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- FiatLuxFidèle du forum
Bonjour,
J'enseigne le français depuis plusieurs années maintenant. Lors de ma première inspection, il y a environ 7 ans, j'étais apparemment à la page et, fraîchement formée (certain(e)s diront formatée), j'avais eu une inspection du tonnerre. J'ai été inspectée l'année dernière et là, le son de cloche a été totalement différent. On m'a expliqué, pour résumer, que ma pratique est assez datée, que je fais trop ceci, pas assez cela. Il est vrai que depuis mon année de néo-titulaire, je n'ai plus jamais eu de formation. J'aimerais donc que des profs de français qui viennent d'avoir le concours, qui viennent d'être formés ou qui ont su se tenir au courant de l'évolution de l'enseignement du français m'expliquent ce qu'est censé être un cours de français en 2023. Il ne s'agit pas de créer un débat sur fond de "Fais tes cours comme tu en as envie, ne te soucie pas des inspecteurs" car je vous assure qu'à la fin je ferai comme je l'entends. Cependant j'aimerais qu'on m'explique, comme si j'étais novice, comment est censée se dérouler une séance d'analyse de texte (proportions des questions, taille du bilan, etc), une séance d'étude de la langue et, plus globalement, une séquence.
Si certain(e)s s'en sentent le courage, ça m'intéresse vraiment.
J'enseigne le français depuis plusieurs années maintenant. Lors de ma première inspection, il y a environ 7 ans, j'étais apparemment à la page et, fraîchement formée (certain(e)s diront formatée), j'avais eu une inspection du tonnerre. J'ai été inspectée l'année dernière et là, le son de cloche a été totalement différent. On m'a expliqué, pour résumer, que ma pratique est assez datée, que je fais trop ceci, pas assez cela. Il est vrai que depuis mon année de néo-titulaire, je n'ai plus jamais eu de formation. J'aimerais donc que des profs de français qui viennent d'avoir le concours, qui viennent d'être formés ou qui ont su se tenir au courant de l'évolution de l'enseignement du français m'expliquent ce qu'est censé être un cours de français en 2023. Il ne s'agit pas de créer un débat sur fond de "Fais tes cours comme tu en as envie, ne te soucie pas des inspecteurs" car je vous assure qu'à la fin je ferai comme je l'entends. Cependant j'aimerais qu'on m'explique, comme si j'étais novice, comment est censée se dérouler une séance d'analyse de texte (proportions des questions, taille du bilan, etc), une séance d'étude de la langue et, plus globalement, une séquence.
Si certain(e)s s'en sentent le courage, ça m'intéresse vraiment.
- Nina68Niveau 9
Je te réponds rapidement. "Proportion des questions" :que veux-tu dire par là ?
Taille du bilan ? Tout dépend de ta classe et du niveau...
Taille du bilan ? Tout dépend de ta classe et du niveau...
- NLM76Grand Maître
Je ne sais pas trop dans le détail. Mais dans l'ensemble, ce que je peux te dire, au vu des résultats au baccalauréat, c'est qu'ils sont diablement efficaces. Les taux de réussite grimpent chaque année ; je ne vois pas d'autre explication que celle-ci : les méthodes pédagogiques ne cessent de s'améliorer.
_________________
Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- MédéeÉrudit
Ton inspecteur ne te l'a pas expliqué ?
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Rentrée 2024 : Poste fixe ! (et 16e établissement )
2021-2024 : TZR en remplacements courts
2020-2021 : T3 - TZR en AFA : 1 collège 6e, 5e + PP 5e
2019-2020 : T2 - TZR en AFA : 2 collèges 6e, 5e, 4e + PP 5e
2018-2019 : T1 - TZR en AFA : 3 collèges 5e, 4e
2017-2018 : Stagiaire en lycée (2nde x2)
- zigmag17Guide spirituel
Tu attends des pistes pour quel(s) niveaux?
- FiatLuxFidèle du forum
Non, l'inspecteur ne me l'a pas expliqué. Il m'a dit ce qui n'allait pas mais n'a pas eu le temps de faire une mise à jour complète. Je cherchais des pistes pour les niveaux 5e / 4e.
Ma séance d'analyse de texte (niveau 4e) était assez classique (selon moi) : j'ai distribué un texte, je l'ai lu, les élèves ont répondu à des questions de compréhension, on a analysé le texte à l'oral et on a écrit un bilan. Il est ressorti de cette séance que le bilan était bien trop long et que l'analyse était trop compliquée pour des collégiens. Lorsqu'il a feuilleté les cahiers, il a trouvé qu'on faisait trop de choses. Trop de bilans, trop de langue : trop d'entraînement à la conjugaison des verbes. Je fonctionne avec un cahier d'activités. Généralement la leçon est écrite dessus, donc je ne prends pas la peine de la faire écrire une nouvelle fois sur le cahier des élèves, sinon pour compléter lorsque la leçon me semble lacunaire. Je profite donc du gain de temps de la leçon déjà écrite pour faire faire pas mal d'exercices d'entraînement et on n'y passe jamais plus de 2h.
Ma séance d'analyse de texte (niveau 4e) était assez classique (selon moi) : j'ai distribué un texte, je l'ai lu, les élèves ont répondu à des questions de compréhension, on a analysé le texte à l'oral et on a écrit un bilan. Il est ressorti de cette séance que le bilan était bien trop long et que l'analyse était trop compliquée pour des collégiens. Lorsqu'il a feuilleté les cahiers, il a trouvé qu'on faisait trop de choses. Trop de bilans, trop de langue : trop d'entraînement à la conjugaison des verbes. Je fonctionne avec un cahier d'activités. Généralement la leçon est écrite dessus, donc je ne prends pas la peine de la faire écrire une nouvelle fois sur le cahier des élèves, sinon pour compléter lorsque la leçon me semble lacunaire. Je profite donc du gain de temps de la leçon déjà écrite pour faire faire pas mal d'exercices d'entraînement et on n'y passe jamais plus de 2h.
- marjoDoyen
NLM76 a écrit:Je ne sais pas trop dans le détail. Mais dans l'ensemble, ce que je peux te dire, au vu des résultats au baccalauréat, c'est qu'ils sont diablement efficaces. Les taux de réussite grimpent chaque année ; je ne vois pas d'autre explication que celle-ci : les méthodes pédagogiques ne cessent de s'améliorer.
Voilà la raison pour laquelle j'applique mes "méthodes de vieille" sans trop me poser de questions.
J'ai eu le concours 2009 et je n'ai pas dû avoir de formations depuis 2012 (c'est moi qui n'en demande, vu ce à quoi ça ressemble les "formations" du PAF).
Je ne peux pas vraiment répondre à ta question, parce que tu sembles sous-entendre qu'il y a un déroulé-type un peu formaté correspondant à chaque type de séance : le déroulé-type pour la séance d'analyse de texte, le déroule-type pour la séance de langue etc. Personnellement, j'adapte le déroulé au contenu du cours (et au timing aussi, bien souvent !) plutôt qu'au type de séance. En ce qui concerne l'analyse de texte, je ne procède pas pareil en début et en fin d'année (je guide moins en fin d'année). Je ne suis donc pas certaine que la question, posée ainsi, soit pertinente.
En 3e, en langue, j'ai décidé d'expérimenter quelque chose de nouveau l'année prochaine : je vais concevoir (bientôt, normalement... il faut que je trouve le courage de m'y mettre) une sorte de memento grammatical que je distribuerai aux élèves au début de l'année. Je vais tâcher de trouver un intermédiaire entre le "trop exhaustif" et le "trop synthétique". En cours, on fera essentiellement des exercices, en variant les différents points abordés au cours d'une même heure : par exemple, une séance pourrait être constituée d'une petite dictée ou une réécriture, puis de 3 ou 4 exercices brassant différentes notions que les élèves sont censés avoir vues (je ne dis pas acquis) entre la 6e et la 4e. Bilan à la fin de l'heure à l'occasion de la correction : j'indiquerai les points du memento à revoir en fonction des erreurs commises par les élèves et ensuite ils
- Ambre75Niveau 5
@Fiatlux : j'ai la même méthode que toi, même si les traces écrites sont courtes car je les construis avec les élèves. Néanmoins, je constate que ma méthode est sans doute trop traditionnelle et dépassée car mes élèves décrochent et ne progressent pas beaucoup. Cela m'intéresserait aussi de savoir comment il faut procéder pour susciter la motivation des élèves. Mes cours semblent trop "traditionnels".
- cléliaFidèle du forum
FiatLux a écrit:Il est ressorti de cette séance que le bilan était bien trop long et que l'analyse était trop compliquée pour des collégiens. Lorsqu'il a feuilleté les cahiers, il a trouvé qu'on faisait trop de choses.
Voilà, trop de travail !
Je ne sais pas comment on fait un cours mode 2023, mais pour moi, de tels commentaires sont ineptes et sans intérêt.
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Il voyagea.
Il connut la mélancolie des paquebots, les froids réveils sous la tente, l’étourdissement des paysages et des ruines, l’amertume des sympathies interrompues.
Il revint.
Il fréquenta le monde, et il eut d’autres amours, encore.
- AbdelNiveau 5
Les inspecteurs aiment aussi parfois qu'on puisse justifier un choix: s'ils trouvent que tel bilan est trop compliqué, telle question de grammaire inutile, il m'est arrivé de tomber sur des gens qui ont apprécié que je puisse quand même en toute modestie essayer de justifier mon choix. Prenons tel bilan, concrètement, que trouvez-vous difficile ? Oui alors, peut-être, mais je tiens à ce qu'ils sachent ça car, regardez dans le sujet du dnb de telle année on leur pose telle question, je me suis dis que c'était important de le voir dès cette année, qu'on l'approfondisse en 3e etc Le programme de seconde considère comme prérequis tel point je me suis dis que c'était important de le voir en 3e...
- Melyne5Fidèle du forum
Également scandalisée par de telles remarques : comment peut-on reprocher à quelqu’un d’en faire trop quand les élèves n'en font, eux, pas assez ?clélia a écrit:FiatLux a écrit:Il est ressorti de cette séance que le bilan était bien trop long et que l'analyse était trop compliquée pour des collégiens. Lorsqu'il a feuilleté les cahiers, il a trouvé qu'on faisait trop de choses.
Voilà, trop de travail !
Je ne sais pas comment on fait un cours mode 2023, mais pour moi, de tels commentaires sont ineptes et sans intérêt.
- trompettemarineMonarque
J'avoue que je laisse peu à peu tomber les bilans. Les élèves prennent les notes que j'écris au tableau au fur et à mesure de l'explication. Cela les fait écrire. Certains les relisent pour les évaluations.
Déformation du lycée peut-être.
Déformation du lycée peut-être.
- roxanneOracle
Lors de ma dernière inspection en collège avec des 6e, l'inspecteur m'avait reproché« une inflation d'exercices" et que vraiment, j'allais traumatiser ces pauvres petits. Quelques années plus tard me voilà au lycée, et je retrouve le même inspecteur pour la formation sur la grammaire après la réforme. On lui fait part du niveau affligeant des élèves. Réponse : "Effectivement, la grammaire est e point faible des professeurs de collège. »
Sinon, pour revenir à ta question initiale, il avait encensé la collègue qui faisait des îlots et de la pédagogie active avec moult affiches et autres. Elle est évidemment devenue depuis formatrice. Mais on récupérait des élèves qui qui n'avaient jamais fait de grammaire ni même lu un livre en entier et qui, curieusement ou non, étaient plutôt contents de refaire du traditionnel.
Sinon, pour revenir à ta question initiale, il avait encensé la collègue qui faisait des îlots et de la pédagogie active avec moult affiches et autres. Elle est évidemment devenue depuis formatrice. Mais on récupérait des élèves qui qui n'avaient jamais fait de grammaire ni même lu un livre en entier et qui, curieusement ou non, étaient plutôt contents de refaire du traditionnel.
- A TuinVénérable
Médée a écrit:Ton inspecteur ne te l'a pas expliqué ?
Me concernant, les inspections ne m'ont jamais expliqué le format attendu. J'ai dû l'acquerir toute seule et parfois en tâtonnant.
La question initiale est intéressante et je lirai les retours avec attention.
Deux questions : vous avez, vous, demandé à vos inspections de vous expliquer ce qui était attendu comme séance d'inspection type, au fur et à mesure ?
Une autre question : à l'heure où on nous parle d'innovation, et sans être carriériste, mais simplement en veille permanente de ce qui se fait, quelles sont vos pratiques de séances d'inspection en français, qui soient susceptibles d'être un peu différentes du format standard d'étude de texte ?
- roxanneOracle
Mais est-ce que l'idée c'est d'épater les inspecteurs ou de leur montrer vraiment ce qu'on fait?
Je me rappelle d'une collègue parlant d'un autre effarée car lors de son inspection, il avait fait, en lycée, une lecture analytique à l'époque, de Candide. Et elle m'avait dit qu'on ne présentait pas ça une inspection . Ceci dit, iça n'a pas empêché le collègue d'avoir l'agrégation par aptitude .
Je me rappelle d'une collègue parlant d'un autre effarée car lors de son inspection, il avait fait, en lycée, une lecture analytique à l'époque, de Candide. Et elle m'avait dit qu'on ne présentait pas ça une inspection . Ceci dit, iça n'a pas empêché le collègue d'avoir l'agrégation par aptitude .
- A TuinVénérable
L'idée c'est de placer au mieux les billes pour avoir un dossier propre.
Peu importe l'inspecteur : si on bosse avec sérieux au long court auprès de ses élèves, c'est quand même un peu ballot de faire une séance moisie le jour d'inspection, soit en gros le jour où on va venir te jauger, te décréter une pseudo valeur qui englobera tes nombreuses années de travail sérieux. L'idée est de faire quelque chose de propre au mieux des attendus, pour l'objectif visé à savoir valoriser l'investissement au long court qu'on peut avoir.
Après effectivement il y a de tout, et de ceux qui veulent faire du "faire valoir" ce jour là alors qu'ils ne fichent pas une rame le reste du temps, de ceux qui bossent à fond tout le long, et qui se font pourrir le jour J parce que le machin ne rentrait pas dans les cases à la noix qui vont bien.
Et aussi la troisième voie, qui consiste à aligner au mieux tout ce qu'il faut pour montrer sa valeur.
Et d'autres possibilités encore, car chacun est différent, avec ses motivations propres.
Peu importe l'inspecteur : si on bosse avec sérieux au long court auprès de ses élèves, c'est quand même un peu ballot de faire une séance moisie le jour d'inspection, soit en gros le jour où on va venir te jauger, te décréter une pseudo valeur qui englobera tes nombreuses années de travail sérieux. L'idée est de faire quelque chose de propre au mieux des attendus, pour l'objectif visé à savoir valoriser l'investissement au long court qu'on peut avoir.
Après effectivement il y a de tout, et de ceux qui veulent faire du "faire valoir" ce jour là alors qu'ils ne fichent pas une rame le reste du temps, de ceux qui bossent à fond tout le long, et qui se font pourrir le jour J parce que le machin ne rentrait pas dans les cases à la noix qui vont bien.
Et aussi la troisième voie, qui consiste à aligner au mieux tout ce qu'il faut pour montrer sa valeur.
Et d'autres possibilités encore, car chacun est différent, avec ses motivations propres.
- roxanneOracle
Ce fameux inspecteur m'avait parlé, à titre d'exemple de cours intéressant, d'un collègue qui en collège avait fait le Masque et la Plume avec ses élèves et tout épaté, il m'avait dit "Il y avait même un micro !!. Quand je lui avais demandé (perfidement) si tous les lèves avaient lu les livres, il s'était agacé :"Mais enfin, ce n'est pas l'essentiel!" Non, l'essentiel, c'est de s'amuser autour d'un micro ! Dont acte.
Le dernier, en lycée, lui m'avait dit qu'il avait vu une classe qui tournait (des STI2D à fond !) et que c'était bien là l'essentiel.
Le dernier, en lycée, lui m'avait dit qu'il avait vu une classe qui tournait (des STI2D à fond !) et que c'était bien là l'essentiel.
- lene75Prophète
clélia a écrit:FiatLux a écrit:Il est ressorti de cette séance que le bilan était bien trop long et que l'analyse était trop compliquée pour des collégiens. Lorsqu'il a feuilleté les cahiers, il a trouvé qu'on faisait trop de choses.
Voilà, trop de travail !
Je ne sais pas comment on fait un cours mode 2023, mais pour moi, de tels commentaires sont ineptes et sans intérêt.
C'est effet lunaire comme commentaire. Si c'est fait, c'est que c'est faisable et qu'en fin de compte les élèves ne sont pas si bêtes qu'on veut le faire croire. CQFD.
Pour reprendre ce que dit Roxanne, je me souviens d'un collègue de SES qui avait un stagiaire et qui nous avait dit que ledit stagiaire était trop bête parce qu'il avait fait cours comme toute l'année le jour de l'inspection au lieu de faire ce que l'inspecteur attend. Il avait ajouté que bien sûr personne ne fait cours toute l'année comme les inspecteurs veulent et que tout le monde sait que ça ne fonctionne pas, mais que le jour J il faut faire semblant. D'accord, bilan des courses, tout le monde sait sauf l'inspecteur et à force c'est la méthode moisie qui finit par s’imposer alors que si les profs disaient la vérité, ça ouvrirait peut-être les yeux des inspecteurs sur ce qui fonctionne vraiment.
- AlcyoneFidèle du forum
Pour ma part, je me pose exactement les mêmes questions que Fiat Lux mais non pas par rapport à l'inspection, dont je me fiche royalement, mais par rapport à la réception de mon cours par mes élèves (classes de 5e et 4e).
J'ai l'impression depuis quelques années qu'enseigner la littérature est devenu un parcours du combattant, que je suis seule à mener en classe. A la maison, je n'en parle même pas : travaux d'écriture et de lecture devenus quasi impossibles à demander, puisqu'il y a toujours une bonne raison pour ne pas travailler, et on se retrouve en classe avec une grande majorité des élèves qui n'a rien fait.
Est-ce parce que je récolte des classes de 5e tous les ans ? Classes impossibles à intéresser pour moi à partir du mois de janvier, puis surtout après les vacances de printemps.
Est-ce parce que je suis dans une zone fortement rurale (70% des élèves de 3e partent en filière pro) ?
Je ne sais pas "ce que je fais de mal" dans ma manière d'enseigner la littérature. D'abord, les livres à la maison ne sont pas lus. Quand un livre est demandé à l'achat, seuls 1/4 des élèves l'achète. On prête donc les livres en série. Soit. Quand je prête un livre, la majorité des élèves demande la version audio, ce que je ne trouve pas toujours. Quand je prête le livre pour les vacances, les bons élèves ont besoin d'un mois complet pour le lire, les autres ne l'ont jamais terminé. Les contrôles de lecture sont catastrophiques. La majorité des élèves dit qu'elle ne comprend pas l'histoire, ou que c'est trop long, ou qu'il n'y a pas d'images.
Je me résigne à lire certains livres entièrement en classe avec les élèves et, au fur et à mesure de la séquence de "lecture", on étudie le sens de certains extraits importants de l’œuvre. La plupart des élèves n'apportent pas le livre. Ou ne veulent pas lire. "On préfère que vous lisiez." Alors, j'alterne, je lis les extraits importants, et je fais lire aux quelques volontaires le reste. Parfois, je hausse le ton, exige le livre, et fais lire tout le monde. Et tout le monde râle et souffle pendant l'heure.
Quand je fais des groupements de textes, j'essaie de prendre une thématique ou une "problématique" et après avoir analysé les textes (littéraires, documentaires) ou des extraits vidéos, ou un tableau, etc., je leur propose de rédiger une synthèse, de réfléchir aux liens entre les documents, à la réflexion soulevée dans le texte ou la séquence. L'autonomie est quasiment impossible quand je les mets en activité (questionnaire, repérages dans le texte, tableaux de comparaison, rédaction de la synthèse) car ils n'ont pas écouté le texte et les explications données à l'oral, et ils ne savent pas "relire" le texte, ça leur paraît long, ennuyeux, inutile. La plupart des élèves surlignent tout le texte (en activité de repérage ; "Ben, j'ai surligné, c'est ce que vous avez dit") ou répondent n'importe quoi aux questions, notamment des choses qu'il n'y a pas dans le texte ("C'est pareil" disent-ils). Quand je ne les mets pas en activité autonome et qu'on fait le cours tous ensemble, la plupart refusent d'écrire ce qu'il y a au tableau (mots notés, définitions, synthèse) car "on l'a déjà dit à l'oral". Et quand il s'agit de recopier une correction et même quand je dicte la synthèse, sur une classe de 24, j'en ai au moins 7-8 qui n'écrivent pas ("on sait déjà" ; "on parle déjà français, Madame"), et on arrive presque à la moitié de la classe qui n'arrive pas à suivre ou qui est incapable de prendre la correction en entier.
Et si on évoque la pédagogie par projets, ce n'est pas tout rose non plus. Quand je mets mes élèves en projet, c'est très difficile d'obtenir un véritable travail de qualité ; les impasses sont les mêmes : "on ne comprend rien aux documents" ; "on n'a pas pris les documents" ; "c'est trop long à écrire". Les élèves en décrochage ne font pas grand chose voire rien : ils attendent que les élèves de bonne volonté aient lu, réfléchi et écrit. Je passe pour aider et donner des conseils mais beaucoup d'élèves ne veulent pas les suivre ("Je préfère faire comme ça" ; "Ah non, j'aime pas").
Je pense que mon constat vient du fait qu'on est en mai-juin et que les 5e ne veulent plus rien faire. Mais globalement, je trouve que l'enseignement de la littérature devient un véritable problème, en lecture comme en écriture.
Je me remets beaucoup en question par rapport à mon enseignement de la littérature, mais il n'y a pas trente-six méthodes : si l'élève ne lit pas et refuse de lire et d'écrire, je ne vois pas ce que je peux mettre en place pour enseigner la littérature sans ces impératifs-là qui ne sont pas de mon ressort. Je ne peux pas intéresser avec mon cours l'élève qui n'aura pas lu en amont le texte ou le livre, ni même celui qui refuse d' "entrer" dans le cours et d'y participer.
Hier, un collègue avec qui j'ai discuté du décrochage des élèves m'a dit que le français était une matière un peu "archaïque" pour les élèves, "dépassée", "ch*****" (selon ses mots).
Quand je leur présente des romans comme L'Île au trésor ou L'Appel de la forêt, Les Pilleurs de sarcophages ou Le Livre des merveilles de Marco Polo : "c'est de l'histoire-géo" ; "on s'en fout, on sait pas où c'est" ; "on comprend rien". Puis, Molière, "c'est vieux", la poésie, "c'est ch****", bref, que leur faire lire ? Avec une classe de 5e, j'ai tenté le recueil des Nouvelles de notre planète, avec pour objectif d'en lire une seule au choix pendant les vacances de printemps. Résultat : il faut tout recommencer en classe ; la nouvelle de quelques pages n'a pas été lue, l'activité ne peut pas se faire. Alors, on la lit en classe.
Ceci dit, j'ai déjà expérimenté d'autres types de séances en remplacement :
- la séance avec les petites activités : je me rappelle que la collègue que je remplaçais commençait par le mot du jour (vocabulaire), puis la dictée du jour (une phrase), puis la lecture d'un texte et son résumé en une ou deux phrases, puis un exercice de langue (sur une leçon vue dans une séance précédente) ou un jogging d'écriture de 5 minutes avec lecture des productions d'élèves (les volontaires) pour terminer l'heure. Pourquoi pas ?
- la séance par "chapitre" : chaque heure de cours (deux heures maximum) est "un chapitre". La collègue que je remplaçais était beaucoup plus jeune que moi, mais je n'ai pas su si c'était une méthode vue à l'ESPE (à l'époque). Chaque heure = une activité autonome. Par exemple, je me souviens avoir donné un cours sur le subjonctif présent, sans aucun rapport avec la séance de l'heure précédente ou suivante. La collègue m'a dit que l'idée, c'était l'apprentissage "spiralaire", que cette notion de subjonctif serait revue un jour ou l'autre, que ce n'était pas grave que les notions soient "décrochées" les unes des autres. Je me rappelle aussi avoir fait une heure de cours sur un roman de chevalerie, comme ça, sans savoir si les élèves l'avaient lu ou non, s'ils l'avaient compris ou non. Bref, "on a lu un roman de chevalerie". Les chapitres étaient numérotés, les élèves avaient un sommaire en début de classeur. Ce que j'ai aimé dans cette méthode, c'est qu'on ne s'ennuie jamais ; tous les jours, c'est la découverte de quelque chose de nouveau. Ce que j'ai moins aimé, c'est que certaines notions ne sont pas approfondies (un livre en une heure, cela m'angoisse). Et je n'ai pas prolongé l'expérience dans mes remplacements longs, à l'année, parce que le fait que les notions n'aient aucun lien entre elles me stresse : est-ce que les élèves ont bien compris et retenus ? est-ce que le subjonctif présent va se re-présenter à nous pour que ma séance ait un sens ? Cela me semble un pari sur l'avenir, rien n'est garanti. C'est trop de "lâcher-prise" pour moi.
La plupart des collègues que j'ai remplacés travaillaient en séquences de littérature. La plupart avec une progression langagière séparée.
Désolée pour le long pavé sur mon expérience (un peu négative) en enseignement de la littérature en collège (5e et 4e essentiellement).
J'ai l'impression depuis quelques années qu'enseigner la littérature est devenu un parcours du combattant, que je suis seule à mener en classe. A la maison, je n'en parle même pas : travaux d'écriture et de lecture devenus quasi impossibles à demander, puisqu'il y a toujours une bonne raison pour ne pas travailler, et on se retrouve en classe avec une grande majorité des élèves qui n'a rien fait.
Est-ce parce que je récolte des classes de 5e tous les ans ? Classes impossibles à intéresser pour moi à partir du mois de janvier, puis surtout après les vacances de printemps.
Est-ce parce que je suis dans une zone fortement rurale (70% des élèves de 3e partent en filière pro) ?
Je ne sais pas "ce que je fais de mal" dans ma manière d'enseigner la littérature. D'abord, les livres à la maison ne sont pas lus. Quand un livre est demandé à l'achat, seuls 1/4 des élèves l'achète. On prête donc les livres en série. Soit. Quand je prête un livre, la majorité des élèves demande la version audio, ce que je ne trouve pas toujours. Quand je prête le livre pour les vacances, les bons élèves ont besoin d'un mois complet pour le lire, les autres ne l'ont jamais terminé. Les contrôles de lecture sont catastrophiques. La majorité des élèves dit qu'elle ne comprend pas l'histoire, ou que c'est trop long, ou qu'il n'y a pas d'images.
Je me résigne à lire certains livres entièrement en classe avec les élèves et, au fur et à mesure de la séquence de "lecture", on étudie le sens de certains extraits importants de l’œuvre. La plupart des élèves n'apportent pas le livre. Ou ne veulent pas lire. "On préfère que vous lisiez." Alors, j'alterne, je lis les extraits importants, et je fais lire aux quelques volontaires le reste. Parfois, je hausse le ton, exige le livre, et fais lire tout le monde. Et tout le monde râle et souffle pendant l'heure.
Quand je fais des groupements de textes, j'essaie de prendre une thématique ou une "problématique" et après avoir analysé les textes (littéraires, documentaires) ou des extraits vidéos, ou un tableau, etc., je leur propose de rédiger une synthèse, de réfléchir aux liens entre les documents, à la réflexion soulevée dans le texte ou la séquence. L'autonomie est quasiment impossible quand je les mets en activité (questionnaire, repérages dans le texte, tableaux de comparaison, rédaction de la synthèse) car ils n'ont pas écouté le texte et les explications données à l'oral, et ils ne savent pas "relire" le texte, ça leur paraît long, ennuyeux, inutile. La plupart des élèves surlignent tout le texte (en activité de repérage ; "Ben, j'ai surligné, c'est ce que vous avez dit") ou répondent n'importe quoi aux questions, notamment des choses qu'il n'y a pas dans le texte ("C'est pareil" disent-ils). Quand je ne les mets pas en activité autonome et qu'on fait le cours tous ensemble, la plupart refusent d'écrire ce qu'il y a au tableau (mots notés, définitions, synthèse) car "on l'a déjà dit à l'oral". Et quand il s'agit de recopier une correction et même quand je dicte la synthèse, sur une classe de 24, j'en ai au moins 7-8 qui n'écrivent pas ("on sait déjà" ; "on parle déjà français, Madame"), et on arrive presque à la moitié de la classe qui n'arrive pas à suivre ou qui est incapable de prendre la correction en entier.
Et si on évoque la pédagogie par projets, ce n'est pas tout rose non plus. Quand je mets mes élèves en projet, c'est très difficile d'obtenir un véritable travail de qualité ; les impasses sont les mêmes : "on ne comprend rien aux documents" ; "on n'a pas pris les documents" ; "c'est trop long à écrire". Les élèves en décrochage ne font pas grand chose voire rien : ils attendent que les élèves de bonne volonté aient lu, réfléchi et écrit. Je passe pour aider et donner des conseils mais beaucoup d'élèves ne veulent pas les suivre ("Je préfère faire comme ça" ; "Ah non, j'aime pas").
Je pense que mon constat vient du fait qu'on est en mai-juin et que les 5e ne veulent plus rien faire. Mais globalement, je trouve que l'enseignement de la littérature devient un véritable problème, en lecture comme en écriture.
Je me remets beaucoup en question par rapport à mon enseignement de la littérature, mais il n'y a pas trente-six méthodes : si l'élève ne lit pas et refuse de lire et d'écrire, je ne vois pas ce que je peux mettre en place pour enseigner la littérature sans ces impératifs-là qui ne sont pas de mon ressort. Je ne peux pas intéresser avec mon cours l'élève qui n'aura pas lu en amont le texte ou le livre, ni même celui qui refuse d' "entrer" dans le cours et d'y participer.
Hier, un collègue avec qui j'ai discuté du décrochage des élèves m'a dit que le français était une matière un peu "archaïque" pour les élèves, "dépassée", "ch*****" (selon ses mots).
Quand je leur présente des romans comme L'Île au trésor ou L'Appel de la forêt, Les Pilleurs de sarcophages ou Le Livre des merveilles de Marco Polo : "c'est de l'histoire-géo" ; "on s'en fout, on sait pas où c'est" ; "on comprend rien". Puis, Molière, "c'est vieux", la poésie, "c'est ch****", bref, que leur faire lire ? Avec une classe de 5e, j'ai tenté le recueil des Nouvelles de notre planète, avec pour objectif d'en lire une seule au choix pendant les vacances de printemps. Résultat : il faut tout recommencer en classe ; la nouvelle de quelques pages n'a pas été lue, l'activité ne peut pas se faire. Alors, on la lit en classe.
Ceci dit, j'ai déjà expérimenté d'autres types de séances en remplacement :
- la séance avec les petites activités : je me rappelle que la collègue que je remplaçais commençait par le mot du jour (vocabulaire), puis la dictée du jour (une phrase), puis la lecture d'un texte et son résumé en une ou deux phrases, puis un exercice de langue (sur une leçon vue dans une séance précédente) ou un jogging d'écriture de 5 minutes avec lecture des productions d'élèves (les volontaires) pour terminer l'heure. Pourquoi pas ?
- la séance par "chapitre" : chaque heure de cours (deux heures maximum) est "un chapitre". La collègue que je remplaçais était beaucoup plus jeune que moi, mais je n'ai pas su si c'était une méthode vue à l'ESPE (à l'époque). Chaque heure = une activité autonome. Par exemple, je me souviens avoir donné un cours sur le subjonctif présent, sans aucun rapport avec la séance de l'heure précédente ou suivante. La collègue m'a dit que l'idée, c'était l'apprentissage "spiralaire", que cette notion de subjonctif serait revue un jour ou l'autre, que ce n'était pas grave que les notions soient "décrochées" les unes des autres. Je me rappelle aussi avoir fait une heure de cours sur un roman de chevalerie, comme ça, sans savoir si les élèves l'avaient lu ou non, s'ils l'avaient compris ou non. Bref, "on a lu un roman de chevalerie". Les chapitres étaient numérotés, les élèves avaient un sommaire en début de classeur. Ce que j'ai aimé dans cette méthode, c'est qu'on ne s'ennuie jamais ; tous les jours, c'est la découverte de quelque chose de nouveau. Ce que j'ai moins aimé, c'est que certaines notions ne sont pas approfondies (un livre en une heure, cela m'angoisse). Et je n'ai pas prolongé l'expérience dans mes remplacements longs, à l'année, parce que le fait que les notions n'aient aucun lien entre elles me stresse : est-ce que les élèves ont bien compris et retenus ? est-ce que le subjonctif présent va se re-présenter à nous pour que ma séance ait un sens ? Cela me semble un pari sur l'avenir, rien n'est garanti. C'est trop de "lâcher-prise" pour moi.
La plupart des collègues que j'ai remplacés travaillaient en séquences de littérature. La plupart avec une progression langagière séparée.
Désolée pour le long pavé sur mon expérience (un peu négative) en enseignement de la littérature en collège (5e et 4e essentiellement).
- MédéeÉrudit
lene75 a écrit:clélia a écrit:FiatLux a écrit:Il est ressorti de cette séance que le bilan était bien trop long et que l'analyse était trop compliquée pour des collégiens. Lorsqu'il a feuilleté les cahiers, il a trouvé qu'on faisait trop de choses.
Voilà, trop de travail !
Je ne sais pas comment on fait un cours mode 2023, mais pour moi, de tels commentaires sont ineptes et sans intérêt.
C'est effet lunaire comme commentaire. Si c'est fait, c'est que c'est faisable et qu'en fin de compte les élèves ne sont pas si bêtes qu'on veut le faire croire. CQFD.
Pour reprendre ce que dit Roxanne, je me souviens d'un collègue de SES qui avait un stagiaire et qui nous avait dit que ledit stagiaire était trop bête parce qu'il avait fait cours comme toute l'année le jour de l'inspection au lieu de faire ce que l'inspecteur attend. Il avait ajouté que bien sûr personne ne fait cours toute l'année comme les inspecteurs veulent et que tout le monde sait que ça ne fonctionne pas, mais que le jour J il faut faire semblant. D'accord, bilan des courses, tout le monde sait sauf l'inspecteur et à force c'est la méthode moisie qui finit par s’imposer alors que si les profs disaient la vérité, ça ouvrirait peut-être les yeux des inspecteurs sur ce qui fonctionne vraiment.
Il y a effectivement quelque chose de très hypocrite dans les séances d'inspection. Ça devient si absurde que ça revient à se renseigner sur la lubie de l'inspecteur qui viendra. Dans ma zone, j'en ai un qui considère que tout doit venir des élèves et qu'ils doivent avoir la parole en priorité dans le cours ; et le second qui considère que tout doit venir du professeur. Bref, à part nous rendre bipolaire, je ne vois pas en quoi cela nous aide.
D'où ma question un peu "provocatrice" demandant si l'inspecteur avait expliqué ce que devrait être une bonne séance selon lui, car si on a des critiques mais aucune réponse concrète et surtout sensée... effectivement que faire ? L'inspection devrait être un moment d'échanges constructifs. Si ça l'est avec certains inspecteurs, ça n'est pas une réalité partout, loin s'en faut et ça conduit à redouter l'inspection (ce qui est quand même aberrant) voire même certains collègues à se demander s'ils ne peuvent pas refuser une inspection car ils ne veulent pas (et c'est bien normal !) subir une litanie de reproches qui les enfoncera plus bas que terre.
Cela étant dit, intéresser les jeunes générations devient effectivement très compliqué car ils n'ont, pour beaucoup, plus de curiosité ni de goût du travail et de l'effort.
@Marjo je trouve ton idée pour les 3e très intéressante. Refaire constamment le programme des années précédents pour qu'ils oublient à nouveau tout une semaine plus tard, c'est désespérant...
_________________
Rentrée 2024 : Poste fixe ! (et 16e établissement )
2021-2024 : TZR en remplacements courts
2020-2021 : T3 - TZR en AFA : 1 collège 6e, 5e + PP 5e
2019-2020 : T2 - TZR en AFA : 2 collèges 6e, 5e, 4e + PP 5e
2018-2019 : T1 - TZR en AFA : 3 collèges 5e, 4e
2017-2018 : Stagiaire en lycée (2nde x2)
- IphigénieProphète
Depuis que l’inspection se centre sur les méthodes ( je dirais années 90) l’enseignement est devenu une catastrophe: on peut se demander si enseigner ce n’est pas justement ajuster la méthode aux élèves qu’on a en face et non l’inverse …
Surtout quand la méthode consiste à dire tous les 10 ans l’inverse de la décennie précédente ….encore qu’il y ait des retardataires: la lubie « tout doit venir des élèves » par exemple c’est un peu dépassé ( surtout quand on voit que rien ne vient)
Surtout quand la méthode consiste à dire tous les 10 ans l’inverse de la décennie précédente ….encore qu’il y ait des retardataires: la lubie « tout doit venir des élèves » par exemple c’est un peu dépassé ( surtout quand on voit que rien ne vient)
- julilibulleNiveau 10
Alors, je suis sortie il y a 5 ans de l'espe (à l'époque) et je lis énormément de livres canadiens sur la pédagogie.
Si je croise les deux et ce que je fais au collège (6ème, 5ème, 3ème) (tout en maintenant un niveau d'exigences, je le précise) :
- j'utilise beaucoup la pédagogie dite "active", c'est-à-dire peu de magistral ou de dialogué, notamment parce que je trouvais que j'avais toujours les mêmes élèves qui répondaient : en étude de la langue, je distribue une leçon, ils ont des questions et doivent répondre aux questions à l'aide de la leçon (des questions sur la leçon, ex : quelle méthode utilise-t-on pour trouver un sujet ? ), puis ils ont des exercices répartis en niveau 1, 2 et 3, ce qui permet à chacun d'aller à son rythme. Mon rôle, c'est un rôle d'aide individuelle : j'explique de façon individuelle ou pour 2 ou 3 élèves ce qui n'a pas été compris. Je vérifie régulièrement avec un système d'ardoise le niveau de compréhension des élèves et si j'ai trop de mauvaises réponses, je refais un point en classe entière.
En littérature, je varie beaucoup plus : classe puzzle pour pratiquer la coopération / je peux aussi faire travailler les élèves en binômes sur des extraits différents à présenter ensuite à la classe : ils ont des questions (plutôt ouvertes) et je passe pour les aider individuellement également / il m'arrive aussi de faire un plan de travail : une tâche finale (ex pour mes 3ème en ce moment sur l'argumentation, un tableau à remplir : genre du texte, argumentation directe ou indirecte, thèse défendue, procédés d'écriture) avec mise à disposition des textes et pareil, je passe voir les élèves et je tiens une correction à disposition.
En 3ème, en étude de la langue, je fais un bref rappel des notions puis ils travaillent avec des flashcards (un exo d'un côté, la réponse de l'autre) + des rituels (analyse de phrase, conjugaison, analyse de subordonnées ... )
En orthographe, je travaille beaucoup par atelier (autonome) : dictée duo que les élèves se dictent entre eux, à 2 / dictées à trous / conjugaison / flashcards ...
Le fait qu'ils aient du choix les motive pas mal.
Après, ça demande pas mal de préparation en amont, mais je plastifie mes cartes donc je m'en ressers d'une année sur l'autre, je n'ai pas tout fait d'un seul coup.
J'aime beaucoup cette façon de travailler car je m'épuisais à faire tenir le cours sur ma personne, j'aime les classes vivantes (il faut accepter qu'il y ait du bruit) et j'avoue que les peu de fois où je fais du frontal, ça reste frustrant (élèves très passifs et toujours les mêmes qui bossent).
Globalement, les élèves aiment cette méthode, sauf les plus flemmards parce que, comme je passe dans les rangs tout le temps, difficile de se cacher niveau boulot.
Après, c'est comme tout, aucun miracle ne se produit, mes élèves ne sont pas plus brillants que d'autres mais c'est juste une autre façon de travailler qui me plaît (et je pense que c'est le plus important).
Je conseille la maison d'édition Chenelière éducation, maison d'édition canadienne. Personnellement, j'ai pris un abonnement à la BU de ma ville qui est très bien fournie, ça m'évite de les acheter (ils sont très chers).
Si je croise les deux et ce que je fais au collège (6ème, 5ème, 3ème) (tout en maintenant un niveau d'exigences, je le précise) :
- j'utilise beaucoup la pédagogie dite "active", c'est-à-dire peu de magistral ou de dialogué, notamment parce que je trouvais que j'avais toujours les mêmes élèves qui répondaient : en étude de la langue, je distribue une leçon, ils ont des questions et doivent répondre aux questions à l'aide de la leçon (des questions sur la leçon, ex : quelle méthode utilise-t-on pour trouver un sujet ? ), puis ils ont des exercices répartis en niveau 1, 2 et 3, ce qui permet à chacun d'aller à son rythme. Mon rôle, c'est un rôle d'aide individuelle : j'explique de façon individuelle ou pour 2 ou 3 élèves ce qui n'a pas été compris. Je vérifie régulièrement avec un système d'ardoise le niveau de compréhension des élèves et si j'ai trop de mauvaises réponses, je refais un point en classe entière.
En littérature, je varie beaucoup plus : classe puzzle pour pratiquer la coopération / je peux aussi faire travailler les élèves en binômes sur des extraits différents à présenter ensuite à la classe : ils ont des questions (plutôt ouvertes) et je passe pour les aider individuellement également / il m'arrive aussi de faire un plan de travail : une tâche finale (ex pour mes 3ème en ce moment sur l'argumentation, un tableau à remplir : genre du texte, argumentation directe ou indirecte, thèse défendue, procédés d'écriture) avec mise à disposition des textes et pareil, je passe voir les élèves et je tiens une correction à disposition.
En 3ème, en étude de la langue, je fais un bref rappel des notions puis ils travaillent avec des flashcards (un exo d'un côté, la réponse de l'autre) + des rituels (analyse de phrase, conjugaison, analyse de subordonnées ... )
En orthographe, je travaille beaucoup par atelier (autonome) : dictée duo que les élèves se dictent entre eux, à 2 / dictées à trous / conjugaison / flashcards ...
Le fait qu'ils aient du choix les motive pas mal.
Après, ça demande pas mal de préparation en amont, mais je plastifie mes cartes donc je m'en ressers d'une année sur l'autre, je n'ai pas tout fait d'un seul coup.
J'aime beaucoup cette façon de travailler car je m'épuisais à faire tenir le cours sur ma personne, j'aime les classes vivantes (il faut accepter qu'il y ait du bruit) et j'avoue que les peu de fois où je fais du frontal, ça reste frustrant (élèves très passifs et toujours les mêmes qui bossent).
Globalement, les élèves aiment cette méthode, sauf les plus flemmards parce que, comme je passe dans les rangs tout le temps, difficile de se cacher niveau boulot.
Après, c'est comme tout, aucun miracle ne se produit, mes élèves ne sont pas plus brillants que d'autres mais c'est juste une autre façon de travailler qui me plaît (et je pense que c'est le plus important).
Je conseille la maison d'édition Chenelière éducation, maison d'édition canadienne. Personnellement, j'ai pris un abonnement à la BU de ma ville qui est très bien fournie, ça m'évite de les acheter (ils sont très chers).
- IphigénieProphète
N'y voyez pas de provoc mais une vraie question: et vos élèves ont un quelconque plaisir à faire de la littérature comme ça? (je veux dire en autonomie ou binôme avec des questions réponses et des tableaux à remplir?
- julilibulleNiveau 10
Iphigénie a écrit:N'y voyez pas de provoc mais une vraie question: et vos élèves ont un quelconque plaisir à faire de la littérature comme ça? (je veux dire en autonomie ou binôme avec des questions réponses et des tableaux à remplir?
Je varie les dispositifs, il n'y a pas que ça mais ils aiment beaucoup mon cours (après, on a aussi pas mal de débats par exemple, que pensez-vous du comportement d'Ulysse dans l'Odyssée avec des 6ème ou sur Persepolis en 3ème : pensez-vous que Persepolis réussit à faire réfléchir sur la condition des femmes en Iran ? ), j'utilise des textes à associer à des tableaux (il faut justifier bien sûr), je leur ai fait mener une enquête sur l'autobiographie avec des tablettes : ils avaient plusieurs textes d'apparence autobiographique et devaient définir après des recherches s'il s'agissait d'autobiographie ou pas ....
Ils sont en autonomie mais pas tout le temps non plus (c'est difficile de décrire un cours par le menu) :
- je vais souvent travailler en classe entière sur un point particulier du travail en autonomie (par exemple ce matin : l'antithèse sur un texte de Molière) en réaction à plusieurs questions posées par les élèves (en général, 10 minutes)
- ils ne sont jamais seuls, je passe d'un élève à l'autre sur mon temps de classe pour les relancer, leur poser des questions, vérifier leur compréhension
- mais il me semble essentiel qu'ils se confrontent seuls aux textes.
- il y a toujours un temps de reprise collectif à la fin du cours
- et encore une fois, les activités sont variées : par exemple, la semaine dernière pour aborder l'argumentation, ils avaient une fiche avec des définitions, une fiche avec les mots et devaient retrouver la bonne association en collant ensuite l'étiquette du mot sur la définition (de façon à pouvoir toujours l'ouvrir). Sur ce type d'activité, ils travaillent à plusieurs, me demandent de vérifier leurs hypothèses (avant de coller), vont chercher le dictionnaire ...
Les questions / réponses sont souvent des questions d'axe de lecture en 3ème qui permettent de répondre à une problématique globale du texte, pas uniquement des questions type manuels (même si j'en prévois pour les élèves en difficulté, qui ont du mal à comprendre le texte).
Mes classes sont souvent très vivantes (un peu trop pourraient dire certains ) et à ma plus grande surprise, la majorité des élèves s'interrogent entre eux sur les textes, ce qu'ils ont compris, comment répondre à cette question, ils me demandent ce que je pense de leur travail ... Et j'enseigne dans un collège encore REP il y a quelques années et qui a toujours un public en difficulté.
- julilibulleNiveau 10
Iphigénie a écrit:N'y voyez pas de provoc mais une vraie question: et vos élèves ont un quelconque plaisir à faire de la littérature comme ça? (je veux dire en autonomie ou binôme avec des questions réponses et des tableaux à remplir?
ah et si je reprends la question (en oubliant que "quelconque plaisir" est quand même un peu jugeant ), beaucoup de collègues fonctionnent encore avec des questions type manuels et quelle est la réelle différence avec mon dispositif ? (hormis le fait que je crée moi-même mes questions et que je vais sur des questions "problématisées" pour des 3ème).
En quoi un élève prend plus de plaisir avec une question posée par le / la prof, une réponse donnée par un autre élève, puis écrire la réponse à la question dans le cahier ?
C'est aussi une vraie question
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