"La France ne mérite pas ses profs." Enseignantes, elles ont décidé de quitter l'Éducation nationale

Lien

"Lorsque je suis entrée dans l'Éducation nationale, j'étais très heureuse l'année où j'étais stagiaire : classe à mi-temps, tuteur disponible, école et collègue sympas... J'ai déchanté dès ma 1e année" confie Clarisse*, enseignante franc-comtoise en disponibilité de l'Éducation nationale depuis maintenant deux ans pour préparer sa reconversion, avant une démission prochaine.

"Je ne veux plus entendre parler de classe et de l'Éducation nationale" dit-elle, sans un brin d'hésitation. Elle a découvert les dessous de l'Éducation nationale et ne mâche pas ses mots, visiblement très affectée par son expérience professionnelle au sein de l'institution publique. Clarisse n'est pas la seule à faire ce choix. En France, les chiffres des démissions d'enseignants ont triplé en dix ans.

Le titre de cet article, qui reprend les propos d'une ancienne enseignante, me plaît beaucoup et correspond parfaitement à ce que je pense.

Dans cet article, des témoignages chargés d'authenticité.

Voir le lien en bas de l'article :

https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-choix-franceinfo/le-nombre-de-demissions-denseignants-a-triple-en-10-ans-c-etait-trop-difficile-psychologiquement_4774265.html

J'aime beaucoup ce passage :

"Aujourd’hui Marie se dit déjà "dégoûtée du métier". "Pour une fiche de cours que je prends dans un livre, indique-t-elle, je dois faire plein de paperasse derrière : écrire que j’ai pris tel exercice de tel endroit et pourquoi je prends celui-là, quelle place il a dans ma séquence, il faut tout détailler. Et je trouve ça très très lourd."

Qu'ils commencent à nous payer déjà. Et tous : du premier au dernier échelon de la hors classe. La vieillesse signifie qu'on a été volés toute une carrière, les plus anciens ne rattraperons jamais ce qu'ils ont perdu.
Le SMIC augmente encore. Les prix  montent alors le SMIC monte donc les prix montent, c'est sans fin..le commerce ne vend pas les choses pour ce qu'elles valent mais pour le montant que les gens sont prêts à y mettre. Le commerçants ne cessent d'augmenter leurs prix que quand leurs produits leur reste sur les bras.. Plus le salaire minimum monte, plus les prix montent.Pendant ce temps les non smicards s'enfoncent, s'enfoncent....

Les smicards aussi.

Je te rassure, les smicards s'enfoncent aussi. Et parmi les non-smicards, il y a de très gros revenus qui eux s'en tirent très bien, et s'en tireront toujours très bien.

Jacq a écrit:Dans cet article, des témoignages chargés d'authenticité.

Voir le lien en bas de l'article :

https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-choix-franceinfo/le-nombre-de-demissions-denseignants-a-triple-en-10-ans-c-etait-trop-difficile-psychologiquement_4774265.html

J'aime beaucoup ce passage :

"Aujourd’hui Marie se dit déjà "dégoûtée du métier". "Pour une fiche de cours que je prends dans un livre, indique-t-elle, je dois faire plein de paperasse derrière : écrire que j’ai pris tel exercice de tel endroit et pourquoi je prends celui-là, quelle place il a dans ma séquence, il faut tout détailler. Et je trouve ça très très lourd."

Merci Jacq pour le lien.
Je suis allée lire les commentaires. Pour une fois, pas de méchancetés, pas trop d'idioties.

Tiens j'ai vu aussi...

C'est du dégondage de portes béantes, mais un article de plus sur le sujet ne fait franchement pas de mal...

Parmi les commentaires il y avait quand même: "ce n'est pas un métier pour les faibles, et d'ailleurs il faut passer de test psychologiques"...

Et encore ces idées de vocation, sacerdoce, passion..tout un vocabulaire pseudo-religieux que j'en suis arrivé à exécrer.

J'ai lu l'article ainsi que les commentaires, merci de les avoir proposés d'ailleurs. C'est vrai que si pour nous ce sont des redites et rien de nouveau sous le soleil, il faut admettre que les intervenants qui se sont permis des contre-vérités assenées avec un aplomb féroce (j'y adjoins l'intervention sur les "tests psychologiques") se sont fait rembarrer avec  moult explications de texte, exemples et démonstrations, ce que je trouve très bien. Si au moins ceux qui n'y connaissent rien et nous fustigent à longueur de temps parviennent à mieux comprendre nos conditions de travail à travers ces témoignages , ce sera déjà pas mal (la goutte d'eau , l'océan, toussa...)

Jacq a écrit:Dans cet article, des témoignages chargés d'authenticité.

Voir le lien en bas de l'article :

https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-choix-franceinfo/le-nombre-de-demissions-denseignants-a-triple-en-10-ans-c-etait-trop-difficile-psychologiquement_4774265.html

J'aime beaucoup ce passage :

"Aujourd’hui Marie se dit déjà "dégoûtée du métier". "Pour une fiche de cours que je prends dans un livre, indique-t-elle, je dois faire plein de paperasse derrière : écrire que j’ai pris tel exercice de tel endroit et pourquoi je prends celui-là, quelle place il a dans ma séquence, il faut tout détailler. Et je trouve ça très très lourd."

Ce qu'elle écrit est particulièrement pénible à vivre pour les stagiaires.

Olympias a écrit:

Jacq a écrit:Dans cet article, des témoignages chargés d'authenticité.

Voir le lien en bas de l'article :

https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-choix-franceinfo/le-nombre-de-demissions-denseignants-a-triple-en-10-ans-c-etait-trop-difficile-psychologiquement_4774265.html

J'aime beaucoup ce passage :

"Aujourd’hui Marie se dit déjà "dégoûtée du métier". "Pour une fiche de cours que je prends dans un livre, indique-t-elle, je dois faire plein de paperasse derrière : écrire que j’ai pris tel exercice de tel endroit et pourquoi je prends celui-là, quelle place il a dans ma séquence, il faut tout détailler. Et je trouve ça très très lourd."

Ce qu'elle écrit est particulièrement pénible à vivre pour les stagiaires.

Oh oui, je sais bien. Tout cela pour rien. J'ai une collègue qui était stagiaire 18h00 (plus HSA, pas de commentaire) : c'était l'enfer mais elle le faisait.
Franchement si, à "mon époque", on m'avait demandé tout cela je me serais tiré rapidement avant même d'avoir terminé l'année.
Mais j'ai aussi des collègues titulaires depuis des années qui font encore cela. Abrutissement généralisé pour une administration débile qui se demande comment nous évaluer. Comme si les inspecteurs allaient se taper la lecture de toute cette "paperasse".

Jacq a écrit:

Olympias a écrit:

Jacq a écrit:Dans cet article, des témoignages chargés d'authenticité.

Voir le lien en bas de l'article :

https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-choix-franceinfo/le-nombre-de-demissions-denseignants-a-triple-en-10-ans-c-etait-trop-difficile-psychologiquement_4774265.html

J'aime beaucoup ce passage :

"Aujourd’hui Marie se dit déjà "dégoûtée du métier". "Pour une fiche de cours que je prends dans un livre, indique-t-elle, je dois faire plein de paperasse derrière : écrire que j’ai pris tel exercice de tel endroit et pourquoi je prends celui-là, quelle place il a dans ma séquence, il faut tout détailler. Et je trouve ça très très lourd."

Ce qu'elle écrit est particulièrement pénible à vivre pour les stagiaires.

Oh oui, je sais bien. Tout cela pour rien. J'ai une collègue qui était stagiaire 18h00 (plus HSA, pas de commentaire) : c'était l'enfer mais elle le faisait.
Franchement si, à "mon époque", on m'avait demandé tout cela je me serais tiré rapidement avant même d'avoir terminé l'année.
Mais j'ai aussi des collègues titulaires depuis des années qui font encore cela. Abrutissement généralisé pour une administration débile qui se demande comment nous évaluer. Comme si les inspecteurs allaient se taper la lecture de toute cette "paperasse".

Franchement comme il est fréquent que je modifie ce que j'avais prévu parce que j'ai trouvé un article au dernier moment, je ne comprends pas cette obsession.

Je pense que c’est par paresse managériale: comme l’évaluation des enseignants est en réalité impossible surtout en une heure et que l’évaluation est au cœur d’un système qu’on veut faire évoluer vers une rémunération au « mérite » ( qui consiste à «  cocher des cases ») on tombe dans les travers du système soviétique où il faut cocher des cases…. Et on em* tout le monde à bâtir des « progressions annuelles «  et des séquences avec titres et problématiques ( toutes choses qui ne servent à rien en réalité, la seule chose importante étant de savoir/où on va et dans quel but) au lieu de concentrer son énergie à ce qui est efficace dans le moment.(remplacé par: «  il faut que je tienne ma progression »)
Je ne pense pas que je serais devenue enseignante aujourd’hui.

La progression n'est pas tant le problème en soi que l'infaisabilité du programme en tenant compte des élèves les plus en difficulté dans les conditions d'enseignement font on dispose.

Il y a un problème, véhiculé par les INSPE, une partie des IEN/CPC et quelques IA-IPR :

- la folie des fiches de préparation et du cahier du jour dénaturé pour devenir un fichier de fiche de préparation ultra-détaillée.
- l'inanité de la formation à créer des progressivités et à utiliser professionnellement ce document.

Je n'ai jamais fait de fiche de préparation de ma vie (je n'en vois aucunement l'idée) et je vois trop peu de jeunes collègues savoir faire une progressivité (même sur ce forum). Ce n'est pas leur faute, c'est celle de la formation initiale. Notre outil le plus essentiel avec le carnet de route (qui sert à noter ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas dans nos deux documents essentiels : la programmation et la progressivité) n'est pratiquement pas présenté et enseigné aux jeunes professionnels. Une progressivité, ça fait deux à quatre pages et une programmation pareil. On les fait en juillet-août et ce sont notre boussole et nos cartes de l'année.

J'ai accueilli dans mes classes cette année une ancienne élève en master 1. Je lui ai donné une étude de cas à mener en géo 6e et plus tard, comme elle se débrouillait bien, un petit chapitre d'histoire 4e (évaluation comprise). J'ai halluciné quand elle m'a expliqué qu'elle était censée faire des fiches de préparation qui minutaient précisément les différentes activités de chaque séance. Mais quelle personne peut imaginer qu'on sait exactement à l'avance le temps précis que ça va prendre ? Cela dépend de tant de facteurs !

Isis39 a écrit:J'ai accueilli dans mes classes cette année une ancienne élève en master 1. Je lui ai donné une étude de cas à mener en géo 6e et plus tard, comme elle se débrouillait bien, un petit chapitre d'histoire 4e (évaluation comprise). J'ai halluciné quand elle m'a expliqué qu'elle était censée faire des fiches de préparation qui minutaient précisément les différentes activités de chaque séance. Mais quelle personne peut imaginer qu'on sait exactement à l'avance le temps précis que ça va prendre ? Cela dépend de tant de facteurs !

La folie du contrôle absolu de ce que fait le stagiaire et qui permet de faire des reproches si elle ne tient pas sa fiche de préparation comme prévu. Le plus drôle est que les formateurs et cadres qui veulent ces fiches de préparation sont les mêmes qui vantent les travaux de Mme Bucheton et fustigent la posture de contrôle qu'elle y décrit (sans avoir compris que Mme Bucheton ne voit pas de mal dans la posture de contrôle qui est une des postures utiles et possibles selon les circonstances de travail, le vendredi de 16h à 17h avec mes 3e de la mort qui tue, je suis en posture de contrôle pendant le premier quart d'heure au minimum, question de survie globale pour tout le monde).

Je ne comprends même pas de quoi vous parlez et je crois que c'est tant mieux et que le jour où on m'imposera tous ces machins, ça achèvera de me dégoûter de ce métier. Je m'adapte à mes élèves au jour le jour, à leurs questions, à leurs réactions. Je n'ai aucune idée, au début de l'heure, de la « quantité » de cours que j'aurai faite. Je préfère miser sur la qualité. Faire progresser nos élèves, c'est la seule chose qui nous reste. Le jour où on nous enlève ça...

Je n'ai retenu qu'une chose de mes premières inspections, c'est que le défaut des stagiaires (lié à la pression de l'évaluation), c'est de vouloir faire leur cours et boucler le programme à tout prix, mais que ce qui importe, ce n'est pas ce que le prof a fait sur le papier, mais ce que les élèves ont VRAIMENT appris. De sorte qu'on ne peut pas avoir la même « progression » avec deux classes. Combien de temps encore aurons-nous des inspecteurs intelligents qui nous feront confiance au lieu de nous transformer en distributeurs de photocopies à trous ?

Tu peux présenter à quo peuvent ressembler ces deux documents, @elyas ?

Ça m'intéresse même si j'enseigne une autre discipline.

lene75 a écrit:Je ne comprends même pas de quoi vous parlez et je crois que c'est tant mieux et que le jour où on m'imposera tous ces machins, ça achèvera de me dégoûter de ce métier. Je m'adapte à mes élèves au jour le jour, à leurs questions, à leurs réactions. Je n'ai aucune idée, au début de l'heure, de la « quantité » de cours que j'aurai faite. Je préfère miser sur la qualité. Faire progresser nos élèves, c'est la seule chose qui nous reste. Le jour où on nous enlève ça...

Je n'ai retenu qu'une chose de mes premières inspections, c'est que le défaut des stagiaires (lié à la pression de l'évaluation), c'est de vouloir faire leur cours et boucler le programme à tout prix, mais que ce qui importe, ce n'est pas ce que le prof a fait sur le papier, mais ce que les élèves ont VRAIMENT appris. De sorte qu'on ne peut pas avoir la même « progression » avec deux classes. Combien de temps encore aurons-nous des inspecteurs intelligents qui nous feront confiance au lieu de nous transformer en distributeurs de photocopies à trous ?

Par chez moi, le texte à trous peut bloquer les élèves, il est donc à éviter.

Je suis intervenu dans la classe de notre stagiaire en secondes pour présenter les spécialités. Pendant qu'elle expliquait ma présence j'ai machinalement jeté un coup d'oeil à sa préparation posée sur le bureau et j'ai cru à un gag: telle activité 2 mn, telle autre 3 etc... la pauvre, j'ai dû bouleverser toute sa séance.
Je comprends pourquoi je ne serai jamais tuteur, comment peut-on cautionner de telles âneries? C'est à mon sens tout l'opposé d'un cours.

Je serais un peu moins dur avec les fiches de préparation pour les stagiaires. Ça permet de poser les choses, de hiérarchiser, de s'organiser. Au début c'est compliqué tout ça. Bien sûr comme disent les militaires la première victime de la confrontation réelle avec l'ennemi c'est le plan de bataille. Il faut le leur dire et travailler cette capacité à s'adapter au réel de la classe au fur et à mesure du déroulement du cours. Mais partir sans un projet de cours bien structuré et posé a l'écrit pour un débutant ça me paraît difficilement possible. Ceci dit la programmation à la minute c'est un peu ridicule voire contre productif.

J'étais - je suis - de ton avis, VM. Et c'est une parole de débutant depuis 20 ans s'agissant de la gestion du temps de séance, du temps de séquence, du temps de progression annuelle.

Lord Steven a écrit:Je suis intervenu dans la classe de notre stagiaire en secondes pour présenter les spécialités. Pendant qu'elle expliquait ma présence j'ai machinalement jeté un coup d'oeil à sa préparation posée sur le bureau et j'ai cru à un gag: telle activité 2 mn, telle autre 3 etc... la pauvre, j'ai dû bouleverser toute sa séance.
Je comprends pourquoi je ne serai jamais tuteur, comment peut-on cautionner de telles âneries? C'est à mon sens tout l'opposé d'un cours.

J'ai été tutrice et je n'ai jamais vu le moindre minutage d'activité chez mes stagiaires ni un cours qu'il fallait impérativement boucler dans la séance.