Le fil des thésards (ou des thésards sur le fil, allez savoir...)

Voilà ! première inscription en doctorat ! C'est assez exaltant comme idée, assez effrayant aussi. J'ai multiplié les masters, dont les fonctionnements étaient limpides, et j'ose enfin passer à l'étape suivante. Pour le moment, je suis un peu perdu : l'inscription est faite en D1 mais je n'ai pas la moindre idée de comment se passe un doctorat, je me retrouve complètement seul sans interlocuteur. Pour le moment, il ne se passe ... rien. Est-ce qu'il y a des cours, des formations, des rencontres, etc. On verra. Le premier pas est fait en tout cas. A moi le marathon maintenant.

Merci, Nadejda et Belote…
Tu en es où, Belote?
Stench, ton directeur ne peut pas t’épauler ?

Stench, ton directeur ou ta directrice de thèse doit t'indiquer le parcours de formation défini par l'école doctorale.
Chaque année, un comité de suivi individuel se réunit qui vérifie avec toi sinon l'avancement de tes recherches le bon déroulement de la thèse.
N'hésite à t'informer des événements organisés par l'école doctorale dont tu dépens et prends des initiatives - participation en tant qu'auditeur à des événements scientifiques dans ton domaine de spécialité, constitution du corpus et de la bibliographie, puis quand tu auras avancé, réponse à des appels à articles de revue ou à contribution à des colloques.
Le texte-clé concernant les études doctorales est l'arrêté du 25 mai 2016 fixant le cadre national de la formation et les modalités conduisant à la délivrance du diplôme national de doctorat
https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/LEGITEXT000032588091/2020-10-01/

Grosso modo, un doctorat se passe en histoire en 5 étapes - je pense qu'il y a quelques similarités en lettres -:
1/ dépôt d'un sujet et inscription en 1ère année de doctorat dans une université et rattachement à une de ses écoles doctorales.
2/ Constitution du corpus et de la bibliographie puis dépouillement. Participation à des colloques, journées d'études, séminaires en tant qu'auditeur puis en tant que contributeur. Le doctorant s'y forme, échange des idées avec ses pairs. Eventuellement à ce stade, le thésard commence à répondre à des appels à articles de revue et à publier.
3/ Elaboration du plan détaillé de la thèse.
4/ Rédaction de la thèse qui commence par le 1er chapitre et se termine par l'introduction puis la conclusio,. La thèse comprend le corps de texte puis les annexes en 2 volumes distincts.
5/ Soutenance de la thèse devant un jury après autorisation du président de l'université .
Au fur et à mesure de ces étapes, rencontres et échanges avec le ou la directeur-trice de thèse et entretien annuel avec le comité de suivi individuel.

Si tu as connaissance de sociétés savantes dans ton domaine de recherches, ce sont souvent des mines d'informations qui éditent bulletin, revue et permettent de rencontrer d'autres chercheurs.

Félicitations à Belote, Sei et à toi.

Comme Condorcet, je vous dis aussi félicitations à vous Belote, Sei et Stench !  

En Sciences et à Toulouse, je sais que l'école doctorale propose des cours avec de vrais modules qu'il faut valider. Mais si vous êtes salariés, vous êtes dispensés de certains modules. Des personnes que j'ai côtoyées qui ont fait une thèse, il n'y a pas d'ordre précis pour commencer, cela dépend quand est-que on fait la partie mesure expérimentale. Certains font une première année pour la synthèse bibliographique, la 2ème pour les mesures expérimentale et la 3ème pour l'exploitation de ces mesures. Mais pour d'autres, la partie expérimentale et la partie rédactionnelle se font en même temps. Mais parfois la partie pratique vient à la fin (mais ça c'est dû à des reports liés au Covid, surtout quand vous devez faire des mesures à l'étranger et que le pays n'accepte pas si facilement des doctorants).

Pour ce qui est Littérature et Sciences humaines, je me doute que ça doit marcher autrement et que vous allez dépasser les trois ans de doctorat!

EDIT : et bien sûr , je vous souhaite tous mes vœux de réussite !

Sei a écrit:Merci, Nadejda et Belote…
Tu en es où, Belote?
Stench, ton directeur ne peut pas t’épauler ?

Sixième et dernière année (enfin je l'espère). J'ai adoré la recherche et les lectures mais la rédaction est une punition. Je déplore mon style et le vide de mon propos. J'ai lu tellement de choses intéressantes que je vois bien que je n'apporterai pas grand chose à la science.
J'ai manqué d'organisation en début de travail, notamment dans la constitution de mes fiches de lecture. L'ouvrage sur lequel je travaille est tellement long que je n'ai pas l'impression de le maîtriser aussi bien que je le devrais. Je suis aussi très inquiète pour la longueur de mon travail. Je visais 400-500 pages, ce sera sans doute plus mais cela chamboule mon calendrier et rajoute du stress là où j'en avais déjà suffisamment. Je pense que tous les thésards ressentent cela mais moi qui suis déjà angoissée par tout au quotidien, je me ronge les sangs et les ongles.

Belote, comment vas-tu ? les choses évoluent ?

Tu dis avoir manqué d'organisation dans tes fiches de lecture... quels seraient tes conseils a posteriori ?
(Si tu veux me dire sur quel ouvrage tu travailles en MP... je suis curieuse, peut-être trop.)

Je m'inscris sur un site pour pouvoir consulter des ressources en allemand.
Je dois donner mon statut : Dr, Mag., Prof. Je ne peux pas mettre Dr., non ? Vous indiqueriez quoi ? (C'est peut-être sans importance, je ne sais pas.)

Si c'est un site allemand, leur usage est d'indiquer son titre : donc “docteur”.
En France, on est bizarre : on fait des thèses, on a des diplômes, mais surtout, surtout, il ne faut pas le dire, car ce serait se vanter, une faute de goût, voire une chute morale…

Oui, mais ce n'est pas exactement mon titre.
Bon, ça ne doit pas être très important, j'ai fait comme tu as dit. : )

Stench, si tu passes par là, n'hésite pas à donner des nouvelles... !

Sei a écrit:Belote, comment vas-tu ? les choses évoluent ?

Tu dis avoir manqué d'organisation dans tes fiches de lecture... quels seraient tes conseils a posteriori ?
(Si tu veux me dire sur quel ouvrage tu travailles en MP... je suis curieuse, peut-être trop.)

Je m'inscris sur un site pour pouvoir consulter des ressources en allemand.
Je dois donner mon statut : Dr, Mag., Prof. Je ne peux pas mettre Dr., non ? Vous indiqueriez quoi ? (C'est peut-être sans importance, je ne sais pas.)

Bonjour Sei,
Merci de prendre des nouvelles. Oui, les choses avancent (doucement) et la fin de ce travail se profile. Je te donnerai en MP le titre du livre sur lequel je travaille car effectivement, il est peu courant et permettrait une authentification facile. Je me demande encore quelle forme de masochisme m'a poussée à choisir cet ouvrage.
Pour ce qui est des fiches de lecture, à chaque fois que je lis un ouvrage, j'en fais un résumé avec les idées principales et les citations intéressantes (ne pas oublier les références précises + numéros de pages). Je pense que j'aurais dû utiliser Zotero pour mieux organiser l'ensemble. Le logiciel permet notamment d'attribuer des thèmes à chaque ouvrage et ça permet de se repérer plus facilement dans toutes ses fiches (j'en suis à près de 400 maintenant !). Il facilite aussi l'intégration des notes de bas de pages. Certaines fiches n'étaient pas suffisamment résumées non plus. J'ai lu ou parcouru beaucoup de thèses et malgré cela, j'ai du mal à juger la quantité de références attendues. Enfin, dernier point c'est le sentiment d'imposture qui ne me quitte pas. Plus je lis, plus je trouve certains critiques brillants et moi minable donc l'écriture me coûte de plus en plus.
Le bilan n'est pas glorieux mais c'est, je pense, parce que je suis dans "le dur" de la rédaction. Les échéances sont posées et j'aurais eu dix années de plus que le projet ne me semblerait toujours pas bon. Maintenant, je n'ai plus le choix et il faut que j'avance. Il faut surtout que j'arrête de fuir dans les lectures et que je me penche sur mon écritoire.
J'ai l'air pessimiste mais je suis quand même fière de ce parcours. J'espère que l'ensemble sera validé par le jury. Quoi qu'il se passe, je ne regrette pas mais l'exercice aura été plus douloureux que je ne le pensais et je suis peut-être moins douée que ce que j'aurais aimé l'être. Du sang, des larmes mais au bout, la libération et le sentiment du devoir accompli (enfin j'espère).
Je pense également que je me suis perdue dans mes lectures à vouloir être trop exhaustive. Peut-être qu'une bibliographie mieux choisie m'aurait permis d'être plus efficace.

Merci pour ta réponse, Belote.
Il y a une formation sur Zotero proposée par ma Fac, il me semble. Je devrais regarder, d'autant qu'on doit accomplir un certain nombre d'heures de formation.

Je suis très impressionnée par le nombre d'ouvrages que tu as fichés...
Tu peux être tellement fière de toi, oui ! C'est émouvant de lire que tu vois la fin du travail se profiler.
Je suis sûre que beaucoup de personnes se sentent la cinquième roue du carrosse... parfois des personnes qu'on ne soupçonnerait pas de douter.

Avec plaisir pour un MP...

Tous mes encouragements pour la suite... et la fin !

Courage Belote, tu es dans la dernière ligne droite. J'ai rarement lu des doctorants disant qu'ils prenaient leur pied en rédigeant leur thèse !
Je l'ai déjà dit mais je suis très admirative des collègues qui arrivent à mener une thèse en plus de leur enseignement. Tu peux être fière de toi et tu as tout mon soutien

Bonjour à tous et toutes,
Période de grosse fatigue. Je n'arrive plus à travailler mon plan de thèse, ni rien d'autre d'ailleurs. J'ai l'impression de prendre du retard et je n'y peux rien. Difficile...

Courage à toi. Je crois que les moments de découragement sont réguliers pendant une thèse. Dans ces moments, une discussion sur un point précis avec mon directeur m’aidait beaucoup à relancer la réflexion, on se fixait une deadline pour que je renvoie ne serait-ce que 5 pages, et en fait ça relançait vraiment le truc et ces 5 pages ouvraient en fait la porte à plein d’autres. On peut aussi être simplement d’aller ficher un article un peu long. Tout est bon pour relancer. Mais surtout… Redonne-toi un objectif modeste, et pars de ça. Ça marche souvent mieux que de se dire « j’ai 30 pages à écrire allez c’est parti » et d’angoisser devant une page blanche en se sentant fatigué d’avance.

Merci pour les conseils. Je vais essayer de ficher un article pour m'y remettre doucement. C'est mon premier passage à vide. En effet, cela doit être inévitable . Merci encore.

Pour ce que j'en sais, c'est inévitable, ou du moins très très fréquent. À la fois parce qu'à beaucoup travailler, il y a du surmenage, et parce qu'à certains moments, on s'y perd. C'est ce que je dis à mes (rares!) thésards. Et j'ajoute comme conseil : quand c'est comme cela, pensez à aller vous aérer (entre faire du théâtre et aller courir ou jouer d'un instrument, etc., il y a le choix). Et revenez à du plus simple : au lieu de chercher à “bâtir le tout”, fabriquez un chapitre, au lieu d'écrire 50 pages, écrivez 5 (puis 5, etc.). Et ça va revenir.

Leq conseils sont judicieux. Je vais commencer par un week-end repos : restaurant et cinéma. Et lundi, retour au plan ou au moins à un article.

Si c'est un gros passage à vide - ce qui arrive souvent, surtout en phase de conception - surtout ne culpabilise pas, c'est normal et prends le temps de repos qu'il te faut. Faire autre chose, par exemple préparer des cours, rencontrer des gens, explorer une piste laissée de côté permet souvent de rebondir ensuite avec l'esprit frais une motivation renouvelée !

C'est vrai que c'est culpabilisant...

Aussi, ça dépend des gens, mais il faut aussi respecter ta propre façon de bosser. Je m’explique. On lit souvent que la thèse c’est en deux phases, une phase où tu fais ton plan et tu réfléchis au contenu, une phase où tu rédiges. Mais moi si j’avais attendu pour me mettre à la rédaction je n’aurais jamais écrit ma thèse. La réalité c’est que je pense parce que j’écris, je pense dans la succession des arguments, avec les liens, et ça ouvre d’autres portes, puis je reviens sur la structure globale après. C’est ce qui fonctionnait pour moi (en appliquant les conseils dits ci-dessus en cas de vide).

Ça, ça dépend des personnes. Pour ma part, je n'ai jamais fait un plan puis rédigé et j'en suis tout à fait incapable. Parfois fait un ou des plans, plus ou moins partiels, entre deux et tout en rédigeant beaucoup et en commençant par rédiger des brouillons… Mais je connais des collègues que ma manière de faire étonne beaucoup : ils font un plan, puis écrivent.

@Punky : Courage. C'est difficile mais on finit par s'en sortir. Ce qui peut aider, c'est d'essayer d'avancer mais sous un autre angle, sur un autre aspect du travail. Ou bien de faire quelque chose qui semble plus distant de la thèse proprement dite mais qui peut être utile et remotivant, selon l'étape/la tâche en question... tout en s'offrant des respirations. Courage !
Les périodes de blocage font peur et culpabilisent. Mais les moments de déclic apparemment miraculeux existent aussi : vraiment !

Bon courage, Punky !
J'espère que tu profites de ton WE...

Merci pour tous les encouragements ! C'est repos et on s'occupera plus tard des illuminations magiques !

Fires of Pompeii a écrit:Aussi, ça dépend des gens, mais il faut aussi respecter ta propre façon de bosser. Je m’explique. On lit souvent que la thèse c’est en deux phases, une phase où tu fais ton plan et tu réfléchis au contenu, une phase où tu rédiges. Mais moi si j’avais attendu pour me mettre à la rédaction je n’aurais jamais écrit ma thèse. La réalité c’est que je pense parce que j’écris, je pense dans la succession des arguments, avec les liens, et ça ouvre d’autres portes, puis je reviens sur la structure globale après. C’est ce qui fonctionnait pour moi (en appliquant les conseils dits ci-dessus en cas de vide).

Je fonctionne pareil. Pour ma thèse, j’avais fait au bout de 2 ans un plan très global, et puis comme je me sentais bloquée (j’avais l’impression d’avoir encore 1000 lectures à faire et ça me décourageait complètement), je me suis mise à rédiger. Et heureusement parce que ça a tout débloqué, et ça m’a permis de cibler progressivement les lectures qui me restaient à faire et qui étaient indispensables. Pour chaque chapitre, je commençais par faire un plan de chapitre au brouillon, puis il évoluait au fur et à mesure que j’écrivais. En fait, c’était au moins autant ma rédaction qui faisait mon plan, que l’inverse.
Pour ce qui est des moments de creux, c’est difficile oui. J’ai la chance d’en avoir eu peu, mais quand ça m’arrivait je me forçais à faire de toutes petites choses. Par exemple, je me disais, allez aujourd’hui je me force à écrire une heure, ou à écrire une demi page. Parfois je le faisais et je m’arrêtais pour faire autre chose. Parfois au contraire ça me débloquait et j’écrivais beaucoup plus longtemps. Mais dans tous les cas ça me permettait de me fixer un objectif même minimal et de m’y tenir, ce qui évitait le sentiment de culpabilité.

Hello,

J'ai rédigé mon premier article.
Mon directeur de thèse m'a relue (et fais quelques - mais précieuses - remarques), et j'ai demandé à une amie bilingue de contrôler mes tentatives de traductions (j'ai généralement cité la traduction officielle, mais j'ai parfois remanié certains passages en me référant au texte original).

Est-ce que je peux/dois les remercier ? J'ai toujours vu des remerciements dans les livres, mais jamais dans les articles (les gens doivent se débrouiller tout seuls ^^)...
Je me pose surtout la question à propos de mon directeur... quel est l'usage ? je n'ose pas le lui demander... je lui demande quand même ?

Ça se fait tout à fait de remercier, par exemple dans une première note de bas de page.