Le fil des thésards (ou des thésards sur le fil, allez savoir...)

Vraiment, vos propos me font énormément de bien.

Merci à vous.

Condorcet a écrit:
N'hésite pas à aller aux rencontres de doctorants (colloque de doctorants et autres) et autres séminaires de méthode/de recherche si ton université en propose.

Dans mon labo, on faisait plusieurs séminaires par an, dont une séance en novembre de "justification de corpus", où chacun, quelle que soit son année d'inscription, pouvait prendre une 15aine de minutes pour expliquer les choix de son corpus en lien avec la présentation du sujet...et avec une petite séance de discussions/questions ensuite. C'était intéressant, déjà pour soi de voir l'évolution du corpus entre le début et la suite (si on participait plusieurs fois), d'avoir des questions de personnes qui n'entendaient pas forcément parler du sujet régulièrement -- et de devoir présenter les choses à d'autres personnes que le directeur de recherches.

Je n'ai jamais fréquenté la BNF, mais j'ai eu très souvent recours au prêt entre bibliothèques, en plus de l'accès aux revues déjà mentionné.

Pas de séminaires dans mon labo, et ce serait trop loin. Je vais me débrouiller avec vos bons conseils !

DesolationRow a écrit:Il ne faut pas faire de complexe sur la BNF, je n'y ai jamais mis les pieds pour ma part et ça ne s'est jamais vu
.

C'est où qu'on dénonce les chercheurs qui ne sont jamais allés à la BNF ?

Plus sérieusement Cath : commence bêtement par taper dans Google quelques mots clefs. Tu vas assez vite trouver quelques références, qui vont te renvoyer vers d'autres.

Elaïna a écrit:

DesolationRow a écrit:Il ne faut pas faire de complexe sur la BNF, je n'y ai jamais mis les pieds pour ma part et ça ne s'est jamais vu
.

C'est où qu'on dénonce les chercheurs qui ne sont jamais allés à la BNF ?

Ici: https://affluences.com/bnf-bibliotheque-tous-publics/reservation?type=25

A propos de la Bnf, un conflit entre usagers auxquels se sont joints une partie des bibliothécaires (au sens large du terme) et la direction a lieu depuis quelques mois : https://www.neoprofs.org/t136717-bnf-restriction-des-conditions-d-acces-aux-ressources-documentaires

Nouvel arrêté doctoral du 26 août 2022:

https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000046228965

On pourra prêter serment (mais on n'aura pas d'épée).

Pourra et devra si j'en crois l'article 16.
A propos d'épée, on attend toujours la réception de l'historien Pascal Ory à l'Académie française.

Parvenu(e) à l'issue de mon doctorat en [xxx], et ayant ainsi pratiqué, dans ma quête du savoir, l'exercice d'une recherche scientifique exigeante, en cultivant la rigueur intellectuelle, la réflexivité éthique et dans le respect des principes de l'intégrité scientifique, je m'engage, pour ce qui dépendra de moi, dans la suite de ma carrière professionnelle quel qu'en soit le secteur ou le domaine d'activité, à maintenir une conduite intègre dans mon rapport au savoir, mes méthodes et mes résultats.

Bigre!

Les artifices rhétoriques/cérémoniels ne sauraient dissimuler le vallon sec académique qui attend beaucoup trop d'impétrant-e-s.

epekeina.tes.ousias a écrit:

Parvenu(e) à l'issue de mon doctorat en [xxx], et ayant ainsi pratiqué, dans ma quête du savoir, l'exercice d'une recherche scientifique exigeante, en cultivant la rigueur intellectuelle, la réflexivité éthique et dans le respect des principes de l'intégrité scientifique, je m'engage, pour ce qui dépendra de moi, dans la suite de ma carrière professionnelle quel qu'en soit le secteur ou le domaine d'activité, à maintenir une conduite intègre dans mon rapport au savoir, mes méthodes et mes résultats.

Bigre!

Puisqu'on aura dit qu'on le ferait, on aura encore moins besoin de le faire vraiment.
Nouvel adage : Verba, nōn facta.

Heureusement que ça n'est pas rétroactif !

Ergo a écrit:Nouvel arrêté doctoral du 26 août 2022:

https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000046228965

On pourra prêter serment (mais on n'aura pas d'épée).

Sans épée et sans chapeau (éventuellement à plumes), vraiment aucun intérêt.

Je pose une question bête concernant la qualification : dans Galaxie, ce qui s'arrête demain, c'est la possibilité de déposer sa candidature par section, soit la première page lorsqu'on candidate ; en revanche, l'envoi de toutes les pièces (obligatoires mais aussi complémentaires) de la deuxième page (pièces du dossier) ne prend fin qu'ultérieurement (en décembre dans mon cas), est-ce bien cela ?
Je dois être victime de phobie administrative, j'ai toujours peur qu'il y ait une entourloupe.

Réponse ici https://www.galaxie.enseignementsup-recherche.gouv.fr/ensup/cand_qualification_droit_commun.htm

Le processus de demande de qualification se déroulera sur deux phases distinctes :
1. une période d’enregistrement des candidatures qui se déroulera du mardi 20 septembre 2022 (10 heures, heure de Paris) au mardi 8 novembre 2022 (16 heures, heure de Paris) ;

2. une période de transmission des pièces constituant le dossier se déroulera du mardi 20 septembre 2022 au jeudi 15 décembre 2022 (16 h - heure de Paris) ou le jeudi 12 janvier 2023 (16h, heure de Paris) pour les soutenances du mardi 22 novembre 2022 inclus au samedi 7 janvier 2023 inclus.
Les candidats doivent veiller à ne pas confondre ces deux étapes bien spécifiques dont les dates d’achèvement sont différentes.

Nom de Zeus, merci Ascagne, j'avais complètement zappé que je devais faire une nouvelle candidature à la qualif cette année...

Oui, c'est normal : c'est pour que les doctorants puissent encore soutenir leur thèse jusqu'au mois de décembre. Ils ne disposent pas encore du rapport de soutenance au moment de l'inscription.

Merci. Si mon message a pu agir comme rappel, @Marie Laetitia, au moins il a servi à quelque chose !
Je note que certaines sections sont explicitement plus exigeantes que d'autres dans leurs demandes (entre la 8e, la 9e et la 10e, je crois que c'est la 8e qui gagne !).

La 7e est une atrocité aussi j’ai aussi fait la 9, mais ce n’est rien à côté de la 7…
Bon courage à tous les futurs qualifiés et requalifiés ! Encore qualifiée pour deux ans de mon côté et je nourris un espoir de ne pas avoir à redemander la qualif mais bon

Courage à ceux qui en sont à la 7e et 9e année ! Vous avez mon admiration.

Moi je viens de m'arrêter net en fin de 3e année... Lassitude généralisée, impossibilité de bosser sur la thèse en travaillant à temps plein au lycée désormais, sentiment de perte de sens, d'inutilité, inquiétude devant la masse de travail énorme qu'il y aurait à abattre pour rédiger et mettre en forme... Je viens d'abandonner officiellement. L'école doctorale a entériné dans l'heure l'abandon. Au moins, pour ça, la fac est diablement efficace. 

Ah non, nous parlions des sections du CNU, @bas-medieviste. En revanche, pour être franc, j'ai fait ma thèse sur une trop longue durée, mais avec ce problème que j'ai eu deux années vides (les deux premières dans le secondaire qui ont rimé avec une lourde dépression) mais sans faire de césure (à vrai dire ça m'aurait sans doute conduit à abandonner). Enfin, l'avantage, c'est que j'ai fait une "grosse thèse" à l'ancienne reconnue comme telle - pour ce que cela vaut. Bon, il faut que je parachève mes dossiers de qualification, mais il est difficile de se motiver.
Je suis désolé, @bas-médiéviste, je ne sais pas comment tu vis cela. J'ai effectivement l'impression que ça devient impossible de concilier un travail doctoral ambitieux avec ce que devient la vie du professeur de lycée. Nous avons un problème dans ce pays : le nombre de docteurs et de doctorants diminue, les perspectives reculent ou disparaissent, les savants et chercheurs en général n'ont jamais été aussi attaqués, la fausse-monnaie (du genre hyper doctor à la Aberkane) accentue l'usurpation en se faisant leader d'opinion... mais pendant ce temps des personnes qui étaient motivées et demandeuses finissent par abandonner en raison d'un contexte défavorable.

Ascagne a écrit:Ah non, nous parlions des sections du CNU, @bas-medieviste. En revanche, pour être franc, j'ai fait ma thèse sur une trop longue durée, mais avec ce problème que j'ai eu deux années vides (les deux premières dans le secondaire qui ont rimé avec une lourde dépression) mais sans faire de césure (à vrai dire ça m'aurait sans doute conduit à abandonner). Enfin, l'avantage, c'est que j'ai fait une "grosse thèse" à l'ancienne reconnue comme telle - pour ce que cela vaut. Bon, il faut que je parachève mes dossiers de qualification, mais il est difficile de se motiver.

Tu as d'autant plus de mérite de l'avoir achevée et réussie brillamment alors ! J'étais aussi parti sur ce format de thèse à l'ancienne, mais ce format a-t-il du sens aujourd'hui ? On travaille comme au XIXe siècle justement et le décalage voire l'incompréhension avec le reste du monde grandit. Quand tu retournes enseigner dans le secondaire et qu'un parent te dit "A ton âge, il était temps que tu commences à travailler", sous-entendant que trois ans de thèse et de TD à la fac ne sont pas un métier, c'est sinistrement révélateur.  

Ascagne a écrit:Je suis désolé, @bas-médiéviste, je ne sais pas comment tu vis cela. J'ai effectivement l'impression que ça devient impossible de concilier un travail doctoral ambitieux avec ce que devient la vie du professeur de lycée. Nous avons un problème dans ce pays : le nombre de docteurs et de doctorants diminue, les perspectives reculent ou disparaissent, les savants et chercheurs en général n'ont jamais été aussi attaqués, la fausse-monnaie (du genre hyper doctor à la Aberkane) accentue l'usurpation en se faisant leader d'opinion... mais pendant ce temps des personnes qui étaient motivées et demandeuses finissent par abandonner en raison d'un contexte défavorable.

Ecoute, je le vis très bien. Je me sens dans mon élément au lycée. Pourtant, je suis dans une commune étiquetée "banlieue/ghetto", mais ça me plaît bien et je me dis que j'y ai une utilité sociale au moins.  

C'est-à-dire que les conditions du doctorat ont évolué. Je ne pourrais pas m'embarquer dans un projet aussi ambitieux que ce à quoi j'ai abouti si je commençais maintenant (et je n'ai pu y parvenir qu'avec un contrat doctoral et trois années comme ATER, même si j'ai donc eu aussi des années de secondaire). D'ailleurs, quand je me suis inscrit, c'était un peu avant qu'il y ait de comité de suivi de thèse, pas encore d'obligation stricte de faire tant d'heures de l'ED, tant d'heures dans l'équipe de recherche, etc. C'est peut-être un point qui m'a été utile ensuite parce qu'on peut être un chouïa plus conciliant envers un doctorant qui s'était inscrit avant le nouveau régime, peut-être.

Spoiler:

bas-médiéviste a écrit:c'est sinistrement révélateur

Tout à fait. Le domaine est mal connu et mal compris.
Cela étant dit même dans l'EN on peut trouver des personnes qui snobent ou méprisent les doctorants ou considèrent négativement le travail universitaire. C'est aussi du terrain, même si c'est un autre terrain. Mais nous sommes en plein recul par rapport à ce que j'écrivais plus haut, à un point inquiétant (ça + la crise démocratique en Occident = aïe aïe aïe). En effet, le décalage ne cesse de s'accroître, ce qui est logique, car la vision humaniste traditionnelle est aussi en recul, donc quand il s'agit de travaux en lettres ou sciences humaines, le fossé est encore plus grand.

bas-médiéviste a écrit:je me dis que j'y ai une utilité sociale au moins

Je n'arrive pas tellement à m'en convaincre pour ma part, mais je me sens mal dans le secondaire.

bas-médiéviste a écrit:Courage à ceux qui en sont à la 7e et 9e année ! Vous avez mon admiration.

Moi je viens de m'arrêter net en fin de 3e année... Lassitude généralisée, impossibilité de bosser sur la thèse en travaillant à temps plein au lycée désormais, sentiment de perte de sens, d'inutilité, inquiétude devant la masse de travail énorme qu'il y aurait à abattre pour rédiger et mettre en forme... Je viens d'abandonner officiellement. L'école doctorale a entériné dans l'heure l'abandon. Au moins, pour ça, la fac est diablement efficace. 

Je vois juste cela, ça a dû être une décision difficile à prendre, quoi que très compréhensible. Courage à toi.

Je t’adresse de chaleureuses pensées, Bas-médiéviste.
Ascagne, je pense aussi que les obligations supplémentaires dévolues aux doctorants m’auraient découragé car si le parcours doctoral a longtemps conservé son attrait, c’est aussi par la liberté qu’il conférait.

Tout à fait Condorcet. Bon, j'espère que les nouveaux doctorants trouvent tout de même cette liberté, mais ça a en effet changé.
Avec toutes les conditions demandées pour les documents par les sections, pour la qualification, ça me fait un peu peur : j'ai du mal avec ce type de dossiers administratifs.
J'ai regretté de ne pas avoir encore eu mon tiré à part numérique pour un article plus long à paraître dans les actes d'un colloque, sans rapport direct avec ma thèse, mais d'un autre côté ce n'est pas mon meilleur travail.
Pour les candidatures aux postes ensuite, je me demande ce que préfèrent les jurys entre différents profils. J'ai voulu faire une bonne grosse thèse à l'ancienne dont l'ampleur a été soulignée dans le rapport mais j'ai moins communiqué/organisé d'événements que des collègues. Je me dis parfois que ça fait moins sérieux que d'avoir fait une thèse un peu moins ambitieuse, mais s'être démené pour le reste ou pour un postdoc par exemple.
Là, je suis cerné par cette difficulté que le secondaire mange une grande part de mon énergie. Il faut que je demande à être rattaché à mon ancienne équipe en associé, c'est sans doute mieux que de n'être actif qu'au sein d'une société savante... Enfin, vu la crise des postes... Je devrais plutôt poster sur le fil des docteurs désabusés.