Pénurie d’enseignants à la rentrée, des chiffres

Vidéo d'un entretien.
"Vous êtes à l'aise avec les fractions ?"

Pénurie de profs: regardez comment se passent les entretiens pic.twitter.com/okaBtzJsCK

— BFMTV (@BFMTV) August 29, 2022

nc33 a écrit:https://twitter.com/KleszewskiG/status/1564351729298296835
(concernant la formation en 4 jours)

Le fond est évidemment pathétique mais c'est très bien vu!!!

Ces recrutements à la va-vite me font aussi penser au recrutement sans diplôme désormais possible en crèche. Un autre scandale.

Nos collègues qui démissionnent...

Elle se lance ensuite dans un master de l’enseignement, de l’éducation et de la formation (MEEF) avec une deuxième année intensive et "très difficile", où elle est à la fois étudiante et professeure stagiaire : "Je devais valider, en fin d’année, mon master et mon stage. Je me souviens, tous les vendredis j’étais en classe avec une prof titulaire. Je la voyais, épuisée, face à ses élèves et déjà, à ce moment-là, je me suis dit : est-ce que tu as vraiment envie de faire ça ? Quand je rentrais chez moi certains vendredis soirs, j’étais désespérée."

"J’avais deux niveaux en français, trois en latin, un en grec. Une heure de cours à préparer peut prendre jusqu’à 5 heures. Un travail que l’on fait en rentrant chez soi le soir. Et c’est sans compter les corrections de copies, les réunions administratives au sein du collège."

Le lendemain de sa démission, un des responsables du collège écrit à Léa. "Je voulais vous dire combien je vous trouve du courage, madame. Nombreux sont les collègues qui, rongés par ces tensions, persistent et s’aigrissent avec le temps, faisant payer aux élèves le prix de leurs incertitudes et de leurs hésitations. Je voulais vous remercier, madame, et vous dire combien ces quelques mois de collaboration ont été plaisants. Vous avez été en réussite avec vos classes, une professeure principale attentive et fédératrice, une professeure passionnée et stimulante, une enseignante rigoureuse et bienveillante. Vous avez su mettre les cailloux qu’il fallait dans nos chaussures et cela portera ses fruits. Je vous dirais volontiers que l’Education nationale ne vous méritait pas mais cela ferait ampoulé. Je me contente de regretter que nous n’ayons pas été à la hauteur de vous garder."

beaverforever a écrit:Nos collègues qui démissionnent...

Elle se lance ensuite dans un master de l’enseignement, de l’éducation et de la formation (MEEF) avec une deuxième année intensive et "très difficile", où elle est à la fois étudiante et professeure stagiaire : "Je devais valider, en fin d’année, mon master et mon stage. Je me souviens, tous les vendredis j’étais en classe avec une prof titulaire. Je la voyais, épuisée, face à ses élèves et déjà, à ce moment-là, je me suis dit : est-ce que tu as vraiment envie de faire ça ? Quand je rentrais chez moi certains vendredis soirs, j’étais désespérée."

"J’avais deux niveaux en français, trois en latin, un en grec. Une heure de cours à préparer peut prendre jusqu’à 5 heures. Un travail que l’on fait en rentrant chez soi le soir. Et c’est sans compter les corrections de copies, les réunions administratives au sein du collège."

Le lendemain de sa démission, un des responsables du collège écrit à Léa. "Je voulais vous dire combien je vous trouve du courage, madame. Nombreux sont les collègues qui, rongés par ces tensions, persistent et s’aigrissent avec le temps, faisant payer aux élèves le prix de leurs incertitudes et de leurs hésitations. Je voulais vous remercier, madame, et vous dire combien ces quelques mois de collaboration ont été plaisants. Vous avez été en réussite avec vos classes, une professeure principale attentive et fédératrice, une professeure passionnée et stimulante, une enseignante rigoureuse et bienveillante. Vous avez su mettre les cailloux qu’il fallait dans nos chaussures et cela portera ses fruits. Je vous dirais volontiers que l’Education nationale ne vous méritait pas mais cela ferait ampoulé. Je me contente de regretter que nous n’ayons pas été à la hauteur de vous garder."

J'ai lu cet article hier et j'ai été (et le suis encore) choquée par les propos en gras. Ce CDE ne s'interroge pas sur les causes du mauvais climat scolaire et préfère rejeter la responsabilité sur les profs "aigris" qui n'ont pas "le courage" de démissionner.

J'ai aussi trouvé ça lunaire, le bateau coule et ce type écrit des poèmes aux démissionnaires.

Cleroli a écrit:J'ai lu cet article hier et j'ai été (et le suis encore) choquée par les propos en gras. Ce CDE ne s'interroge pas sur les causes du mauvais climat scolaire et préfère rejeter la responsabilité sur les profs "aigris" qui n'ont pas "le courage" de démissionner.

J'ai l'impression que c'est l'une des raisons qui fait que l'autonomie des établissements (comprendre "donner le pouvoir au CDE") tente certains principaux et proviseurs. Ils constatent qu'ils ont un enseignant dans leur équipe qu'ils jugent défaillant et s'imaginent que s'ils avaient le pouvoir de le menacer de sanctions ou de le licencier, ainsi que celui de recruter les nouveaux enseignants, les établissements fonctionneraient mieux.

Évidemment, il n'est pas nécessaire d'avoir un doctorat en anthropo-psychologie comparée pour deviner que pouvoir pointer un Colt 45 1911 sur la tête de quelqu'un est un moyen contestable d'obtenir un changement de comportement ou pour savoir qu'un comportement défaillant n'est pas nécessairement dû aux traits de personnalité de l'enseignant, mais aussi à l'environnement.

Disons que cela fait partie de ces situations où des individus prennent des décisions ou expriment des souhaits comme s'ils n'avaient jamais côtoyé d'êtres humains de leur vie. Curieux mais fréquent.

Donc je ne suis pas surpris qu'un CDE rêve que "ses enseignants défaillants" démissionnent spontanément, ce doit être pour lui comme atteindre le pays du lait et du miel.

La prolifération de ces théories naïves, simplistes et néfastes pourrissent le débat sur l'amélioration de l'éducation.

Une histoire triste...

Son objectif : réaliser une thèse sous contrat avec l’université de Reims pour devenir enseignante-chercheuse et ainsi retrouver les étudiants et la transmission.

Voilà un projet de reconversion qui s'annonce délicat, j'espère qu'elle a un autre plan B !

postulat a écrit:Une histoire triste...

Son objectif : réaliser une thèse sous contrat avec l’université de Reims pour devenir enseignante-chercheuse et ainsi retrouver les étudiants et la transmission.

Voilà un projet de reconversion qui s'annonce délicat, j'espère qu'elle a un autre plan B !

Le lendemain de sa démission, un des responsables du collège écrit à Léa. "Je voulais vous dire combien je vous trouve du courage, madame. Nombreux sont les collègues qui, rongés par ces tensions, persistent et s’aigrissent avec le temps, faisant payer aux élèves le prix de leurs incertitudes et de leurs hésitations. Je voulais vous remercier, madame, et vous dire combien ces quelques mois de collaboration ont été plaisants. Vous avez été en réussite avec vos classes, une professeure principale attentive et fédératrice, une professeure passionnée et stimulante, une enseignante rigoureuse et bienveillante. Vous avez su mettre les cailloux qu’il fallait dans nos chaussures et cela portera ses fruits. Je vous dirais volontiers que l’Education nationale ne vous méritait pas mais cela ferait ampoulé. Je me contente de regretter que nous n’ayons pas été à la hauteur de vous garder."

Cela me fait penser à la fin de "Dernier domicile connu" (je crois) On recherche un témoin clé, le type témoigne au tribunal, fait coffrer les voyous et à la sortie les policiers le félicitent chaudement pour son courage...et le laissent seul se demander ce qui va se passer. Il fait quelques pas et se fait poignarder par un complice.
Même mentalité pourrie

Ces interviews sont un scandale mais il ne faut pas faire porter le chapeau à tous les contractuels sans distinction.
Le manque de professeurs est une chose, la baisse de niveau en est une autre.
Il y a ici quelques titulaires stagiaires en lettres qui font de grosses fautes de français (confusion entre le futur et le conditionnel !) et des contractuels qui ont des diplômes et de l'expérience.
Merci de ne pas se tromper d'adversaire.

Oui, ne pas mettre tout le monde dans le même panier, c'est sûr...

Mais quand on voit sur pôle emploi, des annonces pour recruter PE à l'année avec : niveau bac+2 accepté... C'est inquiétant tout de même.

Cela signifie-t-il que quelqu'un qui a eu un BTS par exemple peut se retrouver du jour au lendemain instit' ??
Ce serait un BTS des années 1970,  pas de soucis, mais là ??

Clairement. Il y a des BTS dans mon lycée où vont mes Bac Pro. Ils sont souvent gentils mais catastrophiques (niveau scolaire). Certains savent à peine écrire (je n'exagère pas), ne connaissent pas la date des deux guerres mondiales, ne savent pas que New York n'est pas la capitale des EU, ni que le Laos est bien un pays, ne savent pas non plus ce qu'est un pourcentage. Ca promet pour enseigner à vos enfants les bases... Beaucoup de mes collègues se ruinent pour mettre leurs enfants dans le privé ou pour habiter dans les beaux quartiers et les "bonnes" banlieues, où à priori leurs enfants ne risquent pas de croiser la route d'un contractuel catastrophique qui écrira "demain j'irais au cinéma" et l'enseignera sans voir où est le problème... Je les comprend je dois dire.

Un des miens a cherché 5mn sa calculatrice pour calculer 0.5*2
Au moins il essayait de faire l'exo...
Il a eu son bts!

Ce n'est pas parce qu'on ouvre à bac+2 qu'on va mettre le premier BTS venu devant des élèves.

Un bac+5 non-scientifique n'offre pas la garantie qu'il ne sortira pas non plus sa calculatrice pour faire 0,5*2

Ergo a écrit:

postulat a écrit:Une histoire triste...

Son objectif : réaliser une thèse sous contrat avec l’université de Reims pour devenir enseignante-chercheuse et ainsi retrouver les étudiants et la transmission.

Voilà un projet de reconversion qui s'annonce délicat, j'espère qu'elle a un autre plan B !

Aïe. J'espère pour elle qu'elle va pouvoir aussi s'assurer un plan B ou un filet de sécurité autre que l'enseignement malgré tout... Mais ça me fait peur pour cette collègue. Si elle y pense, tant mieux, sinon, j'espère que quelqu'un la conseillera...

Mitcindy a écrit:Le manque de professeurs est une chose, la baisse de niveau en est une autre.

Cependant, les deux problèmes finissent par se croiser.
François Bayrou a rappelé ce matin lors d'une interview sur BFTMV, je crois, que le mot licence vient de la lointaine licentia docendi, l'"autorisation d'enseigner". Mais des étudiants obtenant leur licence de lettres (je parle de ce que je connais) ric-rac avec des défaillances dans les UE relevant du corps de formation, j'en ai vu passer et ça posait problème lors des jurys de fin de L3, par rapport au passage au MEEF premier ou second degré. Ils n'auraient pas eu la licence, d'ailleurs, sans telle ou telle compensation ou processus de seconde chance (plus généreux que les rattrapages de jadis). Certes, la situation en lettres est spécifique. Une partie des bacheliers qui ont les meilleurs résultats dans les matières littéraires ne se dirige de toute façon pas vers là pour diverses raisons (dont celle des débouchés). Mais cela illustre tout de même le problème du niveau et des diplômes. De façon assez paradoxale les concours de l'enseignement ont été implicitement considérés dans cette filière comme un biais pour compenser telle ou telle défaillance des diplômes dans notre système universitaire parfois assez contradictoire ; cela pouvait, paradoxalement là encore, "rassurer" certains universitaires en lettres, mais c'est sans doute du passé vu l'évolution du CAPES et de la situation du côté des contractuels.

Langlois disait que la licencia docendi, c'était l'agrégation et la licence un nouveau bac, comme quoi sic transit gloria mundi.

Le discours sur la pénurie d’enseignants permet d’engendrer une flexibilité accrue du système

Xavier Pons est professeur en sciences de l’éducation à l’université Claude-Bernard-Lyon-I. Il participe à un projet de recherche européen qui ​​compare les politiques de gestion de carrière des enseignants en France, en Angleterre et en Belgique.

Pourquoi la crise du recrutement des enseignants est-elle commune à beaucoup de pays européens, alors que les systèmes scolaires sont bien différents ?

Cette question prend des formes différentes selon les pays. En Angleterre, où le contrat est la norme, il s’agit avant tout de fidéliser les enseignants déjà en poste car les taux de démission à cinq et dix ans se situent entre 30 % et 40 %. En France, la question de l’attractivité domine, avec la baisse du nombre de candidats au concours de fonctionnaire.

https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/08/29/le-discours-sur-la-penurie-d-enseignants-permet-d-engendrer-une-flexibilite-accrue-du-systeme_6139383_3224.html

Alors qu'en est-il chez vous ?

Dans mon collège :
Pas de CPE
Pas d'assistante sociale
Pas de prof d'anglais sur un BMP de 13h
Pas de prof d'anglais pour remplacer la collègue en congé maternité
Pas de prof de musique sur un BMP de 8h

Voilà voilà

Je ne sais pas ce qui se passe ! Dans mon académie, il manque des profs dans de nombreux établissements et il y a encore plein de TZR sans affectation. Toujours pas d'affectation pour moi (je suis contractuelle) alors que je sais qu'il y a des besoins (un BMP dans le collège derrière chez moi). J'ai appelé ma gestionnaire ce matin, je l'avais déjà eue lundi. Elle devait me rappeler au plus tard cet après-midi mais toujours rien. Cette attente devient vraiment insupportable...

Dans mon collège, il manque 6 enseignants : EPS, anglais (2), allemand, français, espagnol... Et pourtant, il y a des solutions proposées par nos soins au moins pour l'EPS, le français et 1 poste d'anglais...

Nous il manque :
- un BMP de 9 h en matière professionnelle (poste de stagiaire car ils ont changé l'affectation de notre contractuelle)
- un BMP en Anglais
- un collègue qui ne s'est pas présenté et ne viendra pas.
- un collègue est en arrêt et non remplacé

Et nous avons un collègue qui prendra une dispo pour suivi de conjoint en cours d'année (et qui ne reviendra pas dans l'EN très probablement), qui ne sera sans doute pas remplacé.

Chez nous : il manque 1 prof de techno, 1 en maths sciences, 1 en EPS et un en Lettres Histoire. En espérant que les profs sur 2 ou 3 établissements ne vont pas quitter le navire!

(article en allemand pour confirmer que la situation est loin d'y être meilleure)

Traduction du titre : La situation dans nos écoles n'a jamais été aussi précaire

Traduction de l'extrait cité ci-dessous : Selon les experts, dans quelques années, un poste sur trois ne sera pas pourvu. [...]
Selon l'un des syndicats enseignants, il manque 40 000 enseignants en cette rentrée.

(l'extrait d'origine : Experten rechnen damit, dass schon in wenigen Jahren jede dritte Stelle unbesetzt sein wird. [...] Nach Einschätzung des Deutschen Lehrerverbands fehlen zum Schuljahresbeginn bis zu 40.000 Lehrer.)

https://www.welt.de/politik/deutschland/article240684757/Lehrermangel-So-prekaer-wie-im-Moment-war-die-Situation-an-unseren-Schulen-noch-nie.html

Chez nous c'est la secrétaire du proviseur qui est hospitalisée. Cela risque de tanguer (lycée de 3000 personnes)

almuixe a écrit:Chez nous c'est la secrétaire du proviseur qui est hospitalisée. Cela risque de tanguer (lycée de 3000 personnes)

Tiens, on a le même souci ici... Lycée un peu plus petit, mais secrétaire en arrêt pour plusieurs mois et non remplacée. Vu la masse de travail qu'elle abat d'habitude, ça va vite poser de gros problèmes.