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- PonocratesExpert spécialisé
Plus que la question de l'instinct, j'y vois une valorisation du sentiment intime du désir, de l'amour par opposition aux querelles sur les canons de beauté, d'autant plus ridiculisées qu'elles portent ici sur l'homme, non sur la femme (avec, je suis d'accord, toute l'ambiguïté de "poil","pénétré", "plaie"). Là où Ronsard, en particulier, chante une dame dont la perfection rejaillit sur l'amant-poète qui la décrit, et qui justifie son amour, Louise Labbé évoque le brouillon d'une oeuvre qui ne verra pas le jour, en opposant la "norme" (objet de ses questions) l'idéal esthétique et sa propre expérience qui rend caduques ces questions. Une sorte de Swann inversé (mais je m'égare).Iphigénie a écrit:En y pensant il y a donc bien opposition entre quatrains et tercets, et une mise à distance enjouée de l'art, de l'intellect, en matière amoureuse: l'instinct est le plus fort. Enfin je comprends ainsi, mais je ne connais pas bien l'oeuvre dans sa totalité.NLM76 a écrit:Autrement dit, on ne peut penser qu'à ça. Surtout si "on" est un...Iphigénie a écrit:Oui, on ne peut qu’y penser en tout cas
- NLM76Grand Maître
Vous êtes marrants, quand même. Je trouve que vous avez raison dans vos interprétations très intellectuelles. Mais quand même ; j'ai l'impression qu'elles tendent à jeter un voile pudique sur le caractère extrêmement percutant du poème.
D'autre part, une autre réflexion : je pense qu'il faut vraiment mettre ce sonnet en relation avec le sonnet II ("Ô beaux yeux bruns") : même ambiguïté des référents, d'un côté à cause des participes où l'agent n'est pas exprimé ; de l'autre à cause des pronoms interrogatifs ambigus. Même structure où les quatrains contient des formes non-déclaratives répétées ; où le propos arrive dans les tercets. Même moquerie à l'égard d'un sonnet composé par un "amant" poète et séducteur artificieux, même type de conclusion disant qu'au contraire l'amante est amoureuse sans artifice.
On peut aussi le mettre en relation avec "Tant que mes yeux...", pour entendre quelle place elle donne à l'art-artifice : pas une réfutation de l'intérêt de la poésie, mais une affirmation de l'intérêt de la poésie quand c'est elle qui l'énonce et la compose, quand l'artifice de la poésie réussit à faire corps avec l'émotion. La place du luth ici me paraît essentielle : non pas seulement un symbole, mais une vraie présence corporelle. Certes, le luth représente le corps rebondi de la femme (en tant qu'il est annagrammatiquement le luc-cul, mais surtout par sa forme réelle et concrète qu'on saisit dans le creux de son ventre, de son aine, quand on joue du luth - je suis luthiste, et je peux vous dire que la vibration qu'apporte un luth n'est pas seulement intellectuelle). Voyez donc donc la présence du luth dans ces trois sonnets que j'évoque en particulier ici.
Ce qui est frappant chez Louise, c'est que le charnel et le spirituel sont inextricablement entrelacés, comme cela apparaît très nettement dans "Baise m'encor...". Elle est à la fois extrêmement indécente et terriblement intelligente.
D'autre part, une autre réflexion : je pense qu'il faut vraiment mettre ce sonnet en relation avec le sonnet II ("Ô beaux yeux bruns") : même ambiguïté des référents, d'un côté à cause des participes où l'agent n'est pas exprimé ; de l'autre à cause des pronoms interrogatifs ambigus. Même structure où les quatrains contient des formes non-déclaratives répétées ; où le propos arrive dans les tercets. Même moquerie à l'égard d'un sonnet composé par un "amant" poète et séducteur artificieux, même type de conclusion disant qu'au contraire l'amante est amoureuse sans artifice.
On peut aussi le mettre en relation avec "Tant que mes yeux...", pour entendre quelle place elle donne à l'art-artifice : pas une réfutation de l'intérêt de la poésie, mais une affirmation de l'intérêt de la poésie quand c'est elle qui l'énonce et la compose, quand l'artifice de la poésie réussit à faire corps avec l'émotion. La place du luth ici me paraît essentielle : non pas seulement un symbole, mais une vraie présence corporelle. Certes, le luth représente le corps rebondi de la femme (en tant qu'il est annagrammatiquement le luc-cul, mais surtout par sa forme réelle et concrète qu'on saisit dans le creux de son ventre, de son aine, quand on joue du luth - je suis luthiste, et je peux vous dire que la vibration qu'apporte un luth n'est pas seulement intellectuelle). Voyez donc donc la présence du luth dans ces trois sonnets que j'évoque en particulier ici.
Ce qui est frappant chez Louise, c'est que le charnel et le spirituel sont inextricablement entrelacés, comme cela apparaît très nettement dans "Baise m'encor...". Elle est à la fois extrêmement indécente et terriblement intelligente.
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- MédéeÉrudit
faustine62 a écrit:Merci beaucoup pour ce fil.
J'ai une question sur le Débat : il me semble y voir une réécriture burlesque, c'est juste une intuition, je me trompe peut-être totalement. Je n'ai pas encore lu la préface de Clément et Jourde.
A l'externe en 2005, le commentaire de stylistique interrogeait le burlesque dans le début du discours II.
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Rentrée 2024 : Poste fixe ! (et 16e établissement )
2021-2024 : TZR en remplacements courts
2020-2021 : T3 - TZR en AFA : 1 collège 6e, 5e + PP 5e
2019-2020 : T2 - TZR en AFA : 2 collèges 6e, 5e, 4e + PP 5e
2018-2019 : T1 - TZR en AFA : 3 collèges 5e, 4e
2017-2018 : Stagiaire en lycée (2nde x2)
- faustine62Érudit
Bonsoir, je cherche un article (ou chapitre d'un ouvrage) sur le mythe de l'Androgyne, présent dans l'oeuvre, notamment dans un passage du Débat (p100 dans l'édition au programme). Auriez-vous une référence à conseiller ?
- noeticaNiveau 3
faustine62 a écrit:Merci beaucoup pour ce fil.
J'ai une question sur le Débat : il me semble y voir une réécriture burlesque, c'est juste une intuition, je me trompe peut-être totalement. Je n'ai pas encore lu la préface de Clément et Jourde.
Je réagis très tardivement, mais... cette intuition est sans doute très juste, pour au moins un passage du Débat : pour la question de stylistique en 2005, les candidats devaient commenter le burlesque dans le monologue d’Amour au début du Discours II. Je ne me souviens plus si c’était tombé pour les classiques ou les modernes, mais le rapport du jury est très éclairant.
- IlsionaJe viens de m'inscrire !
Bonjour,
je compte me présenter à l'agrégation LM interne, or c'est un galop d'essai pour moi cette année et je ne suis pas de formation, en effet je ne peux pas me permettre de payer une formation sachant que je ne pourrai pas préparer le concours convenablement. Et certes ma demande de formation congé n'a pas été accueillie favorablement.
Toutefois, je souhaiterais préparer les auteurs et me présenter à l'épreuve de dissertation. Dans ce cadre, je cherche désespérément des cours, et surtout ceux sur Louise Labé (j'ai du mal avec la poésie).
Si quelqu'un parmi vous suit une formation, vous est-il possible, s'il vous plaît, de me transmettre les cours sur Louise Labé ?
Je vous prie de bien vouloir m'excuser si ma requête vous offusque ou vous paraît incongrue, or mes circonstances ne me permettent pas de faire autrement. Et si se trouve un cœur magnanime pour me transmettre les cours, je vous en suis très reconnaissante.
je compte me présenter à l'agrégation LM interne, or c'est un galop d'essai pour moi cette année et je ne suis pas de formation, en effet je ne peux pas me permettre de payer une formation sachant que je ne pourrai pas préparer le concours convenablement. Et certes ma demande de formation congé n'a pas été accueillie favorablement.
Toutefois, je souhaiterais préparer les auteurs et me présenter à l'épreuve de dissertation. Dans ce cadre, je cherche désespérément des cours, et surtout ceux sur Louise Labé (j'ai du mal avec la poésie).
Si quelqu'un parmi vous suit une formation, vous est-il possible, s'il vous plaît, de me transmettre les cours sur Louise Labé ?
Je vous prie de bien vouloir m'excuser si ma requête vous offusque ou vous paraît incongrue, or mes circonstances ne me permettent pas de faire autrement. Et si se trouve un cœur magnanime pour me transmettre les cours, je vous en suis très reconnaissante.
- MédéeÉrudit
Bonjour,
Concernant Louise Labé, il y a l'Atlande de 2005 qui peut être utile.
Quant à diffuser des cours sans l'autorisation de leur auteur, cela n'a rien à voir avec une quelconque magnanimité, c'est juste illégal et irrespectueux envers le professeur concerné. En tant qu'enseignant, on est bien placé pour le savoir.
Bon courage.
Concernant Louise Labé, il y a l'Atlande de 2005 qui peut être utile.
Quant à diffuser des cours sans l'autorisation de leur auteur, cela n'a rien à voir avec une quelconque magnanimité, c'est juste illégal et irrespectueux envers le professeur concerné. En tant qu'enseignant, on est bien placé pour le savoir.
Bon courage.
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Rentrée 2024 : Poste fixe ! (et 16e établissement )
2021-2024 : TZR en remplacements courts
2020-2021 : T3 - TZR en AFA : 1 collège 6e, 5e + PP 5e
2019-2020 : T2 - TZR en AFA : 2 collèges 6e, 5e, 4e + PP 5e
2018-2019 : T1 - TZR en AFA : 3 collèges 5e, 4e
2017-2018 : Stagiaire en lycée (2nde x2)
- Henri StarkJe viens de m'inscrire !
Hello à tous,
Je suis de ceux qui passent le concours cette année.
L'année dernière, j'ai été à l'oral... 14 sur leçon / 15 en littérature comparée ET 5 sur la grammaire/explication !
Avec des notes limites pour passer l'écrit, je le rate de vraiment peu (3 points sur 800 pour être admis..)
Je repars donc dans mes préparations cette année.
Et pour m'aider à retenir les poèmes de Louise Labé, je mets le tout en musique
Comme il y avait beaucoup de compo et de chant à faire, je ne vous cache pas que la qualité est... pour le moins inégale !
Mais cela me permet de conjuguer révisions et passion (la musique donc !)
Je vous place le lien
https://youtu.be/avk3eyrOrVs
Bonne écoute pour les courageux !
Je suis de ceux qui passent le concours cette année.
L'année dernière, j'ai été à l'oral... 14 sur leçon / 15 en littérature comparée ET 5 sur la grammaire/explication !
Avec des notes limites pour passer l'écrit, je le rate de vraiment peu (3 points sur 800 pour être admis..)
Je repars donc dans mes préparations cette année.
Et pour m'aider à retenir les poèmes de Louise Labé, je mets le tout en musique
Comme il y avait beaucoup de compo et de chant à faire, je ne vous cache pas que la qualité est... pour le moins inégale !
Mais cela me permet de conjuguer révisions et passion (la musique donc !)
Je vous place le lien
https://youtu.be/avk3eyrOrVs
Bonne écoute pour les courageux !
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