Neo défi lecture 2023 - Ici, on papote!

J'ai pris énormément de retard dans mes comptes-rendus. Ci-dessous le coupable (qui est le premier dans ma longue saga de "j'ai ce livre dans la bibliothèque et il convient pour le défi, mais en fait c'est un des livres de monsieur et il est écrit dans un italien trop compliqué pour moi", vous allez voir, j'en ai d'autres en réserve), sur lequel j'ai passé plusieurs semaines - je vous mets un long avis du coup, et je reviendrai tout à l'heure faire le compte-rendu des autres livres que j'ai lus pendant ce temps.

44. Épidémies et pandémies. Alessandro Manzoni, Les fiancés Roman écrit au XIXe siècle, considéré comme ayant défini la langue italienne moderne, et dont j’entends parler par monsieur depuis des années parce qu’apparemment, au lycée en Italie, c’est LE livre (avec Dante) qu’on étudie en long, en large et en travers.

L’histoire : sur fond de peste (qui n’intervient en réalité que dans le dernier quart du livre, le reste y mène avec la sécheresse qui provoque la famine sur fond de guerres incessantes pour la succession du duché de Lombardie entre l’Espagne qui tient les lieux et la France qui voudrait s’y immiscer), les déboires d’un couple d’amoureux, qui voudraient se marier mais en sont empêchés par les manigances du seigneur local qui a des vues sur la fiancée. Toutes sortes de rebondissement s’ensuivent. Une bonne partie de l'histoire se passe à Milan, mais ça commence dans la région de Lecco près du lac de Côme et il y a des passages à Monza et Bergame.

Les personnages : la fiancée (Lucia) est une gentille jeune fille bien pieuse, le fiancé (Renzo) est un gros nigaud au caractère chaud bouillant que j’ai trouvé agaçant plus d’une fois. J’ai trouvé plus intéressants les personnages secondaires : le père Cristoforo, un saint capucin qui leur vient en aide et qui est frappant par sa force d’âme et son passé trouble, la figure tourmentée de Gertrude, la religieuse de Monza, forcée à prononcer ses vœux à l’issue d’une guerre d’usure psychologique terrifiante menée par son prince de père, les femmes fortes du livre – Perpetua, la servante du curé, Agnese, la mère de Lucia, qui se servent de leur tête et ne se laissent pas marcher sur les pieds.
J’ai moins aimé les méchants (le seigneur Rodrigo qui est un seigneur vicieux assez classique, le Grand Méchant « L’Innommé » que Wikipedia décrit comme « l’une des figures les plus complexes et intéressantes du roman » et que j’ai trouvé profondément cliché : il est méchant ! il est super méchant ! il fait peur ! il est terrible ! Ah bah non, on vient à peine de finir de le présenter qu’il est frappé par sa conscience) ainsi que les personnages comiques (le curé don Abbondio, le seigneur Ferrante, l’avocat Azzecca-Garbuglio) qui ne m’ont pas du tout fait marrer, mais c’était peut-être perdu dans la difficulté de la langue pour moi.

Mon avis : je ne peux pas juger de l’importance littéraire et linguistique évidemment. Côté contenu, c’est un roman historique donc un genre que j’aime bien, mais que je placerais un peu en-dessous d’Alexandre Dumas à cause des personnages un peu inégaux et des différentes intrigues (la principale, l’historique, et les histoires des différents personnages secondaires) qui ont un peu de mal à mon sens à se tisser les unes aux autres : on va passer deux ou trois chapitres sur un personnage secondaire dont on n’entend ensuite plus parler ou presque…)

Peut aussi convenir pour le défi XVIIe siècle (ça se passe en 1628-1630), Moines et religieuses (la religieuse de Monza, le père Cristoforo et une palanquée d’autres pères capucins), Rebelle (Renzo est sous le coup d’u mandat d’arrêt pendant une bonne partie du livre pour avoir été présent à une émeute pour le pain à Milan), Un personnage qui a vraiment existé (le cardinal Frédéric Borromée, personnage secondaire mais avec un rôle plus ou moins important ; d’autres figures historiques comme Ferrer le gouverneur espagnol), et pour mon édition italienne (qui est une édition pour lycéen avec un tas de notes de bas de page inutiles*), Un visage en couverture.

* Genre, des élucubrations sorties de nulle part sur ce que pense le personnage, ou des explications qui sont en fait données deux pages plus tard dans le livre, mais très peu de notes de vocabulaire.

   28. Un roman de fantasy historique. His majesty’s dragon, par Naomi Novik, sur une suggestion d’un néo - titre Français "téméraire" (Grace Atwood). Le fait de retrouver des dragons dans les guerres napoléoniennes est assez drôle, et j’aime bien la façon dont le héros doit peu à peu secouer ses préjugés notamment sur les femmes, mais je ne suis pas certaine de lire la prolifique suite, sauf si je lis d’autres avis dithyrambiques, car je ne suis pas fan des récits de batailles.

42. Un livre dont le titre contient 2 fois la lettre O. : Tout une moitié du monde, de Alice Zéniter. L’autrice nous invite à partager sa réflexion sur la lecture et l’écriture, et particulièrement sur la question de ce qu’est qu’être lectrice et femme, écrivaine et femme : les problèmes posés par le manque de représentation d’héroïnes femmes. Elle donne des pistes pour comprendre ce que provoque la domination blanche et masculine dans l’univers littéraire, et avec pas mal d’humour explore d’autres possibles. C’est nourri de toutes sortes de références et de témoignages ; elle interroge aussi son propre rapport à l’écriture. Peut-être un petit peu technique par moments mais abordable dans l’ensemble ; une lecture très agréable et intéressante !

Je viens de commencer Stange the dreamer (le faiseur de rêves) recommandé par Danska, pour le moment j'aime beaucoup!

Pour le défi 8 "nomade ou sédentaire", j'ai lu un très beau roman de Marcel Theroux, Au Nord du monde, dont j'ai peur de très mal vous parler tant il est particulier. Dans un monde délabré, quasiment anéanti et en grande partie déserté, on suit un personnage au drôle de prénom : Makepeace. L'histoire se situe au nord de la Russie, je l'ai imaginée en partie à la pointe de la Russie qui se rapproche de l'Alsaka car les parents de Makepeace étaient des colons américains qui ont quitté le confort de leur petite ville pour s'installer là, on ne sait pas bien pourquoi et on nous parle d'une région très froide. On ne sait pas bien non plus ce qu'il s'est passé pour que le monde soit ainsi déserté. Makepeace se retrouve dernier habitant de sa ville et se demande s'il faut rester ou partir. Sa rencontre avec une jeune asiatique, son attachement pour ce drôle d'être avec qui la barrière de la langue empêche de vraiment communiquer redonne un peu foi à Makeapeace qui finira tout de même par prendre la route ... et verra voler un avion ce qui lui donnera l'espoir fou qu'il y a encore de la civilisation quelque part. C'est un roman désespéré et pourtant beau. A plusieurs reprises je me suis demandé pourquoi Makepeace s'obstine à rester en vie malgré tout ce qu'il lui arrive et à chaque fois de petits riens, des petites beautés du monde lui sautent aux yeux et rien que pour les revoir encore une fois Makepeace s'accroche. Le roman a en partie été inspiré par la catastrophe de Tchernobyl car il est question d'une zone contaminée où il faut se rendre pour récupérer certaines choses mais dont on ne peut espérer revenir puis rester en vie. C'est aussi un roman qui parle de collapsologie et qui développe un point de vue très intéressant ; quand il ne reste plus rien à faire que survivre, les connaissances acquises avec ses mains sont bien plus utiles que celles acquises dans les livres. Il y a par ex dans le livre une belle rencontre avec un homme qui fut chirurgien mais qui dans ce monde ne peut guère utiliser sa science pour survivre. Bref c'est un roman qui remue, qui interroge, c'est aussi un beau roman car le style y est parfois poétique. Il convient bien à cet item du défi car Makepeace hésite constamment entre rester dans sa ville ou partir, il y a de longs passages de marche, de déplacement, de retours aussi.

Merci pour ton retour, il me tente depuis un moment.

Jenny a écrit:Merci pour ton retour, il me tente depuis un moment.

Laisse-toi tenter même s'il est particulier ! Pour être honnête, j'ai failli l'abandonner et en même temps je l'ai aimé, bizarre ...

Eloah a écrit:

Jenny a écrit:Merci pour ton retour, il me tente depuis un moment.

Laisse-toi tenter même s'il est particulier ! Pour être honnête, j'ai failli l'abandonner et en même temps je l'ai aimé, bizarre ...

Je le remets en haut de ma wishlist, mais il faut que je diminue un peu la PAL et que je lise quelques services de presse avant.

Bonsoir à tous,
pour le défi n°23 "une oeuvre publiée pour la première fois en 1923" j'ai lu Le crime du golf, d'Agatha Christie. Un roman où Hercule Poirot mène l'enquête, secondé par son fidèle Hastings dont l'esprit de déduction est mis à rude épreuve. Le riche Paul Renauld est retrouvé assassiné et enterré dans un terrain de golf en travaux à côté de sa villa. Sa femme est retrouvée ligotée dans leur chambre et peut témoigner qu'il a été enlevé. L'argent est sûrement le mobile et tout son entourage est suspect, puisque tous espéraient hériter. l'occasion d'agiter nos petites cellules grises et de procéder avec ordre et méthode à la suite du grand enquêteur belge, qui bien sûr, nous mène où il veut et dénoue le mystère bien avant nous, alors même que nous avions tous les indices sous les yeux.

J'ai l'intention de le relire aussi !

Il est quasiment impossible de trouver les dessous du crime, tout de même, contrairement à d'autres! Mais c'est le livre où Hastings rencontre sa future femme je crois bien!
"Enfer!" s'écria la duchesse!

Je suis fan.

Tout à fait. C'est pour ça que je l'aime bien !

C'est celui-là même, bravo !

Le reste de mes lectures de ces deux derniers mois :

16. Une histoire qui se passe à la montée des périls. Joseph Kessel, La Passante du Sans-Souci. Le narrateur (en fait identifiable avec Kessel lui-même : il est journaliste, il va en Afaghanistan), qui traverse une mauvaise passe à vivre de mauvais alcool dans les cafés de Montmartre, voit passer tous les matins à l’aube la même femme, qui l’intrigue. Elle finit par lui raconter son histoire : après l’arrestation de son mari, éditeur de gauche, par les nazis, Elsa a fui l’Allemagne, en compagnie d’un petit garçon rendu infirme et dont la famille a été assassinée. Le mari d’Elsa a besoin d’argent pour survivre au camp de concentration et le narrateur regarde impuissant l’enfer dans lequel elle s’enfonce pour lui en envoyer. Le livre a été publié en 1936. C’est un roman court et qui se lit très facilement, écrit dans la très belle plume de Kessel (je n’ai encore jamais lu un roman de lui qui me déplaise). Je l’ai trouvé assez fascinant et terrifiant : c’est la montée de l’Allemagne nazie, l’horreur des camps, mais vue de loin, depuis Paris, à travers le filtre de lettres racontées de seconde main : en 1936, alors, on savait plus que ce que je croyais, et en même temps on était loin de savoir – la France se croyait encore en sécurité…

Je dirais qu’il peut convenir aussi pour « première fois », dans un sens très négatif, pour toutes les lentes étapes de la dégradation dans laquelle Elsa s’enfonce, qui sonnent comme une mort et une souillure à chaque fois, et qui finissent par ne plus lui paraître si terribles à côté de ce qui suit.

38. XVIIe siècle. Paul Scarron, Le Roman comique. Je suis contente d’avoir trouvé un classique qui ne soit pas une relecture C’est l’histoire d'une bande de comédiens qui se baladent autour du Mans, et à qui il arrive toutes sortes d’aventures. Le Destin et l’Etoile, les deux jeunes premiers de la troupe, sont en fait deux jeunes gens modérément nobles qui s’aiment et voyagent sous couverture pour échapper à un affreux persécuteur, ce que l’on apprend sous forme de narration des personnages ; on a aussi droit à l’histoire de Léandre, qui est un jeune noble déguisé en comédien pour pouvoir aimer Angélique, une autre comédienne ; à celle de la Caverne, qui est la mère d’Angélique (histoire dans laquelle intervient le baron de Sigognac, très différent de celui de Gautier) ; à différentes nouvelles espagnoles traduites (dans lesquelles le jeune homme tombe systématiquement amoureux de la jeune fille pour son esprit et sans avoir vu son visage, ce que j’ai trouvé plutôt rafraîchissant !) insérées dans le texte pour faire passer le temps ; et aux parties comiques proprement dites, qui sont les mésaventures de Ragotin, un nabot avocat amoureux qui passe son temps à perdre ses vêtements, prendre des coups, tomber sur la tête, etc, mésaventures que j’ai trouvées assez dispensables pour la plupart.
Le roman est inachevé et l’édition que j’ai lue (ebook gratuit projet Gutenberg, édition 1857) comprend une troisième partie rédigée par on ne sait qui (il en existe plusieurs d'après l'introduction, qui dit avoir pris la plus connue tout en reconnaissant qu'elle n'est pas très bonne) et avec des nouvelles espagnoles moins bien (les femmes y sont traîtresses et jalouses).
En résumé, c’était amusant, mais j'ai préféré les nouvelles espagnoles (ainsi que certaines discussions intéressantes entre les personnages sur le théâtre : faut-il suivre les règles, et le succès de Corneille ne montre-t-il pas que les trois unités, en plus d'être pénible, c'est dépassé ? on sent qu'on est à un point de bascule de l'histoire littéraire !) ; tandis que les parties "comiques" sur le vilain Ragotin étaient assez lourdes, et je préfère le Capitaine Fracasse. Pardon Scarron.

Le titre contient deux fois la lettre O.

3. Un livre que vous avez depuis plus de six mois et que vous n'avez pas encore commencé. Andrzej Sapkowski, Le Sorceleur J’ai acheté ça par curiosité lors d’un passage à Gibert en mai 2022… (Pour ceux qui ne savent pas, il y a un jeu vidéo connu tiré du livre, duquel est adaptée une série encore plus connue, Witcher, mais qui fait polémique en ce moment parce que l’acteur principal lui-même (Henry Cavill) a claqué la porte de la production tellement la série est peu fidèle au livre. Je n’ai vu ni le jeu ni la série.)
Geralt est un Sorceleur, c’est-à-dire un être qui a subi des mutations pour avoir des pouvoirs magiques qui lui permettent de régler leur compte aux monstres qui embêtent les humains. Le volume que j’ai lu (Le Dernier Voeu) est en fait un prequel qui est numéroté 1 mais qui a été écrit plus tard, et qui contient des histoires courtes expliquant en partie, si je comprends bien, comment Geralt a rencontré les autres personnages importants de la série.
Il y a des aspects que j’ai trouvés intéressants : le recours au folklore, polonais et autre (j’ai bien aimé la Stryge, le personnage du Sylvain, ou la réécriture de la Belle et la Bête avec plusieurs twists), l’idée que le monde des humains, dans son expansion, soit en conflit avec le monde des monstres. Je ne suis pas entièrement acro cependant, il y a quelque chose qui me gêne dans le style, trop plat à mon goût (mais c’est peut-être la traduction, comme je ne lis pas le polonais, difficile de vérifier).

Le livre a un visage en couverture.



27. Fragments. John Chadwick,The Decipherment of Linear B. C’est l’histoire de la découverte du linéaire B, le système d’écriture des Mycéniens (la civilisation plus ou moins décrite par Homère). En 1952, Michael Ventris, grâce à une découverte inespérée (les tablettes du palais de Pylos – en 1939, mais publiées seulement en 1951 -, qui ajoutent considérablement au corpus jusqu’alors essentiellement constitué de celles de Cnossos), mais sans pierre de Rosette, après des mois voire des années d’un travail purement cryptographique de statistique et de combinatoire, avec l’aide de l’américaine Alice Kober qui avait fait un énorme travail de recensement, fait une découverte extraordinaire : il comprend que le linéaire B est un syllabaire, découvre la valeur des signes, et comprend que la langue qu’il recouvre est une forme ancienne de grec (étonnamment, c’était l’hypothèse considérée la moins probable par les spécialistes à l’époque). La découverte d’une tablette à Pylos avec des dessins/idéogrammes très clairs à côté des mots (tripode et deux ou trois autres mots pour vase, cheval, âne) apporte une confirmation. John Chadwick, philologue du grec ancien qui s’enthousiasme pour la découverte dès sa publication et rejoint Ventris dans son travail, publie ce livre en 1958 pour faire l’historique des recherches (Ventris est mort dans un accident quelques mois après la découverte).

Je classe ça dans « fragments » à la fois à cause de la nature des supports (des bouts de tablette d’argile)  et du résultat (des mots par-ci par-là, qui donnent des fragments d’information sur une civilisation encore méconnue). Je trouve ça passionnant mais je suppose que ce n’est pas du goût de tout le monde Le livre s’adresse au grand public et je le trouve à la fois assez précis pour intéresser quelqu’un comme moi qui a fait ses études dans ce domaine (l’archéologie au sens large, pas cette période ni cette zone géographique) et assez vulgarisé pour ne pas dérouter les touristes (je n’y connais que pouic en linguistique indo-européenne). La dernière partie du livre donne un petit aperçu de l’état des connaissances sur la civilisation mycénienne : j’ai envie de dire que l’état des connaissances a bien progressé depuis (j’avais lu pour un précédent défi le Cambridge Companion to the Aegean Bronze Age qui fait un état des lieux), mais Chadwick se contente prudemment de donner les quelques détails que livrent les tablettes.

Je suppose que ça ne peut pas compter pour « un visage en couverture » , en revanche je dirais que ça va bien dans le défi « Génie », car le travail de Ventris tient vraiment du tour de force et du coup de génie.

La passante du Sans-souci

Bonsoir à tous,
une lecture qui convient pour "fragments" Le vide et le plein, carnets du Japon de Nicolas Bouvier. Ce sont des bribes de son voyage au Japon de 1964 à 1970 qui n'ont jamais été publiés. Dans trois chapitres (Kyoto, le cap Kyoga, Tokyo), certains thèmes reviennent souvent (la littérature, les femmes, le zen, l'étiquette) pour raconter son long séjour au cours duquel il ne cesse jamais d'être un gaijin, un étranger. J'ai enchaîné avec Les chemins du Halla san, du même auteur, récit de l'ascension en Corée du volcan Halla san qui semble faire suite à son séjour au Japon. ce récit a quant a lui été publié par l'auteur, il est en cela plus abouti, même si beaucoup plus court.
La couverture du récit est aussi très belle, la voici

Ah oui, la couverture est magnifique.

Prise par d'autres lectures, j'ai un peu mis le défi de côté, mais je peux y ajouter un titre !

Catégorie 30 - Voyages dans le temps : Les miracles du bazar Namiya, de Keigo Higashino. Trois apprentis cambrioleurs se cachent dans un ancien bazar pour la nuit. Une trentaine d'années plus tôt, les lieux étaient tenus par un vieil homme qui répondait aux demandes de conseils d'anonymes via une vieille boite à lait. Or, nos trois lascars trouvent une lettre, qui semble venir d'une autre époque, et décident d'y répondre.

Lu d'une traite, on y suit le destin des personnages dont les vies s'entremêlent sans qu'on s'en aperçoive vraiment, à la fois très poétique et très agréable.

Sphinx a écrit:

16. Une histoire qui se passe à la montée des périls. Joseph Kessel, La Passante du Sans-Souci. (...)

Mais je l'ai, ce roman ! Et jamais lu !

Jenny a écrit:La passante du Sans-souci

Il faudrait donc que je le rapproche de ma table de nuit...

Pour l'item épidémies, j'ai lu un roman de Laura Kasishke recommandé ici, En un monde parfait. Je ne sais pas à quoi je m'attendais, mais pas à ce récit d'un double effondrement : celui d'un couple, et celui de la civilisation. J'ai trouvé ça bien mené, mais très sombre.

Bonjour à tous,
j'ai lu un autre roman de Laura Kasishke que celui dont vous parler, le titre m'échappe pour le moment mais j'ai aussi le souvenir d'un effondrement, de couple et de civilisation.
Pour le défi n°49, malgré vos mises en garde, j'ai lu Né d'aucune femme de Franck Bouysse que j'avais trouvé sur la table d'un bouquiniste. En effet, le personnage du maître est d'une rare cruauté. il m'a fait pensé à un ogre de conte, peut-être parce que je viens de relire Barbe bleue. On trouve aussi la chambre défendue, l'ancienne femme dont on ne sait pas si elle est toujours en vie, le château lugubre, la forêt immense la vieille sorcière et le pauvre bûcheron qui vend sa fille aînée pour avoir une bouche de moins à nourrir. C'est une lecture prenante, marquante, certes sombre, mais pas seulement. Au centre du récit, les cahiers écrits par Rose et qu'une infirmière a pu faire sortir de l'asile et remettre à un curé. Les chapitres se succèdent en mettant tour à tour l'un ou l'autre personnage en son centre. L'auteur nous ment un peu, par omission, et on se prend au jeu de retisser la trame avec les pièces manquantes.

Retour sur un mois de lectures...


Pour le défi 1 (Fils ou fille de) : L’effet Larsen de Delphine Bertholon (2010), roman sur la mort d’un père, le deuil d’une mère et de sa fille de 18 ans.

Spoiler:

Pour les défis 21 (un livre dont le titre contient un mot ou une expression qui renvoie au calendrier) et 46 (Premières fois) : Le premier été d’Anne Percin (2011).
  Avec sa sœur, Catherine retourne dans la maison de ses grands-parents après leur mort pour la vider, elle qui a évité de revenir dans ce village depuis l’été de ses seize ans. Le roman commence avec la description d’une croix plantée au bord de la route à la sortie du village « pour fixer le souvenir du drame qui s’est joué là, il y a quinze ans. Un drame auquel je n’ai pas assisté. Un drame dont je ne suis peut-être pas responsable. » La narratrice va alors replonger dans ses souvenirs.
  C’est un roman délicat et dur à la fois. J’ai beaucoup aimé.

Pour les défis 5 (un livre écrit par une femme qui a reçu le prix Nobel de littérature avant Annie Ernaux), 13 (un titre de moins de cinq lettres) et 18 (Money money money) : Home de Toni Morrison (2012). Ce court roman s’attache à un jeune soldat noir, Frank Money, rentré de Corée et cherchant à rejoindre sa sœur en Géorgie. Souvenirs d’enfance, images de la guerre, réalité de l’Amérique des années 50 sont brassés dans une œuvre sobre mais forte.

Enfin, suite à l'intervention dans une de mes classes d'Eric Pessan pour un atelier d'écriture poétique, j'ai lu les recueils dont il a fait la lecture de quelques extraits aux élèves ; ils conviennent pour le défi 27 "Fragments" non seulement parce que ce sont des poèmes mais parce qu'ils recherchent une brièveté percutante.
- Poèmes évidents de Guy Bennett (2015) : le principe est que le titre annonce le contenu, c'est amusant. Par exemple :

Poème périmé

Plus la peine de le lire.


Poème sans risque pour les dauphins

Aucun dauphin n'a été maltraité
pendant l'écriture de ce poème.

- Remarques de Nathalie Quintane (1997) : en une phrase à chaque fois, des observations sur ce qui nous entoure, objectives mais produisant parfois un décalage.

Le trou de la porte était là avant le mur.

Lu aussi, un album jeunesse qui est une très bonne initiation aux haïkus : Mon livre de haïkus de Jean-Hugues Malineau (2012). Il présente des poèmes des grands maîtres japonais mais aussi d'auteurs français contemporains, puis donne des conseils pour écrire des haïkus, illustrés par des œuvres réalisées par des enfants de primaire ou de collège.

Comment donc écrire
Le soleil sur mon papier
Et le chat avec
                Jacques Bussy

miss sophie a écrit:

Pour le défi 4 (livre dont l'histoire se passe en Chine) ainsi que les 3 (livre que vous avez depuis plus de six mois) et 50 (vous avez acheté ce livre pour la couverture, tellement belle) : Le dit de Tiany de François Cheng (1998).
   4e de couverture : « Lors d’un voyage en Chine, l’auteur retrouve le peintre Tianyi, connu autrefois, qui lui remet ses confessions écrites. Tianyi a vécu l’avant-guerre dans une Chine en plein bouillonnement. Plus tard, dans les années 1950, il est allé en Occident, où il a découvert une autre vision de l’art et de la vie. De retour dans son pays soumis aux bouleversements de la révolution, il a voulu retrouver deux êtres chers : Yumei, l’amante, et Haolang, l’ami. Mais une histoire dramatique les a emportés dans des tourmentes où Tianyi, à son tour, sera pris… Par-delà les événements cependant, leur quête passionnée transfigurera le destin de chacun. »
  Je n’ai pas réussi à m’immerger dans cette histoire pourtant objectivement intéressante, dans ses thèmes et dans la fresque historique qu’elle dresse. J’ai apprécié néanmoins la réflexion sur l’art (notamment lorsque Tianyi, cherchant sa voie, confronte les traditions chinoises et la peinture occidentale à travers divers grands peintres) et la description des camps de rééducation de la Chine du « Grand bond en avant ». J’aime aussi la beauté épurée de sa couverture, qui m’avait attirée à l’époque où j’ai acheté ce livre (pour ensuite l’oublier sur mes étagères…).

Je suis en train de lire le même livre, pour le même item (il doit me rester une petite cinquantaine de pages encore), mais avec une première de couverture un peu différente.
C'est une lecture très agréable, et je trouve pour ma part l'histoire assez prenante.

Pour le défi 26 "un roman LGBTQ+ qui se déroule à l'étranger ou dans le passé", j'ai lu et adoré Les Amants du Spoutnik de Haruki Murakami qui raconte l'histoire de 3 personnages : un homme, K, le narrateur, amoureux de Sumire, elle-même amoureuse de Miu qui est une femme mariée. Même si ces amours ne sont pas réciproques, il y a beaucoup d'affection voire de tendresse entre les personnages et pourtant on sent que chacun d'entre ressent une profonde solitude. Un événement va bouleverser ce trio et le roman bascule (ou pas ...) dans le fantastique. C'est ce que j'aime chez cet auteur : les récits sont toujours très oniriques au point qu'il y a toujours un moment où ne sait plus si ce qu'on lit se passe vraiment ou si le personnage rêve ou si le roman devient fantastique. La langue est douce et très belle.

Pour le défi n°1: Fils ou fille de... Far North (en français: Au Nord du monde), de Marcel Theroux, fils de l'auteur de récits de voyages Paul Theroux.
Récit post-apocalyptique, ou plutôt post-effondrement, qui rappelle un peu La Route, mais en beaucoup moins monotone, plein de rencontres, de surprises, une atmosphère par moments comme un western, sauf que cela se passe entre l'Alaska et la Sibérie, et une héroïne vraiment digne de ce nom. Je m'en vais de ce pas lire un autre livre de cet auteur, je verrai bien où le caser!

Bonjour à tous,
pour le défi 41 "roman policier ou thriller asiatique", j'ai suivi vos conseils et lu Bonne nuit maman de SEO Mi-Ae. J'avoue que je l'ai ouvert à reculons, la couverture indiquant "Le silence des agneaux coréen" me faisait déjà froid dans le dos. Et finalement, cette lecture m'a bien plu. Peut-être parce que le serial killer, n'est pas cannibale ! Et surtout aussi, je pense, parce que l'autrice joue peu avec les nerfs ds lecteurs, ce qui arrive est assez prévisible, et même si c'est perturbant, ce n'est pas complètement irrationnel non plus. La personnage principale est criminologue et un serial killer emprisonné et condamné à mort demande à la rencontrer pour lui parler de ses victimes. En parallèle, cette jeune femme est contrainte à accueillir chez elle la fille de son mari, âgée de onze ans, suite au décès de ses grands parents dans l'incendie de leur maison. Une réflexion sur ce qui fait qu'une personne se met à commettre des crimes et les traits de personnalité des serial killer sous-tend l'ensemble, il est souvent question aussi de "l'enfer", j'ai été étonnée de la récurrence de ce mot dans le roman. Un petit bémol sur les personnages que j'ai trouvé parfois peu crédibles, à moins que ce ne soit la distance géographique qui en soit la cause. Le père notamment s'occupe très peu de sa fille avec qui il peut enfin vivre et tout repose sur sa femme qui n'avait rien demandé. J'ai apprécié en revanche le dépaysement de cette première lecture coréenne, le fait de ne pas savoir à quoi renvoyaient les noms, ni même pour les prénoms s'ils étaient masculins ou féminin. C'est un polar qui se lit rapidement et ne m'a heureusement pas empêchée de dormir. Bon, c'est vrai, je l'ai lu de jour
A bientôt.

Je suis contente que tu l’aies aimé.
Il faut que je me prenne la suite !

Merci du conseil, Jenny. Je ne savais plus à qui je le devais. J'essaierais aussi de trouver la suite, j'ai bien aimé le personnage principal et je me demande ce que va devenir sa petite famille recomposée.

Une trilogie est prévue.