Blois : tentative de suicide d'une collègue

Provence a écrit:

Reine Margot a écrit:L'article souligne surtout la complexité de la situation dans l'établissement je pense.
On voit le rôle des fédérations de parents d'élèves et des syndicats enseignants.
Après, oui, le harcèlement existe partout et dans tous les métiers.

Non, on ne voit rien du tout. L'article rapporte les allégations d'un syndicat de chefs d'établissement. On ne peut pas en vouloir aux professeurs de se défendre des attaques des parents d'élèves et d’attendre du soutien de la part du CDE.

Reine Margot a écrit:

Ha@_x a écrit:Oui si on excepte que c'est aussi une belle tribune pour quelques zouaves du SNPDEN qui en profitent pour tirer à vue sur les profs.

C'est un syndicat de CDE qui porte le point de vue des CDE, comme les syndicats enseignants peuvent se plaindre de la méchante administration...

Point de vue de certains CDE. Pas de tous.

L'article parle d'une situation complexe avec plaintes de certains parents et intervention de la fédération de parents d'élèves. Les profs sont en sandwich entre les élèves, les parents et l'administration, mais les CDE sont aussi entre les parents et les exigences de leur hiérarchie...et certains profs (pas tous) ne leur rendent pas la vie facile.

Reine Margot a écrit:

L'article parle d'une situation complexe avec plaintes de certains parents et intervention de la fédération de parents d'élèves. Les profs sont en sandwich entre les élèves, les parents et l'administration, mais les CDE sont aussi entre les parents et les exigences de leur hiérarchie...et certains profs (pas tous) ne leur rendent pas la vie facile.

L'article donne la parole à un syndicat de CDE qui en profite pour régler ses comptes. Je ne sais pas de quels professeurs tu parles ici. Il ne faut pas parler sans savoir.

En même temps, est-ce bien ici le lieu d'en débattre ?

JayKew a écrit:

L’une des choses qui m’a interpellé, c’est l’âge de la collègue (64 ans). Je me dis que ce n’est pas un âge où on devrait se trouver encore devant des élèves. C’est un âge où on devrait pouvoir se reposer, profiter un peu de la vie. Et dire qu’un certain président en exercice, candidat à sa propre succession, voudrait passer l’âge légal de la retraite à 65 ans…

Quant à la vidéo qui circule… mon Dieu… Tout est spectacle aujourd’hui, snapchatisé. Consternant.

L'article de  la Nouvelle République affirme "qu'elle est triste et solitaire", et qu'il n'y a aucun problème d'ordre professionnel.  Ce qui rejoint, en quelque sorte,  les propos d'H@ax.

Si elle est effectivement seule sur le plan financier, et si elle souhaite une retraite convenable, il est bien possible qu'elle soit obligée de travailler jusqu'au maximum légal, soit 67 ans.

Je m'interroge aussi sur cette vidéo. Si le geste a été aussi soudain qu'on le laisse entendre, comment a t-il pu être filmé ? Et comment peut-on avoir si peu d'empathie pour balancer ça comme un spectacle ?

Enfin ce n'est pas le moment de spéculer, mais on revient toujours à la même chose : qu'il soit d'ordre professionnel ou personnel, ce mal-être aurait peut-être été exprimé à (ou perçu par)  la médecine du travail si nous en avions une. Quoi qu'il en soit, c'est terriblement triste et toute ma compassion va prioritairement à cette femme, et le cas échéant à ses proches, j'espère qu'elle va se remettre physiquement et psychologiquement.

Quand un enseignant se suicide sur son lieu de travail, ce n’est jamais professionnel pour notre administration. Le choix du lieu n’est pourtant pas anodin.

"Triste et solitaire" mais sinon aucun problème, on est rassuré (et étrange usage de l'imparfait pour décrire la scène). 

64 ans c'est un âge où on doit commencer à en avoir vraiment, mais alors vraiment marre.

JayKew a écrit:Heureux de savoir que la collègue est désormais hors de danger, même si de longs mois de rééducation l’attendent, sans parler de sa propre détresse psychologique en toile de fond.

L’une des choses qui m’a interpellé, c’est l’âge de la collègue (64 ans). Je me dis que ce n’est pas un âge où on devrait se trouver encore devant des élèves. C’est un âge où on devrait pouvoir se reposer, profiter un peu de la vie. Et dire qu’un certain président en exercice, candidat à sa propre succession, voudrait passer l’âge légal de la retraite à 65 ans…

Quant à la vidéo qui circule… mon Dieu… Tout est spectacle aujourd’hui, snapchatisé. Consternant.

Idem.

Depuis deux jours, je suis triste et en colère.

Je crois qu'il faut connaître (comme souligné dans un message) la situation des professeurs de LP dans la discipline concernée (Gestion Administration) pour comprendre qu'un grand nombre de collègues sont en souffrance. C'est un acte isolé mais je peux vous garantir que le malaise est bien présent (et les éternels démagos qui vantent les mérites de la formation en SDP, j'ai un argumentaire tout prêt à vous servir car je commence à faire partie de ces anciens...). Réformes successives, perte de sens, perte d'identité et public pas si facile voire le pire public dans un LP...

Certains s'étonnent de l'âge. Là encore, il faut savoir que dans la discipline, la pyramide des âges est très élevée, les recrutements sont quasi-fermés (sauf le mode contractuel hein...) et beaucoup de collègues de la voie pro n'ont pas démarré dans l'EN, ils ont eu souvent une carrière dans le privé avant.

Le premier coup de massue est venu en 2012 lorsque l'étiquette de recrutement a été supprimée. Sympa d'être recruté sur un métier et de vous entendre dire que vous allez faire autre chose... Chaque académie a décidé de mener cette sombre politique de destruction à son rythme. Certains inspecteurs ont réagi deux doigts sur la couture, d'autres ont étiré les injonctions sur 5 ans. Je ne compte plus le nombre de collègues qui sont partis. Un rythme effrayant.

Souvenez-vous de la situation des STI... nous sommes depuis 4 ans dans le viseur du Ministre qui a donné aux académies une feuille de route de suppression de 50 % des effectifs dans un silence assourdissant. 4200 professeurs sont concernés. Chaque DRH a convié les enseignants à de grandes messes de la reconversion, le mode "anxiogène" en ON. Nous sommes tous ressortis de là ébranlés.

Tous les bassins sont touchés, des formations sont rayées de la carte tous les ans. Dans certains lycées, les "anciens" sont ostracisés à la fois par l'institution, les CDE et par leurs propres collègues. Il suffit de lancer une recherche Internet pour avoir une idée de l'hécatombe. Et le bac pro "AGOrA" n'arrange en rien le sentiment de perte de repères. Du numérique, du digital... le tout saupoudré d'un tas de dispositifs nouveaux qu'il a fallu encore maîtriser. Des collègues tiennent, mais sont totalement désabusés et la machine avance.

Je souhaite beaucoup de courage à cette collègue pour s'en remettre. Jems, un collègue triste et écœuré.

La situation des collègues d'éco-gestion est en effet très dure... Dans mon LP, la prof de cette matière n'en peut plus non plus, et elle est également âgée, désabusée et tres fatiguée mentalement, physiquement et moralement, ce qui se traduit par des soucis de santé graves... En plus elle risque chaque année de se retrouver en sous-service donc envoyée faire un complément ailleurs (on s'arrange pour que ce ne soit pas le cas, mais pas sûr que ce soit possible pendant les qqs années qu'il lui reste avant la retraite)... Dans mon LP, toutes les matières générales souffrent : perte de sens, perte d'heures, élèves presqu'analphabètes, perte de motivation, gestion de classe impossible, etc. (je l'ai déjà raconté plusieurs fois tout ça, pas envie de tout réécrire). Et lire ce que j'ai lu sur les gens qui se débrouillent encore pour reprocher à la collègue qui a tenté de mettre fin à ses jours tout et son contraire, c'est révoltant...

JayKew a écrit:
L’une des choses qui m’a interpellé, c’est l’âge de la collègue (64 ans). Je me dis que ce n’est pas un âge où on devrait se trouver encore devant des élèves. C’est un âge où on devrait pouvoir se reposer, profiter un peu de la vie. Et dire qu’un certain président en exercice, candidat à sa propre succession, voudrait passer l’âge légal de la retraite à 65 ans…

Bah avec les vies de maintenant, quand ce sera notre tour d'avoir droit à la retraite, soit nous aurons une somme dérisoire, soit nous serons morts ou malades avant d'y arriver ....
"En France, l'espérance de vie en bonne santé s'élève à 64,5 ans pour les femmes et 63,4 ans pour les hommes. "
https://www.sciencesetavenir.fr/sante/age-pivot-quel-est-l-age-d-esperance-de-vie-en-bonne-sante-en-france_140319

Surtout que j'ai vu plusieurs fois des collègues qui ont flanché les dernières années ou derniers mois alors qu'ils étaient des "super profs" (tant est que cette expression signifie quelque chose) et être en difficulté ou ringardisés par d'autres collègues. C'est quelque chose qui m'inquiète beaucoup.

roxanne a écrit:Surtout que j'ai vu plusieurs fois des collègues qui ont flanché les dernières années ou derniers mois alors qu'ils étaient des "super profs" (tant est que cette expression signifie quelque chose) et être en difficulté ou ringardisés par d'autres collègues. C'est quelque chose qui m'inquiète beaucoup.

Les " vieux profs" sont dans le viseur. De différentes manières, ON leur montre qu'ils ne sont plus à leur place. Dans mon lep, les arrivant ( pas tous) font la courbette au cde adjoint, à cela s'ajoutent ceux entre deux ages qui le faisaient déjà.  En gros quand les plus expérimentés notent la dégringolade du système entre autres, on a la réponse de ceux qui vont faire mieux, toi tu ne sais plus. Les plus jeunes sont capables de faire plus avec moins. En fait capables de tout, du pire comme du meilleur ( il y en a aussi, mais eux restent sympa et parfois subissent aussi) Du vécu  et les collègues qui sont encore en poste le subissent à leur tour. Sans compter ceux qui, depuis toujours, distillent leur venin. Ce qui m'a fait tenir les dernières années, c'est d'être syndiquée et d'avoir une psychologue professionnelle à l'écoute et me donnant des pistes. 
Je discute avec une enseignante ( juste dans une ferme en vente directe) et elle devrait aller jusque 66 ans pour avoir une retraite pleine, elle ne s'y voit pas. Le métier devient épuisant sur le plan physique mais surtout psychologique.
Cette collègue n'est que l'arbre qui cache la forêt. Et s'il y avait une médecine de prévention?
Je suis ravie qu'elle soit encore là, mais quelles conséquences physiques pour elle?

JEMS a écrit:Depuis deux jours, je suis triste et en colère.

Je crois qu'il faut connaître (comme souligné dans un message) la situation des professeurs de LP dans la discipline concernée (Gestion Administration) pour comprendre qu'un grand nombre de collègues sont en souffrance. C'est un acte isolé mais je peux vous garantir que le malaise est bien présent (et les éternels démagos qui vantent les mérites de la formation en SDP, j'ai un argumentaire tout prêt à vous servir car je commence à faire partie de ces anciens...). Réformes successives, perte de sens, perte d'identité et public pas si facile voire le pire public dans un LP...

Certains s'étonnent de l'âge. Là encore, il faut savoir que dans la discipline, la pyramide des âges est très élevée, les recrutements sont quasi-fermés (sauf le mode contractuel hein...) et beaucoup de collègues de la voie pro n'ont pas démarré dans l'EN, ils ont eu souvent une carrière dans le privé avant.

Le premier coup de massue est venu en 2012 lorsque l'étiquette de recrutement a été supprimée. Sympa d'être recruté sur un métier et de vous entendre dire que vous allez faire autre chose... Chaque académie a décidé de mener cette sombre politique de destruction à son rythme. Certains inspecteurs ont réagi deux doigts sur la couture, d'autres ont étiré les injonctions sur 5 ans. Je ne compte plus le nombre de collègues qui sont partis. Un rythme effrayant.

Souvenez-vous de la situation des STI... nous sommes depuis 4 ans dans le viseur du Ministre qui a donné aux académies une feuille de route de suppression de 50 % des effectifs dans un silence assourdissant. 4200 professeurs sont concernés. Chaque DRH a convié les enseignants à de grandes messes de la reconversion, le mode "anxiogène" en ON. Nous sommes tous ressortis de là ébranlés.

Tous les bassins sont touchés, des formations sont rayées de la carte tous les ans. Dans certains lycées, les "anciens" sont ostracisés à la fois par l'institution, les CDE et par leurs propres collègues. Il suffit de lancer une recherche Internet pour avoir une idée de l'hécatombe. Et le bac pro "AGOrA" n'arrange en rien le sentiment de perte de repères. Du numérique, du digital... le tout saupoudré d'un tas de dispositifs nouveaux qu'il a fallu encore maîtriser. Des collègues tiennent, mais sont totalement désabusés et la machine avance.

Je souhaite beaucoup de courage à cette collègue pour s'en remettre. Jems, un collègue triste et écœuré.

Merci JEMS. Certains disciplines, et certains secteurs font face à de véritables plans sociaux qui ne disent pas leur nom.
et beaucoup de soutien à la collègue.

Au passage, les 55-64 ans font partie des classes d'âge les plus touchées par le suicide même si la part du suicide dans la mortalité générale est moins élevée que pour les plus jeunes : https://www.infosuicide.org/reperes/epidemiologie/epidemiologie-france-suicides/

Concernant les GA, au moment de la déforme de l'enseignement professionnel (je refuse le terme fourre-tout de "voie professionnelle" qui permettra surtout la fin du LP) un Néo avait posté un lien vers un article ou un texte où un inspecteur rétorquait aux profs de GA se demandant ce qu'ils allaient devenir que le ministère attendait "l'extinction".
Quand on y repense, cela fait froid dans le dos !

Si quelqu’un retrouve cet article, ça m’intéresse.

Provence a écrit:Si quelqu’un retrouve cet article, ça m’intéresse.

je pense à ceci :
https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/herault/drh-academie-montpellier-pensez-euthanasie-si-reconversions-ne-vous-conviennent-pas-1690054.html

"Que doit-on faire si les propositions de reconversion ne nous conviennent pas", interroge lors de la réunion, une enseignante de Narbonne.

Je vais me permettre une réponse avec de l'humour, pensez à l'euthanasie

Oui, ça devait être ça, on en parlait ici: https://www.neoprofs.org/t124356-l-humour-noir-d-une-drh-s-adressant-aux-professeurs-de-gestion-administration#4720147

("Ressources humaines". )

Merci. C’est effarant, les propos comme leur justification.

Révélateur surtout.

Je m'en souviens. La justification " c'est une maladresse" contient en elle-même toute l'outrecuidance, le mépris et le danger que représentent ces donneurs d'ordres et de leçons.
Il est bon de rappeler ces liens en effet, pour garder en tête ce qui nous attend tous ( pour nous, l'antienne de la part du CdE c'est : "Si ça ne vous convient pas vous pouvez partir ".)

Merci !
C'est encore pire que ce dont je me souvenais.

zigmag17 a écrit:Je m'en souviens. La justification " c'est une maladresse" contient en elle-même toute l'outrecuidance, le mépris et le danger que représentent ces donneurs d'ordres et de leçons.
Il est bon de rappeler ces liens en effet, pour garder en tête ce qui nous attend tous ( pour nous, l'antienne de la part du CdE c'est : "Si ça ne vous convient pas vous pouvez partir ".)

Eux sont déjà allés se réfugier ailleurs...

zigmag17 a écrit:Je m'en souviens. La justification " c'est une maladresse" contient en elle-même toute l'outrecuidance, le mépris et le danger que représentent ces donneurs d'ordres et de leçons.
Il est bon de rappeler ces liens en effet, pour garder en tête ce qui nous attend tous ( pour nous, l'antienne de la part du CdE c'est : "Si ça ne vous convient pas vous pouvez partir ".)

Jacq a écrit:Merci !
C'est encore pire que ce dont je me souvenais.

D'autant plus qu'au moment où la personne s'exprime, en février 2019, comme le rappelle l'article (et pour celles et ceux qui ne l'auraient pas lu), il y avait déjà eu cinq suicides parmi les membres du personnel de cet établissement, dont Lise Bonnafous. (Et un 6e suicide deux mois plus tard.)

Jacq: Oui, et tous les jours je dis à mes élèves que nous les voyons en groupes et en face à face, et que de ce fait il faut nous laisser travailler le mieux possible, parce que nous on connait notre boulot et que tout concourt à nous le pourrir. Les pleurnicheries orchestrées par les petits Caïds chez le PA ou dans le bureau des CPE, validées par ces derniers au détriment de notre parole, m'agacent prodigieusement, et me révoltent.
Les classes difficiles + le management mènent au désespoir.  
J'espère que notre collègue va s'en sortir  et pourra profiter par la suite de repos et de répit bien mérités.

Ergo a écrit:

zigmag17 a écrit:Je m'en souviens. La justification " c'est une maladresse" contient en elle-même toute l'outrecuidance, le mépris et le danger que représentent ces donneurs d'ordres et de leçons.
Il est bon de rappeler ces liens en effet, pour garder en tête ce qui nous attend tous ( pour nous, l'antienne de la part du CdE c'est : "Si ça ne vous convient pas vous pouvez partir ".)

Jacq a écrit:Merci !
C'est encore pire que ce dont je me souvenais.

D'autant plus qu'au moment où la personne s'exprime, en février 2019, comme le rappelle l'article (et pour celles et ceux qui ne l'auraient pas lu), il y avait déjà eu cinq suicides parmi les membres du personnel de cet établissement, dont Lise Bonnafous. (Et un 6e suicide deux mois plus tard.)

Horreur absolue.
Tu fais bien de le rappeler Ergo.

France Telecom. A bas bruit.