Faire une remarque à une élève qui porte un crop-top ?

Tristana a écrit:


Et si cela crée des réactions chez les garçons, est-ce de la faute de la fille qui a eu le malheur de mettre un haut qui lui plaisait ?
L'argument de l'attitude me semble difficilement recevable. Soit l'attitude ne va pas, parce qu'on essaie de mettre le bazar en classe et auquel cas, on se fiche du crop-top, soit l'attitude va, et auquel cas on se moque également du crop-top.
Les élèves qui sont punis quand ils se comportent mal n'ont pas la circonstance aggravante du baggy ou du crop-top, il me semble.
Et je me permets de préciser qu'il faut quand même être un peu troublé soi-même pour imaginer qu'une adolescente s'habillerait d'une certaine manière pour déranger la classe et provoquer délibérément ses petits copains mâles (vous savez, ces pauvres êtres incapables de ne pas fantasmer dès qu'une femme croise leur champ de vision). Généralement, les filles (et les garçons !) s'habillent comme elles en ont envie, peut-être parce que c'est effectivement la mode et parce qu'elles veulent faire comme le groupe, ou parce qu'elles trouvent ça joli. Prêter à une gamine de treize ou quatorze ans l'ambition de troubler la population masculine avec son ventre ou sa poitrine, personnellement, ça me met un peu mal à l'aise.

Plusieurs choses:
1 il n'y a pas à faire de différence entre une fille avec un crop-top et un garçon dont le bermuda est très tombant. Donc aucun sexe ne "cherche à exciter" plus que l'autre.
2 Il n'y a pas de jugement moral dans le fait de constater que s'habiller d'une certaine façon, qu'on soit garçon ou fille, a plus à voir avec les démarches de séduction normales à cet âge qu'avec le cours. Et que parfois, oui, cela perturbe le cours (je reprends mon exemple de ma 6e de onze ans dont trois rangées de garçons essayaient d'apercevoir le string apparent, bien plus intéressant que le tableau).
3 Il n'y a pas de jugement moral à constater qu'il y a des façons de s'habiller selon les contextes. On ne s'habille pas pareil au bureau et en boîte de nuit, ou à la plage.
On peut je pense voir les choses avec simplement du bon sens.

Mais oui voyons ! Rien de moral dans ce bas monde, tout est relatif. Ce n'est plus la relativité restreinte, mais la relativité infinie.

Comprenons qu'une adolescente qui porte un crop-top (sic) ne montre rien et n'exhibe encore moins. Ainsi, la sermoner (ôtez ce verbe sorti tout droit des églises) eut été proprement scandaleux chère collègue. C'est pourquoi au lieu de dire « Mademoiselle vous montrez votre ventre féminin, symbole de l'enfantement et donc la procréation, cela n'est pas convenable », il fallait dire aux envieux « N'avez-vous pas honte de regarder cette personne qui n'exhibe ni ne montre rien qu'une partie du corps aussi relativement désirable que le doigt d'une main ou un bouton d'acnée purulent ? ».

En relativité infinie, plus rien d'impossible et la logique devient elle-même sujet à débat :

- Un jeune homme enguenillé dans ce qui ne ressemble plus à un jean (sic), dont le caleçon dépasse ostensiblement, n'est pas dévergondé.
Il a acquis une liberté fondamentale que les jeunes femmes doivent s'empresser d'obtenir également.
- Si l'émancipation des femmes passe toujours par le depouillement des corps, c'est purement hasardeux et n'a rien à voir avec les desseins d'hommes mal intentionnés.
- Attirer tous les désirs sur soi n'est pas transformer le soi en chose voire en marchandise, c'est bien évidemment un acte libérateur qui transcende l'être humain.
- Cette jeune femme ne cherche pas à se faire désirer, PAS DU TOUT, elle porte un crop-top (sic) parce qu'il est la quintessence de l'élégance et du raffinement.

Oui tout est relatif, certains l'affirment ici pour eux-mêmes : il n'existe pas de tenue de travail. D'ailleurs "tenue", c'est un peu militaire n'est-ce pas ? Parlons donc de "vêtement adapté à la bonne mise en œuvre du travail", non ! "bonne" est un jugement moral et en relativité infinie, pas de morale... "Vêtement Adapté aux Activités Emancipatrices Rémunérées" (V2AER). Voilà ! George O. serait fier de moi.
Chacun doit s'habiller comme ce qui l'arrange. Moi, je suis à l'aise en pyjama en flanelle. Je me lève comme ça, je vais au travail ainsi. Une bonne amie et collègue s'habille en tailleur chaque jour, c'est son choix et nous avons convenu que mes V2AER ne sont pas moins chics ni négligés que les siens.

Au diable l'hypocrisie ! Nous souhaitons tous que nos filles prennent exemple sur une hypothétique jeune femme au crop-top (sic) plus que sur celle en robe et que nos garçons préfèrent une guenille à un pantalon de ville. C'est bien cela non ?

C'est pourquoi nous pouvons conclure, chère collègue, qu'il eut été une faute grave, que dis-je ? gravissime, de faire à cette jeune adolescente une quelconque réflexion. Cela d'autres que moi vous l'ont affirmé ici. Et si j'ai usé ici des mots proprement scandaleux, fallait, doit, faute grave, ce n'est bien évidemment pas moralisateur. C'est normal. Tout est bon pour lutter contre la morale dans la relativité infinie, y compris user des mécanismes de cette première. Si vous vous sentez piégée dans cette histoire, dans l'impossibilité de dire un mot, si la vie scolaire ne vous soutient pas, ce n'est pas parce qu'il y aurait dans cette injonction à la tolérance quelque chose de légèrement totalitaire. Ce serait mauvais esprit que de penser ainsi.

Echec et mat. Les zélotes de l'anti-morale vous ont déjà classée dans le camp du mal pour avoir voulu défendre ce qui vous paraissait bien.

Comme 1er message, ça se pose là...