[Libération, BFM] Job dating à Versailles:" Je pensais qu’il fallait des diplômes pour être prof"

Il y a aussi ceux qui viennent du privé et y gagnaient bien plus, au bout d'un certain nombre d'années, qu'un prof en début de carrière.

e-Wanderer a écrit:

Oxford a écrit:Chronique de Tanguy Pastureau hier ; à la fin il parle de ce "job dating" :

mercredi 1 juin 2022 par Tanguy Pastureau : "N'importe qui peut devenir prof"...

https://www.franceinter.fr/emissions/tanguy-pastureau-maltraite-l-info/tanguy-pastureau-maltraite-l-info-du-mercredi-01-juin-2022

Ouh la vache, qu'est-ce qu'il est drôôôle !

A oui !

FlorentGDG a écrit:

Salsepareille a écrit:
Il y a plusieurs contractuels dans mon collège, qui connaissent les mêmes galères que tu racontes. Je n'ai jamais bien compris pourquoi ne pas alors passer le concours?
C'est une réelle question. Autrefois, je pensais que certains refusaient le concours car une fois dans la fonction publique, on est un peu "enfermés". Or, les démissions pleuvent cette année et sont possibles. Donc cet argument ne tient plus... et là, je ne comprends plus.

Tout simplement à cause des mutation. Le concours quand on a une famille, maison, ... ce n'est pas possible.
En Techno, je suis certain de passer 15ans à Créteil avant de pouvoir bouger (1400 pts environ pour aller en Isère. Quand on connait le nombre de postes vacants...).

Autant tu veux bien sacrifier 5 ans dans une autre région avec un vrai salaire et une vraie reconnaissance (voir les cadres sup qui voyagent beaucoup), autant vu la situation actuelle il faut être totalement fou.

Vous souhaitez devenir médecin ? Participez au #JobDating ! pic.twitter.com/529c6XwBe2

— SNES-FSU (@SNESFSU) June 1, 2022

Vous souhaitez devenir pilote de ligne ? Participez au #jobdating ! pic.twitter.com/urZX1xxDou

— SNES-FSU (@SNESFSU) June 1, 2022

berzeko a écrit:

FlorentGDG a écrit:

Salsepareille a écrit:
Il y a plusieurs contractuels dans mon collège, qui connaissent les mêmes galères que tu racontes. Je n'ai jamais bien compris pourquoi ne pas alors passer le concours?
C'est une réelle question. Autrefois, je pensais que certains refusaient le concours car une fois dans la fonction publique, on est un peu "enfermés". Or, les démissions pleuvent cette année et sont possibles. Donc cet argument ne tient plus... et là, je ne comprends plus.

Tout simplement à cause des mutation. Le concours quand on a une famille, maison, ... ce n'est pas possible.
En Techno, je suis certain de passer 15ans à Créteil avant de pouvoir bouger (1400 pts environ pour aller en Isère. Quand on connait le nombre de postes vacants...).

Autant tu veux bien sacrifier 5 ans dans une autre région avec un vrai salaire et une vraie reconnaissance (voir les cadres sup qui voyagent beaucoup), autant vu la situation actuelle il faut être totalement fou.

Alors, en "vrai", le coup du 15 ans pour la techno, c'est en vigueur depuis justement....au moins 15 ans.
Sauf que c'était difficilement imaginable il y a 15 ans. On" ne pouvait pas savoir à ce moment-là que ce serait non pas 5 ou 8 ans qu'il fallait faire en RP en techno mais beaucoup plus.
Il est évident que si le choix de passer l'externe (2005 pour moi) était à refaire, je ne le referais pas. 
16 ans titulaire, 20 ans dans l'EN (j'étais SE) et toujours sur mon premier poste de REP93. Le rêve.

Dans le temps de mes études une bonne partie de mes camarades étudiants n’ont pas passé les concours après leur maîtrise, pour rester dans l’académie de Nice qui était alors quasi impossible à obtenir en début de carrière. Ils ont fait carrière en étant progressivement intégrés comme certifiés puis agrégés (avec un parcours prépa et maîtrise ). En plus les écoles privées ne manquaient pas dans le coin.

Iphigénie a écrit:Dans le temps de mes études une bonne partie de mes camarades étudiants n’ont pas passé les concours après leur maîtrise, pour rester dans l’académie de Nice qui était alors quasi impossible à obtenir en début de carrière. Ils ont fait carrière en étant progressivement intégrés comme certifiés puis agrégés (avec un parcours prépa et maîtrise ). En plus les écoles privées ne manquaient pas dans le coin.

Et si tu savais mon aca d'origine... (les SE, nous n'avions pas de bonif particulière en points pour rester (seulement un reclassement une fois titulaire, reclassement à l'échelon que tous les débutants ont désormais-> le 3è), alors que les AED en ont je crois)

académie d'origine:

L'année de bonification d'ancienneté de l'époque Sarkozy a été abrogée lors de la réforme des recrutements de 2014… et n'a pas été réinstaurée malgré la toute dernière réforme qui remet les concours externes au moment du M2.
Et les reprises d'ancienneté lors du classement dans les échelons (y compris celles des AED et des MI/SE) s'ajoutaient à cette année de bonification.

Oui enfin moi je vous parle de la fin des années 70 hein

La conversation m'a fait penser au "Maitre d'Ecole" avec Coluche. On est dans les années 70, il est au chomâge et il décide de devenir instituteur-remplaçant. Dans mon souvenir, il postule et il est embauché assez vite .

Bref, la situation n'est pas nouvelle. Ce qui est nouveau (il me semble), c'est que les concours ne font plus le plein et que l'on assume pleinement cette manière de recruter des professeurs (c'est une "initiative" ).

Ca plus tout le reste. Mais bon, heureusement que notre Président compte revaloriser la fonction

C'est un film à revoir d'ailleurs.

Ce que je m'explique moins que ce laisser-aller gouvernemental (pour rester soft), c'est l'inertie des parents. Ne serait-ce pas la preuve qu'ils ont entériné l'idée que les réseaux valent mieux qu'une bonne scolarité ponctuée par un diplôme de valeur ?

Celadon a écrit:Ce que je m'explique moins que ce laisser-aller gouvernemental (pour rester soft), c'est l'inertie des parents. Ne serait-ce pas la preuve qu'ils ont entériné l'idée que les réseaux valent mieux qu'une bonne scolarité ponctuée par un diplôme de valeur ?

Je pense qu'ils ont peur qu'il n'y ait personne à la rentrée et qu'ils préfèrent n'importe qui plutôt que personne.

lene75 a écrit:

Celadon a écrit:Ce que je m'explique moins que ce laisser-aller gouvernemental (pour rester soft), c'est l'inertie des parents. Ne serait-ce pas la preuve qu'ils ont entériné l'idée que les réseaux valent mieux qu'une bonne scolarité ponctuée par un diplôme de valeur ?

Je pense qu'ils ont peur qu'il n'y ait personne à la rentrée et qu'ils préfèrent n'importe qui plutôt que personne.

Ce qui peut d'ailleurs se comprendre : avec une personne devant les élèves on a une chance que cette personne soit compétente, s'il n'y a personne la question ne se pose pas. Sans parler des problèmes de garde d'enfants pour les plus jeunes.

Et même les parents d'élève qui s'indignent ne peuvent pas faire grand-chose seuls dans leur coin, et probablement certains ont l'impression que ça a toujours été comme ça (c'est ce qui ressort dans certains messages postés ici même, alors pourquoi pas dans l'esprit des parents d'élèves aussi).

lene75 a écrit:

Je pense qu'ils ont peur qu'il n'y ait personne à la rentrée et qu'ils préfèrent n'importe qui plutôt que personne.

Dans mon collège, c'est clairement le cas.

Après, dans ma REP+ de région parisienne à la réputation qui n'est plus faire, les remplaçants ne se bousculent pas au portillon. Le 3e n'ont pas eu anglais depuis septembre, exception faite de 3 trois petites semaines : c'est le temps qu'a tenu le seul contractuel à avoir accepté le poste.

Iphigénie a écrit:Dans le temps de mes études une bonne partie de mes camarades étudiants n’ont pas passé les concours après leur maîtrise, pour rester dans l’académie de Nice qui était alors quasi impossible à obtenir en début de carrière. Ils ont fait carrière en étant progressivement intégrés comme certifiés puis agrégés (avec un parcours prépa et maîtrise ). En plus les écoles privées ne manquaient pas dans le coin.

Idem à Toulouse dans les années 90..... Je l'avais mauvaise.....

Desperado66 a écrit:

lene75 a écrit:

Je pense qu'ils ont peur qu'il n'y ait personne à la rentrée et qu'ils préfèrent n'importe qui plutôt que personne.

Dans mon collège, c'est clairement le cas.

Après, dans ma REP+ de région parisienne à la réputation qui n'est plus faire, les remplaçants ne se bousculent pas au portillon. Le 3e n'ont pas eu anglais depuis septembre, exception faite de 3 trois petites semaines : c'est le temps qu'a tenu le seul contractuel à avoir accepté le poste.

Dans l'école de mon fils, l'instit' de CE1, arrêté depuis début Mai n'est pas remplacée et ne le sera pas jusque Juillet...

Himpy a écrit:

Desperado66 a écrit:

lene75 a écrit:

Je pense qu'ils ont peur qu'il n'y ait personne à la rentrée et qu'ils préfèrent n'importe qui plutôt que personne.

Dans mon collège, c'est clairement le cas.

Après, dans ma REP+ de région parisienne à la réputation qui n'est plus faire, les remplaçants ne se bousculent pas au portillon. Le 3e n'ont pas eu anglais depuis septembre, exception faite de 3 trois petites semaines : c'est le temps qu'a tenu le seul contractuel à avoir accepté le poste.

Dans l'école de mon fils, l'instit' de CE1, arrêté depuis début Mai n'est pas remplacée et ne le sera pas jusque Juillet...

Donc les CE1 n'ont pas cours, et sont répartis dans les autres classes. L'horreur pour tous.

Il n'y a aucune autre solution face à l'urgence.

Le véritable scandale, c'est le fait d'avoir laissé cette situation arriver et ne rien faire pour s'en sortir.

Himpy a écrit:

Desperado66 a écrit:

lene75 a écrit:

Je pense qu'ils ont peur qu'il n'y ait personne à la rentrée et qu'ils préfèrent n'importe qui plutôt que personne.

Dans mon collège, c'est clairement le cas.

Après, dans ma REP+ de région parisienne à la réputation qui n'est plus faire, les remplaçants ne se bousculent pas au portillon. Le 3e n'ont pas eu anglais depuis septembre, exception faite de 3 trois petites semaines : c'est le temps qu'a tenu le seul contractuel à avoir accepté le poste.

Dans l'école de mon fils, l'instit' de CE1, arrêté depuis début Mai n'est pas remplacée et ne le sera pas jusque Juillet...

Ma nièce aussi en CE1 n'a pas eu d'instit pendant au moins 2 mois (secteur avec quartier favorisé, rien à voir avec REP+).
Pour un de mes neveux qui est dans le privé, une absence de ce type et hop un parent se porte volontaire dès le premier jour.

Les parents ne savent pas comment agir. Même les élus en ca. Et en fait peu d'enseignants se mobilisent sur ces sujets.

Je trouve même que les syndicats, le mien y compris, sont vraiment frileux et ne s'emparent pas du sujet. Ils redoutent sans doute les projets Macron façon RCD généralisés.

Mais c'est une erreur stratégique à mon avis, car on laisse s'installer dans l'opinion publique ce genre de mauvaises solutions, au lieu de pousser nos revendications en prenant appui sur la légitime colère des parents.

Un de mes profs de prépa nous avait raconté avoir été rémunéré durant ses études, justement parce que l’on manquait d’enseignants et que cela permettait de s’assurer un recrutement (je l’avais beaucoup envié car j’avais de gros problèmes d’argent, mais l’expression OK Boomer n’avait pas encore été inventée). Il y a donc des solutions qui ont déjà été utilisées avec succès. C’est juste que l’on ne veut pas de solutions que les Américains qualifieraient volontiers de ‘socialistes’.
On ne veut pas non plus de solutions capitalistes, telles qu’une amélioration des conditions salariales et/ou de travail qui diminueraient certainement le turnover et encourageraient les vocations. Du coup, on est dans le marasme idéologique, à mon avis parce que pour en sortir il faudrait que les vrais responsables admettent qu’ils se sont trompés, et depuis pas mal de temps encore, et que l’éducation c’est utile, que les enseignants sont respectables et qu’ils doivent être traités avec un minimum de respect et de considération. Ce serait un engrenage, qui pourrait conduire à reconnaître qu’il faut mieux payer les infirmières, que l’on a besoin d’agriculteurs plus que de traders, et que personne ne sait vraiment à quoi servent les sénateurs. Bref, la faillite de la civilisation.

Oui dans les années 70 il y avait les IPES je crois, pour devenir PEGC, et on recevait une rémunération.

EDIT: et ton prof de prépa était peut-être tout simplement passé par l'ENS.

Exactement. Et ce marasme idéologique contemporain s'appelle "en même temps".

Je milite au SNES-FSU depuis bientôt 15 ans et la question des pré recrutements est un de nos mandats portés par mon syndicat au moins depuis ce temps mais en fait depuis plus longtemps encore.

C'est devenu encore plus impératif avec la masterisation qui avait fait débat en interne, notamment entre mon courant, majoritaire et pro masterisation et le gros courant minoritaire alors critique.

En fait les pré recrutements sont une nécessité et pas seulement à cause de la masterisation.

Cependant comme tout ce qui a trait à la formation initiale, ce sujet n'est porté que par "l'encadrement" syndical : les directions nationales, académiques, départementales, les secteurs entrée dans le métier.

Sur le terrain les profs ne se sentent pas concernés. Les militants d'échelon établissement faute d'être les mains dans le cambouis sont déconnectés surtout avec l'accumulation des réformes de la formation initiale, et dans la mesure où les tuteurs et inspe font écran entre les stagiaires et les militants syndicaux.

C'est un énorme problème.

Mon père est passé par les ipes (concours après prépa) puis a obtenu son capes externe, son agregation externe et a été lui même prof de prépa pendant 30 ans. Il est parti à la retraite à 61 ans avec 41 années de cotisation en 2006