Page 2 sur 2 • 1, 2
- IannaNiveau 7
J'ai, en Seconde, un jeune Ukrainien. Il ne parle pas du tout français. Et on est déjà sur un poème de du Bellay ,assez difficile, même pour les francophones. Cet élève va avoir des heures de FLE dispensées au lycée. Mais moi, je fais quoi ?
- SergeMédiateur
Même problème. Dans un établissement, on me demande de m'occuper d'un Ukrainien. Mais dans mon autre établissement, on me demande de m'occupe de trois élèves allophones en même temps, sur une heure libre de mon emploi du temps, et ... ces élèves n'ont pas tous la même langue ni le même alphabet.
Il y a deux filles parlant l'arabe syrien et un garçon Ukrainien. Bien sûr, je pourrais refuser, mais ça m'ennuie vraiment de les laisser sans assistance (on est loin de ville, en village de fond de vallée).
Je ne vois pas quels outils ou ressources utiliser au mieux et encore moins comment mener de front des explications et des activités avec des enfants n'ayant même pas de langue ni d'alphabet communs.
Et que leur faire faire également en autonomie dans le cadre cette fois des cours, qui plus est dans une classe de 29 ? Cela risque d'être des journées interminables pour eux, sans rien comprendre, et de mon côté sans trouver comment adapter ni même quelle activité autonome leur donner pendant ce temps.
Il y a deux filles parlant l'arabe syrien et un garçon Ukrainien. Bien sûr, je pourrais refuser, mais ça m'ennuie vraiment de les laisser sans assistance (on est loin de ville, en village de fond de vallée).
Je ne vois pas quels outils ou ressources utiliser au mieux et encore moins comment mener de front des explications et des activités avec des enfants n'ayant même pas de langue ni d'alphabet communs.
Et que leur faire faire également en autonomie dans le cadre cette fois des cours, qui plus est dans une classe de 29 ? Cela risque d'être des journées interminables pour eux, sans rien comprendre, et de mon côté sans trouver comment adapter ni même quelle activité autonome leur donner pendant ce temps.
- JennyMédiateur
Serge, les allophones apprennent parfois la langue très vite.
En petit groupe, ce n’est pas absurde. Il faut avoir des supports visuels et partir de choses très simples. En classe entière, c’est compliqué quand ils viennent tout juste d’arriver.
Comment sont suivis tes trois élèves ?
En petit groupe, ce n’est pas absurde. Il faut avoir des supports visuels et partir de choses très simples. En classe entière, c’est compliqué quand ils viennent tout juste d’arriver.
Comment sont suivis tes trois élèves ?
- SergeMédiateur
Aucune idée. Je pense qu'ils ne le sont tout simplement pas, ou de très loin.
- zigmag17Guide spirituel
Serge a écrit:Même problème. Dans un établissement, on me demande de m'occuper d'un Ukrainien. Mais dans mon autre établissement, on me demande de m'occupe de trois élèves allophones en même temps, sur une heure libre de mon emploi du temps, et ... ces élèves n'ont pas tous la même langue ni le même alphabet.
Il y a deux filles parlant l'arabe syrien et un garçon Ukrainien. Bien sûr, je pourrais refuser, mais ça m'ennuie vraiment de les laisser sans assistance (on est loin de ville, en village de fond de vallée).
Je ne vois pas quels outils ou ressources utiliser au mieux et encore moins comment mener de front des explications et des activités avec des enfants n'ayant même pas de langue ni d'alphabet communs.
Et que leur faire faire également en autonomie dans le cadre cette fois des cours, qui plus est dans une classe de 29 ? Cela risque d'être des journées interminables pour eux, sans rien comprendre, et de mon côté sans trouver comment adapter ni même quelle activité autonome leur donner pendant ce temps.
Tu peux trouver des exercices en ligne relatifs au FLE.
Premiere chose obligatoire: qu'ils maîtrisent notre alphabet. Peut-etre que leur faire acheter un cahier ligné comme en primaire et faire commander pour eux 3 mini dictionnaires avec pour chacun la traduction dans sa langue, ainsi que des contes pour enfants illustrés et écrits gros pourraient les aider ( à la fois pour l'écriture puis pour la lecture en cours d'année).
Il s'agirait ensuite de les faire s'enregistrer en train de prononcer les lettres puis les syllabes, pour arriver à une lecture fluide.
Pour un début d'année, on peut les mettre en confiance en leur faisant réaliser des collages autobiographiques ( des photos découpées dans des magazines représentant ce qu'on aime/ ce qu'on n'aime pas); l'autoportrait visuel peut avoir du succès ( tandis que le reste de la classe éventuellement rédige son autoportrait).
Il est possible aussi, s'ils le veulent, de leur faire constituer un petit album illustré dans lequel ils pourraient coller des photos avec des légendes en français et dans leur langue.
S'il y a des élèves volontaires dans la classe, certains peuvent se désigner pour être assis près des élèves allophones et échanger avec eux si besoin.
Quand j'ai des élèves allophones en classe, je leur demande systématiquement au tout début de l'année de venir au tableau pour écrire leur prénom et leur alphabet. J'explique aux élèves que si nous étions dans cette situation ce serait très difficile pour nous, assimiler une langue, être deux fois plus concentré... raison pour laquelle j'attends d'eux écoute et entraide. Souvent à la volée ils écrivent aussi le nom de leurs camarades dans leur langue, et c'est parti.
Mais je ne suis pas non plus formée pour ces profils d'élèves, et le pompon c'est que la plupart du temps quand ils bénéficient de cours spécifiques ceux-ci ont lieu... pendant le cours de français !!!
Je remarque aussi que mon élève allophone présente cette année en terminale CAP et qui pratique la langue arabe a toujours tendance à vouloir écrire de droite à gauche et à retranscrire lettre par lettre ce que j'écris au tableau.
Quand il manque des structures adéquates on est dans une situation absurde où un élève qui ne maîtrise pas les rudiments d'une langue qui n'est pas la sienne doit par ailleurs assimiler des notions complexes.
Edit: j'ajoute que savoir jusqu'à quel niveau ( ou à partir de quel âge) ces élèves ont été scolarisés et quel était leur niveau dans leur langue maternelle est un plus, parce que s'ils ne maîtrisent pas leur langue maternelle et n'ont que des notions de grammaire floues ou inexistantes, il devient très compliqué de leur enseigner une deuxième langue.
- Panta RheiExpert
Nous avons la chance d'avoir un poste plein pour les élèves allophones.
Quitte à choquer, je mets un point d'honneur à continuer ma démarche de quiet-quitting.
J'ai assez donné de mon temps, de mon énergie, de ma santé pendant 25 années.
Le CASNAV existe t'il encore?
PS: On me demande d'inclure des adolescents déracinés dans une classe de 29 avec des dys, ulis. Les pauvres utilisent -nativement- un autre alphabet, ils sont en train d'apprendre le français et on les met dans un cours d'anglais. A ce niveau, c'est de la maltraitance.
Quitte à choquer, je mets un point d'honneur à continuer ma démarche de quiet-quitting.
J'ai assez donné de mon temps, de mon énergie, de ma santé pendant 25 années.
Le CASNAV existe t'il encore?
PS: On me demande d'inclure des adolescents déracinés dans une classe de 29 avec des dys, ulis. Les pauvres utilisent -nativement- un autre alphabet, ils sont en train d'apprendre le français et on les met dans un cours d'anglais. A ce niveau, c'est de la maltraitance.
_________________
- Signature:
- 'Don't you find yourself getting bored?' she asked of her sister. 'Don't you find, that things fail to materialise? NOTHING MATERIALISES! Everything withers in the bud.'
'What withers in the bud?' asked Ursula.
'Oh, everything—oneself—things in general.'First Page of Women in Love, D. H. Lawrence
- AmaliahEmpereur
ylm a écrit:J'enseigne depuis 20 ans en collège public, j'ai régulièrement des élèves débarquant de pays étrangers ne parlant pas français (un syrien cette année), et c'est la première fois que j'entends parler de EANA et de NSA. Et si je fais un sondage auprès de mes collègues (ce que je ferai lundi) je doute qu'il y en ait plus de 2 ou 3, grand maximum, qui sachent ce que ça veut dire.Amaliah a écrit:Hervé Hervé, tu es dans le privé (ou en lycée) pour ignorer le sigle EANA? NSA, je comprends, ce n'est pas courant mais je n'imagine pas qu'il y ait des collèges sans EANA.
Je vois bien en vous lisant que ces sigles ne sont pas utilisés dans bon nombre d'établissements. Comment appelez-vous ces élèves? Au quotidien, on parle des élèves FLS chez nous.
Panta Rhei a écrit:Nous avons la chance d'avoir un poste plein pour les élèves allophones.
Quitte à choquer, je mets un point d'honneur à continuer ma démarche de quiet-quitting.
J'ai assez donné de mon temps, de mon énergie, de ma santé pendant 25 années.
Le CASNAV existe t'il encore?
PS: On me demande d'inclure des adolescents déracinés dans une classe de 29 avec des dys, ulis. Les pauvres utilisent -nativement- un autre alphabet, ils sont en train d'apprendre le français et on les met dans un cours d'anglais. A ce niveau, c'est de la maltraitance.
Le CASNAV existe bien entendu, c'est au CASNAV que sont évalués tous les élèves avant d'être affectés.
Je comprends un peu ta position, d'autant plus que tu es en anglais. On a vraiment l'impression d'écoper avec une petite cuillère tant la tâche est immense...
Mais au quotidien, je ne peux pas laisser cet élève qui ne comprend pas, n'écrit pas, ne lit pas sans rien lui proposer. Vendredi après-midi, il a écouté la correction de la dictée pendant 20 minutes puis s'est recroquevillé sur lui-même et fixait sa table sans bouger d'un cm. C'était terrible.
Je ne peux imaginer mes gamins à 14 ans partir à l'autre bout du monde tout seuls, devoir s'habituer à un autre pays, une autre culture, sans aucun soutien affectif et devoir écouter sans rien comprendre toute la journée des gens parler une langue qu'ils ne comprennent pas sans pouvoir rien faire. Il y a de quoi sombrer dans une profonde dépression ou dans de grands troubles. Il faut une grande force pour faire face à un tel déracinement et il me semble que l'effort que je vais faire pour proposer une toute petite chose est peu de chose en fin de compte.
Je ne peux pas envisager de laisser un gamin, qui est déjà tout seul, être encore plus isolé au sein de mon propre cours. Ce n'est pas grand-chose, mais je lui ai donné une feuille avec deux interlignes et je lui ai montré le modèle d'écriture de deux lettres afin qu'il puisse le faire. Ce n'est pas le travail que je lui ai donné à faire qui me semble important, mais le fait d'essayer de le prendre en compte. Il faut aussi créer du lien pour essayer d'éviter le plus possible le décrochage, l'absentéisme, la dépression de ces jeunes. Sur ces voeux pieux, je retourne réfléchir à ce que je peux faire en maudissant les défaillances de l'institution et le manque de moyens...
- JennyMédiateur
Amaliah : merci pour lui Je comprends ton impuissance et je suis révoltée qu'on laisse cet ado dans cette situation.
- LaplumeNiveau 4
Bonjour,
Je remonte ce fil. Depuis la rentrée, mon collège n'a plus la place d'accueillir des élèves allophones, car notre classe NSA UPE2A est déjà surchargée. Toutes les autres classes NSA du bassin le sont aussi, et les écoles élémentaires également. Nous sommes dans un département qui connaît une très forte arrivée de familles étrangères, surtout depuis 2020/2021, et on manque de tout pour les accueillir correctement. En conséquence, on se retrouve avec dans chaque classe ou presque, au moins 1 élève qui ne parle pas le français, en inclusion totale. La très grande majorité ont pour langues maternelles l'urdu, le pachto, le wolof, qui sont très éloignées du français, et même la communication en anglais est impossible. Certains sont de très petits scripteurs / lecteurs.
Les premières années, j'ai tenté plein de choses pour leur apprendre les rudiments de la langue en lien avec le cours d'HG (petites cartes avec vocabulaire illustré, jeux...), ça n'a jamais fonctionné et m'a demandé énormément d'énergie (j'ai souvent mimé le contenu de mes cours^^). Au mieux, ils arrivent à communiquer à l'oral correctement à la fin du collège, mais jamais ils ne parviennent à maîtriser la langue de façon à pouvoir suivre le programme comme les autres, et leur orientation après la 3e est bien souvent subie et chaotique. Pour moi, cela va au delà de la simple différenciation, c'est un métier à part entière d'apprendre notre langue à un jeune, et je ne suis pas prof de FLE... Devant leurs difficultés, beaucoup se découragent aussi et basculent du côté "obscur" et deviennent malheureusement très pénibles.
Je lance donc une bouteille à la mer : comment arrivez vous à travailler avec des élèves allophones en inclusion dans vos cours, tout en poursuivant le programme pour le reste de la classe ? Avez-vous des idées d'activités ou d'adaptations qui fonctionnent pour eux et qui les font réellement progresser ?
Merci !
Je remonte ce fil. Depuis la rentrée, mon collège n'a plus la place d'accueillir des élèves allophones, car notre classe NSA UPE2A est déjà surchargée. Toutes les autres classes NSA du bassin le sont aussi, et les écoles élémentaires également. Nous sommes dans un département qui connaît une très forte arrivée de familles étrangères, surtout depuis 2020/2021, et on manque de tout pour les accueillir correctement. En conséquence, on se retrouve avec dans chaque classe ou presque, au moins 1 élève qui ne parle pas le français, en inclusion totale. La très grande majorité ont pour langues maternelles l'urdu, le pachto, le wolof, qui sont très éloignées du français, et même la communication en anglais est impossible. Certains sont de très petits scripteurs / lecteurs.
Les premières années, j'ai tenté plein de choses pour leur apprendre les rudiments de la langue en lien avec le cours d'HG (petites cartes avec vocabulaire illustré, jeux...), ça n'a jamais fonctionné et m'a demandé énormément d'énergie (j'ai souvent mimé le contenu de mes cours^^). Au mieux, ils arrivent à communiquer à l'oral correctement à la fin du collège, mais jamais ils ne parviennent à maîtriser la langue de façon à pouvoir suivre le programme comme les autres, et leur orientation après la 3e est bien souvent subie et chaotique. Pour moi, cela va au delà de la simple différenciation, c'est un métier à part entière d'apprendre notre langue à un jeune, et je ne suis pas prof de FLE... Devant leurs difficultés, beaucoup se découragent aussi et basculent du côté "obscur" et deviennent malheureusement très pénibles.
Je lance donc une bouteille à la mer : comment arrivez vous à travailler avec des élèves allophones en inclusion dans vos cours, tout en poursuivant le programme pour le reste de la classe ? Avez-vous des idées d'activités ou d'adaptations qui fonctionnent pour eux et qui les font réellement progresser ?
Merci !
- Hervé HervéFidèle du forum
Je n'y arrive pas.
Désolé.
Désolé.
_________________
« Et je demande aux économistes politiques, aux moralistes, s’ils ont déjà calculé le nombre d’individus qu’il est nécessaire de condamner à la misère, à un travail disproportionné, au découragement, à l’infantilisation, à une ignorance crapuleuse, à une détresse invincible, à la pénurie absolue, pour produire un riche ? » (Almeida Garrett cité parJosé Saramago).
- AmaliahEmpereur
Un an après mon message initial et mon grand désarroi, voici le petit bilan que je peux faire, même si je ne vais pas beaucoup t'aider, laplume.
L'an dernier, dans une de mes 3e, j'avais donc un MNA non lecteur non scripteur et 4 autres élèves FLS dont deux incapables de suivre le cours même s'ils savaient lire et écrire.
Dans ma deuxième 3e, quatre élèves FLS capables de suivre le cours à condition d'adapter, une FLS débutante à l'écrit et un MNA non lecteur non scripteur qui m'est arrivé juste avant la Toussaint. Soit 1/4 de mes élèves par classe.
J'ai beaucoup plus travaillé pour les FLS que pour les élèves lambda à vrai dire. Si j'ai pu le faire, objectivement, c'est parce que j'enseigne depuis 20 ans et que je n'ai que trois classes.
Je tire trois conclusions de mon expérience de l'année dernière avec des élèves non lecteurs non scripteurs : d'abord, il faut mettre les pieds dans le plat et dire que tel élève a besoin d'aide ponctuellement. Impossible pour un non lecteur non scripteur de travailler seul au début. J'ai toujours eu un élève volontaire, différent de séance en séance, qui expliquait la consigne à mon élève ou lui disait le mot représenté sur la feuille par exemple. Ça ne prenait pas beaucoup de temps à l'élève mais ça permettait à l'élève FLS de pouvoir travailler, d'entrer en interaction avec un autre élève et c'était valorisant pour tout le monde.
Pour moi, une heure de cours comme ça, ça en valait deux, niveau fatigue, même si mes élèves étaient absolument adorables et qu'il n'y avait jamais de discipline à faire dans mes 3e. Jongler entre mon cours de 3e, les adaptations pour certains, le coup d’œil régulier jeté au travail du non lecteur non scripteur, c'était quelque chose! Ça m'a demandé une énergie incroyable.
Mais ce travail en classe n'aurait pas été possible si je n'avais pas eu mes élèves FLS en DF toutes les semaines : un groupe de débutants un jour et ceux qui pouvaient suivre avec adaptations un autre jour. Avec les débutants, je travaillais en DF à l'oral et je m'appuyais sur ce travail à l'oral pour les faire ensuite travailler à l'écrit en classe entière où ils avaient le plus souvent un travail à faire qui n'était pas celui des autres élèves avec qui je faisais le programme.
Enfin, je suis allée observer le travail de la PE spécialisée dans sa classe d'IME qui venait d'être transplantée dans mon collège et la voir faire avec ses élèves (trois niveaux de lecture différents, du non lecteur au lecteur débutant) m'a fait beaucoup réfléchir, même si les conditions n'ont rien à voir avec les miennes : une PE spécialisée, deux éducateurs pour huit élèves handicapés. Elle a bien voulu partager certains documents avec moi qui m'ont fait gagner un temps fou (travail sur les mots du corps ou les magasins par exemple).
Cette année, dans une de mes 3e, j'ai cinq FLS mais tous peuvent suivre le cours avec aménagements. Ils ont une préparation de dictée différente et un texte à trous par exemple. Ils sont en train de lire Claude Gueux en LC, comme les autres, mais ils n'ont que certains passages choisis, très courts, à lire de manière à ce qu'ils ne soient pas découragés. Pour le contrôle de fin de séquence, j'ai donné le même texte mais posé des questions plus simples. Ils viennent tous en DF une fois par semaine, ce qui me permet de les aider au mieux. Par exemple, pour le contrôle de fin de séquence, j'ai lu avec eux le texte en DF et on a expliqué le vocabulaire qui posait problème.
Je rebondis sur le message de Panta Rhei, même s'il date de l'an dernier. Au bout de quelques semaines, l'an dernier on a enlevé certaines matières aux non lecteurs non scripteurs (l'anglais, l'espagnol, l'histoire-géo notamment) pour leur alléger un peu l'edt et parce que ça n'avait pas de sens de mettre en cours d'anglais ou d'espagnol des élèves qui ne parlaient déjà pas français. Pour éviter qu'ils aillent en étude (que faire en étude quand on ne sait ni lire ni écrire?) quand ces heures tombaient en milieu de matinée ou d'après-midi, je les ai récupérés. J'avais donc mes deux non lecteurs non scripteurs ensemble le temps d'une heure, ce qui n'était pas plus mal en fin de compte pour créer un peu d'émulation entre eux.
Le même allégement d'edt a été fait cette année pour certains de mes élèves.
L'an dernier, dans une de mes 3e, j'avais donc un MNA non lecteur non scripteur et 4 autres élèves FLS dont deux incapables de suivre le cours même s'ils savaient lire et écrire.
Dans ma deuxième 3e, quatre élèves FLS capables de suivre le cours à condition d'adapter, une FLS débutante à l'écrit et un MNA non lecteur non scripteur qui m'est arrivé juste avant la Toussaint. Soit 1/4 de mes élèves par classe.
J'ai beaucoup plus travaillé pour les FLS que pour les élèves lambda à vrai dire. Si j'ai pu le faire, objectivement, c'est parce que j'enseigne depuis 20 ans et que je n'ai que trois classes.
Je tire trois conclusions de mon expérience de l'année dernière avec des élèves non lecteurs non scripteurs : d'abord, il faut mettre les pieds dans le plat et dire que tel élève a besoin d'aide ponctuellement. Impossible pour un non lecteur non scripteur de travailler seul au début. J'ai toujours eu un élève volontaire, différent de séance en séance, qui expliquait la consigne à mon élève ou lui disait le mot représenté sur la feuille par exemple. Ça ne prenait pas beaucoup de temps à l'élève mais ça permettait à l'élève FLS de pouvoir travailler, d'entrer en interaction avec un autre élève et c'était valorisant pour tout le monde.
Pour moi, une heure de cours comme ça, ça en valait deux, niveau fatigue, même si mes élèves étaient absolument adorables et qu'il n'y avait jamais de discipline à faire dans mes 3e. Jongler entre mon cours de 3e, les adaptations pour certains, le coup d’œil régulier jeté au travail du non lecteur non scripteur, c'était quelque chose! Ça m'a demandé une énergie incroyable.
Mais ce travail en classe n'aurait pas été possible si je n'avais pas eu mes élèves FLS en DF toutes les semaines : un groupe de débutants un jour et ceux qui pouvaient suivre avec adaptations un autre jour. Avec les débutants, je travaillais en DF à l'oral et je m'appuyais sur ce travail à l'oral pour les faire ensuite travailler à l'écrit en classe entière où ils avaient le plus souvent un travail à faire qui n'était pas celui des autres élèves avec qui je faisais le programme.
Enfin, je suis allée observer le travail de la PE spécialisée dans sa classe d'IME qui venait d'être transplantée dans mon collège et la voir faire avec ses élèves (trois niveaux de lecture différents, du non lecteur au lecteur débutant) m'a fait beaucoup réfléchir, même si les conditions n'ont rien à voir avec les miennes : une PE spécialisée, deux éducateurs pour huit élèves handicapés. Elle a bien voulu partager certains documents avec moi qui m'ont fait gagner un temps fou (travail sur les mots du corps ou les magasins par exemple).
Cette année, dans une de mes 3e, j'ai cinq FLS mais tous peuvent suivre le cours avec aménagements. Ils ont une préparation de dictée différente et un texte à trous par exemple. Ils sont en train de lire Claude Gueux en LC, comme les autres, mais ils n'ont que certains passages choisis, très courts, à lire de manière à ce qu'ils ne soient pas découragés. Pour le contrôle de fin de séquence, j'ai donné le même texte mais posé des questions plus simples. Ils viennent tous en DF une fois par semaine, ce qui me permet de les aider au mieux. Par exemple, pour le contrôle de fin de séquence, j'ai lu avec eux le texte en DF et on a expliqué le vocabulaire qui posait problème.
Je rebondis sur le message de Panta Rhei, même s'il date de l'an dernier. Au bout de quelques semaines, l'an dernier on a enlevé certaines matières aux non lecteurs non scripteurs (l'anglais, l'espagnol, l'histoire-géo notamment) pour leur alléger un peu l'edt et parce que ça n'avait pas de sens de mettre en cours d'anglais ou d'espagnol des élèves qui ne parlaient déjà pas français. Pour éviter qu'ils aillent en étude (que faire en étude quand on ne sait ni lire ni écrire?) quand ces heures tombaient en milieu de matinée ou d'après-midi, je les ai récupérés. J'avais donc mes deux non lecteurs non scripteurs ensemble le temps d'une heure, ce qui n'était pas plus mal en fin de compte pour créer un peu d'émulation entre eux.
Le même allégement d'edt a été fait cette année pour certains de mes élèves.
- AnguaGrand sage
Hervé Hervé a écrit:Je n'y arrive pas.
Désolé.
Je n'y arrive que parfois.
Ah, je précise : la collègue qui enseigne en UPE2A NSA au sein du collège... c'est moi. J'ai les outils, l'expérience, mais il faut être lucide : dans les conditions actuelles, il faut que les étoiles soient bien alignées pour que ça fonctionne. Il y a des classes adorables avec une ambiance de travail, des élèves prêts à filer des coups de main, des élèves allophones qui pigent tout de suite ce qu'on explique, qui bossent, qui sont capables d'être autonomes, de comprendre des consignes seuls pour des activités différenciées.
Et il y a des classes où avoir du calme est une lutte de chaque instant, où on montre les crocs en permanence pour tenter de faire bosser et avancer tout le monde. Peut-être une part de malchance, mais ces dernières années, j'ai principalement ce type de classe. Même avec des allophones de bonne volonté, c'est rude.
Enfin, je crois qu'il faut être honnête : un élève NSA ne peut pas rattraper 10 ou 12 ans de scolarité en un an ou deux, comme par magie. C'est terrible, c'est un drame humain, mais c'est une réalité. ET dans les conditions actuelles, on prépare des drames humains en n'accompagnant pas mieux ces élèves.
La semaine dernière, un MNA que j'avais l'an dernier en NSA, maintenant au lycée, est passé au collège pour me voir. J'espérais qu'il venait me raconter que tout se passait bien, mais non : il venait supplier qu'on le reprenne. Je précise qu'il m'a fendu le cœur ? Ce môme a besoin d'être accompagné, dans et hors l'école, il a un potentiel humain et débrouillard réel, mais... mais c'est un grand ado de 16 ans, qui se sent perdu et pourrait mal tourner. Parce qu'il a un emploi du temps miteux, parce que son lycée est indifférent à son sort (heureusement, pas la collègue de FLE, mais vous savez que nous sommes peu de choses).
Ce n'est pas trop optimiste comme réponse, je l'admets... en tout cas, je veux insister sur un point : on fait ce qu'on peut, avec ce qu'on a. Et "ce qu'on a", ça ne dépend pas seulement de nous, loin de là...
(quand je serai moins amère, j'essaierai de trouver le temps de vous détailler ce que je fais avec certains)
PS : Bosser en plan de travail depuis l'année dernière m'a dégagé un peu de temps aussi... mais n'est pas miraculeux.
- RandoschtroumfNiveau 10
Honnêtement, j'ai l'impression qu'on te demande l'impossible.
J'ai eu régulièrement des élèves allophones en primaire. En cycle 3, c'était déjà très compliqué. Très peu de matières étaient faisables en suivant le rythme de la classe : musique, arts visuels, EPS, un peu d'observation de documents, les maths (selon leur niveau de base et sans chercher à aborder les problèmes à cause de la compréhension des énoncés).
Le reste était en décroché en m'appuyant sur les enseignements de cycle 1 et 2 et en ressortant des jeux plastifiés, pour reprendre toutes les bases du graphisme et de l'écriture, de la phonologie et de l'enseignement de la lecture, de la numération si besoin (notamment si l'enfant n'a pas été scolarisé ou très peu).
Je pouvais le faire parce que j'avais déjà les supports, l'expérience (et ces élèves toute la journée).
Un seul a bénéficié de quelques heures d'UP2A hebdomadaire, je n'ai donc pas fait de miracles en étant malgré tout plus outillé qu'un enseignant du secondaire.
Le CASNAV propose divers supports et sites (si on a un ordinateur dans sa classe ou possibilité d'utiliser une classe mobile).
Le tuteur est une bonne idée, s'il est volontaire et si c'est ponctuel.
J'ai même repris au niveau MS pour un de mes élèves !
J'ai eu régulièrement des élèves allophones en primaire. En cycle 3, c'était déjà très compliqué. Très peu de matières étaient faisables en suivant le rythme de la classe : musique, arts visuels, EPS, un peu d'observation de documents, les maths (selon leur niveau de base et sans chercher à aborder les problèmes à cause de la compréhension des énoncés).
Le reste était en décroché en m'appuyant sur les enseignements de cycle 1 et 2 et en ressortant des jeux plastifiés, pour reprendre toutes les bases du graphisme et de l'écriture, de la phonologie et de l'enseignement de la lecture, de la numération si besoin (notamment si l'enfant n'a pas été scolarisé ou très peu).
Je pouvais le faire parce que j'avais déjà les supports, l'expérience (et ces élèves toute la journée).
Un seul a bénéficié de quelques heures d'UP2A hebdomadaire, je n'ai donc pas fait de miracles en étant malgré tout plus outillé qu'un enseignant du secondaire.
Le CASNAV propose divers supports et sites (si on a un ordinateur dans sa classe ou possibilité d'utiliser une classe mobile).
Le tuteur est une bonne idée, s'il est volontaire et si c'est ponctuel.
J'ai même repris au niveau MS pour un de mes élèves !
- LaplumeNiveau 4
Merci à tous pour vos réponses et vos partages d'expériences. Je constate que comme partout ailleurs, à l'impossible nul n'est tenu, et je vais me contenter de ce qui est dans mes compétences. Je vais regarder le CASNAV, et sinon je vais voir avec les pp de ces élèves s'il est pertinent de conserver l'Histoire-Géographie dans leur emploi du temps.
Page 2 sur 2 • 1, 2
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum