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- NLM76Grand Maître
C'est un problème difficile, et pourtant, je le pense, très important à cerner.
Il me semble qu'on le cerne pas mal si l'on commence par distinguer "verbes d'action" et "verbes d'état": verbes d'état= être, devenir, paraître,sembler, demeurer, rester; verbes d'action = tous les autres.
Je mets donc de côté la définition sémantique du sujet d'un verbe d'état. [Je mets aussi de côté la question des verbes pronominaux, qui visiblement, occupent la "voix moyenne" dans notre langue, et peuvent donc s'interpréter comme une zone intermédiaire entre voix active et voix passive.]
Comme je peux maintenant distinguer, parmi les "verbes d'action", verbes transitifs et verbes intransitifs, puis, éventuellement, parmi les verbes transitifs, les transitifs directs des transitifs indirects, je peux articuler en particulier la notion de sujet avec celle d'objet, pour les verbes transitifs; je puis aussi comprendre le fonctionnement du sujet dans la tournure passive des verbes transitifs directs. Même dans les cas que citent une grammaire comme la GMF pour contester la valeur de l'axiome "Le sujet fait l'action exprimée par le verbe" ("recevoir", etc.), on peut comprendre ce que signifie cette notion d'action élargie, comme l'explique par exemple Cécile Revéret dans son Précis d'analyse grammaticale. Je peux dès lors avoir une définition sémantique qui ne soit pas trop bancale : sujet = agent de l'action qui accomplit l'action pour les verbes d'action (à la voix active). Et au lieu de dire "sujet = accomplit l'action ou subit l'action" comme dans certaines grammaires (par exemple, la Descoubes et Paul de 1985, chez Bordas), définition qui se casse la figure toute seule, j'ai une définition qui, a priori, peut se tenir.
Mais j'ai l'impression que le problème est plus difficile pour quelques verbes intransitifs, ou transitifs indirects, comme "appartenir" :
Est-ce qu'il s'agit de l'ensemble des verbes qui relève du champ sémantique de avoir, ou d'un ensemble de verbes intransitifs, ou transitifs indirects ? Autrement dit, voyez-vous d'autres verbes "d'action" au sens qui posent vraiment problème en termes d'interprétation sémantique ?
Il me semble qu'on le cerne pas mal si l'on commence par distinguer "verbes d'action" et "verbes d'état": verbes d'état= être, devenir, paraître,sembler, demeurer, rester; verbes d'action = tous les autres.
Je mets donc de côté la définition sémantique du sujet d'un verbe d'état. [Je mets aussi de côté la question des verbes pronominaux, qui visiblement, occupent la "voix moyenne" dans notre langue, et peuvent donc s'interpréter comme une zone intermédiaire entre voix active et voix passive.]
Comme je peux maintenant distinguer, parmi les "verbes d'action", verbes transitifs et verbes intransitifs, puis, éventuellement, parmi les verbes transitifs, les transitifs directs des transitifs indirects, je peux articuler en particulier la notion de sujet avec celle d'objet, pour les verbes transitifs; je puis aussi comprendre le fonctionnement du sujet dans la tournure passive des verbes transitifs directs. Même dans les cas que citent une grammaire comme la GMF pour contester la valeur de l'axiome "Le sujet fait l'action exprimée par le verbe" ("recevoir", etc.), on peut comprendre ce que signifie cette notion d'action élargie, comme l'explique par exemple Cécile Revéret dans son Précis d'analyse grammaticale. Je peux dès lors avoir une définition sémantique qui ne soit pas trop bancale : sujet = agent de l'action qui accomplit l'action pour les verbes d'action (à la voix active). Et au lieu de dire "sujet = accomplit l'action ou subit l'action" comme dans certaines grammaires (par exemple, la Descoubes et Paul de 1985, chez Bordas), définition qui se casse la figure toute seule, j'ai une définition qui, a priori, peut se tenir.
Mais j'ai l'impression que le problème est plus difficile pour quelques verbes intransitifs, ou transitifs indirects, comme "appartenir" :
- L'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt.
Est-ce qu'il s'agit de l'ensemble des verbes qui relève du champ sémantique de avoir, ou d'un ensemble de verbes intransitifs, ou transitifs indirects ? Autrement dit, voyez-vous d'autres verbes "d'action" au sens qui posent vraiment problème en termes d'interprétation sémantique ?
- Spoiler:
- Vous voyez sans doute l'hypothèse que je mets à l'épreuve. L'on pourrait avoir un ensemble de verbes qui appartiendraient à l'équipe des verbes d'état, proches sémantiquement de "être", l'équipe des verbes d'action, proches sémantiquement de "faire"... et l'équipe des verbes d'appartenance, proches sémantiquement de "avoir".
- Spoiler:
- Les tenants d'une syntaxe absolument séparée des questions de sémantique peuvent bien sûr répondre à cette question, en disant "Ah Ah! Vous voyez bien que la sémantique ça ne peut pas aller avec la syntaxe !" Cela serait l'occasion d'un débat tout à fait plaisant et intéressant; mais pour l'instant, ce n'est pas la question.
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- SacapusHabitué du forum
Bonjour.
C'est peut-être la distinction entre verbes d'action et verbes d'état qui n'est pas assez fine.
"L'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt", sémantiquement, c'est la même chose que "l'avenir est à ceux qui se lèvent tôt".
Le verbe "être" est une copule. Il sert à décrire le sujet d'une multitude de façons. (Dire comment il est, où il est, ce qu'il est,...)
On peut trouver des verbes (qui ne sont traditionnellement pas considérés comme des verbes d'état), qui décrivent le sujet plus précisément, en étant restreint à l'une ou l'autre de ces descriptions.)
"appartenir" indique la possession, fonction que peut remplir le verbe être. On peut sûrement en trouver d'autres :
* Les verbes de localisation : "habiter" : "Jean habite à Francfort"
* Goûter ou sentir : "Le gâteau goûte bon" ou "le gâteau sent bon".
C'est peut-être la distinction entre verbes d'action et verbes d'état qui n'est pas assez fine.
"L'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt", sémantiquement, c'est la même chose que "l'avenir est à ceux qui se lèvent tôt".
Le verbe "être" est une copule. Il sert à décrire le sujet d'une multitude de façons. (Dire comment il est, où il est, ce qu'il est,...)
On peut trouver des verbes (qui ne sont traditionnellement pas considérés comme des verbes d'état), qui décrivent le sujet plus précisément, en étant restreint à l'une ou l'autre de ces descriptions.)
"appartenir" indique la possession, fonction que peut remplir le verbe être. On peut sûrement en trouver d'autres :
* Les verbes de localisation : "habiter" : "Jean habite à Francfort"
* Goûter ou sentir : "Le gâteau goûte bon" ou "le gâteau sent bon".
- NLM76Grand Maître
"Le gâteau goûte bon." ? Il y a des régions où on dit cela ?
Pour ce qui de "habiter", pourtant, il me semble qu'il n'est vraiment pas impossible de le rattacher aux verbes d'action, de même que pour les deux autres exemples que tu donnes.
Quant au rapprochement avec le verbe "être", il me paraît effectivement important. Mais je ne dirais pas dans ce cas d'une distinction qui ne serait pas assez fine. Qu'il y ait une zone grise entre les deux zones "verbes d'état" et "verbes d'action" ne me paraît pas poser de problème insurmontable : c'est quasiment toujours le cas en linguistique. Cela serait plutôt à mon avis un argument en faveur de cette classification. En l'espèce il me semble que le point commun entre "appartenir à" et "être à" est surtout la préposition "à", qui a ici une valeur sémantique commune. D'ailleurs, il me semble qu'on peut rapprocher les deux expressions de "revenir à", et donc de "aller à".
Autrement dit, la zone grise aurait à voir avec le fait de n'être pas un transitif direct.
Pour ce qui de "habiter", pourtant, il me semble qu'il n'est vraiment pas impossible de le rattacher aux verbes d'action, de même que pour les deux autres exemples que tu donnes.
Quant au rapprochement avec le verbe "être", il me paraît effectivement important. Mais je ne dirais pas dans ce cas d'une distinction qui ne serait pas assez fine. Qu'il y ait une zone grise entre les deux zones "verbes d'état" et "verbes d'action" ne me paraît pas poser de problème insurmontable : c'est quasiment toujours le cas en linguistique. Cela serait plutôt à mon avis un argument en faveur de cette classification. En l'espèce il me semble que le point commun entre "appartenir à" et "être à" est surtout la préposition "à", qui a ici une valeur sémantique commune. D'ailleurs, il me semble qu'on peut rapprocher les deux expressions de "revenir à", et donc de "aller à".
Autrement dit, la zone grise aurait à voir avec le fait de n'être pas un transitif direct.
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- IphigénieProphète
Mais pourquoi refuser à appartenir le statut de verbe d'"action" ?Sacapus a écrit:Bonjour.
C'est peut-être la distinction entre verbes d'action et verbes d'état qui n'est pas assez fine.
"L'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt", sémantiquement, c'est la même chose que "l'avenir est à ceux qui se lèvent tôt".
Le verbe "être" est une copule. Il sert à décrire le sujet d'une multitude de façons. (Dire comment il est, où il est, ce qu'il est,...)
On peut trouver des verbes (qui ne sont traditionnellement pas considérés comme des verbes d'état), qui décrivent le sujet plus précisément, en étant restreint à l'une ou l'autre de ces descriptions.)
"appartenir" indique la possession, fonction que peut remplir le verbe être. On peut sûrement en trouver d'autres :
* Les verbes de localisation : "habiter" : "Jean habite à Francfort"
* Goûter ou sentir : "Le gâteau goûte bon" ou "le gâteau sent bon".
l'esclave appartient à son maître / le maître possède l'esclave.
Le chien est au voisin/ le voisin a un chien: le passage de être à à avoir est constant en latin, mais être à est-ce être?
il me semble en effet que c'est la préposition surtout qui ici modifie le sens du verbe.
je me demanderais plutôt si le verbe être est toujours un verbe d'état en fait: quand je dis je suis dans le jardin, je vais dans le jardin, je sors du jardin on peut se poser la question de voir des statuts différents pour les verbes non?
Enfin je dis ça c'est peut-être n'importe quoi, suis pas spécialiste.
- NLM76Grand Maître
Je suis d'accord pour que "appartenir" soit considéré comme un verbe d'action... mais peut-on dire que l'esclave fait l'action d'appartenir à son maître ? Comme tu le notes avec la paire de propositions que tu formules, on a le sentiment qu'il s'agit d'une façon lexicale de passiver "posséder" ou "avoir" — lesquels verbes évoquent difficilement une "action". ["Difficilement" n'est ici pas une litote !]
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- IphigénieProphète
Ne fait-il pas l’action de dépendre du maître comme par exemple la feuille ou le fruit pend de l’arbre ? ( le tout sans comparaison d’essence naturellement je reste à la proximité grammaticale!)NLM76 a écrit:Je suis d'accord pour que "appartenir" soit considéré comme un verbe d'action... mais peut-on dire que l'esclave fait l'action d'appartenir à son maître ? Comme tu le notes avec la paire de propositions que tu formules, on a le sentiment qu'il s'agit d'une façon lexicale de passiver "posséder" ou "avoir" — lesquels verbes évoquent difficilement une "action". ["Difficilement" n'est ici pas une litote !]
Mais bon je ne donne qu’une impression, sans certitude ni réflexion profonde...
- SacapusHabitué du forum
NLM76 a écrit:"Le gâteau goûte bon." ? Il y a des régions où on dit cela ?
Oui, il y en a. C'est considéré comme un horrible barbarisme par la norme, et je me suis amusé à mettre cet exemple en face de "sentir bon" pour montrer tout ce que ça a d'arbitraire, qu'il suffise de passer du goût à l'odorat pour que ça devienne correct.
- HannibalHabitué du forum
L'esclave reçoit des coups sera encore plus clair...
Je crois qu'on distingue sujet logique (=ce dont on parle), sujet grammatical (=sujet du verbe), sujet sémantique (=agent ou patient).
Dans "l'esclave reçoit des coups", l'esclave est sujet grammatical et sujet logique, mais sémantiquement il pâtit, le sujet sémantique est distinct et peut apparaître "il reçoit des coups de son maître".
Voir aussi le cas de César qui fait le pont, et toutes les tournures factitives.
Aucune chance à mon avis de faire coïncider ces différentes valeurs du sujet, puisque la langue s'ingénie elle-même à les disjoindre.
Je crois qu'on distingue sujet logique (=ce dont on parle), sujet grammatical (=sujet du verbe), sujet sémantique (=agent ou patient).
Dans "l'esclave reçoit des coups", l'esclave est sujet grammatical et sujet logique, mais sémantiquement il pâtit, le sujet sémantique est distinct et peut apparaître "il reçoit des coups de son maître".
Voir aussi le cas de César qui fait le pont, et toutes les tournures factitives.
Aucune chance à mon avis de faire coïncider ces différentes valeurs du sujet, puisque la langue s'ingénie elle-même à les disjoindre.
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"Quand la pierre tombe sur l'oeuf, malheur à l'oeuf.
Quand l'oeuf tombe sur la pierre, malheur à l'oeuf." (proverbe)
- NLM76Grand Maître
Cher Hannibal,
merci beaucoup pour ton intervention, qui me permet d'entendre encore une formulation d'une position que je connais fort bien, et qui mériterait à mon avis de longues discussions. J'aimerais cependant en profiter pour demander aux intervenants de se retenir de reprendre cette position, d'une façon ou d'une autre — ou bien ouvrez un autre fil sur la légitimité de ma question et de l'établissement d'un lien entre la syntaxe et la sémantique. L'idée, ici, c'est de faire au moins comme si ma question était légitime.
merci beaucoup pour ton intervention, qui me permet d'entendre encore une formulation d'une position que je connais fort bien, et qui mériterait à mon avis de longues discussions. J'aimerais cependant en profiter pour demander aux intervenants de se retenir de reprendre cette position, d'une façon ou d'une autre — ou bien ouvrez un autre fil sur la légitimité de ma question et de l'établissement d'un lien entre la syntaxe et la sémantique. L'idée, ici, c'est de faire au moins comme si ma question était légitime.
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- HocamSage
Exemple intéressant en effet. La première fois (et c'était une des dernières) que je suis tombé sur cet emploi intransitif de goûter, en bon angliciste j'ai tout de suite pensé à taste (It tastes soooo good), et puis j'ai fait une recherche et j'ai vu que c'était employé dans le nord-est et en Belgique. Pour ceux que ça intéresse, une petite recherche m'a amené ici, où plusieurs pistes sont évoquées.Sacapus a écrit:NLM76 a écrit:"Le gâteau goûte bon." ? Il y a des régions où on dit cela ?
Oui, il y en a. C'est considéré comme un horrible barbarisme par la norme, et je me suis amusé à mettre cet exemple en face de "sentir bon" pour montrer tout ce que ça a d'arbitraire, qu'il suffise de passer du goût à l'odorat pour que ça devienne correct.
NLM, le débat est comme toujours très intéressant en tout cas !
- IphigénieProphète
oui mais sentir a deux valeurs: qui sent l'odeur/ qui émet l'odeur, alors que goûter non, à ma connaissance: c'est surtout cet emploi qui est étrange, plus que le passage d'une sensation à l'autre c'est la confusion objet/sujet qui est bizarre. Je connais "goûteux" comme adjectif mais pas cet emploi "passif" du verbe goûterSacapus a écrit:NLM76 a écrit:"Le gâteau goûte bon." ? Il y a des régions où on dit cela ?
Oui, il y en a. C'est considéré comme un horrible barbarisme par la norme, et je me suis amusé à mettre cet exemple en face de "sentir bon" pour montrer tout ce que ça a d'arbitraire, qu'il suffise de passer du goût à l'odorat pour que ça devienne correct.
- pseudo-intelloSage
Habiter est à trattacher aux verbes d'action. Sous certaines accetpions, ce n'est pas évident (j'habite à Francfort), mais sous d'autres, le sens atif se révèle : il signifie "occuper", presque p"rndre possession de". On peut dire qu'un comédien habite vraiment sont personnage.
"Sentir", c'est soit percevoir une odeur (donc plus ou moins une action, certes invisible), soit émettre une odeur, donc une action aussi, même si, nue nouvelle fois, invisible (pour les yeux !).
Je dis aux élèves qu'un verbe d'état, c'est l'équivalent du signe "=". Et qu'on peut inverser le sujet et l'attribut.
Ce néo est le gagnant du concours de photos.
Ce néo = vainqueur du concours de photo.
Le vainqueur du concours de photos est ce néo.
"Sentir", c'est soit percevoir une odeur (donc plus ou moins une action, certes invisible), soit émettre une odeur, donc une action aussi, même si, nue nouvelle fois, invisible (pour les yeux !).
Je dis aux élèves qu'un verbe d'état, c'est l'équivalent du signe "=". Et qu'on peut inverser le sujet et l'attribut.
Ce néo est le gagnant du concours de photos.
Ce néo = vainqueur du concours de photo.
Le vainqueur du concours de photos est ce néo.
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- nash06Niveau 7
Iphigénie a écrit:oui mais sentir a deux valeurs: qui sent l'odeur/ qui émet l'odeur, alors que goûter non, à ma connaissance: c'est surtout cet emploi qui est étrange, plus que le passage d'une sensation à l'autre c'est la confusion objet/sujet qui est bizarre. Je connais "goûteux" comme adjectif mais pas cet emploi "passif" du verbe goûterSacapus a écrit:NLM76 a écrit:"Le gâteau goûte bon." ? Il y a des régions où on dit cela ?
Oui, il y en a. C'est considéré comme un horrible barbarisme par la norme, et je me suis amusé à mettre cet exemple en face de "sentir bon" pour montrer tout ce que ça a d'arbitraire, qu'il suffise de passer du goût à l'odorat pour que ça devienne correct.
D'après un ami canadien francophone (d'Ottawa, dans l'Ontario), c'est la manière habituelle de dire chez eux (au Canada francophone, sauf peut-être le Québec, qui a semble-t-il des particularités) ce qu'on dirait chez nous "le gâteau est bon".
- IphigénieProphète
Ah bon! Admettons mais je ne comprends pas en quoi ça remet en question la distinction état action : quand je dis que la fleur sent bon pour moi c’est une « action »( émettre un parfum ») pas un état : donc?
L’état est de l’ordre du constat: elle est belle,jaune, parfumée, pas « qui parfume »
L’état est de l’ordre du constat: elle est belle,jaune, parfumée, pas « qui parfume »
- SacapusHabitué du forum
.Iphigénie a écrit:Ah bon! Admettons mais je ne comprends pas en quoi ça remet en question la distinction état action : quand je dis que la fleur sent bon pour moi c’est une « action »( émettre un parfum ») pas un état : donc?
L’état est de l’ordre du constat: elle est belle,jaune, parfumée, pas « qui parfume »
Je ne suis pas d'accord. Ce que tu dis ne m'évoque rien dans ma compréhension personnelle du verbe sentir.
Personnellement, j'analyse la phrase <Le gâteau "goûte" bon> comme <le gâteau est bon (par le goût)> et <le gâteau sent bon> comme <le gâteau est bon (par l'odeur)>. (ou peut-être : "Le gâteau semble bon (par l'odeur)", mais "sembler" est un verbe d'état, n'est-ce pas ?) Je trouve que les verbes "sentir" et "goûter" s'utilisent comme le verbe être, (ou sembler), introduisent comme lui un attribut, et apportent simplement une nuance quant à la nature de l'attribution, résumable par un complément adverbial.
Ton analyse de "le gâteau émet un bon parfum", me paraît trop réinterprétée, et trop éloignée. Elle me fait penser davantage à une glose qu'à une analyse.
- HocamSage
Oui, c'est évoqué dans le lien que j'ai posté plus haut sur ce sujet.nash06 a écrit:Iphigénie a écrit:oui mais sentir a deux valeurs: qui sent l'odeur/ qui émet l'odeur, alors que goûter non, à ma connaissance: c'est surtout cet emploi qui est étrange, plus que le passage d'une sensation à l'autre c'est la confusion objet/sujet qui est bizarre. Je connais "goûteux" comme adjectif mais pas cet emploi "passif" du verbe goûterSacapus a écrit:NLM76 a écrit:"Le gâteau goûte bon." ? Il y a des régions où on dit cela ?
Oui, il y en a. C'est considéré comme un horrible barbarisme par la norme, et je me suis amusé à mettre cet exemple en face de "sentir bon" pour montrer tout ce que ça a d'arbitraire, qu'il suffise de passer du goût à l'odorat pour que ça devienne correct.
D'après un ami canadien francophone (d'Ottawa, dans l'Ontario), c'est la manière habituelle de dire chez eux (au Canada francophone, sauf peut-être le Québec, qui a semble-t-il des particularités) ce qu'on dirait chez nous "le gâteau est bon".
- NLM76Grand Maître
Je ne vois pas qu'il y ait de différence de nature entre une glose et une analyse . En vois-tu une ?Sacapus a écrit:.Iphigénie a écrit:Ah bon! Admettons mais je ne comprends pas en quoi ça remet en question la distinction état action : quand je dis que la fleur sent bon pour moi c’est une « action »( émettre un parfum ») pas un état : donc?
L’état est de l’ordre du constat: elle est belle,jaune, parfumée, pas « qui parfume »
Je ne suis pas d'accord. Ce que tu dis ne m'évoque rien dans ma compréhension personnelle du verbe sentir.
Personnellement, j'analyse la phrase <Le gâteau "goûte" bon> comme <le gâteau est bon (par le goût)> et <le gâteau sent bon> comme <le gâteau est bon (par l'odeur)>. (ou peut-être : "Le gâteau semble bon (par l'odeur)", mais "sembler" est un verbe d'état, n'est-ce pas ?) Je trouve que les verbes "sentir" et "goûter" s'utilisent comme le verbe être, (ou sembler), introduisent comme lui un attribut, et apportent simplement une nuance quant à la nature de l'attribution, résumable par un complément adverbial.
Ton analyse de "le gâteau émet un bon parfum", me paraît trop réinterprétée, et trop éloignée. Elle me fait penser davantage à une glose qu'à une analyse.
Mais pour continuer sur "Le gâteau sent bon" : je trouve que ton analyse qui rapproche le verbe "sentir" d'un verbe d'état ici ne tient pas debout. On pourrait davantage en rapprocher le sens du verbe avoir: "Le gâteau a une bonne odeur". "Sentir" au sens de "dégager une odeur" me semble ne pas poser de problème.
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- SacapusHabitué du forum
NLM76 a écrit:
Je ne vois pas qu'il y ait de différence de nature entre une glose et une analyse . En vois-tu une ?
Mais pour continuer sur "Le gâteau sent bon" : je trouve que ton analyse qui rapproche le verbe "sentir" d'un verbe d'état ici ne tient pas debout. On pourrait davantage en rapprocher le sens du verbe avoir: "Le gâteau a une bonne odeur". "Sentir" au sens de "dégager une odeur" me semble ne pas poser de problème.
Il n'y a probablement pas de différence entre glose et analyse, pardon. Je voulais dire que l'explication me semblait une paraphrase éloignée, et qu'il est difficile de faire l'analyse grammaticale d'une phrase en analysant sa "belle infidèle".
Il n'y a sans doute pas de problème à considérer que "sentir" signifie exactement "dégager une odeur", sauf qu'alors, il est difficile d'affirmer que dans "le gâteau sent bon", "bon" est l'épithète du mot "odeur".
Je trouve plus facile de le considérer comme un attribut, mais cela a ses défauts aussi : Si le gâteau est une brioche, on ne dit pas qu'elle "sent bonne", mais bien qu'elle "sent bon", alors qu'on dit qu'elle "est bonne", ou "semble bonne"...
Mais bon. Il y a des cas avérés d'adverbes attributs.
Tiens au fait, "coûter", dans "coûter cher", vous n'êtes pas non plus d'accord de reconsidérer son statut pour en faire un verbe d'état ?
- IphigénieProphète
ce costume coûte cher= ce costume est cher, soit, mais alors ce costume coûte un bras (ou est dix francs, pour rester old style...), ça fait ce costume est un bras ( est dix francs)?
et voir loin vous en faites aussi un attribut?
pour moi ce gâteau goûte bon ce n'est pas goûte qui devient verbe d'état mais bon qui est pris adverbialement, comme lorsqu'on dit: la fleur sent bon. D'ailleurs le fait que "bon" marche avec sent et pas avec la fleur: ça ne se disait pas chez vous, dans le langage enfantin, de dire "LE sent-bon" pour "le parfum"? chez moi oui!
Plus la discussion avance moins j'y comprends
et voir loin vous en faites aussi un attribut?
pour moi ce gâteau goûte bon ce n'est pas goûte qui devient verbe d'état mais bon qui est pris adverbialement, comme lorsqu'on dit: la fleur sent bon. D'ailleurs le fait que "bon" marche avec sent et pas avec la fleur: ça ne se disait pas chez vous, dans le langage enfantin, de dire "LE sent-bon" pour "le parfum"? chez moi oui!
Plus la discussion avance moins j'y comprends
- NLM76Grand Maître
En effet, dans "ce gâteau sent bon", je vois un adverbe complément de manière, ou à la limite, un accusatif d'objet interne. Il exhale sous forme d'odeur du bon.
Quand, dans la réalité, tu dis qu'un gâteau sent bon, De fait, il y a un deuxième actant quand tu dis cela : le truc qui est dans l'air.
Quand, dans la réalité, tu dis qu'un gâteau sent bon, De fait, il y a un deuxième actant quand tu dis cela : le truc qui est dans l'air.
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- SacapusHabitué du forum
D'accord, merci de me donner vos avis.
Je suis bien d'accord pour dire que "loin" est bien évidemment un adverbe dans "voir loin", et je comprends vos analyses de "bon" dans "sentir bon" comme adverbe de manière ou accusatif d'objet interne, mais je ne les trouve pas très parcimonieuses.
Je suis bien d'accord pour dire que dans "coûter un bras", "un bras" est bien l'objet du verbe coûter, mais je ne comprends pas comment tu peux te servir de cet argument, Iphigénie, pour affirmer par l'absurde que par conséquent "cher" n'est pas un attribut dans "coûter cher". Il y a là un petit sophisme qu'on pourrait utiliser exactement à l'identique pour démontrer, toujours par l'absurde, que si "cher" est un adverbe dans "coûter cher", alors "un bras" serait aussi un adverbe dans "coûter un bras" ? Non, ça ne va pas. En réalité, les verbes ont bien souvent plusieurs constructions, et cela n'a rien de paradoxal.
Au fait, j'ai entendu dire "du sent bon" dans ma région, mais je n'ai jamais entendu dire "le gâteau goûte bon". Je l'ai cité parce que je savais que ça se dit au Québec. (Et par calque, cela se dit dans beaucoup de langues étrangères.)
Pour terminer, je suis un peu gêné par cette affirmation :
Je suis bien d'accord pour dire que "loin" est bien évidemment un adverbe dans "voir loin", et je comprends vos analyses de "bon" dans "sentir bon" comme adverbe de manière ou accusatif d'objet interne, mais je ne les trouve pas très parcimonieuses.
Je suis bien d'accord pour dire que dans "coûter un bras", "un bras" est bien l'objet du verbe coûter, mais je ne comprends pas comment tu peux te servir de cet argument, Iphigénie, pour affirmer par l'absurde que par conséquent "cher" n'est pas un attribut dans "coûter cher". Il y a là un petit sophisme qu'on pourrait utiliser exactement à l'identique pour démontrer, toujours par l'absurde, que si "cher" est un adverbe dans "coûter cher", alors "un bras" serait aussi un adverbe dans "coûter un bras" ? Non, ça ne va pas. En réalité, les verbes ont bien souvent plusieurs constructions, et cela n'a rien de paradoxal.
Au fait, j'ai entendu dire "du sent bon" dans ma région, mais je n'ai jamais entendu dire "le gâteau goûte bon". Je l'ai cité parce que je savais que ça se dit au Québec. (Et par calque, cela se dit dans beaucoup de langues étrangères.)
Pour terminer, je suis un peu gêné par cette affirmation :
. On devrait pouvoir faire l'analyse grammaticale de cette phrase sans s'appuyer sur la connaissance des phénomènes physiques à l'origine de la diffusion des odeurs, parce que c'est un peu anachronique, j'ai l'impression.NLM76 a écrit:Quand, dans la réalité, tu dis qu'un gâteau sent bon, De fait, il y a un deuxième actant quand tu dis cela : le truc qui est dans l'air.
- IphigénieProphète
C’est que dans « coûter un bras » je ne suis pas si sûre que « un bras » soit COD du verbe: pour moi( contrairement à ce que préconise la nouvelle grammaire pondue pour le bac, je le concède...) « un bras », « cher », « trente euros » répondent davantage à une question combien qu’à la question « quoi », le verbe coûter me paraissant intransitif: le bras étant ici une image populaire au même titre que « dix briques »bras", "un bras" est bien l'objet du verbe coûter, mais je ne comprends pas comment tu peux te servir de cet argument, Iphigénie, pour affirmer par l'absurde que par conséquent "cher" n'est pas un attribut dans "coûter cher". Il y a là un petit sophisme qu'on pourrait utiliser exactement à l'identique pour démontrer, toujours par l'absurde, que si "cher" est un adverbe dans "coûter cher", alors "un bras" serait aussi un adverbe dans "coûter un bras" ?
Apparemment Littré me donne raison en ajoutant cette remarque aux emplois du verbe coûter :
REMARQUE
1. Coûter est un verbe neutre, et quand on dit : cela m'a coûté dix francs, beaucoup de peine, quelques larmes, francs, peine, larmes ne sont point des régimes directs ; il y a une ellipse, et la locution entière est : cela m'a coûté (pour) dix francs, (pour) beaucoup de peine, (pour) quelques larmes. En effet on ne peut pas dire : dix francs m'ont été coûtés ; des larmes me sont coûtées, etc. Coûter ne pouvant se tourner par le passif, n'a donc dans les phrases de ce genre que l'apparence de l'actif ; il dérive du latin constare qui signifie proprement être avec, être acquis, de là provient l'impossibilité d'un passif.
2. Coûter n'étant pas actif, il faut dire : la somme que cette maison a coûté, et non coûtée ; les pleurs que la mort de cet enfant a coûté à sa mère, et non coûtés, etc. Cependant l'Académie, qui dit bien que coûté est toujours invariable, note que plusieurs écrivains ont accordé coûté en ces cas-là.
- HocamSage
T'façon la grammaire, c'est souvent une histoire de truc dans l'air (du temps)NLM76 a écrit:
Quand, dans la réalité, tu dis qu'un gâteau sent bon, De fait, il y a un deuxième actant quand tu dis cela : le truc qui est dans l'air.
- IphigénieProphète
A ce sujet une femme de ménage m’a dit un jour qu’un placard « avait un mauvais sentiment »:preuve que même une chose peut être personnalisable .Hocam a écrit:T'façon la grammaire, c'est souvent une histoire de truc dans l'air (du temps)NLM76 a écrit:
Quand, dans la réalité, tu dis qu'un gâteau sent bon, De fait, il y a un deuxième actant quand tu dis cela : le truc qui est dans l'air.
Pendant que je la regardais interloquée , mon mari se marrait en connaissance des emplois locaux bizarres de la langue française...
- NLM76Grand Maître
Euh... mais euh non !Sacapus a écrit:
Pour terminer, je suis un peu gêné par cette affirmation :. On devrait pouvoir faire l'analyse grammaticale de cette phrase sans s'appuyer sur la connaissance des phénomènes physiques à l'origine de la diffusion des odeurs, parce que c'est un peu anachronique, j'ai l'impression.NLM76 a écrit:Quand, dans la réalité, tu dis qu'un gâteau sent bon, De fait, il y a un deuxième actant quand tu dis cela : le truc qui est dans l'air.
Il me semble qu'il n'y a pas besoin de connaissance moderne des phénomènes physiques pour avoir le sentiment qu'une odeur est dans l'air. Même l'homme préhistorique peut sentir l'odeur d'un bon gâteau sans le voir, et donc avoir le sentiment que cette odeur est là, dans l'air autour de lui !
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
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