rapide estimation de points j'arrive sous les 500, ce qui est bien faible.
En arrive mon questionnement sur le fait même de devenir prof, je ne pourrai pas quitter mon enfant ni ma femme pour me retrouver à Créteil pendant X années.
Est-ce que ça vaut le coup de quitter mon CDI pour être prof stagiaire pendant un an et devoir retourner dans une autre boite parce qu'aucun poste n'est libre ?
Existe-t'il réellement un risque de se faire envoyer à l'autre bout du pays sans trop pouvoir dire non ?
Le classement aux concours influe-t-il réellement sur nos vœux ?
Ca va pas la tête ? As-tu vu le salaire ? Même en étant propriétaire, tu as fait des calculs pour garder le même train de vie avec le minable salaire de prof ?
C'est un peu comme regarder soldat Ryan vs s'embarquer pour l'Ukraine...
Essayez de tester en tant que remplaçant pour vous faire une idée et ne pas faire une bétise...
Si tu es dans un domaine porteur, tu retrouveras du travail rapidement. Essaie contractuel quand même pour voir.
- SoiréeHabitué du forum
@Baldred : Merci, le respect, oui c'est peut-être un terme plus adapté. En répondant hier je me suis rendu compte que je n'avais jamais formalisé explicitement une vision du métier. Jamais par écrit. Et peut-être jamais même oralement non plus.
@LiliFrance : je maintiens mon ordre même si les critères s'ajoutent, aucun n'étant facultatif dans mon esprit. Pour dire les choses autrement, s'intéresser à la discipline que l'on enseigne est pour moi une condition nécessaire mais non suffisante. Et respecter l'enfant qu'est l'élève également.
Je maintiens cependant cet ordre pour plusieurs raisons, personnelles ou logiques :
_ d'abord on choisit bien d'abord une voie universitaire, on passe le concours dans une discipline
_ ensuite quand on choisit cette voie après le bac, on est bien jeune, trop près de l'âge des élèves et de notre propre adolescence pour avoir une idée bien claire de ce qu'est un adolescent et de ce dont il a besoin. A moins d'avoir une exceptionnelle maturité on ne le découvrira que plus tard, et de fait en enseignant vu la pauvreté de la formation initiale sur ce sujet (en tout cas quand j'étais stagiaire)
_ d'autre part on ne respecte pas l'enfant/l'adolescent qu'est l'élève si on n'a pas une haute idée de ce qu'il peut apprendre et cela exige donc une haute exigence à l'égard de ce que l'on lui enseigne, de ce qu'on souhaite lui transmettre. En un sens je vois les études disciplinaires avant concours comme une ruse de l'histoire pédagogique si on veut, on porte intérêt à un pan du savoir humain, donc on s'intéresse déjà à sa transmission à haut niveau et donc on s'intéresse déjà à la condition humaine et donc déjà au devenir adulte et donc on porte déjà intérêt sans le savoir à l'enfant/l'adolescent.
_ outre l'architecture du concours, mon parcours personnel me fait penser que c'est l'ordre des choses car enseigner était la dernière chose qui m'attirait, n'ayant aucune envie de faire comme mes parents. Par contre la littérature me passionnait dès le collège. Et paradoxalement j'ai commencé par des remplacements qui n'étaient pas dans mon domaine disciplinaire à proprement parler et c'est ce qui m'a permis de réaliser que transmettre à des jeunes gens (des collégiens et plus tard des lycéens) était une chose précieuse et intéressante. C'est à partir de cet instant que j'ai réellement jugé nécessaire de joindre mon intérêt disciplinaire et cet intérêt découvert presque par hasard.
_ pour finir il y a un pressentiment que ce que les libéraux méprisent, la spécialisation disciplinaire, est absolument indispensable et premier, ces gens ne comprennent rien à l'enseignement, ce sont de mauvais comptables et des imbéciles s'agissant de ce qu'est l'humanité, ils n'ont aucun respect pour les enfants/les jeunes et partant de là je conclus que leur mépris de la maîtrise disciplinaire indique sa prévalence comme une boussole inversée indiquerait le Nord en montrant le Sud.
Ce dernier argument peut sembler léger et polémique mais c'est une conviction assez profonde depuis que j'ai vu ces gens traiter l'école en garderie durant le confinement. J'ai compris que nous n'avions en rien la même vision de l'école et de l'enseignement et qu'ils n'en sont pas les fossoyeurs seulement par leur obsession de faire des économies mais en raison d'une vision du monde et de l'homme radicalement incompatible.
@LiliFrance : je maintiens mon ordre même si les critères s'ajoutent, aucun n'étant facultatif dans mon esprit. Pour dire les choses autrement, s'intéresser à la discipline que l'on enseigne est pour moi une condition nécessaire mais non suffisante. Et respecter l'enfant qu'est l'élève également.
Je maintiens cependant cet ordre pour plusieurs raisons, personnelles ou logiques :
_ d'abord on choisit bien d'abord une voie universitaire, on passe le concours dans une discipline
_ ensuite quand on choisit cette voie après le bac, on est bien jeune, trop près de l'âge des élèves et de notre propre adolescence pour avoir une idée bien claire de ce qu'est un adolescent et de ce dont il a besoin. A moins d'avoir une exceptionnelle maturité on ne le découvrira que plus tard, et de fait en enseignant vu la pauvreté de la formation initiale sur ce sujet (en tout cas quand j'étais stagiaire)
_ d'autre part on ne respecte pas l'enfant/l'adolescent qu'est l'élève si on n'a pas une haute idée de ce qu'il peut apprendre et cela exige donc une haute exigence à l'égard de ce que l'on lui enseigne, de ce qu'on souhaite lui transmettre. En un sens je vois les études disciplinaires avant concours comme une ruse de l'histoire pédagogique si on veut, on porte intérêt à un pan du savoir humain, donc on s'intéresse déjà à sa transmission à haut niveau et donc on s'intéresse déjà à la condition humaine et donc déjà au devenir adulte et donc on porte déjà intérêt sans le savoir à l'enfant/l'adolescent.
_ outre l'architecture du concours, mon parcours personnel me fait penser que c'est l'ordre des choses car enseigner était la dernière chose qui m'attirait, n'ayant aucune envie de faire comme mes parents. Par contre la littérature me passionnait dès le collège. Et paradoxalement j'ai commencé par des remplacements qui n'étaient pas dans mon domaine disciplinaire à proprement parler et c'est ce qui m'a permis de réaliser que transmettre à des jeunes gens (des collégiens et plus tard des lycéens) était une chose précieuse et intéressante. C'est à partir de cet instant que j'ai réellement jugé nécessaire de joindre mon intérêt disciplinaire et cet intérêt découvert presque par hasard.
_ pour finir il y a un pressentiment que ce que les libéraux méprisent, la spécialisation disciplinaire, est absolument indispensable et premier, ces gens ne comprennent rien à l'enseignement, ce sont de mauvais comptables et des imbéciles s'agissant de ce qu'est l'humanité, ils n'ont aucun respect pour les enfants/les jeunes et partant de là je conclus que leur mépris de la maîtrise disciplinaire indique sa prévalence comme une boussole inversée indiquerait le Nord en montrant le Sud.
Ce dernier argument peut sembler léger et polémique mais c'est une conviction assez profonde depuis que j'ai vu ces gens traiter l'école en garderie durant le confinement. J'ai compris que nous n'avions en rien la même vision de l'école et de l'enseignement et qu'ils n'en sont pas les fossoyeurs seulement par leur obsession de faire des économies mais en raison d'une vision du monde et de l'homme radicalement incompatible.
- BaldredSage
J'ajouterai que notre métier, en dehors de sa difficulté, peut satisfaire ceux qui ont, d'un manière ou d'une autre réglé la difficile question de leur "statut social".
Être prof a été un marqueur fort de promotion ou de prestige social. Ce n'est clairement plus le cas et il y a un fort sentiment de " déclassement" social chez les profs, ce qui suppose un écart négatif par rapport à une "classe" de référence ; qu'on puisse en être l'héritier ou le conquérant déçu. Quelle est notre réponse à la terrible question : est-ce que je vis mieux que mes parents ?
Sans en faire une règle générale car les réponses ne relèvent pas seulement de la catégorie sociale des parents, mais des relations avec eux, on peut reconnaître 3 réponses :
Oui, j'ai maintenu et/ ou poursuivi la trajectoire sociale familiale et je suis donc à ma place même si je ne suis pas satisfait.
Non, je n'ai pas maintenu ni poursuivi cette trajectoire sociale, devenir prof n'a pas tenu la promesse sociale attendue, et je ne peux être qu'insatisfait.
Je n'ai hérité d'aucun destin social à maintenir ou à accomplir, ou j'ai considéré qu'il ne me concernait pas, et être prof peut me plaire, ou pas.
Ainsi la réponse à l'initiateur du fil va varier non seulement en fonction de notre niveau d'enseignement, des orientations de l'EN, mais également de notre représentation de ce que signifie socialement être prof et être ingénieur.
Être prof a été un marqueur fort de promotion ou de prestige social. Ce n'est clairement plus le cas et il y a un fort sentiment de " déclassement" social chez les profs, ce qui suppose un écart négatif par rapport à une "classe" de référence ; qu'on puisse en être l'héritier ou le conquérant déçu. Quelle est notre réponse à la terrible question : est-ce que je vis mieux que mes parents ?
Sans en faire une règle générale car les réponses ne relèvent pas seulement de la catégorie sociale des parents, mais des relations avec eux, on peut reconnaître 3 réponses :
Oui, j'ai maintenu et/ ou poursuivi la trajectoire sociale familiale et je suis donc à ma place même si je ne suis pas satisfait.
Non, je n'ai pas maintenu ni poursuivi cette trajectoire sociale, devenir prof n'a pas tenu la promesse sociale attendue, et je ne peux être qu'insatisfait.
Je n'ai hérité d'aucun destin social à maintenir ou à accomplir, ou j'ai considéré qu'il ne me concernait pas, et être prof peut me plaire, ou pas.
Ainsi la réponse à l'initiateur du fil va varier non seulement en fonction de notre niveau d'enseignement, des orientations de l'EN, mais également de notre représentation de ce que signifie socialement être prof et être ingénieur.
- cit6Niveau 7
Soirée a écrit:
_ d'abord on choisit bien d'abord une voie universitaire, on passe le concours dans une discipline
Comme on parle de reconversion ici, ce n'est pas forcément le cas. En ce qui me concerne, j'ai volontairement choisi de passer le concours dans une discipline qui n'avait rien à voir avec ma voie d'origine et mes études (et mon métier précédent), ce qui provoque d'ailleurs souvent des réflexions du type: mais pourquoi tu n'as pas fait prof de ***? Et je suis obligé de m'expliquer.
Bien entendu, ça ne veut pas dire que je n'aime pas la discipline que j'enseigne, hein , mais je ne la connaissais pas vraiment avant de préparer le concours (je ne l'avais jamais étudié, même dans le secondaire).
Donc aimer la discipline que l'on enseigne, oui, mais peut-être ne pas trop l'aimer? (Il se trouve aussi qu'en ce qui concerne ma discipline de prédilection, je n'ai eu l'impression de l'étudier vraiment qu'à l'université, et à mon époque, elle n'existait pas au collège).
Je précise aussi que j'ai toujours aimé le savoir quel qu'il soit et dans n'importe quelle discipline.
Cit6.
- JennyMédiateur
lene75 a écrit:La question n'est pas tant de savoir si on retrouve ou pas les mêmes incivilités dans un établissement CSP+ en 2023 que dans un établissement pas évident dans les années 90 que de savoir si ces "incivilités" se produisaient déjà dans les mêmes proportions dans cet établissement CSP+ ou dans des établissements similaires dans les années 90. Et aussi de savoir s'il y a plus ou moins d'établissements "pas évidents". Et inversement, pour les parents, par exemple, d'ailleurs : j'ai l'impression que c'est de moins en moins vrai qu'on trouve essentiellement les parents pénibles dans les CSP+, enfin on les trouve probablement toujours autant, mais ils commencent à le devenir aussi dans d'autres milieux.
Je peux te faire le profil du lycée en question des années 80 aux années 2010, ça s'est largement amélioré. Moins de drogue, plus de rixes violentes, plus d'élèves arrêtés et menottés en classe (Aujourd'hui, ça ferait la une de toute façon...) Ma soeur a d'ailleurs fini par y scolariser ma nièce, c'était plus calme que le bahut privé CSP+ du coin. Mon propos était plutôt de dire que la violence et les incivilités ne sont pas nouvelles et en une dizaine d'établissements de profils différents, il est vrai que je n'ai pas retrouvé le niveau d'incivilité de mon établissement de lycéenne...
Mais ça a peu de sens. J'ai souvent travaillé dans les mêmes établissements : dans certains, ça s'est parfois largement amélioré, dans un bahut, ça s'est encore dégradé, dans un autre, c'est à peine un établissement scolaire et il est hors de question que j'y remette un orteil. Bref, ma conclusion, c'est que dans tous ces cas, c'est une question de direction, de mauvaises habitudes des collègues qui, au bout d'un moment, trouvent normal l'inacceptable.
C'est d'ailleurs surprenant d'entendre certains collègues dans des établissements que je trouve difficiles voire atroces. Beaucoup ne mutent pas, ont la conviction que c'est pire ailleurs. J'ai parfois l'impression que je reviens d'une zone de guerre quand ils me demandent où j'ai travaillé/où je fais mon complément. Pourtant, les bahuts cités sont plus calmes, beaucoup plus calmes.
La conséquence de ça, c'est qu'ils se limitent beaucoup dans leurs voeux. Je me souviens d'une collègue qui m'a dit avoir mis un lycée, qui est pour moi, LE lycée que je demande sans hésiter tous les ans et qui serait vraiment mon premier choix si j'avais un barème de 1500 ou 2000 points. Des élèves calmes, qui sortent leurs affaires tout seuls, relisent leurs cours pendant que je fais l'appel, polis, intéressants, bosseurs, cultivés... L'équipe est sympa, le quartier aussi, la direction tient la route. Vraiment l'établissement de rêve. Elle m'a dit : "tu te rends compte, j'ai même mis le lycée Bidule, j'aurais au moins celui là, mais c'est pas génial". Je lui ai répondu que le dernier poste dans la matière était parti à plus de 1100 points et qu'il était hyper demandé, le poste étant annoncé vacant, ça me semblait compliqué... Evidemment, elle n'a pas eu sa mutation alors qu'avec son barème, elle peut avoir mieux que son poste actuel qu'elle ne supporte plus.
Et j'ai fréquemment la discussion parce que dans ce type de bahut, les collègues me demandent souvent ce que vaut tel ou tel établissement... ou alors relativisent beaucoup. L'autre jour, je prends un verre avec des anciens collègues et la rengaine du "non, mais c'est pire ailleurs" ressort. Je n'ai pas pu m'empêcher de leur faire remarquer que les établissements où des affaires de trafics de drogue et de port d'armes ne donnent même pas lieu à un conseil de discipline sont heureusement rares... C'est vrai qu'à coté, il y a quelques classes sympas, certes...
Quand on bouge beaucoup, on se rend compte que ce n'est pas partout horrible avec des élèves qui se tiennent mal. Mais quand on est depuis 10 ou 15 ans voire plus dans un établissement, je crois qu'on perd de vue ce qu'est un établissement "normal".
Même bougeotte, je ne me vois pas faire tout le temps la même chose, pour l'instant, j'arrive à varier, plus que dans d'autres professions.Tonio Kröger a écrit:Pour ma part cela fait depuis le début de ma carrière (agrégation de philosophie en 2012 après le Master) que je sais que je ne pourrai pas faire ce métier longtemps. La seule chose qui m’a fait tenir c’est d’enchaîner changement sur changement (dispo, enseignement à l’étranger, TZariat, vacations à la fac et autres), mais je sens bien que tout cela n’est qu’un viatique en attendant le départ.
Je n'ai d'ailleurs pas cité le message en question, mais un niveau ou deux pour moi, c'est l'angoisse absolue.
Ca m'est arrivé deux fois :
- 5 TG et de l'EMC par ci par là : j'ai demandé à changer de service et j'ai fini avec 4 TG, c'était déjà hyper répétitif, mais j'avais obtenu de la spé en "compensation", ouf ! J'aime bien les TG, mais répéter 4 fois la même chose, non !
- une 2nde, deux TSTMG, quatre 1STMG, j'ai cru devenir dingue...
Dans les deux cas, je finis par faire deux cours différents car je me mélange les pinceaux et que je m'ennuie terriblement.
Je n'ai pas fait ce métier pour avoir des tâches répétitives. Dans ce cas, d'autres professions paient mieux.
- AscagneGrand sage
Je trouve que tu passes à côté dans ta formulation du fait que certains choix/parcours conduisent "forcément" à une "baisse" de statut social, si l'on pense aux professions plus prestigieuses et aux situations avantageuses du côté des parents et grands-parents. Je trouve intéressant de constater la différence d'état d'esprit entre des familles où on peut considérer cette forme d'ascension sociale, parce qu'il n'y a pas eu de "plafond" atteint par les parents/grands-parents, et des familles où ce n'est pas le cas (familles où on a tendance à penser que certains avantages vont persister de génération en génération alors que c'est loin d'être le cas, à part pour le capital culturel, mais même dans ce cas, ça dépend évidemment d'autres facteurs).Baldred a écrit:Oui, j'ai maintenu et/ ou poursuivi la trajectoire sociale familiale et je suis donc à ma place même si je ne suis pas satisfait.
Non, je n'ai pas maintenu ni poursuivi cette trajectoire sociale, devenir prof n'a pas tenu la promesse sociale attendue, et je ne peux être qu'insatisfait.
Je n'ai hérité d'aucun destin social à maintenir ou à accomplir, ou j'ai considéré qu'il ne me concernait pas, et être prof peut me plaire, ou pas.
- BaldredSage
Je ne parle en effet pas de plafond mais de trajectoire sociale et de la manière dont chaque génération joue, ou ne joue pas son rôle.Ascagne a écrit:Je trouve que tu passes à côté dans ta formulation du fait que certains choix/parcours conduisent "forcément" à une "baisse" de statut social, si l'on pense aux professions plus prestigieuses et aux situations avantageuses du côté des parents et grands-parents. Je trouve intéressant de constater la différence d'état d'esprit entre des familles où on peut considérer cette forme d'ascension sociale, parce qu'il n'y a pas eu de "plafond" atteint par les parents/grands-parents, et des familles où ce n'est pas le cas (familles où on a tendance à penser que certains avantages vont persister de génération en génération alors que c'est loin d'être le cas, à part pour le capital culturel, mais même dans ce cas, ça dépend évidemment d'autres facteurs).Baldred a écrit:Oui, j'ai maintenu et/ ou poursuivi la trajectoire sociale familiale et je suis donc à ma place même si je ne suis pas satisfait.
Non, je n'ai pas maintenu ni poursuivi cette trajectoire sociale, devenir prof n'a pas tenu la promesse sociale attendue, et je ne peux être qu'insatisfait.
Je n'ai hérité d'aucun destin social à maintenir ou à accomplir, ou j'ai considéré qu'il ne me concernait pas, et être prof peut me plaire, ou pas.
Je ne suis pas sûr de bien comprendre le sens de ta remarque, peux-tu développer ?
- lene75Prophète
Si on veut faire des comparaisons générationnelles, j'ai grosso modo, en étant agrégée, le même niveau de vie que ma mère qui était institutrice puis PEGC. Comme en plus nous habitons à quelques kilomètres l'une de l'autre, il est assez facile de comparer.* À la différence près qu'ayant fait 8 ans d'études non rémunérées et non comptabilisées pour la retraite de plus qu'elle et ne bénéficiant plus des mêmes droits à retraite pour enfant, je prendrai ma retraite 13 ans après elle (si l'âge de suppression de la décote n'est pas repoussé) et aurai une retraite inférieure à la sienne, si toutefois je suis encore vivante à ce moment-là.
Donc du point de vue du niveau d'études, il y a bien eu un progrès d'une génération à l'autre, d'autant qu'elle était une élève moyenne tandis que j'étais tête de classe, mais, à profession identique, ça n'a servi qu'à maintenir le niveau de vie (et à reculer l'âge de la retraite : double bénéfice pour l'État).
Nos conjoints, fonctionnaires également tous les deux, ont également des niveaux de vie similaires, à la différence près que mon mari est normalien et bac+8 et qu'il est profession intellectuelle supérieure (IPS maximum comme moi) tandis que mon père a commencé à travailler à 17 ans avec le bac en poche et était simple employé des PTT. Donc là aussi la différence de niveau d'études et ici de poste occupé, permet juste de maintenir un niveau de vie équivalent durant la période d'activité (mais vraisemblablement pas pour la retraite).
*Édit : non, en fait, ce n'est pas tout à fait vrai. Notre niveau de vie, si on tient compte de l'immobilier, est inférieur à celui de mes parents, puisqu'ils ont pu acheter leur maison plus de 10 ans avant nous, alors qu'il nous était complètement impossible d'acheter une maison équivalente à la leur il y a 10 ans et que nous sommes plus économes qu'eux. Mais ça c'est un problème qui touche toute notre génération, au moins en IDF.
Donc du point de vue du niveau d'études, il y a bien eu un progrès d'une génération à l'autre, d'autant qu'elle était une élève moyenne tandis que j'étais tête de classe, mais, à profession identique, ça n'a servi qu'à maintenir le niveau de vie (et à reculer l'âge de la retraite : double bénéfice pour l'État).
Nos conjoints, fonctionnaires également tous les deux, ont également des niveaux de vie similaires, à la différence près que mon mari est normalien et bac+8 et qu'il est profession intellectuelle supérieure (IPS maximum comme moi) tandis que mon père a commencé à travailler à 17 ans avec le bac en poche et était simple employé des PTT. Donc là aussi la différence de niveau d'études et ici de poste occupé, permet juste de maintenir un niveau de vie équivalent durant la période d'activité (mais vraisemblablement pas pour la retraite).
*Édit : non, en fait, ce n'est pas tout à fait vrai. Notre niveau de vie, si on tient compte de l'immobilier, est inférieur à celui de mes parents, puisqu'ils ont pu acheter leur maison plus de 10 ans avant nous, alors qu'il nous était complètement impossible d'acheter une maison équivalente à la leur il y a 10 ans et que nous sommes plus économes qu'eux. Mais ça c'est un problème qui touche toute notre génération, au moins en IDF.
- JennyMédiateur
Pour moi, c'est une ascension sociale par rapport au niveau de vie de mes parents, mon père était fonctionnaire (mais contrôleur des impôts, à une époque où les primes étaient moins importantes) et ma mère vendeuse puis contractuelle au Minéfi par moments. Reste le point noir du logement, mais je ne suis pas dans la même région et à mon âge, mes parents n'étaient pas encore proprios. Quand ils ont pu acheter, c'était une maison en mauvais état avec une électricité rudimentaire et peu de chauffage. J'ai découvert le confort d'allumer la lumière en appuyant sur un bouton sur le mur en emménageant dans ma chambre de bonne d'étudiante. On a pu en revanche faire plus d'études et s'assurer des emplois stables.
Comme quoi, ce n'est pas tout à fait nouveau les traitements minables dans la FP.
Mais effectivement, je partirais en retraite à 67 ans à moins de pouvoir économiser suffisamment pour partir plus tôt.
J'ai encore une dizaine d'années pour acheter un bien pas en ruine.
Comme quoi, ce n'est pas tout à fait nouveau les traitements minables dans la FP.
Mais effectivement, je partirais en retraite à 67 ans à moins de pouvoir économiser suffisamment pour partir plus tôt.
J'ai encore une dizaine d'années pour acheter un bien pas en ruine.
- lene75Prophète
Les chiffres existent : si, la dégringolade des traitements des fonctionnaires de certains ministères, et en particulier des professeurs, et ce grosso modo depuis la désindexation du point d'indice, est une réalité. Certains ministères compensent par des primes, ce n'est pas le cas de l'EN, de la recherche ou encore de la culture (cherchez le point commun).
Un professeur est catégorie A. Un agrégé A+. On est en principe en haut de l'échelle de rémunération des fonctionnaires (hors hauts fonctionnaires ou grands corps d'État)...
Édit : j'oubliais les avantages en nature : mon père avait une voiture de service, une mutuelle d'entreprise avantageuse (on en parlait l'autre jour) et un comité d'entreprise, et bien sûr la papeterie fournie, mais ça il n'y a qu'à l'EN que ce n'est pas le cas. Mais à l'époque déjà ma mère n'avait rien de tout ça. Ceux qui étaient restés instits avaient en revanche la retraite à 55 ans et le logement de fonction, ce qui aujourd'hui constituerait un avantage énorme en RP.
Un professeur est catégorie A. Un agrégé A+. On est en principe en haut de l'échelle de rémunération des fonctionnaires (hors hauts fonctionnaires ou grands corps d'État)...
Édit : j'oubliais les avantages en nature : mon père avait une voiture de service, une mutuelle d'entreprise avantageuse (on en parlait l'autre jour) et un comité d'entreprise, et bien sûr la papeterie fournie, mais ça il n'y a qu'à l'EN que ce n'est pas le cas. Mais à l'époque déjà ma mère n'avait rien de tout ça. Ceux qui étaient restés instits avaient en revanche la retraite à 55 ans et le logement de fonction, ce qui aujourd'hui constituerait un avantage énorme en RP.
- JennyMédiateur
On est d'accord, il n'en reste que quand on vient d'un milieu plus populaire, 2700 euros nets (moyenne des traitements des certifiés) et la garantie de l'emploi, ce n'est pas rien.
Après au vu du niveau d'études et du temps de travail, de la difficulté du métier, je trouve que je ne gagne pas assez. Et mon indemnité de résidence est minable quand on est dans une zone tendue. En soi, mon traitement me suffirait en province. Il y aussi le fait que les salaires stagnent, l'Etat a fait un effort sur les débuts de carrière et c'était nécessaire, mais ensuite, ça évolue beaucoup trop lentement.
Après au vu du niveau d'études et du temps de travail, de la difficulté du métier, je trouve que je ne gagne pas assez. Et mon indemnité de résidence est minable quand on est dans une zone tendue. En soi, mon traitement me suffirait en province. Il y aussi le fait que les salaires stagnent, l'Etat a fait un effort sur les débuts de carrière et c'était nécessaire, mais ensuite, ça évolue beaucoup trop lentement.
- AscagneGrand sage
@Baldred : Disons qu'il manque une possibilité, qui n'est pas celle de la "déception" ou de la désillusion, mais qui correspond à la situation où l'on sait d'entrée de jeu qu'on n'avance pas par rapport aux parents ou grands-parents, qu'on recule, parfois assez considérablement sur certains plans. Cela peut aussi aboutir à de l'insatisfaction bien sûr, mais c'est différent de tes propositions 2 et 3.
Parce qu'il y a beaucoup de gens qui, heureusement, réussissent à avoir une situation égale ou supérieure à celle de leurs parents/ascendants, l'affaire est moins souvent abordée sous cet angle, mais le sentiment du recul peut être plus ou moins vivement ressenti par d'autres. La personne concernée peut, bien entendu, considérer très différemment le métier et la trajectoire en comparaison avec quelqu'un qui se sent en ascension sociale/de niveau de vie, de revenu etc. Le regard de l'entourage est aussi, forcément, différent.
Cela étant dit, il y a des familles où on s'ingénie à éviter cette frustration possible (davantage pour les ascendants que pour les concernés, à mon avis, dans un certain nombre de cas) en imposant plus ou moins fortement la trajectoire aux enfants (exemple assez simple : "on a fait médecine, vous ferez médecine, les enfants"). Cela n'a pas été mon cas mais j'ai pu voir ça dans l'entourage.
Je suis célibataire donc je ne peux pas faire de comparaison pour le moment. En revanche, pour prendre un exemple, mes grands-parents paternels ont fait deux belles carrières hospitalières. Il y a eu surtout des professions médicales dans la génération suivante avec des situations confortables à partir de tel moment dans la carrière, mais sans doute avec un niveau en deçà de celui de mes grands-parents. Ainsi, si je finis en couple avec quelqu'un correspondant à ma situation actuelle, forcément, ce sera une situation moins bonne que celle des deux générations précédentes, par la force des choses. Ce n'est pas un problème en soi. Mais forcément, ce n'est pas la même vision de la trajectoire que celle de quelqu'un qui voit sa situation comme une véritable ascension sociale, avec des parents et proches pouvant aussi la considérer comme telle.
Parce qu'il y a beaucoup de gens qui, heureusement, réussissent à avoir une situation égale ou supérieure à celle de leurs parents/ascendants, l'affaire est moins souvent abordée sous cet angle, mais le sentiment du recul peut être plus ou moins vivement ressenti par d'autres. La personne concernée peut, bien entendu, considérer très différemment le métier et la trajectoire en comparaison avec quelqu'un qui se sent en ascension sociale/de niveau de vie, de revenu etc. Le regard de l'entourage est aussi, forcément, différent.
Cela étant dit, il y a des familles où on s'ingénie à éviter cette frustration possible (davantage pour les ascendants que pour les concernés, à mon avis, dans un certain nombre de cas) en imposant plus ou moins fortement la trajectoire aux enfants (exemple assez simple : "on a fait médecine, vous ferez médecine, les enfants"). Cela n'a pas été mon cas mais j'ai pu voir ça dans l'entourage.
Je suis célibataire donc je ne peux pas faire de comparaison pour le moment. En revanche, pour prendre un exemple, mes grands-parents paternels ont fait deux belles carrières hospitalières. Il y a eu surtout des professions médicales dans la génération suivante avec des situations confortables à partir de tel moment dans la carrière, mais sans doute avec un niveau en deçà de celui de mes grands-parents. Ainsi, si je finis en couple avec quelqu'un correspondant à ma situation actuelle, forcément, ce sera une situation moins bonne que celle des deux générations précédentes, par la force des choses. Ce n'est pas un problème en soi. Mais forcément, ce n'est pas la même vision de la trajectoire que celle de quelqu'un qui voit sa situation comme une véritable ascension sociale, avec des parents et proches pouvant aussi la considérer comme telle.
- EnaecoVénérable
Jenny a écrit:On est d'accord, il n'en reste que quand on vient d'un milieu plus populaire, 2700 euros nets (moyenne des traitements des certifiés) et la garantie de l'emploi, ce n'est pas rien.
Après au vu du niveau d'études et du temps de travail, de la difficulté du métier, je trouve que je ne gagne pas assez. Et mon indemnité de résidence est minable quand on est dans une zone tendue. En soi, mon traitement me suffirait en province. Il y aussi le fait que les salaires stagnent, l'Etat a fait un effort sur les débuts de carrière et c'était nécessaire, mais ensuite, ça évolue beaucoup trop lentement.
Il y a un réel déséquilibre entre les lieux d'exercice. L'indemnité de résidence est une blague de très mauvais goût.
Je n'ai jamais aussi bien vécu que lors de mon année de stage dans la France profonde, avant d'être envoyé de force en RP.
- JennyMédiateur
Malheureusement, ce n’est pas ce qui est réclamé actuellement dans les revendications. Quand je vois les annonces immobilières en province, je me rends compte que je pourrais acheter une belle maison alors que je ne peux pas acheter un 2 pièces à Paris ou dans ma ville de banlieue. Mais j’ai 75 euros pour combler l’écart.
Pour quelqu’un qui souhaite rester en province, a le barème pour et a déjà investi dans un bien immobilier, ça change radicalement la donne.
- AlgernonNiveau 6
Et encore, pour souhaiter rester en province, il faut... y être déjà !
- MathadorEmpereur
L'émigration vers la province est possible aussi.
Personnellement, en combinant ma carrière EN et non EN, je me suis retrouvé dans 5 académies différentes parmi lesquelles il n'y a ni mon académie de naissance, ni celle où j'ai grandi, ni les 3 académies franciliennes.
Personnellement, en combinant ma carrière EN et non EN, je me suis retrouvé dans 5 académies différentes parmi lesquelles il n'y a ni mon académie de naissance, ni celle où j'ai grandi, ni les 3 académies franciliennes.
_________________
"There are three kinds of lies: lies, damned lies, and statistics." (cité par Mark Twain)
« Vulnerasti cor meum, soror mea, sponsa; vulnerasti cor meum in uno oculorum tuorum, et in uno crine colli tui.
Quam pulchrae sunt mammae tuae, soror mea sponsa! pulchriora sunt ubera tua vino, et odor unguentorum tuorum super omnia aromata. » (Canticum Canticorum 4:9-10)
- lene75Prophète
Mathador a écrit:L'émigration vers la province est possible aussi.
Personnellement, en combinant ma carrière EN et non EN, je me suis retrouvé dans 5 académies différentes parmi lesquelles il n'y a ni mon académie de naissance, ni celle où j'ai grandi, ni les 3 académies franciliennes.
À condition de ne pas être envoyé de force en RP (beaucoup de mes collègues rêveraient de pouvoir repartir en province, mais voilà, les académies à 14 points, c'est Versailles et Créteil), et à condition ensuite d’avoir un conjoint qui peut obtenir un poste en province. Mon conjoint, par exemple, pouvait postuler sur deux postes : Toulouse ou Paris. Il n'a pas eu Toulouse, donc ça a été Paris. Son boulot n'existe pas ailleurs en France.
- MathadorEmpereur
Je répondais à @Algernon qui ergotait sur le terme de « rester » en province pour remarquer qu'il était aussi possible de demander des lieux provinciaux dont on n'était pas originaire.
Je suis bien d'accord sinon sur le fait qu'on ne peut pas forcément aller là où on veut. Et l'EN n'est effectivement pas forcément le pire: dans mon administration, si je voulais retourner dans la ville où j'ai grandi, je serais fort embêté, puisqu'il n'y a pas de poste à moins d'une heure de train de la dite ville, alors qu'à l'EN il y a des postes, même si c'est un coin particulièrement demandé de l'académie.
Je suis bien d'accord sinon sur le fait qu'on ne peut pas forcément aller là où on veut. Et l'EN n'est effectivement pas forcément le pire: dans mon administration, si je voulais retourner dans la ville où j'ai grandi, je serais fort embêté, puisqu'il n'y a pas de poste à moins d'une heure de train de la dite ville, alors qu'à l'EN il y a des postes, même si c'est un coin particulièrement demandé de l'académie.
_________________
"There are three kinds of lies: lies, damned lies, and statistics." (cité par Mark Twain)
« Vulnerasti cor meum, soror mea, sponsa; vulnerasti cor meum in uno oculorum tuorum, et in uno crine colli tui.
Quam pulchrae sunt mammae tuae, soror mea sponsa! pulchriora sunt ubera tua vino, et odor unguentorum tuorum super omnia aromata. » (Canticum Canticorum 4:9-10)
- EnaecoVénérable
Oui, on se plaint de manque de mobilité mais parce qu'on a la chance d'avoir un métier qui peut s'exercer partout en France.
- AlgernonNiveau 6
Mathador a écrit:Je répondais à @Algernon qui ergotait sur le terme de « rester » en province pour remarquer qu'il était aussi possible de demander des lieux provinciaux dont on n'était pas originaire.
Je suis bien d'accord sinon sur le fait qu'on ne peut pas forcément aller là où on veut. Et l'EN n'est effectivement pas forcément le pire: dans mon administration, si je voulais retourner dans la ville où j'ai grandi, je serais fort embêté, puisqu'il n'y a pas de poste à moins d'une heure de train de la dite ville, alors qu'à l'EN il y a des postes, même si c'est un coin particulièrement demandé de l'académie.
Certes, "la province", c'est vaste.
Mais si c'est une académie d'où on ne vient pas et qui est peu demandée, on peut n'avoir aucune envie d'y aller.
Autant déménager dans une région où on ne connaît personne, mais qui nous fait rêver, ça demande peu d'efforts, autant aller dans un endroit où on n'aurait même pas envie d'aller une semaine en vacances ET où on ne connaît personne, même si on y gagne financièrement, ça peut sacrément déprimer.
- lene75Prophète
Mais le problème, aussi et surtout, c'est que les règles changent en cours de route. On a choisi un métier qui avait des avantages et des désavantages, les désavantages restent et s’accentuent, tandis que les avantages sont remis en cause, que ce soit le temps libre, le sens du métier, la bonne pension qui compensait le salaire faible, etc. Pour les mutations, on savait que ce serait difficile les premières années, pas forcément que ça le resterait toute la carrière, on ne savait pas non plus que le nombre de classes à notre charge passerait quasiment du simple au double, qu'on perdrait tous les dédoublements, que les edt se feraient en barrettes, qu'il ne serait plus possible de faire les DS pendant les heures de cours, que la quantité d’administratif exploserait, qu'il n'y aurait plus d'horaires nationaux et qu'on passerait chaque année la moitié de l'année à se battre pour la répartition de la DHG, maintenant que les formations se feraient hors temps scolaire, qu'on cumulerait les convocations en fin d'année, etc., etc., etc., j'en oublie sûrement tant la liste est sans fin et s'allonge presque chaque jour. Maintenant dès que Macron ouvre la bouche j'ai peur qu'il nous sorte une nouvelle vacherie.
- TrucOuBiduleHabitué du forum
+ 1000lene75 a écrit:Mais le problème, aussi et surtout, c'est que les règles changent en cours de route. On a choisi un métier qui avait des avantages et des désavantages, les désavantages restent et s’accentuent, tandis que les avantages sont remis en cause, que ce soit le temps libre, le sens du métier, la bonne pension qui compensait le salaire faible, etc. Pour les mutations, on savait que ce serait difficile les premières années, pas forcément que ça le resterait toute la carrière, on ne savait pas non plus que le nombre de classes à notre charge passerait quasiment du simple au double, qu'on perdrait tous les dédoublements, que les edt se feraient en barrettes, qu'il ne serait plus possible de faire les DS pendant les heures de cours, que la quantité d’administratif exploserait, qu'il n'y aurait plus d'horaires nationaux et qu'on passerait chaque année la moitié de l'année à se battre pour la répartition de la DHG, maintenant que les formations se feraient hors temps scolaire, qu'on cumulerait les convocations en fin d'année, etc., etc., etc., j'en oublie sûrement tant la liste est sans fin et s'allonge presque chaque jour. Maintenant dès que Macron ouvre la bouche j'ai peur qu'il nous sorte une nouvelle vacherie.
- Spoiler:
- (même si je suis à l'autre bout du spectre des enseignants du 2nd degré - certifiée techno collège)
- BaldredSage
Ascagne a écrit:@Baldred : Disons qu'il manque une possibilité, qui n'est pas celle de la "déception" ou de la désillusion, mais qui correspond à la situation où l'on sait d'entrée de jeu qu'on n'avance pas par rapport aux parents ou grands-parents, qu'on recule, parfois assez considérablement sur certains plans. Cela peut aussi aboutir à de l'insatisfaction bien sûr, mais c'est différent de tes propositions 2 et 3.
Parce qu'il y a beaucoup de gens qui, heureusement, réussissent à avoir une situation égale ou supérieure à celle de leurs parents/ascendants, l'affaire est moins souvent abordée sous cet angle, mais le sentiment du recul peut être plus ou moins vivement ressenti par d'autres. La personne concernée peut, bien entendu, considérer très différemment le métier et la trajectoire en comparaison avec quelqu'un qui se sent en ascension sociale/de niveau de vie, de revenu etc. Le regard de l'entourage est aussi, forcément, différent.
Cela étant dit, il y a des familles où on s'ingénie à éviter cette frustration possible (davantage pour les ascendants que pour les concernés, à mon avis, dans un certain nombre de cas) en imposant plus ou moins fortement la trajectoire aux enfants (exemple assez simple : "on a fait médecine, vous ferez médecine, les enfants"). Cela n'a pas été mon cas mais j'ai pu voir ça dans l'entourage.
Je suis célibataire donc je ne peux pas faire de comparaison pour le moment. En revanche, pour prendre un exemple, mes grands-parents paternels ont fait deux belles carrières hospitalières. Il y a eu surtout des professions médicales dans la génération suivante avec des situations confortables à partir de tel moment dans la carrière, mais sans doute avec un niveau en deçà de celui de mes grands-parents. Ainsi, si je finis en couple avec quelqu'un correspondant à ma situation actuelle, forcément, ce sera une situation moins bonne que celle des deux générations précédentes, par la force des choses. Ce n'est pas un problème en soi. Mais forcément, ce n'est pas la même vision de la trajectoire que celle de quelqu'un qui voit sa situation comme une véritable ascension sociale, avec des parents et proches pouvant aussi la considérer comme telle.
Merci, je comprends mieux. D'autant plus que cette situation est la mienne et que c'est bien celle à laquelle je pensais dans ma troisième proposition. Pour diverses raisons, je n'ai hérité d'aucune obligation sociale. J'ai donc "une situation" à la fois financière et sociale moins assurée que celle des générations précédentes sans déception ni désillusion car je n'avais aucun devoir, aucune mission, aucune revanche sociale à porter. C'est socialement très libérateur : je n'ai jamais pensé à comparer mon niveau de vie à ceux de mes ascendants. C'est aussi très contraignant, mais pour d'autres raisons.
Aussi ce que tu développes me parait plutôt confirmer ce que j'avançais. En même temps, je ne prétends pas avoir découvert une des lois d'airain qui gouvernent le monde. Plutôt attirer notre attention sur le fait qu'un certain nombre de déclarations disons péremptoires de ce fil mériteraient d'être nuancées : notre jugement social n'est pas une vérité absolue, mais plutôt relative à notre propre trajectoire sociale et comment nous la vivons d'une part. D'autre part nous exerçons un métier qui est une "balise" sociale clairement démonétisée, plus nous adhérons à un ordre social balisé, plus nous risquons de souffrir à l'exercer.
- Clecle78Bon génie
+2000TrucOuBidule a écrit:+ 1000lene75 a écrit:Mais le problème, aussi et surtout, c'est que les règles changent en cours de route. On a choisi un métier qui avait des avantages et des désavantages, les désavantages restent et s’accentuent, tandis que les avantages sont remis en cause, que ce soit le temps libre, le sens du métier, la bonne pension qui compensait le salaire faible, etc. Pour les mutations, on savait que ce serait difficile les premières années, pas forcément que ça le resterait toute la carrière, on ne savait pas non plus que le nombre de classes à notre charge passerait quasiment du simple au double, qu'on perdrait tous les dédoublements, que les edt se feraient en barrettes, qu'il ne serait plus possible de faire les DS pendant les heures de cours, que la quantité d’administratif exploserait, qu'il n'y aurait plus d'horaires nationaux et qu'on passerait chaque année la moitié de l'année à se battre pour la répartition de la DHG, maintenant que les formations se feraient hors temps scolaire, qu'on cumulerait les convocations en fin d'année, etc., etc., etc., j'en oublie sûrement tant la liste est sans fin et s'allonge presque chaque jour. Maintenant dès que Macron ouvre la bouche j'ai peur qu'il nous sorte une nouvelle vacherie.
- Spoiler:
(même si je suis à l'autre bout du spectre des enseignants du 2nd degré - certifiée techno collège)
Et ça s'accélère
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum