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- SisypheHabitué du forum
Pailleauquebec a écrit:La photocopieuse avait déjà fait pas mal de dégâts et le vidéoprojecteur a achevé le travail.
Beaucoup d'enseignants font de faux calculs en pensant qu'il est fatiguant décrire au tableau ou qu'ils ne seront pas capables de travailler sans filet.
Je ne suis pas prof de maths. Mais je ne peux qu'être d'accord avec toi. Lorsque j'ai commencé à enseigner, il y a 18 ans, j'étais convaincue que le vidéo projecteur serait un outil facilitant l'enseignement. Ce que je n'avais pas perçu, c'est qu'il donne surtout l'illusion d'enseigner. On a préparé chez soi un power point, on le diffuse en distribuant la photocopie correspondante aux élèves et ils remplissent vaguement les cases manquantes. On peut surveiller la classe à laquelle on ne tourne pas le dos.
Aujourd'hui, j'ai vécu de nouveau une année comme stagiaire. J'ai donc de nouveau entendu ces discours de l'INSPE : le vidéo-projecteur comme réponse à la gestion de classe. La mise en doute de ce que retiennent les élèves lorsque le professeur explique au tableau au lieu de les "mettre en activité".
Je me suis invitée dans le cours de collègues différents cette année et, assise au fond de la classe, j'ai pu observer les élèves (des élèves d'un bon collège de centre ville). Ils comptaient les cases du tableau à remplir pour recopier ce qui était écrit au tableau par le professeur. Le document n'était pas lu dans son ensemble par la majorité de la classe. Alors je doute qu'ils retiennent davantage par ce biais
Par ailleurs, la classe plongée dans le noir pour permettre une meilleure visibilité de l'écran, est le lieu propice à une agitation que le professeur ne peut pas voir ou contrôler. Je doute donc aussi de l'utilité du vidéo-projecteur dans la gestion de classe.
J'ai passé l'année à ouvrir les volets de toutes les salles dans lesquelles j'entrais (puisque cette année, en raison du COVID, les classes ne changeaient pas de salle) pour faire entrer la lumière. Je pensais alors à toute la réflexion sur l'importance de faire entrer la lumière naturelle dans l'école de la IIIè République, ce qui a donné cette architecture si typique avec les grandes fenêtres au lieu des hublots à la mode à la fin des années 90. Voulons-nous vraiment que nos élèves passent leurs journées dans le noir à faire semblant de participer à un cours ?
Je conçois la difficulté de "faire cours". C'est ce que nous vivons chaque jour dans nos classes. Faire adhérer la classe, l'obliger à écouter, entraîner sa participation est un travail harassant, souvent décourageant et qui n'est pas toujours couronné de succès. Mais c'est le nôtre. On ne peut pas le contourner par des biais technologiques. Ceux d'entre nous qui pratiquent la classe inversée avec succès ne s'exonèrent d'ailleurs pas de ce travail. Il n'y a pas de recette miracle. C'est difficile. L'expérience seule peut aider mais même avec elle, le succès n'est pas toujours là.
A nos jeunes collègues qui cherchent des solutions pour aider les élèves à apprendre ou dans la gestion de classe, je voudrais dire mon soutien et les assurer que ces questions sont légitimes et ne peuvent être balayées d'un revers de main par la proposition de telle ou telle méthode. Il leur appartient de trouver comment ils veulent enseigner car alors on avance un peu.
- ElbertaHabitué du forum
Sisyphe a écrit:
Par ailleurs, la classe plongée dans le noir pour permettre une meilleure visibilité de l'écran, est le lieu propice à une agitation que le professeur ne peut pas voir ou contrôler. Je doute donc aussi de l'utilité du vidéo-projecteur dans la gestion de classe.
J'ai passé l'année à ouvrir les volets de toutes les salles dans lesquelles j'entrais (puisque cette année, en raison du COVID, les classes ne changeaient pas de salle) pour faire entrer la lumière. Je pensais alors à toute la réflexion sur l'importance de faire entrer la lumière naturelle dans l'école de la IIIè République, ce qui a donné cette architecture si typique avec les grandes fenêtres au lieu des hublots à la mode à la fin des années 90. Voulons-nous vraiment que nos élèves passent leurs journées dans le noir à faire semblant de participer à un cours ?
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Je ne suis pas en maths et je n'utilise jamais le vidéoprojecteur. Et comme toi, je constate que les élèves passent leur journée dans le noir sans que cela ne pose de problème à personne.
- elsassfreiNiveau 7
Bonjour,
Je ne suis pas prof de maths (j'enseigne la physique), mais ce qui est décrit est complètement transposable, et je trouve ces retours d'expérience très enrichissants.
Merci pour votre partage à tous !
Au sujet du vidéo projecteur, je voulais aussi ajouter que je ne l'utilise que lorsque je suis certain qu'il me permet de gagner quelque chose : du temps par exemple.
C'est un outil qui demande de lire et décoder vite, or cet objectif n'est plus du tout atteint pour une bonne partie des élèves (par exemple en seconde), ce qui force à utiliser une méthode qui présente moins d'informations: l'écriture à l'ancienne. Inconvénient : on passe moins d'informations que dans une présentation (des .pdf pour moi).
J'ai en tête quelques exemples d'utilisation efficace de cet outil :
- on souhaite présenter une information qui "illustre" un résultat du cours, et qui présente soit une courbe, soit des données chiffrées : facile à retenir, une ou deux informations, pas plus sinon rien n'est retenu
- je donne des contrôles de cours à chaque début de séance. 3 à 5 questions sur le cours précédent => ça tient sur 1 page (important), zéro papier, rien à recopier pour les élèves = gain de temps énorme et me permet de faire silencieusement l'appel (pas là = pas de copie).
- montrer une petite vidéo de physique "qui va plus loin que le cours", et qui déclenche la curiosité, et l'envie d'en savoir plus (ou dans le pire des cas : un souvenir positif sur le sujet ;-) )
- visualiser une expérience au tableau à l'aide d'une webcam (le logiciel c'est moi qui l'écrit, et il fait tout ce que je veux)
- tracer une courbe (j'utilise Maxima), illustrer un résultat de cours à l'aide d'une simulation (Maxima, Python, un logiciel dédié que j'ai écrit en C++)
Pour le reste, je vais à la vitesse des élèves, et je préfère écrire, en vivant au rythme des questions. En pratique, j'ai constaté que le cours est mieux compris. La contrepartie : ça demande plus de préparation (avant) et surtout d'écoute. On est dans notre coeur de métier ici, et moi aussi j'aime travailler de cette façon. C'est même ce qui m'a manqué le plus quand j'ai dû faire des cours en "distanciel" avec BBB : le retour direct des élèves.
Autre point important : faire écrire fait appel à la motricité fine, et c'est un point important à solliciter dans le processus d'apprentissage. Et ce processus peut et doit être entretenu amha toute la vie.
J'aime citer l'expression que j'ai trouvée dans le document de mon syndicat : "lire, c'est comprendre. Mais pour comprendre il faut décoder vite et bien". Et l'exercice d'écriture-lecture permet de s'entraîner. Et tout le monde sait que sans travail, le talent n'est rien (cette phrase est de Daniel Constantini ;-).
J'ai oublié: les calculs ou la preuve (je reviens en maths ici) : c'est simple, pour être crédible, il faut avoir vécu au moins une fois la situation complètement. Cela demande d'avoir exposé le problème à résoudre ("s'approprier"), puis présenté la démarche suivie ("résoudre"), enfin d'avoir donné une solution et vérifié que les ordres de grandeurs étaient corrects , et que la solution avait du sens ("valider"), enfin, avoir correctement conclu. C'est tellement important de faire un point a posteriori !
Je ne suis pas prof de maths (j'enseigne la physique), mais ce qui est décrit est complètement transposable, et je trouve ces retours d'expérience très enrichissants.
Merci pour votre partage à tous !
Au sujet du vidéo projecteur, je voulais aussi ajouter que je ne l'utilise que lorsque je suis certain qu'il me permet de gagner quelque chose : du temps par exemple.
C'est un outil qui demande de lire et décoder vite, or cet objectif n'est plus du tout atteint pour une bonne partie des élèves (par exemple en seconde), ce qui force à utiliser une méthode qui présente moins d'informations: l'écriture à l'ancienne. Inconvénient : on passe moins d'informations que dans une présentation (des .pdf pour moi).
J'ai en tête quelques exemples d'utilisation efficace de cet outil :
- on souhaite présenter une information qui "illustre" un résultat du cours, et qui présente soit une courbe, soit des données chiffrées : facile à retenir, une ou deux informations, pas plus sinon rien n'est retenu
- je donne des contrôles de cours à chaque début de séance. 3 à 5 questions sur le cours précédent => ça tient sur 1 page (important), zéro papier, rien à recopier pour les élèves = gain de temps énorme et me permet de faire silencieusement l'appel (pas là = pas de copie).
- montrer une petite vidéo de physique "qui va plus loin que le cours", et qui déclenche la curiosité, et l'envie d'en savoir plus (ou dans le pire des cas : un souvenir positif sur le sujet ;-) )
- visualiser une expérience au tableau à l'aide d'une webcam (le logiciel c'est moi qui l'écrit, et il fait tout ce que je veux)
- tracer une courbe (j'utilise Maxima), illustrer un résultat de cours à l'aide d'une simulation (Maxima, Python, un logiciel dédié que j'ai écrit en C++)
Pour le reste, je vais à la vitesse des élèves, et je préfère écrire, en vivant au rythme des questions. En pratique, j'ai constaté que le cours est mieux compris. La contrepartie : ça demande plus de préparation (avant) et surtout d'écoute. On est dans notre coeur de métier ici, et moi aussi j'aime travailler de cette façon. C'est même ce qui m'a manqué le plus quand j'ai dû faire des cours en "distanciel" avec BBB : le retour direct des élèves.
Autre point important : faire écrire fait appel à la motricité fine, et c'est un point important à solliciter dans le processus d'apprentissage. Et ce processus peut et doit être entretenu amha toute la vie.
J'aime citer l'expression que j'ai trouvée dans le document de mon syndicat : "lire, c'est comprendre. Mais pour comprendre il faut décoder vite et bien". Et l'exercice d'écriture-lecture permet de s'entraîner. Et tout le monde sait que sans travail, le talent n'est rien (cette phrase est de Daniel Constantini ;-).
J'ai oublié: les calculs ou la preuve (je reviens en maths ici) : c'est simple, pour être crédible, il faut avoir vécu au moins une fois la situation complètement. Cela demande d'avoir exposé le problème à résoudre ("s'approprier"), puis présenté la démarche suivie ("résoudre"), enfin d'avoir donné une solution et vérifié que les ordres de grandeurs étaient corrects , et que la solution avait du sens ("valider"), enfin, avoir correctement conclu. C'est tellement important de faire un point a posteriori !
- Gaelle25Niveau 2
Väinämöinen a écrit:SJ'ai essayé tout au long de l'année de faire comprendre que le "A à l'envers" signifiait quelque soit
Désolée de faire la méchante, mais "quelque soit" est une expression incompréhensible à l'écrit, ça n'a aucun sens... Il faudrait écrire "quel que soit"
C'est peut-être à cause de cette syntaxe incorrecte que certains élèves s'y perdent ? (Bof)
- ben2510Expert spécialisé
elsassfrei a écrit:Python, un logiciel dédié que j'ai écrit
Il faut t'appeler Guido ?
D'accord avec ton message, pour revenir aux choses sérieuses.
Et avec Sisyphe, en particulier sur ce que signifie "faire cours".
_________________
On fait la science avec des faits, comme on fait une maison avec des pierres : mais une accumulation de faits n'est pas plus une science qu'un tas de pierres n'est une maison. Henri Poincaré La notion d'équation différentielle est le pivot de la conception scientifique du monde. Vladimir Arnold
- elsassfreiNiveau 7
@Ben2510 : HA HA bien vu !
En fait, plus sérieusement, j'ai ajouté : écrit en C++ (et utilisant l'API Dear ImGui).
P.S. : si cela t'intéresse, j'ai en effet un passé de développeur dans le logiciel libre, mais pour des raisons de discrétion, je ne peux pas te dire le nom du logiciel (sauf en mp)
En fait, plus sérieusement, j'ai ajouté : écrit en C++ (et utilisant l'API Dear ImGui).
P.S. : si cela t'intéresse, j'ai en effet un passé de développeur dans le logiciel libre, mais pour des raisons de discrétion, je ne peux pas te dire le nom du logiciel (sauf en mp)
- X.Y.U.Niveau 7
Il y a une autre partie à ne pas négliger : depuis quelques années, je constate (navrée) que lorsque je fais écrire/copier du cours, une part grandissante d'élèves écrivent n'importe quoi (il manque des mots, ou bien un mot est changé pour un autre, une formule est recopiée avec un "X" à la place d'un "+", et j'en passe...). Le cours est recopié sans réflexion, bêtement, et peu importe que ce soit fait correctement ou pas, pourvu que ce soit à peu près fait.Pailleauquebec a écrit:Beaucoup d'enseignants font de faux calculs en pensant qu'il est fatiguant décrire au tableau ou qu'ils ne seront pas capables de travailler sans filet. Une partie aussi pense que le cours n'a pas d'importance et que seuls comptent les exercices. De plus les explications ne sont pas forcément faciles à donner car une partie de la didactique des mathématiques s'est perdue au cours des années, cela demande une bibliographie un petit peu approfondie (manuels anciens notamment, ou discuter avec les anciens profs)
Fut un temps, je ramassais les cahiers de leçons après qq jours/semaines pour m'assurer qu'il était bien tenu (en 6ème surtout), j'ai même tenté de les noter en valorisant beaucoup ceux qui étaient bien tenus (sur le fond et sur la forme). J'ai même mis une note au crayon de papier dans une grille avec barème détaillé (couleurs, cours aéré, soin, exactitude de la copie, pas de "trou" dans les leçons, etc...), et je leur ai laissé plusieurs semaines pour se remettre à jour, souligner les titres qui n'étaient pas soulignés (j'avais mis la remarque juste à côté ! ), etc etc... leur promettant une super note si c'était fait sérieusement (ce qui ne demandait pas beaucoup de temps ni d'énergie). Les élèves qui avaient un 19 au crayon de papier se retrouvaient avec un 20. Tous les autres stagnaient à la même note car ils n'avaient pas fait l'effort de la moindre correction/amélioration.
Bref, tout ça pour dire que lorsque tout leur glisse dessus (et il y en a de plus en plus qui "s'en foutent", désolée ! ), hé bien on aura beau faire ce qu'on veut (faire écrire tout le cours, donner une fiche toute prête, faire remplir les trous dans un polycopié...), rien n'y changera tant qu'ils ne seront pas disposés à faire le moindre effort pour réfléchir et construire leur savoir plutôt qu'attendre passivement. :-/ Au moins avec les photocopies, le cours de leur cahier n'est pas bourré de fautes à chaque ligne (même si une grosse partie d'entre eux n'iront pas s'embêter à ouvrir le dit cahier, une fois rentrés chez eux...).
- EnaecoVénérable
X.Y.U. a écrit:
Bref, tout ça pour dire que lorsque tout leur glisse dessus (et il y en a de plus en plus qui "s'en foutent", désolée ! ), hé bien on aura beau faire ce qu'on veut (faire écrire tout le cours, donner une fiche toute prête, faire remplir les trous dans un polycopié...), rien n'y changera tant qu'ils ne seront pas disposés à faire le moindre effort pour réfléchir et construire leur savoir plutôt qu'attendre passivement. :-/ Au moins avec les photocopies, le cours de leur cahier n'est pas bourré de fautes à chaque ligne (même si une grosse partie d'entre eux n'iront pas s'embêter à ouvrir le dit cahier, une fois rentrés chez eux...).
Du coup, quelle est la plus value ?
Quelque chose de plus présentable auprès de l'inspecteur et des parents mais c'est à peu près tout
- elsassfreiNiveau 7
@X.Y.U.
Mon propos est biaisé car j'ai surtout enseigné dans le supérieur, et je ne retourne en lycée qu'en septembre mais j'ai moi aussi constaté, en photocopiant le cours qui a été pris par certains élèves, qu'ils écrivaient n'importe quoi, et surtout SANS comprendre. La correction est rapide, et prend 5 minutes devant la classe, mais on n'a déjà pas beaucoup de temps, et ils sont très lents aussi.
Le symptôme habituel, c'est : des phrases sans aucun sens parce que certains mots n'ont pas été compris (peut-être mal écrits au tableau ou mal entendus ou ...). En un mot : j'ai l'impression c'est très souvent un problème de comportement qui pose les plus gros problèmes aux enseignants. Pour une première correction, j'interviens souvent sur la posture en cours, qui donne une idée de l'état d'esprit de certains.
Mais ton constat m'a donné une idée : pendant les 15 min de contrôle systématique de début de cours, je vais en parallèle ramasser (au hasard) des cahiers, et j'ajouterai une note de tenue de cahier de cours dans le CC (et je prendrai des photos des cahiers, des fois qu'ils soient perdus en cas de réclamation des parents).
@Enaeco
La plus value, c'est une preuve pour l'enseignant devant les parents d'élèves, et c'est surtout une position très difficile à défendre pour chéri-chou dont le comportement n'est pas celui qu'il laisse entrevoir à la maison.
Mon propos est biaisé car j'ai surtout enseigné dans le supérieur, et je ne retourne en lycée qu'en septembre mais j'ai moi aussi constaté, en photocopiant le cours qui a été pris par certains élèves, qu'ils écrivaient n'importe quoi, et surtout SANS comprendre. La correction est rapide, et prend 5 minutes devant la classe, mais on n'a déjà pas beaucoup de temps, et ils sont très lents aussi.
Le symptôme habituel, c'est : des phrases sans aucun sens parce que certains mots n'ont pas été compris (peut-être mal écrits au tableau ou mal entendus ou ...). En un mot : j'ai l'impression c'est très souvent un problème de comportement qui pose les plus gros problèmes aux enseignants. Pour une première correction, j'interviens souvent sur la posture en cours, qui donne une idée de l'état d'esprit de certains.
Mais ton constat m'a donné une idée : pendant les 15 min de contrôle systématique de début de cours, je vais en parallèle ramasser (au hasard) des cahiers, et j'ajouterai une note de tenue de cahier de cours dans le CC (et je prendrai des photos des cahiers, des fois qu'ils soient perdus en cas de réclamation des parents).
@Enaeco
La plus value, c'est une preuve pour l'enseignant devant les parents d'élèves, et c'est surtout une position très difficile à défendre pour chéri-chou dont le comportement n'est pas celui qu'il laisse entrevoir à la maison.
- pailleauquebecFidèle du forum
Doit-on écrire son cours ou prendre des cours tout faits?
Je pense qu'en début de carrière il faut avoir l'humilité de se dire que n'importe quel cours un peu bien fait sera bien meilleur que ce qu'on aurait pu faire par soi-même. Il faut aussi faire une importante bibliographie : je crois qu'à un moment donné j'avais plus de 10 cours différents sur Pythagore sur mon disque dur, tous de grande qualité. On sous estime bien souvent la place de la bibliographie.
Je crois qu'on est capable d'écrire un bon cours quand on a déjà enseigné trois ou quatre fois la notion donc je dirais au bout de sa 4 ou 5e année d'enseignement.
Quelle trace écrite pour les élèves quand on écrit le cours au tableau ?
Il m'a fallu quelques années pour comprendre quel est le bon rythme d'enseignement et quel est le bon fonctionnement avec la classe pour que les élèves soient capables d'écrire sur leur cahier une trace écrite de qualité.
Je ramasse une partie des cahiers généralement par moitié de classe à chaque DS et je mets une note qui vise avant tout à encourager ceux qui ont un cahier bien tenu et complet (je corrige les cahiers pendant le DS).
À quelques rares exceptions près les cahiers que je ramasse sont bien tenus ou très bien tenus. Je précise que j'enseigne dans un petit collège rural d'environ 500 élèves où les élèves sont d'un niveau moyen.
Pour que les élèves écrivent un cahier bien tenu il y a plusieurs conditions :
- le cours écrit au tableau doit être synthétique et clair
- il faut avancer à la vitesse qui permet de garder de l'attention (donc pas trop lentement) et de ne pas perdre ceux qui sont un peu lents (donc pas trop vite).
- je m'astreins au collège à ce que le cours d'une séance de 55 minutes tienne sur 2 carreaux de 1 mètres carré. Pour cela la mise en page du au tableau est assez dense.
-J'utilise les couleurs notamment ce qui est important est en rouge à retenir.
Je pense qu'en début de carrière il faut avoir l'humilité de se dire que n'importe quel cours un peu bien fait sera bien meilleur que ce qu'on aurait pu faire par soi-même. Il faut aussi faire une importante bibliographie : je crois qu'à un moment donné j'avais plus de 10 cours différents sur Pythagore sur mon disque dur, tous de grande qualité. On sous estime bien souvent la place de la bibliographie.
Je crois qu'on est capable d'écrire un bon cours quand on a déjà enseigné trois ou quatre fois la notion donc je dirais au bout de sa 4 ou 5e année d'enseignement.
Quelle trace écrite pour les élèves quand on écrit le cours au tableau ?
Il m'a fallu quelques années pour comprendre quel est le bon rythme d'enseignement et quel est le bon fonctionnement avec la classe pour que les élèves soient capables d'écrire sur leur cahier une trace écrite de qualité.
Je ramasse une partie des cahiers généralement par moitié de classe à chaque DS et je mets une note qui vise avant tout à encourager ceux qui ont un cahier bien tenu et complet (je corrige les cahiers pendant le DS).
À quelques rares exceptions près les cahiers que je ramasse sont bien tenus ou très bien tenus. Je précise que j'enseigne dans un petit collège rural d'environ 500 élèves où les élèves sont d'un niveau moyen.
Pour que les élèves écrivent un cahier bien tenu il y a plusieurs conditions :
- le cours écrit au tableau doit être synthétique et clair
- il faut avancer à la vitesse qui permet de garder de l'attention (donc pas trop lentement) et de ne pas perdre ceux qui sont un peu lents (donc pas trop vite).
- je m'astreins au collège à ce que le cours d'une séance de 55 minutes tienne sur 2 carreaux de 1 mètres carré. Pour cela la mise en page du au tableau est assez dense.
-J'utilise les couleurs notamment ce qui est important est en rouge à retenir.
- Panta RheiExpert
J'interviens -entre 2- au sujet des phrases recopiées n'importe comment. Je suis en vacances et j'observe navré, désolé et inquiet le comportements des enfants au moment du repas (qui n'est qu'un moment isolé de la journée).
Ce matin, au petit déjeuner, la jeune fille assise à ma gauche (lycéenne) est restée les yeux rivés sur son téléphone tout le temps que je me restaurais. Elle ne m'a pas vu arriver / partir. Elle ne s'est même pas rendu compte qu'une serveuse était venu débarrasser sa table ni que sa mère avait fait des provisions pour la journée.
Le soir, je ne compte plus les enfants de moins de 10 ans qui font la même chose -en se tenant n'importe comment, avachis sur la chaise ou à moitié allongé sur le canapé- tandis que les parents mangent sans rien dire.
Le pire étant la tablette qui sert de parent de substitution à des enfants en âge d'aller à l'école maternelle ! J'en ai vu qui mangeaient mécaniquement sans quitter la tablette des yeux tels des petits robots.
C'est effrayant ! Pour revenir au sujet du cours / des cours, il est évident que l'école et ses codes (se tenir assis, écouter, se taire, lever le doigt, lever la main, écrire) qui contraignent les enfants va devenir un lieu de supplice pour ces générations qui ne vont pas tarder à nous arriver.
Pour ces élèves-là, je dirais presque que la question initiale du fil ne se pose même pas /plus.
Ce matin, au petit déjeuner, la jeune fille assise à ma gauche (lycéenne) est restée les yeux rivés sur son téléphone tout le temps que je me restaurais. Elle ne m'a pas vu arriver / partir. Elle ne s'est même pas rendu compte qu'une serveuse était venu débarrasser sa table ni que sa mère avait fait des provisions pour la journée.
Le soir, je ne compte plus les enfants de moins de 10 ans qui font la même chose -en se tenant n'importe comment, avachis sur la chaise ou à moitié allongé sur le canapé- tandis que les parents mangent sans rien dire.
Le pire étant la tablette qui sert de parent de substitution à des enfants en âge d'aller à l'école maternelle ! J'en ai vu qui mangeaient mécaniquement sans quitter la tablette des yeux tels des petits robots.
C'est effrayant ! Pour revenir au sujet du cours / des cours, il est évident que l'école et ses codes (se tenir assis, écouter, se taire, lever le doigt, lever la main, écrire) qui contraignent les enfants va devenir un lieu de supplice pour ces générations qui ne vont pas tarder à nous arriver.
Pour ces élèves-là, je dirais presque que la question initiale du fil ne se pose même pas /plus.
_________________
- Signature:
- 'Don't you find yourself getting bored?' she asked of her sister. 'Don't you find, that things fail to materialise? NOTHING MATERIALISES! Everything withers in the bud.'
'What withers in the bud?' asked Ursula.
'Oh, everything—oneself—things in general.'First Page of Women in Love, D. H. Lawrence
- pailleauquebecFidèle du forum
Panta Rhei a écrit:Pour revenir au sujet du cours / des cours, il est évident que l'école et ses codes (se tenir assis, écouter, se taire, lever le doigt, lever la main, écrire) qui contraignent les enfants va devenir un lieu de supplice pour ces générations qui ne vont pas tarder à nous arriver.
Pour ces élèves-là, je dirais presque que la question initiale du fil ne se pose même pas /plus.
Je ne partage pas ce pessimisme, tout en étant lucide sur ces difficultés qui sont réelles..
La chance que nous avons c'est qu'ils sont encore assez souples à cet âge-là.
Quand ils arrivent dans mon cours au début ça leur fait bizarre mais ils s'habituent en quelques semaines au fonctionnement.
J'ai régulièrement des élèves à la fin de l'année qui remercient pour le calme et le silence qu'il y a dans le cours.
Après j'enseigne à la campagne dans un milieu légèrement préservé des excès de la modernité.
- henrietteMédiateur
Je suis tout à fait d'accord avec toi : mieux vaut un cours bien fait par quelqu'un d'autre qu'un mauvais cours fait par soi-même. Et quand on est débutant, c'est même indispensable : personne n'a la science infuse.pailleauquebec a écrit:
Je pense qu'en début de carrière il faut avoir l'humilité de se dire que n'importe quel cours un peu bien fait sera bien meilleur que ce qu'on aurait pu faire par soi-même. Il faut aussi faire une importante bibliographie : je crois qu'à un moment donné j'avais plus de 10 cours différents sur Pythagore sur mon disque dur, tous de grande qualité. On sous estime bien souvent la place de la bibliographie.
Je crois qu'on est capable d'écrire un bon cours quand on a déjà enseigné trois ou quatre fois la notion donc je dirais au bout de sa 4 ou 5e année d'enseignement.
Ecrire un bon cours, c'est quelque chose qui s'apprend et s'affine avec le temps. J'enseigne depuis plus de 25 ans, et je remanie encore assez régulièrement l'un ou l'autre de mes cours.
_________________
"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- X.Y.U.Niveau 7
mdr, euh quel inspecteur ? Je n'en vois pas et si je concevais mes cours pour un inspecteur hypothétique, ce serait bien lamentable et assez inquiétant non ?Enaeco a écrit:Du coup, quelle est la plus value ?
Quelque chose de plus présentable auprès de l'inspecteur et des parents mais c'est à peu près tout
Oh ben c'est sûr que pour un gamin qui n'ouvre pas ses cahiers chez lui, il n'y a pas de plus-value, dans un sens comme dans l'autre donc bon..! L'intérêt est là pour ceux qui ont (encore un peu) des parents derrière eux qui les incitent à faire leurs devoirs et à apprendre/utiliser leurs leçons : ils sont de plus en plus rares mais il y en a encore, donc si ça peut encore servir à ceux-là, c'est mieux que rien. Qu'as-tu donc à proposer ?
@elsassfrei : oui tu peux tenter avec tes étudiants du supérieur, ça aura peut-être un impact. Comme je le disais ici en collège c'est d'une incidence quasi-nulle pour un effort colossal à fournir de ma part (élaborer le barème, ramasser, tout corriger, tout consigner, rendre, re-ramasser...). J'ai abandonné !
pailleauquebec : nous n'avons pas les mêmes élèves apparemment... tout ce que tu as pu élaborer en plusieurs années, je l'ai bien sûr évalué et fait évoluer... pour un résultat bien navrant ! S'il suffisait d'avoir un cours synthétique, clair, coloré, ni trop lent ni trop rapide, pour que les élèves le note correctement, ce serait si simple ! Et pourtant l'ambiance calme, je l'ai (ou je finis par réussir à l'avoir, car avec certaines classes en septembre on a parfois l'impression qu'ils n'ont jamais été habitués à se taire ou à tous écouter en même temps la même consigne..). Mais être calme pour certains ça devient être passif (dormir ou faire le légume), être présent intellectuellement dans le cours devient de plus en plus compliqué j'ai l'impression (constat assez affligeant fait cette année...).
- ben2510Expert spécialisé
Que ce soit en collège ou en lycée, peu d'élèves savent prendre un cours écrit au tableau.
La plupart se contente de lever la tête, de prélever un mot, de baisser la tête, de recopier le mot, d'itérer.
Peu savent qu'il faut lire une phrase entière voire un paragraphe, s'en pénétrer, l'apprendre par cœur, puis baisser la tête et tout écrire sans relever le nez.
Pas étonnant que le cours ne soit pas su, puisque ce travail de mémorisation extrêmement basique n'est pas fait.
La plupart se contente de lever la tête, de prélever un mot, de baisser la tête, de recopier le mot, d'itérer.
Peu savent qu'il faut lire une phrase entière voire un paragraphe, s'en pénétrer, l'apprendre par cœur, puis baisser la tête et tout écrire sans relever le nez.
Pas étonnant que le cours ne soit pas su, puisque ce travail de mémorisation extrêmement basique n'est pas fait.
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On fait la science avec des faits, comme on fait une maison avec des pierres : mais une accumulation de faits n'est pas plus une science qu'un tas de pierres n'est une maison. Henri Poincaré La notion d'équation différentielle est le pivot de la conception scientifique du monde. Vladimir Arnold
- pailleauquebecFidèle du forum
Ce travail de mémorisation peut être fait en classe.
Quand j'écris un théorème généralement je le fais apprendre tout de suite puis réciter dans la foulée.
Les élèves copient dans leur cahier puis l'apprennent ce qui permet aussi d'occuper ceux qui sont plus rapides.
On s'aperçoit d'ailleurs que 80 % des élèves sont capables d'apprendre très rapidement un théorème.
C'est par contre mission impossible pour les autres 20 %. La difficulté étant que le jour du contrôle le transfert dans la mémoire à long terme n'a pas toujours été fait par la répétition des apprentissages pour les 80 % qui auraient pu l'apprendre.
En y réfléchissant d'ailleurs l'activité "cours" n'est pas qu'une activité de recopie de ce qu'il y a au tableau.
Il y a une multitude de variantes qui permettent de mettre les élèves en action.
Dans les manière de faire que j'utilise il y a :
- le dialogue avec la classe
- l'apprentissage et la récitation
- l'exercice type qu'on résoud collectivement
- des questions d'application directes
- la participation d'un ou plusieurs élèves
...
Ce qui chez moi a rendu le cours dynamique c'est que je donne un point bonus à tout élève qui donne une bonne réponse. Je totalise les points bonus et je mets une sorte de note de travail en classe à la fin du trimestre (de la même manière j'enlève un point à chaque fois qu'un élève fais l'idiot).
Quand j'écris un théorème généralement je le fais apprendre tout de suite puis réciter dans la foulée.
Les élèves copient dans leur cahier puis l'apprennent ce qui permet aussi d'occuper ceux qui sont plus rapides.
On s'aperçoit d'ailleurs que 80 % des élèves sont capables d'apprendre très rapidement un théorème.
C'est par contre mission impossible pour les autres 20 %. La difficulté étant que le jour du contrôle le transfert dans la mémoire à long terme n'a pas toujours été fait par la répétition des apprentissages pour les 80 % qui auraient pu l'apprendre.
En y réfléchissant d'ailleurs l'activité "cours" n'est pas qu'une activité de recopie de ce qu'il y a au tableau.
Il y a une multitude de variantes qui permettent de mettre les élèves en action.
Dans les manière de faire que j'utilise il y a :
- le dialogue avec la classe
- l'apprentissage et la récitation
- l'exercice type qu'on résoud collectivement
- des questions d'application directes
- la participation d'un ou plusieurs élèves
...
Ce qui chez moi a rendu le cours dynamique c'est que je donne un point bonus à tout élève qui donne une bonne réponse. Je totalise les points bonus et je mets une sorte de note de travail en classe à la fin du trimestre (de la même manière j'enlève un point à chaque fois qu'un élève fais l'idiot).
- PanPanNiveau 2
Je ferai ma première rentrée en septembre et je pense écrire tout le cours au tableau. Il me semble qu'il faut les forcer à écrire, mais j'imagine que ce n'est pas toujours facile.
Par ailleurs, je souhaite écrire mes propres cours (mais étant TZR, je ne sais pas si je saurai mon affectation avant fin août...)
Par ailleurs, je souhaite écrire mes propres cours (mais étant TZR, je ne sais pas si je saurai mon affectation avant fin août...)
- seven5Niveau 6
C'est louable mais ce n'est pas toujours possible, ca depend beaucoup de la classe, si la gestion est compliqué et les élèves agités il faut parfois éviter de leur tourner le dos trop longtemps.
Je dictes souvent mes cours et j'ecris au tableau les éléments importants, les mots nouveaux ou difficile, je suis en lycée, je faisais pareil en collège même si je dictais moins il me semble.
Je dictes souvent mes cours et j'ecris au tableau les éléments importants, les mots nouveaux ou difficile, je suis en lycée, je faisais pareil en collège même si je dictais moins il me semble.
_________________
"J'voudrais pas faire ma raclette, mais la soirée s'annonce pas super."
- FeynNiveau 7
@PanPan : Si tu comptes tout faire écrire, il faut que le cours soit concis et efficace : évite de te perdre dans des remarques ou digressions, car tu verras que tout faire écrire, même avec une bonne classe, peut être assez lourd.
- PanPanNiveau 2
Feyn a écrit:@PanPan : Si tu comptes tout faire écrire, il faut que le cours soit concis et efficace : évite de te perdre dans des remarques ou digressions, car tu verras que tout faire écrire, même avec une bonne classe, peut être assez lourd.
Merci du conseil
- Pat BÉrudit
Moi, j'ai tenté souvent de dicter... et je me rends compte que je reviens toujours au cours écrit intégralement au tableau, même en lycée ! Il y a tellement besoin de précision et de rigueur dans les définitions et théorèmes, dans les notations...
Je me suis surtout très vite rendu compte que le cours projeté est une fausse bonne idée : quand je l'écris au tableau, je condense beaucoup plus, je vais à l'essentiel, je m'autorise quelques abréviations... et du coup ils perdent moins de temps à recopier que quand je projette. Il y a quelques explications complémentaires que je donne oralement ,ils notent s'ils veulent, mais j'écris intégralement (avec abréviations parfois, de façon simple et concise absolument) tout ce qui est important ( définitions, théorèmes, schéma explicatif éventuel, un exemple d'exercice rédigé quand ça s'y prête)
Je me suis surtout très vite rendu compte que le cours projeté est une fausse bonne idée : quand je l'écris au tableau, je condense beaucoup plus, je vais à l'essentiel, je m'autorise quelques abréviations... et du coup ils perdent moins de temps à recopier que quand je projette. Il y a quelques explications complémentaires que je donne oralement ,ils notent s'ils veulent, mais j'écris intégralement (avec abréviations parfois, de façon simple et concise absolument) tout ce qui est important ( définitions, théorèmes, schéma explicatif éventuel, un exemple d'exercice rédigé quand ça s'y prête)
- pailleauquebecFidèle du forum
seven5 a écrit:C'est louable mais ce n'est pas toujours possible, ca depend beaucoup de la classe, si la gestion est compliqué et les élèves agités il faut parfois éviter de leur tourner le dos trop longtemps.
Je dictes souvent mes cours et j'ecris au tableau les éléments importants, les mots nouveaux ou difficile, je suis en lycée, je faisais pareil en collège même si je dictais moins il me semble.
Un petit conseil : il est possible d'écrire au tableau tout en étant tourné face à la classe c'est une petite gymnastique à acquérir. C'est un conseil que m'avait donné un ancien au début quand j'ai commencé à enseigner.
- PanPanNiveau 2
Pat B a écrit:Moi, j'ai tenté souvent de dicter... et je me rends compte que je reviens toujours au cours écrit intégralement au tableau, même en lycée ! Il y a tellement besoin de précision et de rigueur dans les définitions et théorèmes, dans les notations...
Je me suis surtout très vite rendu compte que le cours projeté est une fausse bonne idée : quand je l'écris au tableau, je condense beaucoup plus, je vais à l'essentiel, je m'autorise quelques abréviations... et du coup ils perdent moins de temps à recopier que quand je projette. Il y a quelques explications complémentaires que je donne oralement ,ils notent s'ils veulent, mais j'écris intégralement (avec abréviations parfois, de façon simple et concise absolument) tout ce qui est important ( définitions, théorèmes, schéma explicatif éventuel, un exemple d'exercice rédigé quand ça s'y prête)
C'est exactement l'idée que je me fais d'un cours de maths et c'est comme cela que je faisais durant mes TD à l'université. Je pense qu'il est nécessaire de leur montrer comment développer une bonne rédaction au fur et à mesure, plutôt que de leur donner des polys tout faits, ou même à trous, je pense que ça favorise leur inertie.
- User6051Niveau 2
Bonjour à tous, merci pour ces échanges et ces points de vue.
J'ai malheureusement l'impression qu'ils ont presque tous la même teinte, avec peu d'avis différents sur la question, mettant en avant les mêmes constats.
Mon témoignage va plutôt trancher avec cela, et je vais vous donner mon point de vue, qui mérite, je le crois, de figurer également dans ce sujet.
J'enseigne les mathématiques dans un lycée moyen, avec des classes très hétérogènes, de bons élèves côtoient des élèves plus en difficulté.
Sur la question du cours à rédiger soi-même
Je ne pense pas que cela soit réellement le support utilisé qui déclenche les apprentissages chez les élèves, mais plutôt de ce que l'enseignant en fera. On peut très bien imaginer un cours complet sur un thème donné mais qui sera mal expliqué par manque de recul sur la question.
Pour ma part, j'ai besoin de réaliser mon cours moi-même, tout simplement de façon à ce qu'il suive le fil de ma pensée, et ma façon d'enseigner les notions présentées.
Sur l'usage du vidéoprojecteur et des photocopies
Je suis assez surpris malgré tout ces témoignages de n'avoir lu qu'un seul son de cloche. Il semblerait que le cours soit présenté comme une fin en soi, une injonction. Il faut faire cours, et ce cours a une position centrale dans le chapitre abordé.
Je ne fonctionne pas ainsi, pour moi le cours est un moyen d'atteindre des apprentissages ciblés et non pas une fin.
Ayant la chance d'enseigner les mathématiques, bon nombre de notions laissent place à la découverte, comme le feraient des chercheurs. Notre matière est d'une richesse incommensurable et tellement passionnante pour nos élèves.
Après une phase de recherche mobilisant l'ensemble des élèves, nous faisons l'inventaire des découvertes réalisées. Certains vont parfois bien plus loin que le contenu souhaité (je me souviens que lors d'une séance je souhaitais faire découvrir la notion de coplanarité de droites dans l'espace, et certains élèves avaient créé un outil pratique pour donner une définition plus rigoureuse à la notion de parallélisme : ils avaient découvert les vecteurs (ce à quoi je ne m'attendais absolument pas, car la définition donnée au collège de "droites qui ne se coupent pas" ne leur convenaient pas, elle était incomplète à leurs yeux). C'est là où l'enseignant apparaît et va donner du sens au formalisme utilisé en mathématiques, et dont il était question dans plusieurs commentaires (Cela fait naître de nouvelles questions, pourquoi utilise-t-on ces notations ? Pourquoi parfois a-t-on AB, (AB), [AB] dans l'énoncé d'une propriété ? Quelle est la place de ce nouvel être AB affublé d'une flèche ?)
Pour moi, le cours se construit avant tout avec les élèves (et je n'ai pas dit par les élèves). Avec les élèves, car je vais tenir compte de leurs remarques, découvertes. Et mon expérience, mon recul sur le sujet va permettre :
- de mettre des mots sur les notions abordées
- de mettre en lumière le contenu à découvrir, et de le différencier des "non-découvertes" ou hors sujet par rapport à l'objectif de séance : il s'agit de faire le tri, qui doit nécessairement être fait par l'enseignant. Il joue le rôle aux yeux des élèves de celui qui sait, qui est là pour indiquer ce que l'on consignera ou non dans le cahier de cours, sous la forme la plus rigoureuse possible ("Vous avez noté cela ainsi, c'est très bien, il y a de l'idée, mais on va utiliser ensemble une notation experte que je vais vous introduire maintenant").
- de mettre en avant les notions du programme, qui seront évaluées.
Après ce travail de synthèse, le cours peut prendre n'importe quelle forme : magistrale, diaporama, photocopie.
J'ai cependant eu un déclic quand mes élèves m'ont indiqué à plusieurs reprises : "A quoi sert le cours Monsieur, puisqu'on a déjà tout compris avant et qu'on a découvert les notions attendues ? On écrit deux fois la même chose." C'est à ce moment-là que je me suis dit que le cours devait être le moment où l'enseignant reprend la main pour indiquer ce que je disais ci-dessus.
J'ai des élèves qui ont pu donner du sens aux objets mathématiques qu'ils manipulent. Et ça en devient grisant pour eux de mettre un pied "dans la cour des grands", en utilisant le formalisme usité par les sociétés savantes, les mathématiciens ou toute personne avec qui ils souhaiteraient communiquer leurs résultats, de façon à se faire comprendre de manière rigoureuse.
Quand vous décrivez ces élèves bavards et avachis, je n'ai pas l'impression d'avoir les mêmes. J'ai enseigné en REP+ également, donc je ne pense pas que cela soit un problème de public mais de méthode d'enseignement.
Sur la méthode d'enseignement
Il n'y a pas de meilleure méthode qu'une autre. Il y a seulement une façon d'enseigner qui nous correspond le mieux et qui fait en sorte que le contenu à enseigner est délivré de manière optimale.
Pendant les confinements, je me suis mis "à la classe inversée" qui est pour moi un simulacre de cours magistral. Et bien, ce n'est pas une chose aisée à mettre en place. Mettre une vidéo en lecture ne permet pas de donner du sens aux objets mathématiques. Il faut donc imaginer et monter tout un scénario afin d'atteindre le but souhaité. J'ai utilisé des outils numériques qui permettent de stopper une vidéo et qui laissent le temps de poser des questions à des moments précis, comme je le ferais en classe, pour vérifier la bonne compréhension des élèves. Et bien d'autres choses, très chronophages à construire, comme des parcours avec différents paliers de difficultés.
Merci pour ces échanges, qui m'ont donné envie de présenter mon témoignage.
J'ai malheureusement l'impression qu'ils ont presque tous la même teinte, avec peu d'avis différents sur la question, mettant en avant les mêmes constats.
Mon témoignage va plutôt trancher avec cela, et je vais vous donner mon point de vue, qui mérite, je le crois, de figurer également dans ce sujet.
J'enseigne les mathématiques dans un lycée moyen, avec des classes très hétérogènes, de bons élèves côtoient des élèves plus en difficulté.
Sur la question du cours à rédiger soi-même
Je ne pense pas que cela soit réellement le support utilisé qui déclenche les apprentissages chez les élèves, mais plutôt de ce que l'enseignant en fera. On peut très bien imaginer un cours complet sur un thème donné mais qui sera mal expliqué par manque de recul sur la question.
Pour ma part, j'ai besoin de réaliser mon cours moi-même, tout simplement de façon à ce qu'il suive le fil de ma pensée, et ma façon d'enseigner les notions présentées.
Sur l'usage du vidéoprojecteur et des photocopies
Je suis assez surpris malgré tout ces témoignages de n'avoir lu qu'un seul son de cloche. Il semblerait que le cours soit présenté comme une fin en soi, une injonction. Il faut faire cours, et ce cours a une position centrale dans le chapitre abordé.
Je ne fonctionne pas ainsi, pour moi le cours est un moyen d'atteindre des apprentissages ciblés et non pas une fin.
Ayant la chance d'enseigner les mathématiques, bon nombre de notions laissent place à la découverte, comme le feraient des chercheurs. Notre matière est d'une richesse incommensurable et tellement passionnante pour nos élèves.
Après une phase de recherche mobilisant l'ensemble des élèves, nous faisons l'inventaire des découvertes réalisées. Certains vont parfois bien plus loin que le contenu souhaité (je me souviens que lors d'une séance je souhaitais faire découvrir la notion de coplanarité de droites dans l'espace, et certains élèves avaient créé un outil pratique pour donner une définition plus rigoureuse à la notion de parallélisme : ils avaient découvert les vecteurs (ce à quoi je ne m'attendais absolument pas, car la définition donnée au collège de "droites qui ne se coupent pas" ne leur convenaient pas, elle était incomplète à leurs yeux). C'est là où l'enseignant apparaît et va donner du sens au formalisme utilisé en mathématiques, et dont il était question dans plusieurs commentaires (Cela fait naître de nouvelles questions, pourquoi utilise-t-on ces notations ? Pourquoi parfois a-t-on AB, (AB), [AB] dans l'énoncé d'une propriété ? Quelle est la place de ce nouvel être AB affublé d'une flèche ?)
Pour moi, le cours se construit avant tout avec les élèves (et je n'ai pas dit par les élèves). Avec les élèves, car je vais tenir compte de leurs remarques, découvertes. Et mon expérience, mon recul sur le sujet va permettre :
- de mettre des mots sur les notions abordées
- de mettre en lumière le contenu à découvrir, et de le différencier des "non-découvertes" ou hors sujet par rapport à l'objectif de séance : il s'agit de faire le tri, qui doit nécessairement être fait par l'enseignant. Il joue le rôle aux yeux des élèves de celui qui sait, qui est là pour indiquer ce que l'on consignera ou non dans le cahier de cours, sous la forme la plus rigoureuse possible ("Vous avez noté cela ainsi, c'est très bien, il y a de l'idée, mais on va utiliser ensemble une notation experte que je vais vous introduire maintenant").
- de mettre en avant les notions du programme, qui seront évaluées.
Après ce travail de synthèse, le cours peut prendre n'importe quelle forme : magistrale, diaporama, photocopie.
J'ai cependant eu un déclic quand mes élèves m'ont indiqué à plusieurs reprises : "A quoi sert le cours Monsieur, puisqu'on a déjà tout compris avant et qu'on a découvert les notions attendues ? On écrit deux fois la même chose." C'est à ce moment-là que je me suis dit que le cours devait être le moment où l'enseignant reprend la main pour indiquer ce que je disais ci-dessus.
J'ai des élèves qui ont pu donner du sens aux objets mathématiques qu'ils manipulent. Et ça en devient grisant pour eux de mettre un pied "dans la cour des grands", en utilisant le formalisme usité par les sociétés savantes, les mathématiciens ou toute personne avec qui ils souhaiteraient communiquer leurs résultats, de façon à se faire comprendre de manière rigoureuse.
Quand vous décrivez ces élèves bavards et avachis, je n'ai pas l'impression d'avoir les mêmes. J'ai enseigné en REP+ également, donc je ne pense pas que cela soit un problème de public mais de méthode d'enseignement.
Sur la méthode d'enseignement
Il n'y a pas de meilleure méthode qu'une autre. Il y a seulement une façon d'enseigner qui nous correspond le mieux et qui fait en sorte que le contenu à enseigner est délivré de manière optimale.
Pendant les confinements, je me suis mis "à la classe inversée" qui est pour moi un simulacre de cours magistral. Et bien, ce n'est pas une chose aisée à mettre en place. Mettre une vidéo en lecture ne permet pas de donner du sens aux objets mathématiques. Il faut donc imaginer et monter tout un scénario afin d'atteindre le but souhaité. J'ai utilisé des outils numériques qui permettent de stopper une vidéo et qui laissent le temps de poser des questions à des moments précis, comme je le ferais en classe, pour vérifier la bonne compréhension des élèves. Et bien d'autres choses, très chronophages à construire, comme des parcours avec différents paliers de difficultés.
Merci pour ces échanges, qui m'ont donné envie de présenter mon témoignage.
- pailleauquebecFidèle du forum
C'est vrai que j'utilise peu la découverte par les élèves en autonomie.
Je préfère leur faire découvrir, on gagne sur beaucoup de tableaux :
- on part directement sur les bonnes idées
- j'utilise l'imitation qui est un moyen de transmission très efficace
- je donne les outils et notation dès le début, ce qui laisse plus de temps pour se les appoprier, pratiquer.
Faire cours au tableau, ça fait très rétrograde, et c'est certainement une pratique très minoritaire aujourd'hui. La tendance et ce qui est prescrit par l'encadrement intermédiaire ce sont des pratiques constructivistes dans la ligne de celles que tu décris.
Vu le naufrage actuel (timss,pisa,...), j'ai tendance à faire confiance aux vieilles méthodes. Je ne crois pas que toutes les méthodes se valent. En 15 ans j'ai changé pas mal de fois de méthode et je plains mes élèves qui en ont essuyé de biens nulles de ma part.
Je préfère leur faire découvrir, on gagne sur beaucoup de tableaux :
- on part directement sur les bonnes idées
- j'utilise l'imitation qui est un moyen de transmission très efficace
- je donne les outils et notation dès le début, ce qui laisse plus de temps pour se les appoprier, pratiquer.
Faire cours au tableau, ça fait très rétrograde, et c'est certainement une pratique très minoritaire aujourd'hui. La tendance et ce qui est prescrit par l'encadrement intermédiaire ce sont des pratiques constructivistes dans la ligne de celles que tu décris.
Vu le naufrage actuel (timss,pisa,...), j'ai tendance à faire confiance aux vieilles méthodes. Je ne crois pas que toutes les méthodes se valent. En 15 ans j'ai changé pas mal de fois de méthode et je plains mes élèves qui en ont essuyé de biens nulles de ma part.
- Badiste75Habitué du forum
Je fais cours « au tableau » et je n’ai eu que des « excellent » et un « très satisfaisant »de la part de l’ipr à mon PPCR (avec le rapport qui va avec). Après c’était avec des TG, peut-être qu’au collège ce serait moins bien vu.
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- "Les mathématiques, un outil indispensable pour l'innovation et les nouvelles technologies"
- Préparation en cours d'un grand événement international de Mathématiques en interdisciplinarité avec la SVT, la Physique, l'HG : « Mathématiques de la planète Terre 2013 »
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